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Les mitsvot = le plaisir de passer d’une réalité matérielle à spirituelle

+ Les mitsvot = le plaisir de passer d'une réalité matérielle à spirituelle :

-> Le plaisir que nous procure ce monde physique ne provient pas de la matérialité elle-même, mais de l'étincelle de spiritualité qui l'habite.
Alors que les gens ont tendance à avoir l'impression que la matérialité est agréable, c'est le contraire qui est vrai. La matérialité interfère avec le plaisir. Moins il y a de matérialité, plus il y a de plaisir.
Si c'est le cas, la façon d'obtenir plus de plaisir de tout ce qui est physique/matériel est d'élever la matérialité et de la transformer en quelque chose de spirituel.
Lorsque l'on fait cela, la matérialité n'interfère pas avec le plaisir, mais devient plutôt un canal pour celui-ci. Tel est le secret du plaisir.
Hachem est le plaisir [ultime], et plus Il est présent, plus l'expérience sera agréable.

Comment transformer la matérialité en spiritualité?
La Torah est le livre d'instructions pour transformer ce monde physique en quelque chose de spirituel.

En se rapportant au monde matériel conformément aux instructions de la Torah, nous rendons le monde matériel spirituel.
Faire des bénédictions sur la nourriture, par exemple, transforme la nourriture d'un objet physique en un récipient de spiritualité et augmente par conséquent le plaisir que l'on éprouve à la manger.
Manger de la nourriture le Shabbat, ou conformément aux halakhot de casherout, élève la nourriture physique, la transformant en un objet de spiritualité et de plaisir.
Les mitsvot sont les moyens d'accroître le plaisir dans ce monde, et une vie de Torah est incroyablement agréable.

Que se passe-t-il si l'on n'éprouve pas de plaisir à accomplir les mitsvot? Comment expliquer cela?
Si l'on n'éprouve pas de plaisir à réaliser les mitsvot, la raison en est que notre propre réalité physique, notre corps, s'y oppose.

Il y a deux façons d'aborder la avodat Hachem : l'une est que la Torah est ce que nous gardons. L'autre est que la Torah est ce que nous sommes.

Lorsque la Torah est ce que nous gardons, nous la suivons parce qu'elle est importante pour nous, mais il s'agit essentiellement de règles, une succession d'obligations.
C'est un système extérieur à nous-mêmes autour duquel nous construisons notre vie.

Cependant, il existe une autre façon d'aborder la Torah, qui considère que la Torah n'est pas une question de règles, mais qu'elle permet d'établir un lien avec Hachem.
À ce niveau, la Torah n'est pas ce que nous faisons ou ce autour de quoi nous construisons notre vie, c'est ce que nous sommes.
Dans cette approche, la Torah est la vie elle-même, et non pas simplement une valeur dans notre vie.
Enfreindre la halakha, c'est nous enfreindre nous-mêmes, puisqu'elle est l'essence même de notre être. Et observer la Torah, c'est vivre vraiment la vie, puisque notre vie même est Torah.

La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" (observer) la Torah. Il s'agit d' "être" la Torah.
En fait, c'était exactement la mida de Moché Rabbénou. La Torah dit que Moché était un "anav mikol adam" (le plus humble des hommes - Béaaloté'ha 12,3).
C'est précisément parce qu'il n'était pas rempli de lui-même qu'il pouvait devenir saturé de Torah (de spiritualité).
Moché dit à Hachem : "Mi ano'hi" (qui suis-je?) et Hachem répond : "Eyé im'ha" (Je serai avec toi).
C'est précisément parce que Moché a dit " mi ano'hi " qu'Hachem a pu " être avec " lui.
Moché était le paradigme du serviteur d'Hachem, car il n'y avait rien d'autre pour lui que la Torah.
La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" la Torah, mais à "être" la Torah elle-même.

