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[Hachem nous dit : ] "Je vous ai donné la Torah (ma fille unique) ; m'en séparer, je ne peux pas ; vous dire : 'Ne l'emmenez pas', je ne le puis car elle est maintenant votre femme.
Aussi, où que vous alliez construisez pour Moi une maison afin que J'y réside (près de vous), comme il est écrit : 'Et ils me feront pour Moi un sanctuaire'(Térouma 25,8) "

[midrach Chémot rabba 33,1]

-> "Satan (le yétser ara) vint trouver D. et lui dit : 'Maître du monde, où est la Torah?'
D. lui répondit : 'Je l'ai offerte à la terre!' "
[guémara Shabbath 89a]

-> "Tout ce que D. a créé dans le monde d'en haut, Il l'a créé dans le monde ici-bas.
En haut, son palais, les nuées, les 'Séraphins', les Chérubins, les 'Ophanim', le Tabernacle, ... et les équivalents ici-bas dans le michkan"
[midrach Chémot rabba 33,4]

=> La Torah ne se trouvant que sur terre, Hachem a besoin de descendre du ciel et résider parmi nous et près de sa Torah ("M'en séparer, Je ne peux pas!).
Le michkan a été construit sur terre, sur le même modèle que celui d'en haut, afin que D. y réside.

Apprécions à sa juste valeur le fait que D. nous a donné Sa fille (la Torah) comme femme.
Tâchons de permettre à Hachem de résider au maximum au plus proche de nous (et de Sa fille unique, qui est notre femme que nous respectons!), en construisant chacun en nous même un lieu pour Sa résidence.

"Tout le monde affirme que nous sommes arrivés à l'ère prémessianique ...
Dans ce cas, beaucoup [d'efforts] sont requis car il faut se préparer pour devenir digne de mériter ces temps.
Il faut acquérir la crainte [la connaissance] de D., aspirer à une vie spirituelle, s'attacher aux bons traits de caractères (midot) ; alors, on sera digne de recevoir ce que les jours du machia'h auront à nous offrir ..."

[Rav Yé'hezkel Levenstein]

-> "Notre vie est-elle suffisamment imprégnée de l'esprit du judaïsme? S'inspire-t-elle assez largement de la pensée de la Torah? [...]
Avons-nous posé les bases pouvant constituer le cadre idéal pour ériger un Temple de D. parmi nous?"

[Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch]

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-> "[Durant notre vie], Ne pas assister à la construction du Temple, c’est comme assister à sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1)

Ainsi, cette année (si le machia'h ne vient pas), on doit s'imaginer qu'en ce 9 Av, toutes les télévisions du monde, les journaux, ... ont fait comme une : "La splendeur du monde : le Temple, vient d'être détruit!"

On doit être très attristé par cette perte subie, mais on doit surtout effectuer une analyse de soi-même à aujourd'hui : Qu'est-ce qui dans mon comportement a bien pu entraîner la destruction du Temple cette année? Comment vais-je pouvoir m'améliorer pour participer à sa construction au plus vite?

C'est ainsi que dans les 3 Haftarot qui précédent le 9 Av, le prophète Yéchayahou ne se lamente pas sur la destruction du Temple, mais sur ses causes.

Si on pense sincèrement que le Machia'h arrive, alors il n'y a plus le temps d'attendre (de remettre à demain), il faut faire téchouva et agir au mieux selon la volonté de D.

Par un tel état d'esprit dans nos actions au quotidien, nous crions à Hachem : Reconstruit Ton Temple! Car en son absence, Ton éloignement qui en résulte nous est trop dur à supporter! Reviens pleinement parmi nous!! HM on t'aime et on veut encore plus te ressentir/percevoir!!!

"Depuis que le Temple a été détruit, les Bné Israël qui ont une confiance (totale) en D., ont disparu"

[guémara Sotah 48a]

La guémara donne un exemple :
"Quiconque a du pain dans son panier et qui se dit : 'Qu'allons-nous manger demain?' fait partie des gens de peu de foi."
[guémara Sotah 48b]

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=> On peut s'interroger sur la raison pour laquelle on dit de cet homme qu'il a peu d'émouna.
Hachem lui a-t-il promis qu'il aurait de quoi manger le lendemain, pour qu'on puisse exiger de lui d'être confiant?

Le réel problème est que cet homme s'inquiète du lendemain et pas du jour-même. Pourquoi?
Hachem lui a-t-il promis quoi que ce soit pour aujourd'hui?
Non. Mais l'homme est confiant qu'aujourd'hui il pourra manger le pain qu'il possède actuellement dans son panier et qu'il peut donc s'arranger sans Hachem. C'est en cela qu'il a peu d'émouna.

On peut aussi expliquer selon le moussar : lorsque l'homme demande "que mangerons-nous demain?", cela n'exprime pas seulement une inquiétude, mais se traduit aussi, en pratique, par une hichtadlout de sa part.

Nos Sages nous enseignent que celui qui fait des efforts pour le lendemain ne le fait pas à cause du commandement de la hichtadlout et de l'obligation de ne pas compter sur le miracle, car si tel était le cas il lui aurait suffi de se préoccuper du jour-même.
Là, il s'efforce parce que, selon lui, la hichtadlout lui apporte la parnassa.
C'est pourquoi il est considéré comme faible en émouna.
[rav Yaakov Israël Pozen]

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-> Durant la période du 2e Temple, les juifs étudiaient la Torah et faisaient du 'hessed. Pourquoi fut-il détruit?
"Parce qu'il y avait de la haine gratuite". Et la haine prend sa source dans le manque de bita'hon.
L'homme croit que l'autre lui cause préjudice, lui fait du mal et peut le ruiner ; de ce fait, il le jalouse et le hait.
C'est donc le manque de bita'hon qui mena à la destruction du second Temple.
[rav Yaakov Israël Pozen]

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+ A noter :

Il est intéressant de constater que le mot : "souci" se dit en hébreu : 'déagua' (דאגה).
Ce mot est composé de chacune des 5 premières lettres de l'alphabet, sauf qu'il manque la lettre 'bét' (ב), qui est l'initiale du mot : "bita'hon" (בטחון), comme pour dire : c'est le manque de confiance en D. qui fait que l'homme se soucie exagérément du lendemain.

