Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ Un disciple du Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi lui présenta un jour une liste énumérant ses nombreuses requêtes.
Le Rabbi étudia cette liste puis fit la remarque suivante : "Il semblerait que vous ayez réfléchi intensément à tout ce dont vous avez besoin.
Avez-vous accordé la même attention à la raison pour laquelle vous êtes dans le besoin?"

Dans la vie, on a souvent tendance à y voir ce qu'on peut en retirer, au lieu d'accorder de l'attention à la contribution que l'on peut y apporter.
Que devons-nous faire pour donner au monde et quelles mesures avons-nous pris pour remplir cette obligation?

"Toute la subsistance d'un homme pour l'année à venir est décidée entre Roch Hachana et Yom Kippour"

[guémara Bétsa 16a]

Un homme se plaignit à Rabbi Méïr de Prémichlan qu'un concurrent s'était installé près de sa boutique et que son chiffre d'affaires risquait d'en souffrir.
Rabbi Méïr lui raconta que lorsqu'un cheval boit de l'eau dans une rivière, il frappe le sol de ses sabots.

Rabbi Méïr lui demanda : "Savez-vous pourquoi il fait cela?"
Et de répondre : "Parce qu'il aperçoit son reflet dans l'eau, il pense qu'il s'agit d'un autre cheval et il tente de l'effrayer pour le faire fuir de peur que l'autre cheval ne boive toute l'eau et qu'il n'en reste pas suffisamment pour lui-même.

Le cheval n'est pas assez intelligent pour comprendre que la rivière contient de l'eau en abondance, mais vous, en tant qu'être humain, vous devriez comprendre que la compétition ne réduira pas vos revenus.

Vous gagnerez ce qui vous est destiné."

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-> Le rav Avraham Feuer explique que durant l'année, les actes d'une personne sont constamment réexaminés et de nouvelles décisions peuvent être prises à son sujet.
Ce qui nous a été accordé au début de l'année peut être retenu à causes de nos fautes.
[à l'image d'une arborescence, nos choix d'être fidèle ou non à la Volonté de D., nos prières, notre téchouva, ..., vont constamment impacter notre subsistance à la hausse ou la baisse (ex: est-ce que notre travail sera plus ou moins pénible? est-ce qu'on aura plus ou moins de dépenses "imprévues"? ...). Tout est déterminé par Hachem, dans les moindres détails, et une mise à jour constante est réalisée en fonction de notre attitude dans la vie.]

-> Le Baal Chem Tov explique que D. décide chaque jour de l'intensité du plaisir et de la satisfaction que chacun retirera de ses possessions.

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-> Hachem nous donne de nombreuses occasions de modifier positivement ce décret : https://todahm.com/2017/09/27/la-periode-de-tichri-a-hanoucca

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-> "Pendant la fête de Shavouot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre" [guémara Roch Hachana 16a]

Le Chlah haKadoch de commenter :
"Le jugement auquel D. procède lors de la fête de Shavouot ne concerne pas seulement la Torah elle-même, c’est-à-dire de décider quelle perception de la Torah aura chacun de nous, mais aussi quels seront les moyens qui nous permettrons de l’étudier.
[…]
Même si à Roch Hachana, on n’aura pas mérité un jugement particulièrement favorable, mais comme moyen pour étudier la Torah, on pourra alors bénéficier de la vie et de toutes bonnes choses."

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-> D'une manière générale, selon nos Sages nos prières pour de la spiritualité ont une force toute particulière pour être entendues.
Ainsi, il faut désirer de la subsistance dans une finalité de pouvoir davantage évoluer spirituellement parlant, en accomplissant la volonté de D., et non dans un but d'assouvir nos désirs égoïstes.

-> "C’est testé et prouvé, qu’une prière pour la spiritualité est toujours accomplie"
[rav Yisraël Salanter – citée par le rav Eliyahou Dessler]

[D. nous dit] : "Tout comme vous m'avez déclaré Un dans l'univers, Je ferai de vous une entité unique."  