Pour ressentir le plaisir des mitsvot, nous ne pouvons pas nous contenter d'observer la Torah, notre corps nous en empêcherait. Si nous voulons ressentir le plaisir de la Torah, nous devons devenir la Torah, c'est-à-dire permettre à la Torah de nous changer et de nous modeler.
Plus nous devenons ce qu'est la Torah, plus nous ressentirons le plaisir des mitsvot que nous accomplissons.
Mais si la Torah reste seulement ce que nous faisons, et que ce que nous sommes reste essentiellement le même, nous n'éprouverons que peu de plaisir, car notre corps nous en empêchera.
Plus nous changeons en observant les mitsvot, plus les mitsvot nous procurent du plaisir.

Hachem est la source de tout plaisir. Si nous nous saturons de Torah (et de ses mitsvot), nous nous saturons de Son essence, et nous aurons du plaisir même si nous souffrons.
La vie est plus agréable lorsque notre vie est Hachem.

Dans ces conditions, les périodes difficiles de notre vie sont en fait celles qui offrent le plus de possibilités de plaisir. Puisque le plaisir vient du fait de modeler notre corps à la Torah, plus l'effort pour garder la Torah (et ses mitsvot) est grand, plus la Torah nous change, et plus nous éprouvons de plaisir.
[ Hachem nous a donnés des mitsvot par le biais desquelles nous façonnons une nouvelle réalité de nous-même plus spirituelle, les mitsvot nous permettent de faire ce lien entre le matériel et le spirituel, et d'ainsi se connecter le plus possible avec Hachem, ce qui provoque la plus grande joie possible. ]

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Chémot 5702 (1942) ]

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-> Par essence, tous les plaisirs de ce monde proviennent d'Hachem Lui-même, et par conséquent, s'engager dans le plaisir physique (de ce monde) à travers la ligne directrice de la Torah fournit le plus grand accès au plaisir et les plus hauts niveaux de plaisir dans ce monde.
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shavouot 5685]

-> "Il est impossible d'obtenir le plaisir des plaisirs supérieurs (noam el'yon) sans monter de niveau (chéyél'hou mé'hayil el 'hayil) ... parce que le plaisir principal est de révéler la sainteté, et toute personne qui court après le plaisir et le désir dans ce monde est seulement [due au fait que] son âme n'a pas ressenti le plaisir de révéler la sainteté et qu'il (le plaisir) est vide".
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shouva 5690]

-> L'idée est que l'observance idéale de la Torah ne consiste pas simplement à respecter les mitsvot (Hachem n'ayant besoin de rien!), mais plutôt à devenir après chaque mitsva une personne davantage élevée spirituellement.

"Vous serez pour Moi un royaume de prêtres (cohanim) et une nation sainte" (Yitro 19,6).
Le rabbi de Piaseczno fait référence au midrach (voir Tana déBé Eliyahou Zouta - chap.4), qui souligne que la directive d'Hachem "tiyou li" (litt. soyez pour moi) ne concerne pas l'action mais l'essence, dans le sens où la Torah n'est pas destinée à être un simple code de conduite, mais plutôt elle permet de développer une personne.

[Hachem nous a créé avec des ressources à notre naissance, mais durant toute notre vie, par le biais d'une vie selon la Torah, on devient un être totalement différent, on va tendre davantage vers la spiritualité (nous n'aurons pleinement conscience de ce que nous sommes devenus par une vie juive, qu'après notre mort, où le matériel ne limitera plus notre perception du spirituel). ]

Quelques avantages des mitsvot

+ Quelques avantages des mitsvot (Introduction du Méam Loez (tome n°17) - Dévarim) :

1°/ Celui qui réalise les mitsvot fait résider la Présence Divine (ché'hina) sur terre.
La bénédiction régnera sur toutes choses, et ceci réjouira le monde entier.
Même les réchaïm seront bénis par le mérite des tsadikim qui observent les mitsvot.

En Haut, il existe un lieu particulier où résident des anges armés qui protègent Israël des nations du monde. Lorsque les non-juifs promulguent de mauvais décrets contre le peuple juif, ces anges les punissent.
Ils protègent Israël par le mérite de son empressement à accomplir les mitsvot.

