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Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem

+ Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem :

-> Le 'Hatam Sofer (drachot 7 Av - 5560) écrit :
Il est dit : "oz vé'hédva bikomo" - Divré haYamim I 16,27).
[selon le Avot déRabbi Nathan (34,9), le terme : 'hedva (חדוה) est l'un des 10 termes hébraïques signifiant : joie.]
Ainsi, ce verset signifie : "Force et joie emplissent Sa résidence".

Hachem réside dans la joie, et nos Sage disent qu'Hachem ne réside pas dans les endroits où il y a de la tristesse. [à l'image de Yaakov dont la Présence Divine l'a quittée pendant les années où il était triste de la perte de Yossef. ]
Néanmoins, le 9 Av est appelé : "yom mar" (un jour amer - יום מר). Par conséquent, il est approprié pour tous les gens amers et brisés de pleurer et de se lamenter en ces jours où Hachem est également en deuil.
Le 'Hatam Sofer ajoute : "S'ils le font, leur deuil s'élèvera très haut. Ils ne le voient pas, mais leur mazal le voit, et ils entendront la voix d'Hachem qui pleure avec eux".

[ainsi, nous sommes très proches d'Hachem lorsque nous portons le deuil le jour du 9 Av.]

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-> Rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has 378,380) écrit :
"L'endroit où réside Hachem, tous les anges du Ciel s'y trouvent.
En ce jour [du 9 Av], si l'on peut dire, Hachem pleure. Par conséquent, lorsqu'une personne se trouve également dans ce lieu [de deuil], elle est protégée [parce qu'elle est avec Hachem].
Rire le jour du 9 Av est dangereux (sakana néfachot) car lorsqu'on est avec le roi, on est protégé, mais lorsqu'on est éloigné du roi, on n'a pas de protection. Et en ce jour, la Ché'hina est si l'on peut dire, assise sur la terre [et le seul moyen de se connecter à Elle est par le deuil]".

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-> Il est dit que le 9 Av est "appelé un moed" (kara alaï moéd - un jour de fête - Eikah 1,15).
C'est pourquoi le Choul'han Aroukh (559:4) déclare : "Nous ne disons pas de ta'hanoun ou de séli'hot le jour du 9 Av parce qu'il est appelé moéd (un jour de fête)"

=> Comment de fait-il que le 9 Av est considéré comme un jour de fête, alors qu'il semble plutôt être le contraire de cela!

-> Rabbi Mordé'haï Gifter zt'l répond que "moéd" (מועד) a deux traductions.
Il signifie : un lieu de rassemblement (comme Ohel Moéd - מועד אהל), et également : "moéd" désigne les jours spéciaux de l'année où nous nous rassemblons et nous connectons avec Hachem.
Pendant les yamim tovim, nous nous lions avec Hachem dans la joie, et le jour du 9 Av, nous nous connectons à Hachem dans le deuil.
C'est un moment particulier, car nous nous attachons avec Hachem, mais au lieu d'utiliser pour cela la joie, en ce jour nous utilisons le deuil (ex: avoir le coeur brisé, voir même en arriver à pleurer).

-> La Méguila du 9 Av s'appelle : Méguilat Eikha (מגילת איכה), et de nombreux kinot commencent par le mot "Eikha" (איכה).
Dans la Torah, Hachem demande à Adam après sa faute : "Où es-tu?" (ayéka - איכה - Béréchit 3,9).
[eikha et ayéka ont les mêmes lettres. ]

Le Zéra Kodech (Dévarim) explique que tout au long de l'exil, Hachem demande : "Ayéka?" (où es-tu? - איכה).
Si l'on peut dire, Hachem nous cherche, se demandant pourquoi nous sommes si éloignés de Lui.
Il nous cherche jusqu'à ce qu'Il nous trouve, comme il est dit : "J'ai trouvé Israël" (matsati Israël - Hochéa 9,10).
Et quand Hachem nous trouve, Il voit que tout au long du l'exil, nous étions également constamment en train de Le chercher.
Nous demandons toujours : "Où est Hachem pour que nous puissions L'exalter?" (ayé mékom kévodo léaaritso - איה מקום כבודו להעריצו).

Hachem et les juifs se cherchent et aspirent au fond d'eux à ce moment où nous pourrons totalement nous unir ensemble.
Le jour de 9 Av, nous nous unissons dans le deuil, tandis que les jours de Yom tov, nous nous unissons dans la joie, et lorsque le Temple sera reconstruit, nous nous unirons dans son mode parfait, au milieu d'une joie immense, totale.

-> Le Avodat Israël (Avos 3:1) décrit la avoda des 3 semaines (17 tamouz au 9 av) et du 9 Av par un machal :
Un père a jeté des diamants à la poubelle et a demandé à son fils de chercher dans les ordures, de les trouver et de les nettoyer. C'était un travail difficile et inconfortable.
Le fils recevra certainement une grande récompense pour avoir fait cela pour son père, plus importante que s'il avait servi son père d'une autre manière.
Ceci décrit la avoda des 3 semaines et du 9 Av. C'est une période creuse, une période difficile, mais la avoda est très précieuse.

Le Avodas Yisrael conclut : "Ce qu'une personne peut réparer le jour du 9 Av, qui est un jour bas [en joie], on ne peut pas le faire même à Sim'hat Torah (moment d'apothéose de joie, clôturant les fêtes de Tichri)".

[ainsi, en comparaison des Yom Tov c'est pas très "agréable" de s'attrister sur le Temple (on préfère se réjouir), mais c'est justement cela qui fait que l'impact et la valeur aux yeux d'Hachem est plus grande.]

Reconstruire Jérusalem avec nos larmes

+ Reconstruire Jérusalem avec nos larmes :

-> La guémara (Makot 24) dit :
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua et Rabbi Akiva se rendirent à Jérusalem. Lorsqu'ils arrivèrent au mont du Temple, ils virent des renards sortir des Saints des Saints (kodech Kodachim).
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua pleuraient. Rabbi Akiva riait.
Ils demandèrent à Rabbi Akiva : "Pourquoi riez-vous?"
Rabbi Akiva demanda : "Pourquoi pleurez-vous ?"
Ils dirent : "L'endroit à propos duquel il est écrit : "l'étranger qui s'approchera mourra" (Kora'h 18,7) [seuls les Cohanim ont l'autorisation de s'y rendre et toute autre personne mourra], or il y a des renards qui gambadent tout autour. Ne devrions-nous pas pleurer [d'une telle vision]?"

Rabbi Akiva répondit : "c'est précisément pour cela que je ris".
[rabbi Akiva leur expliqua que lorsqu'il voit que les prophéties de la destruction du Temple se sont produites, il se sent confiant dans le fait que les prophéties de la guéoula se produiront également. ]

-> D'après les mots de Rabbi Akiva : "c'est précisément pour cela que je ris" = il semble qu'il riait parce qu'ils étaient en deuil.
Rabbi Israël de Tchortkov explique que Rabbi Akiva se réjouissait que les juifs soient en deuil à cause de la destruction du Temple parce que ces larmes permettent de construire le 3e Temple.

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-> Le Chla haKadoch (Massékhet Taanit - Ner Mitsva - n°33) explique que nous ne pleurons pas le Shabbath parce que le deuil construit le Temple, et qu'il est interdit de construire le Temple le Shabbath.

-> "Hachem construit Jérusalem, Il rassemblera les exilés d'Israël" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness) - Téhilim 147.
Le 'Hatam Sofer (drouch 7 Av - 5599) demande : normalement ce verset devrait être au futur et l'on devrait dire : "yibané Yérouchalayim Hachem" (Hachem construra Jérusalem [avec la venue du machia'h]). Alors pourquoi en réalité ce verset est écrit au présent : "boné Yérouchalayim" (Hachem construit Jérusalem [maintenant]).

Nos Sages nous disent que le 3e Temple descendra du ciel entièrement construit (voir Rachi sur Rosh Hashanah 30).
Hachem construit le 3e Temple au Ciel ; les matériaux de construction sont nos larmes et notre deuil.
Pendant 2 000 ans, nous prenons le deuil et pleurons pour le la destruction du Temple. Hachem prend toutes ces larmes et ce deuil, et Il construit avec cela le 3e Temple dans le ciel, brique par brique, pierre par pierre, et lorsqu'il sera achevé, il descendra du ciel.
Comme il est écrit dans le Zohar (vol.2,p.12b) : "La délivrance des juifs dépend uniquement des pleurs".

