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Pessa’h Chéni

+ Pessa'h Chéni :

-> Pessa’h Chéni signifie le "Second [sacrifice de] Pessa’h". Il marque le jour où quelqu’un qui n’avait pas pu participer au sacrifice de Pessa’h en temps voulu (le 14 Nissan) pouvait accomplir la mitsva exactement un mois plus tard (le 14 Iyar - qui est aussi le 29e jour du Omer).

=> Quelle est l’origine de Pessa’h Chéni?

Un an après la sortie d’Égypte, Hachem ordonna aux Bné Israël d’offrir le Korban Pessa’h l’après-midi du 14 Nissan et de le consommer ce soir-là, grillé au feu et accompagné de matsa et du maror, comme ils l’avaient fait un an auparavant juste avant de quitter l’Égypte.
La Torah relate : "Il y eut cependant des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre et qui ne purent donc pas préparer l’offrande de Pessa’h ce jour-là. Ils se présentèrent devant Moché et Aaron ... et ils dirent: “Pourquoi serions-nous privés d’apporter l’offrande de D. en son temps, seuls parmi les Bné Israël?” (Béaaloté'ha 9,6-7).
En réponse à leur requête, Hachem fit du 14e jour de Iyar un "second Pessa’h" (Pessa’h Chéni) pour quiconque avait été dans l’incapacité d’apporter le Korban Pessa’h en son temps, le 14 Nissan.

-> "Tout homme qui est souillé par un cadavre ou qui est sur une route éloignée, que ce soit pour vous ou pour vos générations, il fera le sacrifice de Pessa'h pour Hachem, c'est au deuxième mois durant le 14e jour" (Béaaloté'ha 9,10-11)

Contexte :
Hachem parla à Moché dans le désert du Sinaï la seconde année de leur sortie du pays d'Egypte en disant : les enfants d'Israël feront le Korban Pessah en son temps le 14ème jour ... Ils firent le sacrifice de Pessa'h le 14eme jour du premier mois comme Hachem l'avait demandé ... Au même moment, il y eut 2 décès au sein du peuple d'Israël. Moché ordonna à 2 hommes d'enterrer les deux défunts le plus rapidement possible afin de limiter leurs souffrances. Les hommes s'exécutèrent mais réalisèrent ensuite qu'ils resteraient souillés par leur proximité avec les défunts jusqu'au jour du Korban Pessa'h.

Ces hommes allèrent voir Moché et s'épanchèrent sincèrement, désespérés de ne pas pouvoir offrir le Korban Pessa'h comme le reste du peuple du fait de leur impureté, comme il est écrit : "Les hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains ne purent faire le sacrifice de Pessa'h.... Ils se présentèrent devant Moché et Aharon ce même jour et dirent : nous avons écouté ton ordonnance et à présent, nous sommes souillés par des cadavres. Pourquoi serions-nous privés d'offrir le sacrifice de l'Eternel en son temps ? Moché leur répondit: restez debout et j'écouterai ce que Hachem ordonnera à votre sujet" (Béaaloté'ha 9,7-9).

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=> A cette époque, qui étaient ces hommes devenus impurs?
-> Différents points de vue sont rapportés par le Talmud (voir Soucca 25a-25b). On peut citer :
1°/ les porteurs du cercueil de Yossef.
2°/ Michaël et Elitsafane, les cousins d’Aaron, qui furent charger d’inhumer Nadav et Avihou (voir Chémini 10,4).
3°/ Ceux qui s’occupèrent d’un "mét mitsva" (un mort qui n’a personne d’autre disponible pour l’enterrer).
[la guémara (Soucca 25a) rapporte que si des gens trouvent un cadavre abandonné d'un inconnu, ils ont la mitsva de l'ensevelir].
=> C'est pourquoi, le Sforno rapporte que ces personnes ont dit à Moché, qu'une mitsva doit entraîner une autre mitsva, et non priver celui qui l'a accomplie de l'opportunité d'en observer une autre.

=> Qui était concerné par Pessa’h Chéni?
La Torah écrit : "Parle ainsi aux Bné Israël : Si quelqu’un se trouve souillé par un cadavre, ou sur une route éloignée, parmi vous ou vos descendants … c’est au deuxième mois, le quatorzième jour, vers le soir, qu’ils le feront (le Korban Pessa’h)" (Béaaloté'ha 9,10).

La Michna [Pessa’him 9, 1] enseigne : "Celui qui était rituellement impur ou sur une route éloignée (du seuil de la cour du Temple et au-delà) et n’a pas observé le premier Pessa’h doit observer le 2e Pessa’h. Si quelqu’un a involontairement oublié ou a été empêché en raison de circonstances indépendantes de sa volonté et n’a pas observé le premier Pessa’h, lui aussi doit observer le deuxième Pessa’h".

=> Quelle est la différence entre le premier Pessa’h et le second Pessa’h?

-> Le 2e Pessa'h diffère du premier dans la mesure où il ne comporte aucun jour de fête, pas même pour ceux qui apportent alors le sacrifice pascal.
D'autre part, bien qu'ils n'aient pas le droit de consommer des produits fermentés ('hamets) en même temps que l'offrande (v.9,11), ils ont le droit de posséder et de manger du 'hamets le jour même où ils l'apportent (Rachi ; guémara Pessa'him 95a).

Une autre différence est que le sacrifice offert le premier (Pessa’h) nécessite la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé tandis que le second (Pessa’h) ne nécessite pas la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé…

=> Quel est le statut de Pessa’h Chéni?
Les Sages de la guémara évoquent 3 statuts possibles de Pessa’h Chéni :
1°/ il s’agit d’une fête à part entière (réguel mipné atsmo) ;
2°/ il s’agit d’un rattrapage du premier Pessa’h (tachloumim) ;
3°/ il s’agit d’une réparation du premier Pessa’h (tikoun).
Chacun de ces points de vue conduit à conséquences halakhiques différentes [voir guémara Pessa’him 93a].

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=> Quelles leçons nous apprend Pessa’h Chéni?

On peut citer :

-> d'après le Sifré :
Un certain nombre de personnes n'avait pas pu apporter le sacrifice de Pessa'h parce qu'elles étaient impures. Ces hommes, animés du désir ardent de vivre ce moment exceptionnel, firent appel à Moché. D. approuva leurs nobles intentions et les récompensa en révélant à leur propos le nouveau commandement de Pessa'h Chéni, la seconde possibilité d'apporter le sacrifice de Pessa'h, un mois après la date fixe de Pessa'h.
En effet, bien que ce fût d'ordinaire par l'intermédiaire de Moché que D. faisait connaître Ses commandements, Il distingua ces hommes afin de rendre hommage à leur désir sincère de s'élever au niveau spirituel, et c'est par leur entremise qu'Il promulgua ce nouveau commandement.