[guémara Béra'hot 6a]

En nous soumettant totalement à la volonté de D., nous pouvons atteindre une unicité exceptionnelle qui transcende à la fois l'espace et le temps, de telle sorte que les juifs du monde entier ainsi que tous ceux du commencement du temps jusqu'à sa fin ne forment qu'un.

Nos volontés et désirs personnels sont à l'origine de toutes nos dissensions.
Si nous assujettissons notre volonté individuelle à celle de D., nous fusionnerons en une seule entité.

 

Source (b"h) : issu d'un dvar Torah du rav Avraham Twerski

"Le Patriarche Avraham observait tous les commandements de la Torah, bien qu'ils n'aient pas encore été révélés."
[guémara Yoma 28b]

Comment Avraham a-t-il pu observer des commandements qui lui étaient inconnus?

Les maîtres 'hassidiques mettent en corrélation les 613 mitsvot avec les  613 membres du corps humain.
Chaque partie du corps humain correspond à une mitsva spécifique.

Le patriarche Avraham a complètement dirigé sa vie vers la volonté de D.
Comme sa dernière épreuve le montre, il était prêt à sanctifier son fils bien-aimé dès lors que telle était la volonté de D.

Cette soumission totale à la volonté de D. a conditionné chaque partie de sa personne pour être naturellement attirée vers la mitsva qui lui correspondait et pour s'opposer à tout ce qui empêcherait l'accomplissement de la volonté de D.
De cette manière, toute sa personne réalisait intuitivement la volonté de D.

=> N'oublions pas que nous sommes les descendants d'Avraham et que nous devons consacrer nos vies à la volonté de D.

 

Source (b"h) : issu d'un dvar Torah du rav Avraham Twerski

"Lorsqu'une personne en insulte une autre, c'est son propre défaut qu'elle révèle."

[guémara Kiddouchin 70a]

"Ce fut, lorsque les chameaux eurent fini de boire, que l'homme prit une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."  ('Hayé Sarah 24,22)

Rachi commente que les 2 bracelets constituaient une allusion aux 2 Tables de la Loi, et le poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements gravés sur elles.
Quel message Eliézer a-t-il voulu transmettre à Rivka?

Le Admour de Belz (Ravvi Yissa'har Dov Rokéa'h) explique en se référant au Tour (Ora'h 'Haïm 417) que les 3 fêtes (les 3 régalim) correspondent aux 3 Patriarches : Pessa'h à Avraham, Shavouot à Yits'hak et Souccot à Yaakov.

Eliézer voulait que Rivka connaisse la grandeur de son futur mari, et il l'a fait par une allusion au don des Tables de la Loi, qui a eu lieu à Shavouot, le jour de fête rattaché à celui qu'elle allait épouser.

Le Admour de Belz propose aussi une explication sur d'autres cadeaux offerts par Eliézer à la jeune fille.
Il est indiqué au verset 53 qu'il lui a donné : "des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements."
Pourquoi spécialement des vêtements?
Savait-il seulement s'ils lui iraient?

En réalité, ils lui ont été envoyés comme spécimens des habits modestes en usage chez Avraham.
Celui-ci voulait que Rivka sache bien à l'avance qu'elle devrait respecter des normes strictes de pudeur.

Rav Yéhochoua Leib Diskin en donne une autre explication : Avraham craignait que les vêtements portés chez sa future bru puissent contenir un mélange de laine et de lin, les rendant ainsi Cha'atnèz.
Voilà pourquoi il lui en a envoyé d'autres.
Mais, pour dissimuler son intention et ne pas embarrasser Rivka et sa famille, il les a emballés dans des objets d'or et d'argent.

Source (b'h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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+ "Une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."

-> Selon Rachi :
- par la boucle en or = Eliezer voulait faire allusion à Rivka au don du demi Shékel, contribution annuelle versée par les juifs aux Sanctuaire, qui se réalisera dans le futur. (1 béka = 1 demi-shékel)
- par les 2 bracelets = c'est une référence aux 2 Tables de la Loi, et leur poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements.

