Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Rav ben Tsion Abba Chaoul disait que tous les problèmes entre les hommes, ou entre un homme et sa femme, proviennent de ce que chacun voit combien l’autre lui doit, et combien il manque à son devoir envers lui.
Mais moi, disait-il, quand je vois un juif, je vois combien je lui dois d’après les limites de la halakha :
- Je lui dois "tu aimeras ton prochain comme toi-même",
- et je lui dois "tu ne détesteras pas ton prochain dans ton cœur",
- et je lui dois "ne te venge pas et ne tiens pas rancune",
- et je lui dois "ne vous lésez pas l’un l’autre",
- et je lui dois "ne va pas en colportant des médisances dans ton peuple",
- et je lui dois "ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain",
Et si je lui dois tout cela, quels problèmes peuvent se présenter?
Et si le regard porte sur les devoirs envers le prochain, il n’est que naturel et clair qu’il faut céder dans les relations avec lui.
Non seulement personne ne lui devait rien, mais il se sentait redevable envers tout le monde.

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[autrui nous permet de faire énormément de mitsvot, et nous donne ainsi d'énormes biens éternels. (c'est nous qui lui sommes redevables!)
Cela est vrai lorsque tout va bien, mais cela a une valeur encore plus considérable dans nos moments de frictions. En effet, accomplir la volonté d'Hachem dans la douleur (où notre égo nous pousse à avoir le dernier mot), augmente de façon incroyable la récompense.

De plus, la paix est le réceptacle pour recevoir les bénédictions de D., notre papa, qui aime plus que voir ses enfants (les juifs) s'aimer les uns les autres!
Ainsi, se disputer avec autrui c'est mettre des gros trous dans notre conduit de bénédictions (qui n'arrive alors plus sur nous), tandis que rester en bonne relation va attirer sur nous des bénédictions de part la joie d'Hachem de voir la famille juive unie.]

Voici la question que posa Tournous-Roufous le racha à rabbi Akiva : "Si votre D. aime les pauvres, pourquoi ne leur fournit-Il pas leurs besoins?"
Rabbi Akiva répondit : "C'est pour nous épargner du jugement du Guéhinam, grâce à eux".
[guémara Baba Batra 10a]

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=> Pourquoi les pauvres devraient-ils souffrir afin d'épargner aux riches qui les assistent le jugement du Guéhinam?

-> Le Iyoun Yaakov explique :
Il est certain que la pauvreté est une sanction liée aux fautes des pauvres.
[selon le Ben Ich 'Haï, en général l'état de pauvreté est une conséquence des fautes, car s'il y a délit ou faute (avone - עון), de guématria 126, la personne n'est plus dans le cadre des fils (banim) d'Hachem, mais est dans le cadre des serviteurs (avadim - עבדים) d'Hachem, de même guématria. (même s'il n'agit pas très bien, un père chouchoute son enfant, car il l'aime indépendamment de ce qu'il peut faire, ce qui n'est pas le cas avec un serviteur!).]
=> Pourquoi alors Hachem ne les nourrit-Il pas avec le minimum vital pour éviter qu'ils dépendent financièrement des caisses de tsédaka?
La réponse est : c'est pour que les généreux donateurs soient épargnés du jugement dans le Guéhinam.

-> Le 'Hatam Sofer enseigne :
Le monde fonctionne ainsi : aujourd'hui Réouven est riche et Chimon est pauvre ; lorsque Réouven distribue sa tsédaka à Chimon, il aura le mérite d'être épargné du Guéhinam.
Dans une autre réincarnation (guilgoul), les états seront inversés : Réouven sera pauvre et Chimon sera riche.
Par sa tsédaka distribuée à Réouven, Chimon sera épargné du jugement du Guéhinam. Ainsi globalement, il n'y aura pas d'injustice.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome1, p.152) écrit :
Il est faux de croire que le pauvre souffre de pauvreté "pour rien" afin que ceux qui l'aident financièrement soient préservés du Guéhinam.
En effet, le pauvre est l'associé du riche dans cette mitsva de tsédaka, car il est l'outil (kéli) indispensable de réception de la tsédaka. De ce fait, le pauvre aura dans le Ciel une récompense (comme le riche) pour sa participation à la mitsva de tsédaka qu'il a provoquée et une autre récompense pour la peine (tsaar) induite par sa pauvreté (gêne financière, dépendance, humiliation, ...).