-> dans un divré Torah, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La capacité d'apporter un korban Pessa'h à Pessa'h Chéni est une nouvelle hala'ha, qui a été entièrement créée par le fort désir de juifs qui ne voulaient pas manquer [la possibilité d'offrir] le korban Pessa'h (même s'ils avaient de bonnes excuses pour ne pas le faire).
Cela nous apprend sur la force du désir. Il ne faut jamais dire que quelque chose est impossible, car si tu le veux vraiment alors Hachem peut faire que cela se réalise.
[selon nos Sages si une personne désire se purifier alors du Ciel on l'aide. (ainsi, si nous témoignons d'un désir fort, alors cela permet ensuite d'avoir Hachem qui vient nous aider, et tout devient possible! [comme avec Pessa'h Chéni] )]

Le rav de Shinov dit que Moché était la personne la plus humble. Il n'était jamais sûr que Hachem parlera avec lui.
Cependant, Moché était certain qu'en l'honneur de ces personnes qui désiraient tellement apporter le korban Pessa'h, alors Hachem se présentera à lui (lui indiquant la nouvelle halakha).

[selon nos Sages, le désir est quelque chose de très puissant. On peut citer :
- si quelqu'un a des désirs spirituels qu'il ne peut malheureusement pas accomplir (ex: donner davantage à la tsédaka mais il n'en a pas les moyens, étudier davantage mais il faut travailler), alors Hachem va compter comme s'il avait réalisé cela de la meilleure des manières possibles.
(ainsi, plus on désire donner, s'investir dans des choses spirituelles, plus on sera récompensé pour cela)
- une fois que le machia'h est là, la présence d'Hachem est tellement claire qu'il n'y a plus de libre arbitre, et donc de vraies récompenses pour nos mitsvot. On restera au niveau qu'on aura attend lors de la venue du machia'h.
Cependant, le Maharal enseigne que si une personne a des désirs spirituels énormes et qu'il n'a pas eu le temps ou les capacités de les accomplir, alors même une fois que le machia'h sera arrivé, il pourra ensuite continuer de monter jusqu'à atteindre ces niveaux.
(ainsi plus on a sincèrement des désirs spirituels élevés (ex: je veux être comme Avraham, donc avant le machia'h je fais tout pour suivre son exemple selon mes capacités et situation personnelle), alors plus on pourra après la venue du machia'h tendre vers son niveau)
- "Tout homme dont le cœur est inspiré viendra " (Vayakel 35,21)
Le Ramban écrit que la Torah se réfère à ceux qui vinrent tisser, coudre et construire le michkan. Où ces personnes avaient-elles appris à effectuer des tâches si habiles?
Le Ramban répond qu’elles découvrirent ce talent caché, grâce à leur profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem, d’aider à construire le Michkan. En voyant une telle ardeur, Hachem leur donna la possibilité de faire des choses qu’elles n’avaient jamais apprises.
[ainsi, les gens dont le cœur fut inspiré pour accomplir la volonté d’Hachem et construire le michkan découvrirent des forces et des talents complètement insoupçonnés. Nous avons tous également la capacité de dépasser nos limites et de réaliser ce qui nous parait impossible, mais la condition préalable est : d'avoir un profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem. ] ]

-> Rachi (Béaaloté'ha 9,1) écrit : "pourquoi [le livre de Bamidbar] ne commence-t-il pas par le présent chapitre (sur Pessa'h Chéni)? Parce qu’il jette un discrédit sur Israël, lequel, au long de tous les 40 ans de son séjour dans le désert, n’a présenté que cette fois-là le korban Pessa'h.
[la Torah ne voulait pas commencer le livre de Bamidbar par un récit ne mettant pas les Bné Israël sous leur meilleur jour.]

Dans le désert on ne faisait pas de brit mila sur les nouveau-nés car cela était dangereux dans un milieu si hostile, et ainsi il leur était interdit d'apporter un korban Pessa'h (puisque non circoncis).
[les parents d'enfants incirconcis ne sont pas autorisés à apporter l'offrande de Pessa'h ; or, pour des raisons de santé, il était dangereux de circoncire des nouveau-nés dans le désert (guémara Yébamot 71b).
A cause de la faute des explorateurs, les Bné Israël n'ont pas pu rentrer en terre d'Israël la 2e année du désert, et alors pouvoir y offrir ce korban (au lieu de cela ils y sont restés 40 ans)]
=> Ainsi, pourquoi cela est-il considéré comme une disgrâce le fait qu'ils n'ont pu amener un korban Pessa'h qu'au bout de la 1ere année dans le désert?
Le Imré Emet répond : si les juifs dans le désert auraient désiré de tout leur coeur pouvoir apporter un korban Pessa'h, Hachem aurait alors fait que cela puisse devenir possible.
De même que Hachem a trouvé un moyen pour que les personnes impures à Pessa'h puissent amener un korban à Pessa'h Chéni, de même Hachem aurait pu trouver une solution pour permettre à la génération du désert d'apporter un korban Pessa'h [de la 2e à la 40e année].
=> Leur disgrâce a été qu'ils n'ont pas assez désiré.
[cela nous apprend que nous devons travailler à renforcer nos désirs de spiritualité, et s'ils ne deviennent pas encore réalité nous devons avoir conscience que rien qu'à l'état de désir ils ont une valeur énorme aux yeux d'Hachem! ]

-> Le 'Hidouché haRim explique que force est de dire que ces gens ne 'demandèrent' pas : "Pourquoi serions-nous privés?", mais ils supplièrent du fond du cœur : "Pourquoi ... pourquoi? Nous savons que nous sommes impurs, mais nous voulons faire partie de ceux qui apportent le sacrifice d'Hachem".
C'est pourquoi ce désir brûlant conduisit à ce qu'une nouvelle Loi soit énoncée.
=> C'est l'enseignement que Pessa'h Chéni transmet à chaque juif, quels que soient sa situation et l'endroit où il se trouve : s'il se tourne vers Hachem en suppliant avec conviction : "pourquoi serais-je privé", alors, même plongé dans les vanités de ce monde, s’il désire de tout son cœur "voir le Roi", Hachem lui ouvrira les portes du Ciel.
Il méritera ainsi de se sanctifier et de pénétrer dans Son Saint palais.

