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+ Hachem dit : "Si le peuple juif, qui dépend du 'hessed, s'engage dans le 'hessed les uns avec les autres, alors Moi, qui suis pur 'hessed, je dois certainement faire du 'hessed pour eux".
[midrach Béréchit rabba 33,3]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) explique ce midrach. Lorsque nous faisons du 'hessed, cela permet aux 'hassadim (bontés) d'Hachem d'être introduits dans le monde.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que cela est particulièrement vrai à une époque comme aujourd'hui, où une midat hadin intense (Attribut de rigueur) est présent et où notre nation a désespérément besoin de salut (à la fois sur le plan individuel et sur le plan national). Aujourd'hui, le 'hessed est certainement la clé pour mériter la miséricorde d'Hachem.
Cette idée fait écho à la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10) : "Si vous voyez que le mérite des Patriarches a disparu et que celui des Matriarches s'est effrité, allez vous accrocher au 'hessed."

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-> Le Chlah haKadoch [à la fin de son commentaire sur masse'hét Pessa'him] écrit que le 'hessed est extrêmement vital. Sur la base du verset (Téhilim 52,3), "Le 'hessed d'Hachem dure toute la journée", il affirme que l'on ne devrait pas laisser passer un seul jour sans trouver un moyen de s'engager dans du 'hessed.

Interagir avec autrui

+++ Interagir avec autrui :

-> La guémara (Baba Métsia 58b) prévient que le fait d'offenser ou de blesser une autre personne par des mots (onaat dévarim) est pire que de lui nuire financièrement.
Quelqu'un qui embarrasse publiquement une autre personne ou l'appelle par un surnom désobligeant n'a pas sa place dans le monde à Venir.
Même si la personne a déjà l'habitude d'être appelée par ce nom et n'en est pas gênée, la personne qui a donné ce nom n'a toujours pas sa place dans le monde à Venir.

-> Par ailleurs, la guémara (Méguilla 27b) rapporte que Rabbi Zakaï a dit à ses disciples qu'il méritait la vieillesse comme récompense pour n'avoir jamais appelé quelqu'un par un surnom.
Les Tossafot expliquent qu'il se référait même à un nom non péjoratif.
Tout nom qui n'est pas flatteur ou qui est utilisé avec affection doit être évité.

C'est pourquoi il faut bien réfléchir à la manière de saluer les gens.
Il est évident que l'on ne doit jamais s'adresser à un parent, à un rav ou à un enseignant par son prénom. Ce serait un manque de respect flagrant. Leur position exige qu'on les appelle par leur titre.
En revanche, entre amis ou collègues, il semble approprié de saluer les autres par leur prénom. S'adresser à eux par leur nom de famille donne une impression de froideur et de distance. Cela peut être considéré comme un élément d'irrespect de la personne.

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+ Leçon de comment écrire une lettre :

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz a répondu un jour à quelqu'un qui lui avait écrit une lettre hâtive et bâclée. Dans sa réponse, il a énuméré 3 règles pour rédiger correctement une lettre.
Nous pouvons en apprendre beaucoup sur la manière correcte de communiquer et de traiter avec les autres.
Notre retation avec autrui (ben adam la'havéro) n'est pas moins une mitsva que la mitsva de l'esrog, qu'il nous est ordonné d'embellir. Si tel est le cas, il est tout à fait possible d'embellir une lettre adressée à un ami. Écrivez sur du papier propre avec un stylo de qualité, écrivez clairement et proprement, et bien sûr, le contenu doit être pur et agréable. Surtout, n'écrivez pas à la hâte, afin que le lecteur prenne beaucoup de plaisir à lire la lettre.

L'idée essentielle qui doit être soulignée est que tout ce qui a trait au "ben adam la'havéro" doit être fait avec un maximum de bonté et de gentillesse.
Tout doit être fait avec les bonnes intentions. A savoir, penser à ce qui est le mieux pour l'autre personne et pas seulement pour nous acquitter de votre obligation et en finir au plus vite. Une telle attitude est extrêmement éloignée du 'hessed (ressentir, se mettre à la place de l'autre).
[ rav Yérou'ham Lévovitz - Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.3, p.263]

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+ Sourire :

-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.
[à notre génération, nous sommes tous assoiffés de sourire, de reconnaissance et d'appréciation d'autrui.
A l'image des plantes qui ont besoin du soleil pour bien se développer, nous avons besoin de la chaleur d'autrui pour pouvoir pleinement nous épanouir.]
Le sourire revigore la personne qui le reçoit et lui donne le sentiment que sa présence a été remarquée, qu'elle est la bienvenue et qu'elle mérite de l'attention.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna avait l'habitude d'avertir ses étudiants : "Votre visage est un réchout harabim (un domaine public). Lorsque vous marchez dans la rue, les gens voient votre visage. Si vous êtes triste, vous transmettez la tristesse aux autres. Si vous êtes heureux, vous rendrez les autres heureux."

Le rav Israel Salanter a croisé quelqu'un sur le chemin de la synagogue le jour de Yom Kippour. L'homme, plongé dans ses pensées dans les derniers instants avant le début du jour saint, avait une expression très sérieuse sur le visage, et il passa à côté du rav Salanter sans le reconnaître.
Le rav Salanter remarqua : "Pourquoi dois-je souffrir de sa peur du jour du jugement?"
Même au plus fort de la gravité de Yom Kippour, un sourire amical est de mise.

-> La michna (Pirké Avot 1,15) nous dit : "Il faut saluer tout le monde avec un visage amical" (véévé mékabel et kol haadam bé'sever panim yafot).
Le rav Avigdor Miller explique que nos Sages nous enseignent que le fait de sourire à quelqu'un comporte trois éléments : "Premièrement, le panim, le visage. Vous devez lui montrer tout votre visage, et pas seulement une vue de côté (à la va-vite).
Deuxièmement, séver, du mot sévara, une pensée, une attention. Entrez en contact avec lui en lui montrant un visage attentionné et en pensant vraiment à lui. [on a tendance à être pris par nos pensées/soucis, et sourire machinalement, mais ce qui vient du coeur va au coeur, ainsi on doit se connecter à l'autre, lui témoignant notre sincère appréciation. ]
Et enfin, yafot, beau/belle. Veillez à vous rendre beau/belle en arborant un large sourire joyeux.c"

-> Le Meiri ajoute un quatrième point, à savoir que la michna exige que nous agissions de la sorte avec kol haadam, avec tout le monde. Non seulement nous devons être amicaux et joyeux avec nos bons amis et notre famille, mais aussi avec tout le monde
Même une personne que nous n'aimons pas particulièrement n'est pas exclue et mérite d'être accueillie avec un sourire.

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+ Etre le premier à dire bonjour :

-> La michna (Pirké Avot 4,1) dit : "Il faut être le premier à dire shalom à tout le monde".
La guémara (Béra'hot 17a) rapporte que l'Amora, Abbayé, avait l'habitude de dire : "Il faut augmenter le shalom avec ses frères, ses proches et avec tout le monde, même avec un non-juif au marché, afin d'être aimé par Hachem, chéri par les gens et accepté par tout le monde".
[ ceci est basé sur la michna (Pirké Avot 3,10) qui enseigne que quiconque est apprécié par les gens est également apprécié par Hachem (Maharcha). ]

=> Cette guémara soulève plusieurs difficultés. Pourquoi est-ce que c'est spécifiquement Abbayé qui avait l'habitude de dire cette idée? Pourquoi a-t-il dit "ses frères, ses proches et tout le monde" alors qu'il aurait pu être beaucoup plus concis et dire simplement qu'il faut dire shalom à tout le monde? Qu'est-ce que l'ajout "afin qu'il soit aimé par Hachem et chéri par les gens", cela est certainement vrai pour de nombreuses mitsvot?
Ce qui est encore plus déconcertant, c'est qu'il s'agit là de la raison pour laquelle il faut augmenter le shalom, afin d'être aimé d'Hachem et des gens.
Cependant, le Rambam (Hilkhot Déot 5,7) cite cela comme une exigence halakhique pour un talmid 'hakham, à savoir qu'il doit saluer les gens avec shalom "afin qu'ils soient satisfaits de lui".
Puisque nous savons que le Rambam n'apporte qu'une halakha stricte, et non des idéaux de moussar inspirants, cela suggère qu'une partie intrinsèque de l'accueil des gens est qu'ils l'apprécient. Quelle est l'idée sous-jacente?

-> Le 'Hidouché haGuéonim (sur Ein Yaakov - Béra'hot 17a) explique comme suit :
Abbayé était un descendant d'Eli haCohen, dont la famille avait été maudite pour mourir jeune. Cependant, Abbayé a mérité de vivre beaucoup plus longtemps que ses contemporains parce qu'il a appris la Torah et s'est impliqué dans le 'hessed. La vie d'Abbayé a été consacrée au 'hessed, et il a enseigné à plusieurs reprises cette phrase qui incarne l'essence du 'hessed.

Le 'Hidouché haGuéonim poursuit en expliquant que la base du 'hessed est de "s'assurer que son ami ne reçoive de lui que du bonheur".
Le 'hessed signifie faire tout ce que je peux pour le bien de l'autre personne, afin qu'elle sente que je l'aime, que je l'apprécie et que je veux faire tout ce que je peux pour elle.

Le meilleur moyen d'y parvenir est de sourire sincèrement à quelqu'un.
Le Rambam apprend que la guémara nous enseigne l'essence de base de ce qu'est le 'hessed, et la manière dont nous devons nous y prendre. Nous devons saluer une personne de manière à ce qu'elle nous respecte et nous apprécie parce qu'elle voit et ressent l'amour et l'intérêt sincères exprimés dans notre salutation.

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+ C'est en pratiquant qu'on se perfectionne :

-> Il est souvent difficile de saluer tout le monde avec un sourire sincère et chaleureux. [surtout au début car c'est pas une attitude naturelle d'être un donneur, au contraire on préfère recevoir des marques d'honneur, d'appréciation (avant d'éventuellement répondre en retour). ]
La Barténoura écrit que celui qui y parvient est la personne forte à laquelle la michna (Pirké Avot 4,1) fait référence : "Qui est fort? Celui qui maîtrise son yétzer".
C'est un signe de grande force de caractère que d'agir toujours de manière amicale et de sourire, quels que soient nos sentiments et notre opinion sur l'autre personne.
Celui qui peut faire cela a déjà atteint un niveau de vraie grandeur dans le bén adam la'havéro.

=> Comment peut-on atteindre ce niveau élevé ?

La réponse se trouve dans la déclaration d'Abbayé : "Il faut accroître le shalom pour ses frères, ses proches et tout le monde, même avec un non-juif au marché".
Commencer par nous ordonner de sourire à tout le monde est trop difficile. Il faut plutôt commencer par quelque chose de facile. Abbayé nous conseille de commencez par saluer nos frères. Une fois que l'on a maîtrisé cela, on peut passer à des proches plus éloignés. Une fois cette étape franchie, nous sommes prêts à saluer tout le monde au marché.
[on a une tendance inverse à prendre pour acquis nos proches, comme notre femme et nos enfants, mais en réalité on doit exceller dans notre façon de les fréquenter avec joie, avec chaleur, avec agréabilité, car alors on pourra davantage le faire pour les autres.
Hachem attend de nous qu'on ait une base solide (la priorité doit être le shalom avec ses frères (femme, enfants, parents, frères/soeurs), puis les moins proches, puis tous les juifs, puis les non-juifs, et ce bon ordre des choses nous permet d'être pleinement un générateur de joie, quelqu'un qui rayonne le shalom. ]

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) ajoute qu'Abbayé dit de saluer tout le monde, même un non-juif sur le marché. Le marché est un endroit très fréquenté, où les gens vont et viennent à toute allure, occupés à leurs propres achats.
La déclaration d'Abayei enseigne que nous pouvons devenir un tel expert en matière de salutations que même au marché, où vous êtes occupé à vos propres affaires/achats, vous serez capable de saluer les centaines de personnes présentes avec la même expression joyeuse et amicale.

-> "Sois le premier à saluer tout homme" (Pirké Avot 4,15).
Selon la guémara (Béra’hot 17a), personne n’a devancé le salut de Rabbi Yochanan ben Zakaï, même un non juif (vendeur) au marché.

-> C'est un art de sourire sincèrement à quelqu'un.
On raconte que le rav Eliyahou Dessler a passé une année entière à s'entraîner à sourire devant un miroir afin de perfectionner cette technique.

Le rav Avraham Grodzinski était réputé pour le sourire joyeux qui ne quittait jamais son visage, même pendant les cauchemars les plus sombres du ghetto de Varsovie.
Le rav Shlomo Wolbe (Alei Shur - vol.2) écrit que le rav Grodzinski a acquis cette qualité après avoir passé deux ans à maîtriser l'art de saluer joyeusement les gens. C'est en pratiquant que l'on devient parfait. Avec le temps, nous deviendrons quelqu'un qui sourit naturellement.

-> Un autre niveau de salutation est mentionné dans une autre mishna : "Saluez chaque personne avec joie" (Pirké Avot 3,12).
Dans son commentaire, le Rambam écrit qu'il s'agit d'un niveau encore plus élevé que l'exigence précédente de saluer les autres avec une disposition agréable.