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Si'ha 94) dit à ce sujet :
Certes, les pauvres souffrent dans ce monde des manques de ce qui leur est nécessaire ; cependant, c'est un mérite pour le pauvre de faire bénéficier les donateurs de la suppression du jugement du Guéhinam.
Ce mérite est si grand que le pauvre s'élève très haut, ce qui justifie de supporter une vie matérielle difficile, afin de donner des mérites à autrui.

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-> b'h, au sujet de l'importance future des pauvres : https://todahm.com/2020/07/20/14169

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-> Le Séfer 'Hassidim donne quelques autres raisons au décret d'être pauvre :
- peut-être, s'il était riche, il n'aurait pas distribué de tsédaka en proportion de sa richesse et sa vie aurait été un échec ;
- peut-être sa richesse l'aurait entraîné à l'orgueil et à d'autres transgressions de la Torah ;
- peut-être Hachem aurait fait Untel ou Untelle pauvre, afin de favoriser les mariages complémentaires entre un (ou une) pauvre et une (ou un) riche.

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-> "Car Tu viens en aide à un peuple pauvre et Tu rabaisses les yeux hautains" (Téhilim 18,28)

Selon le rav Moché Feinstein, lorsqu'un homme envie les biens matériels du prochain, c'est une preuve qu'il est mécontent de son sort ; il ressent ainsi une certaine frustration et se sent pauvre et malheureux.
Si au contraire, une personne est satisfaite de la part que Hachem lui a accordée, la pauvreté cesserait d'être ressentie comme une disgrâce.
C'est pourquoi, le roi David dit dans ce verset qu'Hachem rabaissera les yeux envieux pour venir en aide au "peuple" qui se sent pauvre : en élimant l'envie, on l'élimine la "pauvreté" imaginaire.

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-> par exemple, voir aussi : https://todahm.com/2021/01/21/30304

"Les non-juifs ne font jamais de mal à moins que les juifs ne se fassent du mal les uns aux autres"
[Séfer "Hassidim]

=> Cela signifie que la raison de la persécution des non-juifs est en réalité le fait que les bnei Israël se persécutent mutuellement, si bien que celui qui cause de la peine à autrui y perd à la fois en ce monde-ci et dans le monde à venir.

"La manne était comme de la graine de coriandre" (Béaaloté'ha 11,7)

- La manne = cela représente la parnassa d'une personne ;
- "kézéra gad" (était comme de la graine de coriandre" - כִּזְרַע גַּד) = elle est comme la quantité de "gad" (ג"ד) : le gomél dalim (גומל דלים) : la bonté que l'on fait au pauvre.
Car lorsque quelqu'un a de la compassion [pour autrui], alors il reçoit de la compassion d'en-Haut.
[Dégél Ma'hané Efraïm]

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-> "[Hachem dit : ] S'ils ouvrent leurs mains et font des actes de tsédaka et de 'hessed, alors Je vais également ouvrir Mes mains ... et les couvrir de Mes bons trésors"
[Ramban - Chémot 3,14]

La gravité de peiner autrui

+++ La gravité de peiner autrui :

+ Pénia & 'Hanna

-> Pour Pénina, il est écrit : "Sa rivale (Pénina) exaspérait ('Hanna) sans cesse, afin de provoquer ses murmures (prières)" (Chmouël I 1,6).
La guémara (Baba Batra 16a) affirme que Pénina (qui a peiné 'Hanna) a a agi dans une intention désintéressée (léchem chamayim).