[notre yéter ara nous pousse à nous dévaloriser en nous laissant penser : à quoi ça sert de pleurer pour le Temple? (les tsadikim oui, mais toi,!). Mais la réalité c'est que lorsque le Temple sera reconstruit on verra toutes les pierres, tous les embellissement du Temple, que nos larmes auront permis de faire. Quelle fierté éternelle!! ]

[Les séfarim disent que bien que nous soyons en deuil et que nous pleurions, nous ne devons pas tomber dans la tristesse du désespoir (cela provient de notre yétser ara, pour nous faire désespérer de toute spiritualité). La limite entre les deux peut être très fine, mais l'essentiel est de garder de l'espoir, de la foi en Hachem.
[ex: conscient de l'énorme perte, de la douleur d'Hachem d'être en exil, alors je suis très très triste, mais d'un autre côté je sais que Hachem a fait cela pour notre bien, et qu'à tout moment la guéoula peut arriver. Je descend bas bas dans la tristesse, mais je ne me laisse jamais noyé par le désespoir, la négativité. ]

Le 'Hazon Ich (Maassé Ich, vol.4) prouve cela à partir de la guémara (Shabbos 30b) qui dit : "la Ché'hina ne réside pas s'il n'y a pas de joie", et un prophète doit être dans un état de joie pour recevoir sa prophétie.
La question est de savoir comment Yirmiyahou HaNavi a pu recevoir la prophétie de la Méguilat Eikha, alors qu'il était certainement en train de pleurer et de se lamenter lorsqu'il a reçu cette prophétie (en plus de la destruction du Temple, il y est décrit en détails les souffrances atroces des juifs de l'époque).
Il faut croire que l'on peut pleurer et se lamenter tout en étant joyeux. ]

"Si notre seule faute était de ne pas pleurer suffisamment pour Jérusalem, ce serait une raison suffisante pour que l'exil continue.
À mon avis, c'est la cause la plus logique et la plus évidente de tous les souffrances que nous rencontrons dans l'exil.
Si nous n'avons jamais de répit face aux non-juifs, où que nous vivions., c'est parce que le deuil [du Temple] a quitté nos cœurs ".
[Yaavets - Siddour Beit Yaakov - 9 Av - 6,16]

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-> Rabbi Shimshon Pinkous (Galout véNéchama) écrit :
"Si quelqu'un n'est pas capable de se lamenter et de pleurer pendant Bein haMétsarim (du 17 tamouz au 9 av) pour la destruction du Temple et l'exil de la Chéhina, il devrait s'asseoir sur le sol et pleurer amèrement sur sa destruction personnelle qu'il est incapable de pleurer, et dont il ne se soucie pas, et ne peut pas s'associer au deuil de la destruction du Temple".

Rabbi Shimshon Pinkous écrit que lors d'une lévaya, seule la famille ou les amis très proches de la personne décédée pleurent véritablement.
De même, pendant ces jours de deuil, ceux qui sont proches d'Hachem se lamentent et pleurent, mais ceux qui se sentent détachés de toute cette affaire ne pleurent pas.
Le rav Pinkous écrit : "Nous pouvons mesurer l'attachement d'une personne à Hachem par la mesure dans laquelle elle pleure [la perte du Temple]".

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-> "Pour pleurer correctement Jérualem, il faut penser à la sainteté qui nous fait défaut [an le Temple] ...
Nous ne sommes pas aussi proches d'Hachem que nous l'étions auparavant".
[Tiferet Shlomo]

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach vol1, p.253) écrit :
"Le fait que quelqu'un ne comprenne pas, ne ressente pas plus que cela la désolation de la destruction du Temple ('hourban), cela est ainsi [à cause de nos nombreux péchés].
Nous ne ressentons pas le 'hourban, nous sommes comme un idiot qui ne ressent pas sa douleur.
Certains tsadikim avaient une compréhension totale et reconnaissaient la perte terrible causée par le 'hourban.
Si nous comprenions tout ce que nous avons perdu, le manque de perfection, ... nous ne voudrions ni manger ni boire, mais plutôt nous rouler par terre de détresse".

-> Une fille de 16 ans qui a perdu son mère à l'âge de 12 ans, a dit à son père :
"Je me sens mal pour mes jeunes frères et sœurs. Jusqu'à ce que ma mère soit décédée, j'étais assez âgée pour apprécier son amour, et je sais ce qui me manque maintenant.
Mais les jeunes frères et sœurs connaissent à peine l'amour de leur mère ; ils ne savent pas ce qui leur manque."

=> Cela illustre ce que nous ressentons en exil, nous avons perdu tant de choses à cause de la destruction du Temple, et nous n'avons aucune idée de ce que nous avons perdu!

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-> Pendant les 9 premiers jours du mois d'Av, alors qu'ils rentraient à pied du Kotel, le rav Shlomke de Zvhill dit à son chamach : "As-tu vu? Même les pierres du Kotel pleuraient!"

9 Av – L’orgueil = la racine du mal

+ 9 Av - L'orgueil = la racine du mal :

-> Nous savons que la sinat 'hinam (haine gratuite) est la raison pour laquelle le Temple n'a toujours pas été reconstruit. La plupart des sinat 'hinam que nous avons les uns pour les autres commencent par l'orgueil (gaava).
Le Or'hot Tsaddikim commence son livre en discutant de la gaava. Il dit qu'il n'y a pas de middah pire que l'orgueil, parce que c'est la cause de tant de mauvais comportements.
Pourquoi les gens ont-ils du mal à s'entendre? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas dit bonjour?
Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas laissé passer en premier dans la file d'attente? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas acheté un cadeau? Comment se fait-il qu'il n'ait pas fait ceci ou cela pour moi?
Savez-vous qui je suis? Savez-vous ce que je fais?

Le rav Chatzkel Levenstein dit que toutes les mauvaises actions découlent de l'orgueil. Mais comment travailler sur la gaava?
Tout d'abord, nous devons faire la différence entre l'orgueil et l'estime de soi.
Parce qu'on est censé avoir de l'estime de soi, n'est-ce pas ? Mais n'est-elle pas en réalité de la gaavah?
Non, pas du tout. L'estime de soi, c'est avoir confiance en soi (avoir conscience des qualités et capacités que D. nous octroie). Vous vous sentez capable d'accomplir quelque chose.
Cela ne signifie pas que l'on pense que les autres ne sont pas assez bons ou que l'on peut faire mieux que les autres. C'est ce qu'on appelle la gaava.
L'orgueil, c'est quand on pense : "Je suis le seul à pouvoir le faire, personne ne peut le faire comme moi."
Il y a beaucoup de gens qui peuvent faire beaucoup de choses dans ce monde. Il faut avoir confiance en soi. Il faut se sentir à l'aise avec soi-même, croire en soi. C'est ça l'estime de soi.
Lorsque vous regardez quelqu'un d'autre de haut et que vous pensez que vous êtes le seul à en être capable, c'est de la gaava.
[l'estime de soi amène à agir au mieux selon nos capacités, tandis que l'orgueil n'améliorer pas nos actes (on savoure d'être supérieur à autrui plutôt que d'assumer en action cela, on s'octroie ce que Hachem nous donne, ...). ]

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+ Savoir dire : "merci" :

-> Alors, comment travailler sur l'orgueil?
Je crois que la réponse est la reconnaissance : dire merci.
Si vous reconnaissez toutes les personnes qui font des choses merveilleuses pour vous, l'orgueil disparaît, parce que vous remerciez toujours les gens pour ce qu'ils ont fait pour vous.
Vous reconnaissez toujours que vous avez besoin de l'aide d'autres personnes et que vous ne pouvez pas tout faire vous-même.
[...]
Le Sforno dit que la raison pour laquelle les juifs sont appelés Yéhoudim, est parce que cela vient du mot : "hodaa" (remercier). [ = reconnaître que nous sommes redevable d'autrui ]
Par ce petit geste, nous pouvons minimiser notre orgueil [naturelle]. Ensuite, nous pourrons commencer à nous aimer les uns les autres, à nous préoccuper des autres et à construire notre Temple personnel intérieur. Cela nous mènera à notre but ultime, la construction du Temple à Jérusalem.
[d'après le rav Paysach Krohn]

Shabbath ‘Hazon

+ Shabbath 'Hazon :

-> Apparemment, ce Shabbath [précédent le 9 Av] est appelé : Shabbath 'Hazon, en raison de la haftara qui y est lue et qui commence par : 'hazon Yéchayahou (חזון ישעיהו).

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Eikha) pose la question suivante : "Pourquoi ce Shabbath est-il appelé 'hazon (vison), car il n'évoque certainement pas l'éloge de Israël?"
En effet, on va lire la haftara qui annonce de mauvaises nouvelles : la future destruction du Temple?
[ainsi, est-ce que le nom de ce Shabbath renvoie à cette vision prophétique du prophète Yéchayahou, en raison du mauvais comportement des juifs? (selon nos Sages, chaque génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit maintenant. Donc ce message d'avertissement s'applique aussi à nous! )]

-> Le Kédouchat Lévi répond que : 'hazon, qui signifie "vision", fait référence à la merveilleuse vision des récompenses futures qu'Hachem montre à chaque juif avant qu'il ne descende dans ce monde.
Il écrit :
"Lorsqu'une âme juive est envoyée dans ce monde, Hachem lui montre les récompenses : le grand bien caché qu'elle recevra après avoir gagné la grande guerre [dans ce monde, contre le yétser ara].
Ils [es juifs] méritent cette récompense parce qu'ils aiment Hachem, et que leur désir est uniquement pour Lui ..."