=> Accueillir autrui avec une disposition agréable et un sourire amical est la base absolue exigée par la Torah. On doit tendre vers le fait de saluer les autres avec joie. Cela est possible pour une personne qui voit le bien chez tous ceux qu'elle rencontre (ex: il y a une partie d'Hachem en Lui qui reste toujours pure, c'est un enfant adoré d'Hachem (en l'honorant j'honore D.), nous partageons la même racine d'âme et si il va bien alors j'irai encore mieux!), qui les respecte sincèrement et qui est heureuse de les voir et de leur parler.
Ce sentiment qu'il éprouve pour les gens s'exprimera dans sa façon de saluer avec enthousiasme tous ceux qu'il rencontre, avec un sourire qui témoigne d'une attention et d'un plaisir authentiques, comme si le fait d'avoir rencontré cette personne avait fait de sa journée une réussite.
[l'idée est importante : on doit faire sentir autrui que c'est tellement un honneur que d'avoir pu le voir, le saluer, qu'en réalité c'est nous qui lui sommes redevable d'avoir pu lui sourire, lui parler, ...
Nos maîtres du moussar était content de voir un nouveau juif, car ils se disaient : encore un nouveau juif (un ben chél Mélé'h) à pouvoir honorer! ]

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-> "Que Hachem éclaire Sa face pour toi" (Nasso 6,25)

-> Le rav Avigdor Miller commente : Etant donné que D. agit mesure pour mesure (guémara Sota 8b), D. éclaire Sa face pour ceux qui éclairent, illuminent leur face, visage, à leur prochain.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna dit : Si on apprécie le fait que l’homme est créé à l’image de D., on considérait comme un privilège de pouvoir saluer ses semblables.

-> b'h, également à ce sujet : http://todahm.com/2016/06/30/4630-2

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+ Les compliments :

-> Si un sourire a la capacité de revigorer et de donner du pouvoir à celui qui le reçoit, un compliment n'en a que plus d'effet. Les gens ont soif d'être remarqués, appréciés et validés. Un compliment bien pensé montre que vous avez remarqué ce que la personne a fait, que vous y avez pensé et que vous l'appréciez.

Un compliment peut remonter le moral d'une personne déprimée, rendre un travailleur enthousiaste à l'idée de faire son travail, unir un groupe pour qu'il donne tout ce qu'il a l'un pour l'autre et inspirer l'amour et le dévouement entre conjoints.
Un compliment est si puissant que vous insufflez une nouvelle vie à l'autre personne, la transformant d'une personne nulle en quelqu'un d'autre important.

La femme de l'Alter de Kelm jonglait à elle seule avec un nombre énorme de responsabilités pour permettre à son saint mari de consacrer tout son temps et son énergie aux étudiants de la yéchiva.
En plus de s'occuper de la maison et de la famille, elle était fortement impliquée dans l'administration de la yéchiva et dans le bien-être des étudiants.
L'un des talmidim a déclaré qu'il se demandait souvent comment elle avait la force et l'énergie de s'occuper de tant de responsabilités. Jusqu'à ce qu'il rejoigne un jour l'Alter de Kelm pour un repas et entende, depuis leur entrée dans la maison jusqu'à leur départ, comment le Alter de Kelm couvrait sa femme de remerciements et de compliments sincères pour tout ce qu'elle faisait.
Il lui apportait un tel soutien émotionnel qu'elle avait la force de consacrer toute son énergie et ses capacités au rêve de son mari de construire la yéchiva de Kelm.

-> Le Zohar (Tazria 46b) écrit que de la même manière qu'Hachem punit quelqu'un qui parle de manière désobligeante d'une autre personne (lachon ara), il y a aussi une punition pour quelqu'un qui a quelque chose de gentil à dire à autrui mais qui se retient et ne le dit pas.
Nous apprenons ici que complimenter quelqu'un n'est pas simplement une chose agréable à faire, mais une obligation.
[on parle beaucoup et on s'inquiète de dire du lachon ara, qui selon la guémara (Ara'hin 15b) est équivalent aux 3 fautes cardinales réunies : l’idolâtrie, l'immoralité et le meurtre. Mais est-ce qu'on a la même inquiétude sur le fait de ne pas assez dire de belles et agréables paroles à notre prochain?
Or, nous sommes une génération "faible" où chaque juif a besoin comme jamais de paroles positives qui réchauffent le coeur et remontent le moral. Combien cela est vital, et combien il sera dur de répondre à Hachem lorsqu'on devra rendre des comptes sur la non utilisation en bien de notre langue! ]

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+ Les encouragements :

-> Encourager les gens est un autre trait de caractère de celui qui donne.
Il montre que vous avez remarqué la personne, que vous avez compris ses difficultés et que vous voulez l'aider à les surmonter.
Les mots d'encouragement assurent aux autres qu'ils peuvent réussir, leur donnent une lueur d'espoir dans une situation difficile et leur rappellent leurs capacités et leur désir de bien faire.
De même qu'un coureur de marathon trouve un regain d'énergie lorsque la foule l'encourage, de même, une parole amicale d'encouragement insuffle de la vie et de l'énergie aux gens et leur permet de se relever et de continuer à avancer dans les circonstances les plus difficiles.
[rav Avraham Tabor]

-> Selon le Shomer Emunim (Tsahali véRoni - ch. 9) :
"c'est une mitsva d'une hauteur et d'une grandeur incommensurables que de réconforter quelqu'un qui souffre.
Il n'y a pas de mitsva plus grande ou mieux récompensée que d'encourager et de renforcer quelqu'un qui souffre d'une difficulté quelconque.
Si nécessaire, il vaut même la peine d'interrompre son propre étude [de Torah] et sa propre prière pour le faire, en particulier pour le renforcer dans sa avodat Hachem."

-> Toutefois, il convient de souligner un conseil. Les experts enseignent que pour qu'un encouragement soit efficace, il doit s'agir de quelque chose que la personne croit pouvoir devenir réalité.
Dire à une personne très malade de ne pas s'inquiéter parce qu'elle sera complètement guérie demain n'est pas de nature à l'inspirer.

L'encouragement est efficace lorsqu'il oriente la personne vers de petites réussites qui sont réalistement à sa portée. Le fait de goûter au succès et de se rendre compte que de telles réalisations sont effectivement à sa portée lui donnera l'élan, la dynamique nécessaire pour se rapprocher de l'objectif final.
[rav Avraham Tabor]

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+ Les remerciements :

-> La gratitude est essentielle dans tous les domaines du judaïsme.
Le 'Hovot haLévavot enseigne que toute notre avodat Hachem est fondée sur la gratitude envers Hachem pour tout ce qu'Il fait pour nous. En effet, les juifs sont connus sous le nom de Yéhoudim, qui provient de la racine hodaa, remerciement. Si quelqu'un ne remercie pas les personnes qui l'ont aidé, il ne peut pas non plus remercier Hachem.
[l'essence qui nous définie comme juif est le fait de savoir témigner de la gratitude, de la reconnaissance à autrui, à Hachem, à soi-même. ]

[ il faut s'entraîner à remarquer le bien qu'on lui a fait, à l'apprécier et à exprimer sa gratitude. Cela s'applique à tout ce qui est fait pour vous, y compris les choses les plus insignifiantes, comme quelqu'un qui vous ouvre la porte, et ce que la personne était obligée de faire pour vous, comme le pharmacien ou le chauffeur de bus qui vous sert. ]

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-> Le 'hessed accompli régulièrement est souvent considéré comme allant de soi.
En réalité, les personnes qui aident souventles autres méritent encore plus de gratitude, car elles s'engagent totalement à accomplir leurs actes de 'hessed au quotidien. Il s'agit notamment des épouses et des mères dévouées qui cuisinent, font le ménage et les courses pour leur mari et leur famille, ainsi que des enseignants qui s'occupent de l'éducation de leurs élèves. [en s'en dédouane un peu trop facilement en disant que c'est normal, que c'est leur métier, ... plutôt que d'apprécier et les remercier]

-> Nos Sages disent (guémara Béra'hot 58a) = "Un bon invité, que dit-il?
Combien d'efforts le maître de maison a investi pour moi, quelle quantité de viande, de vin et de pâtisseries m'a-t-il proposé?
Et toute cette peine qu'il s'est donné, elle n'était qu'en mon honneur.

Mais un invité ingrat, que dit-il?
Quel effort a fait mon hôte pour me faire plaisir?
Je n'ai mangé qu'une seule tranche de pain, n'ai bu qu'un seul verre.
Tous les efforts qu'il a fait n'étaient destinés qu'à sa femme et ses enfants."

Ainsi, il y a 2 visions du monde :
-> celle du reconnaissant :
= prise de conscience du bien que l'on m'a fait.
=> Il en découle automatique le sentiment d'être redevable, de ressentir de l'obligation et de l'estime pour son bienfaiteur.

-> celle de l'ingrat :
= reniement et absence de reconnaissance du bien que l'on m'a fait.
=> affranchissement de tout sentiment d'être redevable.
==> L'ingratitude est l'arme permettant de libérer son orgueil du sentiment lié au fait de recevoir un bienfait.

Entre ces 2 attitudes diamétralement opposées, il y a, bien entendu, des niveaux moyens, dans lesquels, généralement, la majorité des personnes se situe.
[un juif doit passer sa vie pour ne rien prendre pour acquis, et tendre vers l'excellence d'être pleinement reconnaissant, même des choses qui semblent petites, normales, récurrentes, ...
Par exemple, le rav 'Haïm Sitruk, chaque jour saluer chaleureusement et remercier l'homme de sécurité en bas de son bureau. (à plus forte raison pour notre femme, ...) ]

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-> Le rav Yérou'ham Lévovitz dit :
"Ce serait une bien meilleure forme de don si, tout en apportant son aide, le donateur demandait au bénéficiaire de faire quelque chose pour lui ou de lui donner quelque chose de petit en retour. [même s'il n'en a pas vraiment besoin]
De cette façon, le bénéficiaire a le sentiment d'avoir rendu l'aide dans une certaine mesure, et il ne repart pas avec une lourde dette de gratitude."
[on agit alors à l'image d'Hachem qui nous donne tellement à chaque instant, et nous demande un peu pour nous enlever tout "pain de la honte" lié au fait d'être tellement aidé.]

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+ Mettre les gens à l'aise :

-> Nous sommes censés et tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas mettre les autres mal à l'aise. Nous avons déjà évoqué le fait d'éviter les mots désobligeants ou douloureux et de veiller à ne rien faire qui puisse embarrasser quelqu'un.
Le Or'hot Tsadikim (chaar haBoucha) dit que si nous apprenons avec quelqu'un et qu'il fait une erreur, nous ne devons pas lui dire "Tu as fait une erreur!" ou "Tu ne comprends pas!". Cela le mettrait dans l'embarras et le ferait se sentir stupide.
Nous devrions plutôt dire quelque chose comme : "Je ne comprends pas ce que vous voulez dire", acceptant ainsi de porter le blâme sur nous-même.

-> Le rav Aryeh Rottman définit le déré'h érets comme la sensibilité aux sentiments d'autrui.
Il n'existe pas de définition plus détaillée, car chacun est sensible à des choses différentes et nous devons traiter chaque personne en fonction de ses sentiments et de ses besoins individuels.
Nous trouvons dans les nos Sages que le déré'h érets exige que l'on ne fasse rien qui puisse dégoûter ou gêner une autre personne.
La guémara ('Haguiga 5tra) nous enseigne qu'une personne est tenue responsable d'avoir fait quelque chose qui dégoûte une autre personne, même si elle n'en avait pas l'intention, par exemple si elle a craché des glaires et que quelqu'un qui se trouvait à proximité en a été dégoûté.
[ex: de même, on fera attention de laisser un endroit propre par respect pour ceux qui viennent après, ...]

Le Choulkhan Arou'h (Ora'h 'Haïm 241) écrit que même en privé, on ne doit pas agir de manière basse et méprisable.
La michna Beroura explique : "Hachem veut qu'une personne se comporte avec propreté et sainteté.
Mais cette personne agit de manière méprisante et dégradante, ce qui empêche Hachem de faire reposer Sa Ché'hina sur elle."
[d'une certaine façon si quelqu'un est seul et qu'il ne s'habille pas avec pudeur, qu'il mange d'une manière animale, ou bien qu'il met son doigt dans le nez, ... en réalité, il doit s'imaginer que Hachem est là en face de lui ... Et oui, un juif(ve) n'est jamais seul, son papa est toujours là avec lui/elle!! ]

Le peuple juif a pu quitter l'Egypte grâce au mérite qu'il a acquis en concluant un pacte entre eux pour pratiquer le 'hessed les uns envers les autres.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba chap.23]

[sachant que la guéoula finale ressemblera à celle d'Egypte, il en découle l'importance à accorder à faire du 'hessed à autrui. ]

Penser aux autres

+++ Penser aux autres :

+ Prier pour autrui :

-> Rachi (guémara Shabbath 127b) écrit que prier pour les autres est une forme de guémilout 'hassadim (un acte de bonté).
Nous devrions toujours prier pour aider les autres si nous savons qu'ils ont besoin d'un certain type de salut, que ce soit en matière de santé, de parnassa, de shalom bayit, de réussite avec leurs enfants, ...

-> En effet, le Arizal (cité par Maguen Avraham 46) écrit qu'avant de prier, il faut avoir à l'esprit d'aimer chacun des membres du peuple juif et d'accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui est la source du 'hessed dans la Torah.

