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La matérialité au service de la spiritualité

+ La matérialité comme moyen au service de la spiritualité :

-> Dans les Pirké Avot, on nous enseigne que lorsqu'un homme s'assoit pour prendre un repas, il s'agit d'une expérience qui peut être soit édifiante, soit avilissante. Lorsque trois personnes mangent ensemble et ne prononcent pas de paroles de Torah à table, c'est comme si elles avaient mangé une offrande idolâtre. Mais si elles prononcent des paroles de Torah, c'est comme si elles avaient mangé à la table même d'Hachem.
Il n'y a apparemment pas de juste milieu ; c'est soit comme si l'on avait mangé à la table d'Hachem, soit de la avoda zara (idolâtrie).
Il existe une différence fondamentale entre les juifs et les non juifs quant à la manière dont ils perçoivent ce monde.
Les non juifs croient que le monde physique (matériel) et le monde spirituel sont deux mondes complètement séparés. Ils croient qu'ils peuvent se connecter au monde spirituel en priant, mais dès qu'ils cessent de prier et s'engagent dans le monde physique, comme manger, il n'y a plus de connexion avec le monde spirituel.
Cependant, nous croyons que notre travail dans ce monde est d'infuser des étincelles de sainteté dans toutes nos actions physiques et d'élever chaque partie de notre vie.

Un juif est autorisé à apporter un Korban Shélamim, qui est mangé par celui qui l'apporte, alors qu'un non-juif n'est autorisé à apporter qu'un Korban Ola, qui est complètement brûlé.
Ils ne peuvent pas apporter un Korban Shélamim parce que nous ne voulons pas qu'ils en mangent, car ils ne reconnaissent pas que le fait d'en manger peut être transformé dans le monde spirituel.
Le peuple juif prend part aux Shélamim et les élève au rang de spiritualité.

Manger est une nécessité de la vie, et si l'on n'insuffle pas de spiritualité dans son alimentation, on est comme les non-juifs, et d'ailleurs comme toutes les créatures de la terre qui mangent de la nourriture pour vivre. Il faut manger, boire, dormir et accomplir toutes les actions physiques et banales en pensant qu'on le fait pour que son corps fonctionne correctement et qu'on puisse servir Hachem.
Celui qui dit des divré Torah lors d'une séouda (repas) élève toute sa séouda de telle sorte qu'il a l'impression d'être assis à la table de Hachem et d'y prendre part.
[le Emet léYaakov ]

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-> Selon le Avodat Israël :
Le fait de manger peut être fait d'une façon spirituelle et peut être une expérience spirituellement édifiante, ou, D. préserve, cela peut être une chute spirituelle.
Une table devient comme une sainte Mizbéa'h lorsque l'on est méticuleux et que l'on imprègne son repas de sainteté, par exemple en se lavant les mains, en récitant des bénédictions et en prononçant des divré Torah.
C'est ce que nous appelons un "choul'han".

Cependant, si une personne n'élève pas sa séouda au rang de spiritualité, mais qu'au contraire elle se concentre sur la satisfaction physique, matérielle, par la consommation de nourriture, alors les lettres de "שולחן" (choul'han - table) sont réarrangées pour épeler "לנחש" (léna'hach - le serpent [originel] ), qui symbolise Satan, c'est-à-dire que le repas va au serpent, ce qui signifie que la table est occupée par Satan et qu'il cherche à inculper la personne pour ses fautes.

En ce sens le moment du repas du séder de Pessa'h s'appelle "Choul'han Orékh" (la table dressée), afin d'appuyer sur notre nécessité de se comporter pour que les lettres de choul'han sont dressées et doivent le rester, de sorte que notre séouda doit participer à la sainte avoda du Mizbéa'h.

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-> Selon le 'Hatam Sofer :
La table d'une personne est comme une Mizbéa'h, comme il est dit, à propos du Mizbéa'h : "zé achoul'han acher lifné Hachem" (Yé'hezkel 41,22).
Etant donné que la Choul'han (la table) est comme un Mizbéa'h, la maison est comme un Temple (Beit Hamikdach).
"zé Eli véan'véou" (voici mon D., je Lui construirai un Sanctuaire" (Béchala'h 15,2). (Rachi dit que
"véan'véou" (וְאַנְוֵהוּ) peut également être traduit par "embellir").
"zé Eli" (זֶה אֵלִי) est l'acronyme pour les mots : "zé haChoul'han acher lifné Hachem".
Si l'on fait de notre table un mizbéa'h, alors "וְאַנְוֵהוּ" - je ferai [pour Hachem] que ma maison soit un lieu magnifique pour la demeure de la Chékhina.

