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Amour d’Hachem & sentiment de distanciation

+ Amour d'Hachem & sentiment de distanciation :

-> Après la faute du Veau d'or, Moché demanda à Hachem : "Montre-moi, s'il te plaît, Tes voies ... montre-moi, s'il te plaît, Ta gloire" ("Odiéni na ét déra'hékha ... haréni na ét kévodé'ha" - Ki Tissa 33,13 & 18).

Nos Sages (guémara Béra'hot 7a & Rachi) expliquent que Moché demandait essentiellement pourquoi de mauvaises choses arrivent à de bonnes personnes, d'autant plus que Hachem est aimant. [D. n'est que bonté, et tout ce qu'Il fait est bon. Pourquoi y a-t-il de la souffrance, qui arrive même à de bonnes personnes? ]

Hachem n'a pas répondu à la question de Moché, parce qu'il n'aurait pas compris la réponse.
Les décisions d'Hachem ne peuvent être saisies même par Moché Rabbénou. Mais Hachem n'a pas ignoré la question de Moché. Il dit à Moché (Ki Tissa 33,21-23) de se tenir sur un rocher, et Il passera à côté de lui et couvrira les yeux de Moché. ["quand passera Ma gloire, je te cacherai dans la cavité du rocher et Je t'abriterai de Ma main jusqu'à ce que je sois passé. Alors Je retirerai Ma main et tu Me verras par derrière; mais Ma face ne peut être vue." ]
Bien qu'il s'agisse d'une réponse étrange, Hachem transmet clairement un message. Quel était exactement le message qu'Il essayait de transmettre, et quel était le rapport avec la question de Moshé?

Le message adressé à Moché était le suivant : "Tu ne comprendras jamais pourquoi je fais ce que je fais : Tu ne comprendras peut-être jamais pourquoi je fais ce que je fais et pourquoi une personne doit subir ce qu'elle subit. Mais ne pense jamais que je suis loin simplement parce que tu ne peux pas me voir."

Hachem est passé devant Moché et a couvert ses yeux pour lui montrer que le fait d'être caché n'est pas synonyme de distance. Si Hachem était assez proche pour couvrir les yeux de Moché, Il ne doit pas être trop loin.

Vivre avec émouna signifie vivre en sachant qu'Hachem m'aime, un point c'est tout. [quoique j'ai pu faire, quoiqu'il m'arrive]
Ce qu'Il fait et pourquoi Il le fait peut ne pas être clair, mais tout cela est l'expression de Son amour.
Même lorsqu'il me semble qu'Il m'a abandonné, je sais que ce n'est pas le cas. Hachem est peut-être caché, mais Il est loin d'être distant. S'Il est assez proche pour me couvrir les yeux, il se peut qu'Il n'ait jamais été aussi proche.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - léShababth 'hol haMoed Pessa'h 5700 (1940) ]

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-> Le rabbi de Piaseczno écrit :
"Même lorsqu'il y a pour nous une dissimulation (d'Hachem) et une douleur du corps et de l'âme, il ne doit pas nous venir à l'esprit que Hachem est réellement caché, c'est juste Sa main qui (génère) la dissimulation ... la plus grande proximité possible ... et non pas la véritable dissimulation."

=> Hachem peut être caché, mais Il n'est jamais distant. En fait, c'est précisément dans ces moments de dissimulation qu'Il est en réalité beaucoup plus proche de nous (puisqu'Il met Ses mains sur nos yeux, et qu'Il est encore plus avec nous dans nos moments de souffrances).

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-> "Parfois, le travail [spirituel] qui semble à une personne être le résultat d'un éloignement [d'Hachem] ou [parce qu'elle est actuellement dans un creux [spirituel] et [se sent spirituellement] distante [d'Hachem], peut en réalité monter [au Ciel] et élever la personne [également], plus que n'importe quel autre travail (spirituel) [ne pourrait le faire].
Avec tout, et à tout moment, et à tout moment avec tout, une personne doit servir Hachem.
[...]

[une personne devrait se dire ] : "Qui sait ce que l'on attend de moi au Paradis? Peut-être que ce service, qui me semble peu important, montera plus haut que le service que je préférere faire."

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Déré'h haMélé'h - Roch Hahana]

Aimer Hachem & aimer les pierres, le sable et les fleurs

+ Aimer Hachem & aimer les pierres, le sable et les fleurs :

-> A priori, il semble qu'il n'y ait pas grand-chose à aimer dans les rochers, les pierres ou le sable. Ou l'eau ou les étoiles, ou tout autre objet inanimé. Ils ne parlent pas. Ils n'expriment pas d'émotions. Ils ne choisissent pas où vivre ni quand se déplacer.
Par exemple, lorsqu'on marche sur la plage, on ne remarque pas un grain de sable plus qu'un autre. Ils semblent tous identiques. Il n'y a pas de grain de sable qui attire notre attention, qui nous accueille dans une relation particulière.

-> "L'inanimé, qui semble immobile et tranquille, est en réalité plein d'innombrables mouvements et d'un mouvement perpétuel, à chaque instant, même dans ses parties les plus infinitésimales, qui vibrent continuellement.
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 4,66]

-> "Même l'inanimé a en lui le pouvoir de saisir le divin."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,845]

-> Le sable, les rochers et les pierres ne sont inertes qu'en apparence. Ils ne nous semblent pas bouger.
Mais pour le rav Kook, ils vibrent continuellement. Non seulement ils vibrent, mais ils appellent aussi Hachem à leur manière.

Les humains comme les êtres inanimés ont en eux une présence spirituelle qui aspire à retourner à sa Source, à ne faire qu'un avec le Créateur du monde physique. Cette présence spirituelle vibre continuellement, aspirant à retourner à son unité originelle.
Chaque cellule de la création possède une mémoire mystique qui lui permet de se rappeler d'où elle vient. Chaque cellule de la création invite notre conscience à se connecter à l'unité ; chaque cellule est un portail vers le sacré, nous invitant à être transportés vers une plus grande conscience de la présence d'Hachem.
Pour le rav Kook, tout ce qui existe dans le monde a un corps et une âme. Même un grain de sable.

-> "Nous devons voir l'âme des choses.
Le monde en général, chaque personne et chaque être vivant, chaque plante et chaque chose inanimée, chaque étoile et chaque ciel, chaque rivière et chaque mer, chaque vision et chaque mouvement, tous existent dans la splendeur de leur âme spirituelle."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 4,76]

-> Si chaque grain de sable a une "âme spirituelle", comment pourrais-je ne pas l'aimer?
Chaque particule de la création, chaque cellule de l'être, possède en elle "la splendeur de l'âme spirituelle". Une étincelle de la lumière transcendante d'Hachem anime même l'inanimé.
Pour le rav Kook, rien n'est ordinaire, rien n'est dépourvu de la lumière d'Hachem, indigne de Son amour.

