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Etre vexé sans vexer en retour

+ Etre vexé sans vexer en retour :

-> "La Terre est suspendue à une cheveu ... Le monde se maintient par le seul mérite de ceux qui se retiennent de parler au cœur d'un conflit" (guémara 'Houlin 89a).

-> "Celui qui n'écoute pas la colère des autres et reste calme a le mérite que 100 malheurs lui soient annulés."
[guémara Sanhédrin 7a]

Rachi commente : Heureux soit celui qui subit l'humiliation et se tait, d'autant plus s'il s'habitue à un tel comportement. Grâce à son silence, il s'évite 100 peines.

-> "Tout celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère a le mérite que ses fautes lui soient pardonnés"
[guémara Roch Hachana 17a]

Rachi commente : "Celui qui est capable de dépasser ses mauvais traits de caractère et n'est pas pointilleux sur le mal qu'on lui fait mérite que ses fautes lui soient pardonnées.
La stricte justice ne s'appliquera pas à lui de la même manière qu'il a été capable d'outrepasser sa tendance naturelle".

-> Il est bon de garder à l'esprit que le fait de refréner nos réactions au moment d'une offense constitue une expiation de nos fautes plus grande encore que celle de Yom Kippour.
[Chla Hakadoch - Chaar haOtiyot - 200]

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - 1ere chap, 28) dit que celui qui sait retenir sa colère bénéficie d'une opportunité de taille. En effet, si quelqu'un a une chance de s'en sortir au Jour du jugement, c'est bien lui, car de lui seul il est dit que toutes ses fautes lui sont pardonnées.
Rabbi Dov Yafé disait : "Vous vous rendez compte du cadeau que ça représente! On a l'opportunité de racheter toutes nos fautes!"

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-> La guémara (Roch Hachana 17a) rapporte :
"Rav Houna, fils de Rav Yéhochoua, tomba malade. Rav Papa vint lui rendre visite, et vit qu'il était sur le point de mourir. Il demanda qu'on préparât son linceul. Finalement, Rav Houna guérit, et Rav Papa n'osait plus le croiser.
On demanda à Rav Houna : 'Qu'as-tu vu?'. Il répondit : 'Il avait été décrété que je devais mourir ; Et D. a dit : puisqu'il ne se met pas en colère, ne soyez pas pointilleux à son égard. Comme il est dit : Il supporte la faute et pardonne le péché. Il supporte la faute de qui? De celui qui pardonne le péché'"
[Rachi : "il ne tient pas rigueur aux autres, de même ne soyez pas rigoureux avec lui".]

-> Rabbi Ye'hiel Meir Tsouker nous invite à approfondir cette réflexion. Le monde a été créé avec l'Attribut de justice, indispensable à son maintien. La justice, en effet, établit des limites claires entre le Bien et le Mal. Et qui dit limite, dit que la mort fait nécessairement partie de ce monde, et la Justice détermine le temps exact qui reste à vivre à chacun.
Il en était de même avec Rav Houna. La Justice avait déterminé le moment exact de sa mort : la Justice pose les limites. Mais voici que D. dit à l'attribut de Justice : "Tu n'as pas de prise sur lui, car il dépasse sa colère, il ne tient pas rigueur à ceux qui contestent ses paroles, et ne s'obstine pas sur ses avis. Nous ne pouvons pas agir à son égard avec d'autres attributs que ceux qu'il incarnait, sa vie doit donc
être prolongée".

-> Nos Sages (guémara Taanit 25b) rapporte également :
"Il advint que Rabbi Eliézer se plaça devant l'assemblée pour mener la prière, il prononça 24 bénédictions qui restèrent sans réponse.
Rabbi Akiva vint à son tour et dit : 'Notre Père, notre Roi, nous n'avons que Toi. Notre Père, notre Roi, aie pitié de nous pour Ta gloire', et la pluie se mit à tomber.
Leurs élèves se mirent à faire des commentaires, si bien qu'une Voix Céleste se fit entendre : 'Aucun des deux n'est plus grand que l'autre. Mais il y en a un qui retient sa colère, et l'autre qui ne retient pas sa colère'."

Le rav Pozen explique :
Rabbi Akiva, lui, n'a pas eu besoin des 24 supplications du rituel mentionné dans le traité Taanit. Il lui a suffi d'une phrase pour que la Royauté Céleste ne soit plus que bonté et générosité.
Du fait que Rabbi Akiva travaillait sa patience et ne se conduisait pas avec ses prochains selon la stricte loi, l'Attribut de justice divine s'est alors annulé, et a été remplacé par l'Attribut de bonté et de générosité.

[ainsi soit je réponds à celui qui m'a vexé pour avoir un sentiment de supériorité naturel d'avoir gagné (car j'ai le dernier mot, je me laisse pas faire), soit je suis la volonté d'Hachem allant contre ma nature, et alors je gagne que Hachem agisse avoir moi selon Son Attribut de générosité, et non plus de rigueur (puisque je ne tiens pas rigueur à autrui). Cela m'ouvre alors les portes des meilleurs bénédictions! ]

-> Le roi David (Téhilim 69,13-14) dit : "Ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, les buveurs de liqueurs fortes me chansonnent. Toutefois, ma prière s'élève vers Toi, Hachem, au moment
propice".
Voici l'explication qu'en donne le Malbim :
"À l'instant où ceux qui sont assis aux portes déblatèrent contre moi, et où ceux qui se saoulent entonnent des chants où ils se moquent de moi, c'est précisément là que 'ma prière s'élève vers Toi, car ce moment de moqueries est un moment propice."