Le Arizal écrit qu'agir ainsi est un mérite qui va faire qu'Hachem acceptera notre prière.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévorah - chap.3) ajoute qu'il faut prier pour les autres "comme s'il s'agissait de ses propres enfants".
Le roi David est un exemple d'un tel dévouement. Il dit : "Quant à moi, lorsqu'ils étaient malades, mon vêtement était un sac et je m'affligeais en jeûnant" (Téhilim 35,13).

-> La guémara (Shabbath 67a) nous dit qu'une personne frappée de tsaraat devait crier "Tamé, tamé" (je suis spirituellement impur" chaque fois que quelqu'un s'approchait d'elle.
La raison en est que lorsque les gens entendaient parler de sa détresse, ils ne manquaient pas de prier pour que sa tsaraat (sorte de lèpre) disparaisse.

Sur la base de cette idée, la guémara rapporte la coutume qui est née que si quelqu'un avait un arbre malade, il le peignait, sachant que toute personne voyant un tel arbre prierait certainement pour qu'il retrouve la santé afin que son propriétaire ne subisse pas de perte financière.
[par exemple, à l'époque du Temple lorsque tous les juifs montaient à Jérusalem, et sur le chemin lorsqu'il voyait un arbre marqué d'une couleur, ils priaient tous pour son rétablissement, pour le bien de son propriétaire. (à plus forte raison, on doit le faire pour un prochain juif)]

-> Le rav Avraham Tabor enseigne :
Chaque fois que nous voyons quelqu'un de malade ou en détresse, la réaction naturelle d'un juif devrait être d'offrir une courte prière ou de dire un verset de Téhilim.
Cela est particulièrement vrai si vous voyez un avis dans la synagogue demandant de prier pour quelqu'un que vous ne connaissez pas, ou si vous voyez une ambulance passer à toute allure, sirène hurlante et gyrophares allumés. Dans de telles circonstances, puisque la personne ne saura jamais que vous avez prié pour elle, il s'agit d'un 'hessed du plus haut niveau, car il est fait purement pour le 'hessed, sans arrière-pensée de recevoir quoi que ce soit en retour, pas même un remerciement.
Il s'agit d'un 'hessed lichma à l'état pur, qui a beaucoup plus de chances d'être exaucé par Hachem.
[de plus, en prenant quelques secondes pour imaginer et ressentir la douleur d'une personne et de ses proches (ex: quelqu'un de malade), on peut en arriver à rajouter de la force, du coeur, à notre prière. ]

Il est important d'ajouter que lorsque nous voyons quelqu'un souffrir et que nous prions pour lui, nous devrions également exprimer notre gratitude à Hachem pour ne pas souffrir de la même manière.
Nous oublions souvent les bénédictions et le bonheur infinis dont nous bénéficions et nous les considérons comme acquis.
La conscience de la myriade de bénédictions dont nous bénéficions, devrait nous amener à éprouver une extrême gratitude envers Hachem. Cela doit s'accompagner d'un engagement à utiliser correctement toutes nos bénédictions dans le but de servir Hachem de notre mieux.
[cette gratitude et cette engagement à s'améliorer (même très légèrement), constituent de sublimes mérites pour venir en aide à ceux qui nous ont provoqué de tels sentiments par leur situation difficile.]

Il y a un avantage secondaire à prier pour les autres, même si ce n'est pas la raison pour laquelle nous le faisons. La guémara (Baba Kama 92a) nous dit : "Si quelqu'un prie pour la miséricorde de quelqu'un d'autre et qu'il a lui-même besoin de la même chose, il sera exaucé en premier".
Le rav Pinkous (Chéarim beTéfila - p.90) ajoute que les Tossafot (Roch Hachana 16a) expliquent que la prière de quelqu'un qui prie régulièrement pour les autres a le statut de téfila bétsibour, la prière dite en communauté, par opposition à une prière individuelle, et nos Sages nous disent que la téfila bétsibour (en minyan) est indescriptiblement plus puissante que la prière d'un individu, et qu'elle n'est jamais rejetée par Hachem.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav Avigdor Miller avait l'habitude d'exhorter ses étudiants à "se creuser la tête" pour essayer d'aider les autres.
Si vous savez que quelqu'un a des difficultés, c'est merveilleux de prier pour lui, mais vous devez aussi essayer de trouver des moyens pratiques de l'aider.

-> Nos Sages mettent en avant qu'après notre mort on prendra conscience de l'impact incroyable que nos mots de prière on pu avoir : combien de personnes nous avons pu guérir, combien de parnassa nous avons amené, combien de mariage nous avons permis, ... et nous aurons des récompenses éternelles pour cela. [libre arbitre oblige, on ne voit pas concrètement l'impact de nos prières, mais tous les juifs étant liés, on profite du flux des prières des autres.]
A l'inverse, combien nous souffrirons éternellement en se disant que si j'avais plus pensé aux autres en priant pour eux, combien j'aurais pu leur être utile, combien j'aurais pu m'amener par ricochet des mérites et des bénédictions (celui qui bénit est béni), ...

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+ Donner des bénédictions :

-> La guémara (Sotah 38b) cite le verset (Michlé 22,9) : "Celui qui a une disposition généreuse doit être béni [yévora'h]" et dit qu'il peut également être lu : "La personne qui a une disposition généreuse doit bénir les autres [yévaré'h]".

Le contexte auquel se réfère la Guemara est qu'un invité devrait diriger le Birkat haMazon afin qu'il puisse dire la bénédiction pour le bien-être de l'hôte.
Cependant, le Pélé Yoets (Béra'hot) apprend d'ici que chacun devrait toujours chercher à accorder des bénédictions aux autres. Peut-être la bénédiction sera-t-elle prononcée à un moment favorable dans le Ciel, et Hachem la fera alors fructifier.
La Michna Béroura (347:7) ajoute que c'est du déré'h érets de souhaiter à quelqu'un de réussir dans quelque chose qu'il entreprend.

-> Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ses bénédictions et penser que seuls les grands tsadikim peuvent donner des bénédictions, comme l'affirme la guémara (Méguilla 15a) : "Une bénédiction donnée par une personne ordinaire ne doit jamais être sans importance à vos yeux".
La guémara donne des exemples où les bénédictions de personnes simples ont été exaucées.
[tout juif est un enfant adoré d'Hachem, et toute prière venant du coeur a forcément un impact. Ainsi, on ne doit pas faire preuve de fausse humilité en ne priant pas pour autrui, mais au contraire on doit implorer notre papa Hachem d'aider notre frère juif. ]

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-> Le Pélé Yoets écrit qu'une bénédiction donnée de tout cœur et pleine de conviction est beaucoup plus puissante et a plus de chances d'être accomplie qu'une bénédiction dépourvue d'intention.
C'est pourquoi il exhorte les gens à faire tout leur possible pour que leurs parents les bénissent, car ils béniront certainement leurs enfants de tout leur cœur et de toute leur âme. [le Maharcha (Sota 38b) écrit une idée similaire. ]
Le Sforno (Vayétsé 32,1) écrit que cela est vrai même pour un père racha comme Lavan, le père de Ra'hel et Léa.

Le rav Avigdor Miller enseigne qu'à Slabodka, on suggérait qu'après avoir donné une bénédiction à quelqu'un, il fallait la répéter à voix basse pour soi-même. La première fois, on a probablement manqué de sincérité parce qu'on y a mêlé de la gentillesse sociale (du paraître extérieur). Le fait de répéter la bénédiction permet de s'assurer qu'elle est prononcée avec l'intention intérieure la plus complète et la plus pure.
[de même, dans la routine quotidienne on va dire : "bonjour/bonne journée!", mais est-ce qu'on le fait par habitude ou bien est-ce qu'on pense profondément le bénir d'une bonne journée?]

Le rav Miller dit aussi qu'on ne doit pas être radin en bénissant autrui. Cela ne coûte rien (à part quelques secondes), alors autant lui souhaitant le meilleur du meilleur!
Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6), citant le Zohar, écrit qu'il faut être généreux lorsqu'on donne des bénédictions. [on témoigne de notre générosité de cœur, de notre amour d'autrui, et du fait que Hachem peut tout sans limitation! ]

-> Le rav Its'hak Sher se promenait avec un groupe d'élèves et ils passèrent devant la maison d'un membre du personnel de la yéchiva. Le rav Sher commença à lui accorder d'énormes bénédictions, expliquant à ses étudiants perplexes qu'il n'y a aucune raison pour que le destinataire doive entendre la bénédiction.
De même, lorsque le rav Avigdor Miller (un des géants de sa génération) passait devant une maison avec une mézouza, il couvrait les occupants de chaleureuses bénédictions.
Il disait : "Tous les habitants de cette maison devraient être en bonne santé pour de nombreuses années heureuses, ils devraient avoir des moyens de subsistance confortables, du plaisir et de la satisfaction avec leurs enfants, les meilleurs chidou'him pour leurs enfants, uniquement des joies et des occasions heureuses dans leurs maisons, et rien d'autre que de la joie".

-> Outre le fait que l'on s'entraîne à prendre soin des autres et à les aimer en leur donnant des bénédictions, il y a un énorme avantage secondaire pour soi-même.
La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 8,8) raconte qu'un non-juif dit un jour "shalom" à Rabbi Yichmael. Celui-ci répondit : "Votre réponse a déjà été donnée", ce qui signifie que vous n'avez pas besoin que je vous bénisse en retour, car le verset (Lé'h Lé'ha 12,3) écrit qu'Hachem a dit à Avraham : "Je bénirai ceux qui vous béniront".
Quiconque accorde une bénédiction à un descendant d'Avraham (un juif) est assuré par Hachem lui-même de recevoir beaucoup de bénédictions en retour.
[l'idée est incroyable : en bénissant autrui, je suis bénis par Hachem Lui-même! Alors, profitons-en, bénissons autant que possible autrui! ]

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+ Les chaussures sacrées :

-> " 'Hanokh marchait avec Hachem" (Béréchit 5,22).
Nos Sages expliquent que 'Hanokh était un cordonnier et qu'à chaque couture, il faisait des yi'houdim à Hachem. Les yi'houdim sont généralement compris comme une notion kabbalistique obtenue par des pensées élevées. Cependant, le rav Israël Salanter explique que cela ne peut signifier que son esprit se trouvait dans des sphères supérieures, car il est interdit à un travailleur rémunéré de s'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le travail pour lequel il est payé.
Nos Sages veulent plutôt dire que 'Hanokh avait à l'esprit que chaque point devait être solide et bien fait afin de produire un produit de qualité dont le client pourrait profiter. Ainsi, même en exerçant sa profession banale, 'Hanokh a fait des yi'houdim, c'est-à-dire qu'il a imité les nobles caractéristiques d'Hachem, qui consistent à faire profiter les autres et à leur apporter du plaisir.

Ce concept peut être appliqué à un nombre infini de scénarios.
Un traiteur doit avoir à l'esprit de rendre sa nourriture délicieuse afin que les invités apprécient le repas.
Une couturière doit faire en sorte que la robe soit la plus belle possible pour que la personne qui la porte se sente bien dans sa peau. Un mécanicien doit avoir à l'esprit la satisfaction du conducteur qui roule en douceur/sécurité sur la route.

Nous voyons que même lorsqu'une personne est impliquée dans sa profession, qu'elle fait pour gagner sa vie, elle peut y insuffler les niveaux les plus élevés de sainteté. En ayant simplement à l'esprit le bénéfice de son client (amour d'autrui), il peut transformer son travail en une grande émulation d'Hachem et une forme élevée de avodat Hachem.
[rav Avraham Tabor]

"Rabbi Avin enseigne que lorsqu'un pauvre se présente à votre porte, Hachem lui-même se tient à sa droite ... Si vous lui donnez de l'argent, sachez que Celui qui se tient à sa droite vous récompensera bien. Mais si vous ne lui donnez pas, Celui qui se tient à sa droite vous punira"
[midrach Vayikra rabba 34,9]

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-> Le Zohar écrit que si Hachem aime une personne, il lui envoie en cadeau un pauvre qui demande de l'argent.
[cité par le Yessod véChorech haAvoda - chaar 10 , chap.4]

-> "Plus que le riche ne fait pour le pauvre, le pauvre fait pour le riche".
[midrach Ruth rabba 5,9]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.29) écrit :
"Lorsque quelqu'un vous approche et vous offre une opportunité de 'hessed, pour lui, c'est une petite chose de gagner une petite somme d'argent. Mais pour vous, la personne qui peut faire le 'hessed, il offre une opportunité massive d'une mitsva, qui a une récompense infinie.
Vous devriez être rempli d'une énorme joie, l'accueillir avec un visage radieux, et saisir la mitsva aussi vite que possible".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.17) dit que lorsque l'on voit quelqu'un d'autre dans une situation difficile, on devrait automatiquement être extrêmement reconnaissant à Hachem de nous avoir sauvé de la même situation.
La collecte de l'homme pauvre et désespéré est un rappel opportun pour nous d'apprécier la multitude et l'ampleur des bontés d'Hachem à notre égard.

-> Si le pauvre est quelqu'un qui est revenu plusieurs fois pour demander de l'aide, le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.22) conseille d'annuler les sentiments négatifs de ressentiment qui surgissent naturellement en se rappelant que nous faisons la même chose à Hachem.
D'innombrables fois, nous demandons de l'aide à Hachem dans les mêmes domaines et Il continue à nous gratifier de Ses bénédictions. Nous devrions aspirer à faire la même chose pour Ses enfants.