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-> "La reconnaissance du fait que le monde entier, dans toutes ses innombrables expressions,
n'est qu'une lumière divine rayonnante revêtue de diverses couvertures, implante dans notre coeur un amour de la Vérité sans équivoque.
Il est impossible de ne pas être plein d'amour pour toute la création, car la beauté de la lumière d'Hachem brille en elle, et tout révèle la bonté d'Hachem, qui remplit la terre."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,696]

-> Bétsalel Naor, un érudit sérieux des écrits du rav Kook, demanda un jour au fils du rav Kook, le Rav Tsvi Yéhouda Kook, alors âgé de 80 ans : "A quel point votre père aimait-il le peuple juif?"
Le rav Tsvi Yéhouda se pencha en arrière sur sa chaise et se mit à rire de façon incontrôlée. Il finit par répondre à Bétsalel : "Combien mon père aimait-il le peuple juif? Mon père aimait la chaise sur laquelle vous êtes assis. Mon père aimait le sol sur lequel tu as les pieds. Mon père aimait la plante qui se trouve sur ce bureau. Mon père aimait tout. C'est ainsi qu'il vivait".

Pour le rav Kook, rien n'était ordinaire, rien n'était privé de la lumière d'Hachem, rien n'était indigne de l'amour de D.
Pour le rav Kook, la question était la suivante : "Comment ne pas aimer l'inanimé, les cailloux, les pierres, les rochers et le sable"?

La nature est l'expression révélée du miraculeux. Pour le rav Kook, le naturel et le surnaturel sont intrinsèquement liés. Comme le jour et la nuit, ils forment une entité indivisible.
Il écrit (Shemoné Kvatsim 7,78) : "Le miraculeux et le naturel ne font qu'un ; le miraculeux est l'âme intérieure de la nature."

Il est facile de ne pas prêter attention à quelque chose qui semble ne pas avoir de vie. Un acte extraordinaire de la nature - une tornade, une inondation ou un double arc-en-ciel - attire naturellement notre attention. Mais sinon, il semble que la nature se contente de faire son travail, jour après jour, année après année. C'est à peine si cela mérite d'être souligné.
Mais que se passe-t-il lorsque nous commençons à sentir que ce qui semble ordinaire est en fait une expression du divin? Que se passe-t-il lorsque nous commençons à sentir qu'il y a une présence spirituelle, une âme, dans chaque chose?
Que se passe-t-il lorsque nous nous promenons et que nous remarquons non seulement la présence apparemment banale de la nature, mais aussi sa beauté rayonnante ?
Que se passe-t-il lorsque nous commençons à sentir que nous vivons dans un monde sacré ?

Selon le rav Kook, c'est à ce moment-là que nous commençons à tomber amoureux du monde.
La reconnaissance du fait que le monde entier, dans toutes ses innombrables expressions, n'est qu'une lumière divine rayonnante revêtue de diverses couvertures, implante dans notre coeur un amour de la Vérité sans équivoque.
Il est impossible de ne pas être plein d'amour pour toute la création, car la beauté de la lumière d'Hachem brille en elle, et tout révèle la bonté d'Hachem, qui remplit la terre.

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-> "Le monde physique déverse toute son énergie dans la création du produit final.
Il ne permet pas à son éclat intérieur d'émerger.
Le jour viendra quand le goût de l'arbre sera aussi doux que le goût de son fruit."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 3,24 ; Orot haTéchouva 6,7 ]

-> "Le produit final" ... c'est bien sûr ce que nous voyons (par nos sens humain). Nous ne voyons pas la pleine lumière (étincelle de divinité) de la fleur, du buisson ou de l'arbre. Nous ne voyons que la lumière finale, la lumière [extérieure, apparente] de son produit fini.
[d'après le rav Arié Ben David]

[on doit essayer d'avoir une vision juive, en suivant la façon d'aborder notre monde comme le rav Kook, plutôt que comme notre naturalité animal/humaine, comme les non juifs le font.
On a une tendance à attendre passivement que Hachem vienne se révéler à nous pour pleinement Le croire, Le ressentir et agir pleinement en tant que juif. Pourtant, toute chose de ce monde peut être une occasion de voir Hachem partout, de renforcer activement notre lien et amour avec le Divin. ]

L’amour d’Hachem

+ L'amour d'Hachem (par le rav Kook) :

-> "Il est tout à fait impossible de ne pas aimer Hachem."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,696]

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-> "Je suis rempli d'amour pour Hachem ...
Comment ce qui est plus grand que tout, plus grand que la bonté, plus grand que (n'importe quel) attribut, plus grand que l'être, peut-Il être appelé par un nom (tellement Hachem est une dimension infinie sacrée qu'aucun langage humain ne peut capturer)?
Et j'aime, et je dis : J'aime D."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,164]

-> Le désir incessant d'être attiré par la Source de la réalité pure (Hachem), la Source de la lumière infinie, est ancré dans le cosmos tout entier, dans toute la création.
C'est l'impulsion fondamentale qui génère chaque mouvement de l'être, chaque moment de développement et d'évolution, qui produit toutes les pulsions dans le monde, et qui est la force intérieure élémentaire qui propulse toutes les cultures humaines, toutes les sociétés et toutes les nations.
Ce désir imprègne toute la création, de la plus petite partie des êtres les plus minuscules à la plus haute partie des anges les plus célestes.

Le "désir des désirs", l' "aspiration des aspirations", est d'être absorbé par la source originelle de tout être, d'être attiré par l'être du Créateur."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 8,160]

-> Selon le rav Kook, tout est aspiration, aspiration à la transcendance. L'âme, qui est présente à des degrés divers dans chaque cellule de la création, même dans "la plus petite partie de l'être le plus minuscule", aspire à se réunir avec la source de toutes les âmes (Hachem).
Chaque cellule se souvient mystiquement d'où elle vient et aspire à retourner chez elle. Chaque cellule de la création a en elle le désir de se tourner vers sa Source.
De même qu'une plante se tourne vers le soleil, source de lumière, chaque cellule de la création se tourne vers Hachem, source de sa lumière spirituelle. Il s'agit d'un "désir sans fin".

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-> Mon désir spirituel d'être attiré dans l'être du Roi ne connaît pas de limite.
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,656]

-> "Celui qui cherche continuellement Hachem, qui ressent dans son âme une poussée intérieure vers la lumière d'Hachem, qui a soif d'Hachem, sera sans crainte et joyeux dans le don de sa destinée.
Cette personne saura que ce saint amour et cette soif ne sont pas pour elle seule, mais pour le monde entier, et à tout moment, elle s'efforcera d'aider tous les autres, tous les hommes, et le monde entier."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 7,208]

-> Le rav Kook pense que ce désir inextinguible était la force motrice qui pousse le monde à évoluer, physiquement, moralement et spirituellement. Ce désir, qui "génère chaque mouvement de l'être", lui apportait un grand bonheur et contribuait à sa vision optimiste de la vie.
L'amour du rav Kook pour Hachem le dominait et le submergeait. Parfois, il était tellement pris par ce désir spirituel qu'avant de prier, il avait besoin de sortir pour se calmer.
En un sens, le rav Kook était imprégné de part en part de l'amour du Kodech Elyon (la plus haute sainteté - Hachem).