[Certes sans être maso, nous devons autant que possible avoir conscience que : quand on décide de rire et de médire de nous, c'est un temps de délivrance. ]

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+ Les offenses d'autrui = test personnel de émouna visant à nous combler de bénédictions :

-> Rabbi Its'hak Zilberstein (Alénou léChabéa'h) écrit :
J'ouvris un livre peu connu, qui a été rédigé par un brillant élève du Ram'hal, et je fis la lecture d'un texte, qui rapporte une explication lumineuse du verset : 'Lorsque tu verras l'âne de ton prochain trébucher sous sa charge, garde-toi de l'abandonner (Azov). Aide-le (Azov) avec lui" (Michpatim 23,5).
L'auteur demande pourquoi la Torah, pour exprimer le fait qu'on aide notre prochain, emprunte le mot "azov" (abandonner)?

-> Il trouve la réponse dans la traduction d'Onkelos ... L'intention de la Torah, à travers ce verset, est de nous enseigner que les coups durs qui nous atteignent parfois ne sont pas le fait des prochains ni des voisins. C'est D. Lui-même qui nous les envoie, afin de nous éprouver et de voir si nous allons les surmonter, ou bien nous révolter.
Il écrit : "Si 'Aide' (Azor) est exprimé avec le mot 'abandon' (Azov), c'est parce que D. nous envoie l'opportunité, par cette épreuve, d'abandonner la haine de notre prochain, pour l'amour de notre Créateur."

Ainsi, dans ce genre de circonstances, les phrases telles que : "Mais qu'ai-je donc fait à ce scélérat pour qu'il me fasse autant de mal?" ou encore : "Je ne vais pas me laisser faire, je lui rendrai la pareille!" sont des propos hérétiques. De telles déclarations témoignent d'un manque total de confiance en D.
En effet, la conséquence de cette attitude, c'est que l'on décharge toute sa colère sur son prochain, qui n'était qu'un envoyé pour générer le dégât. Il faut être idiot pour ne pas comprendre que ceci est une épreuve de notre Créateur, qui ne cherche qu'à nous envoyer une abondance de bénédictions et de réussite. Mais Il nous demande, au préalable, de surmonter l'épreuve à laquelle Il nous soumet.

Les 'caméras Célestes' enregistreront exactement chacune de ses réactions : a-t-il choisi de se taire, ou a-t-il réagi sous le coup de la colère? A-t-il renoncé en faveur de son prochain, ou a-t-il demandé le remboursement exact de sa dette? Son sort, ainsi que l'abondance des bénédictions, s'il les mérite, seront fixés selon les résultats.

Le Brit Olam poursuit :
"Et s'il agit ainsi [qu'il surmonte son penchant et ne décharge pas sa colère sur son prochain] quelle est sa récompense? C'est que D., Lui aussi, abandonne tous les reproches qui pesaient contre lui, du fait de ses fautes. En effet, il n'est pas un homme juste sur terre qui fasse le bien et qui n'ait pas fauté, mais de même que cet homme a abandonné les griefs qu'il avait à l'encontre de son prochain, ainsi D. abandonne Ses accusations, et lui pardonne toutes ses fautes."

Le Brit Olam ajoute que cet homme est comparable à un "enfant venant de naître".

[lorsque autrui nous tue par ses mots, nous avons la possibilité en s'appuyant sur notre émouna de renaître tout propre de faute, et Hachem qui agit mesure pour mesure avec bonté hors nature envers nous.
Hachem ne nous envoie pas de situation que nous ne pouvons surmonter, et plutôt de penser qu'Il nous veut du mal, on doit tendre vers la réalité des choses : par amour Il nous envoie une épreuve/test difficile pour nous combler d'un maximum de bonnes choses.]

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-> La guémara (Nédarim 66b) écrit :
C'est l'histoire d'un homme, originaire de Babel, qui se rendit en Israël. Dans les 2 pays, on parlait araméen, mais les mots n'avaient pas toujours le même sens : Il prit pour épouse une femme qui n'était pas très intelligente. Il lui dit : 'Prépare-moi deux lentilles'. A Babel, quand on demandait un peu de lentilles, on disait 'deux lentilles. Mais cette femme prit les mots au pied de la lettre, et quand il vint manger, il trouva dans son assiette ... deux lentilles! Il se fâcha, mais retint la leçon.
Le lendemain, il lui dit : 'Prépare-moi une marmite'. Dans son pays, pour dire 'beaucoup', on disait 'une marmite. Mais son épouse se conforma à ses paroles. Lorsqu'il s'attabla, il trouva une montagne de lentilles, le contenu d'une marmite, dans son assiette. On ne dit même pas qu'il se mit en colère. Il lui dit : 'Amène-moi deux 'boutsiné', c'est-à-dire des pastèques en babylonien. Elle partit lui chercher deux bougies, 'boutsiné' dans le langage d'Israël.
Il lança : "Va donc les casser … de Baba, la porte". Et elle, d'aller chez Baba ben Bouta, qui siégeait au Tribunal, et de casser les bougies sur sa tête.
Il lui demanda : "Pourquoi as-tu fait cela?"
Elle répondit : "C'est ce que m'a demandé mon mari."
Il continua : "Tu as accompli la volonté de ton mari, D. te donnera deux fils, en référence aux 2 bougies, qui seront aussi érudits que Baba ben Bouta."

