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A Roch Hachana : joie ou pas joie?

+ "[A Roch Hachana,] Il faut être dans la joie comme la population d'un pays le jour du couronnement de son roi.
En effet, par la sonnerie du Shofar, nous proclamons la royauté de Hachem sur tous les mondes"
[Kéter Roch - 104]

Cependant, il est écrit : "Dans la Torah, toutes les fêtes sont appelées "mikraé kodech" (convocations saintes), sauf Roch Hachana et Kippour, parce qu'étant des jours redoutables de jugement, ce ne sont pas des temps de joie" (Zohar - Emor).

=> Comment comprendre alors, l'apparente contradiction avec ce qui précède?

Le Rav Réouven Melamed répond qu'à Roch Hachana, qui est un jour de jugement, il y a lieu d'être dans un état d'esprit sérieux et non de se sentir particulièrement joyeux.
Mais, pendant la sonnerie du Shofar qui est le moment ultime de la proclamation du règne de D., nous devons nous réjouir du principe même de Sa royauté et il nous faut ressentir le bonheur de participer à Son couronnement.

-> Le Ram'hal explique que si l'honneur de D. est révélé dans le monde, tout le reste suit, car le peuple juif sera le peuple le plus élevé des nations et il méritera l'abondance!

Ainsi, notre profond désir de voir Hachem pleinement couronné dans ce monde, surpasse tous nos besoins personnels, qui en deviennent alors secondaires, puisque qu'ils seront comblés en conséquence de la proclamation de Sa royauté.

=> la sonnerie du Shofar doit être un moment de grande joie!

+ "Si on veut réaliser la portée de Roch Hachana, on n'a qu'à réfléchir sur le passé, se remémorer tous les événements de l'année qui s'achève : combien de souffrances sont descendues dans le monde.
Tout ceci a été décidé à Roch Hachana dernier!

Cela nous aidera à comprendre combien nous devons avoir peur du jour du jugement présent."

[paroles du père du rav Dessler à son fils - Mikhtav méEliyahou]

Le rav Kanievsky dit que dans notre génération, on doit se remémorer toutes les bonnes choses qui nous sont arrivées pendant l'année passée, et prendre conscience que c'est en ce jour de jugement que tout va être décidé pour l'année à venir.

Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana?

+ Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana? :

1°/ La guémara (Roch Hachana 32b) rapporte les paroles de Hachem : "Est-il possible que le Roi soit assis sur le Trône de Justice avec le Livre de la Vie et de la Mort ouverts devant Lui, et qu'Israël chante des hymnes de louange?"

Le Rambam (Pirouch haMishnayot) écrit : "Le Hallel n'est pas récité à Roch Hachana et à Kippour, car c'est des jours de service, d'humilité, de peur, de crainte d'Hachem, pour s'enfuir et courir vers Lui, à faire téchouva, dire des supplications, requêtes et le pardon.
Et pour tout cela, la joie et la gaieté ne sont pas appropriées."

[Selon le 'Hatam Sofer, il est évident qu'on doit être joyeux à Roch Hachana, puisque c'est un yom tov. Cependant cette joie doit être contenue et quelque peu annulée, car Roch Hachana et également un jour d'immense crainte.]

2°/ Le 'Hatam Sofer nous transmet un enseignement très beau :
"Nous avons comme tradition qu'à Roch Hachana et à Yom Kippour, les âmes de nos parents décédés viennent prier avec nous.
Nous savons que les morts ne peuvent pas chanter de louanges à Hachem, comme il est dit : "Ce ne sont pas les morts qui loueront Hachem" (lo amétim yéalélou ya - Téhilim 115,17).

En raison du fait que les âmes des morts prient avec nous, nous ne chantons pas le Hallel afin de ne pas les embarrasser."

3°/ Le 'Hatam Sofer rapporte une autre explication.
Au moment de la traversée de la Mer, les juifs ont émis un chant (chira) car D. les a sauvé lorsqu'Il a vu que : "Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béaaloté'ha 14,31).