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-> Rabbénou Yona (Iguéret HaTéchouva 16) donne des indications sur la manière de saluer quelqu'un qui vient nous demander de l'argent (pour lui ou d'autres personnes dans le besoin) :
"Vous devez parler au cœur du pauvre de manière à lui remonter le moral et à le consoler de sa situation et de son découragement. Comme nous l'enseignent nos Sages, une personne qui donne un prouta à un pauvre reçoit 6 bénédictions, mais si elle le réconforte par des paroles, elle reçoit 11 bénédictions.
Comme l'écrit le verset : "Tu donneras ton âme à celui qui a faim" (Yéchayahou 58,10), ce qui fait référence au fait de le rassurer par des paroles et de lui montrer votre bonne volonté et votre désir de l'aider.
Réalisez que la récompense de cette action dépasse de loin celle des actions de tsédaka et que les bénédictions sont plus nombreuses et importantes."

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-> "Si vous offrez à votre ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais que vous le faites avec une expression aigre sur votre visage, la Torah considère que vous ne lui avez rien donné.
Mais si vous accueillez votre ami avec une attitude joyeuse, même si vous ne lui avez rien donné, la Torah considère que vous lui avez donné tous les meilleurs cadeaux du monde."
[Avot déRabbi Nathan 13,4]

-> "Tu lui donneras et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donneras" (Réé 15,10).

Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.17) explique qu'il arrive souvent qu'une personne ne veuille pas donner de l'argent, mais qu'elle le fasse quand même pour une raison ou une autre. Dans de telles circonstances, elle donne l'argent à contrecœur, le cœur lourd.
Ce n'est qu'après avoir donné l'argent qu'elle se console en se disant qu'au moins elle a fait une mitsva et que ce qu'elle a fait n'était pas du gaspillage.
La Torah met en garde contre cela : "Et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes". C'est au moment où l'on donne l'argent que l'on doit se réjouir d'avoir le mérite et le privilège d'accomplir la mitsva de 'hesed, et non pas seulement après l'avoir donné.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que nos Sages (Pirké Avot 3,4) nous enseignent : "Donnez-lui [à Hachem] de ce qui lui appartient, car vous et ce qui vous appartient est à Lui".
L'argent que nous possédons nous est prêté par Hachem afin que nous l'utilisions dans le but de donner de la tsédaka à Ses enfants dans le besoin. Ce n'est pas notre propre argent que nous donnons. La seule chose qui nous appartient est le choix de donner la tsédaka comme Hachem le désire.
Par conséquent, lorsque nous donnons de l'argent, nous devons déjà ressentir la joie de la mitsva, et celui qui le fait mérite l'accomplissement de la fin de ce verset : "car en faisant cela, Hachem, ton D., bénira toutes tes actions".
Quelqu'un qui donne de l'argent aux pauvres et se console ensuite en se disant qu'au moins il a fait une mitsva recevra quand même une récompense, mais le 'Hafets 'Haïm écrit qu'il minimise considérablement sa mitsva.

Réflexions sur la jalousie

+ Réflexions sur la jalousie (par le rav Wachtfogel) :

-> Le Roch (Or'hot 'Haïm - Chap. 113) écrit : "La jalousie (Kina) est une maladie horrible qui n'a pas de remède."
C'est un fait ; nous pouvons voir que c'est vrai. La jalousie n'est pas seulement une maladie, c'est un poison. C'est la racine du mal.
Kayin a tué Hével à cause de la jalousie. Adam haRichon a mangé de l'Arbre de la Connaissance (éts hadaat) à cause de la jalousie.
Tous les problèmes du monde découlent de cette terrible maladie.
[...]

En ce qui concerne toute autre maladie, tout autre mauvais trait de caractère, il est possible de s'en occuper et de travailler dessus. On peut les affaiblir et les adoucir.
Mais la jalousie est un poison, elle est sans remède. Il faut la déraciner jusqu'à la dernière trace.
[...]

Nous devons déraciner complètement la jalaousie, mais comment?
En n'y pensant pas du tout. La jalousie est un poison si puissant qu'elle pénètre dans une personne et brûle profondément en elle jusqu'à la détruire totalement. C'est pourquoi il est tout à fait absurde de s'en préoccuper.
Chaque fois qu'une personne pense à la jalousie, même si elle réfléchit à la manière de la déraciner, elle est déjà en train de s'en occuper. Par conséquent, une personne ne doit pas y penser du tout, et c'est ainsi qu'elle la déracine complètement.

La façon de se débarrasser de la jalousie est de s'élever au-dessus de tous les jeux enfantins, du fait d'être si impliqué dans ce monde-ci (olam azé). Pensez à quel point tout cela est vide.
Soyez comme un adulte qui n'est pas jaloux des jouets d'un petit enfant. Il se préoccupe de choses bien plus précieuses et bien plus importantes.
C'est ainsi qu'une personne peut éviter de se laisser prendre par les sottises, qui poussent les gens à être jaloux les uns des autres, à se battre pour leur honneur et à se disputer.
Il doit se rendre compte que les questions qui semblent si importantes ne le sont pas vraiment.
[on doit remettre les choses en perspective : est-ce que cela vaut vraiment le coup de se gâcher ce monde si éphémère (la vie passe trop vite!), en comparaison du devoir de se préparer pour le monde éternel à Venir.
Ce monde est comme un vestibule menant à la salle des fête, alors c'est pas si important si le vestibule n'est pas parfait! ]

La jalousie entre sages en Torah [kinat sofrim] (c'est-à-dire être jaloux de quelqu'un qui connaît plus de Torah que nous, ou qui a de meilleures midot que nous), est très saine. Ce n'est pas un poison.
C'est une bonne chose de vouloir suivre l'exemple de quelqu'un et de s'améliorer.

"Et Ra'hél était jalouse de sa sœur" (Vayéchev 30,1).
Rachi commente : Ra'hél était jalouse des bonnes actions de sa sœur et se disait : "Elle doit être plus juste que moi, et c'est pourquoi c'est elle qui a des enfants".
Ra'hél considérait que sa sœur était plus grande qu'elle, elle était jalouse et voulait suivre son exemple. Ce type de jalousie est bon ; il pousse les gens à s'élever de plus en plus haut.
[on a tous des capacités différentes, ainsi il ne faut pas que cette jalousie nous amène de la tristesse, de la déprime, mais uniquement un boost, du positif. ]

Adam haRichon avait un autre type de jalousie : "Tu seras comme Elokim, tu connaîtras le bien et le mal" (Béréchit 3:5). Il voulait être comme Hachem, ce qui n'était pas du tout dans ses cordes.
Ce type de jalousie était un culte idolâtre, un poison.

Il existe un moyen de discerner le type de jalousie que vous avez, qu'il s'agisse de kinat sofrim ou d'une forme préjudiciable de jalousie.
Hachem dit à Kayin : "pourquoi ton visage est-il tombé?" (Béréchit 4,6). C'est le signe. Si une personne a de la kinat sofrim, cela la renforcera et la motivera. Elle aura plus de désir d'apprendre la Torah et plus d'énergie pour servir Hachem.
Mais le type de jalousie nuisible fait tomber le visage de la personne. Elle lui fait perdre l'intérêt pour les choses et la confiance en elle-même. C'est ainsi que l'on peut faire la différence.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

Une des questions qui nous sera posée lorsque l'on quittera ce monde est :
"Est-ce que tu as fait de ton prochain un roi?"
[Réchit 'Hokhma - chaar haYira - chap.12]

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-> De même, d'autres Sages disent également que l'une des questions posées au tribunal céleste après la mort d'une personne est : "As-tu fait de ton compagnon un roi sur toi-même?" (imla'hta 'havérkha alé'ha).
La Torah attend de nous que nous considérions et traitions chaque autre juif comme un roi, comme une personne spéciale et importante méritant l'honneur et un traitement royal. En effet, Rabbi Elazar a enseigné à ses disciples que la chose sur laquelle il faut se concentrer le plus pour s'assurer de mériter sa place dans le monde à Venir est de faire très attention à l'honneur d'autrui (guémara Béra'hot 28b).

=> b'h, nous allons voir quelques éléments pour nous renforcer dans ce domaine.

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-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar - vol.1, ch.13) souligne que la mitsva de "d'aimer son prochain comme soi-même" (véahavta léré'akha kamo'ha) présente une opportunité rare qui n'existe dans aucune autre mitsva.
Plutôt qu'une mitsva générale d'aimer tout le monde, il existe une exigence distincte d'aimer chaque juif. Si vous aimez deux personnes en même temps, vous accomplissez la mitsva deux fois.
Si vous aimez 100 000 personnes, vous accomplissez 100 000 mitsvot en une seule fois.
Aucune autre mitsva ne peut être accomplie autant de fois en une seconde. C'est l'une des raisons pour lesquelles le yétser ara combat cette mitsva avec tant d'acharnement, car il sait que nous pouvons obtenir une récompense phénoménale en très peu de temps.
C'est donc une bonne habitude à prendre, lorsqu'on se trouve au milieu d'un groupe de juifs, de se dire : "J'aime tous les gens qui sont dans cette pièce!" En un instant, vous avez accompli la mitsva de "véahavta léré'akha kamo'ha" des centaines de fois!

-> Aimer une autre personne n'est pas quelque chose qui vient naturellement ; cela doit être cultivé et nourri au fil du temps.
Le 'Hovot haLévavot donne une outil : choisissez une personne. Lorsque vous le voyez ou que vous pensez à lui, dites à haute voix (sans que personne ne l'entende, bien sûr) : " J'aime ce juif! Au début, vous vous sentirez peut-être gêné et mal à l'aise, mais après quelques fois, vous remarquerez que votre état d'esprit change lentement. Au fil du temps, vous commencerez à l'apprécier, puis à l'aimer."

[plus on s'habitue à exprimer en nous notre amour pour un autre juif (même si on le connaît pas personnellement), [uniquement parce qu'il est juif, ou bien en louant une qualité qu'il semble avoir], voir même à le bénir par amour, alors plus on développe un regard naturel d'amour pour les juifs. ]

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-> Chaque juif est aimé par Hachem plus qu'un père n'aime son fils. Nous devons prendre le temps de réfléchir à la grandeur et à l'importance infinies de chaque juif. Cela relève du commandement de nos Sages : "Que l'honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien" (Pirké Avot 2,15).
Cela engendrera à son tour un sentiment naturel de respect et d'amour pour autrui, surtout si nous nous rappelons que tous les juifs font partie d'une grande entité commune (que seule la matérialité semble divisée) et que chaque personne est comme un membre différent d'un même corps spirituel appelé le peuple juif.

Chaque juif mis au monde par Hachem a une tâche unique que personne d'autre dans le monde ou même dans l'histoire ne peut accomplir.

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+ Honorer et aimer :

-> La guémara (Yébamot 67a) enseigne qu'un mari doit aimer sa femme comme lui-même et l'honorer plus que lui-même.
Pourtant, lorsque le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) cite cette halakha, il en inverse l'ordre : "Nos Sages ont ordonné à un homme d'honorer sa femme plus que lui-même et de l'aimer comme lui-même".

Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que la guémara énonce d'abord l'objectif de la Torah pour un mari = atteindre un stade où il aime sa femme autant qu'il s'aime lui-même. Cependant, le Rambam est un livre de lois. Il nous enseigne comment atteindre un tel objectif = en honorant sa femme plus qu'il ne s'honore lui-même.
[ cela explique pourquoi la guémara dit qu'il faut l'honorer plus que soi-même et l'aimer comme soi-même. Le but est d'atteindre l'amour, qui ne peut être qu'à la hauteur de l'amour que l'on se porte à soi-même. Cependant, le moyen d'y parvenir est de l'honorer plus que soi-même.]

-> Comment honorer une autre personne?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Balak 5732) définit la mitsva d'honorer un parent comme l'obligation pour l'enfant de trouver une qualité dans laquelle le parent excelle, et de l'honorer et de le respecter pour cette qualité comme si, dans cette qualité, il était la plus grande personne de toute la génération.
Il dit avoir appris cela de son père, qui a fait de même avec son propre père. Le rav 'Haïm Chmoulévitz écrit qu'il n'a jamais compris pourquoi son père agissait de la sorte, jusqu'à ce qu'il réalise enfin que pour honorer véritablement quelqu'un, il faut avoir pour lui un respect réel et authentique. Et pour l'acquérir, il faut trouver la qualité unique de cette personne qui mérite un tel respect.

-> Ce concept se retrouve dans le Séfer 'Harédim (9,35) : "La principale façon d'honorer ses parents est de les considérer comme de grandes personnes et des personnalités respectées et honorables. Car en agissant ainsi, on en vient à les honorer dans ses paroles et ses actes."

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) mentionne la mitsva d'aimer chaque juif et dit :
"Par conséquent, on est tenu de faire l'éloge d'autrui, de se préoccuper de ses biens de la même manière que l'on se préoccupe de ses propres biens et que l'on souhaite être honoré.
Nous voyons que le fait de mentionner les bonnes qualités d'une autre personne est un accomplissement de la mitsva d'aimer une autre personne."

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+ Dents brillantes ou odeur désagréable? :

-> La capacité à voir les bons côtés des autres est en fait la marque d'un tsadik.
"Les fous [les réchaïm] parlent de la culpabilité des autres, mais ceux qui sont droits parlent de ce qui est bon chez les autres" (Michlé 14,9).