Voyons combien le désir possède une force considérable : nos Sages nous enseignent (Midrach Chmouël Rabeta §3) qu'avant la naissance du prophète Chmouël, une voix céleste retentit et annonça : "Un enfant va naître du nom de Chmouël, qui méritera la prophétie d'Hachem".
Que firent les Bné Israël?
Comme ils désiraient ardemment que leur fils soit prophète,
chacun appela le sien de ce prénom.
Dans les faits, seul le fils de 'Hanna mérita d'être prophète ; cependant, le désir si intense de tous ces parents leur valut que leur fils prophétise une fois au moins dans sa vie.

-> Le rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch avait l’habitude de dire :
"Pessa’h Chéni enseigne qu’une situation n’est jamais désespérée", il n’est jamais trop tard car il est toujours possible de rectifier les choses.

-> D'après le Séfer HaSi’hot :
L’exil ressemble à un état d’impureté ou à un éloignement de la source de la sainteté, les situations où s’applique Pessa’h Chéni.
Le commandement de Pessa’h Chéni ne fut dévoilé qu’à la suite de l’exigence prononcée "des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre…: “Pourquoi serions-nous privés”"
=> De même, Hachem attend de nous que nous réclamions avec insistance la guéoula du Peuple Juif pour nous envoyer le machia’h.

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-> Le Zohar (III, 152b) enseigne à propos de Pessa'h Chéni :
"En ce jour, une proclamation est faite qui annonce : ''Celui qui n'a pas encore contemplé la Présence Divine, qu'il vienne durant ces jours-ci contempler la face du Seigneur Hachem, avant que les portes ne se ferment.''
Quel jour cette proclamation est-elle faite ? Le quatorze du deuxième mois (le 14 Iyar), car à partir de ce jour et durant sept jours, les portes restent ouvertes et se ferment ensuite."

=> Selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

[plus encore, ce même Zohar (Béaaloté'ha 152) nous enseigne que : "depuis Pessa'h Chéni (le 14 Iyar), les cieux sont ouverts pendant une semaine, puis ils se referment".
=> Combien nous devons profiter de cette opportunité de 7 jours pour abonder en prières et maximiser ainsi leur impact! ]

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-> On a vu précédemment que selon la guémara (Soucca 25a), Rabbi Akiva qu'il s'agissaient de Michaël et Elitsafan qui s'étaient occupés de la sépulture de Nadav et Avihou. (occupés à les enterrer, et le 7e jour et dernier jour de leur état d'impureté tombait la veille de Pessa'h, leur empêchant de faire le sacrifice Pessa'h ce jou-là)

=> Pourquoi Michaël et Elitsafan furent-ils choisis par Moché pour enterrer Nadav et Avihou?

-> Le Shvilé Pi'nhas nous explique :
Pour répondre à cette question, commençons par rapporter la guémara ('Houlin 7b) : "Les Justes sont plus grands après leur mort que durant leur vivant, comme il est écrit : "Les gens aperçurent une de ces bandes, des réchaïm, un jour qu'ils enterraient quelqu'un, ils jetèrent le corps dans le sépulcre d'Elicha. Au contact des ossements d'Elicha, le défunt ressuscita et se remit debout" (Méla'him II 13,21)."

Rachi explique qu'il s'agissait d'un racha qui n'était pas destiné à être enterré auprès des Justes. De son vivant, lorsqu'Elicha chercha à ressusciter le fils de la Shounamite, il dut placer ses lèvres sur les siennes, ses yeux sur les siens et implorer la Miséricorde divine. Après sa mort, un simple contact avec ses ossements fit ressusciter ce racha.

D'après cet enseignement, nous pouvons affirmer que [les Justes] Nadav et Avihou étaient plus élevés après leur mort que durant leur vivant. En effet, lorsque Michaël et Elitsafan s'occupèrent de leurs dépouilles, ils furent en contact avec la grandeur de ces derniers. Ils ressentirent le même élan que connurent Nadav et Avihou pour accomplir le service divin mais qui précipita leur mort du fait de leur empressement.
Michaël et Elitsafan furent alors épris d'un désir ardent d'accomplir le commandement du Korban Pessa'h alors qu'ils en étaient exemptés du fait de l'impureté qu'ils contactèrent au contact des dépouilles.
Toutefois, contrairement à Nadav et Avihou qui furent punis de mort pour avoir prononcé une loi devant leur maître Moché motivés par un amour sincère pour le Créateur, Michaël et Elitsafan furent attentifs d'accomplir ce commandement uniquement après en avoir reçu l'ordre de Moché.
Ils exprimèrent leur profond désarroi sans pour autant transgresser cet interdit et méritèrent de recevoir cette une nouvelle mitsva qui n'avait pas encore été énoncée, celle de Pessa'h chéni.

"Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath [1er jour de Pessa'h], depuis le jour où vous avez offert le Omer en offrande balancée, jusqu'au lendemain de la 7e semaine, vous compterez 50 jours. Vous offrirez une offrande de nouveau blé à Hachem." (Emor 23,15-16)

-> Le rav Yossef Salant (Béer Yossef) note que le mot "Omer" est utilisé dans la Torah à propos des juifs qui reçurent la manne dans le désert. Dans la paracha Béchala’h (16,16), la Torah nous informe qu’Hachem ordonna au peuple de ramasser la manne : "un Omer par personne".
Le midrach relie également le sacrifice du Omer et la manne. Il nous dit que l’offrande du Omer était une sorte de reconnaissance et de gratitude de la part du peuple juif envers Hachem qui leur envoya la manne dans le désert.

Le rav Salant explique que pendant leur traversée du désert, les juifs avaient à ne fournir aucun effort pour vivre. La manne descendait directement du Ciel, sans aucune contribution humaine.
En outre, quelle que soit la quantité de manne qu’une personne essayait de ramasser, elle ne parvenait jamais à prendre plus que la part qui lui était allouée, elle gardait uniquement ce dont elle avait besoin. La nourriture leur ainsi étant fournie, les Juifs pouvaient se consacrer à l’étude de la Thora et au service d’Hachem.

En revanche, lorsqu’ils entrèrent en terre d'Israël, la manne ne tomba plus du Ciel et ils durent subvenir à leur besoin à travers des efforts physiques.
Avec ce changement, apparut un nouveau danger. Lorsqu’un homme voit que ses efforts portent leurs fruits, il risque de moins placer sa confiance en Hachem et d’attribuer ses réussites à son dur labeur.
Pour éviter ceci, la Torah nous prescrit d’apporter le Omer, la première production de la saison, à Hachem, reconnaissant ainsi qu’Il est la seule Source de revenus, et que notre gagne-pain n’est pas le résultat de notre propre hichtadlout (efforts fournis).
En faisant le lien entre la manne et le Omer (qui ont le même volume), la Torah nous montre qu’il n’y a en réalité aucune différence entre la façon de vivre dans le désert et en Erets Israël.
De la même manière qu’Hachem subvint à nos besoins dans le désert, Il resta notre source de revenus après cette période miraculeuse. La seule différence, c’est que nous ne méritons plus d’assister à des miracles dévoilés et qu’il nous faut donc fournir des efforts physiques pour gagner notre vie.