Et en réalité, Hachem ne nous montre pas cette vision qu'une seule avant que nous ne descendions dans le monde (avant notre naissance). Chaque année, lors du Shabbat 'hazon, Hachem montre à l'âme de chaque juif les récompenses de l'avenir.
Ainsi, en ce Shabbath, alors que nous nous souvenons de la destruction du Temple, nous nous rappelons de la grand récompense/mérite qui nous attend dans le futur.
Le machia'h nous délivrera de l'exil ; des temps meilleurs approchent, et les récompenses seront énormes.

-> Le Kédouchat Lévi (drouché Tsémé'h Tsaddik, Eikha) explique que ce Shabbath, Hachem montre à [l'âme de] chaque juif comment le monde sera lorsque le 3e Temple sera construit.
Shabbat 'hazon signifie le Shabbat de la visualisation, car nous pouvons voir le monde futur.

-> Le Kédouchat Lévi raconte également le machal suivant :
Un roi avait confectionné les plus beaux vêtements pour son fils. Mais le fils ne comprenait pas la valeur des vêtements, et à cause de sa négligence, il a déchiré et taché son costume coûteux.
Le père fit faire un autre costume pour son fils, mais celui-ci s'abîma également. Le roi lui fit faire un troisième costume, mais cette fois, il le suspendit dans un endroit sûr.
De temps en temps, il le sortait et disait à son fils : "Vois-tu ce costume majestueux? Il n'y a rien de comparable. Je l'ai fait spécialement pour toi. Lorsque tu t'amélioreras et que je verrai que tu sais en prendre soin, je te le donnerai."

L'explication (nimchal) est la suivante : Hachem nous a donné le premier et le deuxième Temple, mais nous n'avons pas été assez prudents avec eux, et ils nous ont été enlevés.
Hachem, dans Sa compassion, a préparé un troisième Temple pour nous, mais il ne nous l'a pas donné, pas encore.
Chaque année, lors du Shabbat 'hazon, Hachem nous montre à l'âme de chaque juif, le troisième Temple.
Hachem dit : "C'est à vous de décider. Si vous ne vous salissez pas par vos fautes, je le ferai descendre du ciel" .
[ Tséma'h Tsadik (drouché Eikha), qui l'a entendu de son père, qui l'a entendu directement du rav de Berditchev]

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+ Shabbath 'Hazon = le Shabbath de l'espoir :

-> Le Shabbat qui précède le 9 Av est appelé "Shabbat 'Hazon" d'après le premier mot de la Haftara lue ce Shabbat, qui relate les fautes du peuple juif, pour lesquels il devait subir la destruction du Temple et l'exil.
Comment comprendre que le nom de ce Shabbath semble à priori pas particulièrement flatteur pour le peuple juif?

La réponse est que : 'hazon signifie "une vision".
Tous les juifs, en ce Shabbat qui précède le 9 Av, ont une vision de l'abondance récompense et de la bonté qui les attendent après qu'ils auront gagné la grande guerre [finale], avec l'aide de D.
... cela prouve de manière irréfutable que tout n'est pas perdu, qu'il y a de l'espoir.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 3,18-22 ]

=> Le premier pas vers la défaite est la perte d'espoir. Les épreuves et les difficultés de notre exil apparemment sans fin peuvent sans surprise conduire à la perte de l'espoir d'un avenir meilleur.
C'est pourquoi, au moment le plus sombre de l'exil, (le Shabbath) juste avant le 9 Av, nous recevons tous une vision des temps à venir. Par conséquent, nous ne perdons jamais espoir!

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-> Le Ohev Israel écrit :
"Au Ciel, Shabbath 'hazon est le plus grand Shabbath de l'année" (שבת חזון הוא יותר גדול במעלה מכל
שבתות השנה).
Pour nous, il semble que le Shabbat 'hazon (dernier Shabbath avant le 9 av) soit le Shabbat le plus triste de l'année, car c'est le Shabbat qui précède la destruction du Temple.
Comment pouvons-nous dire qu'il s'agit d'un Chabbat exalté?
Le midrash dit : "Le peuple juif n'a jamais connu une fête comme celui de la destruction du Temple" (לא היה יום מעוד לישראל כיום שנחרב בית המקדש).

=> Nous avons donc deux questions à poser : Comment pouvons-nous dire que le Shabbat 'hazon, le Shabbat qui se trouve dans les 9 jours de Av, est le plus grand Shabbat de l'année? Et pourquoi la destruction est-elle considérée comme une fête très spéciale pour la nation juive?

-> La guémara (Yébamot 62) dit que lorsqu'un mari prévoit de voyager, il doit montrer son amour à sa femme avant de partir. En effet, avant le départ, l'amour augmente.
Sur la base de ce concept, le Ohev Yisrael explique que lorsque le Temple était sur le point d'être détruit, et qu'il allait y avoir une séparation entre Hachem et la nation juive, c'est à ce moment-là que leur amour était le plus fort.

Nous comprenons maintenant la qualité unique du Shabbath 'hazon, et pourquoi le jour de la destruction est appelé un jour férié (yom moéd).
Avant la destruction du Temple, l'amour entre Hachem et la nation juive était à son apogée.
La Guemara (Bava Basra 99a) nous parle d'un miracle qui s'est produit avec les kérouvim (les deux chérubins qui étaient perchées au-dessus de l'aron). Bien qu'ils aient été faits d'or, ils avaient de la vie et pouvaient bouger, dans une certaine mesure.
Parfois, les 2 kérouvim se faisaient face, et parfois, ils se détournaient l'un de l'autre.
La guémara explique : lorsque les juifs faisaient la volonté d'Hachem, ils se faisaient face. Lorsqu'ils ne faisaient pas la volonté d'Hachem, ils se détournaient l'un de l'autre.

Le premier Temple a été détruit à cause de l'idolâtrie, du meurtre et des relations interdites (arayot). C'était manifestement une époque où la nation juive ne faisait pas la volonté d'Hachem. Il est donc certain que les kérouvim se sont détournés les uns des autres.
Mais la guémara (Yoma 54b) déclare : "Lorsque les non-juifs sont entrés dans le Kodech Kadochim (saint des saints), ils ont trouvé les kérouvim en train de s'embrasser".
Les richonim demandent : comment est-ce possible? À ce moment-là, alors qu'ils étaient en train de fauter (provoquant la destruction du Tmple), les Kérouvim auraient dû se détourner les uns des autres!

Selon le Ohev Yisrael, l'explication peut être :
C'était le moment moment avant la séparation lorsque l'amour était puissant. Les kérouvim ont démontré cet immense amour en se regardant l'un l'autre.
[avant une séparation pour un voyage dans l'exil, alors Hachem a laissé éclater Son amour pour chaque juif! ]

-> Le moment où 2 êtres qui s'adorent vont être séparés pour longtemps, et symbolisé par le fait qu'ils se prendre avec émotions l'un dans les bras de l'autre.

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Nefesh HaChaim 1,8) écrit :
"On sait qu'un chérubin (kérouv) représente Hachem et l'autre la nation juive.
Le degré de proximité et de connexion du peuple juif avec Hachem, ou D. préserve, le contraire, a été miraculeusement et merveilleusement observé par la position des kérouvim. Lorsque les yeux de la nation juive étaient tournés vers Hachem, les kérouvim se faisaient face.
Mais si la nation juive se détournait, ou si elle se tournait légèrement sur le côté, cela était immédiatement reflété par les kérouvim. Si, 'has véshalom, ils se retournaient complètement, les Kérouvim se détourneraient soudain complètement les uns des autres".

[ainsi, Shabbath 'hazon (vision) = chaque âme juif voit Hachem, les yeux dans les yeux, à l'image des kérouvim.
Et cela à l'image d'une femme qui voit partir son mari pendant longtemps, et qui lui vide son coeur d'amour, de même Hachem révèle à chaque âme tout l'amour infini et l'impatience de nous revoir qu'Il a (même envers le juif le plus fauteur).
Shabbath 'hazon = Hachem nous exprime que quoique nous ayons pu faire dans la vie, Il nous aime de façon identique, et Il est dans l'attente de notre téchouva (retour à D.), prière (pour avoir la guéoula, il faut forcément la demander!), pour pouvoir enfin se retrouver éternellement.]

