"De toutes les fautes qui empêchent une prière d’être exaucée, la plus grave est le vol.
En effet, si une personne est mêlée à un vol, elle aura beau crier et implorer, sa prière restera bloquée."
[Yessod véChorech haAvoda]
Catégorie : Moussar/Pensée juive
"Hachem n'a créé le monde que dans le but de faire du bien ('hessed) et même le plus grand bien qui soit"
[Ram'hal - Derekh Hachem - Daat Tévounot]
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-> Dans le Zohar, rabbi Chimon bar Yo'haï révèle que dans les mondes supérieures, en particulier dans le monde de la Atsilout (où il n'y a pas d'anges, mais seulement l'éclat de la Divinité), là-bas dans les sphères (séfirot) les plus élevés, il n'y a que de la Bonté, que les 13 Attributs de miséricorde, que des flux de lumière apaisante et d'amour.
Il faut savoir que c'est de là-bas que provient tout ce qui existe et tout ce qui se passe en bas (atsilout signifie : celui qui engendre). [Pourquoi nos yeux ne constatent pas cette réalité céleste?]
Lorsque ces flux de bonté descendent dans la matière, dans les mondes inférieurs, ils se transforment et se matérialisent parfois sous la forme d'épreuves et de souffrance, car la matière ne peut pas toujours supporter autant de bonté (au contraire, la bonté d'Hachem peut engendrer la rébellion des êtres matériels).
Ces transformations (de la Bonté en Rigueur) ont également pour but, dans le fond, de conserver l'intention de bonté qui est à l'origine de ces flux.
C'est pourquoi nous avons la mitsva de toujours dire : "gam zou létova" (cela aussi est pour le Bien) pour ne pas que les apparences (de Rigueur) ne trahissent la vocation du flux céleste que nous avons en face de nous.
[Le Maharal dit qu'on emploie [gam] "zou" au lieu du terme habituel : "zé", car "zou" (זו) a une guématria de 13, comme le mot "aava" (amour), comme le mot "é'had" (unicité) et comme les 13 Attributs de bonté qui sont toujours à l'origine des évènements de nos vies.]
Le Ram'hal dit que la plus grande bonté qui existe et qu'Hachem peut nous faire, c'est la proximité avec Hachem Lui-même (dvékout Hachem). C'est pourquoi Hachem nous a placé dans un monde obscur dans lequel nous avons le libre arbitre de mériter d'arriver à cette proximité avec Hachem afin d'acquérir par nous-même cette bonté la plus grande qui existe.
-> Le Néfech Yéhoudi (Ki Tissa 5779) dit que notre monde s'appelle : "le monde du mensonge" (alma déchikra), pas seulement parce qu'il propose à l'homme toutes sortes de passions matérielles, futiles qui l'amènent à sa perdition ; mais également parce qu'il nous projette dans un monde où il y a de la rigueur, des souffrances, des peurs, alors qu'en vérité toute cette entreprise n'est faite que pour la Bonté, avec Bonté et amour infini d'Hachem envers Sa création.
Celui qui vit dans l'angoisse de l'Attribut de la Rigueur s'attache au voile mensonger de ce monde, en oubliant l'origine de ce qu'il voit et le but ; il oublie Hachem et trahit la reconnaissance du Bien qu'il doit.
Il oublie de se tourner vers son Père qui l'aime et qui attend de sa part : de la confiance et de l'espoir ; il oublie qu'Hachem n'a qu'une envie c'est que grâce à nous le Bien se répande et se révèle.
C'est là l'intention du kaddich : "que le Nom d'Hachem se révèle qu'il soit source de bénédictions, de splendeur, de sauvetage, de vie, de paix" (yéhé chémé rabba mévara'h, yitbara'h véichtaba'h).
C'est ce qu'Il est en vérité.
L'essentiel du Service d'Hachem doit être fait dans la joie.
On peut y arriver en pensant qu'on est en train de servir le Grand Roi, Omniprésent dans toute la création et en même temps infiniment plus élevé que tous les mondes.
Tout ce qui existe est absolument néant devant Lui. Et ce D. a fait résidé Sa Présence sur le peuple Juif, et désire et aime qu'il Le serve.