-> Mais pourquoi toutes ces allusions?
Le 'Hidouché haRim donne la réponse suivante :
Le demi Shékel symbolise le service d’Hachem par les sacrifices qui étaient achetés par le don des demis Shékel. D'autre part, les Tables de la Loi rappellent la Torah.

Chimon haTsadik enseigne : "Le monde repose sur 3 piliers : [L’étude de] la Torah, le service [de D.] et les actes de bonté." [Pirké Avot 1,2]
Quand Eliezer constata chez Rivka qu’elle développait le pilier de la bonté de la façon la plus remarquable et exceptionnelle (cf. au puits où elle le servit à boire, ainsi que ses chameaux), il lui "offrit" les 2 autres piliers : celui du service (boucle d'or) et celui de la Thora (les bracelets).

On apprend d'ici que celui qui se donne au maximum pour développer une qualité, les autres qualités lui viendront naturellement, comme si elles lui seront offertes.

-> Le Maharal (Gour Arié - 'Hayé Sarah 24,22) explique qu’Éliézer faisait allusion aux 3 piliers du monde : la Torah, le service de D. et la bonté (Pirké Avot 1,2).
- Le Béka correspond à la bienveillance, parce que la mitsva de Ma’hatsit Hashekel implique le don.
- La boucle au nez fait penser à la bonne odeur des Korbanot (offrandes) grâce auxquels nous servons Hachem dans le Beth Hamikdach. [Le Maharal souligne que la Torah décrit les Korbanot par leur odeur agréable].
- Et les deux bracelets (les Lou'hot) font bien sûr référence à la Torah.

Le Maharal pousuit qu'Éliézer insinuait à Rivka que puisqu’elle excellait dans l’un des 3 piliers, le ’hessed, elle allait également mériter les 2 autres. Son lien avec le service divin allait se faire par son mariage avec Its’hak et celui avec la Torah allait se concrétiser avec Yaakov.
Le Maharal explique que la bonté est la base de toutes les autres qualités. Ainsi, en se distinguant dans ce pilier, Rivka les mérita tous.
Nous comprenons à présent pourquoi la bonté était d’une telle importance aux yeux d’Éliézer. Il réalisa que c’était la base de toute chose positive, et donc que la femme d’Its’hak devait en regorger.

Le Maharal (Gour Arié - Béréchit 12,2) développe une idée similaire sur la paracha Lé'h Lé'ha, quand Hachem promit que le nom d’Avraham serait relié à la première bénédiction de la Amida (Rachi v.12,2). Pourquoi précisément Avraham et non Its’hak ou Yaakov? C’est parce que le ’hessed englobe les qualités d’Its’hak et de Yaakov.

La guémara (Shabbat 31a) appuie cette idée quand elle raconte qu’un homme en voie de conversion demanda à Hillel de lui apprendre la Torah "sur un pied" [de lui enseigner un principe fondamental qui résumait toute la Tora].
Hillel lui répondit : "Ne fais pas à ton prochain ce qui t’es détestable. Ceci est la Torah, tout le reste n’en est que commentaires".
Les commentateurs comprennent que Hillel enseignait à ce non-juif la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même (Vayikra 19,18) qui recèle toutes les mitsvot interpersonnelles.
Mais comment comprendre qu’elle incarne tous les autres Commandements : même ceux concernant notre relation avec Hachem?
Le ’Hazon Ich explique que Hillel lui enseignait par là une leçon très profonde. Une personne égocentrique est enfermée dans sa propre façon de penser et de voir le monde. Elle ne peut pas se confronter aux opinions des autres ; elle n’essaie même pas. Un tel individu ne vit pas avec la Torah.
Celui qui ne peut établir de rapport avec son entourage ne peut pas vraiment se lier à Hachem. Hillel voulait faire comprendre au converti que ce n’est qu’en sortant de son monde égoïste que l’on peut accepter la Torah.

Ceci nous aide à comprendre pourquoi la bonté est un point de départ dans la Torah. Un homme bienveillant peut sortir de son petit monde et tenir compte des besoins ou de l’avis d’autrui. Ainsi, il est capable de faire abstraction de ses partis-pris et de se conformer à la conception de le Torah.