Impact du mensonge sur nos prières

-> Nos Sages (guémara Baba Kama 38b) nous disent qu'Hachem ne retient jamais la récompense due à l'une de Ses créations.
Cependant, nous voyons qu'il y a des gens qui étudient la Torah, prient avec kavana, récitent tous les béra'hot appropriés, mais ne parviennent toujours pas à voir la bénédiction dans ce qu'ils font.
Il semble que leurs prières soient ignorées et qu'ils ne reçoivent pas l'aide du Ciel dont ils ont besoin pour réussir. Pourquoi en est-il ainsi?

Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Aleph Bina - Téhilim 119) explique que l'influence de nos prières dépend non seulement de la profondeur de notre kavana pendant que nous prions, mais aussi de la valeur de la bouche par laquelle nos prières sont prononcées.
Une bouche qui a été souillée par de mauvaises paroles ne peut pas ensuite produire des mots de prière qui seront acceptables devant Hachem. Ses prières ne peuvent pas s'élever pour faire descendre la bénédiction des mondes supérieurs, et par conséquent, les demandes qu'on formule dans notre prière restent sans réponse.
Telles sont les prières des personnes qui disent des mensonges, des plaisanteries insensées, du lachon ara et du ré'hilout (colportage), et qui utilisent ensuite la même bouche et la même langue pour prononcer les mots saints de la prière à Hachem.
Il est écrit à leur sujet : "celui qui débite des mensonges ne subsistera pas devant mes yeux" (Téhilim 101,7).

Le prophète (Yéchayahou 66,20) dit : "Les Bné Israël apporteront leur sacrifice de min'ha dans un récipient pur".
De même qu'un korban (sacrifice) doit être offert dans un récipient pur, de même nos prières doivent être offertes par une bouche pure. Mentir et ensuite prier Hachem avec la même bouche peut être comparé au fait de voler du blé et de l'offrir comme korban à Hachem. Nos Sages disent à ce sujet : "Ce n'est pas une bénédiction, mais un blasphème" (guémara Baba Kama 94a).

Pour que nos prières soient acceptées par Hachem, nous devons protéger notre langue des paroles interdites. Les mots de notre prière seront alors purs et saints, et trouveront grâce aux yeux d'Hachem lorsqu'ils monteront au ciel pour apporter la bénédiction sur tous les mondes.

Grâce au pouvoir de l’unité, nous méritons de recevoir la Chékhina

+ Grâce au pouvoir de l'unité, nous méritons de recevoir la Chékhina :

"Moché réunit toute l'assemblée des bné Israël et leur dit : "Voici les paroles qu'Hachem a ordonné de faire"." (Vayakel 35,1)

-> Le Sfat Emet explique que si le peuple juif a reçu l'ordre d'observer le Shabbat avant de construire le Michkan, c'est parce que le but principal de ce dernier était d'être un lieu de résidence pour la Chékhina, et que Hachem ne fait reposer Sa Chékhina parmi nous que grâce au pouvoir de l'unité du peuple.
Ceci est illustré par le verset : "Tu Me feras un Mikdach, et Je résiderai au milieu de toi" (Térouma 25,8), ce que le midrach (voir Alchikh hakadoch Térouma) explique ainsi : "Il ne dit pas "béto'ho" (au pluriel), mais "béto'ham" (au singulier). Cela nous enseigne que lorsque la nation est unie (comme une seule personne), la Chekhina repose parmi nous."

Le Shabbat est le moment de la semaine où les juifs se rassemblent.
Ainsi, le verset dit que Moché rassembla tout le peuple juif et leur ordonna de célébrer le Shabbat comme un temps de rassemblement hebdomadaire, permettant ainsi à la Chékhina de résider dans le Michkan, au sein de la nation.  [le Shabbath est un Michkan temporel]

-> Le Sfat Emet explique ensuite que Moché rassembla toute la nation et leur dit qu'Hachem leur avait ordonné de se rassembler.
En se rassemblant, la nation s'élèvera, ce que nos Sages appellent "knesset Israël", le rassemblement d'Israël, et cela amènera la Chékhina à reposer parmi nous.