Si les juifs sont négligents dans l'observance des mitsvot, D. nous en préserve, d'autres anges sont prêts à voler à l'aide des nations du monde lorsqu'elles émettent des décrets préjudiciables contre Israël.
Ils brisent le pouvoir du mazal d'Israël afin que les nations puissent les vaincre. Ils détruisent également la force des anges qui veulent faire du bien à Israël.
La Présence Divine quitte alors le peuple juif et la terre est maudite de toutes les façons possibles.
Une force de destruction règne alors dans ce monde et cause de graves dommages. Alors, l'univers ne connaît plus de joie.

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2°/ Même lorsque D. émet un mauvais décret, le tsadik est capable de l'annuler grâce aux mitsvot qu'il accomplit.

3°/ Aucune mauvaise nouvelle n'est annoncé d'en-Haut, car il est écrit : "Celui qui observe les mitsvot ne connaîtra pas de mal" (Kohélét 8,5).
En d'autres termes, celui qui accomplit les misvot et attend avec impatience le moment de les réaliser ne connaîtra rien de mal.
D'en-Haut, il ne lui sera annoncé que de bonnes nouvelles.

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4°/ L'homme qui observe les mitsvot aura une longue vie.

Il ressemble à un homme qui se noie et auquel un ami lance une corde.
"Saisis cette corde et ne crains rien!" lui crie-t-il. Celui qui accomplit les mitsvot ressemble à un homme qui s'accroche à une corde. Il n'a pas à craindre la mort.

Il est écrit : "Vous qui êtes attachés à Hachem votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Dévarim 4,4).
Si vous êtes attachés à Hachem votre D. et que vous observez Ses mitsvot, vous vivrez longtemps.
[...]
D. aime tant les juifs qu'Il les entoure de bonnes actions. Partout où nous allons, nous trouvons des mitsvot à accomplir.

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5°/ Si un juif observe une mitsva dans un but désintéressé et sans motifs ultérieurs, la Présence Divine se reflète sur son visage et les gens acceptent ses paroles.

De plus, quiconque le regarde est empli de crainte. Même les animaux le craindront et ne s'approcheront pas de lui.
Lorsque Daniel a été jeté dans la fosse aux lions, les bêtes ne se sont pas approchés de lui pour lui nuire.

Cependant, si un homme est plongé dans la faute, l'image Divine disparaît de son visage. Comme la Présence Divine l'a quitté, personne ne le craint.
Lorsqu'il fait des remontrances, ses paroles ne sont pas écoutées.
Même les bêtes sauvages ne le craignent pas : à leur yeux, il est semblable à un animal et elles pourraient le tuer et le dévorer comme l'un des leurs.

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6°/ Le mérite des mitsvot protège l'homme de tout mal.

Même si un décret néfaste a été émis contre lui en Haut, une mitsva qu'il a accompli peut le soutenir, sur le moment et dans le futur.
Les mitsvot sont donc comparables à un bouclier : comme un bouclier protège l'home des flèches pendant le combat, les mitsvot qu'un homme a accomplis le protègent des malheurs décrétés en Haut.

Cette personne ressemble à un arbre possédant peu de branches mais de nombreuses racines.
Si touts les vents du monde soufflent, ils n'arriveront pas à l'arracher car les racines qui plongent dans les profondeurs du sol sont très solides.
De même, l'homme qui observe les mitsvot n'a pas à craindre les [mauvais] décrets célestes.
[...]

En plus de cela, D. ne le laissera pas en venir à la faute.

Imaginons une personne qui avance dans un lieu obscur et qui redoute de se blesser sur des épines et des ronces.
Si elle tient une lampe, elle peut marcher sans crainte là où elle désire.
Les mitsvot ressemblent à une lampe, comme il est écrit : "La mitsva est une lampe et la Torah est lumière" (Michlé 6,13).
Les mitsvot illuminent la voie de l'homme afin qu'il n'en vienne pas à fauter.
[...]