Cet amour qui "ne connaît pas de limites" n'était pas seulement dirigé vers le Divin. L'amour du rav Kook pour Hachem le remplissait et se répandait sur tous ceux qui étaient en sa présence, et même sur ceux qui se trouvaient au-delà de sa présence.
Cela l'a conduit à "s'efforcer d'aider tous les autres, tous les peuples et le monde entier".

Faire jaillir l’amour qui est en nous = élément essentiel d’une vie juive

+ Faire jaillir l'amour qui est en nous = élément essentiel d'une vie juive (d'après le rav Kook) :

-> "Toute la Torah, que ce soit l'éthique, les mitsvot, l'étude et la pratique, a pour but d'éliminer les obstacles qui empêchent un amour global de s'étendre et de se répandre dans tous les coins de la vie, partout."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 3,267]

-> On pourrait penser que le judaïsme consiste à étudier la Torah, à accomplir de bonnes actions, à mener une vie éthique et, peut-être, à évoluer spirituellement.
Cependant, le rav Kook arrive et déclare que toutes ces pratiques louables et ces croyances fondamentales ne sont pas les objectifs du judaïsme, mais plutôt les moyens, qui sont là afin "d'éliminer les obstacles".
Ce sont des étapes et des chemins vers un but plus élevé. Ce sont tous des canaux qui mènent à un objectif très différent : devenir un être humain plus aimant.

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-> "Je n'ai nullement besoin de forcer ce sentiment d'amour. Il s'écoule directement de la profondeur de la sagesse de l'âme."
[rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 2,76]

-> Pour le rav Kook, l'amour n'est pas fondé sur l'émotion. La source de l'amour n'est pas mon cœur. La source de l'amour est mon âme.
Lorsque nous sommes pleinement alignés avec notre âme, notre amour jaillit naturellement.
Pour le rav Kook, l'être humain spirituel est un être humain aimant. L'amour ne dépend pas d'une humeur, d'un tempérament ou d'un état d'esprit. Il ne dépend pas de la personnalité ou de ce qui se passe chez moi ou chez les autres.

-> Dans le monde mystique juif, la "sagesse" (en hébreu : 'hokhma) est qualitativement différente de la connaissance, de l'intelligence ou de l'érudition.
Elle ne découle pas d'une compréhension rationnelle, d'une analyse ou d'un raisonnement logique. Elle n'émerge pas non plus de notre capacité mentale. Au contraire, comme l'intuition, elle nous vient d'en-Haut, de la transcendance.
La sagesse ('hokhma) n'est pas générée par notre esprit. Elle est reçue, un moment de vérité et de clarté qui nous pénètre. La sagesse est la conscience d'Hachem. C'est une fenêtre sur l'au-delà, le spirituel, le mystérieux.

La "sagesse de l'âme" est le message mystique de l'âme, qui nous parle toujours. Si nous devions demander à l'âme de formuler son message en mots, ce serait quelque chose comme : "Soyez une force d'unité dans ce monde magnifique et brisé. Soyez une force d'amour. Aimez-le, aimez-la, aimez-les. Hachem vous a mis au monde pour manifester votre capacité d'aimer sans fin".

Nos sentiments d'amour expriment et manifestent cet élan intérieur de l'âme.
Tout comme le sang coule de notre cœur, l'amour coule de notre âme.
Tout comme notre cœur fait naturellement circuler le sang dans tout notre corps, notre âme fait naturellement circuler l'amour dans toute notre vie.

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-> "L'amour pour l'humanité devrait jaillir, comme un flux intérieur naturel provenant de la source de la bonté, et non comme quelque chose d'ordonné, car il perdrait alors sa qualité la plus lumineuse."
[ rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,564 ]

Le rav Kook parle de l'amour comme d'un "jaillissement". Il n'est ni calme, ni timide, ni doux. C'est une force intérieure puissante qui nous traverse, vague après vague, jaillissant et déferlant, impossible à arrêter ou à stopper.
L'amour est l'expression de notre âme. Nous ne devrions pas le planifier, y réfléchir, l'organiser ou délibérer à son sujet.
Et bien que le rav Kook ait certainement apprécié la valeur des commandements (mitsvot), il a exhorté son âme à ne pas considérer l'amour comme une obligation, comme quelque chose que nous faisons parce qu'on nous a ordonné d'aimer les autres. Nous devons simplement éliminer les obstacles pour permettre à l'amour de jaillir. C'est notre ADN spirituel, inscrit dans notre être même.

-> "La Sainteté Suprême (Hachem) est pleine d'amour, de bonté et de compassion, découlant de Son abondante et exquise plénitude et unité."
[ rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 1,346 ]

En d'autres termes, "l'amour, la bonté et la compassion" émanent continuellement d'Hachem.
De même que la force physique de la gravité attire toutes les choses vers le centre de la Terre, de même, écrit le rav Kook, la force spirituelle de l'unité (Hachem é'had - l'Unique) tire tous les êtres vers plus d'unité dans le monde.
[toute chose pour exister a besoin d une étincelle de divinité en elle. En tant que juif nous avons une âme provenant de l'intériorité d'Hachem, ce qui implique que notre âme est pleine d'amour, de bonté et de compassion. ]
Cette force de l'unité d'Hachem bat en chacun de nous, dans notre âme et dans l'âme de chaque cellule de la création. La force motrice du monde, la volonté de D., est aussi notre volonté.
Comme l'écrit le rav Kook, "la volonté d'un être humain n'est pas une affaire privée isolée ; elle est une parcelle de D. et découle de la sainte volonté divine, qui crée continuellement l'univers". (Shemoné Kvatsim 8,77).

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-> "Qui peut arrêter la lumière de l'amour divin qui palpite dans le cœur?"
[ rav Avraham Kook - Shemoné Kvatsim 3,267 ]

Comment pouvons-nous apporter plus d'unité ? En aimant. Nos âmes sont des forces d'amour dans ce monde.
L'amour palpite en nous ... Aimer n'est pas seulement un acte agréable, une expérience chaleureuse ou plaisante. Aimer est une expérience de l'âme. Lorsque nous manifestons cet amour divin qui vibre dans notre âme, lorsque nous devenons des forces d'unité dans le monde, c'est à ce moment-là que nous vivons le plus pleinement à l'image d'Hachem. Nous exprimons pleinement notre âme et notre vraie nature. Nous canalisons la sagesse des profondeurs de notre âme.