[rabbi de Tchernobyl - dans son Likouté Torah]
Notre peur génère une réalité négative
+ Notre peur génère une réalité négative :
-> "Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute vient m’assaillir " (Iyov 3,25)
Rachi commente : Iyov, toute sa vie, vivait dans la peur, il redoutait les souffrances, c'est pourquoi son habitude était tous les jours à la fin de ses repas d'apporter des "korbanot ola", de peur que ses enfants aient fait une faute au cours du repas. Ce sont ses peurs qui ont été la cause de toutes les souffrances qu'il a reçues.
-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot - guémara Baba Métsia 33) enseigne : "Celui qui a peur d'une chose crée un lien avec cette chose-là ; de plus, il se fait petit devant la chose qu'il craint et lui donne ainsi une grande importance."
-> Rabbénou Bé'hayé (fin de la paracha Ekev) écrit :
"Celui qui a peur d'un homme peut donner la possibilité à cet homme-là de l'endommager, alors que celui qui place sa confiance en Hachem sera sauvé de la souffrance quand bien même elle avait été décrétée sur lui."
-> Rabbénou Yona (Michlé 29,25) écrit :
"La peur est une faute, elle donne de la force aux ennemis, elle place des embûches et des souffrances devant l'homme alors que celui qui renforce sa confiance en Hachem sera élevé au-dessus de toute souffrance par le mérite de son bita'hon et quand bien même il avait été décrété que la souffrance vienne sur lui."
-> "Il n'a pas peur des mauvaises nouvelles, son cœur est plein de confiance" (Téhilim 112,7)
Le Métsoudat David explique : l'homme qui a confiance en Hachem, même lorsqu'il entend des mauvaises nouvelles qui arrivent, n'a pas peur pour lui-même car son cœur est plein de confiance en Hachem qui ne lui enverra pas de telles choses.
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-> "N'aie pas peur d'eux, si tu ne veux pas que Je te laisse entre leurs mains" (Yirmyahou 1,17)
-> "La peur de l'homme lui place des embûches et sa confiance en Hachem l'élève au-dessus de tout" (Michlé 29,25)
-> Nous trouvons même une mitsva positive concernant la peur : "l'inquiétude qui se trouve dans le cœur de l'homme : renvoie-là ; et les bonnes pensées te réjouiront (le cœur)" (Michlé 12,25)
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-> Lorsque Lavan a couru après Yaakov en pensant qu'il lui avait dérobé ses idoles (térafim), il lui a dit : "Pourquoi t'es-tu enfui de la sorte et pourquoi as-tu volé mes dieux (mes idoles)".
Onkelos traduit le terme : "mes dieux" par "mes craintes" (da'halti).
Ainsi, en hébreu ou en araméen, une divinité se dit : une crainte. Nous voyons donc à quel point il est nécessaire de faire attention aux différentes peurs que nous ressentons car chacune de nos peurs et de nos craintes, si elle n'est pas dirigée vers Hachem, peut être considérée comme un autre dieu, à un certain niveau.
[Hachem doit être à nos yeux tellement Unique (é'had), tellement au-dessus de tout, que la seule crainte qui existe est celle d'Hachem.
Toute autre réalité est comme inexistence, et d'ailleurs c'est le cas : absolument rien ne peut se produire sans que Hachem ne le valide par un décret Divin. ]
L'homme se laisse remplir par ses sentiments négatifs et oublie complétement Hachem en se laissant dominer par ce Mal, par cette idolâtrie.
-> Rabbénou Bé'hayé (Kad kaKéma'h -Bita'hon) écrit :
"Celui qui a peur de l'homme oublie Hachem, c'est pourquoi le prophète Yéchayahou (10,15) compare le craintif à un homme qui est focalisé sur la hache, en oubliant qu'elle est entre les mains du bûcheron (Hachem).
Le prophète dit à ce sujet : "Avez-vous déjà vu une hache, dans les mains d'un bûcheron, qui se vante ou qui s'enorgueillit?"
Comme l'a également dit Yéchayahou (chap.2) : "Cela suffit d'avoir peur des hommes : quelle est donc leur importance (pour que vous ayez peur d'eux)?"."
