"L'empathie n'est pas un ajout léger et sympathique à la vie morale. C'est un élément essentiel de la résolution des conflits.
Les personnes qui ont souffert réagissent souvent en infligeant de la souffrance aux autres. Le résultat est la violence, parfois émotionnelle, parfois physique, parfois dirigée contre des individus, parfois contre des groupes entiers.
La seule véritable alternative non violente consiste à entrer dans la souffrance de l'autre de manière à s'assurer que l'autre sait qu'il a été compris, que son humanité a été reconnue et que sa dignité a été affirmée."
[rav Jonathan Sacks - Judaism’s Life Changing Ideas - p.94]
Catégorie : 4- Unité + Paix + Dispute
Construire le Temple par la paix
+ Construire le Temple par la paix :
-> "Hachem donnera de la force à Sa nation, Hachem bénira Sa nation par la paix" (Téhilim 29,11)
Il est dit dans le séfer 'Harédim (66) que s'il n'y a pas de fondation, il ne peut y avoir de construction durable. Par conséquent, il faut d'abord construire des fondations solides, puis bâtir l'édifice.
Hachem dit au peuple juif qu'ils doivent construire les fondations du Mikdach, et qu'Il construira ensuite le bâtiment (beit haMikdach - Temple).
Le seul moyen de construire des fondations solides est par le shalom (la paix).
Le peuple juif doit avoir la paix (entre eux) afin de pouvoir construire les fondations et être méritants pour que le Temple soit reconstruit.
[Arougat Habossem ]
L’importance de prier pour autrui
+ L'importance de prier pour autrui :
-> Un moyen de mériter un jugement favorable à Roch Hachana est de penser aux autres et de prier pour eux.
Nos Sages (Zohar - Noa'h) disent que le Déluge a été imputé à Noa'h. Pourquoi cela?
Parce qu'il n'a pas prié pour que sa génération soit sauvée. Noa'h avait une bonne raison de ne pas prier ; puisqu'il n'était digne d'être sauvé que parce qu'il avait trouvé grâce aux yeux d'Hachem, il craignait d'être puni s'il priait pour eux.
Néanmoins, il aurait dû prier pour sa génération. Il ne réalisait pas qu'en priant pour eux, il serait devenu alors méritant, et il aurait pu sauver le monde entier.
... Lorsqu'une personne prie pour la communauté (les besoins d'autrui), cela fait d'elle une personne [beaucoup] plus grande [aux yeux d'Hachem] (voir Kovetz Si'hot - Vol.2 - paracha Noa'h).
En sachant et en faisant cela, il sera beaucoup plus facile de mériter un jugement favorable sur le Yom haDin.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]
Pardonner aux autres
Lorsqu'une personne pardonne aux autres (les fautes qu'elles peuvent lui faire), tous ses péchés lui sont pardonnés" (guémara Roch Hachana 17a).
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-> Le rav Nathan Watchfogel (Léket Réchimot) commente :
Toute seule, une personne ne peut pas passer à travers le jugement d'Hachem.
La communauté (tsibour), en revanche, a la garantie de s'en sortir saine et sauve.
Lorsqu'une personne renonce à ses propres besoins et à son propre honneur et qu'elle est indulgente envers les autres (pardonnant leur offense/faute), elle montre qu'elle ne s'intéresse pas seulement à elle-même. Elle montre qu'elle se soucie des autres et qu'elle s'attache au tsibour.
Puisqu'il fait partie du tsibour (au peuple juif dans son ensemble), toutes ses fautes sont pardonnées.
[...]
A [la yéchiva de] Kelm, une pancarte était affichée sur le mur : "én mélé'h b'lo am" (il n'y a pas de roi sans sujets).
Cette pancarte rappelait à chacun qu'il devait être connecté au tsibour en pensant moins à lui-même. Si une personne s'en tient à ses principes (moi je) et ne pardonne pas aux autres, elle s'éloigne des autres.
Elle ne se connecte pas au tsibour et perd tout ce qu'elle aurait pu gagner en en faisant partie.
Un millier de personnes peuvent se trouver au même endroit, mais si chacune est seule, ce n'est pas un tsibour.
[...]
"Qui est comme Ta nation Israël, une nation [unie/tous ensemble] dans le pays [d'Israël]" (mi kamo'ha Israël, goy e'had ba'aretz - Chmouël II 7,23).
Le peuple juif possède de nombreuses qualités, mais la plus importante est qu'il est "un" ...
"Le peuple juif, la Torah et Hachem ne font qu'un" (Zohar - A'haré Mot). Chaque fois qu'il y a un manque d'unité entre les juifs, le peuple juif n'est plus "un" (é'had), et cela retire le "Hachem é'had", le fait que les gens reconnaissent qu'Hachem est Un.
[...]
Si quelqu'un étudie dans une yéchiva, il doit encore faire des efforts pour faire partie du tsibour (collectivité/communauté). Le simple fait d'être dans une yéchiva n'est pas suffisant. Il doit accomplir des actes de 'hessed, être indulgent envers les autres et être "é'had", un, ensemble avec les autres.
Toute sa réussite en matière de Torah et de avoda (service Divin) en dépend.
L’unité
+ L'unité :
-> Lorsque la nation juive est unie, le Satan n'a aucune emprise sur elle ...
Le manque d'unité de la nation juive est dû à la situation d'exil, et en devenant unie, la nation se sort elle-même de l'exil.
[ Maharal - Nétsa'h Israël - chap.25]
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-> Nos Sages (midrach Tan'houma Nitsavim - section 4) nous disent que "les juifs ne seront délivrés (de l'exil) que lorsqu'ils seront devenus un groupe uni".
De même, selon le midrach (Béréchit rabba 98,2) : "si les juifs sont devenus un groupe uni, alors préparez-vous à la guéoula".
Le Satan en est conscient et s'efforce donc de créer la discorde. En particulier à la toute fin du l'exil, les disputes retarderont la venue du machia'h.
Les nations ont également des différends, mais Hachem n'insiste pas pour qu'elles vivent en harmonie.
En revanche, la nation juive est censée vivre dans l'unité, et s'il y a des différends, il en résulte de terribles malheurs pour la nation.
La guémara (Baba Batra 99a) dit que lorsque les juifs accomplissaient la volonté d'Hachem, les kérouvim se faisaient face, mais que lorsqu'ils n'accomplissaient pas la volonté d'Hachem, un miracle se produisait et les visages se détournaient l'un de l'autre.
Lorsque chacun est plongé dans ses propres affaires et ne se préoccupe pas des besoins de son concitoyen juif, ou seulement des besoins de son cercle d'amis, de son groupe ou de sa communauté, et non de la nation tout entière, cet état de fait est reflété par les kérouvim se détournant l'un l'autre, comme pour dire que seuls les besoins de chaque individu les intéressent. Dans une telle situation, la Chékhina ne réside pas au sein de la nation.
Cependant, lorsque les juifs accomplissent la volonté d'Hachem, lorsqu'il existe une unité entre eux et que chacun prend soin des besoins physiques et spirituels de chacun de ses concitoyens, cet état de choses favorable se reflète dans l'état des kérouvim avec leurs visages tournés l'un vers l'autre, symbolisant l'amour entre mari et femme, qui est lui-même un symbole et une preuve de l'amour d'Hachem pour sa nation.