-> Le midrach (Béréchit rabba 30,22) relate que 'Hanna a eu au total 5 enfants : Chmouël, et ensuite 4 autres enfants.
Lorsque Chmouël naquit, Pénina perdit 2 de ses 10 enfants.
Lorsque 'Hanna eut son 2e enfant, Pénina perdit encore 2 enfants ; il en fut de même lorsque 'Hanna eut son 3e et son 4e enfant.
Au moment de la naissance du 5e enfant de 'Hanna, Pénina qui avait déjà perdu 8 de ses 10 enfants, alla chez 'Hanna lui demander pardon pour la grande peine qu'elle lui avait causée ; 'Hanna lui pardonna et pria Hachem en faveur de Pénina et les 2 derniers enfants de Pénina demeurèrent en vie.

=> Comment comprendre cette punition apparemment disproportionnée de Pénina, qui était une tsadéket et qui avait agi d'une façon totalement désintéressée?

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar - si’ha 74) enseigne :
"Quiconque humilie, offense ou cause une grande peine à son prochain, quelle que soit son intention, même avec une motivation noble ou léchem chamayim, est comparé à quelqu'un qui introduit sa main dans un four brûlant et le feu provoquera des brûlures à sa main par l'effet des lois de la nature, quelle que soit la motivation de l'introduction de sa main.
De même, toute atteinte à son prochain, même motivée par de bonnes intentions, risque de provoquer un châtiment qui n'est pas tant une sanction, mais qui est une conséquence des lois naturelles.
De même qu'on doit être vigilant devant un feu, on doit être vigilant afin d'éviter de peiner notre prochain, en toutes circonstances, et même si la motivation est léchem chamayim (désintéressée)".

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+ Autres exemples :

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar - si’ha 105) écrit ailleurs :
"Il y a un principe général : toute peine faite à son prochain, même avec de bonnes intentions, même involontairement et même sans y être pour rien, n'échappera pas à une sanction qui peut être grave, dans le cadre des relations entre l'homme et son prochain.

[En plus de l'exemple de Pénina et 'Hanna,] on peut également citer :
1°/ Rav Ré'houmé étudiait régulièrement la Torah auprès de son maître Rava, à Mé'houza, très loin de son domicile.
Il ne retournait chez lui qu'une fois par an, à la veille de Yom Kippour.
Un jour, il s'oublia dans son étude et son épouse qui l'attendait impatiemment eut une grande peine et pleura.
A cet instant, le toit de la maison d'étude s'effondra sur rav Ré'houmé (cf. guémara Kétouvot 62b).
Ainsi, la peine causée à son épouse, même involontairement a été sanctionnée gravement.

2°/ Rav Kahana, dont la lèvre supérieure était fissurée, donnant l'impression d'un sourire moqueur, offensa rabbi Yo'hanan qui crut qu'il riait de lui et qu'il voulait déstabiliser son cours.
Bien que rav Kahana n'ait rien à se reprocher et ait peiné rabbi Yo'hanan indirectement, il a cependant perdu la vie momentanément (cf. guémara Baba Kama 117a).

3°/ De même, lorsque Yossef ordonna de placer une coupe d'argent dans le sac de son frère Binyamin afin d'accuser Binyamin de vol et de le retenir auprès de lui, les 10 autres frères en furent affligés, et déchirèrent leurs vêtements, car ils avaient promis à leur père Yaakov de ramener Binyamin à la maison.
Binyamin n'a rien fait pour peiner ses frères, mais du fait que leur affliction a été causée par son intermédiaire, Binyamin sera sanctionné à travers son descendant Mordé'haï (cf. midrach Yalkout Chimoni Vayéchev 143) qui déchirera ses vêtements dans la ville de Shoushan, lorsqu'il apprendra le décret d'extermination de son peuple prononcé par Haman.