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:217) explique qu'un fauteur est toujours à la recherche d'échecs et de mauvais points chez les autres. Il se concentre uniquement sur ce qu'ils ont fait de mal ou sur ce qui leur manque.
Rabbénou Yona compare ces personnes à une mouche, qui est attirée par les endroits sales.

[ le Or'hot Tsadikim (chaar lachon ara) ajoute que : parler mal des autres est une source d'embarras pour soi-même, car les gens parlent surtout de ce qu'ils ont dans le cœur et l'esprit. Quelqu'un qui parle mal des autres montre qu'il a lui-même le même défaut, qui est toujours dans son esprit, et c'est pourquoi il mentionne ce défaut chez les autres.
(d'une certaine façon, on est tout content d'avoir trouvé du mauvais en autrui, pour mieux se valoriser, oubliant qu'on a ce défaut en nous! )]

Le juste, quant à lui, ignore tout ce qui est mauvais chez une personne et ne parle que de ses bons côtés.
[Après le Déluge, la Torah décrit en détail comment Noa'h s'est enivré et comment ses fils l'ont couvert pour cacher sa honte. Il les a bénis et les bénédictions ont été accomplies.
Le 'Hafets 'Haïm (Introduction, Commandements positifs 2) explique que cette histoire se trouve dans la Torah pour nous enseigner l'importance de couvrir les mauvais points et la honte d'une autre personne. ]

Rabbénou Yona rapporte ensuite l'histoire de 2 personnes qui passent devant une carcasse en décomposition. L'un d'eux s'exclame : "Quelle odeur épouvantable !", ce à quoi le sage répond : "Mais qu'elles sont belles ses dents blanches et brillantes !".
Le tsadik est celui qui peut se concentrer sur le positif et ne parler des autres qu'en termes élogieux.

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+ 'Hafets 'hessed :

-> Le Ramak, rabbi Moché Cordovero (Tomer Dévorah - chap.1) écrit que cette caractéristique est l'un des traits de miséricorde d'Hachem appelé : 'hafets 'hessed" (Il désire le 'hessed).
Cela signifie que même lorsque le peuple juif mérite d'être puni pour les fautes qu'il a commises, Hachem aura pitié de lui et l'épargnera s'il a le mérite de faire du 'hessed les uns envers les autres.

Ainsi, il est écrit dans le Tomer Dévorah :
"Même si quelqu'un vous fait du tort et vous met en colère, s'il a une qualité, telle que l'aide aux autres ou un autre bon trait de caractère, cela devrait être une raison suffisante pour annuler toute votre colère contre lui, et il devrait trouver grâce à vos yeux.

D'autant plus avec sa femme [nos Sages (Yébamot 63a) enseignent que Rabbi 'Hiya avait une femme difficile, mais chaque fois qu'il trouvait quelque chose qu'il savait qu'elle aimerait, il le lui apportait, expliquant] : "Il suffit qu'elle élève nos enfants et qu'elle m'épargne de la faute".
De même, une personne devrait dire à propos de tout le monde : "Il me suffit qu'il ait fait telle ou telle chose pour moi ou avec quelqu'un d'autre, ou le bon trait de caractère qu'il possède"."

-> Le Tomer Dévorah décrit un trait de caractère encore plus élevé. Il s'agit du fait qu'Hachem aime le peuple juif en toutes circonstances, même lorsqu'il ne le mérite pas, parce qu'Il se souvient de l'amour qu'Il a eu pour nous lorsque nous avons quitté l'Egypte et que nous L'avons suivi dans le désert hostile sans aucune provision.
De même, le Tomer Dévorah insiste sur le fait que même si quelqu'un n'est pas digne d'être aimé à l'heure actuelle, il faut se souvenir des moments passés avant qu'il ne se soit écarté du droit chemin.
De cette manière, écrit-il, il n'y a pas une seule personne à propos de laquelle on ne puisse pas trouver une qualité qu'elle avait autrefois, et l'aimer à cause de cette qualité.

[ selon le rav 'Haïm Soloveichik cela n'est vrai que pour quelqu'un qui n'affecte pas les autres par son comportement. Mais cela ne s'applique pas à une personne qui incite les autres à fauter, en particulier si elle persuade les jeunes d'abandonner la Torah et les mitsvot.
La Guemara dit que faire fauter une autre personne est pire que de la tuer, car elle lui fait perdre son monde à Venir, et il faut haïr une personne qui essaie de la détruire. ]

-> Le Tomer Devorah (chap.2) résume qu'il n'y a personne d'aussi acceptant ou humble qu'Hachem, qui comble Ses créations d'une bonté infinie, indépendamment de leur comportement ou des fautes qu'ils commettent.
Il y est écrit : "Une personne doit agir de la même manière. Aucune raison au monde ne devrait l'empêcher de faire du bien aux autres. Aucune faute ou comportement inapproprié ne doit l'empêcher d'aider ceux qui sont dans le besoin à tout moment ... On ne doit mépriser personne et doit considérer même la personne la plus humble comme extrêmement importante, et on doit aider tous ceux qui ont besoin de son aide."

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+ Faire l'éloge des gens :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.7) consacre un chapitre entier à cette idée [de louer le peuple juif à Hachem] et écrit qu'une personne qui loue constamment les mérites des juifs et implore Hachem d'avoir pitié d'eux "sera aimée et chérie par Hachem".

Il rapporte ensuite une prière que Eliyahou haNavi a adressée à Hachem, en citant les actes méritoires de la nation juive : "Maître du monde, regarde notre affliction, prends en compte nos doléances et remarque l'humiliation dont nous souffrons constamment. Souviens-Toi des nombreux foyers d'Israël qui n'ont pas d'argent et qui, pourtant, apprennent la Torah chaque jour ..."
Le 'Hafets 'Haïm nous implore d'apprendre du prophète Eliyahou et de parler à Hachem des actes méritoires de Ses enfants bien-aimés.

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+ Pourquoi est-ce si difficile?

-> Certaines personnes ont du mal à louer les qualités des autres. Cela peut provenir d'un manque d'estime de soi ; elles ont l'impression que leur propre valeur est menacée s'il y a des gens meilleurs qu'elles dans de nombreux domaines. Cependant, la bonne attitude à adopter est de se rappeler le principe selon lequel l'ensemble du peuple juif constitue une seule et même âme.

Tout comme un corps possède différents organes et membres, et que chacun d'entre eux a une fonction unique qu'aucune autre partie du corps ne peut remplir, de même, au sein du peuple juif, chacun a son propre travail individuel qu'il est le seul à pouvoir accomplir. Je ne pourrai jamais être le 'Hafets 'Haïm, mais le 'Hafets 'Haïm ne pourrait pas accomplir ma tâche.
[il faut accepter le rôle et les capacités que Hachem m'a donné, et chacun aura à répondre de les avoir utilisés du mieux qu'il pouvait. Chacun est unique et nécessaire dans la partition qui conduira à révéler et proclamer fortement Hachem dans le monde. ]

Grâce à cette prise de conscience, non seulement je ne suis pas gêné si quelqu'un a une qualité différente de la mienne, mais je veux qu'il en soit ainsi. Puisque chacun a une tâche unique qu'il est le seul à pouvoir accomplir, chaque personne doit disposer d'un ensemble d'outils exclusifs. Je veux que mon prochain juif réussisse à utiliser ses outils, afin qu'ensemble, en tant qu'équipe unie, nous puissions atteindre la grandeur maximale du peuple juif.

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.22) écrit :
"Quelqu'un qui est beaucoup plus intelligent que les autres ne fait que ce que sa nature lui permet de faire.
De même qu'un oiseau vole parce que c'est sa nature et qu'un bœuf tire des poids lourds parce qu'il est né avec cette capacité, de même, il [la personne intelligente] est sage parce que c'est sa nature.
Si l'on donnait la même intelligence à une autre personne qui n'est pas aussi intelligente que lui, cette personne serait tout aussi intelligente. Il n'y a donc aucune raison d'être orgueilleux.
Au contraire, si une personne a été dotée d'intelligence, elle est tenue d'enseigner aux autres, comme l'a enseigné Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne garde pas ce bien pour toi, car tu as été créé dans ce but" (Pirké Avot 2,9).
[la traduction habituelle est : Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’en fais pas l’éloge, car c’est dans ce but que tu as été créé. Le Ram'hal apporte ici une autre version. L'idée que si on a reçu davantage d'outils (ex: intelligence, richesse, capacité à être joyeux, à l'écoute, ...), alors on est responsable dans faire profiter autrui. (à l'image de la tsédaka, si on reçoit un bien d'Hachem, c'est dans un but d'en faire également bénéficier notre prochain juif. )]
S'il est riche, il doit être heureux de son sort et aider ceux qui sont dans le besoin. S'il est fort, il doit aider les faibles et les sauver de leurs oppresseurs. A quoi cela est-il comparable? Aux serviteurs d'une maison, où chacun est chargé d'une tâche différente, et chacun doit veiller à faire le travail qui lui a été confié."

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+ Que lui arrive-t-il?

-> Le principe fondamental du 'hessed est de ressentir ce que vit la personne comme si on le vivait soi-même (nossé béol im 'havéro). Ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons vraiment comprendre ce qu'il ressent et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider.
Cette tâche n'est pas simple. Nous ne pensons naturellement qu'à notre propre vie et à nos propres émotions. C'est une tâche colossale que de sortir de son propre égo et de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.

Comme l'écrit le Or'hot Tsadikim (fin de chaar Sim'ha), c'est quelque chose qui ne peut être acquis que par la pratique. Il faut passer quelques secondes, pas plus d'une minute, à essayer de ressentir ce que quelqu'un doit ressentir dans sa situation.

Chaque jour, prenez une personne différente dans une situation différente afin de vous exercer à une variété d'émotions. Si vous entendez quelqu'un se fiancer, fermez les yeux et imaginez et ressentez l'excitation et la montée d'adrénaline.
C'est un outil très puissant que de dire à haute voix : "Je suis tellement heureux pour lui". En effet, même si nous ne ressentons pas vraiment cela, notre état d'esprit peut être modifié au fil du temps par nos paroles. [un comportement extérieur, a une influence sur notre intériorité (ex: se forcer à sourire, à se réjouir d'autrui, ...)]
De même, on peut aussi ressentir la douleur d'un parent malade, l'espoir d'une personne qui attend une bonne nouvelle, la frustration d'une personne qui a été rejetée lors d'un entretien d'embauche et la honte d'une personne qui a dérapé en public, ...

[ex: en prenant même 5-10 secondes pour penser à la douleur et aux conséquences d'un malade, alors la prière qu'on va faire pour sa réfoua chéléma aura une force plus grande, et donc un impact plus fort, en plus du mérite de la mitsva d'aimer son prochain qui est faite. [Hachem désire et apprécie l'amour qu'il y a entre Ses enfants adorés! Ainsi, lorsque l'on sort de notre égo/confort personnel pour se mettre à ressentir la douleur actuelle d'autrui, alors cela a beaucoup de valeur! ]
Ces pensées ressemblent au fait de tendre/tirer davantage un arc permet à la flèche d'aller plus loin, d'être plus utile pour celui auquel nous prions. ]

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+ Le bénéfice du doute :

-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6) écrit que sans le le concept d'accorder aux autres le bénéfice du doute (juger favorablement - dan lékaf zé'hout), nous ne serions jamais en mesure d'accomplir correctement la mitsva d'aimer un autre juif comme nous-mêmes.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haZé'hira - chap.12) enseigne que si quelqu'un a accepté le lachon ara et qu'il a cru une calomnie que quelqu'un aurait dit sur lui, alors il est "pratiquement impossible" de s'empêcher par la suite de blesser ou de se disputer avec cette personne.
Il est presque inévitable qu'ils finissent par devenir des ennemis, espérant que l'autre souffrira ou tombera (c'est bien fait pour elle!), ce qui l'antithèse exacte de l'amour pour un autre juif.
Le 'Hafets 'Haïm écrit que la seule méthode pour éviter ce scénario est de perfectionner l'art d'accorder le bénéfice du doute lorsque quelqu'un semble avoir dit ou fait quelque chose contre nous.

[on a ainsi l'idée que "aimer autrui" cela implique de faire l'effort de toujours le voir sous un angle davantage positif. On voit cela particulièrement dans le couple, où en se focalisant trop sur ce qui peut être négatif (il est humain!), on en vient à fissurer, à réduire l'admiration et l'amour.
(la Torah ne nous demande pas d'être naïf, et il faudra prendre ses distances en cas de danger, mais malgré tout dans la très grande majorité des cas le fait de juger positivement autrui ne nous impact pas négativement.)]