-> Le Ben Ich 'Haï écrit, au sujet de la réaction de Baba Ben Bouta, qui a pardonné l'affront et n'a pas cherché à défendre son honneur (Baba Batra 3b) :
"C'est pourquoi, lorsque Hérode assassina tous les Sages d'Israël, de crainte qu'ils ne mènent une révolte, puisqu'il n'était pas apte à être roi, il épargna Baba Ben Bouta. En effet, il était 'connu pour ne jamais tenir rancune ni se venger, pour pardonner à tout homme ayant fauté à son encontre, et qui plus est pour rendre le bien à celui qui lui fait du mal'."

-> Le rav Pozen ajoute :
Non seulement il mérita d'être épargné, mais il fut à l'origine d'un cadeau immense ; c'est lui qui conseilla à Hérode de reconstruire le Temple, encore plus somptueux qu'avant. Grâce à lui fut initiée la reconstruction du Temple. Son humilité permit au monde entier de bénéficier d'un cadeau immense.

[lorsque l'on passe sur notre honneur, alors Hachem nous traite avec beaucoup d'honneurs (nous aurons pleinement conscience de cela dans le monde à venir, libre arbitre oblige)]

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-> Dans le livre Ménorat haMaor (chapitre 18), est relaté le récit suivant du midrach :
"Rabbi Abba se tenait à l'entrée de la ville de Lod. Il vit arriver un homme qui avait fait une longue route, fatigué par le voyage. Ce dernier entra s'installer dans une ruine, à l'entrée de la ville, dont l'un des murs était branlant. Il s'endormit à l'ombre du mur.
Rabbi Abba continua à l'observer, et vit un serpent s'approcher pour le mordre. Une bête, cachée dans la ruine, se précipita sur le serpent et le tua. L'homme se réveilla, et vit le serpent mort tout près de lui. Il se leva pour quitter ce lieu. À peine avait-il fait un pas, que le mur s'écroula à l'endroit précis où il s'était allongé. Il était sauf.

Rabbi Abba vint à sa rencontre, et lui demanda : "Quelles sont tes actions? Car D. a fait pour toi deux miracles. Tu ne les as pas mérités sans raison!"
L'homme répondit : "Il n'est pas un homme qui m'ait fait du mal, et à qui je n'aie pas pardonné immédiatement. Et si je n'arrivais pas à lui pardonner immédiatement, il ne m'est pas arrivé une seule fois de me coucher sans lui avoir pardonné, si bien que je ne pensais plus au mal qu'il m'avait fait. Qui plus est, je m'efforçais alors de lui faire du bien".

Rabbi Abba se mit à pleurer et dit : Les actions de cet homme dépassent celles de Yossef Hatsadik! Yossef a dû pardonner à ses frères. Lui pardonne à des gens qui ne sont pas ses frères, ni même des membres de sa famille. Il mérite que D. fasse pour lui un miracle à la suite de l'autre.

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-> Si tu ne réponds pas à une humiliation, cela t'épargne plus de mille souffrances. Si nous avions conscience de cela, nous verrions l'humiliation comme un "cadeau".

[rabbi Moché Leib de Sassov]

-> Rabbi Eliézer de Viznitz (dans son Damasek Eliézer) dit combien il est stupide de défendre son honneur par le conflit. On devrait, au contraire, apprécier une situation qui prolonge notre vie, et considérer notre rival comme un envoyé de D., qui vient nous sauver de la mort.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm :
Toutes les souffrances sont envoyées par D. Même lorsque c'est un homme, en face, qui nous insulte et nous fait honte ; même lorsqu'il s'agit d'une dispute, où celui qui nous frappe est en plus coupable d'être rentré dans une dispute, chaque coup et chaque souffrance sont envoyés par le Ciel.
Il est fait usage d'un intermédiaire, lui-même coupable (qui devra rendre des comptes pour cela), pour effectuer une mission punitive.
Le 'Hafets 'Haïm de conclure : "c'est pourquoi il n'a pas à se soucier de répliquer à celui qui l'insulte, mais doit aller plus loin, et remercier D. de lui avoir donné cette occasion de rachat".

-> Il est écrit dans le Séfer ha'Harédim (65,111) :
"Celui qui veut arriver à la bonne attitude, doit tout d'abord se faire sourd, comme s'il n'avait entendu aucun propos dégradant, puis se montrer niais, comme s'il n'avait rien compris au discours.
Dans le cas où le propos est explicitement compris, qu'il se réjouisse de l'occasion qui lui est fournie de bien faire, qu'il dise : "J'ai fauté, je me suis trompé, j'ai péché", et que ses fautes soient lavées par sa honte."

-> Le Rabbi Its'hak Zilberstein conseille à une personne offensée : "Qu'elle s'isole dans un coin (de la maison) et dise "Que ce soit Ta volonté [D.] que le silence que je garde soit considéré à Tes yeux comme un grand acte et qu'il me nettoie de mes fautes", car je supporte cette peine pour me plier à ce que Tu as ordonné dans Ta Torah : "les personnes humiliées n'humilient pas en retour, elles subissent l'humiliation et ne répondent pas" et au sujet de ces personnes, Tu as écrit : "Ceux qui aiment D. rayonneront comme le soleil dans sa gloire " (Choftim 5;31)".

[une honte est une occasion peu chère de se laver de nos fautes, d'obtenir des bénédictions. Ainsi, pourquoi se plaindre de faire une bonne affaire?
A l'image du soleil qui brille à son zénith, dans le monde de vérité on rayonnera de joie d'avoir mérité une si bonne affaire! ]

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-> Dans la guémara (Méguila 28b), il est écrit :
C'est aussi ce que répondit Rabbi Né'hounia le Grand à Rabbi Akiva, qui lui demandait grâce à quel mérite il était arrivé à cet âge avancé : "Je ne me suis jamais laissé emporter à régler son compte à celui qui m'avait fait du mal".
On apprend de cela que le salaire de celui qui renonce à la vengeance est la longévité.