L'homme qui accomplit les mitsvot à la perfection, par amour et non par crainte de la punition, mais simplement parce que D. les a ordonnées et qu'il ne faut pas désobéir à Ses ordres, possède une valeur très grande. Le mérite des mitsvot le protégera pendant 2 000 générations, car il est écrit : "[D.] accomplit des actes de bonté pendant 2 000 générations pour ceux qui L'aiment et qui accomplissement Ses mitsvot" (Dévarim 7,9).

Cependant, pour ceux qui accomplissent les mitsvot par crainte [d'être punis], D. n'agit avec bonté que pendant 1 000 générations.

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7°/ L'homme qui observe les mitsvot est si cher à D. qu'Il dit de lui : "Le monde entier n'a été créé que pour cet homme".

Le seul but de la Création était de créer un homme juste qui observe les mitsvot ... Les anges eux-mêmes n'ont été créés que pour prodiguer le bien à cet homme. Par conséquent, les hommes justes sont plus importants que les anges.

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8°/ Chaque fois qu'un homme accomplit une mitsva, un ange est créé.
Cet ange prend sa défense et dit : "J'appartiens à cet homme qui m'a créé en observant tel et tel mitsva".
Hachem garde cet ange en face de Lui et le regarde afin de faire du bien à l'homme.
[...]
Cependant, le contraire est vrai aussi. Chaque fois qu'un homme commet une faute, un mauvais ange est créé.
Il se présente devant D. et dit : "J'appartiens à tel homme. J'ai été créé par telle faute qu'il a commise".
D. tient cet ange et le regarde afin de se souvenir de cet homme et de le détuire.
[d'où l'importance de rapidement faire téchouva sur nos fautes]

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9°/ Il faut savoir qu'avant de venir dans ce monde-ci, l'âme se trouve, certes au Gan Eden, mais elle ne peut ni voir ni goûter l'éclat de la Présence Divine qui est extrêmement intense.

Cependant, après être descendue en ce monde, chaque bonne action que l'homme a accomplie devient un vêtement pour son âme.
Grâce à cet habit, l'âme est capable de percevoir l'éclat de la Présence Divine.
Si un homme contemplait le soleil, il deviendrait aveugle, mais s'il le regarde en protégeant ses yeux d'un tissu, cela lui devient possible.
[ainsi, nous devons aborder chaque mitsva comme une opportunité de pouvoir davantage percevoir Hachem dans l'éternité du monde à venir.]

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-> b'h,lire également : https://todahm.com/2020/07/20/14162/

"Ils avoueront la faute qu'ils ont commise" (Nasso 5,7)

Dans ce passage (v.5,6-8), la Torah traite de la lourde faute commise envers Hachem par tout individu retenant de façon illicite le bien d'autrui (emprunt, vol, non-paiement d'un salaire, ...).
=> Pourquoi la mitsva de l'aveu des fautes, qui constitue la mitsva de téchouva (repentir), a précisément été dite/associée concernant la faute du vol?

-> En réalité, Hachem dépose des forces, des potentialités et de la vitalité en chaque personne.
Lorsqu’un homme faute, il prend ces forces que Hachem lui a donné et il les dévie de leur objectif qui est de faire la Volonté Divine.
Toutes les forces lui ont été attribuées pour faire Sa Volonté, et lui il les utilise pour la transgresser. En cela, chaque faute constitue un vol.

=> L’homme vole cette vitalité qui lui vient d’Hachem, et c'est donc sur cette interdiction de voler que la Torah formule la mitsva de l’aveu et de la Techouva.

['Hidouché haRim]

[Avant de naître nous jurons de venir dans ce monde afin d'y réaliser la Volonté de D., et à la fin de notre vie nous devrons tous en faire un bilan. Est-ce que les moyens/forces de vie que D. nous a octroyées ont été correctement utilisés?
L'association du vol (pratique) et du repentir (plus théorique), nous permet d'imager et de prendre davantage conscience de la gravité de ne pas exploiter notre vie au mieux.]