-> Il est souvent beaucoup plus facile qu'on ne le pense d'accorder le bénéfice du doute. Il suffit de penser aux moments où nous avons eu une journée stressante, où, fatigués et affamés, nous avons commis une erreur, ou encore où nous avons parlé à quelqu'un d'une manière inappropriée.
Nous savons que nous n'aurions jamais agi de la sorte en temps normal, et que nous l'avons fait uniquement en raison de la journée très difficile que nous avons passée.
Nous nous disons : "Si les gens savaient ce que je traverse, ils sauraient que ce n'est pas moi qui ai dit cela".
De même, nous ne pouvons jamais savoir ce que vit une autre personne. Il peut sembler heureux, comme si tout allait bien, mais intérieurement, un million de choses peuvent lui arriver. Il peut avoir mal à l'estomac, ne pas avoir dormi la nuit dernière parce que ses enfants étaient malades, avoir un parent à l'hôpital ou une lourde dette à payer. Il peut avoir eu une enfance très difficile ou s'être disputé avec sa femme.
Les possibilités sont si nombreuses et étendues qu'il devrait être relativement simple de penser que, tout comme je n'ai pas agi correctement uniquement parce que j'avais tel ou tel problème, cette personne n'a probablement dit ou fait quelque chose de blessant à mon égard que parce qu'elle avait quelque chose d'important à l'esprit.
[idéalement, en réalisant qu'actuellement "elle n'est pas elle même" (contre sa volonté), alors on devrait demander à Hachem de la bénir du meilleur, pour qu'elle puisse de nouveau être elle-même : un magnifique juif plein de joie et de bénédictions. ]

Le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, p.207) ajoute que si quelqu'un se soucie vraiment d'une autre personne, il veut que cette personne soit innocente, et il la juge donc en conséquence.
Avec un tel état d'esprit, il est beaucoup plus facile de trouver une raison pour justifier ses actions.

[évidemment cela demande un travaille sur nous (surtout au début), car naturellement on "aime" qu'autrui se comporte mal, car on se dit alors que nous ne sommes pas si mal que cela [au regard de ce qu'il a fait]! Cela flatte mon égo, et permet de justifier mes mauvaises attitudes.
Mais on demande à un juif d'aller au-dessus de sa nature humaine, et de se rattacher au fait que nous sommes tous une même âme spirituelle, que nous devons aimer et chérir autrui juif. ]

-> Le rabbin Ephraïm Wachsman raconte l'histoire suivante :
Il y avait un homme dont le travail consistait à livrer de la viande à domicile. Une fois, il était très en retard et n'atteignit l'un de ses clients qu'à minuit. Le propriétaire ouvrit la porte et, avec un grand sourire, lui dit : "Bonjour, je suis si heureux de voir que vous êtes arrivé!"
Sur ce, le livreur s'effondre en sanglots ininterrompus. L'hôte a rapidement fait entrer l'homme, l'a fait asseoir, lui a apporté une boisson et il a fini par le calmer.
Après quelques minutes, le livreur raconte son histoire. "Ma femme a été opérée aujourd'hui. J'ai passé la journée à l'hôpital avec elle et tout a été retardé. J'étais épuisé physiquement et moralement, mais je dois payer les factures et j'ai donc entrepris ma tournée. Partout où je suis allée, j'ai été accueillie par des froncements de sourcils furieux parce que j'étais si en retard. Je suis arrivée chez vous à minuit et je redoutais votre réaction. Mais je dois te remercier. Vous êtes la première personne à m'avoir dit quelque chose de gentil de toute la journée!"

Cet homme était un héros pour avoir tenu bon malgré tous ses soucis et son stress. Les personnes qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes fronçaient les sourcils à cause des inconvénients qu'elles subissaient (ex: comment peut-il me manquer de respect en venant en retard, est-ce qu'il pense à la gêne que cela m'occasionne, ... ).
Quelqu'un qui donne à autrui (baal 'hessed), par contre, dont les yeux sont ouverts pour penser aux autres, se rend compte qu'il est inhabituel que cet homme livre la commande si tard. Il ne se contente pas de penser à son propre désagrément, mais se soucie de ce que l'autre personne peut endurer, et lui offre alors le sourire chaleureux et amical et l'encouragement qu'elle méritait et dont elle avait tant besoin.

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+ Hachem, aide-moi à l'aimer :

-> Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 110:8) stipule que chaque matin, avant de commencer à étudier la Torah, il faut dire la prière que le sage Rabbi Né'hounya ben Hakana disait avant d'apprendre.
Il y demande : "Je ne devrais pas être heureux si mes amis commettent une erreur dans la halakha et ils ne devraient pas être heureux si je le fais".
Cela est basée sur le verset : "Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi trébuche" (Michlé 24,17). D'autant plus si c'est un ami qui trébuche!

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.17) assimile le fait de se réjouir de la chute d'une autre personne à de l'avoda zara (idolâtrie) et le cite comme l'une des raisons pour lesquelles le Temple a été détruit.
Le 'Hafets 'Haïm conseille de penser qu'en raison de nos fautes, nous mériterons nous aussi de faire un faux pas et d'être embarrassé en public, mais qu'en raison du mérite de nos ancêtres, Hachem nous épargne une telle douleur.
[l'idée est incroyable : lorsque je vois autrui tomber, je dois non seulement avoir de la compassion pour lui (l'aidant et priant pour son bien), mais en plus je dois remercier Hachem de ne pas m'avoir mis à sa place alors que j'aurai dû y être! (en remerciement pour mes ancêtres, je dois me renforcer et leur faire honneur par mon comportement dans ce monde, pour l'élévation de leurs âmes!) ]

-> Le Or'hot Tsadikim (chaar Sim'ha) explique que Rabbi Né'hounya a réalisé qu'il est courant pour les gens de rire ou de se réjouir lorsque quelqu'un d'autre fait quelque chose de mal, car cela leur donne le sentiment d'être supérieurs à eux.
Cependant, la Torah attend de nous que nous ressentions son profond embarras et que nous soyons peinés pour lui. Ceci est particulièrement important si l'erreur a été commise dans le domaine de la halakha (loi juive), ce qui pourrait amener les gens à transgresser la volonté d'Hachem.
Rabbi Néhounya savait que pour se préserver de cette réaction presque naturelle, il devait prier pour obtenir une aide spéciale d'Hachem. Il nous incombe de faire de même.

-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 28b) explique la prière de Rabbi Né'hounia de manière légèrement différente. Il dit qu'il a prié pour que ses amis soient vraiment heureux qu'il n'ait pas fait d'erreurs et qu'il se réjouisse qu'ils n'aient pas trébuché.
Dans notre relation avec notre prochain on attend de nous d'être sincèrement heureux des succès des autres, mais Rabbi Né'hounya a compris qu'il fallait une aide Divine spéciale pour surmonter son égo personnel et ressentir honnêtement ce sentiment.

L’importance de l’unité

+ L'importance de l'unité :

-> Nos Sages (Tana déBé Eliyahou rabba - ch.28) enseigne qu'Hachem dit au peuple juif : "Mes enfants bien-aimés, est-ce qu'il me manque quelque chose que Je dois vous demander? Mais il y a une chose que Je vous demande, c'est de vous aimer les uns les autres, de vous respecter les uns les autres et d'avoir de l'admiration les uns pour les autres. [Entre vous] ne fautez pas, ne volez pas et ne vous comportez pas de manière désagréable".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Za'hor léMyriam - ch.11) écrit que nous apprenons ici que "l'unité entre les juifs apporte satisfaction et bonheur à Hachem ... et si chaque juif aimait l'autre comme il se doit, chaque personne recevrait une bénédiction supplémentaire dans ses efforts".

Il conclut que cela est suggéré dans le verset où nous apprenons le concept de 'hessed. La Torah écrit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; Je suis Hachem". Les deux derniers mots, "Je suis Hachem", sont ajoutés pour nous enseigner que "si tu aimes ton prochain comme toi-même, alors Moi, Hachem, je serai parmi vous et je vous aimerai tous les deux".

=> L'unité et la paix permettent à la Présence divine de résider en nous, ce qui apporte avec elle toutes les bénédictions infinies d'Hachem.

‘Hessed & importance d’imiter Hachem

+++ 'Hessed & importance d'imiter Hachem :

=> Pourquoi les midot (traits de caractère) constituent-ils une partie aussi fondamentale du juif?
Quelle est la raison profonde pour laquelle le rav 'Haïm de Volozhin exhortait ses enfants à se rappeler constamment qu'un homme n'est né que pour aider les autres ?

+ Un monde de bonté :

-> Dans le Birkat haMazon, nous décrivons Hachem comme "Le Bon, qui a fait le bien, qui fait le bien et qui fera le bien pour nous" (HaTov ... Hou hétiv, Hou métiv, Hou yétiv lanou).
Quelle est la définition du mot "bon" (tov)?

Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) explique : "On ne peut vraiment qualifier quelqu'un de bon que s'il fait du bien aux autres".
Hachem fait constamment du bien à toutes ses créations. Il les comble de vie, de santé, d'intelligence, de nourriture et de bien d'autres choses encore. En effet, le verset dit : "le monde a été créé pour la bonté" (olam 'hessed yibané - Téhilim 89,3).
Le désir d'Hachem est de faire du bien à Ses créations, et Il a créé le monde uniquement dans ce but, afin qu'il y ait des personnes pour lesquelles Il puisse faire preuve de bonté.

-> Quelle est la plus grande bonté qu'Hachem puisse faire pour nous?
Le Ram'hal (Déré'h Hachem (pt.1, ch.2) explique qu'Hachem est le summum de la bonté et que, par conséquent, la plus grande chose qu'Il puisse faire est de nous laisser nous attacher à Lui et profiter de cette connexion.
Ailleurs, le Ram'hal (introduction au Messilat Yécharim) écrit : "L'homme a été créé dans le seul but de se délecter d'Hachem et de se délecter de la splendeur de la Présence divine, ce qui constitue la joie ultime et le plus grand de tous les plaisirs de l'existence".

[un juif vit sa vie en s'efforçant de gagner la récompense ultime qui consiste à profiter d'avoir le plus de proximité avec la gloire d'Hachem dans le monde à venir, ce qu'il fait en accomplissant les mitsvot et en apprenant la Torah (qui sont des moyens de nous y attacher). ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.2) ajoute une condition effrayante qui doit être remplie pour que l'on puisse recevoir cette récompense :
"Le fait que l'homme mérite ou non de se prélasser de la gloire d'Hachem dans le monde à venir dépend de son attachement à Hachem de toutes ses forces pendant qu'il est encore en vie.
[S'attacher à Hachem] signifie s'attacher à Ses Attributs. Tout au long de sa vie, une personne doit s'efforcer d'acquérir les Attributs Divins, qui consistent à ne faire que du bien et de la bonté.
Elle méritera alors de rester pour l'éternité devant Hachem et d'assouvir le désir de son âme. Cela n'arrivera pas à quelqu'un qui n'a pas vécu sa vie en essayant d'aider les autres. S'il agit à l'encontre des voies d'Hachem, comment pourra-t-il finalement s'attacher à Hachem dans l'autre monde?"

-> La guémara (Roch Hachana 17b) rapporte qu'Hachem a enseigné à Moché Rabbénou que si le peuple juif commet une faute, il doit dire les 13 Attributs Divins de Miséricorde, et Hachem lui pardonnera. Hachem a même fait une alliance pour qu'ils soient toujours exaucés de leur demande.
Pourtant, les commentaires notent que beaucoup ont essayé mais ne semblent pas avoir réussi.
Le Eitz Yossef, commentant la guémara, cite le Alchikh haKadoch et répond que la guémara ne dit pas que nous devrions dire les 13 Attributs, mais plutôt : "Ils feront devant Moi les 13 Attributs" (yéassou léfanaï kesseder hazé) = seule une personne qui met en œuvre concrètement ces traits de bonté et de miséricorde en elle-même (à l'image d'Hachem) a la garantie qu'Hachem répondra à ses prières lorsqu'elle sera elle-même dans le besoin.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.7) ajoute que quelqu'un qui nie la nécessité de faire du 'hessed est sévèrement étiqueté par nos Sages comme un hérétique qui nie les fondements du judaïsme.
La raison en est que : "Hachem est la source de tout bien et de toute bonté et Il a créé l'ensemble de la création dans le but que Ses créations acquièrent des mérites afin qu'à la fin, Hachem soit en mesure de leur donner Sa bonté et tous Ses bienfaits.
C'est dans ce but que la Torah et toutes ses mitsvot nous ont été données ... Par conséquent, si une personne nie le concept de 'hessed et se dit : "Qu'est-ce que le 'hessed a à voir avec moi?", elle est considérée comme si elle avait nié Hachem".

-> Une personne qui a passé sa vie à apprendre la Torah et à faire des mitzvos recevra certainement une récompense ; cependant, elle ne pourra pas jouir du plaisir exquis de s'attacher à Hachem si elle ne s'est pas transformée pour devenir un donneur comme Hachem.
[Il y a un nombre infini de niveaux à cela et plus on devient généreux, plus on est capable de s'attacher à Hachem. ]
Le but ultime de Sa création ne sera pas atteint et le désir d'Hachem de nous procurer un bonheur infini sera frustré.

L'insistance de la Torah sur l'importance des midot et du ben adam la'havéro (comportement avec son prochain) découle du but ultime du monde : le désir d'Hachem d'accomplir la bonté pour Ses créations.
Le Rav Chaim de Volozhin exhortait constamment ses élèves à aider les autres au mieux de leurs capacités.
Il leur disait : "Imitez Hachem! Faites de vous quelqu'un qui agit à l'image de D. et vous mériterez ainsi la félicité et le bonheur éternels de vous prélasser de Présence Divine d'Hachem dans le monde à venir."

Le Rachba (Responsa 1:149) explique la bénédiction de Boré Néfachot, prononcée après certains aliments, comme signifiant qu'Hachem a créé de nombreuses personnes qui manquent du nécessaire pour vivre (boré néfachot rabot vé'hesronot). Comment cela peut-il être considéré comme un éloge d'Hachem? Ne serait-il pas préférable de nous avoir créés complets?
Une explication est qu'en faisant en sorte que les gens manquent de tout ce dont ils ont besoin, Hachem a intégré dans la composition du monde la nécessité pour les gens de faire du 'hessed les uns avec les autres. Cela permet à chacun de L'imiter en donnant aux autres et d'atteindre ainsi la grandeur spirituelle.