Le rav Yéhonathan Geffen dit que c’est ce qu’Éliézer recherchait chez la future femme d’Its’hak. Le ’hessed est essentiel dans toute relation, et plus particulièrement au sein du couple. En travaillant sur le don, on améliore immensément et durablement sa vie de couple, tandis que si l’on reste focalisé sur soi-même, on sera incapable de comprendre et de satisfaire les besoins de son conjoint. Cette étroitesse d’esprit est la cause de nombreux différends. Quand on fait l’effort de se rapprocher de l’autre, le lien du mariage ne peut que se renforcer.

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-> Le Béer Yossef explique l'allusion aux 2 Tables de la Loi.
Il y a 5 Commandements (entre l'homme et son Créateur) et 5 autres Commandements (entre l'homme et son prochain), qui forment un tout indissociable (les 10 Commandements).
Eliézer a déjà pu constater (au puits) la grande générosité et l'altruisme de Rivka. En lui donnant 2 bracelets, il lui fait comprendre en allusion que la perfection morale réside que dans l'union des 2 Tables de la Loi, dans lesquelles figurent à la fois des mitsvot à l'égard de D. et celles qui concernent nos relations avec autres.

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+ "Le serviteur (Eliezer) prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" ('Hayé Sarah 24,10)

Pourquoi Eliezer prit particulièrement des chameaux pour se rendre à Aram Naharayim trouver une femme pour Its'hak? Il aurait pu prendre des chevaux ou encore des ânes, qui sont des moyens de locomotion plus habituels.

Le midrach rapporte que la Providence Divine a voulu qu’il prenne des chameaux car cet animal a un signe pur (il rumine) et un signe impur (il n'a pas de sabots fendus).
=> Ainsi, cela devait indiquer que du mariage entre Its'hak et Rivka devait sortir 2 jumeaux : un pur (Yaakov) et un impur (Essav).

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"Elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire" ('hayé Sarah 24,19)

-> Quand Eliezer remarqua combien Rivka était généreuse et s’est donné à fond pour leur faire du bien, il en déduisit qu’elle est apte à intégrer la maison d’Avraham.
Cependant, on peut s’interroger : certes Rivka a prouvé combien elle est attachée à la bonté, mais Eliezer n’a pas encore vérifié si elle croit en Hachem et si sa foi est comme il se doit.
=> Ainsi, comment Eliezer a-t-il pu se contenter de vérifier sa bonté, et non si elle est croyante, ce qui est aussi fondamental pour intégrer la famille d’Avraham, le père des croyants?

En réalité, chaque être humain croit naturellement en Hachem. Néanmoins, ce qui empêche cette foi de se manifester en lui, c’est l’orgueil.
Le fait de croire en sa force personnelle = cela empêche de réaliser que c’est Hachem Qui est à l’origine de tout et Qui détient réellement toutes les forces. Or, quand Eliezer a vu combien Rivka avait complètement annulé son ego pour leur servir de l’eau et abreuver tous les chameaux, elle toute seule, il en déduisit combien elle est effacée pour l’autre. Dès lors, plus rien ne pourra l’empêcher d’avoir une foi complète en Hachem.
[rav Yé'hezkel Levinstein - Ohr Yé'hezkel]

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-> Comme signe pour vérifier que la femme convenait bien à Its'hak, Eliézer s'est dit : "la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Its'hak" (v.24,14).
Mais les choses ne se sont pas passées exactement ainsi. En effet, lorsqu'il a demandé de l'eau à Rivka, au début elle n'a fait aucune mention des chameaux.
[v.18 : "Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire"].
Il est écrit dans le verset suivant (v.19) : "Après lui avoir donné à boire, elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire".
=> Pourquoi Rivka n'a-t-elle pas parlé des chameaux, à l'image de l'attente de Eliézer?