-> Nos Sages (guémara 'Haguiga 4b) nous rapporte :
Rav Bivé bar Abayé rencontrait souvent l'ange de la mort. Ce dernier lui raconta qu'un jour, il avait envoyé son émissaire tuer une femme du nom de Myriam, tresseuse de cheveux; l'émissaire se trompa et ramena l'âme d'une autre Myriam, nourrice de son métier.
Rav Bivé lui demanda : "D. ne fixe-t-Il pas le nombre d'années de vie de chacun? Que fait-on des années restantes d'un homme qui est mort avant son heure?"
L'ange de la mort lui répondit : "S'il y a un érudit qui sait contenir sa colère, on lui attribue ces années en supplément".

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-> "Hachem s'adressa à Moché et à Aharon : Il leur donna des ordres pour les Bné d'Israël et pour Pharaon, roi d'Egypte" (Vayéra 6,13).
Rachi explique : "et au sujet de Pharaon, roi d'Egypte = D. leur a ordonné de s'adresser à lui avec respect".
Pour quelle raison?

Le 'Hatam Sofer explique : si on lui causait la moindre humiliation, cela viendrait racheter ses fautes, et on ne pourrait plus lui infliger les 10 plaies.
Aussi, Hachem les mit-Il en garde de ne surtout pas humilier Pharaon.
[Pharaon, qui asservit 600 000 hommes, du peuple d'Israël : s'il subit une humiliation, il ne pourra plus
subir la punition des 10 plaies. Comprenons combien de plaies et de maladies sont évitées à celui qui subit une humiliation sans se plaindre]

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-> Nos Sages disent : "Ceux qui se font vexer/offenser sans répliquer, qui s'entendent humilier sans rien répondre, qui agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie, le verset dit à leur égard : "Tes bien-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire" (Choftim 5,31)."
[guémara Guitin 36b ; guémra Shabbath 88b ; guémara Yoma 23a]

=> 1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
=> 2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

1°/ Pourquoi exprimer la même chose de 3 façons différentes?
Selon rabbi Yossef Yabetz, on énumère ici les 3 niveaux correspondant à 3 façons d'y réagir.
- 1er niveau = "ceux qui se font vexer sans répliquer", sont ceux qui sont vexés, mais se justifient, et expliquent en quoi les critiques formulées à leur encontre ne sont absolument pas justifiées, sont totalement infondées, et que leur comportement et leurs actions n'ont rien à voir avec tout cela. Même s'ils n'ont pas envie de se taire, et qu'ils sont enclins à se justifier, ils font l'effort de surveiller leurs paroles, et de ne pas vexer en retour celui qui les a blessés, car les propos qu'ils ont entendus les ont fait souffrir profondément.

- 2e niveau = "qui s'entendent humilier sans répondre", sont d'un niveau supérieur aux premiers : ils parviennent à stopper toute velléité de réponse, ne cherchent pas à se justifier ni à expliquer les reproches qu'on leur adresse. Ils entendent des propos qui leur font honte, mais ne répondent pas, s'empêchent de parler dans le vif de la dispute. Cependant, ils sont emplis de rancœur, et souffrent d'avoir été attaqués sans l'avoir mérité.

- 3e niveau = Les troisièmes sont du niveau le plus élevé, ils "agissent par amour et accueillent les épreuves dans la joie". Ceux-ci ne cherchent pas d'excuses ni de justifications, ne sont pas peinés comme les précédents. Ils se réjouissent des épreuves qui leur sont envoyées, acceptent l'humiliation qu'ils ont subie, dans l'espoir que par ce mérite D. pardonnera leurs fautes.

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2°/ Pourquoi choisir cette comparaison? Quel est donc leur point commun avec le soleil?

-> Le Ora'h Mécharim explique :
Le soleil réchauffe, par son rayonnement, le monde entier, jusqu'à faire fondre la neige et la glace ; il en est de même avec l'homme patient.
On le voit humilié, il est en réalité grand, valeureux et noble. Petit à petit, à la lumière de sa patience, se réchaufferont même ceux qui avaient pris parti contre lui. Leur amour, gelé à son encontre, commencera à s'éveiller. Au final, non seulement il aura évité que la dispute n'enfle, mais il l'aura annulée entièrement, et c'est ce qui le fait ressembler au soleil.

-> Les Baalé Hatossafot expliquent que les astres célestes ont été créés aussi grands l'un que l'autre.
La lune, suite à son plaidoyer, a été rapetissée, tandis que le soleil est resté grand, son mérite ayant été d'avoir entendu la lune sans rien avoir ajouté.
Les gens qui savent se taire quand on les blesse sont comparables au soleil, qui entend des attaques sans répondre, et mérite de grandir grâce à cela.

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) rapporte :
Pourquoi le soleil a-t-il été choisi dans cette comparaison?
Hachem créa 2 astres célestes dans le ciel, "Le grand astre, pour régner le jour, et le petit astre, pour régner la nuit" (Béréchit1;16). Rachi explique : "Il les a créés égaux, mais Il a amoindri la lune qui n'était pas d'accord, et qui disait que deux rois ne pouvaient partager la même couronne".