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-> "Ils avoueront leur faute" (Nasso 5,7)

-> Ce verset fait état de la Mitsva du Vidouï. Quand un homme a commis une faute et décide de faire téchouva, il devra ensuite la reconnaître et l'avouer verbalement devant Hachem.
Ce verset évoque la situation d'un homme qui a volé de l'argent à son prochain, en l'occurrence un converti. On peut se demander pourquoi la Torah a choisi la faute du vol pour nous apprendre le principe de la Techouva qui concerne toutes les fautes.

En fait, chaque faute (avéra) contient une dimension de vol. En effet, Hachem nous donne tout ce dont on dispose, notre santé, notre argent, nos forces. Il nous les a confiés dans le but de les utiliser pour faire Ses Mitsvot. A chaque fois qu'il commet une faute, l'homme utilise les forces et les moyens que Hachem lui a donnés, pour transgresser Sa Volonté.
En cela, à chaque fois qu'il en commet une, il est en train de voler les forces que Hachem lui a confiées avec grande Bonté, et les utilise contre Lui. C'est en pensant à cela que l'homme pourra ressentir la gravité de son acte et se repentir avec une plus grande sincérité.
C'est pourquoi, la Torah a choisi le vol pour enseigner le principe du repentir.
['Hidouché haRim]

Tsadik et racha sont récompensés dans le monde qu’ils jugent comme principal

+ Tsadik et racha sont récompensés dans le monde qu'ils jugent comme principal :

"Le Rocher, Son oeuvre est parfaite, car toute Ses voies sont justice ; D. de fidélité et sans iniquité, Il est juste et droit" (Haazinou 32,4)

-> Rachi commente : "Hachem récompense les justes dans le monde à Venir. Bien qu'Il retarde leur récompense, Il finira par accomplir Sa parole ; [inversement], Hachem récompense les réchaïm pour toutes les bonnes actions qu'ils accomplissent dans ce monde".

-> Le Maharal (Gour Aryé) explique :
Il est normal qu'Hachem récompense les justes dans le monde à Venir et les fauteurs dans ce monde-ci, car Hachem récompense une personne dans le monde qu'elle considère comme principal.

Les actes d'une personne révèlent ce qu'elle considère comme étant le monde principal.
Ceux qui s'engagent dans des activités spirituelles et négligent leurs besoins matériels considèrent manifestement le monde à Venir comme principal/primordial. Ils n'utilisent ce monde que pour accumuler des mérites en vue du prochain monde.
En revanche, ceux qui ne sont jamais satisfaits de leur situation matérielle dans ce monde et qui ne reculent devant rien pour l'améliorer considèrent manifestement ce monde comme leur monde principal.
Les tsadikim comme les fauteurs méritent d'être récompensés dans le monde qu'ils considère comme principal.

Une autre raison pour laquelle les tsadikim ne sont pas récompensés dans ce monde est qu'un travailleur n'est payé que lorsque son travail est terminé, comme l'enseignent nos Sages (Baba Métsia 65a) : "les salaires ne sont payés qu'à la fin".
Les tsadikim (justes) passent leur vie dans une quête sans fin pour servir Hachem, et leur travail ne s'achève qu'à leur mort. Ainsi, un tsadik n'est récompensé que par le "fruit" de son travail dans ce monde, mais la récompense principale l'attend dans le monde à Venir, une fois son travail achevé.

En revanche, une personne fauteuse passe sa vie à rechercher sans cesse des plaisirs matériels. Lorsqu'elle accomplit une mitsva, elle marque une pause dans ses activités généralement vides de sens.
Pour un fauteur, chaque mitsva est une entité distincte et séparée et ne fait pas partie de la mission de toute une vie. Ainsi, sa récompense est due à la réalisation de chaque mitsva individuelle pendant qu'il est encore dans ce monde.