[Avoir peur des ennemis, des êtres humains, des animaux dangereux, ... c'est donner de l'importance au bâton qui est entre les mains d'Hachem en oubliant celui qui le tient.
Cela ne se fait pas et cela ressemble même à de l'idolâtrie car la crainte doit être réservée à Hachem]
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-> La guémara (Béra'hot 60) raconte :
Yéhouda bar Nathan marchait derrière rav Hamnouna, il a vu que celui-ci soupirait d'un soupir plaintif.
Il lui a dit : tu as envie de recevoir des souffrances supplémentaires.
Rav Hamnouna a répondu : ne sais-tu pas que ce verset fait seulement référence aux paroles de Torah.
[selon Rachi, il est bon d'avoir tout le temps peur d'oublier sa Torah et de faire du coup plein de révisions]
-> Le rav Kanievski (Or'hot Yocher) enseigne :
"Dans le Zohar (Béréchit p.202) il est écrit : "Celui qui a tout le temps peur, c'est le signe qu'il a des fautes entre ses mains" ; ou encore dans le midrach Chir haChirim rabba (83,14) : "tant que l'homme n'a pas de fautes entre ses mains, on ne lui donne pas de peur en lui, mais au contraire les gens auront peur de lui. Mais une fois qu'il a fauté, alors cela s'inverse."
La peur est le signe d'un manque d'émouna en Hachem car celui qui sait que tout vient d'Hachem, il n'a pas de quoi avoir peur de quoi que ce soit. Il ne devrait avoir peur que d'Hachem, ou encore avoir peur de commettre des fautes ou peur de ne pas faire toutes les mitsvot ; toutes les autres peurs doivent être annulées."
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-> La guémara (Béra'hot 59) enseigne que Eliyahou haNavi a dit à rav Yéhouda : "Ne t'énerve pas et tu ne fauteras pas", car celui qui se met en colère perd son contrôle, ne réfléchit plus et devient donc la victime parfaite pour de nombreuses fautes qu'il n'aurait pas commis normalement à tête reposée.
-> Le rav Chmoulévitz fait remarquer qu'il est étonnant de voir une chute si vertigineuse de la génération du désert (dor déa), qui sont passés du don de la Torah à l'idolâtrie en 40 jours à peine.
Il explique que c'est pour cette raison que nos Sages ont bien insisté sur les conditions dans lesquelles les Bné Israël ont fauté : le ciel est devenu obscur, la confusion est descendue dans le monde, une image de Moché allongé sur un lit porté par les anges leur est apparue dans le ciel, ...
Moché était leur intermédiaire, celui qui était chargé de s'occuper de tous leurs besoins.
On peut imaginer un peu la panique et l'affolement des Bné Israël dans cette situation. Ils ont dû également s'attrister, désespérer, voire se mettre en colère, qu'Hachem les laisse maintenant seuls, livrés à eux-mêmes dans un désert impitoyable.
La guémara (Shabbath 105b) rapporte que le yétser ara fait habituellement fauter l'Homme progressivement.
Cependant, lorsqu'il y a une telle peur ou colère, au point d'en perdre la raison, cela devient alors pour le yétser ara la porte ouverte à toutes les fautes qui seront faites avec facilité.
=> C'est ainsi, que les Bné Israël se sont laissés aller à leurs inquiétudes et se sont laissés dominés par leur peur ; ils n'ont pas appliqué le verset : "une angoisse dans le cœur : fais-là fuir de toi" (Michlé 12,25), et c'est pourquoi le yétser ara exceptionnellement eu le droit d'utiliser toutes sortes d'effets spéciaux pour les troubler.
Il est probable que ce soit les Bné Israël eux-mêmes qui aient donné au yétser ara cette force d'action en se mettant à paniquer devant l'absence de Moché.
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-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2020/03/31/13093-2
"Si un homme sait parfaitement, d'une foi entière, que dans toute situation où la Providence Divine est dissimulée .., Hachem s'y dissimule, et que ce n'est absolument pas une dissimulation ... l'homme devra se coller à son Créateur avec une foi pleine et entière et il ne lui arrivera aucune mauvaise chose.
