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Diminution de la Torah suite à la destruction du Temple

+ Diminution de la Torah suite à la destruction du Temple :

-> "Le monde tient sur 3 choses : la Torah, le Service Divin (Avoda), et les actes de bonté (guémilout 'hassadim)" (Pirké Avot 1,2).

-> Il y a une tradition rapportée par le Sfat Emet (sur Pirké Avot 1,2), de rabbi Elimélé'h de Lizhensk : dans les jours passés, le monde tenait sur l'étude de la Torah, mais à partir de l'époque du Arizal, il tient sur les actes de bonté.
D'une façon similaire, le rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk dit que la véritable Délivrance ne viendra que par le mérite de la tsédaka, comme le prophète Yéchayahou l'écrit : "Sion sera sauvée par la justice, et ceux qui retournent vers elle par la tsédaka" (Yéchayahou 1,27).

=> Cela est difficile à comprendre car on sait que la Torah est "kénéged koulam" (équivalente à toutes [les mitsvot]), et donc qu'elles dépassent toutes les autres mitsvot. Alors, comment la tsédaka et le 'hessed peuvent devenir des piliers du monde plus élevés que la Torah, au point de devenir les piliers sur lesquels le monde va tenir et qu'ils vont permettre de faire mériter la Délivrance?

-> Le Gaon de Vilna (dans son commentaire Chir haChirim 6,4) enseigne que tandis que la Avoda (Service Divin) a cessé avec la destruction du Temple, la Torah a également été significativement réduite à cause de la destruction du Temple, et le 'hessed lui est resté dans sa forme originelle.
C'est pourquoi, le pilier du 'hessed qui n'a jamais été affaibli et compromis par l'exil (galout), continue de soutenir le monde comme il l'a toujours fait.

-> Cela peut être ce que le Séfer 'Hassidout veut nous signifier : ce n'est pas tant que les mérites de la tsédaka et du 'hessed sont plus grands que le mérite de la Torah. L'étude de la Torah restera toujours "kénéged koulam" et la mitsva suprême de l'observance juive. Cependant, les mitsvot de tsédaka et de 'hessed sont uniques en ce qu'elles restent de nos jours sous la même forme pure qu'ils ont toujours été.

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=> On comprend logiquement que le Service Divin (Avoda) a diminué avec la destruction du Temple. Mais en quoi cela est-il également valable pour la Torah?

-> "Car l'homme de la maison n'est pas chez lui, il est parti pour un voyage lointain. Il a emporté la bourse d'argent avec lui ; il rentrera à l'heure dite" (Michlé 7,19-20).
Le Gaon de Vilna (Biour haGra sur ce passage) interprète que le roi Shlomo s'adresse au talmid 'hakham : "car l'homme de la maison". Le Temple a été détruit, et Hachem ne réside plus dans Sa maison, le lieu d'où émane toute la Torah.
"Il a emporté la bourse d'argent avec lui" = cela fait référence à la Torah elle-même qui est regroupée et fermée. Elle est scellée et inaccessible.
Le Gaon de Vilna ajoute : même si quelqu'un devait fournir des efforts considérables, il serait incapable d'acquérir une connaissance adéquate de la Torah, comme le verset l'affirme : "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (malka vécharéa bagoyim, én Torah - Eikha 2,9).

=> Que veut signifier le Gaon de Vilna en déclarant que nous n'avons plus de Torah après la destruction du Temple?
On a depuis les 6 ordres de michna, la guémara Bavli et Yérouchalmi, un nombre énormes de livres de Torah, des juifs qui sont engagés dans la Torah tout autour du monde, ...
Quel est le sens de : "[les juifs] vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah"?

-> Rabbénou Chimchon méKinon (1260-1330), un des Baalé Tossefot [Kinon = en français : Chinon, dans la vallée de la Loire], dans son Séfer haKéritout, décrit la période des Tanaïm.
Hillel et Chamaï ont été les premiers destinataires de la Torah Orale, et ceux qui ont appris d'eux ont été les piliers de la michna.
Jusqu'à l'époque de Hillel et Chamaï, il y avait 600 ordres de michna (Sidré Michna), et à l'époque de Hillel et Chamaï ce nombre a été drastiquement diminué à 6 ordres de michna.
Hillel a vécu 100 années avant la destruction du 2e Temple (décédant en 32 avant l'ère vulgaire).
A l'époque de Hillel et Chamaï, période menant à la destruction du Temple, la grande majorité de la michna a été perdu au début de l'exil.

-> Le Séfer Séder Tanaïm vaAmoraïm (imprimé au dos du Ma'hzor Vitri), enseigne de même que depuis les jours de Moché jusqu'à ceux de Hillel, il y avait 600 ordres de michna.
La michna complète (tous les 600 sédarim) a été donnée à Moché sur le mont Sinaï.

A partir d'Hillel, le monde a été laissé sans ressources dans le sens où l'immensité de la Torah a été sévèrement réduite et la gloire de la Torah affaiblie, puisque seulement 6 de ces ordres ont été transmis aux générations futures.

-> On trouve une référence à cela dans la guémara.
Le traité 'Haguiga (14b) décrit une dispute (makhlokét) entre Rav Papa et les Sages (Rabbanan).
Un était d'avis qu'il y avait 600 ordres de michna, tandis qu'un autre soutient qu'il y avait en fait 700.
Rachi s'empresse de souligner que ces chiffres étonnants (600 ou 700) étaient le nombre d'ordres à cette époque.
Nous n'avons cependant plus accès à la plupart de ces sédarim (ordres).

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+ Les "shin" des téfilin de la tête :

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada 'Haguiga 14b) enseigne :
la couronne des juifs est la michna, et ses commentaires la guémara.
Les 2 lettes "shin" (ש) qui sont présents sur les téfilin de la têtes font allusion aux 600 sédarim de michna.
La lettre "shin" a une guématria de 300, et les 2 "shin" font un total de 600.
Un des "shin" a 4 branches (au lieu de 3) par respect pour l'opinion de la guémara affirmant qu'il y avait en fait 700 sédarim de la michna.

De nos jours, nous n'avons plus les 600 ordres de michna, qui équivalent à la guématria des 2 "shin", mais plutôt nous avons le nombre qui serait lu si nous placions les 2 "shin" l'un à côté de l'autre, et lu comme le mot : "שש" (chéch = soit 6 en hébreu).

Il y a une notion que 1/100 est annulé, est considéré comme inexistant.
En comparaison des 600 ordres de michna que nous possédions initialement, les 6 que nous avons actuellement, nous laissent relativement comme si nous n'avions plus de Torah. Ceci explique le verset : "[ils] vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah (én Torah)" (Eikha 2,9).

-> Le Chla haKadoch fait référence au Séfer haKéritout, lorsqu'il avance également l'idée que les 600 sédarim de michna ont été réduit à 6.
Cependant, le Chla diffère légèrement en écrivant que ce n'était pas à l'époque de Hillel et Chammaï que les 600 sédarim ont été réduit à 6, mais cela a plutôt été 310 ans plus tard, à l'époque de Rabbi Yéhouda haNassi.