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=> Un juste est récompensé dans le monde à Venir parce que c'est son monde qu'il considère comme essentiel/principal.
Un fauteur est également récompensé dans son monde principal, ce monde-ci.
De plus, une personne juste (tsadik) est constamment engagée dans des mitsvot, et elle n'achève son travail spirituel qu'à son entrée dans le monde à Venir (où elle recevra son salaire).
Cependant, une mitsva est un acte distinct pour un pécheur et son paiement est dû immédiatement après chaque mitsva.

Une pluie de mitsvot

+++ Une pluie de mitsvot :

"Je donnerai la pluie en son temps" (Bé'houkotaï 26,4)

-> Le contexte du verset implique qu'il fait référence à la récompense pour l'observance des mitsvot, mais cela est difficile à comprendre. En effet, nos Sages (guémara Kidouchin 39b) n'enseignent-ils pas que dans ce monde, il n'y a pas de récompense pour une mitsva?

Nous pouvons répondre en nous basant sur ce qui est dit dans les Pirké Avot (4,2) : "La récompense d'une mitsva est une autre mitsva".
Cela signifie que, puisqu'il ne peut y avoir de véritable récompense pour la réalisation d'une mitsva dans ce monde, sa seule récompense peut être la possibilité d'accomplir une autre mitsva ; cette mitsva en entraîne une autre dans son sillage.

Telle est donc la signification sous-jacente de la promesse "Je vous donnerai la pluie en son temps". La pluie apporte des bénédictions au monde et le rend plus prospère sur le plan matériel, ce qui permet à chacun de faire la charité. Le verset exprime ainsi le principe selon lequel la récompense d'une mitsva est une autre mitsva, car une mitsva entraîne une autre mitsva dans son sillage.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Bé'houkotaï 26,4 ]

=> Ce monde matériel intrinsèquement limité est incapable d'offrir une quelconque récompense pour l'accomplissement d'une mitsva, dont la valeur est véritablement illimitée.
La seule véritable récompense réside dans le fait que d'abondantes bénédictions matérielles nous permettent de transformer cette nouvelle abondance en mitsvot supplémentaires.

"Là [Hachem] lui donna un décret et une loi, et là, Il le mit à l'épreuve" (Béchala'h 15,25).
Ici Hachem enseigna à Moché que l'homme observant les mitsvot n'est plus soumis aux lois naturelles.
S'il se conforme à la Torah, il est capable de transcender la loi de la nature.
[Méam Loez - Pirké Avot - Introduction]

Dire le « léchem yi’houd » avant une mitsva

+ Dire le "léchem yi'houd" avant une mitsva :

-> Chaque mitzva comporte des accusateurs (mékatrégim) et des anges de destruction, des forces qui cherchent à "s'attacher" aux mitsvot qui sont accomplies.
Lorsque l'on dit le "léchem yi'houd", on proclame l'unicité d'Hachem d'une manière qui atteint le monde d'en-Haut, ce qui fait que la mitsva est "tamir véné'élam" (cachée et dissimulée) de ces forces.
Cela les empêche d'avoir un quelconque contrôle sur les mitsvot accomplies par la suite.

-> Le Arizal explique que nous disons [dans le lechem yi'houd] : "bid'hilou" (avec crainte) avant "our'himou" (avec amour), car au début, une grande crainte s'abat sur une personne et elle sert Hachem avec inquiétude et crainte. Par la suite, elle est rempli de joie de pouvoir servir Hachem, et elle peut alors servir Hachem avec amour.

-> Ensuite nous disons : "léya'héd chem ..." (pour unifier le nom youd-hé (יה) avec vav-hé (וה) dans une unité qui est complète) :
Le rabbi Israël de Rouzhin (Bé'ha Yévarech - Bo) explique ceci comme suit : en hébreu, les mots : אכילה (a'hila - la nourriture), שתיה (chtiya - la boisson) et שינה (chéna - dormir), contiennent tous les lettres du Nom d'Hachem, Yud-hé (יה). [le matériel]
En revanche, les mots תורה (Torah), עבודה (avoda - service Divin) et מצוה (mitsva), contiennent tous les lettres du nom d'Hachem, Vav-hé (וה). [le spirituel]
Cela nous enseigne qu'il faut servir Hachem à la fois par la Torah et la prière, et par la nourriture et la boisson ; l'un sans l'autre n'a pas de sens.
C'est l'intention du "léeya'héd chem youd-hé Bevav-hé", de combiner le spirituel et le matériel au service d'Hachem.