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-> Rabbi Yonathan Eibshitz propose une autre explication (pourquoi les kérouvim se faisaient face avant la destruction du Temple).
La guémara (Yérouchalmi Taanis 4,5) dit que pour le premier Temple, les murs de Jésuralem ont été percés le 9 Tamouz, et que les Babyloniens sont entrés dans le Temple 21 jours plus tard, à Roch 'hodech Av.
C'est à ce moment-là qu'ils ont vu les kérouvim s'enlacer. Mais ils n'ont pas détruit le Temple immédiatement. La destruction ('hourban) a eu lieu neuf jours plus tard, le 9 Av.

Roch 'hodech Av (lorsque les Babyloniens sont entrés pour la première fois dans le Temple) était Shabbath. Nous le savons parce que la guémara (Taanis 29a) nous dit que la destruction du premier et du deuxième Temple a eu lieu un dimanche, le 9 avril. Cela signifie que Roch 'hodech Av était un Shabbath.

Rabbi Yonathan Eibshitz explique que les kérouvim se faisaient face, malgré les fautes des juifs, parce que c'était Shabbath, et que Shabbath est un jour de perfection. C'est comme s'il n'y avait pas de fautes. [pendant Shabbat, Hachem montre Son amour pour Israël même s’ils n’accomplissent pas la volonté Divine. ]
Par conséquent, les Kérouvim peuvent se faire face.

-> Dans la paracha Pin'has, les sacrifices moussaf des fêtes sont énumérés, et chaque fête a un korban 'hatat, un sacrifice pour l'expiation [des fautes du peuple]. L'exception à cette règle est le Shabbath.
Pourquoi à Shabbath n'est-il pas nécessaire d'apporter un korban 'hatat?

Le Ramban (Pin'has 28,2) écrit : "Le [service au Temple du] moussaf de Shabbath n'a pas de korban 'hatat comme toutes les autres fêtes parce que l'assemblée juive (Knesset Israël) est comme l'épouse d'Hachem, et tout est paix".
L'écriture de ce Ramban est kabbalistique, mais il semble que son intention soit que le Shabbath il n'y a pas de péchés, et donc il n'y a pas besoin d'un korban 'hatat.
[n'oublions pas que pour un juif, le jour du Shabbath est une autre réalité que celle des autres jours de la semaine. ]

-> Le Tiféret Shlomo enseigne que le Shabbath, c'est comme si le Temple était encore debout.
Le Tiféret Shlomo écrit :
"Il est expliqué dans les écrits du Arizal qu'à notre époque, bien que le Temple ait été détruit et que nous n'ayons pas la avoda (service) et les korbanot, néanmoins, rien ne manque le jour du Shabbath.
Shabbath nous ramène à l'époque d'Adam gaRishon avant sa faute.
C'est la signification du verset : "Vous garderez Mon Shabbath et craindrez Mon Mikdash" (Béhar 26,2) = cela nous dit que lorsque vous faites Shabbath, c'est comme si vous étiez dans le Temple reconstruit.
Le Shabbath en exil est encore plus grand [que le Shabbath à l'époque du Temple] ... L'amour est plus parfait ...
Lorsque nous acceptons le Shabbath correctement et avec joie, cela sera considéré comme si nous avions assisté à la reconstruction de Jérusalem.

Dans l'exil, les Shabbath sont plus grands que lorsque le Temple était debout.
C'est l'intention du verset (Bé'houkotaï 26,34) :
"az" (אז) = dans l'exil ;
"tirtsé aarets ét shabétotéa" = les Shabbath seront désirés ;
"kol yémé hachana" = tous les jours où nous serons dans la désolation de l'exil".

[ nous le disons dans le birkat hamazon : "il n'y aura pas d'angoisse ni de soucis le jour de notre repos [à Shabbath]. Hachem nous montrera la construction de Jérusalem [le Temple]" (chélo téé tsara véyagon vaana'ha béyom ménou'haténou, our'énou Hachem Elokénou béné'hamat tsion).
Le Tiféret Shlomo explique que cela signifie que lorsque nous célébrons Shabbath avec joie, c'est comme si nous avions vu la reconstruction du Temple, en ce jour.]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
L'explication est que lorsque le Temple se dressait, et que tous les jours de la semaine étaient bons, nous n'appréciions pas Shabbath autant que lorsque nous sommes dans l'exil. [le Temple était dans l'espace ce que le Shabbath est dans le temps, et ainsi sans le Temple nous sommes dans l'obscurité et l'on apprécie davantage la lumière spirituelle du Shabbath. ]
De plus, aux yeux d'Hachem, la joie des Shabbath en exil est plus grande que celle des Shabbath lors qu'il y avait le Temple.

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-> Et cela s'applique tout particulièrement pendant les Shabbath des 3 semaines (du 17 tamouz au 9 av), qui sont des moments très élevés et joyeux.
Le Tiféret Shlomo (Dévarim - Shabbath 'Hazon) écrit qu'il y est fait allusion dans les mots du chant de Shabbath "lé'ha dodi" : "rav la'h chévét béémék aba'ha" (רב לך שבת בעמק הבכא - qui peut se traduire par : "Combien grand est le Shabbath dans la vallée des pleurs)

Le Tiféret Shlomo écrit :
"Les jours de la période de bein hamétsarim entre le 17 Tamouz et 9 Av, sont les 'émék aba'ha, (la Vallée des pleurs [moment où l'on se désole particulièrement sur la destruction du Temple]), et c'est alors que רב לך שבת, =que les shabbath (שבת) sont si élevés.

Les Shabbath de bein hamétsarim sont plus importants que les autres Shabbat de toute l'année.
C'est parce qu'il y a beaucoup de douleur/souffrance pendant les jours de ces semaines, de sorte que le Shabbath, il y a beaucoup plus de joie dans le ciel ...
Le souffrance des gens devrait être que la Ché'hina est en exil. Cependant, le Shabbat, la Ché'hina est heureuse, et nous devons donc l'être aussi. Et lorsque nous sommes heureux/joyeux le Shabbath, cela provoque une joie encore plus grande pour Hachem".
[d'une certaine façon, pendant ces semaines on rendre dans les détails d'à quel point c'est triste d'être en exil, de ne plus avoir le Temple, d'avoir Hachem qui souffre de nos souffrances d'être sans domicile fixe, ... et alors forcément vu que cela ne s'applique plus à Shabbath alors on est encore plus heureux que de normal, l'appréciant davantage la réalité de ce jour. Et de même que Hachem est avec nous dans la souffrance, Il est avec nous dans notre réjouissance à Son sujet. ]

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-> Le point culminant de Shabbath se situe dans l'après-midi, à l'heure de la 3e séouda.
En effet, l'après-midi est généralement un moment de din (jugement sévère), et le Shabbath transforme ce moment en ra'hamim (miséricorde).
Chaque fois que le din se transforme en ra'hamim, il s'agit d'un moment exceptionnel.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Rabbi Bounim de Pschisha enseigne que pendant les 3 semaines, les 24 heures de la journée sont un moment de din, et le Shabbath transforme le din en rachamim.
[en temp normal, c'est dans l'après-midi qu'il a beaucoup de din et de rigueur, et le Shabbath transforme le din en ra'hamim. ]
C'est pourquoi, pendant les 3 semaines, tout le Shabbath est un moment spécial et sacré, semblable au temps de la 3e séouda de Shabbath.
[en cette période il y a davantage de din sur le peuple juif, et donc à Shabbath cela se transforme en davantage de miséricorde d'Hachem, et c'est donc des Shabbath particulièrement élevés pour nous!
Dans la rigueur, papa Hachem cache de grandes miséricordes (les forces du mal ne s'y opposant pas car elles ont aussi reçu beaucoup de rigueur), alors tâchons d'en profiter (au point même qu'on peut provoquer plus facilement la venue du machia'h, avec la reconstruction du Temple!).]

==> Combien cela s'applique au Shabbath qui est dans la période des 9 jours avant le 9 Av, et qui est le dernier sprint des 3 semaines, dans la douleur et la tristesse qui a amené à la profanation et la destruction du Temple, et donc notre exil depuis lors avec tous les malheurs et les souffrances qu'on a pu connaître.
[ce Shabbath 'hazon nous voyons à quel point le jour du Shabbath est grand au point de mettre en parenthèse même les fautes menant à la destruction du Temple, et à quel point Hachem nous aime et a envoie de nous voir proches de Lui. ]

-> Le rabbi de Bobov conseillait d'accepter le Shabbath plus tôt à Shabbath 'Hazon, et ce afin de transformer le deuil/rigueur supplémentaire de cette période en un temps de joie plus fort que d'habitude.