Il recevra de l'amour et de l'affection."
[Baal Chem Tov]
"Celui qui a des épreuves ou des peurs et qui se renforcent, qui espère en Hachem et ne tombe pas dans les mains de ses angoisses verra des prodiges.
Par le mérite de la confiance en Hachem, toutes les rigueurs sont adoucies, tous les décrets sont annulés, l'homme n'a pas à craindre quoi que ce soit ou qui que ce soi"
[Chomer Emounim - chap.1]
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Le Néfech Yéhoudi fait remarquer : celui qui a surmonté l'épreuve du "voile" qui existe dans ce monde-ci, qui s'est rappelé que "Hachem ou haElokim" (c'est la Bonté d'Hachem qui dirige tout), et qui a surmonté sa propre nature (qui le pousse à la peur), ne mériterait-il pas de grands sauvetages surnaturels dans tous les domaines?
+ Dans la Amida, nous disons : "Celui qui est notre délivrance, et qui est notre soutien" (haEl yéchouaténou véézraténou chéla haEl hatov)
Le Gaon de Vilna commente :
"Celui qui place sa confiance en Hachem et qui s'abrite sous Ses ailes ressemble à celui qui vient s'abriter sous un arbre contre un soleil qui frappe (à l'ombre d'Hachem - bétsel Chadaï).
Il n'est pas nécessaire que l'arbre agisse en notre faveur pour que nous soyons protégés du soleil, c'est l'effet naturel de l'arbre que de produire de l'ombre et de parer aux rayons pour tous ceux qui se trouvent en-dessous de lui.
Il en est de même pour celui qui se place sous les ailes de la Présence Divine.
Il n'est pas nécessaire de demander qu'Hachem nous délivre ou nous soutienne.
Hachem est naturellement une délivrance et une aide (yéchouaténou véézraténou) autant que les branches ont de l'ombre, ainsi celui qui se place entre les mains d'Hachem est protégé et délivré naturellement."
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-> Le Gaon de Vilna (Séfer Na'houm 1,7) explique également que :
"les souffrances ne sont pas un but en soi, la Rigueur n'est qu'un moyen qui est mis en place dans ce monde-ci pour que l'homme reste proche d'Hachem.
C'est pourquoi celui qui s'abrite à l'ombre d'Hachem et reste proche de Lui n'a aucune souffrance à subir."
+ "Chaque action d'Hachem a une intériorité et une extériorité.
L'extériorité des actions d'Hachem c'est une conduite juste, c'est-à-dire : récompenses et punitions, mesure pour mesure. Comme un homme se comporte, ainsi il reçoit.
Cependant, c'est seulement la facette extérieure des choses mais en réalité chaque action d'Hachem intérieurement est divinement profonde et a pour but d'amener le monde à sa perfection.
Sache qu'il n'y a pas une action légère chez Hachem ou une action avec peu d'intériorité. Chaque action d'Hachem a comme intention d'amener tous les éléments du monde à leur perfection, et c'est ce que signifie : "gam zou létova" (cela aussi est pour le bien).
A la fin des temps Hachem nous montrera la profondeur de Ses actions et alors nous verrons comment les épreuves et les souffrances étaient des préparations à la bonté et à la bénédiction, car Hachem ne veut que le Bien et que la perfection de Sa bonté.
Il ne repousse pas les réchaïm, et au contraire Il s'efforce de les aider à se réparer et à se rapprocher.
Le roi David dit dans les Téhilim (92) : "combien sont grandes Tes actions, combien sont profondes Tes pensées" (ma gadlou maasé'ha Hachem ...), cela signifie qu'il y a une Bonté Divine infinie et une sagesse profonde derrière chacune des actions d'Hachem.
Pour l'instant, les actions d'Hachem ne nous sont pas compréhensibles du tout, si ce n'est que leur partie la plus extérieure, mais leur contenu est bien caché de nous, car l'intériorité des actions d'Hachem est entièrement bonne et il n'y a pas de mal ; mais cela nous ne le comprenons pas pour l'instant seulement à la fin des temps.