Dans un tel état de choses, Hachem fait reposer Sa Chékhina sur nous, nous couvre d'abondantes bénédictions et nous délivre.
Les kétoret, qui comprenaient la 'helbéna, une épice à l'odeur désagréable, nous enseignent que nous ne devrions pas regarder de travers le fait d'inclure même les fauteurs juifs avec nous lorsque nous nous rassemblons pour le jeûne ou la prière (Rachi - Ki Tissa 30,34).
L'unité en période de difficulté/malheur est une recette merveilleuse pour nous sauver des souffrances et des mauvais décrets, car lorsque la nation est unie, elle est invincible (Taam vaDaat - Kora'h 17,11).
Cependant, lorsque nous incluons des fauteurs dans nos prières, cela doit être fait de manière à ce que les fauteurs soient influencés par le parfum agréable de la judaïcité, plutôt que les juifs honnêtes soient influencés par eux au détriment de tous, tout comme l'ajout de la 'helbéna aux ingrédients des kétoret est bénéfique, puisque son odeur désagréable est contrebalancée par l'odeur agréable des autres épices, plutôt que la 'helbéna ait un effet négatif sur les autres épices (Taam vaDaat - Ki Tissa 30,34).
[rav Moché Sternbuch]
Faire paix & notre sac à mitsvot
+ Faire paix & notre sac à mitsvot :
-> "Mes chers frères, l'âme vient dans ce monde de très loin. Elle quitte sa résidence, sa maison, les mondes supérieurs, et descend dans notre monde, y arrivant après un voyage ardu avec un seul but : amasser autant de Torah et de mitsvot que possible pour les rapporter lorsque son temps ici s'achèvera.
De cette manière, l'âme remboursera ses dettes et sera soutenue dans le monde éternel, méritant ainsi la vie éternelle.
Mais toutes les mitsvot qu'une personne accumule, sont toutes rassemblées dans un seul sac, dans un seul réceptacle.
La michna (Ouktzin 13:12) dit à ce sujet : "Hachem n'a pas trouvé de réceptacle pour contenir la bénédiction d'un juif, sauf la paix, comme il est dit : "Hachem donnera la force à son peuple, Hachem bénira son peuple par la paix" (Téhilim 29,11)".
Si quelqu'un se dispute, son sac [qui contient toutes ses mitsvot] est troué et il pourra perdre tout ce qu'il a amassé. Il n'aura rien à montrer [au Ciel] pour son dur labeur. Il aura peiné et travaillé pour rien. Il aura souffert dans ce monde pour rien. Il retournera dans l'autre monde, nu comme il en est sorti, pour faire face à l'opprobre et au châtiment, et il devra revenir, humilié, dans ce monde, dans une autre incarnation, pour recommencer tout cela ...
Cela en vaut-il la peine? Ayez pitié de votre âme. Pensez à tout vos durs efforts [pour faire les mitsvot].
Considérez la vie que vous avez vécu et la vie éternelle qui vous attend. Et faites la paix!"
['Hafets 'Haïm - Méir Einé Israël - vol.1, p.74 ]
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[notre égo nous pousse à avoir le dernier mot, à avoir raison, ... quitte à être en guerre avec autrui. Mais par cela on peut trouer notre sac pour recevoir les bénédictions d'Hachem dans ce monde, mais également on peut trouer notre sac à mitsvot, si nécessaire pour l'éternité du monde à Venir. ]
Les tsadikim louent et honorent les gens pour tous les bons traits de caractère qu'ils ont en eux. (ils se focalisent sur ce qui est lumineux, ce qui va en autrui, pour mieux leur donner de l'estime/valorisation, pour davantage leur permettre de s'épanouir positivement/briller dans la vie. )
A l'inverse les réchaïm, sont profondément enfermés dans la négativité, ils recherchent les fautes et les faiblesses des autres (pour mieux flatter leur égo). Ils sont remplis de récriminations et concentrent leur attention sur ce qui manque.
[d'après Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva 1,18 ]
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-> Le Maguid de Mézéritch dit : "Il ne faut pas grand-chose pour voir ce qui ne va pas chez un autre juif (c'est notre tendance naturelle/animale) ; pour voir ce qui va bien, il faut un véritable effort et de la sainteté".
Une des questions qui nous sera posée lorsque l'on quittera ce monde est :
"Est-ce que tu as fait de ton prochain un roi?"
[Réchit 'Hokhma - chaar haYira - chap.12]
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-> De même, d'autres Sages disent également que l'une des questions posées au tribunal céleste après la mort d'une personne est : "As-tu fait de ton compagnon un roi sur toi-même?" (imla'hta 'havérkha alé'ha).
La Torah attend de nous que nous considérions et traitions chaque autre juif comme un roi, comme une personne spéciale et importante méritant l'honneur et un traitement royal. En effet, Rabbi Elazar a enseigné à ses disciples que la chose sur laquelle il faut se concentrer le plus pour s'assurer de mériter sa place dans le monde à Venir est de faire très attention à l'honneur d'autrui (guémara Béra'hot 28b).
=> b'h, nous allons voir quelques éléments pour nous renforcer dans ce domaine.
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-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar - vol.1, ch.13) souligne que la mitsva de "d'aimer son prochain comme soi-même" (véahavta léré'akha kamo'ha) présente une opportunité rare qui n'existe dans aucune autre mitsva.
Plutôt qu'une mitsva générale d'aimer tout le monde, il existe une exigence distincte d'aimer chaque juif. Si vous aimez deux personnes en même temps, vous accomplissez la mitsva deux fois.
Si vous aimez 100 000 personnes, vous accomplissez 100 000 mitsvot en une seule fois.
Aucune autre mitsva ne peut être accomplie autant de fois en une seconde. C'est l'une des raisons pour lesquelles le yétser ara combat cette mitsva avec tant d'acharnement, car il sait que nous pouvons obtenir une récompense phénoménale en très peu de temps.
C'est donc une bonne habitude à prendre, lorsqu'on se trouve au milieu d'un groupe de juifs, de se dire : "J'aime tous les gens qui sont dans cette pièce!" En un instant, vous avez accompli la mitsva de "véahavta léré'akha kamo'ha" des centaines de fois!
-> Aimer une autre personne n'est pas quelque chose qui vient naturellement ; cela doit être cultivé et nourri au fil du temps.
Le 'Hovot haLévavot donne une outil : choisissez une personne. Lorsque vous le voyez ou que vous pensez à lui, dites à haute voix (sans que personne ne l'entende, bien sûr) : " J'aime ce juif! Au début, vous vous sentirez peut-être gêné et mal à l'aise, mais après quelques fois, vous remarquerez que votre état d'esprit change lentement. Au fil du temps, vous commencerez à l'apprécier, puis à l'aimer."
[plus on s'habitue à exprimer en nous notre amour pour un autre juif (même si on le connaît pas personnellement), [uniquement parce qu'il est juif, ou bien en louant une qualité qu'il semble avoir], voir même à le bénir par amour, alors plus on développe un regard naturel d'amour pour les juifs. ]
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-> Chaque juif est aimé par Hachem plus qu'un père n'aime son fils. Nous devons prendre le temps de réfléchir à la grandeur et à l'importance infinies de chaque juif. Cela relève du commandement de nos Sages : "Que l'honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien" (Pirké Avot 2,15).