-> Le Chem miChemouel (Massé 5670) rapporte égalemnt cette enseignement du rabbi de Pschisha que durant les Shabbath des "3 semaines" (en particulier Shabbat 'Hazon ; cf. Sifté Tsadik et autres), toute la journée est sous le signe de "רעוא דרעוין" ["agréé d’agréé", à savoir un temps très propice]. Car, à l’heure de Min’ha (l’après-midi), durant tous les jours de la semaine, la Midat Hadin (la mesure de rigueur) s’intensifie, alors que le Shabbat à la même heure, cette Midat Hadin, au contraire, s’adoucit.
Et lorsque le Din (rigueur) se transforme en ‘Hessed (bonté), cela constitue un moment de miséricorde extrêmement propice ; c’est pour cela que cette heure de Min’ha le Shabbat est qualifiée de "רעוא דרעוין".
D’après cela, il y a lieu de dire que, durant la période des 3 semaines, où les jours profanes sont des jours de Din et de malheurs (pas seulement à l’heure de Min’ha comme d’habitude, mais aussi toute la journée), dès lors, lorsqu’arrive le Shabbat et avec lui le repos de l’âme, et que Hachem étend sur le monde entier une voûte de miséricorde, la rigueur (qui règne toute la semaine) est adoucie et le Shabbat entier devient "רעוא דרעוין".

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-> Le ‘Hatam Sofer enseigne : "C’est pourquoi, si je ne craignais pas (de l’innover), je dirais que le jour du 9 Av en lui-même est un jour de joie et d’allégresse puisqu’il est dit à son sujet : "Ta faute est expiée, fille de Sion, Il ne continuera pas à t’exiler".
Mais le deuil et les pleurs de chaque année portent sur la nouvelle destruction, par nos grandes fautes. Car chaque jour, la malédiction est plus grande que la veille et c’est comme si chaque année, le Temple était à nouveau détruit.
Cela signifie qu’il conviendrait en réalité de se réjouir en ce jour sur la destruction passée, mais, comme nos fautes ont retardé le terme de notre délivrance et ajoutent de l’affliction à nos péchés, le deuil actuel repousse la joie passée".

[ ainsi, le message du Shabbath 'hazon, est que nous voyons ('hazon) que toute souffrance que nous pouvons avoir dans notre vie n'est en réalité qu'une petite portion de celle que nous mériterions véritablement d'avoir.
Dans le futur nous verrons à quel point ce qui a pu nous arriver était avec précision pour notre bien ultime, et Hachem a tout fait dans Sa compassion et énorme amour pour nous, pour nous réduire/éviter des difficultés, douleur. (comme en témoigne le fait qu'Il a préféré détruire Sa résidence, le Temple!) ]

La téchouva

+ La téchouva :

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit à rav Barou'h Leibovitz : "Si [vous avez fait téchouva alors] vous n'avez pas besoin d'être brisé. La faute est effacée, et c'est comme si vous ne l'aviez jamais commise!"

=> Nous devons toujours nous rappeler que, quels que soient l'endroit où nous nous trouvons et ce que nous avons fait, un juif n'est jamais perdu. Nous pouvons toujours retourner auprès de notre Père céleste aimant et recommencer à le servir loyalement.
L'âme reste aussi pure et sainte qu'elle l'a toujours été et Hachem est heureux de nous accepter comme si rien ne s'était passé.

-> Rabbénou Yona (Yesod haTéchouva) écrit :
"Le jour où l'on décide de faire téchouva et de revenir à Hachem, on doit se défaire de toutes les fautes qu'on a commises et faire comme si on venait de naître, sans mérites ni fautes. C'est aujourd'hui que commence notre action. Aujourd'hui, on doit veiller à ne pas s'écarter du droit chemin.
C'est ainsi qu'on pourra se repentir pleinement en se débarrassant du lourd fardeau de ses fautes.
[le yétser ara désire davantage l'état de culpabilité, de désespoir qui résulte d'une faute, que la faute en elle-même! ]
On ne doit pas être découragé par des pensées qui nous hantent et nous empêchent de faire téchouva parce qu'on se sent gêné par nos fautes, et qu'on se dit : "Comment puis-je avoir l'audace de me repentir? J'ai commis toutes sortes de fautes, même délibérées, et je les ai répétées encore et encore, un nombre incalculable de fois. Je suis gêné de me tenir devant Hachem comme un voleur pris en flagrant délit. Comment puis-je entrer dans le Heichal d'Hachem? Comment puis-je garder Ses mitsvot?"

Ne pensez pas ainsi ! C'est un stratagème du yétser ara, qui est assis comme une mouche dans les chambres du cœur, se renouvelant chaque jour.
Le yétser ara guette et attend de faire trébucher. Il faut plutôt penser : "C'est la mida d'Hachem, Sa main est [toujours] tendue pour accepter ceux qui se repentent."

La meilleure chose que l'on puisse faire est de se débarrasser de toutes ses fautes et de se faire un nouveau cœur."

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,6-7) enseigne :
"La téchouva est si grande qu'elle rapproche une personne d'Hachem ... Hier, il était détesté, dégoûtant et éloigné d'Hachem, mais aujourd'hui, il est aimé, chéri, proche et meilleur ami ...
Hier, il était séparé d'Hachem ... il faisait la prière mais n'était pas exaucé ... aujourd'hui [suite à sa téchouva], il est attaché à Hachem, il fait la prière et est exaucé immédiatement ... Hachem accepte ses mitsvot avec joie et désire qu'il les accomplisse".

=> Quel que soit l'endroit où elle se trouvait, un juif peut revenir pour devenir proche d'Hachem, aimée et chérie à Ses yeux. Quelle chance!!

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Le sujet de la téchouva est très vaste, mais on peut rapporter en guise de réflexion :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédochim 12) enseigne :
"Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales, comme le Zohar (vol.II,184a) nous l'apprend : "la lumière la plus lumineuse est celle qui brille dans l'obscurité ... Au final, il sera révélé que toutes les âmes d'Israël, Ta nation, sont des tsadikim [cf. "Ton peuple : tous sont tsadikim" (Yéchayahou 60,21)] ... même quelqu'un qui a fauté dans ce sujet [de la sainteté].

C'est parce qu'en réalité notre désir est de faire Ta volonté, mais "la levure dans la pâte" (le yétser ara) nous en empêche ...
Grâce à la téchouva tout peut être réparé ... et davantage de lumière peut briller du milieu des ténèbres."

=> Lorsque nous tombons dans la faute, au lieu de désespérer (je ne vaux rien! je suis nul), il faut avoir conscience que : "Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales".
[ce n'est pas parce qu'actuellement je suis sale (sans l'avoir fait exprès!) que je ne vaux rien, au contraire!]
De plus, en faisant téchouva, nous avons la possibilité d'allumer dans l'obscurité de ce monde/notre vie, une lumière d'une intensité très élevée.

-> "Même une personne qui faute durant toute sa vie, elle peut quand même être considérée comme un tsadik, tant qu'elle n'abandonne jamais et qu'elle continue à se battre [pour vaincre son yétser ara]."
[Séfer Ménou'ha véKédoucha - écrit par un élève du rav 'Haïm de Volozhin]

-> "Rien ne peut s'opposer à la téchouva.
Même si quelqu'un a pu commettre toutes les fautes du monde, il pourra faire téchouva sur chacune d'elles"
[Chla haKadoch - Roch Hachana - Dérékh 'Haïm To'ha'hat Moussar 114]

[Précision: une personne qui faute volontairement, pensant qu'elle pourra ensuite faire téchouva, il lui sera alors extrêmement difficile de le faire car ce qui l'a poussé à fauter est cette capacité à se faire pardonner]

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-> issu du divré Torah : https://todahm.com/2023/08/22/connaitre-notre-grandeur-2e-partie

La grandeur de la téchouva & le danger de la tristesse post-téchouva

+++ La grandeur de la téchouva & le danger de la tristesse post-téchouva :

+ Faire téchouva = apporter l'honneur ultime à Hachem :

-> "Là où se tient un baal téchouva, même un tsadik parfait ne peut se tenir" (guémara Béra'hot 34b)
Lorsqu'un juif qui a fauté surmonte tous les obstacles (ex: reconnaître qu'on s'est trompé) et le désespoir de faire téchouva (qui devient un certain confort : comment quelques mots peuvent réparer une faute si grave ... pourquoi alors faire téchouva!), retournant vers Hachem, alors cela apporte un grand honneur au Maître du monde.
En réalité, selon le Zohar haKadoch (Térouma 128b), le désir puissant et sincère de ce juif et son retour courageux à servir Hachem, qui révèle un niveau d'engagement [renforcé] envers sa judaïcité et le refus de vivre dans un monde dépourvu de la présence d'Hachem, confèrent à Hachem l'honneur ultime.