"Une bonne pensée n'est jamais perdue"
[Zohar - Térouma 150b]

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=> Nous ne devons jamais cesser d'avoir une bonne intention, d'aimer Hachem, d'aspirer à ce qu'Hachem nous permettre d'accomplir davantage Sa volonté, ...
Contrairement à ce qu'on pourrait penser (c'est qu'une simple pensée), toute bonne pensée a un impact considérable et éternel.

On ne peut pas devenir riche avec de l’argent sale

+ On ne peut pas devenir riche avec de l’argent sale :

-> Le 'Hida pose une question que beaucoup de gens se posent.
Nos Sages parlent en bien de quelqu’un qui donne la tsédaka et disent qu’il reçoit une grande récompense. Cependant, le fait demeure que nous voyons beaucoup de gens qui donnent beaucoup de leur argent à la tsédaka mais ne méritent pas ces bénédictions. Parfois, ils vivent une tragédie ou perdent tout leur argent. Qu’est-il arrivé à leur récompense?

Le 'Hida dit qu’une réponse à cette question est que ces hommes étaient destinés à mourir, et que leur vie a été sauvée grâce au mérite de leur tsédaka.
Comme un pauvre est considéré comme mort, grâce au mérite de leur tsedakah, Hachem leur a permis d’accomplir leur sentence de mort dans la pauvreté.

Une autre réponse est que l’on ne peut voir la bénédiction dans son argent que si toute sa fortune est obtenue honnêtement et de manière juste. Si une partie de sa richesse a été obtenue par ruse ou vol, Hachem ne veut pas de sa tsédaka et elle ne sera pas une source de bénédiction. Au contraire, elle mènera à la pauvreté.

Les mitsvot = le plaisir de passer d’une réalité matérielle à spirituelle

+ Les mitsvot = le plaisir de passer d'une réalité matérielle à spirituelle :

-> Le plaisir que nous procure ce monde physique ne provient pas de la matérialité elle-même, mais de l'étincelle de spiritualité qui l'habite.
Alors que les gens ont tendance à avoir l'impression que la matérialité est agréable, c'est le contraire qui est vrai. La matérialité interfère avec le plaisir. Moins il y a de matérialité, plus il y a de plaisir.
Si c'est le cas, la façon d'obtenir plus de plaisir de tout ce qui est physique/matériel est d'élever la matérialité et de la transformer en quelque chose de spirituel.
Lorsque l'on fait cela, la matérialité n'interfère pas avec le plaisir, mais devient plutôt un canal pour celui-ci. Tel est le secret du plaisir.
Hachem est le plaisir [ultime], et plus Il est présent, plus l'expérience sera agréable.

Comment transformer la matérialité en spiritualité?
La Torah est le livre d'instructions pour transformer ce monde physique en quelque chose de spirituel.

En se rapportant au monde matériel conformément aux instructions de la Torah, nous rendons le monde matériel spirituel.
Faire des bénédictions sur la nourriture, par exemple, transforme la nourriture d'un objet physique en un récipient de spiritualité et augmente par conséquent le plaisir que l'on éprouve à la manger.
Manger de la nourriture le Shabbat, ou conformément aux halakhot de casherout, élève la nourriture physique, la transformant en un objet de spiritualité et de plaisir.
Les mitsvot sont les moyens d'accroître le plaisir dans ce monde, et une vie de Torah est incroyablement agréable.

Que se passe-t-il si l'on n'éprouve pas de plaisir à accomplir les mitsvot? Comment expliquer cela?
Si l'on n'éprouve pas de plaisir à réaliser les mitsvot, la raison en est que notre propre réalité physique, notre corps, s'y oppose.

Il y a deux façons d'aborder la avodat Hachem : l'une est que la Torah est ce que nous gardons. L'autre est que la Torah est ce que nous sommes.

Lorsque la Torah est ce que nous gardons, nous la suivons parce qu'elle est importante pour nous, mais il s'agit essentiellement de règles, une succession d'obligations.
C'est un système extérieur à nous-mêmes autour duquel nous construisons notre vie.