Lorsque l'homme comprend un peu une action d'Hachem, cela ne constitue qu'une goutte dans l'océan."
[Ram'hal - Daat Tévounot]
Pourim – l’importance d’être toujours dans la joie
+ Pourim - l'importance d'être toujours dans la joie :
-> Esther a invité A'hachvéroch et Haman à son festin, et son but était de plaider pour les juifs.
Mais au cours de sa 1ere réception, Esther n'a rien demandé, si ce n'est qu'ils reviennent pour un autre repas festif le lendemain.
=> Pourquoi n'est-elle pas intervenu dès la 1ere fois, qui semblait pourtant un moment idéal puisque : "Au cours du festin, le roi dit à Esther : "Formule ta demande, et elle te sera accordée ; dis ce que tu souhaites : quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendrais"." (Esther 5,6).
Y avait-il un meilleur moment que cela?
La réponse se trouve dans la suite du texte : "Ce jour-là Haman se retira, joyeux et le cœur content" (Esther 5,9).
Esther savait qu'elle ne pouvait pas entraîner la chute d'Haman si celui-ci était joyeux, et c'est pourquoi elle a tout repoussé au lendemain.
Le lendemain, il est écrit : " Haman gagna précipitamment sa maison, accablé de tristesse et la tête basse" (Esther 6,12).
C'est pourquoi Esther a rapporté à A'hachvéroch les mauvais plans d'Haman, et Haman a été pendu ce jour là.
-> Par la suite, la guémara aborde tous les honneurs que Mordé'haï a reçu d'Haman.
Haman menait Mordé'haï dans les rue de Shoushan, et criait devant lui : "Voici ce qui doit être fait à celui que le roi désire honorer".
Mordé'haï était vêtu d'habits de roi, et était sur un cheval royal.
Le Tiféret Shlomo enseigne : "[Lorsque Haman a mené Mordé'haï dans les rues] les gens chantaient et dansaient devant lui.
Tout cela avait pour but de rendre Mordé'haï joyeux.
Immédiatement après cela, le peuple juif a été sauvé et un miracle merveilleux a eu lieu".
=> Le moment de la délivrance était arrivé, mais il manquait un ingrédient indispensable pour que cela arrive : la joie.
[rav Elimélé'h Biderman]
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-> Le Noam Elimélé'h (Vaéra) écrit :
"Lorsqu'on est joyeux et qu'il n'y a pas de tristesse, les forces du mal (klipot) tombent et le côté de la sainteté s'élève.
Moché voulait soumettre la force du mal (klipa), qu'était Pharaon, en faisant que les juifs soient joyeux au sujet de la délivrance à venir. Mais ils ne voulaient pas être joyeux ...
C'est pourquoi, Moché a dit : "Les Bné Israël ne m'écoutent pas, alors comment Pharaon va-t-il m'écouter? Comment pourrais-je soumettre les forces du mal [s'il ne sont pas joyeux]?""
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-> "Mordé’haï ayant eu connaissance de tout ce qui s’était passé [il vient d’avoir conscience des plans d'Haman], déchira ses vêtements, se couvrit d’un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1)
En réaction à cela, Esther : "la reine en fut toute bouleversée. Elle envoya des vêtements pour les mettre à Mordé'haï, en enlevant son cilice ; mais il ne les accepta point." (Esther 4,4)
=> Pourquoi a-t-elle envoyé des vêtements à Mordé'haï? Est-ce qu'elle pensait qu'il n'avait rien à se mettre?
Le Tiféret Shlomo répond que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre sur la façon dont ils pouvaient annuler le terrible décret d'Haman.
Mordé'haï a décidé de prendre le chemin des pleurs et du deuil, car cela éveillerait la compassion d'Hachem.
Esther était d'avis qu'ils pouvaient accomplir beaucoup plus par le fait d'être joyeux.
En ce sens, elle envoya des vêtements à Mordé'haï pour lui signifier qu'elle pensait qu'il ne prenait pas le bon chemin.
Le Tiféret Shlomo écrit que Mordé'haï savait également que la joie était essentielle pour la délivrance du peuple juif, mais il pensait qu'il ne fallait pas commencer par la joie.