Cela engendrera à son tour un sentiment naturel de respect et d'amour pour autrui, surtout si nous nous rappelons que tous les juifs font partie d'une grande entité commune (que seule la matérialité semble divisée) et que chaque personne est comme un membre différent d'un même corps spirituel appelé le peuple juif.
Chaque juif mis au monde par Hachem a une tâche unique que personne d'autre dans le monde ou même dans l'histoire ne peut accomplir.
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+ Honorer et aimer :
-> La guémara (Yébamot 67a) enseigne qu'un mari doit aimer sa femme comme lui-même et l'honorer plus que lui-même.
Pourtant, lorsque le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) cite cette halakha, il en inverse l'ordre : "Nos Sages ont ordonné à un homme d'honorer sa femme plus que lui-même et de l'aimer comme lui-même".
Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que la guémara énonce d'abord l'objectif de la Torah pour un mari = atteindre un stade où il aime sa femme autant qu'il s'aime lui-même. Cependant, le Rambam est un livre de lois. Il nous enseigne comment atteindre un tel objectif = en honorant sa femme plus qu'il ne s'honore lui-même.
[ cela explique pourquoi la guémara dit qu'il faut l'honorer plus que soi-même et l'aimer comme soi-même. Le but est d'atteindre l'amour, qui ne peut être qu'à la hauteur de l'amour que l'on se porte à soi-même. Cependant, le moyen d'y parvenir est de l'honorer plus que soi-même.]
-> Comment honorer une autre personne?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Balak 5732) définit la mitsva d'honorer un parent comme l'obligation pour l'enfant de trouver une qualité dans laquelle le parent excelle, et de l'honorer et de le respecter pour cette qualité comme si, dans cette qualité, il était la plus grande personne de toute la génération.
Il dit avoir appris cela de son père, qui a fait de même avec son propre père. Le rav 'Haïm Chmoulévitz écrit qu'il n'a jamais compris pourquoi son père agissait de la sorte, jusqu'à ce qu'il réalise enfin que pour honorer véritablement quelqu'un, il faut avoir pour lui un respect réel et authentique. Et pour l'acquérir, il faut trouver la qualité unique de cette personne qui mérite un tel respect.
-> Ce concept se retrouve dans le Séfer 'Harédim (9,35) : "La principale façon d'honorer ses parents est de les considérer comme de grandes personnes et des personnalités respectées et honorables. Car en agissant ainsi, on en vient à les honorer dans ses paroles et ses actes."
-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) mentionne la mitsva d'aimer chaque juif et dit :
"Par conséquent, on est tenu de faire l'éloge d'autrui, de se préoccuper de ses biens de la même manière que l'on se préoccupe de ses propres biens et que l'on souhaite être honoré.
Nous voyons que le fait de mentionner les bonnes qualités d'une autre personne est un accomplissement de la mitsva d'aimer une autre personne."
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+ Dents brillantes ou odeur désagréable? :
-> La capacité à voir les bons côtés des autres est en fait la marque d'un tsadik.
"Les fous [les réchaïm] parlent de la culpabilité des autres, mais ceux qui sont droits parlent de ce qui est bon chez les autres" (Michlé 14,9).
-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:217) explique qu'un fauteur est toujours à la recherche d'échecs et de mauvais points chez les autres. Il se concentre uniquement sur ce qu'ils ont fait de mal ou sur ce qui leur manque.
Rabbénou Yona compare ces personnes à une mouche, qui est attirée par les endroits sales.
[ le Or'hot Tsadikim (chaar lachon ara) ajoute que : parler mal des autres est une source d'embarras pour soi-même, car les gens parlent surtout de ce qu'ils ont dans le cœur et l'esprit. Quelqu'un qui parle mal des autres montre qu'il a lui-même le même défaut, qui est toujours dans son esprit, et c'est pourquoi il mentionne ce défaut chez les autres.
(d'une certaine façon, on est tout content d'avoir trouvé du mauvais en autrui, pour mieux se valoriser, oubliant qu'on a ce défaut en nous! )]
Le juste, quant à lui, ignore tout ce qui est mauvais chez une personne et ne parle que de ses bons côtés.
[Après le Déluge, la Torah décrit en détail comment Noa'h s'est enivré et comment ses fils l'ont couvert pour cacher sa honte. Il les a bénis et les bénédictions ont été accomplies.
Le 'Hafets 'Haïm (Introduction, Commandements positifs 2) explique que cette histoire se trouve dans la Torah pour nous enseigner l'importance de couvrir les mauvais points et la honte d'une autre personne. ]
Rabbénou Yona rapporte ensuite l'histoire de 2 personnes qui passent devant une carcasse en décomposition. L'un d'eux s'exclame : "Quelle odeur épouvantable !", ce à quoi le sage répond : "Mais qu'elles sont belles ses dents blanches et brillantes !".
Le tsadik est celui qui peut se concentrer sur le positif et ne parler des autres qu'en termes élogieux.
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+ 'Hafets 'hessed :
-> Le Ramak, rabbi Moché Cordovero (Tomer Dévorah - chap.1) écrit que cette caractéristique est l'un des traits de miséricorde d'Hachem appelé : 'hafets 'hessed" (Il désire le 'hessed).
Cela signifie que même lorsque le peuple juif mérite d'être puni pour les fautes qu'il a commises, Hachem aura pitié de lui et l'épargnera s'il a le mérite de faire du 'hessed les uns envers les autres.
Ainsi, il est écrit dans le Tomer Dévorah :
"Même si quelqu'un vous fait du tort et vous met en colère, s'il a une qualité, telle que l'aide aux autres ou un autre bon trait de caractère, cela devrait être une raison suffisante pour annuler toute votre colère contre lui, et il devrait trouver grâce à vos yeux.
D'autant plus avec sa femme [nos Sages (Yébamot 63a) enseignent que Rabbi 'Hiya avait une femme difficile, mais chaque fois qu'il trouvait quelque chose qu'il savait qu'elle aimerait, il le lui apportait, expliquant] : "Il suffit qu'elle élève nos enfants et qu'elle m'épargne de la faute".
De même, une personne devrait dire à propos de tout le monde : "Il me suffit qu'il ait fait telle ou telle chose pour moi ou avec quelqu'un d'autre, ou le bon trait de caractère qu'il possède"."
-> Le Tomer Dévorah décrit un trait de caractère encore plus élevé. Il s'agit du fait qu'Hachem aime le peuple juif en toutes circonstances, même lorsqu'il ne le mérite pas, parce qu'Il se souvient de l'amour qu'Il a eu pour nous lorsque nous avons quitté l'Egypte et que nous L'avons suivi dans le désert hostile sans aucune provision.
De même, le Tomer Dévorah insiste sur le fait que même si quelqu'un n'est pas digne d'être aimé à l'heure actuelle, il faut se souvenir des moments passés avant qu'il ne se soit écarté du droit chemin.
De cette manière, écrit-il, il n'y a pas une seule personne à propos de laquelle on ne puisse pas trouver une qualité qu'elle avait autrefois, et l'aimer à cause de cette qualité.