Cependant, il existe une autre façon d'aborder la Torah, qui considère que la Torah n'est pas une question de règles, mais qu'elle permet d'établir un lien avec Hachem.
À ce niveau, la Torah n'est pas ce que nous faisons ou ce autour de quoi nous construisons notre vie, c'est ce que nous sommes.
Dans cette approche, la Torah est la vie elle-même, et non pas simplement une valeur dans notre vie.
Enfreindre la halakha, c'est nous enfreindre nous-mêmes, puisqu'elle est l'essence même de notre être. Et observer la Torah, c'est vivre vraiment la vie, puisque notre vie même est Torah.

La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" (observer) la Torah. Il s'agit d' "être" la Torah.
En fait, c'était exactement la mida de Moché Rabbénou. La Torah dit que Moché était un "anav mikol adam" (le plus humble des hommes - Béaaloté'ha 12,3).
C'est précisément parce qu'il n'était pas rempli de lui-même qu'il pouvait devenir saturé de Torah (de spiritualité).
Moché dit à Hachem : "Mi ano'hi" (qui suis-je?) et Hachem répond : "Eyé im'ha" (Je serai avec toi).
C'est précisément parce que Moché a dit " mi ano'hi " qu'Hachem a pu " être avec " lui.
Moché était le paradigme du serviteur d'Hachem, car il n'y avait rien d'autre pour lui que la Torah.
La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" la Torah, mais à "être" la Torah elle-même.

Pour ressentir le plaisir des mitsvot, nous ne pouvons pas nous contenter d'observer la Torah, notre corps nous en empêcherait. Si nous voulons ressentir le plaisir de la Torah, nous devons devenir la Torah, c'est-à-dire permettre à la Torah de nous changer et de nous modeler.
Plus nous devenons ce qu'est la Torah, plus nous ressentirons le plaisir des mitsvot que nous accomplissons.
Mais si la Torah reste seulement ce que nous faisons, et que ce que nous sommes reste essentiellement le même, nous n'éprouverons que peu de plaisir, car notre corps nous en empêchera.
Plus nous changeons en observant les mitsvot, plus les mitsvot nous procurent du plaisir.

Hachem est la source de tout plaisir. Si nous nous saturons de Torah (et de ses mitsvot), nous nous saturons de Son essence, et nous aurons du plaisir même si nous souffrons.
La vie est plus agréable lorsque notre vie est Hachem.

Dans ces conditions, les périodes difficiles de notre vie sont en fait celles qui offrent le plus de possibilités de plaisir. Puisque le plaisir vient du fait de modeler notre corps à la Torah, plus l'effort pour garder la Torah (et ses mitsvot) est grand, plus la Torah nous change, et plus nous éprouvons de plaisir.
[ Hachem nous a donnés des mitsvot par le biais desquelles nous façonnons une nouvelle réalité de nous-même plus spirituelle, les mitsvot nous permettent de faire ce lien entre le matériel et le spirituel, et d'ainsi se connecter le plus possible avec Hachem, ce qui provoque la plus grande joie possible. ]

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Chémot 5702 (1942) ]

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-> Par essence, tous les plaisirs de ce monde proviennent d'Hachem Lui-même, et par conséquent, s'engager dans le plaisir physique (de ce monde) à travers la ligne directrice de la Torah fournit le plus grand accès au plaisir et les plus hauts niveaux de plaisir dans ce monde.
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shavouot 5685]

-> "Il est impossible d'obtenir le plaisir des plaisirs supérieurs (noam el'yon) sans monter de niveau (chéyél'hou mé'hayil el 'hayil) ... parce que le plaisir principal est de révéler la sainteté, et toute personne qui court après le plaisir et le désir dans ce monde est seulement [due au fait que] son âme n'a pas ressenti le plaisir de révéler la sainteté et qu'il (le plaisir) est vide".
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shouva 5690]

-> L'idée est que l'observance idéale de la Torah ne consiste pas simplement à respecter les mitsvot (Hachem n'ayant besoin de rien!), mais plutôt à devenir après chaque mitsva une personne davantage élevée spirituellement.