Le rav Yossef Salant (Béer Yossef) établit un autre lien entre la manne et le Omer. Il rapporte la guemara (Kidouchin 38a) qui affirme que la manne cessa de tomber quand Moché décéda, mais le peuple continua de manger ce qu’il leur restait jusqu’à ce qu’ils entrèrent en Terre sainte, le 16 Nissan.
C’est aussi la date à laquelle nous devons apporter le Omer. (le lendemain du 1er jour de Pessa'h, qui est le 15 Nissan).
Ainsi, chaque année, nous commençons à compter le Omer le jour où la manne cessa, pour nous enseigner que la subsistance symbolisée par le Omer est une suite de celle représentée par la manne.

Il poursuit en expliquant le rapport entre le Omer et Shavouot.
Jusqu’à présent, le Omer nous enseignait que notre gagne-pain provenait d’Hachem. Toutefois, cette prise de conscience ne suffit pas, nous devons également réaliser que la parnassa n’est pas une fin en soi, mais uniquement un moyen pour atteindre un but plus noble : celui de nous procurer la tranquillité d’esprit qui nous permettra de nous concentrer sur le service Divin et l’étude de la Torah, sans être accablé par les soucis de notre subsistance.
Ainsi, la Torah relie le compte du Omer à Shavouot, pour nous apprendre que le but de notre parnassa, représentée par le Omer, est de nous mener vers le don de la Torah, c’est-à-dire de nous permettre d’étudier et de respecter la Torah au mieux.
C’est pourquoi, durant 49 jours, nous comptons le Omer, et cela nous pousse à réaliser qu’Hachem est l’unique Source de subsistance et aussi, que le but est de nous permettre de nous rapprocher de Lui par l’intermédiaire de l’étude et de l’observance de Sa Torah.

-> Suite à cela, le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Les enseignements de la manne furent très pertinents à travers l’Histoire. À l’époque du prophète Yirmyahou, le peuple donnait priorité au travail plutôt qu’à l’étude de la Torah. Yirmyahou exhorta les juifs à faire de l’étude leur priorité. Les Bné Israël prétendirent qu’ils avaient besoin de travailler pour vivre. Yirmyahou leur apporta un récipient de manne qui était entreposé dans le Temple.
[voir Béchala’h 16,32, quand Moché demanda à Aharon de mettre ce récipient dans le Michkan comme rappel des enseignements de la manne pour les générations futures.]
Yirmiyahou leur montra qu’Hachem avait maintes façons de subvenir aux besoins de l’homme et qu’il lui fallait donc réaliser la futilité de la recherche de la matérialité.

Nous n’avons plus ce récipient de manne pour nous éveiller, mais il nous reste la mitsva du compte du Omer, elle est un rappel constant qu’il ne sert à rien de fournir plus d’efforts que nécessaire, puisqu’Hachem est l’unique Source de revenus.
De plus, elle nous rappelle que le but de la matérialité est de pouvoir se rapprocher d’Hachem.
[en ce sens, le Rambam explique que toutes les bénédictions physiques promises dans le Shéma si l’on respecte la Torah ne sont pas la récompense ultime. Hachem nous gratifie en nous donnant une source de revenus qui nous permettra de nous concentrer sur le spirituel, car la récompense réelle de l’observance des mitsvot est la possibilité d’accomplir d’autres mitsvot.]
Ces enseignements s’appliquent différemment chez chacun, il n’existe pas de "nombre d’heures précis" à consacrer au travail, à l’étude ou à d’autres activités spirituelles. Il convient cependant, durant cette période de Séfirat HaOmer (compte du Omer), de s’introspecter et de faire le bilan de notre implication dans le monde physique et spirituel.
Travaille-t-on plus que nécessaire? Durant les temps libres, se concentre-t-on plus sur le spirituel ou apporte-t-on du travail à terminer chez soi?
En se posant de telles questions, on peut espérer intérioriser les enseignements du Omer.

Puissions-nous tous mériter de recevoir notre subsistance sans difficulté, et avoir plus d’opportunités de nous rapprocher d’Hachem. [Amen! ]

Lag baOmer : la joie de découvrir la perfection humaine

+ Lag baOmer : la joie de découvrir la perfection humaine (par rabbi Nissim Yaguen) :

-> Le sens de la hilloula que nous faisons à Lag baOmer est selon les propos du Maharal que : "l'homme n'est qu'une torche de feu éternelle".
Nous ne comprenons pas le sens profond de ses propos, ce qu'est une torche de feu, ce qu'est l'éternité.
"Hachem, la Torah et le peuple juif". Nous n'avons aucune idée du sens de ces mots.

La raison pour laquelle nous sommes joyeux à Lag baOmer, c'est parce que nous voyons un homme qui a atteint la perfection, un homme qui de son vivant a engendré la situation que Hachem ne s'est jamais mis en colère contre le monde entier. Ô combien il est merveilleux qu'un homme ait pu atteindre de telles forces.
[...]

Une des coutumes où toute la maison d'Israël est très pointilleuse, est d'allumer des flambeaux lors de la hilloula de rabbi Chimon bar Yo'haï, le jour de Lag baOmer. Mais il faut se rappeler que le flambeau n'est pas l'essentiel, et il est interdit qu'il soit le point central de l'entourage. Celui qui veut voir du feu peut allumer le gaz de la cuisinière ... Il n'y a aucun intérêt à regarder le feu.

En revanche, si nous réussissons à voir dans le flambeau la sainteté, l'élévation, la rayonnante Présence Divine, alors ce feu a un sens et il est supérieur au plus haut point. Mais si nous ne voyons que des flammes, alors tout ce dérangement et ce chamboulement sont complètement inutiles ...

Lorsque les Américains ont envoyé des hommes sur la lune, le monde entier avait le souffle coupé. Tout le monde attendait avec impatience le retour des astronautes, ils craignaient pour leur vie du fait des très nombreux dangers. Le monde entier était uni. Même les Russes, qui étaient en guerre froide avec les Américains, ont annoncé qu'ils étaient prêts à fournir toute l'aide nécessaire en cas de besoin.
Et voilà que les astronautes, malgré tous les dangers d'une telle mission, revinrent sur terre sains et saufs! Incroyable! Avec quels honneurs ils ont été reçus! Quelle émotion! Une situation hors du commun!