-> Rabbi Avigdor Kara (Séfer haPliya), qui est décédé à Prague 1439, donne une explication sur la réponse souvent utilisée par la guémara : il y a des mots ou des phrases qui manquent, et ceci est comment la michna devrait être lue.
Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi, le compilateur de la michna) n'a pas omis accidentellement des mots de la michna. Il n'y a pas d'erreur dans le texte que nous avons.
La guémara nous dit :
- "il y a des mots ou des phrases qui manquent" ('hatouré mi'hasra) = dans notre michna actuelle, il manque des mots du texte orignal.
- "et ceci est comment la michna devrait être lue" (vé'hakhi katané) = cela signifie en réalité : "et ceci est ce que la version originale de la michna a effectivement dit".

Rabbi a délibérément consolidé la michna sous une forme abrégée. Il n'a fait aucune erreur dans la rédaction des 6 ordres de la michna. Il a été capable de réduire la michna de 100 fois le contenu orignal, sans perdre aucun des composants essentiels.
"ceci est comment la michna devrait être lue" = la guémara nous révèle qu'il y a un texte manquant.

-> Le rav Shlomo Algazi explique la différence entre :
- une michna = c'est ce qui a toujours été dans le corpus de la michna de tout temps, et qui le reste de nos jours ;
- une braïta = c'est un enseignement tanaïque qui était parmi la majorité des michnayot qui a été perdue lorsque Rabbi a rédigé uniquement 6 ordres (au lieu de 600).
Les braïtot commencent par les mots : "tanou Rabbanan" (nos Rabbi enseignent). Quand est-ce qu'ils ont enseigné la braïta?
Dans la version originale de la michna, qui contenait 600 sédarim.
[le Shvilé Pin'has fait remarquer que l'initiale de "tanou Rabbanan" est ת"ר, a une guématria de 600. C'est une allusion au fait qu'une braïta était une partie des 600 michna d'origine.]
- une tossefta = c'est une information complémentaire qui n'apparaissait pas même dans les 600 michna d'origine.

-> Le rav 'Haïm de Brisk dit qu'il y a une différence entre la Torah enseignée dans les 600 ordres et la Torah enseignée dans les générations suivantes.
Tout ce qui est enseigné dans la michna ou la guémara est soumis au principe : "élou vaélou divré Elokim 'haim" (celui-là et celui-là sont tous deux les mots du D. vivant). Même si en apparence il y a plusieurs points de vue (parfois très différents), en réalité chacun est considéré comme correct et comme une partie de la Torah que nous avons reçue au mont Sinaï.
Le rav de Brisk ajoute que cependant, lorsque 2 Roché Yéchiva débattent, par exemple sur le sens simple d'un Rambam, nous n'appliquons pas ce même principe. Alors que tout est définitivement considéré comme de la Torah, il ne peut y avoir qu'une seule interprétation correcte du Rambam.
Le principe de "élou vaélou" ne s'applique pas de la même façon au mots des Géonim, Richonim et A'haronim, comme il s'applique à la Michna et au Talmud.
[il en découle que la destruction du Temple, a conduit à une réduction par 100 de la michna (notre Torah Orale), et que nous avons beaucoup d'incertitudes quant à retrouver le texte originel.
(sans le "élou vaélou" + voir les paroles du Gaon de Vilna : actuellement la Torah est scellée et inaccessible par rapport à avant la perte du Temple.)]

-> [b'h, j'ai pu voir l'enseignement précédent, rapporté de la façon suivante ] :
Lorsque le ‘Hafets ‘Haim et Rabbi ‘Haim de Brisk séjournaient dans la même auberge, ils discutèrent de ces 594 sédarim perdus de michnayot (passant de 600 à 6). Le ‘Hafets ‘Haim souligna les efforts des Richonim et des A’haronim, rachei Yechiva, Rabbanim des nombreuses générations depuis l’époque d’Hillel et Chamaï. Leurs délibérations, leurs ‘hidouchim et leurs explications faisaient tous partie des 600 Sédarim originaux. Par exemple, les commentaires de Rachi, des Tossafot, du Rif, du Roch, du Rambam, du Maharcha, de Rabbi Akiva Eiger, Rav Baroukh Ber et ainsi de suite servirent tous à restaurer les sedarim manquants. Chaque sefer de ‘hidouchim remplit le contenu manquant qui faisait partie des michnayot perdues. Toutes les idées de la Torah développées et présentées au cours des siècles depuis que les Chicha sidrei Michna ont été ‘expurgées’ font partie des 600 sedarim originaux.
Le rav ‘Haim de Brisk ne fut pas d’accord et dit qu’il y avait une distinction fondamentale entre les 6 sedarim originaux et la Torah enseignée dans les générations suivantes. Tout ce qui est enseigné dans la michna ou la guémara est soumis au principe de "élou vé'élou divré Elokim 'haïm" (ואלו אלו דברי אלהים חיים - littéralement : ceux-ci et ceux-ci sont les paroles du D. vivant - guémara Erouvin 13b), où même face à de multiples points de vue, chacun est considéré comme correct et fait partie de la Torah que nous avons reçue sur le Sinaï.
Cependant, lorsque 2 Raché Yechiva débattent par exemple de ce que dit le Rambam, nous n’appliquons pas cela. Bien que ce soit incontestablement considéré comme la Torah, il ne peut y avoir qu’une seule interprétation correcte du Rambam.

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-> Le Beit Yossef (Kalé haGuémara) est d'avis, comme le Chla haKadoch, qu'il y avait 600 sédarim de michna jusqu'à ce que Rabbi les a condensés.

-> Le Rama de Pano (Guilgoulé Néchamot) révèle que Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi) était la réincarnation (guilgoul) de Métouchéla'h.
Métouchéla'h a enseigné 600 sédarim, tandis que Rabbi a rédigé 6 sédarim de michna, avec chaque ordre (séder) englobant 100 des ordres initiaux.
[le Yalkout Chimoni (Béréchit - remez 42) cite un avis que Métouchéla'h a en réalité enseigné 900 sédarim de michna.]

-> Le Yalkout Réouvéni (Yitro) est d'accord avec le Séfer haKéritout, indiquant que les 600 sédarim ont existé uniquement jusqu'à Hillel, qui a réduit la michna en 6 sédarim.

-> Le 'Hida présente également l'idée que la michna a été réduite de 600 à 6 sédarim, en citant les 2 points de vue quand à savoir quand cela s'est passé : à l'époque de Hillel et de Chamaï (soit en -32 avant l'ère vulgaire) ou bien 310 ans plus tard, lorsque Rabbi a rédigé la michna.

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-> On a vu précédemment l'enseignement du Gaon de Vilna que suite à la perte du Temple : même si quelqu'un devait fournir des efforts considérables, il serait incapable d'acquérir une connaissance adéquate de la torah, comme le verset l'affirme : "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (malka vécharéa bagoyim, én Torah - Eikha 2,9).
Ainsi, dans la prière nous disons : "chéyibané beit haMikdach bim'éra béyaménou véten 'helkénou béTorata'h" (que le Temple soit reconstruit rapidement de nos jours, et donnes-nous notre part dans Ta Torah) = nous lions le Temple et la Torah. En effet, puisque nous avons perdu la majorité de la Torah avec la destruction du Temple, lorsque nous demandons à Hachem de reconstruire le Temple nous Lui demandons simultanément de restaurer toute la Torah qui a été perdue.