"Vous serez pour Moi un royaume de prêtres (cohanim) et une nation sainte" (Yitro 19,6).
Le rabbi de Piaseczno fait référence au midrach (voir Tana déBé Eliyahou Zouta - chap.4), qui souligne que la directive d'Hachem "tiyou li" (litt. soyez pour moi) ne concerne pas l'action mais l'essence, dans le sens où la Torah n'est pas destinée à être un simple code de conduite, mais plutôt elle permet de développer une personne.

[Hachem nous a créé avec des ressources à notre naissance, mais durant toute notre vie, par le biais d'une vie selon la Torah, on devient un être totalement différent, on va tendre davantage vers la spiritualité (nous n'aurons pleinement conscience de ce que nous sommes devenus par une vie juive, qu'après notre mort, où le matériel ne limitera plus notre perception du spirituel). ]

L’humilité face à l’infinité de la Torah

+ L'humilité face à l'infinité de la Torah :

-> Le juste qui sert D. doit savoir que chaque fois qu'il saisit un concept Divin, il existe un concept plus élevé et plus raffiné qu'il ne comprend pas encore.
De plus, même le concept qu'il comprend n'est pas entièrement compris par lui. Il doit se rendre compte qu'il lui manque encore quelque chose, quelque chose qu'il n'a pas encore compris.
Lorsqu'il atteint enfin cette compréhension, il se rend compte qu'il doit encore approfondir sa compréhension. Ce processus est sans fin.
Ce qu'il comprend n'est pas encore complet, et il reste un niveau supérieur à atteindre qui lui échappe encore. Il doit savoir qu'il n'a jamais atteint la perfection, comme l'affirme Eliyahou haNavi dans le Tikouné Zohar (89) : "Il n'y a personne qui Te connaisse du tout."
C'est la façon idéale de servir Hachem, en étant toujours conscient que l'on n'a pas encore atteint la perfection, et en désirant ardemment atteindre un niveau plus élevé.

J'ai entendu une idée similaire exprimée par rabbi Yé'hiel Michel de Zlotchov. Il a expliqué le verset suivant "Une chose que je demande à D., c'est que je recherche ... l'agrément de D." (Téhilim 27,4), comme suit : "Je demande continuellement de pouvoir réaliser qu'il y a toujours un niveau supérieur, plus élevé que le précédent, et de rechercher continuellement l'agrément d'Hachem, c'est-à-dire d'atteindre le niveau supérieur suivant. Lorsque je l'aurai atteint, je demanderai encore, car il n'y a pas de fin."

C'est ainsi que les justes progressent constamment dans leur service divin.
Ils se voient toujours comme n'étant pas tout à fait entiers. À chaque instant, les justes sont pleinement conscients de leurs déficiences, du niveau qui les dépasse, qui est hors de leur portée. Ils sont convaincus qu'avec l'aide de D., ils parviendront à connaître le chemin supérieur de la vie et à percevoir ce qui leur manque actuellement.

De même, on peut expliquer la déclaration du roi David : "Ouvrez-moi les portes de la justice, j'y entrerai et je rendrai grâce à Hachem. C'est la porte de D., les justes y entreront" (Téhilim 118,19-20).
Le roi David demande à D. que les "portes de la justice" (chaaré tsédek) lui soient ouvertes, qu'il soit toujours conscient de ce qui se trouve au-delà de son niveau actuel. Il demande à D. de passer par les portes de la justice pour atteindre cette perception, et que lorsqu'il atteindra cette perception supérieure, il saurait ce qui lui manque encore et le demanderait également à D.

À ce propos, le roi David a dit : "Voici la porte de D. ; les justes y entreront" (zé achahar l'Hachem tsadikim yavoou vo). Car la prise de conscience que l'on n'a pas tout compris, que l'on ne sert jamais Hachem de manière parfaite, et que des concepts plus élevés que celui que l'on comprend actuellement subsistent à l'infini, c'est la porte de D. pour les justes. C'est le chemin des vrais justes, qui reconnaissent toujours que leur service et leur compréhension actuels de Dieu doivent être dépassés.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chémot 3,12]

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-> Plus une personne se sanctifie et se purifie, servant Hachem de manière intensive, plus elle se rend compte qu'elle n'a pas encore commencé à Le servir.
Si une personne pense qu'elle sert Hachem comme il le faut, cela indique qu'elle ne Le sert pas du tout.
Si elle le servait correctement, elle se rendrait compte qu'elle est éloignée de D.