-> Ensuite : "béchem kol Israël" (au nom de tout le peuple juif) :
Le Noam Elimélé'h (Dévarim) pose la question suivante. Comme le dit le verser : "Il n'y a pas de juste ... qui fasse [uniquement] le bien et ne commette pas de faute" (Kohélet 7,20).
Dans ce cas, comment peut-on utiliser ses membres pour des actes de sainteté alors que l'on a commis une transgression avec l'un de ces membres? Comment la sainteté peut-elle résider dans une personne souillée par la faute?
La réponse est que l'on s'inclut dans la collectivité d'Israël, le peuple juif en tant qu'unité ; cette unité est exempte de tout défaut, puisque le peuple juif dans son ensemble est juste, comme le dit le verset : "véamé'ha koulam tsadikim" (Ton peuple est composé que de justes - Yéchayahou 60,21).
Avant de réaliser une mitsva, on s'attache au klal, ce qui purifie le membre qui accomplit la mitsva, et on peut alors accomplir la mitsva correctement.

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-> Selon le Tiféret Shlomo :
Chaque mitsva que l'on accomplit s'accompagne de nombreuses kavanot. Les grands tsadikim connaissent un grand nombre de ces kavanot et sont toujours en train de trouver de nouvelles façons de comprendre les mitsvot.
Alors que beaucoup ne peuvent pas le faire, nous disons une prières (le léchem yi'houd koud'cha béri'h ou) selon laquelle nous devrions être méritants pour accomplir la mitsva de tout notre cœur, et alors toutes les kavanot qui sont censés accompagner la mitsva sont considérées comme étant présentes.

La mitsva doit être accomplie "lechem kol Israël", comme le Arizal dit qu'avant la prière, on doit avoir la kavana pour accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, car si une personne est complètement liée au reste du peuple juif et qu'elle prie également pour tout le peuple juif, ses prières seront certainement exaucés.
Si quelqu'un accomplit une mitsva en tant que membre du peuple juif tout entier, alors dans sa mitsva il a aussi les kavanot du peuple juif, qui élèvent sa mitsva.

Le cœur, la kavana dans les mitsvot = l’élément essentiel

+ Le cœur, la kavana dans les mitsvot = l'élément essentiel :

-> La Torah nous enseigne qu'une personne qui tue intentionnellement est condamnée à mort, tandis qu'une personne qui tue accidentellement est exilée dans une ville de refuge (Massé 35,11).

Rabbénou Bé'hayé (sur Massé 35,11) dit que nous voyons par là que nos pensées, plutôt que nos actions, sont la composante essentielle de la Torah et des mitsvot. Puisque son cœur n'était pas impliqué dans l'acte, celui-ci n'était pas considéré comme une véritable faute.
Rabbénou Bé'hayé affirme que cela est également vrai pour les mitsvot positives (agir selon la volonté d'Hachem). Si nous manquons de kavana lorsque nous accomplissons les mitsvot, dans une certaine mesure, c'est comme si nous n'avions rien fait.
[d'une certaine façon, de même que si on porte atteinte à autrui on dira : "ce n'est pas voulu, je n'ai pas fait exprès!", de même lorsqu'on fait les mitsvot sans notre cœur, c'est comme si on exprimait : "certes extérieurement j'ai fait cette mitsva (ex: par habitude machinale, par regard des autres, ...), mais mon vrai moi (mon intériorité, mon âme/cœur) n'y est pas vraiment impliqué!" ]

Le rav Avraham 'Haïm Shor (Torat 'Haïm - Sanhédrin 106b), en explique la raison : la néchama (âme) d'une personne étant située dans son lev (cœur), les actions réalisées sans lui sont comme des mitsvot accomplies par une personne morte.