-> Au moment de l'ouverture de la mer Rouge, le peuple juif a chanté le chant (chira) de la mer, et ils y ont proclamé : "Zé Kéli vé'anvéhou" (c'est mon D. et je Le glorifierai).
La guémara (guémara Shabbath 133b) nous enseigne que le mot "anvéhou" est composé de deux mots : ani et véhou (moi et Lui), et signifie : "Tout comme Il est miséricordieux, vous devez être miséricordieux ; tout comme Il est compatissant, vous devez être compatissants" (Ma hou ra'houm, af ata ra'houm, ma Hou 'hanoun, af ata 'hanoun).
=> La méthode dont nous disposons pour glorifier Hachem consiste à imiter Ses voies bienveillantes et à faire de notre mieux pour toujours aider les autres.

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+ Qu'est-ce qu'un Adam?

-> La Torah désigne l'être humain sous le nom d'adam (אדם).
[ Qui est appelé "Adam"? Seul Israël (les juifs) est appelé Adam et non les nations du monde. (guémara Yébamot 61a)]

Le Chla haKadoch écrit que ce mot peut être lu de deux façons, avec des significations opposées.
Si quelqu'un se conduit avec les midot d'Hachem et est donc lié à Lui, il est appelé adam, du mot adamé, qui signifie "j'imiterai". Il est le sommet de la création, ressemblant à Hachem lui-même. C'est l'image de l'homme que l'on trouve sur le Trône de Gloire d'Hachem, et à cet égard, l'homme est même plus grand que les anges.
Les anges ne peuvent faire que ce qu'on leur ordonne de faire, mais l'homme peut choisir de changer et de s'élever pour devenir une image ambulante d'Hachem dans ce monde.

Cependant, si l'homme n'a aucun lien avec Hachem et agit d'une manière contraire à aux bonnes midot d'Hachem, il est appelé adam, du mot adama (la terre). Il a été créé à partir de la terre et c'est là qu'il retournera, et il ne possède aucune grandeur au-delà de la terre d'où il a été tiré.

[le terme Adam ne renvoie qu'aux juifs, car il est l'état le plus élevé de la Création (même supérieur aux anges!), lorsqu'un être humain dépasse sa naturalité animale pour imiter les midot d'Hachem. ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - pt.2, ch.10) écrit que les âmes du Gan Eden seraient prêtes à renoncer à toute leur part dans le Monde à venir pour avoir l'opportunité de revenir dans ce monde et d'accomplir des mitsvot.

=> Une telle affirmation est basée sur le plus grand désir que l'on puisse avoir : le désir de la vie elle-même. La vie signifie la capacité d'imiter Hachem en devenant un donateur pour les autres, et cela ne peut se faire que dans ce monde.

-> Le rav Wolbe développe l'idée que la vie nous est donnée pour aider les autres, et la pulsion de vie inhérente est en fait le désir ardent de l'âme d'imiter Hachem et d'utiliser sa vie pour faire tout ce qu'elle peut pour le bien des autres.

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+ Un Ben Olam haBa :

-> La guémara (Taanit 22a) raconte que Rav Béroka 'Hoza'a rencontra Eliyahou haNavi sur la place du marché et lui demanda si quelqu'un sur le marché était un ben Olam HaBa (un membre du monde à Venir).
Eliyahou indiqua deux personnes qui entraient sur le marché et déclara qu'elles remplissaient les conditions requises. Rav Béroka se précipita vers eux pour leur demander ce qu'ils faisaient. Ils répondirent qu'ils étaient des comiques et que lorsqu'ils voyaient quelqu'un se sentir déprimé ou triste, ils lui faisaient une blague et lui remontaient le moral. S'ils voient deux personnes se disputer, ils s'efforcent de faire la paix entre elles.

Cela semble surprenant. Certes, nous pouvons en déduire l'importance qu'Hachem accorde au fait d'aider les autres et de les rendre heureux, car Il les récompense par le monde à Venir (olam haba). Mais étaient-ils les seuls, sur toute la place du marché, à mériter une récompense dans le monde à Venir? Il y avait certainement d'autres personnes qui apprenaient la Torah et accomplissaient des mitsvot, et qui méritaient également le Olam haBa.

Les commentateurs font une observation fascinante sur le langage de la guémara. Rav Béroka a demandé s'il y avait un ben Olam haBa "sur ce marché". Il ne voulait pas dire "qui ici va gagner une récompense dans le monde à venir".
Il demandait plutôt au prophète Eliyahou : "En ce moment même, qui sur le marché est une personne qui vit déjà comme une personne du Olam haBa ?".
Eliyahou a répondu : les deux comiques qui font tout pour remonter le moral des gens tristes. Leur seul intérêt est d'aider les gens qui souffrent, qui est la mida de ceux qui sont déjà dans le Olam haBa.
De même qu'Hachem se consacre exclusivement au bien d'autrui, tous ceux qui se trouvent dans le monde à Venir partagent cette mida. Et la personne qui la pratique dans ce monde a le statut de ben Olam haBa bien avant d'y arriver.

En revanche, nos Sages (Pirké Avot 3,11) disent que quelqu'un qui embarrasse publiquement une autre personne n'a pas de part dans le monde à venir.
Nos Sages du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais que cela signifie plutôt qu'une telle personne n'a aucun lien avec le Olam haBa.

D'après le principe du 'Hafetz 'Haïm, il s'agit là d'un principe élémentaire. Le Olam haBa (monde à Venir) est l'endroit où l'âme se connecte totalement avec Hachem. Hachem est la source et l'ultime moyen de faire du bien aux autres. Une personne qui se soucie si peu des autres qu'elle est capable d'infliger à une autre personne la douleur insupportable d'une humiliation publique ne peut avoir aucun lien avec la source de toute bonté.

[pour un petit plaisir d'avoir le dernier mort, d'écraser autrui pour me se valoriser, ... on l'humilie (et on se donne bonne conscience : ça va c'est rien! c'est une petite nature!), et alors comme prix à payer on aura des regrets et une souffrance éternelle d'être plus éloigné de papa Hachem, réduisant la qualité de notre monde futur.
D'une certaine façon, un ben Olam haBa est quelqu'un qui a déjà la tête dans le monde à Venir (ex: notre passage dans ce monde est si rapide pour se prendre la tête avec autrui, aidons-nous plutôt!), et ainsi n'aborde pas les choses comme les non-juifs avec l'instinct naturel, mais plutôt avec la hauteur, la noblesse, d'un juif.]

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+ Le lachon ara :

-> Le lachon ara est considéré comme l'une des transgressions les plus graves de la Torah, au point que nos Sages l'assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont : l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites. [c'est une faute 3 en 1]

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

[ainsi lorsqu'une personne dit du mal de quelqu'un d'autre, c'est parce qu'elle ne voit pas ou ne pense pas un seul instant à la personne dont elle parle, et qu'elle peut donc dire ce qu'elle veut sans se rendre compte de la terrible douleur qu'elle inflige.]

-> Il existe une coutume répandue qui consiste à dire les 10 Rappels (zékhirot) que nous devons avoir quotidiennement, après la prière de cha'harit. Il s'agit de : le Shabbath, la sortie d'Egypte, le don de la Torah sur le mont Sinaï, la faute du Veau d'or, l'obligation d'exterminer notre ennemi juré Amalek, ...
Le 8e Rappel consiste à se souvenir comment Myriam a été punie pour avoir parlé du lachon ara à propos de son frère Moché.
Qu'y a-t-il de si fondamental avec toute parole de lachon ara pour qu'il soit compris avec les Rappels les plus importants du judaïsme et qu'il soit prononcé tous les jours?

Le rav Chatzkel Lévenstein en tire la leçon suivante :
"Le principe fondamental de toute chose est d'imiter Hachem, qui est la source de tout bien et de toute bonté. Mais le lachon ara est méchant, l'exact opposé du but recherché qui est de s'attacher à la bonté".
Ce principe est si important qu'il faut s'en souvenir tous les jours.

Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu’une seule et même âme (2e partie)

+++ Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu'une seule et même âme (2e partie) :

+ Prier pour les autres :

-> Le 'Hatam Sofer cite la guémara (Béra'hot 12b), qui dit que quelqu'un qui pourrait prier pour les autres [juifs], mais ne le fait pas est considéré comme un fauteur.
Selon le 'Hatam Sofer, la guémara poursuit en disant qu'un talmid 'hacham doit se rendre malade en priant pour les autres. Il explique cette exigence de la manière suivante : Puisque le peuple juif tout entier est comme une seule âme et un seul corps, lorsqu'une personne souffre, l'autre doit également ressentir cette douleur ("se rendre malade").
Puisque les deux personnes souffrent maintenant, il est également capable de prier, car il n'est plus considéré qu'il prie pour quelqu'un d'autre, mais plutôt comme une personne priant avec sa bouche pour qu'il soit guéri de la douleur dans son doigt.
Ceci est vrai pour tout le monde, mais la guémara souligne qu'un talmid 'hakham devrait particulièrement le faire, parce que sa grandeur supplémentaire le rend semblable à la tête du corps, qui est plus importante et plus influente que les autres parties du corps et qui est donc plus apte à prier.

[ex : un conseil est de prendre quelques secondes pour imaginer et ressentir les douleurs du malade, la souffrance de sa famille, ... et alors on pourra prier avec davantage de cœur, et donc avoir une prière qui aura plus d'impact.
Juste quelques secondes où l'autre (pour lequel on prie) devient nous-même! (cela peut être valable également pour les bonnes nouvelles, l'essentiel étant de vivre ce qu'il vit autant que possible, même quelques secondes) ]

-> Cette idée nous conduit à la compréhension la plus simple du Arizal, qui écrit [dans sa courte prière que nous disons] avant de commencer chaque prière, il faut avoir à l'esprit d'accomplir la mitsva de "aimer son prochain comme soi-même". En effet, on ne peut vraiment prier pour un autre juif que lorsqu'on réalise que nous sommes tous une seule entité et que sa douleur est la mienne.
Nos prières sont très souvent à la forme plurielle car elles ont un impact et le pouvoir de sauver notre prochain juif de ses difficultés.
[de même, certains ont l'habitude de donner des pièces à la tsédaka avant de prier. On peut voir cela comme une façon de s'ouvrir concrètement à l'amour d'autrui, à la conscience que nous sommes liés. ]

-> Nombreux sont ceux qui s'inquiètent de ne pas voir leurs prières porter leurs fruits. Il leur semble qu'Hachem ne répond pas aux prières et souvent, par frustration, ils cessent de prier.
Pourtant, la tradition transmise par de nombreux grands tsadikim veut qu'Hachem réponde à chaque prière qu'un juif Lui adresse.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nous ne voyons pas nos prières exaucés, mais nous mentionnerons ici le principe expliqué par le Déguel Ma'hané Efraïm (Ki Tétsé).
Il écrit que parfois, Hachem prend une prière dite par quelqu'un dans une partie du monde et l'utilise pour aider un autre juif ailleurs. Un juif de Paris peut prier pour une aide financière et Hachem répondra à sa prière en permettant à un juif d'Australie d'avoir de l'aide pour avoir une bonne parnassa.

[il est intéressant de noter que tous les juifs sont liés peut importe l'espace (le lieu où ils se trouvent) et le temps, puisque par nos actions nous influençons les juifs décédés, ainsi que ceux à venir.]

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+ Etre jaloux? Pas de soi-même! :

-> Nos Sages (Sanhédrin 105b) nous disent que naturellement, un parent n'est pas jaloux de son enfant, ni un rabbi de son disciple. Ils estiment que leurs enfants ou leurs disciples sont des prolongements d'eux-mêmes et que la jalousie n'a donc pas sa place.
Il incombe à chacun de développer l'état d'esprit selon lequel il fait partie du grand corps du peuple juif, travaillant tous ensemble pour répandre l'honneur d'Hachem dans le monde.

-> Celui qui croit cela ne sera jamais jaloux de la position d'une autre personne dans la vie ou de ses succès dans la avodat Hachem. Au contraire, il sera ravi de voir d'autres personnes progresser dans la Torah et les mitsvot, car cela signifie que le peuple juif tout entier a accompli une plus grande partie de la volonté d'Hachem. Il lui importe peu de savoir si c'est lui qui a mérité de le faire ou quelqu'un d'autre, du moment que de la satisfaction a été apporté à Hachem.