[ selon le rav 'Haïm Soloveichik cela n'est vrai que pour quelqu'un qui n'affecte pas les autres par son comportement. Mais cela ne s'applique pas à une personne qui incite les autres à fauter, en particulier si elle persuade les jeunes d'abandonner la Torah et les mitsvot.
La Guemara dit que faire fauter une autre personne est pire que de la tuer, car elle lui fait perdre son monde à Venir, et il faut haïr une personne qui essaie de la détruire. ]
-> Le Tomer Devorah (chap.2) résume qu'il n'y a personne d'aussi acceptant ou humble qu'Hachem, qui comble Ses créations d'une bonté infinie, indépendamment de leur comportement ou des fautes qu'ils commettent.
Il y est écrit : "Une personne doit agir de la même manière. Aucune raison au monde ne devrait l'empêcher de faire du bien aux autres. Aucune faute ou comportement inapproprié ne doit l'empêcher d'aider ceux qui sont dans le besoin à tout moment ... On ne doit mépriser personne et doit considérer même la personne la plus humble comme extrêmement importante, et on doit aider tous ceux qui ont besoin de son aide."
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+ Faire l'éloge des gens :
-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.7) consacre un chapitre entier à cette idée [de louer le peuple juif à Hachem] et écrit qu'une personne qui loue constamment les mérites des juifs et implore Hachem d'avoir pitié d'eux "sera aimée et chérie par Hachem".
Il rapporte ensuite une prière que Eliyahou haNavi a adressée à Hachem, en citant les actes méritoires de la nation juive : "Maître du monde, regarde notre affliction, prends en compte nos doléances et remarque l'humiliation dont nous souffrons constamment. Souviens-Toi des nombreux foyers d'Israël qui n'ont pas d'argent et qui, pourtant, apprennent la Torah chaque jour ..."
Le 'Hafets 'Haïm nous implore d'apprendre du prophète Eliyahou et de parler à Hachem des actes méritoires de Ses enfants bien-aimés.
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+ Pourquoi est-ce si difficile?
-> Certaines personnes ont du mal à louer les qualités des autres. Cela peut provenir d'un manque d'estime de soi ; elles ont l'impression que leur propre valeur est menacée s'il y a des gens meilleurs qu'elles dans de nombreux domaines. Cependant, la bonne attitude à adopter est de se rappeler le principe selon lequel l'ensemble du peuple juif constitue une seule et même âme.
Tout comme un corps possède différents organes et membres, et que chacun d'entre eux a une fonction unique qu'aucune autre partie du corps ne peut remplir, de même, au sein du peuple juif, chacun a son propre travail individuel qu'il est le seul à pouvoir accomplir. Je ne pourrai jamais être le 'Hafets 'Haïm, mais le 'Hafets 'Haïm ne pourrait pas accomplir ma tâche.
[il faut accepter le rôle et les capacités que Hachem m'a donné, et chacun aura à répondre de les avoir utilisés du mieux qu'il pouvait. Chacun est unique et nécessaire dans la partition qui conduira à révéler et proclamer fortement Hachem dans le monde. ]
Grâce à cette prise de conscience, non seulement je ne suis pas gêné si quelqu'un a une qualité différente de la mienne, mais je veux qu'il en soit ainsi. Puisque chacun a une tâche unique qu'il est le seul à pouvoir accomplir, chaque personne doit disposer d'un ensemble d'outils exclusifs. Je veux que mon prochain juif réussisse à utiliser ses outils, afin qu'ensemble, en tant qu'équipe unie, nous puissions atteindre la grandeur maximale du peuple juif.
-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.22) écrit :
"Quelqu'un qui est beaucoup plus intelligent que les autres ne fait que ce que sa nature lui permet de faire.
De même qu'un oiseau vole parce que c'est sa nature et qu'un bœuf tire des poids lourds parce qu'il est né avec cette capacité, de même, il [la personne intelligente] est sage parce que c'est sa nature.
Si l'on donnait la même intelligence à une autre personne qui n'est pas aussi intelligente que lui, cette personne serait tout aussi intelligente. Il n'y a donc aucune raison d'être orgueilleux.
Au contraire, si une personne a été dotée d'intelligence, elle est tenue d'enseigner aux autres, comme l'a enseigné Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne garde pas ce bien pour toi, car tu as été créé dans ce but" (Pirké Avot 2,9).
[la traduction habituelle est : Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’en fais pas l’éloge, car c’est dans ce but que tu as été créé. Le Ram'hal apporte ici une autre version. L'idée que si on a reçu davantage d'outils (ex: intelligence, richesse, capacité à être joyeux, à l'écoute, ...), alors on est responsable dans faire profiter autrui. (à l'image de la tsédaka, si on reçoit un bien d'Hachem, c'est dans un but d'en faire également bénéficier notre prochain juif. )]
S'il est riche, il doit être heureux de son sort et aider ceux qui sont dans le besoin. S'il est fort, il doit aider les faibles et les sauver de leurs oppresseurs. A quoi cela est-il comparable? Aux serviteurs d'une maison, où chacun est chargé d'une tâche différente, et chacun doit veiller à faire le travail qui lui a été confié."
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+ Que lui arrive-t-il?
-> Le principe fondamental du 'hessed est de ressentir ce que vit la personne comme si on le vivait soi-même (nossé béol im 'havéro). Ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons vraiment comprendre ce qu'il ressent et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider.
Cette tâche n'est pas simple. Nous ne pensons naturellement qu'à notre propre vie et à nos propres émotions. C'est une tâche colossale que de sortir de son propre égo et de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.
Comme l'écrit le Or'hot Tsadikim (fin de chaar Sim'ha), c'est quelque chose qui ne peut être acquis que par la pratique. Il faut passer quelques secondes, pas plus d'une minute, à essayer de ressentir ce que quelqu'un doit ressentir dans sa situation.
Chaque jour, prenez une personne différente dans une situation différente afin de vous exercer à une variété d'émotions. Si vous entendez quelqu'un se fiancer, fermez les yeux et imaginez et ressentez l'excitation et la montée d'adrénaline.
C'est un outil très puissant que de dire à haute voix : "Je suis tellement heureux pour lui". En effet, même si nous ne ressentons pas vraiment cela, notre état d'esprit peut être modifié au fil du temps par nos paroles. [un comportement extérieur, a une influence sur notre intériorité (ex: se forcer à sourire, à se réjouir d'autrui, ...)]
De même, on peut aussi ressentir la douleur d'un parent malade, l'espoir d'une personne qui attend une bonne nouvelle, la frustration d'une personne qui a été rejetée lors d'un entretien d'embauche et la honte d'une personne qui a dérapé en public, ...