Puisqu'ils ont été sauvé par leur propre mérite, ils leur étaient approprié de chanter des louanges de Hachem.
Cependant, à Roch Hachana nous espérons être jugés favorablement par le mérite de nos ancêtres, et non du nôtre. Il n'est ainsi pas approprié de réciter joyeusement le Hallel.

4°/ Puisque nous sommes confiants dans le fait que Hachem va nous inscrire pour une bonne année, pourquoi ne récitons pas le Hallel à Roch Hachana?
Le Ktav Sofer répond à sa question de la manière suivante.
Il est probable que nous soyons jugés favorablement par la mort d'un tsadik pendant cette année, puisque la mort des tsadikim expie les fautes des juifs (guémara Moed Katan 28a).

Cependant, nos Sages nous enseignent que la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
=> Face à une tragédie si importante, comment pouvons-nous réciter le Hallel?

[ On peut également rapporter que :
- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)]

"Pendant la nuit de Roch Hachana, 2 anges accompagnent un juif et écoutent lorsqu'il va dire à ses amis : 'Que Tu puisses être inscrit et scellé pour une bonne année' (léchana tova tikatév vé'hétavtem).

Inspirés par cette amitié chaleureuse et par cette unité au sein du peuple juif, ils montent au ciel et plaident pour une bonne et douce année pour le peuple juif"

[Tséma'h Tsédek]

Le mois d’Elloul

+ Le mois d'Elloul :

-> "Nos Sages enseignent que pendant le mois d'Elloul, les Portes célestes de la miséricorde sont ouvertes, nous donnant l'opportunité de réparer nos fautes"
[Rabbi Pin'has Horowitz - le Panim Yafot]

-> "Le mois de Elloul a toujours été un temps de réconciliation avec Hachem.
Lorsque le peuple juif a commis la faute du veau d'or et que suite à cela les 1eres Tables de la Loi ont été brisées, Moché a imploré la miséricorde divine.
C'est à Roch 'Hochech Elloul que Hachem s'est apaisé et a demandé à Moché de monter [au ciel] afin de recevoir les 2e Tables de la loi (lou'hot).

Il y est resté pendant 40 jours, jusqu'au 10 Tichri, qui est Yom Kippour, jour durant lequel Moché est redescendu avec les 2e lou'hot, que Hachem a donné au peuple juif en signe d'une faveur divine renouvelée.

Depuis cela, la période de 40 jours allant de Roch 'Hodech Elloul à Yom Kippour est établie pour les générations comme des jours de miséricorde et de faveur divine.

Ces 40 jours servent également comme signe de la téchouva pour la faute du veau d'or, qui a été construit exactement 40 jours après le don de la Torah."
[Kaf ha'Haïm]

-> "Le mois d'Elloul est la source des bénédictions pour notre service de Hachem durant toute l'année.

Toute personne qui s'impliquera pendant ce mois, ne vivra que de la joie durant toute l'année. Servir Hachem lui sera alors facile.
Mais être paresseux pendant le mois d'Elloul amène de la tristesse, rendant plus difficile de servir Hachem par des prières sincères."
[Rabbi Morde'haï de Lechovitz]

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-> L'homme doit se repentir au début du mois d'Elloul également pour la raison suivante : la formation de l'âme ressemble à celle d'un embryon qui dure 40 jours.
L'homme repenti est semblable à un nouveau-né. Il faudra 40 jours à son âme pour se renforcer complètement.
Si l'homme se repent au début du mois d'Elloul, son âme sera complète à Yom Kippour.
[Méam Loez - Ki Tissa 34,35]

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-> Le Bné Yissa'har trouve une allusion aux yamim noraïm dans le verset : "Le lion (arié - אַרְיֵה) a rugi: qui n'aurait peur?" (Amos 8,3).
Les lettres du mot "arié" renvoient à :
-> aleph = Elloul ;
-> réch = Roch Hachana ;
-> youd = Yom Kippour ;
-> 'hé = Hochana Rabba.