Et ainsi Hachem envoie l'homme dans ce monde, qui est beaucoup plus dangereux que le cosmos ...
Ce monde est rempli de dangers, d'épreuves, de tentations, de tourments, et de façon naturelle, il faut un miracle pour le traverser en paix.

Cet endroit dangereux, l'homme n'y est pas envoyé un jour ou deux ... L'homme est envoyé dans ce monde 70 ans! L'âme descend à l'intérieur du corps dans un champ de mines, et à cette place elle doit s'adapter et survivre durant 70 ans! Peut-on comprendre cette tension considérable?

Et voilà que rabbi Chimon bar Yo'haï descend dans ce monde pour 70 ans, et il retourne en paix sans aucune éraflure. Il n'a pas trébuché pour le moindre péché. Il ne s'est jamais mis en colère, n'a jamais prononcé la moindre médisance, n'a jamais perdu une seconde de son temps sans étudier la Torah, rien!
Toute sa vie n'a été qu'un seul traité de perfection! Pouvons-nous nous imaginer la joie et l'émotion qu'il y avait dans les Cieux lorsque rabbi Chimon ba Yo'haï revint de sa dangereuse mission?

En effet, lorsque l'âme de rabbi Chimon bar Yo'haï retourna à sa source, Hachem descendit l'accueillir, et des myriades d'anges l'accompagnèrent. Lorsque toute l'armée céleste est descendue accueillir cette âme pure, il est évident que le feu s'est propagé : un feu de sainteté, un feu de pureté, de Hachem, des anges, un merveilleux feu spirituel!
Hachem s'est déplacé à la rencontre de son fils qui est revenu en paix de la dangereuse mission qui lui avait été confiée.

En souvenir de ce feu, nous allumons des flambeaux. Mais ces feux doivent nous rappeler leur source, le feu spirituel qui est descendu dans ce monde lors du décès du tsadik ...
Un feu de bois et de pétrole où grillent des pommes de terre, cela ne rappelle d'aucune façon un feu spirituel ...
Si nous ne voyons pas à travers les flambeaux le feu spirituel des Cieux, nous avons raté le coche, quel dommage!

Il en est de même pour le voyage à Méron (lieu de la sépulture de rabbi Chimon bar Yo'haï). Le voyage coûtant 20 shekels pour se rendre sur le tombeau du tsadik, n'est pas le but principal de la journée ...
Cependant, celui qui transcende et s'élève [en décidant d'améliorer ses actes] et essaye d'atteindre le rang élevé du tsadik, même s'il ne s'en approche que très peu, il pourra mêler sa prière aux mérites de la sainte sépulture [pour qu'elle soit agrée par Hachem].
Mais celui qui présume qu'il peut rester exactement le même, et qu'il lui est suffisant de se rendre à Méron et de danser avec la foule, se trompe complètement. Il serait préférable pour lui de rester à la maison.
[...]

La guémara (Soucca 45b) rapporte que rabbi Chimon bar Yo'haï a dit qu'il pouvait éviter au monde entier la sentence de la justice Divine. C'est-à-dire : il avait la possibilité de tellement réjouir Hachem, au point qu'Il ne se mette jamais en colère, et qu'aucune sentence ne soit rendue dans les Cieux!
L'homme a un merveilleux potentiel, difficile à imaginer.

A partir de là, nous devons tirer l'enseignement sur rabbi Chimon bar Yo'haï : il n'avait aucune trace de la moindre faute.

A propos du compte du Omer : "sept semaines entières (témimot)" (Emor 23,15)

-> Le midrach demande: "Quand les sept semaines sont-elles témimot?"
Et répond : "Lorsqu’on accomplit la Volonté de D."

=> La témimout (l’intégrité) consiste à annuler sa volonté devant celle du Créateur. Lorsque l’homme réalise cela, les semaines deviennent "entières" c’est-à-dire qu’il exploite son temps de façon optimale.
Plus encore, s’il efface ses propres intérêts devant ceux d'Hachem, il bénéficie d’une aide du Ciel qui accroit ses capacités au-delà de la normale et de façon surnaturelle.
[d'après le Collel de Sarcelles - feuillet communauté 5782]

La émouna en Rabbi Chimon bar Yo’haï = à la portée de tous!

+ Lag baOmer - La émouna en Rabbi Chimon bar Yo'haï (Rachbi) = à la portée de tous, même les plus simples :

-> Le Beit Aharon enseigne que celui qui a foi en Rabbi Chimon Bar Yo'haï (Rachbi) retirera une force de Rachbi, et de même que Hachem est D. pour tout le monde, Rachbi, également, est Rachbi pour tout le monde, même pour les juifs les plus simples. Ce qui signifie que chaque juif, quels que soient sa situation et l’endroit où il se trouve, peut tirer une grande force et une grande lumière de Rachbi.

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ceci est particulièrement vrai s'il accomplit le début des paroles du Beit Aharon et qu’il croit dans la force de Rachbi, lors de sa Hilloula à Lag BaOmer, et accomplit sa volonté qui est de beaucoup se réjouir en ce jour.
Une personne ou une communauté qui agirait ainsi bénéficiera d'une bénédiction abondante du Ciel.

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-> Rabbi Yéochoua de Belz rapporte à ce sujet, le verset (Vayétsé 30,2) où Ra'hel dit à Yaakov : "Donne-moi des enfants, sinon je mourrai", et que celui-ci lui répondit : "Suis-je à la place de Elokim?"
Et il explique l’intention contenue dans la réponse de Yaakov : "La émouna dans le Tsadik est différente de la émouna en Hachem : la émouna en Hachem a en effet le pouvoir de modifier les lois de la nature même si elle n'est pas absolument entière. En revanche, la émouna dans le Tsadik n'a de force que si la personne croit intégralement en lui. Comme tu as dit : "sinon je mourrai", cela traduit que tu n'es pas entièrement convaincue de ma force ; dès lors, je ne peux pas t'aider, parce que : "Suis-je à la place de Elokim" qui a le pouvoir de délivrer même lorsque l'on ne croit pas en Lui d'une émouna parfaite. Seule une émouna intègre dans la force du Tsadik peut opérer des miracles au-delà des lois naturelles".

Quoi qu'il en soit, le Rav de Belz conclut en disant que l'on peut lire le verset sous une forme affirmative (et pas seulement interrogative), soit : "Je suis à la place de Elokim", car "Hachem gazar vétsadik mévatél" (Hachem décrète et le Tsadik annule son décret - הקב''ה גוזר וצדיק מבטל).