[ex: en prenant même 5-10 secondes pour penser à la douleur et aux conséquences d'un malade, alors la prière qu'on va faire pour sa réfoua chéléma aura une force plus grande, et donc un impact plus fort, en plus du mérite de la mitsva d'aimer son prochain qui est faite. [Hachem désire et apprécie l'amour qu'il y a entre Ses enfants adorés! Ainsi, lorsque l'on sort de notre égo/confort personnel pour se mettre à ressentir la douleur actuelle d'autrui, alors cela a beaucoup de valeur! ]
Ces pensées ressemblent au fait de tendre/tirer davantage un arc permet à la flèche d'aller plus loin, d'être plus utile pour celui auquel nous prions. ]
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+ Le bénéfice du doute :
-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6) écrit que sans le le concept d'accorder aux autres le bénéfice du doute (juger favorablement - dan lékaf zé'hout), nous ne serions jamais en mesure d'accomplir correctement la mitsva d'aimer un autre juif comme nous-mêmes.
-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haZé'hira - chap.12) enseigne que si quelqu'un a accepté le lachon ara et qu'il a cru une calomnie que quelqu'un aurait dit sur lui, alors il est "pratiquement impossible" de s'empêcher par la suite de blesser ou de se disputer avec cette personne.
Il est presque inévitable qu'ils finissent par devenir des ennemis, espérant que l'autre souffrira ou tombera (c'est bien fait pour elle!), ce qui l'antithèse exacte de l'amour pour un autre juif.
Le 'Hafets 'Haïm écrit que la seule méthode pour éviter ce scénario est de perfectionner l'art d'accorder le bénéfice du doute lorsque quelqu'un semble avoir dit ou fait quelque chose contre nous.
[on a ainsi l'idée que "aimer autrui" cela implique de faire l'effort de toujours le voir sous un angle davantage positif. On voit cela particulièrement dans le couple, où en se focalisant trop sur ce qui peut être négatif (il est humain!), on en vient à fissurer, à réduire l'admiration et l'amour.
(la Torah ne nous demande pas d'être naïf, et il faudra prendre ses distances en cas de danger, mais malgré tout dans la très grande majorité des cas le fait de juger positivement autrui ne nous impact pas négativement.)]
-> Il est souvent beaucoup plus facile qu'on ne le pense d'accorder le bénéfice du doute. Il suffit de penser aux moments où nous avons eu une journée stressante, où, fatigués et affamés, nous avons commis une erreur, ou encore où nous avons parlé à quelqu'un d'une manière inappropriée.
Nous savons que nous n'aurions jamais agi de la sorte en temps normal, et que nous l'avons fait uniquement en raison de la journée très difficile que nous avons passée.
Nous nous disons : "Si les gens savaient ce que je traverse, ils sauraient que ce n'est pas moi qui ai dit cela".
De même, nous ne pouvons jamais savoir ce que vit une autre personne. Il peut sembler heureux, comme si tout allait bien, mais intérieurement, un million de choses peuvent lui arriver. Il peut avoir mal à l'estomac, ne pas avoir dormi la nuit dernière parce que ses enfants étaient malades, avoir un parent à l'hôpital ou une lourde dette à payer. Il peut avoir eu une enfance très difficile ou s'être disputé avec sa femme.
Les possibilités sont si nombreuses et étendues qu'il devrait être relativement simple de penser que, tout comme je n'ai pas agi correctement uniquement parce que j'avais tel ou tel problème, cette personne n'a probablement dit ou fait quelque chose de blessant à mon égard que parce qu'elle avait quelque chose d'important à l'esprit.
[idéalement, en réalisant qu'actuellement "elle n'est pas elle même" (contre sa volonté), alors on devrait demander à Hachem de la bénir du meilleur, pour qu'elle puisse de nouveau être elle-même : un magnifique juif plein de joie et de bénédictions. ]
Le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, p.207) ajoute que si quelqu'un se soucie vraiment d'une autre personne, il veut que cette personne soit innocente, et il la juge donc en conséquence.
Avec un tel état d'esprit, il est beaucoup plus facile de trouver une raison pour justifier ses actions.
[évidemment cela demande un travaille sur nous (surtout au début), car naturellement on "aime" qu'autrui se comporte mal, car on se dit alors que nous ne sommes pas si mal que cela [au regard de ce qu'il a fait]! Cela flatte mon égo, et permet de justifier mes mauvaises attitudes.
Mais on demande à un juif d'aller au-dessus de sa nature humaine, et de se rattacher au fait que nous sommes tous une même âme spirituelle, que nous devons aimer et chérir autrui juif. ]
-> Le rabbin Ephraïm Wachsman raconte l'histoire suivante :
Il y avait un homme dont le travail consistait à livrer de la viande à domicile. Une fois, il était très en retard et n'atteignit l'un de ses clients qu'à minuit. Le propriétaire ouvrit la porte et, avec un grand sourire, lui dit : "Bonjour, je suis si heureux de voir que vous êtes arrivé!"
Sur ce, le livreur s'effondre en sanglots ininterrompus. L'hôte a rapidement fait entrer l'homme, l'a fait asseoir, lui a apporté une boisson et il a fini par le calmer.
Après quelques minutes, le livreur raconte son histoire. "Ma femme a été opérée aujourd'hui. J'ai passé la journée à l'hôpital avec elle et tout a été retardé. J'étais épuisé physiquement et moralement, mais je dois payer les factures et j'ai donc entrepris ma tournée. Partout où je suis allée, j'ai été accueillie par des froncements de sourcils furieux parce que j'étais si en retard. Je suis arrivée chez vous à minuit et je redoutais votre réaction. Mais je dois te remercier. Vous êtes la première personne à m'avoir dit quelque chose de gentil de toute la journée!"
Cet homme était un héros pour avoir tenu bon malgré tous ses soucis et son stress. Les personnes qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes fronçaient les sourcils à cause des inconvénients qu'elles subissaient (ex: comment peut-il me manquer de respect en venant en retard, est-ce qu'il pense à la gêne que cela m'occasionne, ... ).
Quelqu'un qui donne à autrui (baal 'hessed), par contre, dont les yeux sont ouverts pour penser aux autres, se rend compte qu'il est inhabituel que cet homme livre la commande si tard. Il ne se contente pas de penser à son propre désagrément, mais se soucie de ce que l'autre personne peut endurer, et lui offre alors le sourire chaleureux et amical et l'encouragement qu'elle méritait et dont elle avait tant besoin.
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+ Hachem, aide-moi à l'aimer :
-> Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 110:8) stipule que chaque matin, avant de commencer à étudier la Torah, il faut dire la prière que le sage Rabbi Né'hounya ben Hakana disait avant d'apprendre.
Il y demande : "Je ne devrais pas être heureux si mes amis commettent une erreur dans la halakha et ils ne devraient pas être heureux si je le fais".
Cela est basée sur le verset : "Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi trébuche" (Michlé 24,17). D'autant plus si c'est un ami qui trébuche!
-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.17) assimile le fait de se réjouir de la chute d'une autre personne à de l'avoda zara (idolâtrie) et le cite comme l'une des raisons pour lesquelles le Temple a été détruit.
Le 'Hafets 'Haïm conseille de penser qu'en raison de nos fautes, nous mériterons nous aussi de faire un faux pas et d'être embarrassé en public, mais qu'en raison du mérite de nos ancêtres, Hachem nous épargne une telle douleur.