Nos Sages ajoutent ('Houlin 60b) : "La lune a dit à Dieu : 'Maître du Monde, 2 rois peuvent-ils avoir la même couronne? D. lui a répondu : 'Commence donc par te diminuer' ".
Les paroles de nos Sages sont loin d'être de simples allégories, notamment d'après l'avis du Rambam, pour qui "chaque étoile, chaque planète, est dotée d'un esprit, d'une conscience et d'une forme d'intelligence. Elles vivent et se développent en sachant que c'est D. qui a créé le monde par Sa parole. Leur connaissance est inférieure celle des Anges, mais supérieure à celle des Hommes » (Lois des Fondements de la Torah 83,9).

Rabbi Dan Ségal explique, quant à lui, que les mots de la prière : "Il les créés avec connaissance, compréhension et intelligence» ne qualifient pas l'action de D., mais les attributs qu'Il a donnés aux astres.

Que fait le soleil, face à la lune qui ne supporte pas qu'il soit aussi grand qu'elle?

Non seulement, il ne lui viendrait pas à l'idée de se plaindre également, mais il entend le plaidoyer de la lune sans rien répondre. Ce qu'il advient finalement, c'est que la lune se trouve diminuée tandis que le soleil garde sa majesté.
Ceci vient nous enseigner que celui qui cherche à diminuer son prochain ne parvient pas à ses fins, et en outre, il se retrouve lui-même diminué.

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+ Une solution inattendue :

-> Rabbi Eliyahou Roth disait souvent : "Lorsqu'on voit notre prochain agir d'une façon qui nous déplaît, on se demande pourquoi il fait des choses aussi tordues. Il faut bien se dire que si c'est le cas, c'est que son esprit est tordu, et que selon son raisonnement tordu, il agit comme il se doit. Si l'on réfléchissait comme lui, on agirait de même.

Si inversement, l'autre raisonnait comme nous de façon sensée, il agirait comme nous".

-> De son côté, le rav Yaakov Israël Pozen écrit :

Celui qui agresse les autres est, en général, une personne qui est elle-même en grande souffrance, et qui se décharge de façon négative.

Si l'on se trouve agressé, et qu'on a ce principe à l'esprit, on ne verra pas l'autre comme un agresseur, mais comme une personne en détresse qui a besoin d'aide.

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-> b'h, également sur ce sujet : L'importance de ne pas répondre aux disputes :

L’importance de ne pas répondre aux disputes

Je tiens un enseignement qui me vient d'Eliyahou haNavi, transmis de génération en génération, qu'il eût mieux valu que le Temple ne soit pas construit, si D. nous en préserve, cela devait causer de la honte à quelqu'un.
[rabbi Yé'hezkel Lévinstein]

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-> Chers amis, combien de larmes ont été versées sur la destruction du Temple! Combien de prières pour sa reconstruction ... Cependant si cela devait causer de la honte, il aurait mieux valu ne pas construire le Temple.
[rav Yaakov Israël Pozen]

-> Le rabbi de Kopitchnits enseigne :
D. dit à Moché : "Rends-toi en Egypte et ordonne à Pharaon de libérer le peuple d'Israël de son pays". Moché refusa une fois, deux fois, et à la 3e fois, il implore le Créateur : "j'ai un frère, de 3 ans mon aîné, comment puis-je accepter Ta mission, alors qu'il risque d'être blessé?"
Pendant que le peuple d'Israël attend en Egypte, subissant des souffrances terribles, quelle est sa préoccupation? Que la mission blesse son frère Aharon ...
Aujourd'hui aussi, le peuple d'Israël endure des souffrances incroyables. Mais nous avons cet enseignement : si la délivrance devait être amenée en blessant quelqu'un, il vaudrait mieux qu'elle ne vienne pas.

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+ Il est préférable d'annuler un cours de Torah pour ne pas faire honte :

-> Le Rav de Tichbine (rabbi Dov Bérich Wideneld) dit : "Quelqu'un surpasse-t-il Rabbénou Hakadoch, autrement appelé Rabbi Yéhouda Hanassi, auteur des 6 volumes de la Michna? Nos Sages racontent qu'il est décédé un vendredi. Le soleil arrêta sa course jusqu'à ce que le dernier des membres du cortège soit rentré chez lui et ait terminé les préparatifs du Shabbat. Ils disent aussi qu'une Voix Céleste a proclamé, lors de la procession, que toute personne ayant participé à l'enterrement de Rabbi aurait une part dans le Monde Futur.
Rabbenou Hakadoch, après sa mort, revenait chaque vendredi soir du Monde Céleste, avec l'apparence d'un homme vivant, faisait le Kiddouch pour les membres de sa famille et les acquittait de cette mitsva.
Rabbi Akiva Eiger posa la question suivante : 'Les morts ne sont-ils pas exemptés des mitsvot? Dès lors, comment Rabbenou Hakadoch pouvait-il acquitter sa femme et ses enfants de l'obligation du Kiddouch?
L'explication, c'est que les tsadikim sont encore plus grands après leur mort que de leur vivant.

Venons-en à notre récit : Rabbenou Hakadoch donnait cours à ses élèves, lorsqu'il sentit une odeur d'ail. Il était très délicat, aussi dit-il "Que celui qui a mangé de l'ail sorte !'
Son élève Rabbi Hia se leva et sortit. Les autres, voyant Rabbi 'Hia partir, se levèrent à leur tour et tous quittèrent le lieu, sur son exemple, le cours fut donc suspendu.
Si, D. nous en préserve, la personne qui avait mangé de l'ail était sortie, elle en aurait été humiliée. Tout le monde lui aurait fait des reproches : "Tu n'as pas honte? Tu aurais pu au moins te laver la bouche! Te brosser les dents!'.
Or quand Rabbi 'Hia est sorti, et tous les autres à sa suite, celui qui avait mangé de l'ail en faisait partie, et il n'a pas été humilié.