Le Gaon de Vilna a écrit un commentaire de michnayot (Chénot Eliyahou), et son élève principal, le rav 'Haïm de Volozhin a écrit une introduction à cet ouvrage où il écrit que la barrière protectrice de la Torah et ses principaux concepts sont contenus dans la Torah Orale.
"son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (Eikha 2,9) = nous n'avons plus la Torah Orale. Le rav 'Haïm de Volozhin se lamente sur le fait que nous avions 600 ordres de michna, mais la plupart d'entre eux a été perdus et il nous en reste que 6.
Il ajoute que cependant, lorsque Rabbi a rédigé les 6 ordres de michna que nous avons actuellement, il a inclut en eux le contenu des ordres (sédarim) perdus.

Ainsi, le rav 'Haïm de Volozhin, élève du Gaon de Vilna, nous dit clairement que la tragédie de "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah", qui a eu lieu au moment de notre exil suite à la destruction du 1er Temple, est synonyme du fait que nos 600 ordres de michna ont été réduits à 6.
[d'une certaine façon de même que le Temple a été détruit, de même notre trésor qu'est la Torah Orale a fondu par 100 fois moins.]

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-> "Il [l'ange] me dit: "Que vois-tu?" Je répondis: "Je vois un rouleau qui vole ; sa longueur est de 20 coudées et sa largeur de 10 coudées" (Zé'haria 5,2)
Le rouleau dans la vision de Zé'haria était composé de 200 amot au carré, mais lorsqu'il était étalé il avait 400 amot au carré (20 amot de longueur et 20 amot en largeur). [guémara Erouvin 21b]

Qu'était-il écrit sur ce rouleau volant? Le traité Erouvin révèle que la Torah Orale était écrite sur ce document.
Le Gaon de Vilna fait alors le calcul suivant.
Le document original de la Torah Orale qui contenait 600 ordres de michna, avait une taille 400 amot au carré.
Actuellement, réduit à 6 ordres de michna, plus que 4 amot au carré sont nécessaires pour l'écrire.
Le Gaon de Vilna écrit que c'est ce que signifie l'enseignement de la guémara (Béra'hot 8a) : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, la seule chose que Hachem a dans ce monde est les 4 amot de la Halakha".
[Péninim miChoul'han haGra]

-> Ainsi les 4 amot de la halakha ne font pas référence à un espace occupé par une personne étudiant la Torah, mais plutôt cela fait référence au document d'à peine 4 amot, qui est tout ce qu'il nous reste du document original qui faisait une taille de 400 amot.
4 amot est tout ce qu'il est nécessaire pour contenir l'entièreté de ce qu'il reste de la Torah Orale.
Le Gaon de Vilna affirme clairement que la réduction de la michna en 100 fois moins de sa taille initiale a eu lieu au temps de la destruction du Temple.
Dans un cours le rav Daniel Glatstein dit qu'il est possible que ce processus de perte de la michna a été graduel, commençant au moment de la destruction du Temple et se terminant au moment de Rabbi, et cela permet de réconcilier les 2 points de vue abordés précédemment.
Ce processus a eu comme fait générateur la destruction du Temple, et au final nous nous retrouvons avec une perte de 594 ordres de michna. Ainsi, la Torah a subi un coup terrible au moment du 'hourban du Temple, résultant d'une perte si importante.
Ainsi, pour véritablement connaître et comprendre la Torah, nous avons besoin du Temple, et sans lui c'est comme si la Torah n'existe pas.
[voir les paroles du Gaon de Vilna : actuellement la Torah est scellée et inaccessible par rapport à avant la perte du Temple]

Avoir un regard bienveillant sur autrui

+++ L'importance d'avoir un regard bienveillant sur autrui :

"Comment donc supporterai-je seul votre labeur, et votre fardeau et vos disputes" (Dévarim 1,12)

-> Le Imré Noam rapporte ce verset en expliquant que Moché annonça aux Bné Israël : "Tout ce qui concerne la destruction (future) du Temple et la délivrance, j’en supporterai tout seul le joug, et il ne vous incombe que de réparer les disputes, la discorde et la haine gratuite qui règne parmi vous".
C’est ce qui est suggéré par les mots : "votre labeur et votre fardeau et vos disputes" = "votre labeur et votre fardeau consistent à réparer vos disputes, alors viendra le libérateur!"

-> Le ‘Hidouché haRim (Likouté haRim - Ben Hamétsarim) :
"Il faut s’efforcer durant cette période (entre le 17 tamouz et le 9 Av) de se débarrasser de la haine gratuite, ce qui signifie du regard malveillant que l’on porte sur les autres. Et même lorsque quelqu’un n’a pas un oeil bienveillant sur son prochain, cela aussi s’appelle la haine gratuite.
Tant que le Temple n’a pas été reconstruit de notre vivant, c’est comme s’il avait été détruit de notre vivant (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1), et c’est grâce à un regard bienveillant sur chaque juif qu’il sera reconstruit".

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-> Le Maharal de Prague (Nétiv Guémiloute 'Hassadim, 3) rapporte l’enseignement de la guémara (Baba Metsia 30b) : "Rabbi Yo’hanan dit : Jérusalem ne fut détruite que parce qu’on jugea les litiges selon la stricte justice sans accepter de renoncer à son droit".

Et il l’explique de la manière suivante :
"Bien qu’ils transgressaient d’autres fautes, la destruction ne serait cependant pas arrivée, et Hachem les aurait punis d’une autre manière. Mais puisqu’ils désiraient juger uniquement selon la stricte justice, ce fut donc la stricte justice Divine qui s’exerça, afin de les détruire.
Parce que s’ils s’étaient comportés avec indulgence, Hachem Lui aussi aurait été bienveillant à leur égard ...
Dès lors, s’ils avaient renoncé à revendiquer leur droit strict, le verset témoigne : "J’ai dit ‘la bonté construira le monde’" (Téhilim 89,3).
On peut d’ailleurs apprendre de là que s’éloigner de la bonté, c’est détruire le monde."

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-> Le Tana De Bé Eliyahou (Rabba 28) enseigne :
"Hachem dit à Israël ... : "Mes enfants bien aimés ..., que vous demandai-je si ce ne de vous aimer les uns les autres et de vous respecter les uns les autres".

9 Av = reflet des larmes d’en-Haut

+ Le 9 Av = un reflet des larmes d'en-Haut :

-> Le jour du 9 Av, le coeur de chaque juif souffre.
Le rav Moché Wolfson écrit que même les gens ordinaires qui ne saisissent pas pleinement la gravité d'avoir perdu le Temple sont capables de pleurer de véritables larmes sur le 9 Av.
D'où cela vient-il? Comment se fait-il que chaque juif peut ressentir si intensément la douleur de la destruction du Temple en ce jour précisément?