Des Dames portant les tsitsit

+ Des Dames portant les tsitsit :

-> Si les dames ne portent pas de Tsitsit (voir Ora'h 'Haïm 17:2), certaines font exception.
La guémara (Ména'hot 43a) relate que Rabbi Yéhouda plaçait un Tékhélet aux 4 coins de l’habit de sa femme.
Rabbi Amram ‘Hassida en faisait de même (guémara Soucca 11a).
[Rabbi Yehouda et Rabbi Amram ‘Hassida tiennent que les Tsitsit sont un commandement positif qui ne dépend pas du temps (mitsva assé chélo azman grama), et donc, qui s’applique aussi aux dames (voir Rachi s.v. לפרזומא et Tossafot sur Soucca 11a, s.v. דרב עמרם]

-> Le Levouch (Hilkhot Tsitsit 17:2) écrit que même si pour les commandements liés au temps, comme celui de la Soucca ou du Loulav, le dames les réalisent et prononcent alors une bénédiction, cela n’inclut pas les Tsitsit à l’exception d’une sur 1000 comme Mikhal bat Shaoul et de très rares autres. Très majoritairment, les dames n’ont pas à porter de Tsitsit.

-> On dit que la 1ère Rebbitzen du Ohr ha’haïm hakadoch (1696-1743) portait Talith et Tefilin comme Mikhal bat Shaoul.6 La seconde épouse du Rav ‘H.Ben-Attar en fit de même. [Sefer Maassé Tsadikim 1:2, écrit par Rav Avraham Ha-Levi Ibn Shoushan]

-> Le Maharil (1365-1427) écrit avoir vu une dame porter des Tsitsit dans son voisinage, mais il y voit une pratique étrange, considérée comme de la orgueil (gaava) pour des ignorants (הדיוטות).

-> Concluons avec le commentaire du Targoum Yonathan (sur Devarim 22,5) : une dame ne doit pas porter de vêtement masculin, une dame ne doit pas porter de Tsitsit et de Tefilin.

[d'après le rav Yéhochoua Alt]

"Tu désireras ton mari, mais c'est lui qui dominera" (Béréchit 3,16)

=> En quoi consiste exactement cette malédiction pour 'Hava?

-> Le Nétsiv (haEmek Davar) explique la malédiction d'une manière qui nous éclaire sur la dynamique d'une femme. Les hommes ont le sens de l'indépendance. Ils peuvent continuer à vivre même s'il y a des gens avec qui ils ne peuvent pas s'entendre. Ils peuvent toujours garder leur propre estime de soi.
Ils peuvent être indépendants. Même en ce qui concerne la relation d'un homme avec sa femme, lorsqu'il est insulté, il peut encore rebondir, parce qu'il connaît sa valeur personnelle.

Cependant, Hachem a créé les femmes différemment. Hachem a maudit 'Hava pour qu'elle cherche toujours à trouver grâce aux yeux de son mari. Si elle ne se sent pas valorisée aux yeux de son mari, son estime de soi s'effritera. Elle ne peut pas créer sa propre valeur. Le respect de son mari à son égard est essentiel.
Elle doit se sentir désirée et respectée.
Existe-t-il une plus grande malédiction que celle-là, ne pas avoir de valeur personnelle indépendante, voir sa valeur personnelle dépendre de la façon dont les autres la perçoivent?

-> Le Steipler écrit dans une lettre aux avré'him que les femmes deviennent physiquement malades si elles ne se sentent pas dignes. Certains hommes ne comprennent pas pourquoi leur femme ne semble pas être dans son assiette ou se sent toujours malade. Il est possible qu'il ne s'agisse pas d'une maladie physique, mais d'une maladie émotionnelle.

-> Le rav Don Segal a été interrogé au sujet d'une femme qui ne pouvait pas se lever du lit. Il a dit au mari de commencer à complimenter sa femme sur de petites choses tout au long de la journée. En peu de temps, sa femme est redevenue normale. Quel est le secret? Il n'y a pas de secret. Depuis le début, sa maladie était due à un sentiment d'abattement, et non à une affection physique.

-> Ra'hel a appelé son premier fils Yosef. Rachi explique (Vayétsé 30,23) qu'avant qu'elle n'ait un enfant, son mari la blâmait pour tout incident survenu dans la maison, et que maintenant, avec Yosef à ses côtés, elle pouvait lui reprocher certains incidents.
Est-ce la raison pour laquelle Ra'hel attendait si longtemps un enfant, afin de lui faire porter le chapeau?
En gardant à l'esprit l'explication selon laquelle une femme dépend tellement du respect de son mari que, sans lui, elle a l'impression de ne rien valoir, nous pouvons comprendre Rachi. Elle a besoin de ce respect plus que tout, et si quelque chose venait à le menacer, elle se sentirait inutile.

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[par ailleurs, selon nos Sages, si tu décharges ta femme de sa malédiction : "mais c'est lui qui dominera", elle la respectant et l'honorant comme une reine, alors Hachem te déchargera de ta malédiction : "tu mangeras à la sueur de ton front", en te donnant plus facilement ta subsistance, ainsi que pleins d'autres bénédictions. ]

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+ La compassion :

-> Le fait qu'un homme sache que sa femme dépend de lui devrait lui inspirer de la compassion. Puisqu'elle dépend de son mari, il ne peut pas la laisser tomber. De la même manière, nous disons souvent dans la prière que nous dépendons d'Hachem, et seulement d'Hachem, pour notre salut.
Lorsque nous montrons à Hachem que nous dépendons de Lui, et de Lui seul, Hachem se sent obligé de prendre soin de nous. Un homme devrait ressentir la même chose pour sa femme.

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+ Mauvaises épouses :

-> Le rav Its'hak Sher dit : Nous constatons souvent que certains hommes ont ce que l'on pourrait appeler de "mauvaises" épouses.
Il a demandé : "Qui a fait en sorte que ces femmes soient comme ça? Leurs maris."

Ils ne connaissent pas le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) qui dit qu'un mari doit respecter sa femme plus qu'il ne se respecte lui-même et l'aimer comme il s'aime lui-même.
Parfois, un mari peut se sentir victime. Il peut s'apitoyer sur son sort et sa situation, alors qu'en réalité, c'est lui le coupable. Il ne traite pas sa femme comme elle a besoin d'être traitée.