La raison pour laquelle nous ne récitons pas la bénédiction de Chéhé'héyanou pour la mitsva du décompte du Omer est que cette bénédiction est toujours liée à une joie.
Or, le décompte du Omer est liée au sacrifice du Omer que l'on réalisait dans le Temple. Dès lors, cette mitsva nous éveille la peine de la destruction du Temple qui a entraîné qu'aujourd'hui nous n'apportons plus ce sacrifice.
[Baal haMaor]

Rabbi Akiva avait 12 000 paires de "talmidim", depuis la ville de Gabat jusqu'à la ville d'Antiprass, qui moururent tous à une même époque, parce qu'ils ne se respectaient pas les uns les autres.
Le monde fut dans la désolation (par l'oubli de la Torah après la mort des 24 000 disciples) jusqu'à ce que rabbi Akiva aille rejoindre nos maîtres du sud et transmettre sa Torah à rabbi Méïr, rabbi Yéhouda, rabbi Yossi, rabbi Chimon et rabbi El'azar ben Chamoa.
Ce sont eux qui ont maintenu (et renforcé) la Torah à cette époque.
Une braïta enseigne que tous (les 24 000 élèves de rabbi Akiva) moururent entre Pessa'h et Shavouot.

[guémara Yébamot 62b]

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=> Pourquoi rabbi Akiva avait 12 000 paires d'élèves, et non pas 24 000 élèves?

-> La raison est que rabbi Akiva, ce grand sage, avait perçu grâce à son inspiration prophétique (roua'h akodech) que ses 24 000 talmidim avaient un esprit de compétition et de "jalousie" qui pourrait les amener à ne pas se porter de respect mutuellement.
Rabbi Akiva a alors réparti ses élèves en 12 000 paires, c'est-à-dire en 12 000 groupes d'étude à 2, en prenant soin de choisir, dans chaque binôme, un étudiant "fort" en Torah et l'autre "faible" en Torah, de façon à ce que celui de bas niveau respecte celui de haut niveau pour l'enseignement qu'il lui dispense.
Malgré ces précautions, ce manque de respect mutuel a conduit au drame de leur disparition.
[Ben Ich 'Haï]

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=> Comment expliquer ce manque de respect mutuel?

-> Chacun des talmidim de rabbi Akiva ne se souciait pas de l'honneur de la Torah de son prochain, car le terme : kavod (honneur) est essentiellement lié à la Torah, pour laquelle ce verset dit : "Car la Torah est ta vie et la prolongation de tes jours" (Vayélé'h 30,20).
Ce qui explique que l'attitude peu respectueuse de ces talmidim envers autrui leur a coûté la vie.
[Maharcha]

-> Les élèves de rabbi Akiva ont péché par égoïsme : chacun ne pensait qu'à son étude et à sa réussite personnelle sur le plan spirituel, et chacun se désintéressait de la Torah acquise par ses compagnons d'étude et de leur progression.
En ne portant pas intérêt et en ne donnant pas de poids (kavéd, dont dérive le mot : kavod) aux efforts spirituels de nos compagnons d'étude, non seulement cette personne se prive d'un enrichissement personnel, mais de plus elle risque de décourager autrui et d'affaiblir le monde de la Torah, qu'Hachem nous en préserve.
[rabbi 'Haïm Chmoulévitch – Si'hot Moussar (si’ha 36)]

-> Il est certain que ces talmidim ont cherché à appliquer le principe fondamental de leur maître rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
C'est justement parce que les talmidim de rabbi Akiva étaient liés par un lien d'affection profonde entre eux, conformément au verset cité, qu'ils ont jugé inutiles et superflues les marques extérieures de politesse et de bonnes manières (nimouss).
Cette conduite a été considérée comme un manque de respect et ils ont été sévèrement sanctionné.
Ainsi, même les marques extérieures de respect envers autrui ont leur importance!

De plus, même si cette amitié mutuelle était si développée qu'ils étaient prêts sincèrement, en cas de nécessité, à se sacrifier l'un pour l'autre, quitte à mourir pour cela, ils se détournaient toutefois des "petites obligations" quotidiennes envers leurs compagnons d'étude.
Or, c'est dans ces détails ou "petites" choses que se manifestent la véritable personnalité et le véritable respect envers autrui et non dans les "grandes" choses plus spectaculaires.
[rabbi Moshé Miller - dans Chiour léYom HaShababth (p.143 et 268)]

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=> Pourquoi la disparition des élèves de rabbi Akiva s'est-elle produite entre les fêtes de Pessa'h et de Shavouot?

-> La période des 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot est un temps de compte du Omer (séfirat haOmer), où jour après jour, nous cherchons à nous élever de degré jusqu'à la 50e "porte" qui nous rend dignes de recevoir la Torah à la fête de Shavouot.
Ainsi, cette période est réservée au respect de la Torah et à l'intérêt qu'on lui porte.
Les talmidim de rabbi Akiva, en ne se conduisant pas avec respect entre eux, n'ont pas porté de respect à la Torah, c'est pourquoi ils ont quitté ce monde à la période entre Pessa'h et Shavouot réservée à ce respect.
[Maharal - Nétiv haTorah 12]

-> La période de Pessa'h et Shavouot est propice à la guérison et à la santé retrouvée, selon l'enseignement de Chmouel : "Toute boisson ayant la vertu de guérir est efficace entre Pessa'h et Shavouot" (guémara Shabbath 147b).
C'est pourquoi la guémara a voulu signaler que les élèves de rabbi Akiva sont décédés à cette période, par la Providence Divine, et non d'une mort naturelle, pour avoir manqué de respect à leurs compagnons d'étude.
[Maharcha]

-> Tout talmid (élève/disciple), au cours de son étude, reçoit une partie (celle qui correspond à sa néchama) de l'essence spirituelle de son maître (Rav).
Mais s'ils sont désunis, alors ils perdent l'influence que leur Rav aurait pu avoir sur eux et ils se mettent en danger.
C'est ainsi que les disciples de rabbi Akiva, malgré leur grandeur, étaient divisés par le fait qu'ils ne se portaient pas mutuellement le respect qu'il convient.
Ils ont donc empêché leur maître rabbi Akiva d'atteindre son but, c'est-à-dire de leur transmettre toute son essence spirituelle.
Quand est arrivée, après Pessa'h, la période réservée à la préparation du don de la Torah où la lumière de la sainteté brille et se renforce chaque jour, ils ont quand même maintenu leur attitude séparatiste et se sont donc mis en danger et ont ainsi quitté le monde à cette période.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.4,p.124]

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=> Les disciples (talmidim) sont-ils morts entre Pessa'h et Shavouot ou bien entre Pessa'h et le 33 jour du omer (lag baOmer)?