Ce sont les 4 moments de l'année où submergé de crainte et de tremblement, un juif est inspiré à faire téchouva ("Qui n'aurait peur?").

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+ Sonner le Shofar durant le mois d'Elloul :

1°/ Le Yichma'h Moché explique que dans le Téhilim 150 (Louez D. en son sanctuaire - Hallélou El békod'cho), il y a 12 fois le mot : 'Hallélou', en parallèle avec les 12 mois de l'année.

Elloul est le 6e mois de l'année, et correspond au 6e Hallélou, qui est : "Louez-le aux sons stridents du Shofar" (Hallelou'ou bétéka Shofar).

=> Cela fait référence à l'habitude de sonner du Shofar pendant le mois d'Elloul.

2°/ "Le Shofar sonnera-t-il dans une ville sans mettre le peuple en émoi?" (Amos 3,6)

Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que le Shofar a une qualité spéciale, faisant que toute personne écoutant ses sonneries est ébranlée et est portée à faire Téchouva, ce qui explique que nous le sonnons durant le mois d'Elloul, afin de rappeler à faire téchouva.

3°/ Suite à la faute du veau d'or (le 17 Tamouz), Moché a imploré pendant 40 jours Hachem.
A la fin de cette période (à Roch 'Hodech Elloul), Moché a dû monter la montagne et rester au Ciel pour 40 jours et 40 nuits afin de recevoir les 2e Tables de la Loi.

Pendant chacun de ces 40 jours, le Shofar était entendu dans tout le campement et une annonce était faite : "Votre attention, s'il vous plaît! Sachez que Moché a monté la montagne, il ne redescendra qu'après y avoir passé 40 jours et 40 nuits!"

Cela était fait afin d'éviter toute erreur de calcul, comme cela a eu lieu lorsque Moché est monté la 1ere fois, et qui a conduit à faire le veau d'or.

=> Afin de se souvenir de cette sonnerie du Shofar, nous le sonnons également durant tout le mois d'Elloul.
[le Tour - Ora'h 'Haïm]

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-> Le Gaon de Vilna affirme qu'il y a 3 jours douloureux dans le calendrier pour le yétser ara, où il ne peut pas inciter les gens à fauter.
Il s'agit de Roch 'Hodech Elloul, Roch Hachana et Yom Kippur.

Roch Hachana – Se réjouir en tremblant

+ Roch Hachana - Se réjouir en tremblant :

-> La michna (Roch Hachana 8a) enseigne : "Le premier Tichri, c’est le nouvel an des années".
La guémara explique que cela concerne le jugement rendu en ce jour, comme il est écrit : "Depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année" (Ekev 11,12), verset que nos Sages commentent ainsi : "Depuis le début de l’année, on décrète ce qu’il y aura à la fin".
Rachi explique : "Hachem juge en Tichri tous les êtres du monde et tout ce qui leur arrivera jusqu’au prochain Tichri".

-> "Hachem les a faits de sorte qu’ils Le craignent en étant devant Lui" (Kohélet 3,14).
Selon le Zohar (III, 98b), il s’agit du jour de Roch Hachana, qui est un jour placé sous le signe de la crainte et de la grandeur de la gloire d’Hachem.

-> Une fois, une mouche s’acharna à déranger le ‘Hazon Ich en tournant sans cesse autour de lui. Malgré les tentatives de la personne qui se trouvait à proximité du Rav de la chasser, rien n’y fit." Laisse, lui dit le ‘Hazon Ich, c’est une mouche de Roch Hachana!", voulant ainsi signifier que, depuis longtemps déjà, durant les jours de Roch Hachana, il avait été décrété que cette mouche viendrait le tourmenter, et rien ne l’empêcherait d’accomplir le décret d’Hachem.