-> Le Haflaa (Nétsa'h Israël - pérek 8 ), le rabbi du 'Hatam Sofer, dit qu'un phénomène incroyable se passe : "l'âme de chaque juif est connectée et est en phase avec ce que Hachem ressent envers nous".

Le roi David déclare : "Mon coeur a soif d'Hachem, du D. vivant" (tsaméa nafchi l'Elokim lékel 'haï - Téhilim 42,3).
=> Que veut dire le roi David par l'expression : "le D. vivant"?

Le Haflaa explique : lorsque le roi David se réfère à Hachem comme D. vivant, il fait référence au fait que Hachem a activement des sentiments de profond désir et d'amour envers chacun d'entre nous.
Le verset affirme : "Comme dans l'eau, le visage reflète le visage, ainsi le cœur de l'homme reflète le cœur de son prochain" (Michlé 27,19).
Nous reflétons alors ces émotions, et nos âmes ont soif d'Hachem, d'une relation avec Lui.
Nous apprenons ainsi un principe important : l'âme d'un juif est au diapason avec Hachem.

Le midrach (Eikha 1,1) nous dit que lorsqu'un roi humain est en deuil, il s'assoit et pleure.
De même, dit Hachem, Je pleure en deuil sur la perte du Temple. Comme le verset le dit : "Mon Seigneur Hachem/Elokim, Maître des légions, a déclaré que ce jour était pour pleurer et se lamenter, à vous raser la tête, à ceindre le cilice" (Yéchayahou 22,12).

Si nous devions monter au Ciel et voir comment Hachem passe Son temps le 9 Av, pour ainsi dire, nous trouverions Hachem et tout Son entourage pleurant des larmes amères, prenant le deuil sur le Temple et le peuple juif en exil.
Mais en réalité nous n'avons pas besoin de Le voir pour savoir que c'est ce qui se passe.

En effet, l'âme [de chaque juif] le ressent, nous sentons le deuil qui a lieu en-Haut, et nous répondant réciproquement : nous nous joignons à Hachem dans les pleurs et le deuil.
Le rav Moché Wolfson dit que nous pleurons parce que notre âme perçoit les pleurs d'Hachem.
Hachem pleure pour nous, et réciproquement nous versons de véritables larmes, en languissant et en aspirant à Lui.
[la condition est d'ouvrir notre coeur, et de lui donner la parole pour qu'il exprime ce que notre âme perçoit d'Hachem! ]

Le midrach (Eikha 1,1) décrit ensuite comment Hachem reflète le deuil d'un roi humain, qui s'asseoit par terre dans une réflexion silencieuse. De même, Hachem est assis par terre dans un silence de deuil, pleurant le peuple d'Israël.

Nous rejoignons Hachem sur le sol, prenant le deuil avec Lui.
"Répands ton cœur comme de l'eau à la face d'Hachem" (sif'hi kamayim libé'h no'hakh péné Hachem - Eikha 2,19) = nous déversons notre coeur directement en face d'Hachem. Nous n'avons pas à envoyer nos prières, nos cris, nos larmes jusqu'au Ciel. Hachem est juste là sur le sol avec nous.

Même le plus simple des juifs est capable de pleurer sur le 9 Av parce qu'il sent Hachem pleurer, et il pleure avec Lui.

"Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous avons aussi pleuré au souvenir de Sion" (al naarot Bavél cham yachavnou, gam ba'hinou ... - Téhilim 137,1).
Qu'est-ce que le verset veut dire par : "GAM ba'hinou" (nous avons AUSSI pleuré)?
Le rav Wolfson explique qu'en plus de nos pleurs, Hachem pleure aussi avec nous.
Ainsi, le "AUSSI" fait référence à Hachem qui pleure avec nous.

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-> Le fait que Hachem pleure toujours pour nous après que plus de 2 000 ans se soient écoulés [depuis la destruction du Temple], nous donne un certain niveau de consolation. Il ne nous a pas oubliés.
Si nous sommes capables de verser des larmes amères sur la destruction du Temple, c'est uniquement parce que Hachem pleure toujours désespérément sur nous, aspirant à ce que nous retournions à Jérusalem [et que nous retrouvions cette incroyable relation de proximité apparente que le Temple permet]. Son amour et Son désir pour chaque juif n'a pas faibli d'un iota au cours des millénaires passés.

Une autre source de consolation réside dans le fait que nos âmes sont à l'écoute des pleurs d'Hachem.
Ainsi souillés, salis et recouverts que soient par nos fautes, quels que soient les fautes que nous avons pu commettre, et quelque soit la distance qui s'est créée entre nous et Hachem à cause de nos fautes, nous restons toujours connectés à Hachem.
Nos âmes sont loin d'être parfaites, et pourtant nous restons attachés à Hachem, et Ses émotions se reflètent en nous.
Nous restons connectés à jamais avec notre Père céleste.

Nous continuons à ressentir envers Hachem ce qu'il ressent envers nous. Ce lien ne s'est pas rompu, ni diminué du tout. Cela est aussi une consolation pour nous, alors que nous pleurons et s'endeuillons pour le Temple.

Notre D. est aussi notre Père!

+ La consolation : être persuadé que notre D. est aussi notre Père!

"Consolez, consolez Mon peuple, dira votre D." (Yéchayahou 40,1)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Yéchayahou 245) rapporte à propos de ce verset l’enseignement de Rabbi 'Hanina Bar Papa :
"Les Bné Israël dirent au prophète Yéchayhou : ‘Rabbénou Yéchayhou, se pourrait-il que tu ne sois venu consoler que la génération dans laquelle le Temple fut détruit?’
Il leur répondit : "Je suis venu consoler toutes les générations", car il n’est pas dit : "Consolez Mon peuple, dit votre D.", mais "consolez Mon peuple, dira votre D."

Ce midrach signifie que, chaque année, après les jours de deuil sur la destruction du Temple et l’exil du peuple juif, une voix céleste retentit dans les hauteurs et proclame : "Consolez, consolez Mon peuple", et Hachem fait souffler un vent de consolation pour Son peuple et Ses fils bien-aimés.
Il les console, raffermit leurs coeurs endoloris et panse les blessures de leurs âmes.
Ce n’est pas tout : Hachem s’adresse à nous par cet appel : "Consolez, consolez Mon peuple", voulant nous dire : "Je vous demande de vous consoler et de vous ressaisir".

-> Le Beit Avraham (lettre 26) écrit à ce sujet que ce verset vient suggérer que si réellement le peuple juif accomplit l’ordre "Consolez (vous), consolez (vous)", alors Hachem, Lui, accomplit (la fin du verset) : "((Il) dira (Je suis) votre D".
Cela signifie que si un juif se console en acceptant avec amour le châtiment Divin et prend conscience que cela aussi est un décret d’Hachem, alors Hachem déclare : "Je suis son D."
Ce qui procure à ce juif l’occasion de s’élever considérablement.