[l'idée est incroyable : lorsque je vois autrui tomber, je dois non seulement avoir de la compassion pour lui (l'aidant et priant pour son bien), mais en plus je dois remercier Hachem de ne pas m'avoir mis à sa place alors que j'aurai dû y être! (en remerciement pour mes ancêtres, je dois me renforcer et leur faire honneur par mon comportement dans ce monde, pour l'élévation de leurs âmes!) ]
-> Le Or'hot Tsadikim (chaar Sim'ha) explique que Rabbi Né'hounya a réalisé qu'il est courant pour les gens de rire ou de se réjouir lorsque quelqu'un d'autre fait quelque chose de mal, car cela leur donne le sentiment d'être supérieurs à eux.
Cependant, la Torah attend de nous que nous ressentions son profond embarras et que nous soyons peinés pour lui. Ceci est particulièrement important si l'erreur a été commise dans le domaine de la halakha (loi juive), ce qui pourrait amener les gens à transgresser la volonté d'Hachem.
Rabbi Néhounya savait que pour se préserver de cette réaction presque naturelle, il devait prier pour obtenir une aide spéciale d'Hachem. Il nous incombe de faire de même.
-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 28b) explique la prière de Rabbi Né'hounia de manière légèrement différente. Il dit qu'il a prié pour que ses amis soient vraiment heureux qu'il n'ait pas fait d'erreurs et qu'il se réjouisse qu'ils n'aient pas trébuché.
Dans notre relation avec notre prochain on attend de nous d'être sincèrement heureux des succès des autres, mais Rabbi Né'hounya a compris qu'il fallait une aide Divine spéciale pour surmonter son égo personnel et ressentir honnêtement ce sentiment.
L’importance de l’unité
+ L'importance de l'unité :
-> Nos Sages (Tana déBé Eliyahou rabba - ch.28) enseigne qu'Hachem dit au peuple juif : "Mes enfants bien-aimés, est-ce qu'il me manque quelque chose que Je dois vous demander? Mais il y a une chose que Je vous demande, c'est de vous aimer les uns les autres, de vous respecter les uns les autres et d'avoir de l'admiration les uns pour les autres. [Entre vous] ne fautez pas, ne volez pas et ne vous comportez pas de manière désagréable".
-> Le 'Hafets 'Haïm (Za'hor léMyriam - ch.11) écrit que nous apprenons ici que "l'unité entre les juifs apporte satisfaction et bonheur à Hachem ... et si chaque juif aimait l'autre comme il se doit, chaque personne recevrait une bénédiction supplémentaire dans ses efforts".
Il conclut que cela est suggéré dans le verset où nous apprenons le concept de 'hessed. La Torah écrit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; Je suis Hachem". Les deux derniers mots, "Je suis Hachem", sont ajoutés pour nous enseigner que "si tu aimes ton prochain comme toi-même, alors Moi, Hachem, je serai parmi vous et je vous aimerai tous les deux".
=> L'unité et la paix permettent à la Présence divine de résider en nous, ce qui apporte avec elle toutes les bénédictions infinies d'Hachem.
Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu’une seule et même âme (2e partie)
+++ Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu'une seule et même âme (2e partie) :
+ Prier pour les autres :
-> Le 'Hatam Sofer cite la guémara (Béra'hot 12b), qui dit que quelqu'un qui pourrait prier pour les autres [juifs], mais ne le fait pas est considéré comme un fauteur.
Selon le 'Hatam Sofer, la guémara poursuit en disant qu'un talmid 'hacham doit se rendre malade en priant pour les autres. Il explique cette exigence de la manière suivante : Puisque le peuple juif tout entier est comme une seule âme et un seul corps, lorsqu'une personne souffre, l'autre doit également ressentir cette douleur ("se rendre malade").
Puisque les deux personnes souffrent maintenant, il est également capable de prier, car il n'est plus considéré qu'il prie pour quelqu'un d'autre, mais plutôt comme une personne priant avec sa bouche pour qu'il soit guéri de la douleur dans son doigt.
Ceci est vrai pour tout le monde, mais la guémara souligne qu'un talmid 'hakham devrait particulièrement le faire, parce que sa grandeur supplémentaire le rend semblable à la tête du corps, qui est plus importante et plus influente que les autres parties du corps et qui est donc plus apte à prier.
[ex : un conseil est de prendre quelques secondes pour imaginer et ressentir les douleurs du malade, la souffrance de sa famille, ... et alors on pourra prier avec davantage de cœur, et donc avoir une prière qui aura plus d'impact.
Juste quelques secondes où l'autre (pour lequel on prie) devient nous-même! (cela peut être valable également pour les bonnes nouvelles, l'essentiel étant de vivre ce qu'il vit autant que possible, même quelques secondes) ]
-> Cette idée nous conduit à la compréhension la plus simple du Arizal, qui écrit [dans sa courte prière que nous disons] avant de commencer chaque prière, il faut avoir à l'esprit d'accomplir la mitsva de "aimer son prochain comme soi-même". En effet, on ne peut vraiment prier pour un autre juif que lorsqu'on réalise que nous sommes tous une seule entité et que sa douleur est la mienne.
Nos prières sont très souvent à la forme plurielle car elles ont un impact et le pouvoir de sauver notre prochain juif de ses difficultés.
[de même, certains ont l'habitude de donner des pièces à la tsédaka avant de prier. On peut voir cela comme une façon de s'ouvrir concrètement à l'amour d'autrui, à la conscience que nous sommes liés. ]
-> Nombreux sont ceux qui s'inquiètent de ne pas voir leurs prières porter leurs fruits. Il leur semble qu'Hachem ne répond pas aux prières et souvent, par frustration, ils cessent de prier.
Pourtant, la tradition transmise par de nombreux grands tsadikim veut qu'Hachem réponde à chaque prière qu'un juif Lui adresse.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nous ne voyons pas nos prières exaucés, mais nous mentionnerons ici le principe expliqué par le Déguel Ma'hané Efraïm (Ki Tétsé).
Il écrit que parfois, Hachem prend une prière dite par quelqu'un dans une partie du monde et l'utilise pour aider un autre juif ailleurs. Un juif de Paris peut prier pour une aide financière et Hachem répondra à sa prière en permettant à un juif d'Australie d'avoir de l'aide pour avoir une bonne parnassa.
[il est intéressant de noter que tous les juifs sont liés peut importe l'espace (le lieu où ils se trouvent) et le temps, puisque par nos actions nous influençons les juifs décédés, ainsi que ceux à venir.]
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+ Etre jaloux? Pas de soi-même! :
-> Nos Sages (Sanhédrin 105b) nous disent que naturellement, un parent n'est pas jaloux de son enfant, ni un rabbi de son disciple. Ils estiment que leurs enfants ou leurs disciples sont des prolongements d'eux-mêmes et que la jalousie n'a donc pas sa place.
Il incombe à chacun de développer l'état d'esprit selon lequel il fait partie du grand corps du peuple juif, travaillant tous ensemble pour répandre l'honneur d'Hachem dans le monde.
-> Celui qui croit cela ne sera jamais jaloux de la position d'une autre personne dans la vie ou de ses succès dans la avodat Hachem. Au contraire, il sera ravi de voir d'autres personnes progresser dans la Torah et les mitsvot, car cela signifie que le peuple juif tout entier a accompli une plus grande partie de la volonté d'Hachem. Il lui importe peu de savoir si c'est lui qui a mérité de le faire ou quelqu'un d'autre, du moment que de la satisfaction a été apporté à Hachem.