Le lendemain, Rabbi Chimon, fils de Rabbi Yéhouda, qui devint Nassi après son père, vint chez Rabbi Hia et lui demanda : 'C'est toi qui as mangé de l'ail, et qui as causé l'annulation du cours de Torah hier?'
- D m'en préserve, lui répondit Rabbi 'Hia, une chose pareille ne devrait pas se produire dans notre peuple.

Le Maharcha (guémara Sanhédrin 11;71) demande : 'Quel était le message de Rabbi Hia? Rien n'est plus grave, en effet, que d'annuler un enseignement de Torah, en particulier celui qui est dispensé au public!
Or s'il n'a pas mangé d'ail, pourquoi sortir et entraîner la fin du cours?

=> Le Maharcha répond : certes, empêcher une étude est une faute sérieuse. Mais rien n'est plus grave que de faire honte à son prochain. Il est encore préférable d'annuler une étude si cela peut éviter une humiliation."

+ "Ne pense pas que la mitsva de la bienfaisance ne concerne que le pauvre qui a besoin de manger et de se vêtir, car la Torah choisira toujours la voie de la bienfaisance et nous ordonne de satisfaire la volonté de nos coreligionnaires, à la mesure de nos possibilités.
Le principe général est que prodiguer du bien à notre prochain, qu'il s'agisse d'argent, de nourriture, d'autres besoins et même de paroles réconfortantes, fait partie de la mitsva de bienfaisance et sa récompense est immense".
[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 479 (mitsva du maaser)]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Dès lors, nous pouvons en tirer une conclusion également au sujet de la mitsva du Maasser : cette mitsva inclut aussi le fait de prélever une partie conséquente de nos propos, à l'intention d'autrui, qu'il s'agisse de paroles réconfortantes, encourageantes, redonnant goût à la vie, ou encore de paroles de Torah, en consacrant une partie de notre temps à étudier avec quelqu'un.

Le rav Moché Feinstein stipule à ce sujet que "tout érudit en Torah, bien qu'il doive étudier pour lui- même, ce qui est très important, est tenu de consacrer une partie de son temps aux autres, même si c’est sur le compte de son étude personnelle ...
Je pense logiquement qu'il s'agit aussi de la mesure du Maasser, soit le dixième de son temps qui doit être consacré à étudier avec autrui. Et il est même possible que l'on puisse aller jusqu'au cinquième, cela demande à être approfondi."

[cela ouvre la réflexion sur la notion de donner le Maaser de nos paroles (en mots d'appréciation, de conseil, ...), de notre sourire/joie, de notre temps (ex: en écoutant autrui), ...
De même que la charité nous enrichit, de même à donner à autrui nous enrichit moralement, émotionnellement, spirituellement, ... ]

-> Le 'Haïm 'Hafets enseigne que de même que l'on devra rendre des comptes pour les paroles de lachon ara (paroles négatives selon la Torah) que nous avons pu prononcer, de même nous devrons rendre des comptes pour les paroles positives que l'on aurait pu dire à autrui et que l'on a pas dites.

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ אֲנִי יְהוָה - Kédochim 19,18).

-> Le rabbi de Belz commente :
ce verset nous apprend comment retirer la Rigueur de notre vie.
Lorsqu'il y a de l'unité parmi les juifs (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ) alors le mot כָּמוֹךָ, qui a la même guématria que Elokim (le Nom d'Hachem représentant le Jugement, la Rigueur), devient alors אֲנִי יְהוָה (qui est le Nom Divin de compassion, de la miséricorde).
De même, la guématria de "aava" (amour - אהבה) est de 13, et lorsque 2 juifs ont de l'amour l'un pour l'autre, alors nous avons 2 fois 13 soit 26, la valeur numérique du Chem Havaya (יהוה).

-> "Lorsque 2 juifs se rapprochent dans un amour et une attention réciproques, alors la Présence Divine descend sur eux.
Lorsque "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ..." alors "... Je suis Hachem [Je me joins à eux]" (Kédochim 19,18)"
[rabbi Ména’hem Mendel de Kossov]

-> Si un juif aime l’autre, alors Hachem dit : "Je suis le 3e!"
[rabbi Avraham de Slonim - Kédochim 19,18]

Nous remarquons que les 2 mots : "bémidbar Sinaï" (dans le désert du Sinaï - בְּמִדְבַּר סִינַי - Bamidbar 1,1) ont une valeur numérique de 378, équivalente à celle du mot : "béShalom" (dans la paix - בשלום), afin de nous enseigner que pour mériter la Torah, l'homme doit être en paix avec son prochain, dans l'amour et la solidarité.
[Imré Noam]

"Ceux qui sont honnêtes en matière d'argent sont ceux qui mériteront d'être avec Hachem dans Sa section (bim'hitsato), comme il est écrit : "Mes yeux sont sur les fidèles du pays, afin qu'ils habitent avec Moi" (Téhilim 101,6)"
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.15]

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-> Le Réchit 'Hokhma (chap. Massa ouMatan) dit que le véritable déterminant pour savoir si une personne est considérée comme un tsadik est la façon avec laquelle elle traite les autres en ce qui concerne l'argent.