Chaque fois que nous subissons un revers dans notre avodat Hachem, et que devant le choix de désespérer ou de poursuivre le combat, nous choisissons la vie, renforçant ainsi notre détermination à poursuivre le chemin d'une vie juive, nous rendons un honneur incroyable à Hachem et révélons l'amour intense que nous Lui portons.
[la téchouva c'est certes prendre conscience de la gravité d'avoir fauté (dégâts dans tous les mondes), mais c'est également apprécier à quel point Hachem nous aime, en nous permettant de tout effacer pour quelques mots!
Le roi Shlomo dit : "Il n'y a pas d'homme complètement juste sur la terre qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20). Plutôt que d'écouter notre yétser ara en désespérant, combien nous devons avoir à l'esprit que faire téchouva c'est donner à "Hachem l'honneur ultime". ]

=> Quand Hachem nous voit rassembler nos forces, mettre notre égo de côté, et nous engager sur le chemin de la téchouva après avoir fauté, cela est extrêmement précieux à Ses yeux (c'est "l'honneur ultime").
Certes je dois tout faire pour éviter à priori de fauter, mais si j'ai fauté alors à postériori je dois apprécier et me réjouir d'à quel point cela va amener de la joie et de l'honneur à Hachem.

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+ L'objectif principal du yétser ara n'est pas la faute, mais le désespoir/tristesse qu'elle peut nous générer :

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Si'ah Sarfé Koech - vol.5) enseigne :
"Lorsque le yétser ara séduit une personne pour qu'elle commette une faute, il ne se concentre pas uniquement sur la faute, mais plutôt sur la dépression et le découragement que le juif ressentira après la faute, car à cause de cette amertume, il tombera dans de nombreux autres péchés et ira de mal en pis.
C'est pourquoi une personne doit faire très attention à ne pas tomber dans le désespoir, quoi qu'il arrive!"

-> Ainsi d'une certaine manière, l'effort requis pour se relever après une faute au lieu de sombrer dans le désespoir est plus grand que l'effort nécessaire pour résister aux tentations de la faute en premier lieu, car cela contrecarre l'intention première du yétser ara.
Du point de vue du yétser ara, la faute n'est qu'un moyen de parvenir au désespoir, c'est après la faute que les troupes du yétser ara commencent le plus sérieusement leur puissant assaut.

-> Comme le dit Rabbi Nathan (Likouté Halakhot - Hiklhot Pessa'h 9:21) :
"Il n'y a pas de plus grande excuse (pour abandonner complètement sa judaïcité) que celle qui résulte de la stratégie de découragement du yétser ara, qui démontre au juif, encore et encore, qu'il n'a pas d'espoir.
Car il a lui-même vu de ses propres yeux comment il a tenté de revenir à Hachem après avoir échoué, pour échouer à nouveau, chaque personne en fonction de son échec, et cela s'est produit d'innombrables fois. [je faute, je reviens vers D., je faute, ... ]
C'est pourquoi il s'absout de chercher à nouveau à retourner à Hachem.
Mais en vérité, toutes ces pensées et ces suppositions sont des actes du yétser ara afin de lui fournir une excuse pour se séparer d'Hachem et suivre ses désirs. Car, comme l'a crié Rabbi Na'hman de Breslev : "il n'y a pas de désespoir du tout dans le monde" ...
C'est le test principal d'une personne, qu'elle s'encourage dans toutes ses descentes, quoi qu'il lui arrive, à toujours recommencer, en oubliant tout ce qui lui est arrivé dans le passé, et en le considérant comme s'il était né aujourd'hui!"

-> La capacité d'un juif à se rappeler qu'une défaillance momentanée ne représente pas son essence profonde et que c'est un vent de folie (roua'h shtout) qui l'a empêché de penser correctement, comme il est dit : "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a). [je n'étais pas moins même]
Nos Sages (Nédarim 34b) disent aussi : "Au moment où l'on s'engage dans le yétser ara, on ne se souvient pas du yétzer tov" et "Notre volonté [profonde de tout juif] est de faire Ta volonté, mais le levain dans la pâte (le yétser ara) nous en empêche" (Béra'hot 17a) .

-> A priori, nous devons éviter de fauter, comme le disent nos Sages "Qui est puissant? Celui qui maîtrise son yétser ara" (PirkéAvot 4,1).
Mais étant des hommes (et non des anges), il est normal d'en arriver à fauter. Nous nous sommes alors très fréquemment dans une situation où nous avons fauté (chacun relativement à son niveau spirituel). Le risque alors est de s'identifier à la faute, de baisser les bras.
Ainsi, il faut garder à l'esprit que ne sommes pas définis par la chute de notre faute, mais plutôt par la lutte qui s'ensuit dans les moments qui suivent la chute. C'est à ce moment-là que notre engagement dans la avodat Hachem est véritablement mise à l'épreuve : allons-nous utiliser la culpabilité, la honte et le fait d'être brisé [d'avoir fauté] comme une excuse pour tout rejeter, ou bien est-ce que la judaïcité nous est si chère quoi qu'il arrive, nous sommes capables de trouver la force de marcher sur les chemins de la téchouva?

=> On croit souvent qu'une fois que nous avons fauté c'est terminé, c'est le signe que nous ne sommes pas une bonne personne, nous baissons les bras dans le désespoir et la tristesse (ex: comment j'ai pu me laissé avoir aussi bêtement par mon yétser ara!).
Pourtant il y a la téchouva qui peut tout réparer, et le vrai dégât c'est justement cet état défaitiste, où l'on va moins agir pour Hachem, avec moins de joie, moins d'ambition, moins de dynamisme/zèle, ...
Et là, notre yétser ara a gagné car il a réussi à nous anesthésier, à nous faire réaliser beaucoup moins que nous aurions pu faire le faire si nous avions eu un moral positif, confiant dans la force de la téchouva, de la fierté d'Hachem à nous voir revenir vers Lui essayer de faire mieux, ...
Hachem n'a pas besoin d'anges (Il en a une infinité), Il sait que notre vie est faite de chutes spirituelles, et toute la fierté/honneur d'Hachem est de constater que même parterre nous gardons espoir et envie d'aller vers Lui. Rien ne peut entraver notre amour pour Toi papa Hachem!

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+ Libre arbitre & l'incroyable enseignement de rabbi Tsadok haCohen :

-> Il existe un paradoxe : si Hachem sait ce que nous allons faire avant que nous le fassions, comment pouvons-nous avoir le libre arbitre?

Le Rambam (Miché Torah) dit que tout homme a une liberté totale de choix dans ses actions, et Hachem a une connaissance absolue dans tout ce qu'il va se passer.

Le Maharal (Déré'h 'Haïm 3,15) enseigne que D. voit effectivement tout, mais d'une manière qui n'a pas d'impact sur le libre arbitre, comme la connaissance de quelqu'un qui regarde par la fenêtre et voit son ami s'approcher n'a pas d'impact sur l'approche de son ami.
De même, rabbi Saadiya Gaon (Emunot véDéot 4,4) et le Rivach (Shu "t haRivach 118) qui soutiennent que la prescience de D. dans notre choix n'est pas la cause de ce choix, mais qu'Il sait plutôt ce que nous choisirons librement.

[il est à noter que le Ralbag (Milchamot Hachem 3,6) est d'avis que Hachem a limité Sa connaissance afin qu'Il ne sache que les choix possibles pour une personne et non pas ce quel choix elle va faire.
De même, le Chla haKadoch (Toldot Adam - Beit haBé'hira) dit de même que Hachem a limité Son savoir à la progression naturelle basées sur les circonstances actuelles. ]

-> "Tout est prévu [à l'avance], mais la liberté [de choisir] est cependant donnée" (Pirké Avot 3,19).
Ces deux vérités fonctionnent en même temps. Bien que tout soit prévu dans les moindres détails, et donc prédéterminé, cela ne nie pas notre expérience du libre arbitre et la capacité de créer librement notre destin.

=> Après avoir vu cette brève introduction au libre arbitre, nous allons voir un enseignement fondamental.

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-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik - Yitro) affirme que tout est une question de perspective.
Du point de vue d'Hachem, tout est prévu. Hachem sait tout ce qui va se passer, et en effet, tout doit se dérouler conformément à cette prédétermination.
Cependant, de notre point de vue, tout est laissé à notre libre choix. Dans notre état de conscience indépendante, nous faisons l'expérience de la liberté absolue de prendre des décisions et de façonner notre destin en fonction des choix que nous faisons.

Le rav Tsadok haCohen pose ensuite la question : Est-il possible pour un juif de jeter un coup d'œil derrière le rideau et d'atteindre la liberté la prise de conscience Divine que les fautes qu'il a commises étaient en fait prédéterminées et faisaient partie de la volonté d'Hachem, qui est parfaitement bonne?
Bien que cette vérité ne remette pas en question notre libre arbitre total, cependant arrive-t-il un jour où nous pouvons utiliser cette connaissance en considérant que nos décisions négatives faisaient partie du plan d'Hachem?