-> Une fois, au mois de Chevat, un jeune Avrékh attrapa une pneumonie, suite à un refroidissement, et n’en réchappa pas. Le rav ‘Haïm Chemoulévitch déclara alors : "Vous pensez que cet Avrékh est mort maintenant, en hiver, à cause du froid? En fait, il était déjà "décédé" au moment où le soleil dardait ses rayons sur nos têtes, au beau milieu du Ma’hzor de Roch Hachana (c’est là-bas qu’il s’est refroidi, car sa prière était alors "froide")."

=> Cela témoigne d'à quel point le jour de Roch Hachana aura un impact dans notre année à venir, et nous ne pouvons pas l'aborder avec légèreté, mais plutôt avec sans crainte de ce qui pourrait en résulter.

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=> D'un côté nos jours nous enseignent que Roch Hachana est un jour de crainte, et d'un autre que c'est un jour de joie. Comment est-il possible d'avoir ces 2 sentiments simultanément?

-> Le rav Bounim de Peshischa (dans une lettre à la fin de son Kol Sim'ha) explique qu'il n'y a en cela aucune contradiction : durant ces jours-là, Hachem donnera le mérite à l’homme de vivre les deux choses ensemble : la joie et l’inquiétude dissimulée dans la crainte du jugement.

-> Cette notion est explicite dans le Séfer Ha’hinoukh (mitsva 311) :
"Un de fondements de la mitsva de cette fête (Roch Hachana) émane de la bonté que manifeste Hachem pour Ses créatures en se préoccupant d’elles et en examinant leurs actes une fois par an, afin que leurs fautes ne se multiplient pas (indéfiniment) et qu’il y ait place pour l’expiation. Puisqu’Il est rempli de bonté et fait pencher la balance vers la bonté, Il les efface, et s’il y en a, parmi elles, certaines qui nécessitent d’être purgées, Il se les fait payer petit à petit ...
Il se trouve donc que ce jour solennel constitue le maintien du monde. C’est pourquoi il convient d’en faire un Yom Tov (jour de fête [joie]) et de le compter parmi les fêtes si chères, de toute l’année.
Néanmoins, puisque c’est le moment du jugement de toutes les créatures, il convient d’être alors dans la crainte et l’anxiété, plus que pour toutes les autres fêtes."

-> Le rav Pin’has de Koritz développe sur cette apparente contradiction :
"A priori, on peut opposer, un verset explicite : "Mangez des mets succulents et buvez de suaves boissons ... et ne soyez pas attristés, car la joie en Hachem est votre force" (Né'hémia 8,10 - paroles que Né'hémia a dit à Roch Hachana), aux paroles du Arizal (Chaar Ha Kavanot 90a) selon lesquelles : "Celui qui ne pleure pas dans les prières de Roch Hachana, c’est le signe que son âme n’est pas parfaite."
Et le rav de Koritz l'explique par le fait que cela ressemble à un mariage : d’un côté, on éprouve une joie immense, mais d’un autre, notre coeur bat également d’inquiétude et de crainte de voir cette union réussir (de nombreuses prières et sanglots ont précédé le mariage et se poursuivent même jusque sous la ‘Houpa).
Il en est de même en ce grand jour, celui où le monde a été conçu : d’un côté, le fait que nous, êtres de chair et de sang, méritions de faire régner son Nom de gloire et de proclamer dans le monde entier : HaMélé'h (Ô Roi !) est une immense joie. Y a-til quelque chose de plus doux au palais?
Mais, d’un autre, nous pleurons, car nous ignorons ce que ce jour entraînera et ce que cette nouvelle année qui s’annonce dissimule à notre débit. C’est pourquoi nous "rampons et tremblons, en ce jour de jugement". [plus nous avons de la crainte, plus cela témoigne qu'on croit réellement que chaque chose de l'année à venir dépendra de Roch Hachana, ce qui est terrifiant de responsabilité! ]

La prière est l’avoda de Roch Hachana

+ La prière est l'avoda de Roch Hachana :

-> La prière est la façon dont nous nous rapprochons d'Hachem.
L'objectif principal sur lequel nous devons nous concentrer pendant Roch Hachana est nos prières.
[...]