[lorsque mon prochain juif va bien spirituellement, alors il impact la collectivité juive, et par ricochet il m'impact personnellement. Ainsi, en priant et me réjouissant pour la réussite d'autrui, en réalité c'est également pour moi que je le fais (en plus de le faire pour la grandeur d'Hachem, que le kidouch Hachem soit maximal).
De toute façon, Hachem peut donner l'infini à chaque juif, et Il aura encore l'infini à nous donner ... ainsi ce qu'autrui a ne me limite nullement, donc je ne dois pas m'inquiéter/être jaloux de cela (sinon j'ai une vision limitante de D.). ]
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+ Combattre dans l'armée d'Hachem :
-> Un jour, quelqu'un a demandé au 'Hafets 'Haïm : "Pourquoi devons-nous avoir autant de sortes de juifs différents? Il y a les 'hassidim, les séfarades, et tant d'autres. Certains mettent l'accent sur l'apprentissage, d'autres sur la prière, d'autres encore sur la danse et le chant. Qu'y aurait-il de mal à ce que tout le monde soit pareil, à ce que nous fassions tous la même prière et que nous fassions tout de la même façon?
Le 'Hafets 'Haïm a répondu : "Pourquoi ne posez-vous pas la même question au sujet du tsar de Russie? Pourquoi a-t-il autant de types de soldats? Il a des fantassins, de la cavalerie, des équipes d'artillerie, des pilotes et des sous-mariniers. Qu'y aurait-il de mal à ce qu'il n'ait qu'un seul type de soldat avec un seul type d'arme, sous la direction d'un seul général?
La réponse est que lorsque vous faites la guerre, vous devez utiliser toutes les tactiques possibles pour garantir la victoire. Un fantassin a l'avantage du combat au corps à corps. La cavalerie, quant à elle, peut effrayer l'ennemi et le faire fuir.
Les responsables des canons et des roquettes peuvent faire la guerre à distance.
Même les chanteurs et les musiciens participent à l'effort de guerre en maintenant le moral des soldats.
"Il en va de même pour la guerre contre le yétser ara. Tous les différents groupes de juifs, les 'hassidim et les non-'hassidim, se joignent aux soldats de l'armée d'Hachem pour combattre le yétser ara.
Certains luttent en apprenant la Torah, d'autres en faisant leur prière, d'autres en chantant et en louant, d'autres encore en soufflant dans le shofar. Tant que chacun garde à l'esprit qu'il le fait pour le Ciel"
['Hafets 'Haïm al HaTorah - Réé 14,1]
-> Le 'Hafets 'Haïm a dit un jour :
"Je ne sais qu'une chose. Lorsque quelqu'un décède et que son âme se rend dans l'autre monde, on ne lui demandera pas s'il appartenait à tel ou tel groupe. Tout ce qu'ils feront, c'est ouvrir un séfer Torah et lui demander : "As-tu respecté ce qui est écrit ici? As-tu accompli tout ce qui est dit dans l'ensemble de la Torah? S'il peut répondre par l'affirmative, il ira au Gan Eden, mais s'il répond par la négative, il finira dans les feux de Guéhinam".
["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon]
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+ L'amour véritable :
-> Le Tanya (ch.32) pousse cette idée un peu plus loin. En vérité, la seule façon d'aimer vraiment quelqu'un d'autre est de l'aimer pour son âme.
L'amour véritable ne peut exister que dans quelque chose qui est une seule entité, où toutes les parties sont essentiellement une. Quelque chose composé de différentes parties qui ont été combinées aura toujours une séparation intrinsèque qui empêche le niveau ultime d'unité.
Au niveau de l'âme, nous sommes tous unis et entièrement connectés, et nous pouvons donc éprouver de véritables sentiments d'amour les uns pour les autres.
Dans le monde physique/matériel, cependant, nous sommes divisés en différents corps, avec des apparences, des idéaux et des possessions différents.
Par définition, notre physique nous différencie les uns des autres, et donc si j'aime quelqu'un pour tout ce qu'il a de physique, il est impossible qu'il s'agisse d'un véritable amour.
-> Le Baal HaTanya ajoute que c'est la raison pour laquelle Hillel a dit au non-juif que toute la Torah est basée sur "tu aimera ton prochain comme toi-même", même s'il semble qu'elle ne concerne que les mitsvot avec son prochain (ben adam la'havéro) mais pas avec D. (ben adam laMakom).
Pour vraiment aimer quelqu'un, il faut comprendre la grandeur de l'âme, et combien elle est plus significative et spéciale que le corps physique qui nous sépare. Dès que l'on contemple cela, on est automatiquement inspiré à suivre les désirs de l'âme d'accomplir les mitsvot et d'ignorer les tentations du yéter ara de s'adonner au plaisir physique.
-> L'Alter de Kelm (Chochmah U'Mussar 1) écrit :
"Il est impossible d'aimer son ami comme soi-même tant que l'on n'a pas éliminé toutes les traces de matérialité (gachmiout) le concernant et que l'on ne se retrouve pas dans une pureté dépourvue de barrières physiques.
Alors, les parties de l'âme peuvent se réunir pour ne faire qu'un, car dans la spiritualité (rou'hniyout), il n'y a pas de séparation ou de division, contrairement à la matérialité dans laquelle il n'y a pas de véritable unisson puisqu'elle est composée de différents matériaux."
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+ Donner, c'est aimer :
-> Le rav Eliyahou Dessler (Kountres ha'Hessed - ch.4)explique qu'il y a 2 types de personnes dans le monde, celles qui donnent et celles qui prennent. Naturellement, les gens sont des preneurs.
Le mot pour l'amour dans la Torah est ahava, dont la racine (hé et bét - הב) signifie "donner".
Contrairement à ce que les gens pensent, on aime quelqu'un à qui l'on donne, et non pas quelqu'un qui nous donne.
C'est la véritable raison pour laquelle les parents aiment leurs enfants plus que ces derniers ne les aiment. Les parents se donnent corps et âme pour tout donner à leurs enfants, et ces années de don constant génèrent un amour profond pour leurs enfants qui ne pourra jamais être égalé.
Le rav Dessler cite nos Sages : "Si tu veux développer l'amour pour ton ami, implique-toi dans des actions qui lui sont bénéfiques".
Pourquoi est-ce vrai
Le rav Dessler nous donne un aperçu de la psychologie humaine :
"Une personne aime les fruits de ses actions parce qu'elle y sent une partie d'elle-même. Qu'il s'agisse d'un enfant qu'il a mis au monde ou recueilli, d'un animal qu'il a élevé, d'un arbre qu'il a planté, ou même de quelque chose d'inanimé comme une maison qu'il a construite. Dans tous ces cas, il est lié par l'amour à l'œuvre de ses mains, car c'est en elle qu'il se retrouve.
En résumé, ce qu'une personne donne à une autre n'est jamais perdu, il s'agit plutôt d'une extension de son propre être. Il peut voir une partie de lui-même dans son prochain à qui il a donné. C'est à cet attachement entre l'homme et son semblable que l'on donne le nom d'amour".
Il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre comme soi-même. Mais en donnant aux autres, on peut s'élargir et les intégrer comme une partie de soi.