Et, intuitivement, nous le savons.
[Quels sont les derniers moments où l'on s'est senti bien et fiers de nous? Majoritairement c'est des exemples liés à l'amour, à de la générosité.
On a plus de plaisir à donner qu'à prendre, car l'amour est sa propre récompense. (la joie est lorsque nous intériorité s'aligne avec notre extériorité. Ainsi, lorsque nous vivons amour, alors nous sommes en phase avec notre intériorité profonde, et nous sommes heureux! )]

Lorsque nous permettons à cet amour que Hachem a implanté en nous de s'épanouir naturellement, en aimant toute la création et toutes les personnes, nous devenons sanctifiés. L'amour n'est pas seulement un lien entre nous et le monde, c'est un lien qui amène Hachem, à travers nous, dans le monde.
En apportant au monde cette énergie d'amour qui vient d'Hachem (D.), nous sanctifions toute la création.
Nous élevons tout et tous ceux qui reçoivent cette énergie d'amour qui coule à travers nous.

Nous pouvons maintenant commencer à comprendre les paroles puissantes de Rav Kook :
Cela nous permet de mieux comprendre les paroles du rav Kook :
"Toute la Torah, que ce soit l'éthique, les mitsvot, l'étude et la pratique, a pour but d'éliminer les obstacles qui empêchent un amour global de s'étendre et de se répandre dans tous les coins de la vie, partout."

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-> Hachem nous a donné le judaïsme. Le judaïsme a pour but d'éliminer les obstacles à l'amour afin que notre prédisposition naturelle à l'amour puisse émerger, se développer et s'étendre à chaque personne et à l'ensemble de la création.
Comment puis-je savoir si je canalise l'amour de mon âme? Quels sont les signes qui montrent que je suis sur la bonne voie?

1°/ Le premier signe = mon amour me touche-t-il? Les personnes qui m'entourent remarquent-elles une différence dans mes traits de caractère, ma patience, mon ouverture, mon intégrité?
Le rav Kook (Shemoné Kvatsim 3,267) écrit : "les effets révélateurs de l'amour sacré sont l'apparition de meilleures qualités, de la vérité et de la sincérité, même dans les plus petites interactions."

Mon amour a besoin de s'étendre et d'affecter chaque partie de ma personnalité, d'avoir un impact sur mon intellect, mes émotions et mes actions. Je me sens en meilleure santé, peut-être physiquement, mais certainement au plus profond de moi-même.
Le rav Kook dirait qu'en écoutant plus profondément ma voix intérieure, je m'aligne davantage sur Hachem et sur l'univers tout entier. Cet alignement avec ma vraie nature est la source de mon bien-être.

2°/ Le deuxième signe : mon amour affecte-t-il ceux qui m'entourent? L'amour de l'âme a toujours un impact sur les autres. C'est une force qui vibre à l'infini. C'est un moteur à l'intérieur de nous qui produit des vagues et des vagues d'énergie qui débordent sur tous ceux qui nous entourent.

Le rav Kook enseigne :
- "L'amour, dans sa forme pure, s'étend à tous ceux qui sont en contact avec l'âme aimante." [Shemoné Kvatsim 8,54]

- "Toute personne ayant un contact, même fortuit, avec la personne aimante est affectée et transformée." [Shemoné Kvatsim 3,267]

=> Ainsi, l'amour de l'âme implique 2 signes : Suis-je transformé? Les personnes qui m'entourent sont-elles transformées?

[d'après le rav Arié Ben David]

"Chaque commandement entre un homme et son prochain est basé sur un seul principe : apporter de la lumière dans la vie des autres".
[rav Shlomo Wolbe - Alé Shour - part.1, p.190]

Juger autrui favorablement va le pousser s’améliorer

+ Juger autrui favorablement va le pousser s'améliorer :

-> "Sachez que nous devons juger tout le monde favorablement (Pirké Avot 1,6). Même si quelqu'un est [apparemment] un racha complet [défini par ses actes négatifs], il est nécessaire de chercher et de trouver en lui un minimum de bien ; que dans ce petit peu, il n'est pas un racha.
Et en trouvant en lui un peu de bien et en le jugeant favorablement, on l'élève véritablement sur l'échelle du mérite et on peut l'amener à faire téchouva ...

"Véod mé'at vé'en racha" (Téhilim 37,10) = "encore un peu, et le racha ne sera plus" = vous devez chercher le "méat", le petit peu de bien qu'il a encore en lui, parce qu'à cet endroit il n'est pas un racha.
En effet, bien qu'il soit [apparemment maintenant] un racha, comment est-il possible qu'il ne possède pas encore ne serait-ce qu'un petit peu de bien? Est-il possible que, tout au long de sa vie, il n'ait jamais fait de mitsva ou de bonne action?
Et en trouvant en lui un petit peu de bien qui fait qu'il n'est pas un racha, et en le jugeant favorablement, vous l'élevez véritablement de la culpabilité (kaf 'hova), au mérite (kaf zé'hout), jusqu'à ce que, grâce à cela, il revienne à D. dans la téchouva.
[la suite du verset de ce Téhilim (37,10) est : "tu observeras sa place, il en aura disparu". En regardant/jugeant autrui positivement (au point que même un racha "ne le sera plus" à nos yeux), alors on génère qu'il s'améliore, regrette ses actions (téchouva), au point qu'il n'est plus à la place où il a pu être (par la téchouva même le pire racha peut renaître, devenir une nouvelle personne pure spirituellement, où même ses fautes sont devenir des mérites, si téchouva faite par amour). ]
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan 282]

=> La façon positive/lumineuse dont nous nous voyons et dont nous regardons les autres affecte directement la réalité, nous permettons à la lumière intérieure d'éclipser les ténèbres de la faute.
"Tu observeras sa place, il en aura disparu", car il est devenu une personne entièrement différente, tout à fait bonne (véhitbonan'ta al mékomo véénénou).

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-> Rabbi Na'hman de Breslev dit que "Azamra", sa doctrine d' "ophtalmologie spirituelle", a le pouvoir de "transformer le monde entier en techouva".
On a vu précédemment qu'avoir un bon regard peut changer autrui pour le bien. [d'une certaine façon, par notre vision sur notre prochain, on agit comme un médecin spirituel qui le pousse à s'améliorer.
Imaginons après notre mort, lorsque l'on nous montrera l'impact de nos regards positifs, de nos paroles positives, ... à quel point nous avons donné et changé la vie d'autrui. ]

Le rav Its'hak Bender commente le concept d'Azamra de rabbi Na'hman :
"Lorsqu'un juif a une pensée de téchouva, c'est parce que quelque part, de l'autre côté du globe, un autre juif a pensé à lui et l'a jugé favorablement" (selon le concept que tous les juifs sont liés les uns aux autres).

-> On vient de voir que notre regard positif sur autrui a le pouvoir de l'impacter positivement, on peut ajouter que cela est aussi valable par nos prières pour autrui.