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (24,18) explique que Rivka a agit avec encore davantage de piété que Eliézer l'espérait.
En effet, elle s'est dit qu'en le disant dès le début, Eliézer boirait moins d'eau ou plus rapidement (en une gorgée) en sachant que Rivka avait encore beaucoup de travail à faire, en devant donner à boire à l'ensemble de ses chameaux.
Ainsi, Rivka a préféré d'abord ne rien dire à Eliézer, pour qu'il puisse boire autant d'eau qu'il en avait besoin, et à en prenant son temps.
Une fois qu'il avait fini de boire, alors seulement elle a déclaré : "tes chameau aussi je donnerai à boire".

"Elle se hâta, vida sa cruche vers l'abreuvoir, courut encore vers le puit pour puiser. Elle puisa pour tous ses chameaux."    ('Hayé Sarah  24,20)

Que signifient cette hâte et cette course pour abreuver les chameaux?
On peut noter que les versets ne contiennent aucune allusion au fait que les animaux aient été au bord de l'épuisement, ni qu'il y ait eu une urgence quelconque.

Le Chla haKadoch explique que la course de Rivka était en réalité une ruse destinée à la tirer d'un sérieux embarras.

Quand Eliézer a fini de boire, il lui a rendu la cruche avec un peu d'eau à l'intérieur, confrontant ainsi la jeune fille à un dilemme.
Que devait-elle faire?

Fallait-il donner le reste de l'eau à boire aux chameaux?
Sûrement pas! Cela aurait été injurieux envers Eliézer, comme suggérant que ses animaux et lui-même appartenaient à la même catégorie.

Renverser l'eau?
Cela aussi aurait constitué un affront, comme si elle avait voulu montrer que les restes laissés par Eliézer ne valaient pas plus que l'eau croupissante.

=> Que restait-il à faire pour ne pas l'offenser?

Elle décida de courir pour pourvoir aux besoins des chameaux, et, tandis qu'elle courait, elle trébucha volontairement et tomba.
La cruche lui glissa des mains, et son contenu se répandit sur le sol, comme par accident.
Puis elle alla remplir à nouveau le récipient pour les bêtes, évitant ainsi habilement de froisser l'honneur d'Eliézer.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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-> Au début de l'épisode où Eliézer va chercher une femme pour Its'hak, il est appelé "serviteur" (éved - עֶבֶד), comme par exemple :
- "Le serviteur prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" (v.24,10) ;
- ou bien : "Le serviteur courut au-devant d'elle et dit" (v.24,17).

Juste après avoir rencontré Rivka, Eliézer est appelé : "ich" (אִישׁ), comme par exemple :
- "cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si Hachem avait béni son voyage ou non" (v.24,21) ;
- ou bien : "L'homme s'inclina et se prosterna devant Hachem " (v.24,26).

=> Qu'est-ce qui a entraîné un tel changement?

Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication suivante :
Ce changement a eu lieu au moment où Rivka a appelé Eliézer : "mon maître (adoni - אֲדֹנִי)" ("Bois mon maître" - v.24,18).
Eliézer était un serviteur/esclave, et il n'était pas habitué à entendre les gens l'appeler ainsi, avec tant d'honneur.
Rivka lui a parlé avec tant de respect, que cela a élevé son estime de lui-même. Et puisqu'il se sentait alors comme un homme (ich), et non plus un serviteur, alors la Torah l'a appelé ainsi.

[Eliézer était au serviteur d'Avraham, et il avait un niveau exceptionnel, et malgré cela il a été sensible aux marques de respect de Rivka. Il en découle à quel point toute personne a besoin de marques d'estime, comme une plante à besoin d'eau, de lumière pour pouvoir pleinement s'épanouir.
Un mot, un sourire, peuvent redonner la vie à une personne abattu. Combien de mérites nous aurons grâce à cela, pour un investissement qui ne nous coûte rien!]

-> A la fin de la paracha, Rachi (v.24,67) écrit que Rivka était semblable à Sarah. En effet : "Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka".

Ces grands miracles sont en allusion en uniquement 3 ou 4 mots dans la paracha.
Cependant, lorsque la Torah aborde les actions de bonté de Rivka, elle le fait avec une abondance de mots.
Par exemple, il y a plusieurs mots pour décrire comment Rivka a versé de l'eau à Eliézer et à ses chameaux.
Le Sidouro Shel Shabbath (Chorech I 4,11) écrit que cela nous montre que la plus grande louange d'une personne est ses bonnes actions.
Les gens aiment rapporter les miracles que les tsadikim réalisent, mais il y a quelque chose d'encore plus plus louable : les mitsvot et les actes de bonté qu'ils font.

Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir dit que cela est logique, car Hachem accomplit les miracles, tandis que le crédit des bonnes actions revient aux gens qui y ont investi les efforts pour les réaliser.

Eliézer a vu les miracles qui se sont produits à Rivka (comme l'eau qui est montée du puits), mais il n'a pas été convaincu de ses bonnes midot tant qu'il n'a pu les voir en application.
Selon le rabbi de Klausenbourg, cela nous apprend qu'une personne peut réaliser des miracles, et cependant toujours avoir de mauvaises midot.
[le rav Salanter disait qu'il est plus facile de lire tout le talmud, que de se changer un mauvais trait de caractère.
Le Yaarot Dvach enseigne que nous nous extasions devant le niveau énorme d'un tsadik, en pensant qu'il est pratiquement né comme cela. Cependant nous oublions de réaliser tous les efforts, tous les sacrifices, qu'il a fait pour en arriver là.]

-> On a demandé au Gaon de Tchebin ce qu'il faut regarder dans un chidou'h, et il a répondu : "3 choses : de bonnes midot, de bonnes midot, de bonnes midot".
[le Imré 'Haïm fait remarquer que Eliézer n'a pas été impressionné par les miracles de Rivka, mais par ses midot, car c'est le facteur de loin le plus important.]

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-> Rabbénou Bé'hayé apporte une autre réponse à cette question.
Il explique qu'au moment où Eliézer était activement impliqué à trouver un chidou'h pour Its'hak, il est appelé : "ich" car un ange est venu pour l'aider, ce qui a élevé Eliézer au statut de "ich".
Avant et après cette finalisation du chidou'h, Eliézer est appelé : éved".

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-> Et il dit : "Hachem, D. de mon maître Avraham! daigne me procurer aujourd’hui une rencontre" ('Hayé Sarah  24,20)

-> Le Ben Ich 'Haï ('Hayé Sarah) enseigne :
Il est connu que toute grande chose que l’on essaie de faire va réveiller le Satan qui va par tous les moyens essayer d’empêcher la réalisation d’un projet contre son existence.
Eliézer au moment de chercher une femme pour Its’hak, sait bien qu’en assurant la descendance d’Its’hak et donc la naissance prochaine de tout le peuple juif, il va déclencher une pluie d’embûches que le Satan va chercher à mettre sur son chemin.
Il va donc en appeler au mérite des 5 jours les plus purs depuis la créations, ce sont : le jour de la circoncision d’Avraham, celui de celle d’Its’hak et les 3 jours de la ‘Akéda.
C’est ce qui est en allusion dans notre verset : "akré na léfanav ayom" (הַקְרֵה-נָא לְפָנַי הַיּוֹם) se traduit littéralement "fasse que se produise pour moi aujourd’hui". Le mot hayom (aujourd’hui - הַיּוֹם) peut aussi se lire Hé-Yom qui veut dire 5 jours. Et par le mérite de ces 5 jours saints, le Satan ne pourra pas venir accuser et essayer d’empêcher le mariage d’Its’hak.

On peut encore comprendre ce "hayom" (הַיּוֹם) non pas par aujourd’hui mais par "Le jour", et ce jour c’est le plus haut, le plus saint et le plus pur de toute l’année, celui de Yom Kipour où se dévoile une lumière Divine tellement haute et puissante que le Satan en est rendu impuissant et ne peut plus rien faire contre le peuple juif ni accuser. Si cette lumière se dévoile maintenant, comme le demande Eliézer, le Satan ne pourra rien faire pour empêcher le mariage d’Its’hak.