Fauter contre autrui c’est fauter contre Hachem

+ Fauter contre autrui c'est fauter contre Hachem :

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
En réalité, chaque faute envers son prochain crée entre le fauteur et la victime une scission qui affaiblit l'unité du peuple juif et porte atteinte à l'honneur d'Hachem.
Comme le dit le Séfer ha'Harédim (chap.7) : "Les âmes des Bné Israël sont gravées de sous le Trône de Gloire et toutes contribuent à l'Unité du Nom divin.
Les Bné Israël sont décrits [dans la Torah] au singulier, par exemple chivim néfech - 70 âme (au singulier).
Lorsqu'il existe des divisions entre eux dans ce monde, elles sont discernables sur le Trône de Gloire".

Lorsqu'un juif cause du tort à son prochain, il réduit l'honneur divin. Pour rectifier cette faute, il lui faut apaiser la personne lésée.
Lorsque le fauteur soulage les mauvais sentiments de la victime et met fin à leur discorde, la brèche dans l'unité du peuple juif est réparée et le dommage à l'honneur divin est défait.

Nous comprenons donc que l'expiation pour cette dimension de la faute soit retardée jusqu'à ce que le fauteur reçoive le pardon de sa victime. Tant que l'animosité règne entre eux, l'honneur de D. n'est pas restauré et le délit du fautif envers D. restera en place. Il peut être pardonné seulement quand sa relation avec la personne qu'il a lésée est restaurée.

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+ "Quand Rabbi Zéra était offensé par une personne, il passait plusieurs fois devant elle afin qu'elle le voie et vienne lui demander pardon.
Un certain boucher fit un jour du tort à Rav et ne vint pas à lui [pour lui demander pardon]. La veille de Yom Kippour, [Rav] dit : 'Je vais aller moi-même l'apaiser'."
[guémara Yoma 87a]

-> On a vu que chaque fois qu'un homme fait du mal à l'autre, tous deux ont le devoir, dans une certaine mesure, de réparer le manque d'honneur divin qui en résulte, car il provient du manque d'harmonie entre eux. Rav et Rabbi Zéra ont donc cherché à causer une réconciliation afin de restaurer la paix, pour accroître l'honneur d'Hachem.
[selon le Ramak (cité dans Chlah - Massékhèt Roch Hachana, Torah Ohr 26), chaque fois que deux personnes éprouvent de mauvais sentiments l'une envers l'autre, le manque d'harmonie entre elles crée aussi, dans une certaine mesure, une distance entre D. et elles, ce qui rend une téchouva authentique moins facile à effectuer. Bien que Rav et Rabbi Zéra fussent les personnes lésées, chacun d'eux fit un effort pour donner à l'autre partie l'occasion de se racheter. ]

-> Le Roch (Yoma 8,24) explique que la raison pour laquelle Rav et Rabbi Zéra allaient chercher les hommes qui leur avaient causé du tort, et la raison de la coutume universelle de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour, est qu'à ce moment-là, il est particulièrement important que tous les juifs soient en paix les uns avec les autres.
Le Roch le tire d'un passage de Pirké d'Rabbi Eliézèr (45) : "[Le satan] dit qu'il ne trouvait aucune faute parmi les Bné Israël Yom Kippour et déclara : Maitre du monde, Tu as une nation unique semblable aux anges célestes! ... De même que la paix règne parmi les anges célestes, (elle règne] parmi le peuple juif à Yom Kippour".
Le Roch affirme donc que la pratique courante de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour a pour but de nous élever au niveau des anges en restaurant l'harmonie parmi les juifs.

-> Cette explication peut nous faire comprendre un incident impliquant le rav 'Haïm de Brisk :
le boucher de la ville de Brisk comparut devant rav Haim pour un din Torah. Lorsque rav 'Haim trancha à son désavantage, le boucher devint insolent et se mit à parler contre le Rav de façon outrageuse au point que rav 'Haïm dut lui ordonner de quitter le beth din. Quelques mois plus tard, la veille de Yom Kippour, alors que toute la communauté était déjà arrivée à la synagogue pour la Tefila Zaka, rav 'Haim
demanda à ses trois fils de l'accompagner pour apaiser le boucher.
La conduite de rav 'Haim dans cet incident est très étonnante. Le boucher avait tort : il avait humilié rav 'Haim et aurait dû être excommunié pour son insolence au beth din. N'était- ce pas une atteinte à l'honneur de la Torah et aux dayanim que rav 'Haïm cherche à apaiser le boucher? De plus, si rav 'Haim pensait qu'il devait apaiser le boucher, pourquoi a-t-il attendu la veille de Yom Kippour?

Selon notre explication, la réponse est claire : effectivement, d'un point de vue halakhique, rav 'Haim n'avait aucune obligation vis-à-vis du boucher car rav 'Haim ne lui avait causé aucun tort. Le boucher l'avait insulté et devait lui demander pardon.
Mais quand Yom Kippour est arrivé, il fallait que toute querelle soit calmée pour que le peuple juif puisse atteindre le niveau d'harmonie des anges, et même la partie lésée, dans ce cas rav 'Haim avait la responsabilité de faire tout son possible pour réparer la situation.