-> La mortalité a débuté le 16 Nissan, au second jour de la fête de Pessa'h, dès que l'on a commencé à compter les 49 jours du Omer. La mortalité a cessé le 33e jour (lag) du Omer.
[Tossefot Rabbénou Pérets]

-> La mortalité a duré 32 jours, du 1er au 33e jour du Omer, et a donc cessé le 33e jour du Omer.
Cette durée de la mortalité est en allusion dans la faute de : kavod (respect - כבוד) commise par les élèves de rabbi Akiva, puisque ce mot : כבוד a pour guématria : 32.
Bien que notre guémara dit que les 24 000 élèves sont morts entre Pessa'h et Shavouot, ce terrible décret a cessé à lag baOmer, c'est-à-dire que plus personne ne tomba malade et ne mourut après le 33e jour.
Seules ceux qui étaient déjà tombés malades avant le 33e jour (lag), date de l'annulation du décret (gzéra), sont morts entre lag baOmer et Shavouot.
[Maharil]

Si nous comptons le Omer avec bénédiction le soir uniquement, c'est parce que le compte du Omer permet d'affaiblir l'Attribut Divin de Rigueur qui s'exprime la nuit.

[Séfer 'Hayé Avraham - rapportant le Tsor haMor]

"Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

=> Ce n'est pas un grand principe uniquement dans la Torah, mais dans l’humanité en général, pourquoi alors dire : "ceci est un grand principe de la Torah"?

-> Rabbi Moché Pallier de Kovrin (le Dvach Hassadé) explique que celui qui étudie la Torah avec assiduité et profondeur, a lui aussi besoin de vérifier si son étude est authentique et agréée par le Ciel.
Il doit alors faire passer un test à sa Torah pour vérifier son intégrité. Ce test, c'est l’amour du prochain.

Si cet érudit constate que dans la vie de tous les jours, il considère l’autre, compatit avec lui, tente de l’aider au maximum et lui fait preuve d’intérêt pour lui, alors cela est l’indicateur que sa Torah est valable.

En revanche, celui qui se montre indifférent à autrui, n’essaie pas de l’aider et ressent pour lui de l'antipathie voire de la rancœur, alors même s’il s’adonne à l’étude de toutes ses forces, son étude ne sera pas acceptée.

=> Le test pour vérifier la valeur de notre étude, c’est l’amour du prochain.
"Tu aimeras ton prochain comme toi-même", c’est un grand principe dans la Torah, c’est-à-dire que c’est le grand principe pour prouver la qualité de la Torah d’une personne.

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-> Le Avné Ezel (l'auteur du Mayana chel Torah) explique que l’humanité sans la Torah n’en est pas une.
En effet, toutes les règles de respect de l’autre et de la vie humaine peuvent être bafouées si les intérêts des hommes s’y opposent. Même les civilisations les plus éclairées en sont venues au meurtre, au vol, et au pires cruautés, prétextant que la situation le recommandait.

=> L’amour de l’autre est un grand principe, quand elle émane de la Torah, qui est immuable et invariable.
Mais, l’humanité indépendamment de la Torah, n’est pas une valeur en soi, car elle ne tient pas et ne fait pas le poids face aux différents intérêts des individus, les poussant à faire ce que leurs cœurs désirent.

[seul la Torah provient de D., Créateur de tout, qui nous connaît mieux que nous-même.
L'homme est perverti par ses intérêts et son ignorance, et il est capable de tout justifier comme étant un bien ultime pour le monde. Je peux alors tuer, voler, ... car c'est pour la bonne cause! ]

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-> Le rav Mikaël Mouyal fait le développement suivant.

Le Ramban dit que tout celui qui ne croit pas dans le fait qu'absolument tout ce qui lui arrive est voulu et envoyé par Hachem, n'a pas de part dans la Torah.
Selon nos Sages, le principe essentiel de toute la Torah c'est la certitude que rien ne vient au hasard.

=> Quelqu'un qui a reçu un préjudice de son prochain, comment lui sera-t-il possible de l’aimer comme lui-même, comme s’il ne lui avait rien fait?

C’est uniquement lorsque l’on réfléchit au fait que tout vient d’Hachem et que ce préjudice ne lui est venu en vérité que parce que D. l’a décidé et l’a organisé, du fait de ses fautes, alors on n’en voudra pas à son prochain mais on essaiera de corriger ses fautes.
En réalité, son prochain ne lui a rien fait. Il n’a été que l'outil, le bâton entre les Mains d’Hachem, pour réaliser Son Décret.

=> Par cette réflexion, ni on haïra, ni on en voudra à celui qui lui a causé ce tord. Il sera alors possible de pouvoir en venir même à l’aimer.
Mais sans la foi en Hachem, comment ne haïra-t-il pas celui qui lui a fait du mal?

=> C’est à cela que Rabbi Akiva fait allusion. L’amour du prochain est un grand principe de la Torah, car seul celui qui a intégré le grand principe de la Torah qui est cette foi et cette certitude que tout vient d’Hachem, seule une telle personne pourra réussir à accomplir cette mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

Cette mitsva implique donc d’avoir intégré le principe fondamental de la Torah : rien ne peut m'arriver directement ou indirectement si Hachem ne l'a pas décrété.

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-> Le rav Mikaël Mouyal rapporte une autre explication.

Certains commentateurs montrent que l’amour du prochain permet la réalisation de toutes les mitsvot de la Torah, et n’est pas une mitsva isolée, comme une autre.
En effet, les 613 Mitsvot ne peuvent pas être toutes réalisées par chacun. Certaines mitsvot concernent le Cohen, d’autres concernent les juges, d’autres encore s’appliquent aux femmes, ou encore à des parents. De sorte qu’il n’est pas possible qu’un même individu réalise toutes les mitsvot.

Mais, il existe un conseil pour toutes les accomplir : c'est de faire UN avec toute la communauté.
Quand une personne s’unit avec tout le peuple au point de ne faire qu’une seule entité, alors il peut bénéficier des mitsvot de chaque juif.
Chaque mitsva réalisée par chacun lui sera aussi attribuée, car il est uni et lié à tous les juifs. Par cela, il pourra lui être considéré qu’il a accompli toutes les Mitsvot, même s’il n’est pas Cohen, ni juge, ...

=> Ainsi, l’amour du prochain est un grand principe "dans la Torah", car c’est le moyen de réaliser l’ensemble de toute la Torah.

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+ "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah.