Roch Hachana est un jour entièrement consacré à la prière. Nous sommes préoccupés toute la journée par les prières ; nous ne disons aucun vidouï (confession de nos fautes).
Grâce à nos prières à Roch Hachana, nous pouvons mériter une année de gépula et de yéchoua (collective et/ou individuelle).
Les prières sont notre source de vie. Tout ce qui se passe tout au long de l'année, pour chacun et pour tout, est basé sur ces prières.
La avoda de ces prières, de les dire et se concentrer sur elles, est si importante que grâce à cette avoda, chacun d'entre nous peut devenir une nouvelle création et un tsadik complet.
[...]

À Roch Hachana, par les mots de nos prières, nous reconnaissons le Maître du monde (boré olam). Nous reconnaissons Avraham, le pilier du 'hessed ; Its'hak, le pilier de la crainte d'Hachem (qui maintient le monde en existence) ; et Yaakov, le pilier de la Torah.
Nous passons deux jours entiers sans penser à nous-mêmes. Nous deviendrons automatiquement des personnes différentes.
La prière, la prière, la prière, c'est l'avoda de Roch Hachana.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

"La majorité des gens pense que l'on fait téchouva en raison de nos mauvaises actions, et même si c'est vrai, cela ne prend pas en compte l'aspect le plus important.

La véritable téchouva porte sur le fait de ne pas avoir réalisé de soi-même, ce qu'on aurait pu être."

[Rabbi Avigdor Miller]

Le Shofar

+ Le Shofar :

Le Shofar a une extrémité :
-> large = là où la corne était attachée à l'animal ;
-> étroite = la fin de la corne.

Le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 586,12) nous dit que si on arrive à faire que l'extrémité large devienne petite, et que celle qui est étroite devienne large, le Shofar serait non casher.
[déré'h aavarto = de la manière selon laquelle il est sur la tête de l'animal]

De même, il n'est pas possible d'inverser le sens du soufflement.
[selon le Téhilim (118,5) : min amétsar karati ya, anéni bamer'hav ya - De l'étroitesse de ma détresse j’ai invoqué D. : il m’a répondu [en me mettant] au large => étroit -> large].
On soufflera donc toujours depuis la petite ouverture.

-> Le midrach (Chir hachirim rabba 5,3-6) dit que D. pousse les juifs à faire téchouva en leur disant :
"Ouvrez-Moi une porte de Téchouva comme le chas d'une aiguille, et Je vous ouvrirai une porte dans laquelle des charrettes et des carrosses pourront entrer."

Le midrach s'interroge : Des carrosses remplies de quoi?
Et de répondre : "Pleins d'aide et d'assistance divine et de bénédictions spirituelles sans fin!"

-> Le Rabbi de Kotsk nous explique au sujet du fait que l’on attend de nous qu’un petit trou de la taille d’une aiguille : "Mais, ce doit être un début approfondi. Il peut être infime en proportion, mais doit pénétrer totalement la personnalité.".
[A l’image de l’aiguille qui fait, certes un tout petit trou en taille, mais qui est très pénétrant en profondeur.]

Beaucoup de personnes pensent que c'est trop dur de faire téchouva (c'est pour les tsadik!), qu'elles ont fait trop de fautes, qu'il est trop tard (fichue pour fichue!), ...
Le message du Shofar est que la téchouva est simple et accessible à tous.

On souffle de tout cœur par une petite entrée, et l'air sort par une extrémité large, en produisant en plus du bruit.
=> Ainsi, le Shofar transmet l'idée que si tu fais un petit effort sincère, cela peut te rapporter très gros.

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,4) dit que même si le Shofar est une des 613 mitsvot, il doit nous permettre de sortir de notre torpeur, de notre sommeil, pour se repentir.

Ainsi, une mitsva (petite ouverture) entraîne toutes les autres (large).