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-> Rabbi Shimon enseigne dans le Zohar 'hadach (II,128a) :
"Celui qui recherche le jugement favorable d'un autre juif éveille la miséricorde divine et est aimé par Hachem.
Il réconforte la Présence Divine (Chékhina) et se voit accorder l'accès au heikhal hazé'hout, la "chambre du mérite", un royaume merveilleux dans les mondes Supérieurs, rempli de lumière et réservé à ceux qui sont les plus précieux aux yeux d'Hachem."

-> Le rabbi Aharon Roth (Noam haLévavot) dit :
Si, D. préserve, une pensée négative à l'égard d'un autre juif vous vient à l'esprit, criez immédiatement : "Oy! Quel mal ai-je fait pour qu'une pensée aussi impure et étrangère ait envahi la sainteté de mes pensées?"
Posez-vous la question : "Comment ai-je le temps de chercher le mal chez autrui (juif)? Quelle faute ai-je faite, quelle tache ai-je causée dans les mondes Supérieurs qui m'a amené à penser du mal d'un autre juif?"

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-> "Celui qui juge son prochain avec bienveillance sera jugé, lui-même (par le Ciel) avec bienveillance"

-> Lorsque le peuple juif se conduit avec miséricorde et bonté, se jugeant l'un l'autre favorablement, alors Hachem à son tour juge Son peuple favorablement, accordant le bénéfice du doute, et déversant (sur nous) Ses bénédictions de bonté et de vie.
[Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

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-> Le rav Kook (Orot haKodech 3,12) écrit :
"L'amour de son prochain juif (ahavat Israël) et "le travail de défense" du bien chez les autres (avodat ha'sanégoria), est un travail difficile. Le fait de les défendre dans leur ensemble et en tant qu'individus n'est pas seulement un travail émotionnel, c'est une grande vocation dans la Torah (miktso'a gadol baTorah), impliquant la sagesse la plus profonde et la plus large.
Nombreuses sont les branches qui poussent et sont soutenues par la vitalité du flux de lumière de la Torat 'hessed, l'enseignement de l'amour (envers notre prochain juif)."

L’importance de s’aimer soi-même = pour aimer autrui et Hachem

+ L'importance de s'aimer soi-même = pour aimer autrui et Hachem :

-> La mitsva d'aimer notre prochain juif, implique que nous commencions "de l'intérieur vers l'extérieur" ; en d'autres termes, que nous commencions par nous-mêmes : "kamo'ha" comme [on s'aime] soi-même".

Le rav Avraham Its'hak HaCohen Kook nous dit que "véahavta léréa'ha kamo'ha" (tu aimeras ton prochain comme toi-même - Kédochim 19,18) est fondée sur l'estime de soi. Il s'agit d'une conséquence saine et naturelle de la vision d'Hachem en nous-mêmes, car ce n'est que lorsque nous sommes conscients de nous-mêmes et de notre source divine que nous sommes réellement capables d'aimer les autres.
Une image positive de soi est le trait d'une personne raffinée et confiante, et elle est essentielle à l'accomplissement d'aimer autrui.

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-> Pour le Baal Shem Tov, l'amour d'autrui est enraciné dans la ahava atsmit, un "amour [inconditionnel] de son essence" (de notre intériorité qui est divine, qui est ce que nous sommes vraiment, même si la vie nous pousse à nous identifier davantage à notre corps, à ce qu'on est extérieurement), un amour qui repose sur une profonde reconnaissance de l'unité d'Hachem, dans laquelle nous faisons tous partie de la même réalité divine.
Toutes les âmes, lorsqu'on va à leur racine, sont d'une seule essence, et même lorsqu'elles sont divisées en parties, ou en personnes individuelles (dans notre monde matériel), il existe dans chaque partie l'essence du tout. [le Ram'hal dit qu'en chaque juif, il y une petite partie de l'âme de chacun des autres juifs. Je suis dans tout juif, tous les juifs sont en moi, et Hachem est présent dans chaque juif. Il y a unité! ]
Ainsi, l'amour d'une personne pour son prochain n'est pas en fait l'amour d'une autre personne, mais l'amour de soi-même.

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-> Le rav Israël Salanter n'a pas été motivé à lancer le mouvement du moussar sur un constant de manque d'Ahavat Israël, mais plutôt en constatant qu'un juif (dans ce cas Mottel, un forgeron), qui est un ben chel Mélé'h (un enfant du Roi des rois) peut en arriver à avoir une mauvaise perception de lui-même. Ce manque de confiance, d'estime de soi, empêche une vie juive épanouie.

Le rav Israël Salanter comprenait le véritable "amour de soi" comme l'opposé de l'égocentrisme. Il découle d'un sentiment de dignité et de la grandeur de l'Homme juif (gadlout ha'adam), et qui alimente nos actions d'amour envers les autres.
"L'acceptation et l'amour des autres sont une expression de ahavat atsmo, l'amour de soi, qui est ahava atsmit, la quintessence, l'expression la plus naturelle de l'amour. Véahavta léréa'ha (tu aimeras ton prochain) commence par kamo'ha, par soi-même.
[on peut éventuellement dire qu'on développant son amour de soi (ex: travaillant sur sa valeur, en s'offrant des paroles et actes d'affection à soi-même), en réalité indirectement on fait la mitsva d'aimer autrui, et également Hachem (tout étant uni!). ]

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-> Chaque juif doit savoir qu'il a une valeur unique, qu'il n'y a personne au monde qui leur ressemble exactement, qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais (ma mission est unique dans l'Histoire du peuple juif). Tout juif est toujours aimé par Celui qui l'a créés, d'une manière unique.
Si l'on a vraiment conscience de cela en face de nos yeux, alors on peut regarder notre prochain avec ces mêmes yeux et réaliser : "Mon prochain a aussi une valeur unique ; il n'y a jamais eu quelqu'un dans le monde entier comme mon prochain juif, et il n'y en aura jamais. Que je puisse l'aimer, l'apprécier, comme Hachem (D. de Vérité) l'aime!"

-> Notre amour pour les autres est le reflet de notre capacité à accepter l'amour d'Hachem pour nous.
Le Targoum Onkelos traduit le mot "véahavta" en araméen par "étirchemé". En hébreu, cela signifierait "et tu auras de la ra'hmanout", de la compassion, de la miséricorde, pour ton prochain juif comme tu en as pour toi-même.

-> Le rabbi Méïr d'Apta insistait pour que ses disciples consacrent un temps fixe chaque jour à un 'hechbon ha'néfech, à une évaluation introspective de leur propre comportement et de leur service de D.
L'un des disciples, qui était toujours occupé par des affaires communautaires importantes et des causes charitables, estimait qu'il était trop occupé pour prendre le temps de pratiquer le 'hechbon ha'néfech.
Il demanda au Rabbi d'être dispensé de cette avoda, expliquant qu'il n'avait tout simplement pas de temps libre.
Le rabbi d'Apta lui dit : "Quiconque n'a pas le temps d'avoir de la compassion (ra'hmanout) sur sa propre âme, est incapable d'avoir de la ra'hmanout sur autrui".