-> Nous avons pu voir précédemment que le test principal pour un juif démarre après qu'il ait échoué à contrôler ses désirs et commis une faute. Parce que c'est après le faute que le yétser ara commence véritablement son travail, lorsqu'un juif rassemble ses forces pour revenir sur le bon chemin au lieu de prendre la voie la plus facile/naturelle et de céder au confort du désespoir, cela apporte à Hachem le plus grand honneur possible.

On arrive à un constat : si le principal honneur qu'un juif peut rendre à Hachem est de revenir à Son service Divin après un échec [une faute], que le yétser ara a l'intention d'utiliser pour le plonger dans le désespoir, alors il devient possible de comprendre comment une faute peut être considérée comme faisant partie d'un processus menant à un bien plus grand.

Alors que d'autres tsadikim s'abstenaient de discuter ouvertement de ces idées incroyables, de peur que leurs points de vue ne soient utilisés à mauvais escient, rabbi Tsadok haCohen de Lublin écrit explicitement sur ce processus afin de donner aux juifs le courage de ne jamais abandonner leur voyage vers la proximité d'Hachem.
Voici ces paroles (Tsidkat haTsadik 40 ; aussi 100 ; 139 et 156) :
"L'essence de la téchouva est le moment où Hachem éclaire les yeux de l'individu et où il se rend compte que ses fautes ont été transformées en mérites, c'est-à-dire qu'il reconnaît et comprend que toutes ses fautes étaient également la volonté d'Hachem."

=> Ici, rabbi Tsadok haCohen enseigne qu'une fois que l'on a fait complètement téchouva sur ses fautes et que l'on a mérité grâce à cela d'apporter l'honneur ultime à Hachem (cf. Zohar Térouma 128b ci-dessus), alors il est possible de jeter un coup d'œil derrière la barrière qui se dresse entre notre vision des choses et celle d'Hachem afin d'atteindre la conscience que notre faute était, en fait, préordonné.

-> Il faut préciser que l'enseignement de rabbi Tsadok haCohen s'applique à postériori, après la faute, dans un but de servir comme un moyen d'encouragement rétrospectif.
Il est destinée à donner de la force et de l'espoir au juif en voie de guérison (qui vient d'effectuer son processus de téchouva, où il a pu faire face et reconnaître la gravité et sa honte d'avoir fauté, ce qui pourrait lui porter un coup négatif à son moral [ex : je vaux rien!]).

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-> Le rav Avraham Kook (Orot haTéchouva 16,1) écrit :
"L'un des fondements de la téchouva, dans l'esprit d'une personne, est la reconnaissance de sa culpabilité pour ses actions, qui est une extension de la foi en sa capacité à choisir librement. C'est le contenu de la composition du vidouï (confession) qui est tellement liée à la mitsva de la téchouva, une personne admet qu'il n'y a rien ni personne d'autre à blâmer pour ses péchés et leurs effets, si ce n'est elle-même. Ainsi, elle clarifie pour elle-même la liberté de sa volonté et l'étendue de son influence sur les modalités de sa vie et de ses actions.
Cela lui permet de se frayer un chemin pour retourner à Hachem, de renouveler sa vie avec un ordre approprié qui, puisant à la source de la sagesse, est perçu comme représentant sa réussite : un chemin lié à la lumière sainte de la Torah qui fait revivre l'âme."

=> ainsi, selon le rav Kook, le fait de reconnaître que nous ne sommes pas liés par les cycles de fautes qui ont saturé notre passé et que nous pouvons commencer à choisir de vivre une vie élevée librement, à tout moment, est une source majeure d'encouragement et sert de catalyseur pour notre retour à Hachem.

-> Le rav Avraham Kook poursuit :
" ... tant qu'une personne n'est pas revenue de sa faute et n'a pas établi les voies de sa téchouva, elle se trouve encore sous le fardeau de son choix et de sa culpabilité pour toutes ses actions et tous les effets négatifs qui sont de sa responsabilité.
Cependant, après le rayonnement de la téchouva, tous les défauts de sa vie ainsi que les actions qui, de notre point de vue, paraissent négatives et ont eu des conséquences amères, sont immédiatement et rétrospectivement livrés à l'influence d'Hachem.
Ils sont tous placés en dehors de sa liberté de choix et deviennent partie intégrante de l'influence de la gouvernance élevée, de la puissance du "Très-Haut", qui [est mentionné dans le verset] : "Tu es à l'origine de toutes nos actions" (Yéchayahou 26,12)."

=> Après avoir choisi de s'engager sur le chemin de la téchouva et de se corriger, on peut en venir à penser que le corollaire naturel de la liberté de choix qui nous a permis de faire la téchouva est un sentiment de culpabilité démoralisant découlant de la conscience que nous seul, ayant choisi ces actions avec notre libre arbitre, nous sommes pleinement responsables du fardeau de nos fautes, un fardeau trop lourd pour nous.
[la téchouva nous oblige à mettre le nez dans ce qui ne va pas chez nous pour pouvoir le dire à Hachem, et exprimer notre regret et désir de ne plus le refaire. Le risque est alors que nous fassions le rapprochement : nous = faute. Et inconsciemment l'idée est : à quoi ça sert que je m'investisse plus que cela dans le spirituel vu que je suis un si grand fauteur, à quoi ça sert que je vive si c'est pour fauter, pour décevoir Hachem qui fait tant pour moi, ... la vie et le libre arbitre qu'Il me donne, je les utilise à détruire/fauter, à faire le contraire de ce qu'Il veut. La téchouva peut donc générer en nous de la tristesse, du désespoir, ... ]
C'est à ce moment là que nous pouvons développer l'encouragement rétrospectif, orienté vers le passé, qui nous fait prendre conscience que tout ce processus faisait partie du plan d'Hachem et qu'il n'aurait pas pu se produire autrement.
A priori nous devons tout faire pour éviter la faute, mais à postériori suite à une téchouva, nous devons voir la faute positivement : nous avons pu apprendre de nos erreurs devenant ainsi meilleur, en nous relevant nous avons pu témoigner à Hachem notre amour et attachement à Lui, une téchouva faite par amour transforme la faute en mérite, suite à la conscience de notre faute on aura vidé tout notre coeur à Hachem pour lui exprimer à quel point on l'aime, à quel point on veut faire sa volonté, à quel point on déteste la faute [et cela a beaucoup de valeur et d'impacts pour le futur de notre vie (on amène une personne là où il veut aller!)], ...

En plus de réaliser la valeur des leçons tirées de nos erreurs, on méritera un jour de réaliser que ces revers eux-mêmes étaient intrinsèquement précieux, que chaque faux pas qui a abouti à une faute est intrinsèquement précieux, puisqu'il aura permis à ce qu'on atteindre
Nos Sages affirment : "Là où se tient un baal téchouva, même un tsadik parfait ne peut se tenir" (guémara Béra'hot 34b) = l'idée est qu'après coup (un fois que c'est fait) notre faute doit être vue comme précieuse, comme quelque chose qui va nous permettre d'atteindre un niveau que sans cela nous aurions pas pu atteindre. Nos Sages parlent de "yérida létsoré'h aliya" (une chute/descente [spirituelle] dans une fait de monter [davantage]).
Nous devons appréhender positivement une faute qui a déjà été faite, afin de s'encourager le plus possible pour aller de l'avant, encore plus fort, avec plein d'ambitions spirituelles.

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+ En résumé :

-> L'intention première du yétser ara, lorsqu'il pousse un juif à fauter, est d'utiliser la faute comme un moyen d'entraîner le fauteur dans les profondeurs du désespoir, afin qu'il commette de nombreux autres fautes, voire qu'il se désengage de sa judaïcité (chacun à son niveau).
[ainsi, à priori on doit vaincre le yétser ara pour ne pas fauter, mais la bataille la plus importante se trouve à postériori d'une faute = on doit tout faire pour qu'après notre téchouva on se remonte le moral, on appréhende la faute d'une manière constructive, et non démotivante, destructive spirituellement parlant (ce qui est l'objectif principal du yétser ara). ]

-> Lorsqu'un juif refuse de céder au confort séduisant du désespoir (qui lui permet de justifier de ne plus avoir besoin de se plier au joug Divin, et faire ce que JE veux librement!), en surmontant tous les obstacles et en revenant à la avodat Hachem après un échec spirituel, il exprime l'étendue ultime de son désir et fait honneur à Hachem.