Ben Azaï disait : "Ceci est l’histoire des générations de l’humanité : [lorsque D. créa l’homme, Il le fit à Sa propre ressemblance]" (Béréchit 5,1) : ceci est un principe plus grand encore.

[En effet, il en résulte : ] Que tu n’en vienne pas à dire : "Si j’ai été humilié, mon prochain peut l’être aussi", car sache qui tu cherches à abaisser : un être créé à l’image de Hachem."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

=> De même que la Torah est d'origine Divine, de même chaque juif doit être considéré avec le plus grand des respects puisqu'il a en lui une partie Divine : son âme ('hélék élokim!).

[nous respectons un Séfer Torah, alors combien infiniment plus devons-nous respecter notre prochain juif!]

=> De même que s'il manque à un Séfer Torah une seule de ses 304 805 lettres alors celui-ci n'est plus cacher, de même nous devons aimer chaque juif car il est indispensable à la réalisation optimale du peuple juif.

Seule la matérialité donne une impression de division, car en réalité tous les juifs composent tous un corps unique, dont chaque membre dépend l'un des autres.
Aimer autrui c'est donc s'aimer soi-même (car si un juif va bien alors la nation juive va bien, et par ricochet je vais bien!), surtout que dans notre génération une même racine d'âme peut se retrouver en morceau au sein de plusieurs personnes.

[un juif peut extérieurement mal se comporter, mais nous devons prier pour que cela s'en aille et qu'il puisse illuminer le monde par son attitude, car il a un apport uniquement à amener à l'histoire juive!]

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-> De même que chacune de nos actions doit se faire selon la Torah pour faire plaisir à Hachem, de même nous devons dépasser notre égo blessé pour préserver à tout prix la paix dans la famille juif, car quoi de pire pour des parents que de voir leurs enfants se disputer.

La vie est courte, alors sachons fermer les yeux pour la grandeur de notre papa Hachem.

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-> Un jour, un non-juif vint trouver Chamaï et lui dit : "J'accepte de me convertir à condition que tu m'enseignes toute la Torah pendant que je me tiens sur un seul pied".
Chamaï le repoussa avec sa règle de mesure.

Cet homme alla trouver Hillel, qui accepta de le convertir. Il lui enseigna : "Ce que tu hais, ne le fais pas à ton prochain : c'est là toute la Torah!"
[guémara Shabbath 31a]

-> Rachi commente : "Ce qui inclut le fait de ne pas voler autrui, de ne pas avoir de relations interdites et la majorité des autres mitsvot".

=> Comment comprendre qu'une mitsva "ben adam la'havéro" contient en elle les mitsovt vis-à-vis de D. (ben adam laMakom)?

-> Au-delà de ce qui a été vu précédemment, on peut rapporter l'enseignement du rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim).

Il est écrit dans la guémara (Kiddouchin 40b) : "A tout moment, l'homme doit considérer qu'il est à moitié coupable et à moitié méritant.
[...]
S'il accomplit une mitsva, heureux soit-il, car il aura fait pencher sa balance et celle du monde entier du côté des mérites ; et s'il commet une faute, malheur à lui, car il aura fait pencher sa balance et celle du monde entier du côté de la faute".

De même le Ram'hal enseigne : "Si l’homme s’élève spirituellement, l’univers entier s’élèvera avec lui, mais s’il s’abîme, l’univers entier s’abîme avec lui."

=> Quand un homme accomplit les mitsvot de la Torah, il se sanctifie lui-même et suscite ainsi un nouvel apport de sainteté dans le monde, et en conséquence, le bien règne davantage parmi les hommes.
Inversement, lorsqu'un homme faute, l'impureté s'intensifie, et le mal avec elle.

==> Il en résulte que personne n'est plus nuisible au monde que celui qui commet des fautes.
C'est pourquoi même les mitsvot qui sont à priori sans lien avec notre prochain sont tout de même incluses dans le principe de Hillel : ""Ce que tu hais, ne le fais pas à autrui!"

"Et lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera lui-même 7 jours ...
Le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement." (Métsora 15,13-15)

-> La paracha Métsora se termine en détaillant les étapes nécessaires pour un zaz (celui qui est affligé d'un écoulement de matière séminale ["zaz" : masculin, et "zaza" : féminin, avec tout ce qui est lié aux lois de pureté familiale]).

Ces 3 versets disent :
- 1er étape = verset 13 : "lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera pour lui-même 7 jours à partir de cette interruption, puis il lavera ses vêtements et immergera sa chair dans l'eau vive, et il deviendra pur."
- 2e étape = verset 14 : "le 8e jour, il prendra pour lui-même 2 tourterelles ou 2 jeunes colombes et il viendra devant Hachem ..."
- 3e étape = verset 15 : "Les Cohen les fera, l'un comme offrande de faute et l'autre comme offrande d'élévation, et le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement ".

-> Rabbi Guershon Henoch de Radzin fait remarquer qu'il y a des similitudes entre ces 3 versets et le processus de purification des juifs lorsqu'ils sont sortis d'Egypte.

Il y a 49 mots dans ces versets, en correspondance avec les 49 jours entre la sortie d'Egypte et le don de la Torah à Shavouot, durant lesquels les juifs sont passés du 49e niveau d'impureté au 49e niveau de pureté, se purifiant totalement jour après jour.
A l'image du zaz, chaque année pendant la période du Omer (49 jours entre la fin de Yom Tov de Pessa'h et Shavouot), nous travaillons à élever notre niveau spirituel.

Par ailleurs, on peut remarquer que :
- le 33e mots de ces 3 versets est : "moéd", qui renvoie à Lag baOmer (le 33e jour du Omer), qui est un jour de moéd (fête) pour les juifs.

- le 29e mot est : "Hachem", en allusion au fait que le 29e jour du Omer est celui de Pessa'h Chéni, et selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

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-> Le Zav est un homme qui a eu des écoulements anormaux. Les 3 versets (Métsora 15,13-14-15) qui décrivent sa purification, contiennent en tout 49 mots, allusion aux 49 jours du Omer, qui s'étendent de Pessa'h à Shavouot. Ainsi, la Torah fait allusion que cette période du Omer est également une période de purification et de progression spirituelle, à l'image du Zav qui doit se purifier.
La Torah dit ici que la purification du Zav dure 7 jours, allusion aux 7 semaines de purification du Omer. Et si c'est l'impureté des écoulements qui est la référence pour la période du Omer, c'est que cette période est propice pour se repentir et corriger les fautes commises par la Brit, telle que la faute d'entraîner des écoulements, D. préserve.
[Pardes Yossef]