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-> La mitsva d'ahavat Israël, signifie aimer et prendre soin, être respectueux et honorer chaque juif, y compris nous-mêmes.
[d'abord, nous devons déterminer avec honnêteté si nous avons véritablement besoin de bonté et d'amour de nous-même. Ensuite, on peut l'étendre à notre "moi large" (ex: notre femme, nos enfants, nos parents), et ensuite on peut partir s'occuper des besoins des autres juifs. ]

-> Nos relations et nos interactions avec les autres, enseigne le Baal Shem Tov, sont un miroir, dans lequel nous pouvons nous voir plus clairement.
La beauté que nous voyons dans le monde est le reflet de notre perception de nous-mêmes ; les défauts que nous voyons chez les autres ne sont que le reflet de nos propres défauts intérieurs.
Nous sommes susceptibles d'être inconscients de nos propres défauts, mais nous pouvons facilement détecter les lacunes des autres. Le Baal Shem Tow nous demande de considérer ces observations comme des indications que nous avons nous-mêmes ces défauts, afin que nous puissions les utiliser dans notre téchouva.

Plus nous nous sentons bien dans notre peau, au sens le plus authentique du terme, plus nous sommes capables d'entrer en contact avec les autres et de les accepter.
Lorsque nous nous autocritiquons, nous sommes moins indulgents envers les autres. Le respect des autres est enraciné dans le respect de soi.
[lorsque chacun est à sa place, alors personne ne se marche sur les pieds, et l'on peut avoir une unité, un amour d'autrui éclatant.
On a besoin de se sentir quelqu'un de bien, d'important (mais cela ne doit pas être trop dépendant de l'extérieur, d'autrui).
Ainsi, nous devons faire un travail de s'apprécier soi-même, d'être fier des ressources dont Hachem nous a gratifiées dans la vie (je fais au mieux de mes capacités, même si c'est loin de ce qu'a autrui), d'être en paix avec nous-même (ex: nous cherchons pas à être une autre personne, à avoir d'autres biens, qualités, ... je fais et accepte avec ce que m'a donné Hachem!). A défaut de cela, autrui devient une menace qui risque de nous écraser (ex: plus intelligent, plus riche, plus de réussite), et l'on doit alors se focaliser sur des points négatifs pour relever notre égo.
Ainsi, pour pleinement me réjouir d'autrui, je dois d'abord me réjouir de moi-même! ]

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-> Une michna (Pirké Avot 4,1) recherche la source du kavod, le respect ou l'honneur. Ben Zoma demande : "Qui est honorable? (ézéou mé'habed)". Il répond : "Celui qui donne de l'honneur aux autres".

-> Le rav 'Haïm de Volozh (dans son Roua'h 'Haïm), établit un parallèle entre "mé'habed ét habriyot" (honorer autrui) et "mé'habed ét habayit (balayer la maison), puisque la guémara se réfère au fait de balayer la maison en tant que "lé'habed".
Honorer les gens, c'est balayer une couche extérieure de poussière pour révéler ce qui se trouve sous la surface.
[Selon le Baal Chem Tov, derrière la façade extérieure apparente d'un juif, il y a forcément de la beauté et de la Divinité. Nos yeux sont la fenêtre de l'âme, et ainsi notre regard se focalisant sur l'âme, est la clé pour aimer autrui, et soi-même.

D'une certaine façon, il faut avoir le recul de se dire cet aspect là n'est pas l'essence de cette personne, elle a de la boue (sale et puante), mais en vrai c'est une belle personne (un enfant d'Hachem!).
De même, on doit savoir s'honorer soi-même en balayant toutes ses idées noires (du yétser ara) qui viennent salir notre vision de soi. (fais téchouva sincèrement, et va de l'avant tout propre en faisant! Hachem a conscience de nos qualités et de nos défauts (il n'existe pas d'humain qui ne faute pas), et c'est pour cela qu'Il nous aime, justement parce qu'on fait au mieux malgré nos défauts, nos chutes. ]

-> Le Nésivot Shalom commente également cette michna. Le regard d'une personne sur une autre est comme un regard dans le miroir : si notre visage est sale, nous verrons un visage sale dans le miroir.
Il en va de même lorsque nous nous regardons les uns les autres : dans la mesure où nous sommes intérieurement purs et raffinés, nous regarderons l'autre avec générosité et verrons ses attributs positifs.
Par conséquent, la personne qui est vraiment "mé'houbad" est celle qui respecte et traite toutes les personnes avec dignité.
En aimant les autres, nous commençons à explorer qui nous sommes, et nous découvrons progressivement le côté profond de nous-mêmes et les émotions dont nous sommes capables. En fin de compte, c'est par l'amour que nous révélons notre véritable personnalité.
[si autrui est un miroir de moi, alors plus je me focalise sur le positif en autrui, plus j'en viens à voir du bien en moi-même! ]

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-> Le Baal HaTanya enseigne que l'âme juive n'est rien de moins qu'une : 'hélek Eloka mi'maal mamach", c'est littéralement une partie de D. d'en-Haut.
[ il est écrit : "Hachem est ma part" ('helki Hachem - Téhilim 119) ; "le peuple [juif] est la part d'Hachem" (ki 'helek Hachem amo - Haazinou 32,9) ; "Bien-aimé est l’être humain, qui a été créé à l’image divine" ('haviv adam chénivra bétsélem - Pirké Avot 3,14) ; en soufflant un esprit de vie (néfech 'haya - Béréchit 2,7) Hachem a mis en l'homme une partie de Lui. ]
"Shorachan ou'mékoran bé'Elokim 'Haïm" = leur racine et leur source sont dans le D. vivant.
Une personne qui reconnaît l'élévation de l'âme peut facilement accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même à l'égard de chaque juif, qu'il soit grand ou petit en termes de stature spirituelle ...
Tous les juifs sont interconnectés et égaux (tous sublimes aux yeux d'Hachem), enfants d'un seul Père.
C'est pourquoi nous sommes appelés : "akhim mamach", littéralement "frère", mitsad shoresh nafcham bé'Hachem é'had = puisque l'âme de chaque personne a sa racine dans le D. unique, et que les individus ne sont séparés les uns des autres que dans le sens physique, matériel.

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-> Le rabbi Ména'hem Mendel de Rimanov a visité un jour la tombe du Baal Shem Tov à Mézibouzh et a raconté que le Baal Shem Tov lui était apparu en rêve, contrarié par le fait que les gens racontaient des histoires sur ses miracles et non sur son amour d'Hachem ou son amour de tout juif.
Pour le Baal Shem Tov, l'amour envers chaque juif précède même l'amour d'Hachem dans l'ordre du service divin ; en aimant les gens, on atteint l'amour d'Hachem.
Le Kéter Shem Tov, rapporte ses paroles : "L'amour son prochain (juif) est la première porte qui mène à la cour d'Hachem".