-> En réalité, ce Rambam nécessite des explications supplémentaires.
Qu'un homme aime sa femme comme il s'aime lui-même est compréhensible, surtout si l'on se réfère au fait qu'elle est une partie de son mari ; par conséquent, il doit l'aimer de la même manière qu'il s'aime lui-même. Mais qu'est-ce que cela signifie qu'un mari doit respecter sa femme plus qu'il ne se respecte lui-même?
Le Maharcha (guémara Yébamot 62b) explique que cela signifie qu'il devrait lui acheter des vêtements plus beaux que ceux qu'il s'achèterait à lui-même.
La plupart d'entre nous ont la mentalité suivante : "Ce qui est bon pour moi est bon pour toi". Nous jugeons ce dont les autres ont besoin en fonction de nos propres besoins.
Ce n'est pas le cas dans le mariage. Un mari doit juger ce dont sa femme a besoin en fonction de ses besoins à elle et non en fonction des siens.

Aimer

+ L'amour véritable :

-> Le Tanya (ch.32) développe l'idée suivante. En vérité, la seule façon d'aimer vraiment quelqu'un d'autre est de l'aimer pour son âme.
L'amour véritable ne peut exister que dans quelque chose qui est une seule entité, où toutes les parties sont essentiellement une. Quelque chose composé de différentes parties qui ont été combinées aura toujours une séparation intrinsèque qui empêche le niveau ultime d'unité.
Au niveau de l'âme, nous sommes tous unis et entièrement connectés, et nous pouvons donc éprouver de véritables sentiments d'amour les uns pour les autres.
Dans le monde physique/matériel, cependant, nous sommes divisés en différents corps, avec des apparences, des idéaux et des possessions différents.
Par définition, notre physique nous différencie les uns des autres, et donc si j'aime quelqu'un pour tout ce qu'il a de physique, il est impossible qu'il s'agisse d'un véritable amour.

-> Le Baal HaTanya ajoute que c'est la raison pour laquelle Hillel a dit au non-juif que toute la Torah est basée sur "tu aimera ton prochain comme toi-même", même s'il semble qu'elle ne concerne que les mitsvot avec son prochain (ben adam la'havéro) mais pas avec D. (ben adam laMakom).
Pour vraiment aimer quelqu'un, il faut comprendre la grandeur de l'âme, et combien elle est plus significative et spéciale que le corps physique qui nous sépare. Dès que l'on contemple cela, on est automatiquement inspiré à suivre les désirs de l'âme d'accomplir les mitsvot et d'ignorer les tentations du yéter ara de s'adonner au plaisir physique.

-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar 1) écrit :
"Il est impossible d'aimer son ami comme soi-même tant que l'on n'a pas éliminé toutes les traces de matérialité (gachmiout) le concernant et que l'on ne se retrouve pas dans une pureté dépourvue de barrières physiques.
Alors, les parties de l'âme peuvent se réunir pour ne faire qu'un, car dans la spiritualité (rou'hniyout), il n'y a pas de séparation ou de division, contrairement à la matérialité dans laquelle il n'y a pas de véritable unisson puisqu'elle est composée de différents matériaux."

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+ Donner, c'est aimer :

-> Le rav Eliyahou Dessler (Kountres ha'Hessed - ch.4)explique qu'il y a 2 types de personnes dans le monde, celles qui donnent et celles qui prennent. Naturellement, les gens sont des preneurs.
Le mot pour l'amour dans la Torah est ahava, dont la racine (hé et bét - הב) signifie "donner".
Contrairement à ce que les gens pensent, on aime quelqu'un à qui l'on donne, et non pas quelqu'un qui nous donne.
C'est la véritable raison pour laquelle les parents aiment leurs enfants plus que ces derniers ne les aiment. Les parents se donnent corps et âme pour tout donner à leurs enfants, et ces années de don constant génèrent un amour profond pour leurs enfants qui ne pourra jamais être égalé.
Le rav Dessler cite nos Sages : "Si tu veux développer l'amour pour ton ami, implique-toi dans des actions qui lui sont bénéfiques".
Pourquoi est-ce vrai

Le rav Dessler nous donne un aperçu de la psychologie humaine :
"Une personne aime les fruits de ses actions parce qu'elle y sent une partie d'elle-même. Qu'il s'agisse d'un enfant qu'il a mis au monde ou recueilli, d'un animal qu'il a élevé, d'un arbre qu'il a planté, ou même de quelque chose d'inanimé comme une maison qu'il a construite. Dans tous ces cas, il est lié par l'amour à l'œuvre de ses mains, car c'est en elle qu'il se retrouve.
En résumé, ce qu'une personne donne à une autre n'est jamais perdu, il s'agit plutôt d'une extension de son propre être. Il peut voir une partie de lui-même dans son prochain à qui il a donné. C'est à cet attachement entre l'homme et son semblable que l'on donne le nom d'amour".

Il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre comme soi-même. Mais en donnant aux autres, on peut s'élargir et les intégrer comme une partie de soi.

-> Le rav Shimon Shkop (Intro à Chaaré Yosher) écrit :
"À première vue, l'amour de soi et l'amour des autres semblent être deux concepts différents. Mais nous devons aller plus loin et clarifier ce qu'est le véritable moi d'une personne, car c'est à cette aune que nous pouvons mesurer la grandeur de chacun.
Chez une personne humble et peu raffinée, son "moi" se limite à son moi physique et à son corps. Une personne plus élevée se rend compte qu'elle possède à la fois un corps et une âme.
Plus haut encore, une personne intègre dans son "moi" son foyer et sa famille. Une personne vivant selon la Torah inclut dans son "moi" l'ensemble du peuple juif, puisqu'en vérité chaque Juif est un membre du corps appelé le peuple juif.
Le véritable grand homme réalise que le monde entier fait partie de son "moi" et qu'il n'est qu'une petite partie de l'ensemble de la Création. Dans cet esprit, le sentiment d'amour de soi qu'il éprouve l'aidera à aimer chaque juif et le monde entier."

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+ L'amour véritable :

-> C'est la compréhension profonde du mot ahava. Hav (הב) signifie "donner". La lettre alef au début de ahavah signifie "je". L'amour véritable signifie que nous nous donnons entièrement à l'autre personne, que vous donnez et faites tout ce que vous pouvez pour son bien.

-> La même idée est mentionnée par le rav Shimshon Rafael Hirsch ('Horev - chap.9) à propos de l'amour d'Hachem :
"Aimer signifie ressentir son propre être uniquement à travers et dans l'être d'un autre. Aimer Hachem signifie donc sentir que sa propre existence et sa propre activité ne sont rendues possibles et n'acquièrent de valeur et de signification que par Hachem et en Hachem".

-> Lorsque quelqu'un se donne vraiment et de tout cœur à quelqu'un d'autre, cela crée le plus grand lien et la plus grande connexion possibles. En vous donnant, je m'agrandis et je vous incorpore en moi. Notre âme est absorbée et fusionnée avec la mienne. Le sentiment qui en résulte, celui d'une unité totale et d'un ensemble, celui de faire partie de l'autre et de vivre comme s'il s'agissait d'une seule et même personne, est cette émotion mystérieuse et indescriptible que l'on appelle l'amour.
L'amour est peut-être la plus profonde et la plus intense de toutes les émotions. Il est si puissant que "l'amour couvre toutes les offenses" (Michlé 10,12) et que "de nombreuses eaux ne peuvent éteindre l'amour, ni des rivières le laver" (Chir HaChirim 8,7).

-> Le monde occidental présente l'idéal du "coup de foudre".
Le "coup de foudre" est tout au plus un engouement. Il découle généralement de la convoitise, qui, dans en hébreu, est taava.
Le rav Hirsch (sur Béréchit 3,6) explique que la racine de la taava est d'essayer de prendre pour soi tout ce que l'on n'a pas. C'est l'antithèse exacte de la ahavah, où l'on se donne aux autres.

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-> issu du divré Torah : http://todahm.com/2023/08/22/aimer-son-prochain

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+ Le 'hessed dans un couple :

-> Le verset (Michpatim 21,3) écrit qu'à la fin de ses 7 années d'esclavage, l'esclave hébreu (l'éved ivri) est libéré et sa femme l'est également. ["s'il était marié, sa femme sortira avec lui" ]
Cela laisse perplexe, car sa femme n'a jamais été esclave.

Le rav Yonathan Eibshitz (Tiféret Yonathan) donne l'explication suivante :
"La Torah nous enseigne qu'un mari et sa femme sont comme une seule et même personne, et que s'il souffre, elle ressentira également cette douleur. Même si elle n'a pas été vendue et n'a pas servi d'esclave, néanmoins, puisqu'ils sont comme une seule personne, et qu'il souffre d'être esclave, c'est comme si elle était également esclave avec lui.
C'est pourquoi la Torah écrit que sa femme est libérée avec lui, parce qu'elle était aussi esclave"

-> L'expression ultime du 'hessed, qui est le fait de ressentir les sentiments d'une autre personne comme s'il s'agissait des siens, est pleinement possible dans le cadre du mariage. La Torah considère comme acquis qu'une femme est si profondément en contact avec les émotions et les expériences de son mari qu'elle les reflétera exactement et les vivra elle-même.
C'est le modèle que la Torah attend pour toutes les relations ben adam la'havéro (une personne avec son prochain).

-> Un jour, alors que sa femme avait mal à la jambe, le rav Arié Lévine répondit au médecin demandant la raison de leur visite : "Nous avons mal à la jambe".

Prier pour les autres

+ Prier pour les autres :

-> Le 'Hatam Sofer cite la guémara (Béra'hot 12b), qui dit que quelqu'un qui pourrait prier pour les autres [juifs], mais ne le fait pas est considéré comme un fauteur.
Selon le 'Hatam Sofer, la guémara poursuit en disant qu'un talmid 'hacham doit se rendre malade en priant pour les autres. Il explique cette exigence de la manière suivante : Puisque le peuple juif tout entier est comme une seule âme et un seul corps, lorsqu'une personne souffre, l'autre doit également ressentir cette douleur ("se rendre malade").
Puisque les deux personnes souffrent maintenant, il est également capable de prier, car il n'est plus considéré qu'il prie pour quelqu'un d'autre, mais plutôt comme une personne priant avec sa bouche pour qu'il soit guéri de la douleur dans son doigt.
Ceci est vrai pour tout le monde, mais la guémara souligne qu'un talmid 'hakham devrait particulièrement le faire, parce que sa grandeur supplémentaire le rend semblable à la tête du corps, qui est plus importante et plus influente que les autres parties du corps et qui est donc plus apte à prier.

[ex : un conseil est de prendre quelques secondes pour imaginer et ressentir les douleurs du malade, la souffrance de sa famille, ... et alors on pourra prier avec davantage de cœur, et donc avoir une prière qui aura plus d'impact.
Juste quelques secondes où l'autre (pour lequel on prie) devient nous-même! (cela peut être valable également pour les bonnes nouvelles, l'essentiel étant de vivre ce qu'il vit autant que possible, même quelques secondes) ]

-> Cette idée nous conduit à la compréhension la plus simple du Arizal, qui écrit [dans sa courte prière que nous disons] avant de commencer chaque prière, il faut avoir à l'esprit d'accomplir la mitsva de "aimer son prochain comme soi-même". En effet, on ne peut vraiment prier pour un autre juif que lorsqu'on réalise que nous sommes tous une seule entité et que sa douleur est la mienne.
Nos prières sont très souvent à la forme plurielle car elles ont un impact et le pouvoir de sauver notre prochain juif de ses difficultés.
[de même, certains ont l'habitude de donner des pièces à la tsédaka avant de prier. On peut voir cela comme une façon de s'ouvrir concrètement à l'amour d'autrui, à la conscience que nous sommes liés. ]

-> Nombreux sont ceux qui s'inquiètent de ne pas voir leurs prières porter leurs fruits. Il leur semble qu'Hachem ne répond pas aux prières et souvent, par frustration, ils cessent de prier.
Pourtant, la tradition transmise par de nombreux grands tsadikim veut qu'Hachem réponde à chaque prière qu'un juif Lui adresse.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nous ne voyons pas nos prières exaucés, mais nous mentionnerons ici le principe expliqué par le Déguel Ma'hané Efraïm (Ki Tétsé).
Il écrit que parfois, Hachem prend une prière dite par quelqu'un dans une partie du monde et l'utilise pour aider un autre juif ailleurs. Un juif de Paris peut prier pour une aide financière et Hachem répondra à sa prière en permettant à un juif d'Australie d'avoir de l'aide pour avoir une bonne parnassa.