C'est ce que signifie le verset "Ma sainteté est plus élevée que votre sainteté" (midrach Vayikra rabba 24,9 - sur Kédochim 19,2) = "Car en vous sanctifiant et en vous rendant saint, vous réalisez que Ma sainteté est encore plus élevée."
En effet, plus une personne se sanctifie, plus elle est consciente de la distance qui la sépare de D., et plus elle réalise qu'elle n'a pas encore commencé à se sanctifier et à Le servir.
[la sainteté d'Hachem (à nos yeux), et fonction de notre sainteté.
De même, plus une personne étudie la Torah, plus elle se rend compte de l'étendu du savoir et donc plus elle a conscience de ne rien savoir. ]

Cela peut également s'expliquer par la déclaration de nos Sages : "Le peuple juif augmente le pouvoir de la suite céleste" (midrach Eika rabba 1,33)
Plus le peuple juif se sanctifie, plus il ajoute de puissance et de sainteté.
C'est ce que signifie la déclaration du midrach citée plus haut, qui peut être lue littéralement comme suit : "Ma sainteté est plus élevée 'grâce' à votre sainteté" = "En vous sanctifiant, Ma sainteté s'élève et s'élève toujours plus haut".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chémot 6,3]

Elokaï néchama … téhora hi

+ "Elokaï néchama ... téhora hi (elle est pure)"

-> L'âme est une forme de pure spiritualité. Elle est née sous le Trône de Gloire d'Hachem et est totalement bonne. Elle aspire à ne faire que la volonté d'Hachem, mais elle est amenée dans ce monde où elle entame une bataille de toute une vie avec le corps physique et animal qui ne recherche que la luxure et la matérialité.
Même la personne la plus racha peut encore dire dans ses bénédictions du matin : "Mon âme est pure" (téhora hi) ; c'est juste qu'elle est en train de perdre sa bataille contre son côté animal.

Cette belle pensée peut nous inciter à ne jamais perdre espoir. Aussi bas que nous soyons descendus, nous pouvons toujours faire téchouva et remonter, car notre âme n'a pas changé d'un iota.
Elle est toujours aussi pure et ne désire que la pureté et la bonté qu'elle a connues lorsqu'elle était à côté du Trône d'Hachem.

"La Torah c’est Le flux céleste qu’Hachem nous donne de Lui-même : de Son honneur et de Sa Splendeur, pour Ses créatures.
Ce flux est à l’image de Son authenticité et de Sa grandeur et Hachem a attaché ce flux dans la Torah."
[Ram'hal - Dérekh Hachem 4,2]

+ Les juifs en Egypte sont descendus jusqu'au 49e niveau d'impureté, et devaient être sauvés en urgence.
En effet, s'ils étaient restés un instant supplémentaire ils auraient atteint le 50e et plus bas niveau d'impureté, qui aurait été pour eux un point de non retour.
C'est pourquoi ils ont été délivrés avant qu'ils ne tombent à un tel niveau.

Cependant, cela était valable avant de recevoir la Torah [au mont Sinaï].
Avant que la Torah ne soit donnée, il existait cette notion de point de non retour. [si on descendait trop bas dans l'impureté, alors on ne pouvait absolument plus remonter, c'était terminé pour nous!]
Cependant, depuis que la Torah a été donné, cela n'existe plus. Même quelqu'un qui est tombé au plus bas niveau d'impureté possible (le 50e), il lui sera toujours possible de revenir à ses racines [pures et saintes] par la force de la Torah.
Etudier la Torah et s'attacher à la Torah peut transformer même le plus grand racha en un tsadik.
[à ce sujet, b'h, voir aussi le Ohr ha'Haïm haKadoch & Eglé Tal : https://todahm.com/2020/03/23/etre-kadoch-grace-a-la-torah ]

C'est pourquoi dans la Haggada de Pessa'h, juste avant de parler des 4 enfants, dont le racha, nous disons : "béni soit Hachem qui a donné la Torah à Son peuple Israël" (barou'h chénatan Torah léamo Israël) = en effet, par le biais de la Torah même l'enfant racha peut revenir.
[Divré Yoël]