"Ce sera, la jeune fille à qui je dirai : "Fais pencher, je te prie, ta cruche, et je boirai." qui dira : "Bois, et aussi tes chameaux j'abreuverai!"   c'est elle que Tu auras attribué à Ton serviteur, à Yits'hak, et par elle je saurai que Tu as accordé une grâce à mon maître."  ('Hayé Sarah  24,14)

Rivka a donné de l'eau d'abord à Eliézer, puis à ses chameaux.
Eliézer donna d'abord à manger à ses chameaux ("donna de la paille et du fourrage à ses chameaux" - v.32-33) et seulement ensuite, on "lui donna à manger."

=> Il a bu avant ses animaux, mais ceux-ci ont mangé avant lui.

Le Séfer ha'Hassidim en déduit : les bêtes ont priorité pour s'alimenter, mais l'homme a le droit de boire en premier.

Le Eliyahou Rabba n'est pas d'accord et affirme que : tout comme il nous est interdit de nous alimenter avant d'avoir nourri nos bêtes, nous ne pouvons boire avant elles.

La différence se fait sur l'identité du fournisseur.
Eliézer a nourri ses propres animaux d'abord, mais Rivka avait le choix de s'occuper en premier d'un homme ou d'un animal, et elle s'occupa ainsi d'abord de donner à boire à Eliezer, puis à ses animaux.

On raconte sur le Nétsiv de Volozine une anecdote qui en dit long sur l'importance des soins à apporter  aux bêtes.
Un Roch Hachana, il était revenu de la synagogue dans l'après-midi, comme cela arrive fréquemment.
Il se préparait à réciter le Kiddouch pour les membres de sa famille affamés et fatigués, quand il fut soudain distrait par des cris rauques venus du poulailler situé dans la cour arrière de la maison.
On s'aperçut alors que tous avaient été si pressés d'aller prier qu'ils avaient oublié de nourrir les volailles.

Le Netsiv interrompit aussitôt tous les préparatifs jusqu'à ce que les poulets aient pu être alimentés.
Malheureusement, la clé du poulailler restait introuvable, et l'on dut faire appel à un non-juif pour en briser la serrure.
L'attente dura longtemps, et le maître de maison et sa famille durent prendre patience.

Finalement, tard dans l'après-midi, le serrurier arriva et brisa la fermeture.
Les poulets furent nourris, et c'est seulement ensuite que le Netsiv récita le Kiddouch pour sa maisonnée.
Il n'avait permis à personne de manger avant qu'on ait fini d'alimenter les volailles.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

"Et qu'il me donne la caverne qui est à lui, qui est au bout de son champ. Pour son prix plein qu'il me le donne, au milieu de vous, comme possession funéraire."  ('Hayé Sarah 23,9)

Les commentateurs attribuent de nombreuses raisons à l'insistance d'Avraham de payer le prix plein pour la caverne.
Le Steïpler fonde son explication sur un midrach (Béréchit Rabba 38,3) selon lequel : "Si ton prochain te sert un repas de lentilles, sers-lui en retour un repas de viande. Pourquoi? Parce qu'il a été bon pour toi en premier."

Celui qui bénéficie d'une faveur est tenu de rendre le même service dans un plus large mesure.
C'est pourquoi, quand un homme d'une grande stature recueille un bienfait d'une personne malhonnête, il lui en sera toujours redevable.
Les exigences de celle-ci ne cesseront jamais, et le bénéficiaire de sa faveur ne fera que perdre prestige et influence.
Il aurait bien mieux valu ne jamais accepter ce service du tout.

Avraham était parfaitement conscient de ces conséquences, et c'est pourquoi il a insisté pour payer le prix plein.
Il ne voulait pas rester l'obligé de Efrone.

On raconte que Rav Yits'hak Zeèv Soloveitchik de Brisk était descendu un jour dans un hôtel d'une autre ville à l'occasion du mariage de son fils.
Avant de partir, il demanda la note.
L'hôtelier commença par refuser tout paiement de la part d'une aussi éminente personnalité, mais le Rav insista avec obstination.
Finalement, il paya intégralement le prix de sa chambre et s'en alla.

Il déclara plus tard : "On ne peut éviter de payer. Mais c'est avec de l'argent que cela coûte le moins cher!"

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin