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Générer une odeur agréable à Hachem

+ Générer une odeur agréable à Hachem :

"Hachem a senti l'odeur agréable" (Noa'h 8,21)

=> Qu'est-ce qui rendait ce parfum agréable?
Le fait que l'homme possède une mauvaise impulsion (yétser ara), mais qu'il la surmonte et sert D., comme l'indique l'offrande d'animaux de Noa'h, qui exprime l'élévation du côté animal de l'homme au service d'Hachem. C'est pourquoi "D. dit : Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l'homme, car le penchant de l'homme est mauvais dès sa jeunesse".
En effet, D. se réjouit de notre maîtrise du mauvais penchant (yétser ara).

De plus, parce que le peuple juif réprime son mauvais penchant, D. "revêt" Lui-même d'eux, comme il est dit : "Israël en qui Je me glorifierai" (Yéchayahou 49,3) et le Maggid de Mézéritch, a interprété le verbe "je me glorifierai" (étpaar) comme signifiant "Je m'habillerai moi-même", selon les versets suivants "et ils se revêtirent (vayitpérou) des feuilles de figuier pour s'en faire des pagnes" (Béréchit 3,7).
[cette interprétation est possible parce que la lettre muette alef est parfois omise.
L'expression "D. se revêt" du peuple juif signifie qu'Il en est fier, tout comme un roi mortel exhibe ses vêtements royaux exquis en les portant en public. Hachem considère que le peuple juif est beau parce qu'il a vaincu son mauvais penchant. ]

Ainsi, D. se revêt du peuple juif, plutôt que des anges célestes, en raison de l'immense plaisir que lui procure le peuple juif, un plaisir qu'il ne reçoit de personne d'autre, précisément parce qu'il possède un mauvais penchant et qu'il le conquiert malgré tout.
[comme les anges n'ont pas de mauvais penchant, leur service de D. n'est pas aussi louable que celui du peuple juif.]

C'est la signification de l'expression "Hachem a senti le parfum agréable" (Noa'h 8,21) = Il a senti, c'est-à-dire anticipé, le plaisir qu'Il tirerait du service de l'homme.

C'est également le sens profond du verset "Il sentit le parfum de ses vêtements" (Toldot 27,27), qui implique que D. sentit, c'est-à-dire anticipa, que l'humanité agirait comme Ses vêtements dans lesquels Il se vêtit Lui-même. Et parce qu'Il anticipait le plaisir qu'Il tirerait de leur service, Il eut pitié d'eux et jura de ne plus jamais les exterminer.

[ainsi, l'offrande de Noa'h (après être sortie de l'Arche du Déluge), exprimant la volonté et la capacité de l'humanité à soumettre sa nature animale, a incité D. (pour ainsi dire) à avoir pitié de l'humanité, promettant de ne plus jamais l'exterminer en dépit de sa propension à se rebeller contre Lui.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béréchit 8,21]

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=> Notre capacité et notre volonté de maîtriser notre nature animale font tellement plaisir à D. qu'en raison de ce mérite, il a pitié de nous et pardonne nos méfaits.

Noa’h – La faute du vol

+ Noa'h - La faute du vol :

-> "Le monde s'est corrompu devant D., et le monde s'est rempli de vols" (Noa'h 6,11)
Rachi écrit que le mot "corrompu" fait référence à l'idolâtrie et à l'immoralité.
Ainsi, le verset donne 3 raisons qui ont conduit au décret du Déluge (maboul) : le vol, l'idolâtrie et à l'immoralité.
Cependant, lorsque la cause du déluge est répétée plus tard, seul le crime du vol est mentionné (Noa'h 6,13). Rachi cite la guémara (Sanhédrin 108a) qui déclare : "Bien qu'ils aient transgressé toutes les fautes, leur destin n'a été scellé que par le crime du vol".

=> Cette affirmation laisse perplexe. Il est vrai que le vol est une faute, mais sa punition est beaucoup moins sévère que celle de l'idolâtrie ou de l'immoralité. Le vol n'entraîne pas la peine capitale (pour les juifs) et ne fait pas partie des 3 péchés capitaux qu'un juif doit être prêt à sacrifier sa vie plutôt que de les transgresser. Dans ce cas, pourquoi le vol a-t-il été le catalyseur du Déluge, et non l'idolâtrie et l'immoralité?