-> Le ‘Hatam Sofer (sur le Choul'han Aroukh, 551) rapporte au nom de la guémara (Yérouchalmi - fin de Taanit) qu’après le 9 Av, débute un autre mois. Il explique ainsi le verset (que l’on lit dans la Haftara de Roch ‘Hodech) : "vayéhi midé 'hodech bé'hodech" (והיה מידי חודש בחודשו - litt. "Et il arrivera que le mois dans son mois" que l’on traduit habituellement "Et il arrivera qu’à chaque mois") : cela suggère en allusion qu’il existe un mois qui se renouvelle à l’intérieur d’un mois, "et il me semble, écrit-il, que pour cette raison, on a l’habitude d’appeler le mois d’après le 9 Av, Ména’hem Av.
Et c’est ce qui est écrit : "le mois dans son mois", pour signifier que jusqu’au 9 Av, c’est un premier mois appelé ‘Av’, et après cette date c’est un 2e mois nommé "Ména’hem".
Le ‘Hatam Sofer poursuit que c’est aussi, l’allusion contenue dans (la suite du verset) : "oumidé Shabbath béShabbato" (ומידי שבת בשבתו - "un Shabbat dans le(s) Shabbat") qui fait référence au Shabbat Na’hamou où, alors : "chaque chair viendra se prosterner sur la montagne de la Maison d’Hachem’’ (fin du même verset).

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-> Dans sa prophétie (lu dans la haftara du Shabbath suivant le 9 Av), Yéchayahou (40,1) exhorte les Bné Israël à la consolation : "Consolez, consolez mon peuple, dit votre D." (na'hamou na'hamou ami yomar Eloké'hem).

-> Le Sfat Emet (5656) commente ce verset de la manière suivante : "Comment vous consolerez-vous, mon peuple Israël? Par le fait même de savoir qu'Hachem est votre D.", en d'autres termes, en prenant conscience que la conduite du monde entier est uniquement entre Ses mains, ce qui inclut également tous les malheurs et les exils que subit notre peuple.
Néanmoins, le prophète Yéchayahou redouble son appel : "Consolez, consolez", afin de suggérer qu’outre cette prise de conscience qui en elle-même procure un réconfort, panse l'âme blessée et en soulage les souffrances, s'ajoute une autre consolation : celle qui provient de la émouna que tout est pour le bien. Car il arrive parfois que Hachem retire le voile qui dissimule la vérité et nous le montre. Et même lorsque ce bienfait nous demeure encore caché, nous avons néanmoins la émouna qu'il en est ainsi.
Ces deux pensées constituent l'élixir qui soulage l'âme et l'empêche de souffrir lorsque les épreuves surgissent.

C'est ce qui doit nous apporter la consolation après les 3 semaines et les jours de deuil. Seul le fait d’être convaincu que, même en exil, son sort repose entre les mains du Ciel et qu'Hachem ne l'a pas abandonné peut consoler l’homme de son exil et de ses malheurs, tant au niveau individuel que communautaire. Et même lorsque le Maître du monde se recouvre d’un double voile et inflige des coups à Ses enfants, tout cela ne provient que de Sa miséricorde et de Sa bonté, et tout ce qu'Il accomplit est pour leur bien.

La destruction par D. du Temple, Sa Maison de Gloire, et l'exil du peuple juif étaient certainement pour le bien du peuple juif.
La compassion d'Hachem pour nous continuera certainement à croître, et Il reconstruira notre saint Temple avec plus de splendeur et de gloire.
Par conséquent, bien que notre exil nous semble néfaste, en vérité, pour Hachem, tout ce qui nous est caché est véritablement révélé, à savoir que tout cela est pour le bien du peuple juif.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha 3,10 ]

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=> "Tout ce que Hachem fait, Il le fait pour le bien" (guémara Béra'hot 60b). En fin de compte, même les événements les plus tragiques qui ont frappé le peuple juif, la destruction du saint Temple et les exils qui ont suivi, sont des actes latents de la bonté divine
[cela est également valable à un niveau individuel, tout est pour le bien ultime ]

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-> C'est un principe que dans l'avenir, lorsque Hachem, dans Son abondante compassion et Sa bonté, reconstruira le Temple avec plus de splendeur et de gloire, il sera révélé que la détresse et la destruction du Temple étaient des actes de bonté.
[...]
Il est écrit : "je suis devenu le rire de toutes les nations" (Eikha 3,14). En d'autres termes, "Quand je me rappelle la joie qui naîtra de cette détresse, je peux me moquer de toutes les nations".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha 3,13-14 ]

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-> "Ce jour-là, tu diras : Je te remercie, Hachem, pour Ta "colère" à mon égard" (Yéchayahou 12,1).
Les événements que nous considérions comme des actes de dureté et de sévérité étaient en réalité des actes de bonté divine.

[ainsi, certes on doit s'attrister sur notre situation actuelle en l'absence du Temple (ce qui la cause, notre éloignement d'Hachem, le 'hilloul Hachem, ...), mais on doit aussi penser à sa reconstruction très bientôt, et à l'énorme joie que cette détresse va finalement amener. ]

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+ Anticiper la joie :

-> "Que Sion et ses villes se lamentent comme une femme qui souffre des douleurs de l'accouchement (Liturgie - Kinot du 9 Av).

-> Le principe sous-jacent ici est qu'avant d'accoucher, une femme éprouve de la douleur, mais qu'après, elle éprouve une joie immense. Ceux qui se tiennent à son chevet, même lorsqu'elle souffre, éprouvent de la joie, car ils savent qu'elle donnera certainement naissance à un fils ou à une fille, ce qui est un véritable motif de joie. En effet, elle aussi se réjouira après l'accouchement. C'est seulement qu'à ce moment-là, elle ressent de la douleur.

Or, bien que Sion ait été piquée par sa destruction et sa désolation, elle est comme une femme qui connaît les douleurs de l'enfantement. En réalité, Hachem se réjouit, car il sait que la détresse n'est que temporaire. Bientôt, D. reconstruira le Temple, "supérieur en rang et supérieur en puissance" (Vayé'hi 49,3).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

 

=> L'accouchement ne procure que peu de joie. Les personnes présentes sont d'humeur plus festive et attendent l'arrivée du nouveau-né. Pour la mère, la douleur, bien que passagère, l'emporte sur la joie ; celle-ci doit venir plus tard.
De même, nous sommes les seuls à déplorer la destruction de Sion, comme une femme qui accouche.
Hachem, qui est intemporel, peut au même moment faire l'expérience de la renaissance ultérieure de Sion.

La Néila

+ La Néila (fin de Kippour) :

-> Comme pour toutes les fêtes de l’année, les prières de Kippour comprennent : celle du soir, celle du matin, le Moussaf et Min'ha. Il s’ajoute pour ce jour unique de l’année la prière de Néila, au déclin du jour.
On l’a appelée Néila (clôture) parce qu’elle clôture effectivement cette grande journée (elle coïncide, selon les avis, avec la fermeture des Portes du Temple ou la fermeture des Portes du Ciel - Maté Moché) ; on la récite à l’heure où se ferment les portes de la Miséricorde, quand nos destins sont définitivement fixés et nos jugements scellés.
[Le Arizal enseigne que c’est justement au moment de la Néila, que Hachem signe le verdict écrit à Roch Hachana - la ‘Hatima (חתימה). ]
Ainsi, c'est comme une dernière ligne droite où l'on doit rassembler toutes nos dernières forces [vers Hachem] pour dire cette émouvante prière avec une profonde ferveur, et nous prenons de fermes résolutions pour commencer une vie plus pure, qui plaise à D. et aux hommes.