Tout d'abord il faut prier, pleurer et crier à Hachem, et seulement ensuite la délivrance viendra par la joie.
-> D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre : est-ce que pour annuler les décrets d'Haman il fallait des larmes et des prières ou bien de la joie?
Mordé'haï était vêtu d'un sac, car il voulait annuler le décret par un cœur brisé et de chaudes larmes.
Esther lui a envoyé des habits car elle voulait annuler le décret par le biais de la joie.
Le 'Hatam Sofer ajoute que c'est la raison pour laquelle Esther a organisé des festins : elle voulait annuler les terribles décrets par la joie.
Le 'Hatam Sofer conclut que c'est l'approche d'Esther qui était la plus juste, et c'est pourquoi la délivrance est venue grâce à son approche.
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-> La guémara (Méguila 16a) écrit : "Haman a pris des vêtements royaux et un cheval royal et il est allé [chez Mordé'haï]. Lorsque Mordé'haï a vu Haman approcher avec le cheval, il a eu peur ...
Mordé'haï s'est levé et il a commencé à prier.
Haman est arrivé, il s'est assis, et il a attendu jusqu'à ce que Mordé'haï ait fini de prier", et alors Haman a mené Mordé'haï dans les rues de Shouchan avec un honneur extrême."
=> Le Ben Ich 'Haî (Ben Yéhoyada) demande : Pourquoi Haman a-t-il attendu que Mordé'haï termine de prier? Pourquoi ne lui a-t-il pas dit immédiatement qu'il est venu pour l'honorer?
Le Ben Ich 'Haï répond :
"Haman savait que Mordé'haï priait avec de la tristesse, et Haman savait que de telles prières ne sont pas aussi efficaces [que des prières faites dans la joie].
Haman a pensé : "Si j'interromps sa prière, il va prier de nouveau, et après avoir entendu la bonne nouvelle [que Haman devait l'honorer], il va prier avec une joie immense, et alors il est probable que ses prières seront exaucées".
Haman a donc préféré que Mordé'haï prie dans la tristesse, et c'est pourquoi il a patiemment attendu que Mordé'haï finisse de prier.
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On peut citer par exemple :
-> "Grâce à ta joie, ta prière entrera dans le Palais du Roi" (Rabbi Na’hman de Breslev – Séfer haMidot – Téfila 70) ;
-> "On peut accéder à davantage de choses par le biais d’une prière dans la joie que d’une prière dite en pleurant" (Rabbi Sim’ha Bounim de Peshischa) ;
-> Le Baal Chem Tov affirme que la joie est un degré plus élevé que les pleurs, car ces derniers déchirent les cieux tandis que la joie fait tomber toutes les cloisons.
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-> "Si une personne est heureuse simplement parce qu'elle est juive, alors je garantis que rien de mal lui arrivera, ni spirituellement ni matériellement"
[rabbi de Karlin]
[le Zohar dit : "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif".
En ce sens, si nous le ressentons réellement, alors aucune contrariété de la vie ne peut nous retirer notre joie constante : je suis juif (ve)! Cela est une protection énorme contre toute mauvaise chose!]
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-> Le Gaon de Vilna (Michlé 18,14) dit que : "avec sa joie, on peut mettre un terme à une maladie" (בשמחתו יבטלנו).
-> Le Beit Israël enseigne que : celui qui est joyeux et de bonne humeur [de façon cashère], sera nettoyé de toutes ses pensées impures.
A l'inverse, le Baal haTanya écrit que les pensées de avoda zara (idolâtrie) entre dans le cœur de celui qui est triste.
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-> Le 'Hazon Ich dit que l'on peut vivre notre vie aussi bien dans le sourire ou bien dans la tristesse. A nous de choisir de la vivre dans la joie.
[il y aura toujours des raisons pour s'apitoyer, se plaindre, et il y aura toujours des raisons pour se satisfaire, se réjouir de sa situation.
A force d'attendre la perfection avant d'être heureux, notre vie passe et nous ne le sommes pas vraiment.
Etre joyeux, c'est reconnaître que tout vient avec précision de D. et que c'est le top du top de ce qu'il nous faut!]