-> Le rav Shimon Shkop (Intro à Chaaré Yosher) écrit :
"À première vue, l'amour de soi et l'amour des autres semblent être deux concepts différents. Mais nous devons aller plus loin et clarifier ce qu'est le véritable moi d'une personne, car c'est à cette aune que nous pouvons mesurer la grandeur de chacun.
Chez une personne humble et peu raffinée, son "moi" se limite à son moi physique et à son corps. Une personne plus élevée se rend compte qu'elle possède à la fois un corps et une âme.
Plus haut encore, une personne intègre dans son "moi" son foyer et sa famille. Une personne vivant selon la Torah inclut dans son "moi" l'ensemble du peuple juif, puisqu'en vérité chaque Juif est un membre du corps appelé le peuple juif.
Le véritable grand homme réalise que le monde entier fait partie de son "moi" et qu'il n'est qu'une petite partie de l'ensemble de la Création. Dans cet esprit, le sentiment d'amour de soi qu'il éprouve l'aidera à aimer chaque juif et le monde entier."
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+ L'amour véritable :
-> C'est la compréhension profonde du mot ahava. Hav (הב) signifie "donner". La lettre alef au début de ahavah signifie "je". L'amour véritable signifie que nous nous donnons entièrement à l'autre personne, que vous donnez et faites tout ce que vous pouvez pour son bien.
-> La même idée est mentionnée par le rav Shimshon Rafael Hirsch ('Horev - chap.9) à propos de l'amour d'Hachem :
"Aimer signifie ressentir son propre être uniquement à travers et dans l'être d'un autre. Aimer Hachem signifie donc sentir que sa propre existence et sa propre activité ne sont rendues possibles et n'acquièrent de valeur et de signification que par Hachem et en Hachem".
-> Lorsque quelqu'un se donne vraiment et de tout cœur à quelqu'un d'autre, cela crée le plus grand lien et la plus grande connexion possibles. En vous donnant, je m'agrandis et je vous incorpore en moi. Notre âme est absorbée et fusionnée avec la mienne. Le sentiment qui en résulte, celui d'une unité totale et d'un ensemble, celui de faire partie de l'autre et de vivre comme s'il s'agissait d'une seule et même personne, est cette émotion mystérieuse et indescriptible que l'on appelle l'amour.
L'amour est peut-être la plus profonde et la plus intense de toutes les émotions. Il est si puissant que "l'amour couvre toutes les offenses" (Michlé 10,12) et que "de nombreuses eaux ne peuvent éteindre l'amour, ni des rivières le laver" (Chir HaChirim 8,7).
-> Le monde occidental présente l'idéal du "coup de foudre".
Le "coup de foudre" est tout au plus un engouement. Il découle généralement de la convoitise, qui, dans en hébreu, est taava.
Le rav Hirsch (sur Béréchit 3,6) explique que la racine de la taava est d'essayer de prendre pour soi tout ce que l'on n'a pas. C'est l'antithèse exacte de la ahavah, où l'on se donne aux autres.
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+ "Mais je ne serai jamais le 'Hafets 'Haïm" :
-> Nous rencontrons de nombreuses personnes qui se sentent frustrées et désillusionnées par rapport à leur avodat Hachem. Elles éprouvent des regrets et se sentent coupables de choses qu'elles n'auraient pas dû faire, elles ont du mal à faire la prière et à accomplir les mitsvot, et elles se demandent quel bénéfice elles apportent au peuple juif et ce qu'Hachem pense vraiment d'elles.
Ce sentiment est amplifié lorsqu'elles lisent et entendent des récits sur la sainteté et la grandeur surhumaine de guédolim tels que le 'Hafets 'Haïm et le rav Moché Feinstein.
Un tel sentiment est une erreur tragique. Il s'agit d'un stratagème du yétser ara, qui veut nous faire sentir si inutiles que nous renonçons à essayer de nous améliorer. L'une des raisons de cette attitude peut maintenant être comprise à la lumière de ce que nous venons d'apprendre.
Il est vrai que nous ne serons peut-être jamais aussi grands que le 'Hafets 'Haïm ou le Gaon de Vilna. Cependant, nous faisons tous partie de ce grand corps qu'est le peuple juif.
Dans le corps humain, il y a certains membres dont la vie de la personne dépend, comme le cœur et les poumons. Sans eux, la personne meurt. La perte d'un pied ne met pas la vie en danger, mais une personne qui perd un pied est gravement handicapée. Cette personne peut encore fonctionner, nouer des relations et accomplir de nombreuses choses, mais elle éprouvera des difficultés à fonctionner.
Oui, le Gaon de Vilna était à des années-lumière de nous dans son avodat Hachem, mais chaque personne du 21e siècle fait tout autant partie du corps juif que le Gaon de Vilna, et doit faire sa part pour s'assurer que le corps est complet.
Comme l'a écrit le 'Hazon Ich (3, lettre 62) : "de la même manière que les membres d'une personne ont des fonctions différentes, les yeux voient, les oreilles entendent et les mains créent, de même le peuple juif est comme un corps avec de nombreuses parties individuelles, et il incombe donc à chaque personne de remplir son rôle".
De plus, le cœur est la source de vie du corps, mais il ne peut pas faire le travail des jambes ou des doigts. Je ne pourrai peut-être jamais faire ce que les géants des générations précédentes ont accompli, mais ils ne pouvaient pas non plus faire ce que je peux faire.
Hachem, dans Son infinie sagesse, nous a choisis pour vivre à l'époque actuelle et nous a donné les capacités que nous avons, avec une tâche à accomplir qu'aucune autre génération dans l'histoire n'a pu faire.
Notre travail n'est peut-être pas très prestigieux, mais la personne mûre se rend compte de l'énormité et de l'importance de sa contribution unique à l'histoire juive et se consacre avec joie à son corps et à son âme pour contribuer à la perfection de cette belle entité qu'est le peuple juif.
[dans tous les cas plutôt que de se plaindre, que de baisser les bras (si j'avais les capacités du Gaon de Vilna, si je comprendrais les raisons des mitsvot, ... alors je ferais ...), on doit accepter la réalité du contexte et des capacités dont Hachem nous a doté et faire notre mission dans ce monde du mieux que nous le pouvons. ]
En vérité, cette analogie des membres manquants n'est pas tout à fait exacte.
Dans le corps humain, un cœur absent provoque une mort instantanée, alors qu'un doigt manquant ne fait que nuire à la perfection de la personne.
Dans la spiritualité, cependant, ce n'est pas vrai. Comme l'écrit le Yaarot Dvavh, la Chékhina d'Hachem ne peut résider pleinement si le peuple juif est souillé. Si une personne ne fait pas sa part, cela limite la totalité de la présence divine dans le monde, ce qui entrave le but ultime du peuple juif et de la création du monde. Il s'agit d'une mort partielle en termes spirituels, dont les proportions ne nous sont pas vraiment compréhensibles (d'où la comparaison avec le corps humain).
D'un autre côté, nous devons contempler l'incroyable succès du travail et du renforcement de notre avodat Hachem, car en faisant cela, nous méritons d'aider le peuple juif tout entier à être béni par la présence d'Hachem parmi nous.
[d'après le rav A. Tabor]