"Et qu'un homme n'offense pas son prochain, et tu craindras ton D. car Je suis Hachem ton D." (Béhar 25,17)

A partir de ce verset, la guémara (Baba Métsia 58b-59a) nous enseigne :

-> "Et qu'un homme n'offense pas son prochain" = "il s'agit ici de l'offense causée par la parole" ;

-> Rabbi Yo'hanan (au nom de Rabbi Chimon Bar Yo'haï) dit : "L'offense causée à autrui par la parole est plus grave qu'un dommage occasionné dans ses biens". En effet, il est écrit à son sujet [dans le même verset] : "Tu craindras ton D." ;

-> Rabbi El'azar enseigne : "Pour toutes (les fautes), Hachem se fait payer par l'intermédiaire d'un émissaire, à l'exception de l'offense". La Chita Mékoubetset nous explique cette guémara : "Car parfois l'ange (chargé d'appliquer la sentence) se trouve au loin, comme il est enseigné (guémara Béra'hot 4b) : 'Mikhaël en une (enjambée), Gavriel en deux, Eliyahou en quatre', et il ne peut pas voler en une seule fois. En revanche, en ce qui concerne l'offense [à autrui], Hachem se fait payer Lui-même, et le châtiment se hâte d'arriver".

-> Rav 'Hisda enseigne : "toutes les portes (de la prière sont fermées) sauf celles de l'offense", celui qui est blessé et humilié, au point de crier sa souffrance vers le Ciel, voit sa plainte atteindre le trône Céleste.
Selon Rachi : "Celui qui crie parce qu’il a été offensée, la porte ne se ferme pas devant lui"
Rabbénou Bé'hayé explique que du fait que la personne offensée éprouve beaucoup de peine et de désespoir, cette détresse le pousse à se soumettre au Créateur, et sa prière, qui jaillit d’un cœur chagriné, est prononcée avec ferveur et exaucée.

-> Rav Abbaou dit : il existe 3 choses devant lesquelles le rideau (la séparation entre Hachem et l'armée céleste - Rachi) n'est pas fermé : l’offense, le vol et l'idolâtrie.
Rachi explique : "(le rideau de séparation avec Hachem n'est pas fermé) pour faire disparaître les preuves (de leur bien-fondé) devant D., mais Hachem les voit constamment pour se faire payer".

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-> "Ne vous lésez point l’un l’autre" (Béhar 25,17)
Rachi commente : "Ici, on interdit le préjudice par des paroles : qu’il ne blesse pas son prochain".

-> Rabbi Eliézer de Metz (Séfer Yiréïm - 51) écrit : "Tel qu'il existe l'offense par la parole, il existe aussi l'offense par une mauvaise conduite, lorsqu'il montre à autrui un mauvais visage".

-> "Tu ne monteras pas sur mon autel avec des marches afin de ne pas dévoiler ta nudité" (Yitro 20,23)
Rachi commente : "(si tu montes avec des marches) il s'avère que tu te conduits avec dédain ; et un raisonnement a fortiori s'impose : si envers ces pierres, qui n'ont aucune intelligence pour ressentir l'affront qui leur est fait, la Torah a ordonné, parce qu’elles ont une utilité, de ne pas se conduire avec dédain, à plus forte raison
envers ton prochain qui est à l'image de ton Créateur, et qui ressent l'affront".

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 348) écrit :
"Combien nos Sages nous ont-ils mis en garde et incités à ne causer, sous aucun prétexte, de la peine aux créatures, ni à les humilier ... Et il est juste également, de veiller à ne pas insinuer un quelconque dédain (même par des gestes) envers elles.
Car la Torah est très sévère en ce qui concerne l'offense, du fait que celle-ci leur cause beaucoup de peine. Et nombre d'entre elles en seront plus blessées qu'à cause de l'argent, comme ils ont enseigné (guémara Baba Métsia 58b) : "L'offense due à la parole est plus grave que celle due à l'argent, car il est écrit à son sujet : "Tu craindras Hachem ton D."."

"Nous sommes tous pauvres en ce qui concerne l'honneur"
[rabbi Avraham Pam]

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-> Toute personne, peut importe sa place dans la vie, a besoin de se sentir appréciée.
Ainsi, nous devons faire tout notre possible pour remercier, complimenter, et encourager autrui.
[c'est gratuit (ex: un sourire, un mot), et cela est tellement important puisque nous sommes tous pauvres en terme d'appréciation de soi, de valorisation, d'honneur.
De nos jours, il s'agit sûrement de la forme principale de tsédaka, puisque par là nous redonnons davantage de goût à la vie, de forces vitales pour bien agir. ]

"Il vaut mieux installer une idole dans le sanctuaire que d'avoir une dispute (makhlokét) parmi le peuple juif"
[rav Yossef haTsadik
- son gendre était le Noda biYéhouda, qui a écrit à son sujet : "quand je pense à toi, tout mon corps est secoué et tremble par respect pour toi"]

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-> Le Shévét Moussar (chap.37) nous dit que les disputes (makhlokét) sont si dures devant Hachem qu'alors que pour le Veau d'or, la manne ne s'était pas arrêtée de tomber, elle ne descendit pas lors de la dispute de Kora'h.

[on parle de dispute qui ne sont pas en l'honneur d'Hachem (léchem chamayim) [comme dans une 'havrouta], mais pour assouvir un égo personnel.
Le Chemen Roch enseigne en ce sens sur les paroles de Moché à Kora'h : "Le matin (boker) Hachem fera savoir qui est pour Lui" (Kora'h 16,5).
Or, à propos de la manne : "ils l'ont recueillie chaque matin (baboker baboker)" (Béchala'h 16,21).
Ainsi, Moché sous-entendit : "Réalisez que cette dispute n'est pas léchem chamayim parce que lorsque vous sortirez le lendemain matin pour obtenir la manne, vous ne la trouverez pas ; alors Hachem vous fera savoir qui est à Lui".]