"Voyez combien Israël (les juifs) est cher à Hachem, car partout où ils ont été exilés, la Présence Divine (Chékhina) les a accompagnés.
Ils ont été exilés en Egypte, et la Chékhina les a accompagnés ; ils ont été exilés à Babylone, et la Chékhina les a accompagnés.
Et lorsque le peuple juif sera délivré dans le futur, la Chékhina sera délivrée avec eux.
[rabbi Chimon bar Yo'haï - guémra Méguila 29a]

Aimer Hachem = aimer autrui

+ Aimer Hachem = aimer autrui :

"Dans la mesure où [les juifs] vous vous connectez l'un à l'autre dans l'amour, et que vos âmes s'unissent pour ne faire qu'un, dans la même mesure vous vous connecterez aussi avec Hachem, pour ne faire qu'un."
[rabbi Klonimus Kalman de de Piaseczna]

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-> Le Réchit 'Hokhma (écrit au 16e siècle par le rav Eliyahou de Vidas), nous dit que notre capacité à couronner Hachem en tant que souverain sur tout dépend de la manière dont nous accomplissons la mitsva d'aimer notre prochain comme soi-même.
En accordant de l'honneur et du respect à autrui, nous accordons un grand honneur à Hachem.
Ce parallèle est tellement véridique, dans le monde à Venir, on nous demandera : "As-tu couronné ton Créateur [matin et soir] ... As-tu couronné ton prochain?" (Himla'hta ét koné'ha ... himla'hta ét 'havér'ha).
[est-ce que ton prochain est un roi, quelqu'un d'important à tes yeux, à l'image d'Hachem (ex: il a une part de D. en lui, c'est un enfant adoré d'Hachem)? ou bien tu ne t'es pas gêné de l'écraser pour mieux de faire de toi un roi, te valorisant à son détriment? ]

-> Le jour de roch 'Hodech Elloul (la ligne droite avec Roch Hachana et Kippour), un panneau était accroché à l'entrée du beit midrach de Kelm, en Lituanie : "Le royaume divin est soutenu par l'unité des serviteurs" (a'hdout ha'avadim hi kiyoum haMal'hout).
Ce rappel, apparaissant à un moment où l'introspection et la croissance personnelles étaient au premier plan de l'esprit des étudiants, les incitait à se concentrer sur l'autre.
Alors que nous réaffirmons qu'Hachem est le centre de notre existence, nous devons reconnaître que le couronnement de Hachem en tant que roi n'est possible que lorsque nous pratiquons l'amour du prochain et que nous sommes tous ensemble.

-> Le Chlah Hakadoch explique que la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même (véhaavta léréa'ha kamo'ha) est "le fondement sur lequel repose le monde" (haréguel ché'haolam omed alav), et la forme la plus élevée de l'amour d'Hachem".

Ce n'est que lorsque nous reconnaissons l'amour d'Hachem pour le peuple juif et que nous renforçons notre amour les uns pour les autres que nous pouvons proclamer l'unité d'Hachem et accepter le joug de la souveraineté du Ciel (ol mal'hout chamayim).
[il y a une dynamique réciproque : plus je suis conscient que je suis important et aimé aux yeux d'Hachem, malgré mes défauts/fautes, plus je réalise qu'autrui est important et aimé aux yeux d'Hachem, peu importe le comportement qu'il peut avoir actuellement.
En aimant un autre juif malgré que cela ne me soit pas naturel, je renforce l'idée que papa Hachem m'aime aussi constamment, en toute situation. ]

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.19) identifie l'amour envers un autre juif (ahavat Israël) comme la clé pratique de l'amour divin : Hachem n'aime que ceux qui aiment le peuple juif.
Dans la mesure où notre amour pour les autres juifs grandit, l'amour d'Hachem pour nous grandit également ... C'est comme un père qui aime quelqu'un qui a un amour sincère pour ses enfants.

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-> "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).

-> Le Maor vaChémech dit que cette mitsva est le "yessod kol haTorah koula", le fondement de toute la Torah.

-> Le Baal haTanya enseigne que cet amour est un instrument, un moyen permettant "d'aimer Hachem, votre Dieu". C'est ce qu'explique l'affirmation suivante : "Quiconque est agréable à l'homme est agréable à D."

Il enseigne aussi : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" est un commentaire et une explication de "Tu aimeras Hachem ton D." (Vaét'hanan 6,5). En effet, lorsque l’on aime un juif, on aime Hachem. Car chaque juif porte en lui [véritablement] une parcelle de Divinité (voir Séfer HaTanya I, 2 sur Iyov 31,2).
Ainsi, lorsque l’on aime un juif, lorsque l’on aime la partie profonde de son être, on aime Hachem.

-> Le lien étroit entre "l’amour de D." et "l’amour du prochain" est confirmé par la guématria.
La valeur numérique du Commandement d’aimer Hachem : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.
Celle d'aimer notre prochain est enracinée dans l'unicité de D.

-> Le premier discours que le rabbi de Loubavitch prononça lorsqu'il accepta la direction du mouvement Loubavitch fut une "déclaration" selon laquelle les 3 amours : l'amour d'Hachem, l'amour de la Torah et l'amour du prochain, ne font qu'un, sont entrelacés et forment une véritable unité.
Il ne s'agit en aucun cas de trois valeurs concurrentes, mais d'aspects complémentaires d'un seul et même amour.

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-> Nos Sages insistent sur l'importance suprême d'étudier la Torah. Or, selon la guémara Shabbath 127a : "Accueillir un invité est plus grand que de se lever tôt pour aller au beit midrach étudier la Torah" (guédola hakhnassat orkhim kéhachkamat beit hamidrach).

-> Le Maharal (Nétivot Olam - Nétiv Guémulout 'Hassadim 4,2) explique qu'en se rendant au beit midrach, on honore la Torah, mais que l'hospitalité envers les invités (hakhnassat orkhim), est un hommage à Hachem lui-même.
La bonté envers un autre juif, parce qu'il est un reflet d'Hachem, est "considéré comme honorant D. directement" (nechshav kevod haShechinah atsma).
Et c'est même "plus grand que d'honorer la Torah" (yoter min haTorah).

-> Selon nos Sage, lorsque nous faisons des actes de bonté à autrui, par cela nous activons et donnons de la force à la part de divinité latente en nous. Ainsi, au lieu d'interrompre notre service Divin (où nous nous lions davantage avec Hachem), faire du 'hessed à autrui est une continuation de notre avodat Hachem.
[on pourra se rapprocher d'un sage en Torah pour fixer un bon équilibre dans notre vie, entre étude de Torah, acte de 'hessed, ... ]

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-> Rabbi Shlomo Carlebach disait : "Mes amis, je veux regarder chaque être humain dans le monde, et il doit être clair pour moi que cette personne, à ce moment précis, est la plus belle chose au monde".