-> Nos Sages ont trouvé un certain nombre d’allusions à la prière de Néila dans le verset de Chir haChirim (5,5) : "Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé, mes mains dégouttent de myrrhe, mes doigts laissent couler la myrrhe sur les poignées du verrou".
Selon le midrach, on peut l'interprété ainsi :
- "je me lève pour ouvrir" = c’est la prière du matin ;
- "mes mains dégouttent de myrrhe" = c’est moussaf ;
- "mes doigts laissent couler la myrrhe" = c’est min‘ha ;
- "sur les poignées du verrou" = c’est Néila.

-> Les 5 prières de Yom Kippour (Arvit, Cha’harit, Moussaf, Min’ha et Néila) correspondent aux 5 parties de l’âme (Néfech, Roua’h, Néchama, ‘Haya et Yé’hida).
Les 4 premières parties correspondent aux 4 degrés d’intensité du lien unissant l’âme à Hachem. La 5e partie, la Yé’hida, dont le nom peut être décomposé en Ya’hid Hé (uni à D.), est le niveau de l’âme ayant un lien indéfectible avec l’Essence de D.
Ainsi dans la dernière prière spécifique au jour de Kippour, la Néila, le niveau de Yé’hida de l’âme, se dévoile. Il n’y a plus de place alors pour autre chose que D. et les juifs. C’est l’explication du mot "Néila" = "on ferme" (Noélim) toutes les portes pour ne laisser entrer personne, afin que nul ne dérange l’union entre D. et Israël.
[Séfer Hamaamarim].

-> Durant la prière de la Néila, Hachem est seul pour nous juger sans aucun ange accusateur ou défenseur. D. étant plein de miséricorde, il peut même nous pardonner la faute la plus grave : le ‘hilloul Hachem (la profanation du Nom de D.) qui en général ne peut être expiée qu’avec la mort de la personne, et cela même après avoir fait téchouva, que Kippour soit passé et après avoir enduré différentes souffrances. Toutefois si la téchouva est complète à la Néila, Hachem peut pardonner sans souffrance et sans faire mourir la personne.
[Méchekh ‘Hokhma]

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-> La Tossefta (Yoma 4,16-17) écrit : "Le bouc [émissaire] a un avantage par rapport à Yom Kippour ... car le bouc fait immédiatement expiation alors que Yom Kippour fait expiation à la tombée de la nuit seulement".
=> L'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée, dit la Tossefta.

[ceci suit l'opinion de Rabbi 'Hanina (dans Yerouchalmi Sanhédrin 10,1). Elle est acceptée en
tant que halakha par les Richonim (Ri Migach, Ritva et Ran Chevouot 13b, Ramban, Yoma 87b).
Raaya Méhemna (Vayikra 100b) implique de même que l'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée. ]

-> Le Rokéa'h (Hilkhot Yom Hakippourim 217) ajoute que c'est la raison pour laquelle nos Sages ont fixé la récitation de la prière de Neïla à ce moment-là. La Neïla contient des séli'hot et des supplications supplémentaires, ainsi qu'un vidony spécial : "Tu tends la main aux fauteurs" (ata noten yad lapoch'im).

-> la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?"

-> Le Chlah haKadoch (Massékhèt 'Houlin, Ner mitsva 54) écrit : "La Neïla est le point culminant de Yom Kippour et c'est à ce moment-là que c'est un jour d'expiation, car Yom Kippour fait expiation à la fin de la journée".
[le Chla hakadoch y écrit également que les 10 jours de repentance sont le point culminant de l'année et Yom Kippour est le point culminant de 10 jours de repentance, et le service de la Néïla est le point culminant de Yom Kippour]

=> Cet enseignement est étonnant car la Torah nous dit que le jour de Yom Kippour a le pouvoir de faire expiation sans donner la moindre indication sur le moment de la journée. ["car ce jour-ci, il fera expiation pour vous, pour vous purifier de toutes vos fautes" - A'haré Mot 16,30]

-> Le Kaftor vaFéra'h (ch.6, Inyané ha'Hourban) enseigne :
"Yom Kippour fait expiation à sa conclusion, de même que la chemita annule les dettes uniquement à la fin de l'année. Car, lorsque la fin du jour approche, l'affliction est plus grande, les actes sont plus grands et la récompense est en fonction de la difficulté».

=> L'expiation s'opère à la fin de Yom Kippour parce que l'affliction que nous éprouvons ce jour-là atteint son point culminant à la fin de la journée.
Or nos Sages enseignent : "Mieux vaut faire une chose avec difficulté que 100 choses avec facilité" (Avot d'Rabbi Nathan 3,6) et : "La récompense est en fonction de la difficulté" (Pirké Avot 5,23).
De même, selon le Tiféret Israël (61) : "Lorsqu'un homme accomplit une mitsva qui est très difficile pour lui, cela montre qu'il aime D. de tout son cœur et la récompense est à la mesure de la difficulté".
Ainsi, lorsque les afflictions de Yom Kippour sont les plus fortes, le peuple juif a l'opportunité la plus grande d'obtenir l'expiation.

[dans la spiritualité, lorsque cela devient fatiguant, un peu désagréable, la tendance naturelle est de se dire : ça va j'ai déjà bien donné, je peux être détente!
Certes nous ne sommes pas des anges et nous avons besoin de faire un break, mais la Néïla nous enseigne que nos moments où spirituellement c'est difficile, sont ceux qui ont une valeur énorme.
On ne doit pas les voir négativement (aujourd'hui c'est un jour sans, je n'arrive à rien spirituellement), mais au contraire comme des opportunités qui rapportent beaucoup plus que d'ordinaire lorsque tout marche bien.
[dans un moment spirituel moins bon, c'est comme si Hachem désire recevoir des marques d'amour concrètes de ma part ("cela montre qu'il aime D. de tout son cœur"), et non au contraire que Hachem s'éloigne de moi, voir me punit ]
C'est d'une certaine façon un message d'encouragement de fin de ce jour extraordinaire (Kippour), où nous sommes des anges, et nous nous apprêtons à reprendre la routine de notre vie d'être humains.]

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-> "Là où des baalé téchouva se tiennent, des tsadikim parfaits ne peuvent pas se tenir" (guémara Béra'hot 34b).
Le Méssé'h 'Hokhma (Va"t'hanan 5,24) explique que la récompense des baalé techouva est plus grande parce qu'ils ont dû peiner pour vaincre leurs tendances naturelles.