[il est intéressant de noter que tous les juifs sont liés peut importe l'espace (le lieu où ils se trouvent) et le temps, puisque par nos actions nous influençons les juifs décédés, ainsi que ceux à venir.]

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-> issu du dvar Torah : http://todahm.com/2023/08/22/aimer-son-prochain

Couteaux & birkat hamazon

+++ Couteaux & birkat hamazon :

+ "Si Tu construiras là un autel pour Hachem ton D., un autel de pierres; tu ne lèveras pas le fer sur elles" (Ki Tavo 27,5)

-> Il existe une coutume (Choul'han Arou'h 180,5 ; Michna Broura 180,11) : "Nous avons l'habitude de recouvrir les couteaux au moment du birkat hamazon mais nous n'avons pas l'habitude de les recouvrir durant le Shabbat et les jours de fête."

-> La source de cette coutume est rapportée dans le Beit Yossef (rabbi Yossef Karo) qui en donne 2 raisons :
1°/ la premier est rapportée au nom du Rokéa'h qui s'appuie sur un verset au sujet du Mizbea'h : "Tu construiras là-bas un autel pour Hachem ton D., un autel de pierre. Tu ne lèveras pas sur lui le fer." (Ki Tavo 27,5)
Rachi (Yitro 20,22) explique que l'autel fut créé pour prolonger la vie de l'homme alors que le fer le fut pour l'abréger. Il ne convient donc pas à ce qui raccourcit la vie d'être aiguisé sur ce qui la rallonge.
A notre propos, il est rapporté dans la guémara ('Haguiga 27a) : "A l'époque du Temple, l'autel réparait la faute de l'homme. A présent que le Temple est détruit, c'est la table d'une personne qui répare ses fautes".
Ainsi, il ne convient pas de laisser des couteaux sur la table au moment du birkat hamazon.

2°/ La 2e raison est rapportée par Rabbi Sim'ha : "J'ai entendu une autre raison : une fois, une personne faisait les bénédictions du birkat hamazon et lorsqu'il arriva à la bénédiction de la reconstruction de Jérusalem où est mentionnée la destruction du Temple, il saisit le couteau et se tua. Depuis ce tragique incident, nous avons l'habitude de retirer les couteaux au moment de faire le birkat hamazon".

A ce propos, le Beit Yossef écrit : "Ces 2 raisons sont rapportées dans le Or'hot 'Haïm (Hilkot Birkat haMazon 8) et nous avons l'habitude de ne pas recouvrir les couteaux durant les Shabbat et les jours de fête.
Cependant, d'après la raison rapportée par Rabbi Sim'ha, il n'existe aucune différence entre les jours profanes et le jour de Shabbat.

-> Le Maguen Avraham (fin siman 180) écrit que la raison pour laquelle nous ne recouvrons pas les couteaux ces jours-là est que la construction du Temple est interrompue durant ces jours. Par conséquent, même le Mizbeah (Autel) qui est comparable à la table ne peut être construit durant Shabbat. Ainsi, nous n'avons pas besoin de recouvrir les couteaux.

[d'autres commentateurs expliquent que même la nuit, durant la semaine, nous n'avons pas besoin de recouvrir les couteaux car nous ne construisons pas le Temple durant la nuit.]

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-> Rabbi 'Haim Vital ajoute une précision sur cette coutume suivant le sens ésotérique, qu'il rapporte au nom de son Maître le Arizal (chaar roua'h hakadoch 9B) :
"Mon Maître m'a enseigné que tout homme dont la racine de son âme provient de Caïn, devra être très attentif à retirer complètement les couteaux de la table au moment du birkat hamazon car tous les ustensiles qui s'apparentent à une arme sont directement en lien avec Cain, le premier meurtrier de l'humanité. Un tel homme ne devra jamais verser le sang, même le sang de la brit mila. Il devra également être attentif à ne pas tuer ne serait-ce qu'une punaise ou des poux."

Cependant, le Arizal (chaar haguilgoulim hakdama 30) explique qu'aujourd'hui nous ne connaissons plus réellement la provenance de nos âmes car depuis la faute d'Adam le premier homme, les étincelles d'âmes se sont mélangées les unes aux autres.
Par conséquent, nous retirerons les couteaux de la table avant de procéder au birkat hamazon même le Shabat.

-> Le Kaf ha'Haïm (OH 180;15) s'appuie sur les propos du Arizal et explique : "Puisque les âmes se sont mélangées, on devra retirer les couteaux de la table au moment du birkat hamazon même durant les jours de Shabbat et les jours de fête qui sont des jours de repos car l'origine de la néchama (âme) ne change pas le jour de Shabbat ou de yom tov."

=> Pour conclure, d'après la halakha, nous pouvons laisser les couteaux sur la table découverts pendant le birkat hamazon les jours de Chabbat et de fête. Cependant, d'après le sod, nous les couvrirons ces jours-là.

"Est-ce que les intentions de D. te regardent?
Ce qui t'est ordonné (par la Torah), tu te dois de l'accomplir"

[guémara Béra'hot 10a - Paroles de Yéchayahou au roi 'Hizkiyahou]

"Datan et Aviram s'avançaient fièrement à l'entrée de leurs tentes avec leurs femmes, leurs fils et leurs jeunes enfants" (Kora'h 16,27)

-> Rachi de commenter (en rapportant le midrach Tan'houma) :
"Viens voir combien la discorde est dévastatrice, car le tribunal terrestre ne sanctionne qu'à partir de l'âge de 13 ans (après les signes de puberté) et le Tribunal céleste ne sanctionne que ceux qui ont dépassé 20 ans, mais ici périrent même les nourrissons qui tétaient leurs mères"

Si les adultes ont fauté, pourquoi ces bébés innocents ont-ils subi ce châtiment?

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-> "Moché se leva et alla vers Datan et Aviram" (Kora’h 16,25)
La guémara (Sanhédrin 110a) rapporte au nom de Rech Lakich : "Nous apprenons de là qu’on n’entretient pas un conflit". (car Moché a négligé son honneur et il est allé lui-même pour calmer la dissension)
Rav a dit : Quiconque entretient un conflit transgresse une interdiction, ainsi qu’il est dit : "il ne sera pas comme Kora’h et ses partisans" (Kora’h 17,5).
La Michna Broura (156,4) statue que quiconque entretient un conflit transgresse cette interdiction.