Regarder avec bienveillance autrui

+ Regarder avec bienveillance autrui (exemple du rav Zilberstein) :

-> Dans un de ses cours, le rav Zilberstein fut confronté à un soldat qui ne voulait rien entendre sur le judaïsme. Le Rav réfléchit comment ''ouvrir'' son cœur. Et il trouva une idée.
Il lui dit : "Je suis très jaloux de toi!"
Le soldat fut surpris qu'un si grand rabbin avec chapeau et habits noirs soit si jaloux de lui.
Voyant son étonnement, le Rav reprit : "Rabbénou Yona enseigne que quand les Sages disent que la mort expie toutes les fautes, il en est de même de la peur devant la mort. Quelqu'un qui voit la mort devant ses yeux, l'effroi qu'il en ressent aussi expie toutes les fautes. En voyant sur ton uniforme tous les grades que tu as obtenu dans l'armée, je suis sûr que tu as vécu plusieurs expériences où tu étais confronté à la mort. A chaque fois, tu as mérité que l'on efface tes fautes. Comment ne serais-je donc pas jaloux de toi!"

A cet instant, le soldat fut troublé de ces paroles et en ressentit une grande reconnaissance. Et là, son cœur s'ouvrit. Et il dit au rav qu'il souhaite venir commencer à étudier la Thora. Son processus de téchouva fut amorcé.

=> Ce récit montre la force que peut avoir un regard bienveillant. Le fait de voir le côté positif même chez quelqu'un de très loin de la Torah, peut avoir l'effet de le rapprocher.
Apprenons à être bienveillant et à voir surtout les points lumineux chez autrui, et même s'il a le cœur dur, il s'attendrira.

Si tu es traité d'âne, c'est-à-dire que tu es "insulté", et que tu acceptes ce reproche ou cette critique sans te disputer avec celui qui t'a offensé et si tu ne te prends pas pour un homme important, alors Hachem t'aidera à combler et réparer tes manques, tes défauts ('hissronot).
[Maharal - 'Hidouché Agadot - Baba Kama 92a]

Le Satan (ou yétser ara) se rend vers les endroits où règnent la querelle et la division et s'y installe, afin de maintenir ou d'amplifier les disputes.
[Ben Ich 'Haï - Baba Kama 92b]

Quiconque se retient de prononcer des propos interdits répare et sanctifie les outils de travail spécifiques d’un juif, et toutes les paroles de Torah et de prière qu’il dira ensuite monteront à l’origine de leurs racines.
Les anges de service le défendront auprès de D., l’esprit de sainteté l’enveloppera, il se rend apte à recevoir la bénédiction dans ce monde-ci et méritera une noble place au Gan Eden (et selon le Gaon de Vilna pour chaque instant où il se garde de prononcer des mauvaises paroles, il mérite la lumière cachée qu’aucune créature terrestre ou céleste ne peut mesurer), il sera sauvé du Guéhinam, il se débarrassera de toute jalousie, il sera aimé de tous, chacun lui confiera ses secrets et personne ne le calomniera.
['Hafets 'Haïm - Chmirat Halachon - chaar hazekhira]

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-> On a un jour demandé à Rabbi Sim’ha Bounim de Peschis’ha : Pourquoi demandons-nous à Hachem à la fin de la prière de la Amida : "Mon D., arrête ma langue du mal"?
Est-ce que l’homme n’est pas capable de fermer sa bouche et de ne pas dire du lachon ara, a-t-il besoin de le demander à Hachem?

Rabbi Sim’ha Bounim a répondu : Il y a des cas où le mauvais penchant nous trompe en nous disant que sur Untel, c’est une mitsva de dire du lachon ara, c’est une mitsva de dévoiler qui il est, et il ajoute même "il n’y a pas de plus grande mitsva que cela".
Rabbi Sim’ha Bounim de Peschis’ha dit que sur des mitsvot comme cela, nous devons demander l’aide de Hachem pour qu’Il arrête notre langue, sinon nous risquons de penser que ce sont effectivement des mitsvot.

"Qu’il est bien d’accueillir tout homme d’un “Shalom” clair et chaleureux. Et il faudra saluer tout homme, et en particulier le nécessiteux …
Réjouir le malheureux est considéré comme une grande mitsva!
Et combien est grande la punition de celui qui ne prend pas garde de faire plaisir aux autres, et en particulier aux pauvres infortunés."
[Pélé Yoèts]