-> Construire une soucca à l'issue de Yom Kippour, alors que nous sommes affaiblis par une journée entière de jeûne, est un rappel : plus nous devons faire d'efforts et surmonter de difficultés pour accomplir les commandements de D., plus nous recevrons de récompense.
Celui qui s'en souvient se rendra compte que, même s'il est difficile de garder le niveau de repentir atteint à Yom Kippour, il convient d'être fort et de vaincre les défis que ce but présente. Sa récompense sera supérieure à celle des "tsadikim parfaits".
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> b'h, également sur la Néila : https://todahm.com/2020/10/11/la-neila

Yom Kippour – Être purifiés devant Hachem

+ Yom Kippour - Être purifiés devant Hachem :

-> "Car en ce jour [Yom Kippour], il fera expiation pour vous, pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés" (A'haré Mot 16,30).

-> "L'expression 'devant D. vous serez purifiés' représente le commandement positif de se repentir, en contemplant et en examinant nos voies et en revenant à D. le jour de Kippour"
[Rabbénou Yona - Chaaré Techouva 4,17]

-> "'Devant D. vous serez purifiés' car Yom Kippour ne fait expiation que pour ceux qui se repentent (guémara Chevouot 13a). Avant que D. n'accorde l'expiation, chaque homme doit se purifier... par la téchouva et c'est ensuite que D. le purifiera par l'expiation"
[Kli Yakar - A'haré Mot 16,30]

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-> "il fera expiation (yé'hapèr-> kapara) pour vous, pour vous purifier (létahèr -> tahara)"

=> Qu'implique les 2 termes : "expier" et "purifier"?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
la kapara (expiation) est l'annulation de la punition encourue du fait de la faute. Quand une personne reçoit la kapara, cela veut dire qu'elle sera épargnée du châtiment divin pour ses fautes, mais la kapara ne l'affecte qu'extérieurement. Même après avoir reçu l'expiation, l'âme ne retrouve pas le niveau de pureté d'avant la faute.
Ainsi, même après avoir obtenu la kapara, l'homme doit encore se débarrasser des défauts spirituels créés par ses fautes.
Ce processus interne est la tahara (pureté), qui débarrasse l'âme du préjudice causé par la faute et la restaure à son état antérieur. La Torah dit donc qu'à Yom Kippour, non seulement le Cohen Gadol "fera expiation pour vous", mais aussi il "vous purifiera" car, même après l'expiation, le fauteur a encore besoin de la "purification" qui lavera son âme.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou vol.2) donne une autre explication :
même après la téchouva la plus exemplaire, il manque encore à l'homme la pureté de cœur qu'il possédait avant sa faute, car l'acte même de transgression diminue la sensibilité de la personne à la gravité de la faute.
Comme l'enseignent nos Sages (guémara Yoma 86b) : "Lorsqu'un homme faute et répète [sa faute], elle lui devient permise" = il commence à considérer que l'acte commis est permis, et il lui sera facile de retomber dans ses fautes même après s'être repenti. La personne qui se repent doit, de plus, retrouver sa "pureté de cœur" et son aversion pour les fautes.

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=> Pourquoi ne suffit-il pas au fauteur que D. le purifie?

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,26) enseigne :
"Si l'homme ne s'éveille pas lui- même, à quoi lui serviront les paroles de réprimande? Même si elles entrent dans son cœur le jour où il les entend, le yétser les lui fera oublier et chasser de son cœur. Lorsqu'un homme entend un reproche, il doit s'éveiller, prendre ces mots à coeur et y penser constamment. Il doit y ajouter de la sagesse, sortir des mots de son coeur et s'assoir seul à l'intérieur des chambres de son esprit. Il doit se répéter le reproche et ne pas seulement compter sur la réprimande de celui qui le sermonne. Il doit se blâmer chaque matin et à chaque moment jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) commente :
Ainsi, selon Rabbénou Yona nous enseigne que la vraie téchouva n'est possible que lorsqu'un homme fait un effort intérieur authentique pour s'améliorer. C'est seulement par ce travail qu'il peut atteindre le stade où sa téchouva est complète, où D. Lui-même atteste que cet homme ne répètera plus jamais sa faute. Une téchouva extérieure ne transforme pas l'âme et ses effets se dissipent rapidement. Seul une téchouva intériorisée, un repentir du cour, crée un changement durable. Aussi, pour effacer les effets néfastes que la faute cause à l'âme, il faut effectuer un vrai repentir intérieur selon les mots de Rabbénou Yona : "jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée".

Tel est l'un des messages de l'enseignement de la Michna : "Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi?" (Pirké Avot 1,15). A moins qu'un homme ne s'éveille lui-même à la nécessité de rectifier ses voies, aucun cours de moussar; aucune parole de réprimande, ne le fera véritablement changer.
C'est pourquoi la Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés". Ce verset enseigne que, pour bénéficier de l'expiation et de la purification de Yom Kippour, nous devons nous purifier et nous sanctifier, nous épurer intérieurement de tout lien avec la faute.

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+ La purification, un cadeau divin :

-> "pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés"

=> Pourquoi le verset commence par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour et seulement ensuite nous ordonne de nous purifier?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
Selon l'approche que nous avons développée (notre purification personnelle est la condition nécessaire à la purification effectuée par D.), il semble que l'ordre aurait dû être inversé.

La Torah veut peut-être nous enseigner ceci : bien que l'homme doive prendre l'initiative de se purifier, le "lavage" spirituel n'est rien d'autre qu'un cadeau de D., car l'homme n'a pas la capacité de réellement "laver" son âme.
Comme l'enseigne le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h Haim 1,14) :
"Sans l'aide de mon Créateur, que serais-je? Sans l'aide de D., l'homme ne pourrait pas vaincre [le yétser ara]. Mais qu'on ne dise pas : 'J'attends l'aide du Ciel [pour me repentir]', car les mesures initiales [de techouva] doivent être prises par l'homme. Hachem lui donnera Son aide en fonction des efforts qu'il investit pour se préparer et se renforcer, comme le disent nos Sages (guémara Shabbat 104a) : 'Celui qui vient se purifier est aidé'. »

La Torah commence donc par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour mais que c'est à nous de faire le premier pas, pour nous taire comprendre que même notre purification de la faute ne peut pas se faire sans l'aide divine.
Tel semble être le message du verset dans lequel D. dit : "Revenez à Moi et Je reviendrai à vous" (Mala'hi 3,7). Par ces mots, le prophète véhicule l'idée que la techouva commence par l'initiative humaine ("Revenez à Moi"), comme le dit rav 'Haïm de Volozhin dans le passage cité ci-dessus.
Une fois que l'homme fait ce premier pas, il reçoit l'aide divine pour achever le processus et laver totalement son âme du dommage causé par ses fautes ("Je reviendrai à vous").

De même, nos Sages enseignent (midrach Chir Hachirim Rabba 5,2) : "D. dit aux Bné Israël : Mes enfants, faites-Moi une ouverture aussi grande que le chas d'une aiguille, et Je vous ouvrirai des portails assez grands pour que des chars et des charrettes puissent y passer" = l'homme doit faire un pas minime vers le repentir pour que D. l'aide à terminer la tâche.
[à l'image d'une aiguille qui est très peu épaisse mais longue : il suffit que notre effort de retour vers Hachem soit petit en amplitude, mais cependant il doit aller dans les profondeurs de notre être (pas superficiel).]