-> Dans ce monde, nous faisons l'expérience du libre choix absolu, et nous sommes donc responsables des décisions que nous prenons.
Cependant, après une téchouva complète, il est possible d'atteindre la conscience impressionnante que sa faute était également une volonté d'Hachem, prédéterminée dans le but de le mettre au défi de lutter contre l'inclination au désespoir et de s'élever une fois de plus sur les chemins de la avodat Hachem, apportant le plus grand kavod Shamayim (l'honneur ultime à Hachem).

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+ De façon imagée :

[Il est écrit : "Le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16).
On voit que l'essentiel réside dans notre capacité à se relever. Et d'une certaine façon avec du recul on s'aperçoit que c'est les chutes qui ont permis au final que l'on soit un tsadik.
A l'image d'un enfant qui apprend à marcher et s'élance vers ses parents. Chaque chute n'est pas souhaitable, ses parents ont mal pour lui, mais ils se réjouissent lorsqu'il persévère à se relever pour les rejoindre. Au final chaque chute lui permet d'en ressortir plus fort, de s'améliorer, de toujours mieux avancer et s'approcher de papa et maman.
Même si nous devons tout faire pour les éviter, nos fautes à postériori nous permettent de grandir et d'atteindre une vie avec plus de proximité avec papa Hachem.
Imaginons l'enfant qui tombe, il est plein de frustration, d'énervement. Soit il abandonne, s'allonge de fatigue, ... soit il va évacuer tout cela (processus de téchouva), et il va repartir de l'avant plein de positif sachant que ses parents son fier et honoré de son attitude, et également plein forces sachant qu'il sait un peu mieux comment ne pas tomber trop vite.
Même si cette comparaison peut avoir ses limites, elle nous permet de mieux appréhender notre attitude avec nos fautes. Cela met aussi en avant à quel point l'essentiel du yétser ara n'est pas de nous faire tomber, mais plutôt de nous faire rester au sol longtemps après être tombé.
Les dégâts de nos fautes sont réparables (par la téchouva), mais les pertes d'exploitation de nos capacités sont éternelles. ]

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-> Il y a pire que le mal véhiculé par la faute, il y a la perte de confiance liée à notre échec!"
[rav Nathan Tsvi Finkel]

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+ Réflexion sur la nécessité de chuter (non désiré) pour mieux remonter :
= "yérida létsoré'h aliya" (une chute/descente [spirituelle] dans une fait de monter [davantage]) = après coup évider d'en sortir dans la tristesse, désespoir :

-> Le Arizal (chaar hapessoukim - Béréchit) nous enseigne qu'en conséquence de la faute d'Adam Harichon, une partie des forces de sainteté tomba au sein des klipot que l'on appelle le sitra
ahra.
Le but de la vie de l'homme sur terre est de réparer le dommage causé par la faute originelle en récupérant ces forces de sainteté du milieu des klipot (forces d'impureté/du mal).
Ces réparations s'effectuent par les actions, les paroles et les pensées de l'homme.
Par exemple, la nutrition est une réparation. En effet, lorsque l'homme consomme des aliments, il ingère un mélange de kédoucha (sainteté) et de klipa (impureté). Une partie de l'aliment est saint et se matérialise par les forces vives qui vont maintenir en vie celui qui le consomme, et une autre partie est constituée de klipot et se matérialisent par les déchets non digérés et expulsés par le corps.

Cet enseignement du Arizal nous apprend un principe fondamental du fonctionnement de notre monde : tout n'est que réparation. [cela implique un changement de notre regard sur les événements à priori irrationnels]
Par exemple, Avraham notre Patriarche renfermait lui aussi des traces d'impureté. En effet, son père Tera'h était un grand prêtre idolâtre et une partie de l'impureté de ce dernier s'attacha à Avraham.
Par conséquent, si Its'hak avait été son premier-né, il aurait hérité des traces d'impureté encore présentes en son père. Il prit donc Hagar l'égyptienne qui incarnait les forces d'impureté et se débarrassa de sa propre impureté par son biais.
En effet, du fruit de cette union naquit Ichmaël qui aspira en quelque sorte les klipot de son père puisqu'il incarnait le 'hessed d'Avraham du côté de la klipa (mal/impureté).
C'est seulement suite à cette purification qu'Avraham fut apte à engendrer Its'hak dans la sainteté (kédoucha) avec son épouse Sarah. [Likouté Torah - Vayéra]

De même, les bné Israël durent descendre en Égypte où ils furent durement asservis afin d'extraire toutes les impuretés présentes dans leurs âmes depuis la génération du déluge, de la tour de Bavel et de Sodome. C'est seulement suite à cette purification qu'ils purent recevoir la Torah dans la sainteté.
La terre d'Égypte est appelée la nudité de la terre et son impureté était si forte qu'elle aspira toutes les impuretés d'Israël.

Sache que ce fondement est un grand secret qui permet de comprendre comment un homme empreint de crainte de D. peut chuter et se relever pour atteindre un niveau encore plus élevé qu'avant qu'il ne trébuche, par un repentir sincère et complet.
Tu dois savoir que la Providence place le tsadik en contact avec les forces d'impureté/mal (sitra a'hra) qui vont agir sur lui comme un aimant afin de le débarrasser des dernières traces d'impureté qu'il contient.
En effet, les forces d'impureté encore présentes en lui, provenant des réincarnations précédentes, entravent son ascension spirituelle et doivent être extraites. La Providence met en scène un ensemble d'événements dont la logique dépasse notre entendement afin d'amener l'homme à se purifier au contact de forces d'impureté qui vont agir sur lui à la manière d'un creuset de fer qui purifie l'or des déchets qu'il contient.
[...]
Tout ce que D. fait, Il le fait pour le bien et c'est parfois par l'intermédiaire de souffrances que l'homme se purifie et devient apte à recevoir ce qu'il y a de meilleur.
[rav Yaniv Yaakov - roch yéchia des Mékoubalim de Beth El]

Le Temple n'avait certainement pas la capacité de gérer l'honneur et la grandeur d'Hachem, comme le dit le verset : "Voici, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent Te contenir".
Néanmoins, par amour pour le peuple juif, Hachem a restreint et habillé Sa Grandeur afin de faire reposer Sa Présence dans le Temple pour révéler Sa Souveraineté ; et afin de révéler Sa Royauté, Hachem a revêtu et restreint Sa Grandeur afin que nous soyons capables de supporter Sa Souveraineté reposant sur nous.
Cependant, lorsque peuple juif a fauté devant Lui, Hachem a révélé Sa grandeur, ne voulant plus se restreindre et se voiler, ce qui a entraîné la destruction du Temple, qui ne pouvait plus supporter l'énorme révélation.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan Tinyana 219]

=> Bien qu'il ait pu sembler que les Romains brûlaient le Temple, leur feu n'a en réalité eu aucune conséquence (voir midrach Eikha rabbati 1,43). Ce ne sont pas eux qui ont détruit le Temple, mais plutôt la révélation et le déshabillage de la lumière infinie de D., qui était auparavant enfermée à l'intérieur.

Le concept de téchouva (littéralement "retour") se réfère non seulement à l'expiation des fautes, mais aussi au processus de retour aux racines de l'âme.
Même une personne qui n'a pas fauté peut être un baal téchouva en s'efforçant de revenir à ses racines spirituelles.
[Sfat Emet - Nitsavim 5650]

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-> Un tsadik complet, quelqu'un qui n'a jamais fauté, a une crainte si forte d'Hachem gravée dans son cœur qu'il peut fonctionner dans le monde matériel sans fauter.
En revanche, le baal téchouva, qui a déjà fauté, doit "se tenir" devant Hachem, conscient à chaque instant de qui le regarde, ce qui n'est pas nécessaire pour le tsadik complet.
C'est ce qui explique la phrase des Sages (Béra'hot 34b) : "Dans un endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim complets ne peuvent pas se tenir".
Afin de maintenir cette perception constante d'Hachem, un baal téchouva doit recevoir une aide spéciale du Ciel, une aide dont le tsadik complet n'a pas besoin.
[Sfat Emet - Nitsavim 5633]

-> Le Zohar note qu'un baal téchouva peut accomplir en une minute ce que quelqu'un d'autre met souvent des années à maîtriser.
La grandeur d'un baal téchouva vient du fait qu'il réoriente la passion qu'il utilisait auparavant pour fauter et l'applique désormais à l'accomplissement des mitsvot.
[Sfat Emet - Souccot 5636 ; Vayakel 5635]

L'amour de D. pour le peuple juif a le pouvoir d'ôter tous les doutes de son cœur. Il leur a donné le Shabbat, qui est un moment où chaque juif ressent une influence Divine qui le remplit de joie.
Il n'a même pas besoin de se préparer ; dès l'entrée du Shabbat, un profond bonheur l'envahit.
[rav 'Haïm - le frère du Maharal de Prague - dans son Séfer ha'Haïm]