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-> La forme du Shofar : c'est se voir petit et courbé à Roch Hachana (être très humble, surtout face à l'infinie grandeur de D.) et viser grand pour notre vie juive.

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-> Aboudraham écrit au nom du Baal Minhagot que nous devons sonner le Shofar, à l'image d'un roi qui va alerter son armée et réunir ses troupes pour la bataille.

A ce moment, tous nos anges créés par nos mitsvot, vont venir faire face à nos anges créés par nos fautes.
Le son du Shofar est le signe d'appel à la bataille spirituelle, c'est la bataille pour notre vie qui se joue alors.

L'heure est grave, alors tournons-nous du plus profond de notre être vers D., afin d'en sortir vainqueur.

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-> Le terme : "léshapèr" (embellir) a la même racine que : Shofar.
Quelque soit notre entourage, notre niveau, ... il faut toujours chercher à s'améliorer, à s'embellir au niveau spirituel (à se voir comme la petite ouverture, qui vise à devenir plus grande).

-> Le Alshich Hakadosh dit que le Shofar est lié au terme : ré'out (l'amité).
Le Shofar réveille en chaque juif sa spiritualité interne, ce qui contribue à nous unir tous ensemble autour d'un même objectif : reconnaître et proclamer le joug divin.
D'un individu (petite ouverture), le Shofar fait passer à un peuple grand et fort (comme l'ouverture et le bruit sonné).

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Pourquoi dit-on "Heureux sont les personnes qui connaissent (yodé) le son du Shofar" et non pas "qui soufflent" (toké) ou bien "qui écoutent" (shomé)?
Il est préférable d'écouter 100 sonneries du Shofar à Roch Hachana (cf. Choul'han Arou'h haRav 596,1).
Le mot "yodé" (qui sait) a une valeur numérique de 100, renvoyant à cela.

Les Séli’hot

+ Les Séli'hot :

Les Séfarades, commencent la lecture des Séli'hot au début du mois d'Elloul, et les Ashkénazes les démarrent à partir de la sortie du Shabbath précédant Roch Hachana.

La Halakha veut que les Séli'hot durent au moins 4 jours (Rema - Ora'h 'Haïm 581,1).
Dans le cas où il n'y en aurait pas suffisamment de jours, les Séli'hot démarrent à la sortie du Shabbath précédant.

-> Pourquoi 4 jours minimum de Séli'hot?

Le Rema répond en apportant le midrach (Eliyahou Rabba) qui fait remarquer que :
-> pour les sacrifices de moussaf, il est écrit : "Vous devez apportez un holocauste" (vé'ikravtèm ola),
-> alors que pour les sacrifices de Roch Hachana, il est écrit : "Vous devez faire un holocauste" (va'ashitèm ola - Bamidbar 29,2).

Le midrach explique qu'à ce moment (Roch hachana), nous devons faire de nous des sacrifices.

De même qu'un sacrifice a besoin de 4 jours d'inspection afin d'être sûr qu'il n'a pas de défaut (guémara Ména'hot 45b), de même, nous commençons les Séli'hot au moins 4 jours avant Roch Hachana, afin de nous inspecter et d'être sûr que l'on n'a pas de défaut.

[toute saleté pouvant être "nettoyer", comme neuf, par notre super nettoyant : la téchouva]

Chaque personne étant la plus qualifiée pour s'examiner, elle sera à la fois le sacrifice et l'inspecteur afin de s'assurer qu'aucun défaut ne reste.

[Roch Hachana est un moment où l'on déclare la grandeur de D. tellement puissamment en nous, qu'on en vient à sacrifier toute trace de notre égo, d'où l'importance de la période des Séli'hot qui nous permet d'éliminer toute imperfection interne ]

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-> On vient de voir que l'habitude (des Ashkénazes) est de commencer les Séli'hot à partir de la sortie du Shabbath.