-> Le midrach (Bamidbar rabba 18) dit :
Voyez combien la discorde est grave! Celui qui contribue à désunir, le Hachem détruit son souvenir, ainsi qu’il est dit : "Car un feu sortit de Hachem et dévora les 250 cinquante hommes" (Kora’h 16,35).
Rabbi Berakhia a dit : "Combien la discorde est grave! Le tribunal terrestre punit uniquement à partir de
vingt ans, et le tribunal céleste ne punit qu’à partir de treize ans, alors que dans le conflit de Kora’h, des bébés d’un jour ont été brûlés et avalés par l’abîme, ainsi qu’il est dit : "Leurs femmes, leurs fils et leurs petits enfants, ils sont descendus, eux et tout ce qui leur appartenait, vivants dans l’abîme" (Kora’h 16,33).

-> Le ‘Hafets ‘Haïm écrit :
C’est un devoir sacré de ne pas prolonger un conflit, même si l’on a totalement raison. Nous l’apprenons de Moché, ainsi qu’il est écrit : "Il se leva et alla trouver Datan et Aviram".
Cela signifie que Moché n’a pas voulu prolonger le conflit, c’est pourquoi il est allé vers eux pour qu’ils fassent marche arrière. Ceci nous enseigne que ce n’est pas seulement d’entrer en conflit qui est interdit, mais aussi que si quelqu’un a la possibilité d’apaiser un conflit et ne le fait pas, lui aussi en porte la responsabilité et transgresse une interdiction de la Torah.
Comme l’ont dit nos Sages, 4 personnes s’appellent "racha" : celui qui tend la main vers le prochain pour le frapper, celui qui emprunte et ne rembourse pas, l’insolent, et celui qui entretient un conflit, ainsi qu’il est dit : "Ecartez-vous des tentes de ces réchaïm".
Les Sages ont également dit : s’il y a un conflit dans la maison, elle finira par être détruite, s’il y a un conflit dans la synagogue, elle finira par être dispersée, et de plus elle finira par être désertée. S’il y a un conflit dans la ville, le sang sera versé dans la ville.
Deux talmidei ‘hakhamim qui habitent dans une même ville et deux tribunaux rabbiniques entre lesquels il y a une controverse, finiront par disparaître.

-> Les Sages ont également dit qu’un conflit qui n’est pas désintéressé n’a aucun avenir, et cela se trouve en allusion dans le mot ma’hloket (conflit - מחלקת) qui est formé des initiales de : ‘helek met (une partie morte - חלק מת), ce qui signifie qu’aucun des côtés n’en tirera le moindre bénéfice.
Le mot ma’hloket (מחלקת) se tient sur la jambe du kouf, ce qui est une allusion au manque de stabilité des 2 parties qui sont en contestation. Les deux sont appelées à perdre.

-> Kora’h et ses hommes n’ont pas été avalés immédiatement, mais la terre les a attirés de force et les a aspirés en son sein exactement comme un aspirateur (d’après le Alcheikh haKadoch).
Même les biens personnels de Kora’h et ses affaires personnelles qui étaient dispersées dans tout le camp, la terre les attirait, et si ses voisins lui avaient emprunté une aiguille, elle était attirée et avalée par la terre.
Nos Sages ont dit que même le nom de Kora’h qui était écrit dans les papiers des autres a été effacé et a disparu (Yérouchalmi Pérek ‘Helek).
=> Quand la terre a terminé son travail, il ne restait aucun souvenir de Kora’h. Nous apprenons de là le terrible châtiment de ceux qui encouragent les conflits, pour que même Hachem ne souhaite laisser d’eux aucun souvenir en ce monde.
[on voit bien l'application de la notion de : ma’hloket (conflit - מחלקת) => ‘helek met (une partie morte - חלק)]
Nous devons faire tout son possible pour éviter les dissensions, qui sont absolument détestées de Hachem.

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-> Le Méam Loez (Kora'h 16,35) écrit :
La rébellion de Kora'h nous apprend à quel pont il faut éviter la discorde ...
La controverse est si pernicieuse que D. efface le souvenir des hommes qui y ont pris part, comme il est écrit : "Du feu descendit de D. et consuma les 250 hommes qui offraient l'encens" (Kora'h 16,35).
Nos Sages enseignent que le nom Kora'h, où qu'il ait été écrit, et jusque dans de simples carnets, fut effacé et disparut.
Le verset le signale par les mots : "La terre se referma sur eux et ils furent perdus pour la communauté". La fin de la phrase, apparemment superflue, vient nous apprendre que même leurs noms furent effacés.

D'autres commentateurs déduisent de ces termes que les rebelles n'eurent pas de part au monde futur. En d'autres termes, le verset nous révèle qu'ils furent non seulement engloutis par la terre mais perdus pour la communauté possédant une part au monde futur.

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-> "De peur qu'il n'existe en vous de racine qui développerait des fruits empoisonnés et amers" (Ki Tavo 29,17) ;

Le Ramban de commenter : "Les racines du mal implantées chez le père se développent et, dans le futur, feront sortir de mauvais fruits, amers ..., car le père enracine et le fils conserve ces racines et les développe."

-> Rabbi 'Haïm Chmouévitch (Si'ha 86) de développer cela :
Du fait que Datan et Aviram sont des querelleurs, leurs enfants après eux seront également des querelleurs et leur esprit de discorde sera encore supérieur à celui manifesté par leurs pères, car les racines du mal se développent chez les enfants.

C'est pourquoi, ces nourrissons ont également été engloutis : il est préférable qu'ils meurent innocents en bas âge que de mourir coupable à l'âge adulte.
Il est écrit (à propos du fils rebelle) : "Qu'il meure innocent plutôt que coupable" (guémara Sanhédrin 107a).

On peut retenir :
-> "Viens voir combien la discorde est dévastatrice" ;
-> nous transmettons à nos enfants plus qu'un patrimoine génétique, car nos "gènes spirituels" passent aussi à nos enfants.
C'est ainsi, que si l'on veut des enfants tsadikim, il faut commencer par y tendre soi-même.