A partir du moment où un acte est une mitsva, notre yétser ara le rend plus difficile à réaliser

+++ A partir du moment où un acte est une mitsva, notre yétser ara le rend plus difficile à réaliser :

"Chacun craindra sa mère et son père, et vous observerez Mon Shabbath. Je suis Hachem, votre D." (Kédochim 19,3)

-> Rachi commente : "La mère a ici priorité sur le père (en étant mentionnée avant), car il est manifeste devant Hachem qu’un fils est plus porté à craindre son père que sa mère (Kidouchin 30b-31a).
En revanche, pour ce qui est de l’honneur, la Torah (Yitro 20,12) a donné priorité au père, car il est manifeste devant Lui qu’un fils est plus porté à honorer sa mère que son père, car elle le câline par des paroles de tendresse."

-> Le Maharal (Gour Aryé) commente :
La Torah mentionne la mère en premier dans ce verset pour nous enseigner que nous devons être particulièrement attentifs à la mitsva de craindre sa mère, qui est intrinsèquement plus difficile que de craindre son père. Cette vigilance supplémentaire est justifiée car toute mitsva que l'on trouve difficile à accomplir nécessite une plus grande attention.

Cependant, les mitsvot difficiles ne sont pas les seules à nécessiter de la vigilance. Même les mitsvot apparemment "faciles" exigent un effort, comme le montre la formulation de l'interdiction de consommer du sang. La Torah nous dit : "Tu te fortifieras pour ne pas manger de sang" (Réé 12,23). Rabbi Shimon Ben Azaï commente : "La Torah nous enseigne à quel point nous devons nous fortifier dans [toutes] les mitsvot. Si nous devons nous renforcer pour ne pas manger de sang, pour lequel nous avons une aversion naturelle, combien plus devons-nous nous renforcer pour les autres mitzvos". [Rachi - Réé 12,23]

=> Pourquoi est-il nécessaire de se renforcer pour éviter un acte que nous trouvons répugnant?
La réponse est que même les actes que l'on trouve normalement répugnants deviennent attrayants lorsqu'ils sont interdits par la Torah, comme l'a dit le roi Shlomo : "Les eaux volées deviennent douces" (Michlé 9,17).
Lorsqu'il nous séduit pour fauter, le mauvais penchant nous incite à commettre des actes que nous n'aurions jamais envisagés sans une interdiction de la Torah.

Cela permet de mieux comprendre la déclaration de nos Sages (guémara Baba Kama 87a), qui enseignent : "Celui qui reçoit l'ordre de faire une mitsva et qui l'accomplit est plus grand que celui qui ne reçoit pas d'ordre et qui [néanmoins] l'accomplit".
Celui qui reçoit l'ordre de faire une mitsva reçoit une grande récompense pour l'avoir réalisée, même si c'est "facile". Cela s'explique par le fait que le mauvais penchant tente d'inciter une personne à la transgresser.
En revanche, celui qui n'est pas tenu d'accomplir la mitsva est moins récompensé pour l'avoir accomplie, car le mauvais penchant ne prend pas la peine de l'en empêcher et il lui est plus facile de l'accomplir.

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=> Nous devons faire un effort particulier pour accomplir les mitsvot. Même les mitsvot faciles exigent un grand effort, car le mauvais penchant (yétser ara) travaille dur pour nous séduire et nous pousser à les transgresser. Même des actes que nous trouverions normalement répugnants paraîtront doux à ceux qui sont sous l'influence du mauvais penchant.

"Bien que le principal dommage causé par une faute provienne de sa réalisation effective, le mal causé à l'âme du fauteur devient bien pire dans la mesure où ses pensées s'attardent sur la faute.
Il en va de même pour une mitsva. L'essentiel de la mitsva est (l'accomplissement effectif) pour le Ciel, mais dans la mesure où une personne pense à une mitzva et désire l'accomplir, la mitsva améliore l'âme de l'homme"
[Sfat Emet - Bo 5659 ]