Il est écrit dans la guémara (Shabbath 12a) :
"Une personne doit vérifier ses vêtements [du mouktsé], la veille de Shabbath, avant la tombée de la nuit"

Ses vêtements, se dit : "bébigdo", et vient de la même racine que le mot : "béguida" (une trahison).

Ainsi, de même qu'avant l'entrée de Shabbath, on doit s'assurer de ne rien avoir dans ses poches, on doit également se scruter afin de ne pas avoir d'actes de trahison, de rébellion envers D. (des avérot), à l'approche de Roch Hachana, en préparation à notre jugement.

-> "Scrute tes actions à la tombée de la nuit et à l'aube, car ainsi tu n'auras pas à aller loin" (guémara Tamid 27b)

Ici, le mot "actions" se dit : "nafcha'h", qui signifie aussi : "ton âme".

=> Quel précision de langage de nos Sages, qui nous disent : "Scrute ton âme à la tombée de la nuit et à l'aube, car ainsi tu ne t'éloignera pas trop loin de ton Créateur", et ta téchouva en sera que plus facile et possible.

Ainsi, les Séli'hot vont bien au-delà d'une simple lecture, c'est surtout l'occasion de faire un examen de soi-même, avant que la journée ne démarre, et en préparation au jour du jugement.

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-> "Les Séli'hot, c'est se lever tôt afin de : retirer la pierre de l'ouverture du puits "
[Rav Mordé'haï de Vealcatch - Golél éven méal pi abé'er]

Cela fait référence à la pierre que Yaakov a retiré du puits lors de sa 1ere rencontre avec Ra'hel (Béréchit 29,10).

On doit retirer la "pierre" de la "bouche" du "puits".
Le Ramban enseigne que la pierre fait référence à notre cœur de pierre, qui se doit d'être brisé, en vue du jour de Jugement.
Le puits représente nos prières.

Par le fait d'aller au plus profond de notre cœur, on descend au plus bas le sceau afin de remonter de l'eau, c'est-à-dire nos larmes, lorsque l'on prie.

=> En brisant notre cœur (la pierre), lorsque l'on fait les Séli'hot, c'est s'ouvrir la possibilité de pleurer pour D., c'est augmenter notre intimité, notre sensibilité à Hachem, au point d'en arriver à pleurer d'amour pour Lui, chose qui n'a pas de prix ...

On peut ainsi citer : "Un cœur brisé et abattu, ô D., tu ne le dédaignes point." (Téhilim 51,19).

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-> Le Lé'hem Shlomo (Drouch Aleph) dit que les Séli'hot sont lues soit très tôt le matin, soit très tard le soir.
Par cela, nous transmettons à D. que nous ne pouvons pas dormir, car nous prenons tellement à cœur notre jugement qui arrive, que nous en sommes nerveux, anxieux et très préoccupés.

=> Les Séli'hot sont l'occasion d'exprimer par un acte pas évident (se lever tôt!), notre tension et notre sentiment de panique, notre conscience que l'heure est grave.

C'est insuffler en nous la notion que le mois d'Elloul et Roch Hachana, ne sont pas seulement des notions théoriques, mais aussi et surtout, une réalité au combien vitale pour notre avenir et celui du monde entier.

 

Source (b"h) : compilation et traduction personnelle de divré Torah du rav Yaakov Galinsky (au début) + de divré Torah du rav yé'hiel Spéro (depuis : retirer la pierre de l'ouverture du puits, jusqu'à la fin)

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-> Dans le Choul'han Arou'h, le chapitre sur les lois de Roch Hachana (581) commencent par les mots : "C'est une coutume de se lever tôt le matin afin de réciter les Séli'hot et les supplications".
Ce passage est une exception, car d'habitude, le Choul'han Arou'h ne mentionne pas les coutumes. Qu'est-ce que cela vient nous apprendre?
Les Séli'hot marquent le début des jours de jugement (yémé hadin).
Le mot : "din" a 2 significations : à la fois "loi" et "jugement".
Si une coutume est contraire à une loi, la règle est que la coutume a priorité sur la loi.
Rabbi Shalom de Belz dit que l'auteur du Choul'han Arou'h, Rabbi Yossef Karo, fait ici allusion au fait que si notre coutume de se lever tôt pour les Séli'hot a le dessus sur la loi (le din), alors par cela on va également avoir le dessus et d'annuler les jugements (din) difficiles qui peuvent être émis à notre égard.

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-> Le Ich Matslia'h explique que nous récitons les Séli'hot à l'aube (qui est un moment propice à la Miséricorde Divine) : le Rambam affirme que pour certains péchés, on ne peut obtenir l'expiation que par des souffrances. On se lève donc particulièrement tôt pour les Séli'hot, demandant à Hachem de considérer cet effort comme une souffrance.

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La récitation des Séli'hot permet de raviver les étincelles de feu qui sont enfouies dans le cœur.
Comment se fait-il alors que certaines personnes qui participent quotidiennement aux prières de Séli'hot ne soient pas transformées?

La récitation des Séli'hot n'est pas un phénomène miraculeux. Elle métamorphose uniquement ceux dont le cœur est sensible, qui sont animés d'aspirations spirituelles, et dont le seul problème est que leurs sentiments sont étouffés par la vie quotidienne.
Dans ce ce cas, les Séli'hot chassent les écrans qui les empêchent de se rapprocher de Hachem.
Mais si quelqu'un a endurci son cœur et ne cherche pas à éveiller son âme, il ne lui sert à rien de réciter les Séli'hot qui sont alors comparables à l'ampoule qui n'est d'aucune utilité à l'aveugle.
[Méacher léAvinou - p.111 - rapporté dans le Ma'hzor Ich Matslia'h (Roch Hachana)]

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-> Le Mabit écrit :
"Celui qui a commis une faute a fait par là 2 abominations :
1°/ d'une part la faute elle-même, qui entraîne une punition naturelle sur le fauteur ;
2°/ d'autre part, de cette faute émane une autre faute : l'homme a transgressé la parole d'Hachem, s'est éloigné de Lui, et par cela il a énervé D. (comme un ministre qui transgresserait délibérément les ordres et recommandations de son Roi, au profit du pays voisin). [Nous avons préféré servir notre roi égo, plutôt que Sa volonté.]

Ainsi, l'homme qui fait téchouva doit en plus de réparer les conséquences de sa faute, essayer d'apaiser la "colère" du Roi : Hachem, qu'il a provoqué en transgressant Sa parole et en le trahissant.
Pour être agréé de nouveau auprès du Roi comme nous l'étions avant de l'avoir trahi, il y a besoin d'un agrément, d'un apaisement (ritsouï) de D. que la téchouva elle-même ne procure pas forcènement, sans l'aide des Séli'hot."

=> Le but des Séli'hot n'est donc pas de se protéger des punitions et d'obtenir plein de bénédictions matérielles.
Il s'agit d'apaiser le Roi des rois, comme on apaiserait son meilleur ami ou Roi après l'avoir trahi.

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-> Les Séli'hot se font souvent au détriment du sommeil, par le fait de devoir se lever plus tôt.
Il est intéressant de rapporter les paroles suivantes du Ben Ich 'Haï (1ere année - Vayichla'h) :
"Il ne faut pas penser que le sommeil est bénéfique pour la santé en grande quantité. La médecine a prouvé qu’un homme ne doit pas dormir moins que 6 heures et pas plus que 8. Il en ressort qu’à partir de 6 heures de sommeil, l’homme est quitte de son hichtadlout (effort personnel) pour garder son corps en santé, il ne devra donc pas dormir plus et consacrer le reste de ses nuits à la santé de son âme, par l’étude de la Torah.
Et pour les nuits d’Elloul par exemple ou on ne peut pas dormir ces 6 heures [minimales], le fait de rajouter du temps à sa santé spirituelle le protégera de ne pas abîmer sa santé corporelle."