[lorsque mon prochain juif va bien spirituellement, alors il impact la collectivité juive, et par ricochet il m'impact personnellement. Ainsi, en priant et me réjouissant pour la réussite d'autrui, en réalité c'est également pour moi que je le fais (en plus de le faire pour la grandeur d'Hachem, que le kidouch Hachem soit maximal).
De toute façon, Hachem peut donner l'infini à chaque juif, et Il aura encore l'infini à nous donner ... ainsi ce qu'autrui a ne me limite nullement, donc je ne dois pas m'inquiéter/être jaloux de cela (sinon j'ai une vision limitante de D.). ]

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+ Combattre dans l'armée d'Hachem :

-> Un jour, quelqu'un a demandé au 'Hafets 'Haïm : "Pourquoi devons-nous avoir autant de sortes de juifs différents? Il y a les 'hassidim, les séfarades, et tant d'autres. Certains mettent l'accent sur l'apprentissage, d'autres sur la prière, d'autres encore sur la danse et le chant. Qu'y aurait-il de mal à ce que tout le monde soit pareil, à ce que nous fassions tous la même prière et que nous fassions tout de la même façon?
Le 'Hafets 'Haïm a répondu : "Pourquoi ne posez-vous pas la même question au sujet du tsar de Russie? Pourquoi a-t-il autant de types de soldats? Il a des fantassins, de la cavalerie, des équipes d'artillerie, des pilotes et des sous-mariniers. Qu'y aurait-il de mal à ce qu'il n'ait qu'un seul type de soldat avec un seul type d'arme, sous la direction d'un seul général?
La réponse est que lorsque vous faites la guerre, vous devez utiliser toutes les tactiques possibles pour garantir la victoire. Un fantassin a l'avantage du combat au corps à corps. La cavalerie, quant à elle, peut effrayer l'ennemi et le faire fuir.
Les responsables des canons et des roquettes peuvent faire la guerre à distance.

Même les chanteurs et les musiciens participent à l'effort de guerre en maintenant le moral des soldats.
"Il en va de même pour la guerre contre le yétser ara. Tous les différents groupes de juifs, les 'hassidim et les non-'hassidim, se joignent aux soldats de l'armée d'Hachem pour combattre le yétser ara.
Certains luttent en apprenant la Torah, d'autres en faisant leur prière, d'autres en chantant et en louant, d'autres encore en soufflant dans le shofar. Tant que chacun garde à l'esprit qu'il le fait pour le Ciel"
['Hafets 'Haïm al HaTorah - Réé 14,1]

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit un jour :
"Je ne sais qu'une chose. Lorsque quelqu'un décède et que son âme se rend dans l'autre monde, on ne lui demandera pas s'il appartenait à tel ou tel groupe. Tout ce qu'ils feront, c'est ouvrir un séfer Torah et lui demander : "As-tu respecté ce qui est écrit ici? As-tu accompli tout ce qui est dit dans l'ensemble de la Torah? S'il peut répondre par l'affirmative, il ira au Gan Eden, mais s'il répond par la négative, il finira dans les feux de Guéhinam".
["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon]

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+ L'amour véritable :

-> Le Tanya (ch.32) pousse cette idée un peu plus loin. En vérité, la seule façon d'aimer vraiment quelqu'un d'autre est de l'aimer pour son âme.
L'amour véritable ne peut exister que dans quelque chose qui est une seule entité, où toutes les parties sont essentiellement une. Quelque chose composé de différentes parties qui ont été combinées aura toujours une séparation intrinsèque qui empêche le niveau ultime d'unité.
Au niveau de l'âme, nous sommes tous unis et entièrement connectés, et nous pouvons donc éprouver de véritables sentiments d'amour les uns pour les autres.
Dans le monde physique/matériel, cependant, nous sommes divisés en différents corps, avec des apparences, des idéaux et des possessions différents.
Par définition, notre physique nous différencie les uns des autres, et donc si j'aime quelqu'un pour tout ce qu'il a de physique, il est impossible qu'il s'agisse d'un véritable amour.

-> Le Baal HaTanya ajoute que c'est la raison pour laquelle Hillel a dit au non-juif que toute la Torah est basée sur "tu aimera ton prochain comme toi-même", même s'il semble qu'elle ne concerne que les mitsvot avec son prochain (ben adam la'havéro) mais pas avec D. (ben adam laMakom).
Pour vraiment aimer quelqu'un, il faut comprendre la grandeur de l'âme, et combien elle est plus significative et spéciale que le corps physique qui nous sépare. Dès que l'on contemple cela, on est automatiquement inspiré à suivre les désirs de l'âme d'accomplir les mitsvot et d'ignorer les tentations du yéter ara de s'adonner au plaisir physique.

-> L'Alter de Kelm (Chochmah U'Mussar 1) écrit :
"Il est impossible d'aimer son ami comme soi-même tant que l'on n'a pas éliminé toutes les traces de matérialité (gachmiout) le concernant et que l'on ne se retrouve pas dans une pureté dépourvue de barrières physiques.
Alors, les parties de l'âme peuvent se réunir pour ne faire qu'un, car dans la spiritualité (rou'hniyout), il n'y a pas de séparation ou de division, contrairement à la matérialité dans laquelle il n'y a pas de véritable unisson puisqu'elle est composée de différents matériaux."

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+ Donner, c'est aimer :

-> Le rav Eliyahou Dessler (Kountres ha'Hessed - ch.4)explique qu'il y a 2 types de personnes dans le monde, celles qui donnent et celles qui prennent. Naturellement, les gens sont des preneurs.
Le mot pour l'amour dans la Torah est ahava, dont la racine (hé et bét - הב) signifie "donner".
Contrairement à ce que les gens pensent, on aime quelqu'un à qui l'on donne, et non pas quelqu'un qui nous donne.
C'est la véritable raison pour laquelle les parents aiment leurs enfants plus que ces derniers ne les aiment. Les parents se donnent corps et âme pour tout donner à leurs enfants, et ces années de don constant génèrent un amour profond pour leurs enfants qui ne pourra jamais être égalé.
Le rav Dessler cite nos Sages : "Si tu veux développer l'amour pour ton ami, implique-toi dans des actions qui lui sont bénéfiques".
Pourquoi est-ce vrai

Le rav Dessler nous donne un aperçu de la psychologie humaine :
"Une personne aime les fruits de ses actions parce qu'elle y sent une partie d'elle-même. Qu'il s'agisse d'un enfant qu'il a mis au monde ou recueilli, d'un animal qu'il a élevé, d'un arbre qu'il a planté, ou même de quelque chose d'inanimé comme une maison qu'il a construite. Dans tous ces cas, il est lié par l'amour à l'œuvre de ses mains, car c'est en elle qu'il se retrouve.
En résumé, ce qu'une personne donne à une autre n'est jamais perdu, il s'agit plutôt d'une extension de son propre être. Il peut voir une partie de lui-même dans son prochain à qui il a donné. C'est à cet attachement entre l'homme et son semblable que l'on donne le nom d'amour".

Il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre comme soi-même. Mais en donnant aux autres, on peut s'élargir et les intégrer comme une partie de soi.

-> Le rav Shimon Shkop (Intro à Chaaré Yosher) écrit :
"À première vue, l'amour de soi et l'amour des autres semblent être deux concepts différents. Mais nous devons aller plus loin et clarifier ce qu'est le véritable moi d'une personne, car c'est à cette aune que nous pouvons mesurer la grandeur de chacun.
Chez une personne humble et peu raffinée, son "moi" se limite à son moi physique et à son corps. Une personne plus élevée se rend compte qu'elle possède à la fois un corps et une âme.
Plus haut encore, une personne intègre dans son "moi" son foyer et sa famille. Une personne vivant selon la Torah inclut dans son "moi" l'ensemble du peuple juif, puisqu'en vérité chaque Juif est un membre du corps appelé le peuple juif.
Le véritable grand homme réalise que le monde entier fait partie de son "moi" et qu'il n'est qu'une petite partie de l'ensemble de la Création. Dans cet esprit, le sentiment d'amour de soi qu'il éprouve l'aidera à aimer chaque juif et le monde entier."

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+ L'amour véritable :

-> C'est la compréhension profonde du mot ahava. Hav (הב) signifie "donner". La lettre alef au début de ahavah signifie "je". L'amour véritable signifie que nous nous donnons entièrement à l'autre personne, que vous donnez et faites tout ce que vous pouvez pour son bien.

-> La même idée est mentionnée par le rav Shimshon Rafael Hirsch ('Horev - chap.9) à propos de l'amour d'Hachem :
"Aimer signifie ressentir son propre être uniquement à travers et dans l'être d'un autre. Aimer Hachem signifie donc sentir que sa propre existence et sa propre activité ne sont rendues possibles et n'acquièrent de valeur et de signification que par Hachem et en Hachem".

-> Lorsque quelqu'un se donne vraiment et de tout cœur à quelqu'un d'autre, cela crée le plus grand lien et la plus grande connexion possibles. En vous donnant, je m'agrandis et je vous incorpore en moi. Notre âme est absorbée et fusionnée avec la mienne. Le sentiment qui en résulte, celui d'une unité totale et d'un ensemble, celui de faire partie de l'autre et de vivre comme s'il s'agissait d'une seule et même personne, est cette émotion mystérieuse et indescriptible que l'on appelle l'amour.
L'amour est peut-être la plus profonde et la plus intense de toutes les émotions. Il est si puissant que "l'amour couvre toutes les offenses" (Michlé 10,12) et que "de nombreuses eaux ne peuvent éteindre l'amour, ni des rivières le laver" (Chir HaChirim 8,7).

-> Le monde occidental présente l'idéal du "coup de foudre".
Le "coup de foudre" est tout au plus un engouement. Il découle généralement de la convoitise, qui, dans en hébreu, est taava.
Le rav Hirsch (sur Béréchit 3,6) explique que la racine de la taava est d'essayer de prendre pour soi tout ce que l'on n'a pas. C'est l'antithèse exacte de la ahavah, où l'on se donne aux autres.

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+ "Mais je ne serai jamais le 'Hafets 'Haïm" :

-> Nous rencontrons de nombreuses personnes qui se sentent frustrées et désillusionnées par rapport à leur avodat Hachem. Elles éprouvent des regrets et se sentent coupables de choses qu'elles n'auraient pas dû faire, elles ont du mal à faire la prière et à accomplir les mitsvot, et elles se demandent quel bénéfice elles apportent au peuple juif et ce qu'Hachem pense vraiment d'elles.
Ce sentiment est amplifié lorsqu'elles lisent et entendent des récits sur la sainteté et la grandeur surhumaine de guédolim tels que le 'Hafets 'Haïm et le rav Moché Feinstein.

Un tel sentiment est une erreur tragique. Il s'agit d'un stratagème du yétser ara, qui veut nous faire sentir si inutiles que nous renonçons à essayer de nous améliorer. L'une des raisons de cette attitude peut maintenant être comprise à la lumière de ce que nous venons d'apprendre.

Il est vrai que nous ne serons peut-être jamais aussi grands que le 'Hafets 'Haïm ou le Gaon de Vilna. Cependant, nous faisons tous partie de ce grand corps qu'est le peuple juif.
Dans le corps humain, il y a certains membres dont la vie de la personne dépend, comme le cœur et les poumons. Sans eux, la personne meurt. La perte d'un pied ne met pas la vie en danger, mais une personne qui perd un pied est gravement handicapée. Cette personne peut encore fonctionner, nouer des relations et accomplir de nombreuses choses, mais elle éprouvera des difficultés à fonctionner.
Oui, le Gaon de Vilna était à des années-lumière de nous dans son avodat Hachem, mais chaque personne du 21e siècle fait tout autant partie du corps juif que le Gaon de Vilna, et doit faire sa part pour s'assurer que le corps est complet.

Comme l'a écrit le 'Hazon Ich (3, lettre 62) : "de la même manière que les membres d'une personne ont des fonctions différentes, les yeux voient, les oreilles entendent et les mains créent, de même le peuple juif est comme un corps avec de nombreuses parties individuelles, et il incombe donc à chaque personne de remplir son rôle".

De plus, le cœur est la source de vie du corps, mais il ne peut pas faire le travail des jambes ou des doigts. Je ne pourrai peut-être jamais faire ce que les géants des générations précédentes ont accompli, mais ils ne pouvaient pas non plus faire ce que je peux faire.
Hachem, dans Son infinie sagesse, nous a choisis pour vivre à l'époque actuelle et nous a donné les capacités que nous avons, avec une tâche à accomplir qu'aucune autre génération dans l'histoire n'a pu faire.
Notre travail n'est peut-être pas très prestigieux, mais la personne mûre se rend compte de l'énormité et de l'importance de sa contribution unique à l'histoire juive et se consacre avec joie à son corps et à son âme pour contribuer à la perfection de cette belle entité qu'est le peuple juif.
[dans tous les cas plutôt que de se plaindre, que de baisser les bras (si j'avais les capacités du Gaon de Vilna, si je comprendrais les raisons des mitsvot, ... alors je ferais ...), on doit accepter la réalité du contexte et des capacités dont Hachem nous a doté et faire notre mission dans ce monde du mieux que nous le pouvons. ]

En vérité, cette analogie des membres manquants n'est pas tout à fait exacte.
Dans le corps humain, un cœur absent provoque une mort instantanée, alors qu'un doigt manquant ne fait que nuire à la perfection de la personne.
Dans la spiritualité, cependant, ce n'est pas vrai. Comme l'écrit le Yaarot Dvavh, la Chékhina d'Hachem ne peut résider pleinement si le peuple juif est souillé. Si une personne ne fait pas sa part, cela limite la totalité de la présence divine dans le monde, ce qui entrave le but ultime du peuple juif et de la création du monde. Il s'agit d'une mort partielle en termes spirituels, dont les proportions ne nous sont pas vraiment compréhensibles (d'où la comparaison avec le corps humain).

D'un autre côté, nous devons contempler l'incroyable succès du travail et du renforcement de notre avodat Hachem, car en faisant cela, nous méritons d'aider le peuple juif tout entier à être béni par la présence d'Hachem parmi nous.
[d'après le rav A. Tabor]