De même, rabbi Zalman Brizel enseigne : "Si tu peux être joyeux pourquoi devrais-tu être à l'opposé".
En effet, bien souvent le fait d'être joyeux est une décision personnelle.
Par exemple, s'il y a un problème : est-ce que je peux le résoudre?
- si oui = donc pourquoi s'inquiéter puisqu'il va disparaître.
- si non = donc pourquoi s'inquiéter, ça n'aidera en rien!
"Tu feras 2 chérubins en or" (Térouma 25,18)
-> La Mékhilta (Yitro 10) enseigne qu'il est permis de confectionner tous les usteniles du Temple en argent ou dans un autre métal si l'on ne possède pas l'or requis, à l'exception des chérubins qui ne peuvent être fabriqués qu'en or (rapporté par le Rambam Beit haBékhira 3,4).
-> "En araméen, un enfant se dit : kéravia" (guémara Soucca 5b).
Cela vient nous enseigner que lorsqu'il s'agit de l'éducation des enfants, leur place doit être dans un lieu de Torah (au-dessus de l'Arche Sainte).
Dans ce domaine, il est défendu de lésiner sur les moyens et d'utiliser des "matériaux bon marché", car tout doit être accompli de la meilleure manière possible : tout en or!
[rav Moché Chapira de Lublin]
-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que la voie la plus sûre pour réussir dans l'éducation de ses enfants est que parents et enseignants les encouragent et valorisent ce qu'ils font, à leurs propres yeux.
Chaque petit acte devra faire l'objet d'un compliment : "je considère ce que tu as fait comme de l'or pur".
On devra se garder à tout à tout prix de leur donner l'impression que ce qu'ils font n'a pas d'importance.
En agissant ainsi à l'occasion de chaque acte, fût-ce le plus anodin, le père suscitera chez ses enfants l'envie d'aller dans le droit chemin, d'accomplir vraiment des actions "en or pur", justes et intègres (ils aimeront également ainsi naturellement leurs parents et leurs enseignants et seront disposés à écouter leurs recommandations).
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-> Le rav Wosner rapporte l'enseignement suivant du rav Chimchon Raphaël Hirsch :
Dans la méguilat Esther, on constate que la reine Esther resta fidèle à Mordé'haï.
Malgré toutes les tentatives du roi A'hachvéroch pour lui soutirer une information sur ses origines et sur le peuple dont elle faisait partie, elle demeura intransigeante : "Esther ne révéla pas son peuple ni ses origines car Mordé'haï lui avait ordonné de ne rien dire" (Eshter 2,10).
=> Comment a-t-elle pu faire preuve d'une telle fidélité et ce pendant une aussi longue durée dans la demeure d'un homme aussi racha que représente le palais d'A'hachvéroch? Comment une telle prouesse fut-elle possible?
La réponse se trouve dans la suite du verset : "Chaque jour Mordé'haï s'en allait dans la cour de la maison royale s'enquérir de l'état d'Esther et de ce qui lui était advenu".
=> Ainsi, jour après jour, Mordé'haï se rendait jusqu'à la cour du roi, non pas pour mettre Esther en garde d'obéir à son ordre, mais pour lui demander comment elle se porte et ce qui lui arrive.
C'est une telle attitude chaleureuse qui préserva éternellement l'éducation qu'elle a reçu.
Cela constitue un enseignement pour nous-mêmes : en faisant preuve de chaleur et de don de soi envers nos enfants et nos élèves, nous mériterons de les préserver et de les voir grandir dans le bon chemin malgré toutes les épreuves et les difficultés que traverse cette génération de la fin des temps.
Certes, nous sommes tenus de placer des barrières et de redoubler de vigilance dans une telle époque aussi bouleversée.
Néanmoins, cela doit s'effectuer avec sagesse en faisant comprendre à nos enfants et élèves que cela représente un bien pour eux à l'instar de la garde des réserves d'or pur qui patrouille autour du palais royal pour le préserver des éventuels voleurs.
En comprenant l'importance, ils accepteront d'eux-mêmes ces barrières et les réclameront, se sentant ainsi protégés, et ils ne tenteront pas de les franchir.