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-> Rabbi Akiba sur le verset (Kédochim 19,18) dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est un grand principe de la Torah" (Yérouchalmi Nédarim ch. 9 halakhah 4).

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°372) ajoute :
La Torah n’a pas écrit "Tu aimeras ton ami (‘haverekha)", mais "Tu aimeras ton prochain (réakha)", mot qu’on peut interpréter selon la racine "ra" (le mal), c’est-à-dire que même si ton ami est mauvais (ra) avec toi, tu dois l’aimer. Mais le mauvais penchant ne permet pas tout cela et n’amène que la discorde, comme cela s’est produit dans la dissension de Kora’h et de ses partisans contre Moché.

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+ La discorde :

-> "Le Shalom est tellement important que même si un groupe de juifs servent les idoles et que la paix règne parmi eux, le Satan ne peut pas les atteindre, comme il est dit : 'Ephraïm est attaché aux idoles, qu'on le laisse!' (Ochéa 4,17).
Par contre, s'ils sont en discorde, qu'est-il dit à leur sujet? 'Leur cœur est partagé, ils en portent la faute maintenant' (Ochéa 10,2).
Ainsi, le Shalom est grand et la discorde est détestée."
[Yalkout Chimoni - Nasso 611]

-> "La génération du roi David était composée d'hommes justes. Mais, du fait qu'il y avait parmi eux des délateurs, ils sortaient en guerre et tombaient.
[...]
Par contre, les gens de la génération du roi A'hav, plongés dans l'idolâtrie, descendaient en guerre et étaient vainqueurs par le fait qu'il n'y avait pas de délateurs parmi eux"
[guémara Yérouchalmi - Péa 1,1]

-> "Deux personnes se querellaient chaque veille de Shabbath, excitées par le Satan.
Rabbi Méïr s'est invité chez eux 3 veilles de Shabbath consécutives jusqu'à rétablir la paix.
Rabbi Méïr entendit alors le Satan qui disait : 'Malheur à moi, car Méïr m'a chassé de ma maison!' "
[guémara Guittin 52a]

-> "Vous n'allumerez pas de feu dans vos demeures le jour de Shabbath" (Vayakel 35,3)
Le Zohar commente qu'il nous est également interdit d'attiser le feu de la dispute, car le Shabbath est un jour incompatible avec les discordes (on dit pas : Shabbath Shalom, pour rien!).

C'est pourquoi le yétser ara utilise tous les moyens pour troubler notre sérénité la veille et le jour du Sabbath (ex: on relâche la pression/fatigue de la semaine, l'arrivée précipitée du Shabbath, plus de temps pour parler et dire du lachon ara, ...).

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-> b'h, sur la notion de colère & Shabbath : http://todahm.com/2014/02/23/1206-2

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-> "Du fait que le peuple d'Israël a détesté la querelle et aimé le Shalom, ils ont constitué un campement unitaire, c'était le moment propice pour que Je leur donne Ma Torah"
[Talmud Déré'h Erets Zouta - 11]

-> "Lorsque Israël est uni dans la fraternité et l'amitié, alors Hachem est roi sur le peuple d'Israël.
Par contre, au moment où le peuple et ses dirigeants sont divisés, la présence divine se retire et, si l'on peut dire, Hachem n'est plus roi sur son peuple"
[Baalé haTossefot - sur Dévarim 33,5]

-> "Que D. bénisse son peuple dans le Shalom!" (roi David - Téhilim 28,11)

-> "Grand est le Shalom, au point que toute la Torah n'a été donnée que pour qu'il y est le Shalom dans le monde" [Rambam - Hilkhot Méguila 4,14]

-> Le rav Yaakov Greenwald explique qu'il y a 3 types de Shalom : avec soi-même (qui n'est possible qu'à partir du moment où l'on est toujours satisfait de ce que l'on a car provenant de D. ; il faut se focaliser sur ce que l'on a plutôt que sur ce que l'où voudrait avoir ou bien sur ce que l'on aurait pu perdre qui restera toujours minime devant tout ce qui nous reste : la vie!), avec autrui, et avec Hachem.

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+ Lorsque la controverse est utile :

-> "Toute divergence (ou discorde) dont les motifs sont purs (léchem chamayim) finira par se maintenir (la finalité étant constructive, elle aboutira à une clarification de la vérité) ; celle dont les motifs sont impurs ou égoïstes finira par avorter.
Quel est l'exemple de divergence avec motifs purs? C'était celle de Hillel et Chamaï.
Quel est l'exemple de divergence avec motifs impurs? C'était la dispute de Kora'h et de son assemblée."
[Pirké Avot 5,17]

-> L'exemple de Kora'h :
"Moché a voulu discuter avec Kora'h pour l'apaiser, mais Kora'h ne lui répondait pas le moindre mot, car il avait mis son intelligence au service du mal.
Kora'h se dit : 'Si je lui réponds, je sais qu'il est un grand sage et qu'il va me vaincre dans cette discussion et je devrai accepter ses paroles contre mon gré. Il est donc préférable de l'ignorer.' "
[Yalkout Chimoni - Kora'h 750]

Rabbi Yonathan Eybeschutz demande : pourquoi est-il écrit : "C'était la dispute de Kora'h et de son assemblée"? N'était-elle pas entre Moché et Kora'h?
Il répond qu'on apprend de là qu'il n'y avait aucune dispute avec Moché, qui au contraire faisait tout son possible pour apaiser cette querelle.
[Rachi (Kora'h 16,12) citant la guémara (Sanhedrin 110a) : "D'où l’on apprend que l’on ne doit pas s’obstiner dans une querelle, puisque Moché insistait auprès d’eux afin de les calmer par des paroles conciliantes."]
C'était au niveau de Kora'h et de son assemblée que se situait la dispute : chacun combattant pour avoir un maximum de pouvoir et de force.

-> L'exemple d'Hillel et de Chamaï :
"Pourquoi Hillel a-t-il mérité que la loi soit fixée (en général) d'après son opinion?
C'est parce que ses disciples enseignaient les paroles de l'école de (leur maître) Hillel et aussi celle de l'école de Chamaï. Mieux encore, ils citaient les paroles de Bet Chamaï avant les leurs"
[guémara Erouvin 13b]
[Leur controverse ne visait que la gloire du nom de D. et avait lieu uniquement dans la maison d’étude. Et malgré tout, les disciples de Hillel, avec humilité, étudiaient les paroles de la maison de Chamaï et les approfondissaient avant d’analyser celles de leur propre maître.]