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-> "'Hachem est le mikvé (litt. l'espoir) des Bné Israël' (Virmiyahou 17,13).
De même qu'un mikvé purifie les personnes impures, D. purifie les Bné Israël." [michna Yoma 8,9]

Le mikvé ne purifie la personne que si elle s'y trempe, mais une fois qu'elle pénètre dans l'eau, son impureté la quitte instantanément. C'est exactement la façon dont a lieu le processus de purification de Yom Kippour : l'homme doit commencer le processus de téchouva, mais une fois qu'il l'a entamé, et seulement une fois qu'il la entamé, Hachem le purifie totalement.

Nous pouvons à présent comprendre le message de la Torah dans le verset que nous avons cité plus haut. La Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés" = nous devons commencer le processus pour nous purifier de nos fautes. Mais une fois que nous avons fait le premier pas, aussi petit soit-il, Hachem nous purifie de toute trace de faute afin que notre téchouva soit durable et que nous ne rechutions pas.
Le prophète nous promet : "Je vous donnerai un coeur nouveau et Je mettrai un esprit nouveau en vous ... et Je ferai en sorte que vous suiviez Mes lois et accomplissiez Mes statuts et les fassiez" (Yé'hezkel 36,26-27).
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> "Heureux êtes-vous, Israël! Devant Qui vous purifiez-vous et Qui vous purifie?" (michna Yoma 8,9)

-> Le Panim Yafot explique :
"Avant Yom Kippour, le peuple juif doit se purifier par la confession et le repentir, comme le disent nos Sages, et ensuite, il peut recevoir la pureté par son Père céleste.
Tel est le sens des mots :
- 'Devant Qui vous purifiez-vous ?' = l'homme doit bien se préparer auparavant pour cette purification finale ;
- puis D. le purifiera à Yom Kippour, comme il est écrit : 'Devant D. vous serez purifiés' = cela veut dire qu'avant la purification finale [de Yom Kippour], il faut se purifier pour se préparer à recevoir cette pureté car sans préparation, on n'est pas capable de la recevoir."

-> Une autre explication de cette Michna est offerte par Tossafot Yom Tov : l'homme est parfois incapable de s'éveiller à se repentir et quand cela arrive, D., dans Sa grande bonté, fait que cet homme soit inspiré à se repentir afin qu'il ne soit pas perdu.
Ainsi, selon Tossafot Yom Tov, la Michna veut dire que D. purifie les Bné Israël même s'ils ne prennent pas l'initiative de se repentir.

Hachem se réjouit [énormément] lorsque nous nous renforçons pour faire Sa volonté.
[Yessod véChorech haAvoda]

Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath

+ Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath :

-> "Si Roch Hachana tombe un Shabbat, on ne dit pas 'jour du son du chofar' mais 'un souvenir du son du chofar' car [la mitsva de] sonner du chofar ne repousse pas le Shabbat ailleurs que dans le emple, en raison d'un décret" [Massékhèt Sofrim 19,6]

-> "On ne sonne pas [du chofar] le Shabbath puisque la sonnerie du chofar n'a pas priorité sur le Shabbath. Il n'y a donc qu'un souvenir du son du chofar". [Baal haTourim - Emor 23,24]

-> "Le Shabbat, nous ne sonnons pas [du chofar] ... car Shabbat est [appelé] un signe et il protège le peuple juif".
[le Rokéa'h - Hilkhot Roch Hachana - n°201]

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
Quand Roch Hachana tombe un autre jour de la semaine, le peuple juif ne peut pas obtenir un jugement favorable par ses prières uniquement. Comme il lui manque les mérites spirituels nécessaires, il doit employer la tséaka, le cri puissant exprimé par la lamentation du chofar, pour susciter la miséricorde divine.
Le Shabbat sanctifie, purifie et élève le peuple juif. Ainsi, les mots qu'il prononce le Shabbat ont davantage de sainteté. Leurs prières deviennent plus pures et plus élevées, ce qui les rend plus dignes d'être entendues par D.

=> Le Shabbat, nos prières elles-mêmes prennent toutes les qualités du son du chofar. Grâce à la sainteté du Shabbat, les mots de nos prières sont empreints d'une plus grande sainteté. Ces prières appelées "un souvenir du son du chofar" remplacent le son du chofar.
Lorsque, de plus, Roch Hachana tombe un jour ordinaire de la semaine, le chofar devient le véhicule du "souvenir" et l'expression "zikhron téroua" (un souvenir du son du chofar) est omise du texte de la prière.
Le Shabbat, ce sont les prières qui créent le "souvenir" et c'est pourquoi cette expression est ajoutée.

[cela nous aide à donner de la valeur à notre Shabbath, dont sa fréquence hebdomadaire ne doit pas diminuer sa valeur à nos yeux. ]

Du 17 tamouz au 9 av = expier nos fautes

+ Du 17 tamouz au 9 av = expier nos fautes :

-> [ Yéhochoua a été confronté aux 60 savants d'Athènes qui lui ont posé 12 questions.]
La 10e question était : Les savants d'Athènes apportèrent deux œufs et demandèrent à Rabbi Yéhochoua : "Lequel a-t-il été pondu par une poule noire et lequel par une poule blanche?".
Rabbi Yéhochoua apporta deux fromages et leur dit : "Lequel de ces fromages a-t-il été fabriqué avec le lait d'une chèvre blanche et lequel avec le lait d'une chèvre noire?"
[guémara Bé’horot 8b]

=> Comment comprendre cela?

-> Le Maharcha explique :
Selon la guémara (Béra'hot 8a), la durée de gestation de l'œuf est de 21 jours.
Par leur question sur les deux œufs, les savants d'Athènes ont voulu faire cette allusion à Rabbi Yéhochoua : De même que vous ne pouvez pas reconnaître l'œuf issu d'une poule noire, de l'œuf issu d'une poule blanche, comment pouvez-vous reconnaître la période "noire" de 21 jours de tristesse entre le 17 Tammouz et le 9 Av de la période "blanche", qui blanchit vos fautes, de téchouva et de joie entre
le ler Tichri (Roch Hachana) et le 21 Tichri (Hochana Raba)?
Ainsi, dirent-ils, vos jours de tristesse et de joie sont identiques (comme ces deux œufs), c'est-à-dire vous êtes en exil définitivement et vous n'avez aucun espoir d'en sortir.

Rabbi Yéhochoua répond en amenant deux fromages, l'un fabriqué avec le lait d'une chèvre noire et l'autre avec le lait d'une chèvre blanche, sans que l'on puisse reconnaître les deux fromages.
Il faisait allusion aux deux boucs de Yom Kippour, identiques au départ; la chèvre blanche symbolise le bouc offert au Temple et la chèvre noire symbolise le bouc envoyé à Azazel. Ces boucs, malgré leur sort différent, "blanchissent" tous deux les fautes de la Communauté d'Israël.
De même que les 21 jours entre Roch Hachana et la fin de Souccot pardonnent les fautes d'Israël grâce à la téchouva (repentir) et à la sim'ha (joie), les 21 jours entre le 17 Tammouz et le 9 Av, qui ont entraîné l'exil et les souffrances, ont le même effet d'expiation des fautes, en dépit de la différence entre ces deux périodes.