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-> Le Baal HaTanya (Tanya - chap.32) explique que c'est une mitsva de haïr le mal qui existe dans une personne tout en aimant l'étincelle cachée de la divinité qui réside en elle, l'étincelle divine qui anime son âme.
Cette étincelle éternelle pure de divinité (partie d'Hachem) est présente même chez le plus spirituellement dépravé de nos concitoyens juifs ; elle est simplement cachée.

-> Le rav Nathan Tsvi Finkel, l'Alter de Slabodka, comparait les juifs engagés dans des actes répréhensibles, même les soi-disant réchaïm, à des rois endormis. Même endormi, un roi reste un roi.
Même lorsqu'un juif est tombé dans un sommeil spirituel, lorsque sa sainteté est endormie, il mérite néanmoins le respect et l'honneur réservés à la royauté. Comme une pierre précieuse inestimable tombée dans la poussière, un juif qui est tombé reste un juif.

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-> L'amour que l'on doit éprouver envers D. se reconnait à travers l'amour que nous portons à autrui.
[Baal Chem Tov]

-> La preuve qu'un homme aime D. est dans l'amour qu'il porte aux autres.
[Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

-> Il nous est ordonné d'aimer chaque membre de peuple juif avec un ahavat néfech, un "amour de l'âme" (qui est une partie Divine).
[séfer ha'Hinoukh - mitsva 243]

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-> Un tsadik fait paraître tous les autres tsadikim (justes) devant Hachem en plaidant en leur faveur et en trouvant leurs mérites.
[rabbi de Berditchev - Kédouchat Lévi - parachat Noa'h 7,1 ]

[ainsi une personne juste (tsadik) aux yeux d'Hachem est celle qui voit les autres comme justes, prenant leur défense. ]

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-> En ce qui concerne la mitsva de vé'ahavta (aimer), le Rambam et d'autres demandent : "Comment peut-on nous ordonner d'aimer, de ressentir quelque chose, d'avoir certaines émotions?"

Le Sfat Emet (sur Vaét'hanan) déclare que la question est elle-même la réponse : "Il existe en chacun de nous un réservoir naturel d'amour pour Hachem et d'amour pour les autres juifs. C'est en fait ainsi que nous sommes."

-> Selon le rav Simcha Zissel de Kelm, l'amour d'autrui ne vient pas toujours intuitivement ou facilement : "Il faut s'habituer progressivement à aimer les créatures d'Hachem jusqu'à ce qu'on se réjouisse naturellement de la bonne fortune de l'autre, tout comme on se réjouirait naturellement de sa propre fortune ou de celle de ses enfants."

Une jeune femme a demandé au rabbi de Loubavitch une bénédiction pour surmonter ses traits de comportement égoïstes. Elle pensait que son égocentrisme l'empêchait de nouer des relations, et elle avait du mal à sortir avec des gens et à trouver son bon zivoug.
En réponse, le Rabbi a conseillé à la jeune femme d'accomplir de petits actes de bonté tout au long de la journée, en commençant par tenir la porte aux personnes qui vivent dans son immeuble. Lorsque nous nous conditionnons à donner aux autres, nous pouvons lentement, progressivement, atteindre les sommets de la vé'ahavta.

Nous aimons ceux à qui nous donnons : "Si tu veux avoir une relation d'amour avec ton prochain, fais-lui du bien" (Déré'h Erets Zouta 2).
Lorsque nous consacrons notre temps, nos efforts et nos ressources à une relation, la personne ou la cause devient plus chère à nos yeux.
[d'une certaine façon par cela nous mettons de notre personne en l'autre, et on aime alors plus facilement autrui, qui a une partie de nous (nos efforts) en elle. ]

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-> Rabbi Akiva dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) ; c'est un principe fondamental de la Torah" (zé klal gadol baTorah - guémara Yérouchalmi Nédarim 9,4).

Le rav Gershon Edelstein dit que si les midot d'une personne sont incomplètes, toutes les mitsvot qu'elle accomplit sont entachées et incomplètes.
Puisque "tu aimeras ton prochain comme toi-même" est une règle fondamentale de la Torah, il s'ensuit que si notre [middah de] ahavat ha'briyot n'est pas complète, cela ternit toutes les bonnes actions que nous accomplissons, et toute notre Torah et nos mitzvos sont également incomplètes.

-> Selon le Zohar : "Le peuple d'Israël, la Torah et Hachem, ne font qu'un".
Lorsqu'ils sont consciemment liés à la véahavta, chaque prière, chaque séance d'étude de la Torah et chaque acte de téchouva restaurent l'unité de ce saint cosmos. Et lorsque nous pratiquons la véahavta, nous soutenons l'intégralité de la Torah, car chaque juif est une lettre dans le rouleau de la Torah.
Par la véahavta, nous relions les âmes incomplètes à leurs racines dans la nation, ce qui est en soi une forme de téchouva, un retour à la plénitude, à l'unité originelle. Il s'agit d'un klal gadol de la Torah, le principe fondamental et sous-jacent de la Torah.

-> Le Arizal enseigne que chaque matin, avant de commencer à prier, nous devrions déclarer, avec une résolution sincère : "Haréni mékabel alaï ... - j'accepte par la présente le commandement positif d'aimer mon prochain (juif) comme moi-même".
L'amour d'autrui est une condition préalable à l'entrée dans le monde de la prière. En nous reliant au peuple juif, nos prières se fondent avec celles de nos frères et sœurs juifs du monde entier, et nos efforts se complètent, comme les différents membres d'un corps.

Rabbi Pin'has de Koritz va jusqu'à dire qu'une prière prononcée sans l'intention de se lier "au nom de tout Israël" (béchem kol Israël), à l'ensemble collectif du peuple juif, "éno téfila" = n'est pas considérée comme une prière".

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-> Dans sa discussion sur la mitsva d'ahavat Israël (aimer son prochain juif), le séfer ha'Hinoukh (mitsva 243) écrit :
"Celui qui traite son prochain avec amour, paix et amitié, qui recherche son bien et se réjouit de son bien, celui-là, le verset dit : "Israel, par qui Je suis glorifié" (Yeshayahou 49,3)."

=> on voit que plus on aime notre prochain juif, plus on contribue à glorifier Hachem!

[en grandissant autrui à nos yeux, on grandit Hachem dans le monde! ]

Dans le monde à Venir, la révélation d'Hachem sera perçue différemment par chaque individu.
Ceux qui ont vécu une vie de sainteté auront les moyens pour percevoir cette lumière d'une manière qui guérit.
Ceux dont la vie est impure vivront cette révélation comme une force destructrice.
[Baal Chem Tov]