Ainsi, le "léchem chamayim" se caractérise par l'écoute des arguments de l'autre et à les accepter s'ils sont convaincants, et ainsi qu'à ne s'opposer à l'autre que parce qu'il pense que sa propre opinion traduit la vérité.

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1142) écrit :
"Hillel et Chamaï n’étaient en conflit qu’entre les murs de la maison d’étude et, même dans l’enceinte de celle-ci, les partisans de l’école de Hillel étudiaient la position de l’école de Chamaï avant de se prononcer et d’exprimer avec respect leur désaccord. C’est la raison pour laquelle leur avis fut retenu en matière de loi.
Dès qu’ils quittaient le beit hamidrach, ils faisaient la paix entre eux. Nos Sages (guémara Yébamot 14b) affirment même qu’en dépit de leur désaccord dans l’étude, les adeptes des deux écoles se mariaient entre eux, ce qui prouve qu’ils s’appréciaient, en vertu du verset : "Mais chérissez la vérité et la paix!"
[Ainsi, cette controverse était, du début jusqu’à la fin, pour l’amour du Ciel, et c’est pourquoi elle a subsisté.]

[Dans les termes de la guémara (Yébamot 14b) : "Même si Beit Hillel et Beit Chamaï s’opposaient au sujet des "tsarot" (co-épouses), cela ne les empêchait pas de se marier entre eux".]

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-> "Celui qui s'oppose à son prochain, non pas avec une intention de le contredire, mais avec la seule volonté de connaître la vérité, ses paroles se maintiendront et ne cesseront pas (d'exister)."
[Ramban - Pirouch haMichnaïot - Pirké Avot 5,17]

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-> "Même un père et son fils, même un maître et son élève, deviennent des 'ennemis' lorsqu'ils discutent de la Torah à la même porte.
Mais ils ne quittent les lieux (où ils étudient) que lorsqu'ils redeviennent des amis."
[guémara Kidouchin 30b]

Rachi commente : "ils deviennent des ennemis", par :
"Du fait qu'ils s'opposent l'un à l'autre et aucun d'entre eux n'accepte (au début de leur discussion) les arguments de l'autre."

Le Méiri d'expliquer : "Leur controverse n'avait pas pour intention de vaincre l'autre (sur le plan des idées), mais les deux avaient pour intention d'aboutir à la vérité."

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-> On peut citer l'exemple de Rabbi Yo'hanan qui regretta fortement la mort de son beau-frère et compagnon d'étude Rech Lakich. Il dit ainsi :
"Lorsque j'avançais une affirmation, Rech Lakich me faisait 24 objections auxquelles je devais fournir 24 réponses et nos échanges étaient fructueux (notre étude était profitable)."
[guémara Baba Métsia 84a]

Une étude est féconde, lorsqu'elle provient d'opinions divergentes et de discussions qui débouchent sur la vérité.
Elle conduit également à lier fortement ses participants (tous unis par la recherche du véritable émet).

-> b"h, Tâchons de veiller à ce que nos discordes soient toujours "pures", dans un but véritable de "léchem chamayim".
C'est alors que chaque personne peut amener sa contribution personnelle, à une démarche collective unique de dévoilement du émet.

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-> "Toute controverse (ma'hloket) menée pour le nom du Ciel (léchem chamayim) se maintiendra et toute controverse non menée pour le nom du Ciel ne se maintiendra pas.
Quelle controverse fut pour le nom du Ciel? C'est celle de Chamai et de Hillel.
Quelle controverse ne fut pas pour la Gloire du Ciel? C'est celle de Kora'h et de son assemblée" (Pirké Avot 5,17)

-> On peut rapporter à ce sujet les enseignements suivants :
1°/ Pourquoi la michna ne dit-elle pas "celle (la controverse) de Kora'h et de Moché", comme elle dit "celle de Chamaï et de Hillel"? Parce ce que Moché agissait au nom du Ciel mais Kora'h et son clan n'agissaient pas au nom du Ciel. [midrach Chmouel]

2°/ L'expression "celle de Kora'h et de son assemblée» nous laisse entendre que des dissensions régnaient entre eux aussi. Chacun poursuivait un autre but et ils n'étaient unis que pour une chose : Se rebeller contre Moché.
Leur dispute n'était donc pas engagée au nom du Ciel. [Maor vaChémech]

3°/ Il est dit "Chamaï et Hillel" et non "Beth Chamai et Beth Hillel" parce que Chamai et Hillel avaient certainement une intention pure. Mais il est possible que des intérêts personnels aient intervenu dans les motivations de leurs disciples (Beth désigne le Rav et ses disciples) car chacun dit : "Mon Maître est plus grand que le tien". Malgré cela, leur dispute est considérée comme étant au nom du Ciel. [Noam Elimélekh]

4°/ Comment savons-nous que la dispute de Kora'h et de son clan n'était pas au nom du Ciel?
Parce que Kora'h contredit son Maître Moché, or quiconque s'oppose à son Rav, c'est comme s'il s'opposait à la Présence divine. Il est donc impossible qu'ils aient agi au nom du Ciel. [Mayana Chel Torah]

5°/ Au lieu de favoriser la proximité avec D., Kora'h et ses acolytes n'ont fait que créer un "éloignement" là noter que le nom "Kora'h" (קרח) et le mot "Ra'hok" (loin - רחק) sont composés des mêmes lettres].
C'est pourquoi, ils ont été punis "mesure pour mesure" : ils ont été éloignés du camp et engloutis par la terre.
En revanche, Moché, antithèse de Kora'h, symbolise le rapprochement et l'union. Ainsi, dans le nom de Moché, apparaît de manière allusive al qualité d'intermédiaire et de médiateur entre la Bonté et la Rigueur.
En effet, Moché (משה) comporte les initiales des mots : "ma'hlokét Chamaï Hillel" (מחלוקת שמאי הלל).
[Sfat Emet]

Or, comme on peut le remarquer dans la guémara, l'école de Chamaï interdit (expression de la Rigueur) alors que l'école d'Hillel permet (l'expression de Bonté), Ainsi, Moché comprend-il en lui les 2 tendances opposées (ma'hlokét) qu'il unifie à leur source. [Ohr haTorah]