-> Le Ramban (Noa'h 6,13) répond que tout être humain comprend que le vol est mauvais et doit être interdit. En revanche, les fautes d'idolâtrie et d'immoralité ne sont pas comprises par tous [ex: ça va je ne fais rien de mal, on peut profiter de la vie! ] (du moins sans comprendre la logique de la Torah à leur égard).
Le vol s'était répandu dans la génération précédant le Déluge, il avait "rempli le monde", comme le dit le verset (ibid). Si une justice aussi élémentaire avait été négligée par un si grand nombre de personnes, il était clair que la société dans son ensemble était devenue totalement corrompue. Ce fut le catalyseur du Déluge.

-> Rabbénou Yona (Shaaré Téchouva 3,24) explique différemment le catalyseur du vol.
Il écrit que le vol génère un tollé (dans le monde spirituel) qui provoque un châtiment rapide, encore plus rapide que celui de l'idolâtrie et de l'immoralité.
Le vol a toujours une victime, et ce qu'Hachem déclare à propos des veuves et des orphelins lésés s'applique à tous les cas de victimisation : "Lorsqu'ils crieront vers moi, j'entendrai (et je punirai leurs oppresseurs)" (Michpatim 22,22). [face à la douleur de la personne volée, Hachem lui répond forcément. ]

-> Les A'haronim expliquent cette idée comme suit : Le tribunal Céleste fonctionne de la même manière que les tribunaux du monde. La victime d'un vol porte plainte auprès de la police et porte son affaire devant le tribunal.
Dans le tribunal Céleste également, le vol éveille les anges Accusateurs, ce qui entraîne une punition beaucoup plus rapide.
Les crimes d'idolâtrie et d'immoralité peuvent être pires, mais parce qu'ils n'éveillent pas les anges Accusateurs de la même manière que le vol, la punition n'arrive pas aussi rapidement. C'est pourquoi le vol a scellé le destin de la génération du Déluge.

-> Le rav Guédalia Schorr (sur la base du Réchit 'Hokhma 2) note que le vol est techniquement à la racine de toute faute. Hachem a créé l'homme pour qu'il accomplisse Sa volonté, et Il l'a doté de dons (tels que le corps, l'esprit, les talents et les ressources) à cette fin.
Si tel est le cas, utiliser les capacités données par D. pour commettre une faute constitue un vol. En effet, ce concept est explicitement énoncé par nos Sages (guémara Béra'hot 35b : "Celui qui tire profit de ce monde sans faire de bénédiction au préalable vole Hachem et l'assemblée d'Israël".
Si le fait d'oublier de faire une bénédiction est considéré comme un vol, alors utiliser activement les dons d'Hachem pour défier Sa volonté est assurément un vol.
Ainsi, lorsque le verset désigne le vol comme la cause du Déluge, il fait également allusion à toutes les fautes.

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-> Nos Sages (guémara Nida 16b) enseignent qu'avant qu'un fœtus ne soit conçu, un ange déclare quel type de personne se développera à partir de lui, quelle sera sa force, sa sagesse ou sa richesse. Chaque personne est dotée d'un ensemble unique de capacités. Certains sont plus brillants, tandis que d'autres sont plus riches.
Nos Sages (Nida 30b) affirment également qu'avant de naître, une personne doit faire le serment "d'être un tsaddik et non un rasha".
Le rav Eliyahou Dessler explique que ce serment exige de chaque personne qu'elle mette ses capacités uniques au service d'Hachem. Être un tsaddik signifie utiliser les capacités que D. nous a données avec droiture. Il ne doit pas les canaliser vers des objectifs égoïstes, et il ne doit certainement pas les gaspiller ou les ignorer.
Ainsi, une personne dotée d'une grande intelligence doit l'utiliser pour rechercher la grandeur dans la Torah. Une personne riche doit utiliser sa richesse pour aider les autres.

C'est cette qualité qui a rendu Noa'h digne de survivre au Déluge (maboul). La Torah le qualifie de tsadik. Il a utilisé les capacités qu'Hachem lui a données uniquement pour Le servir avec droiture.
Il s'agit là d'une leçon importante. Il existe de nombreuses personnes talentueuses qui se considèrent comme des juifs honnêtes. Ils accomplissent correctement les mitsvot.
Pourtant, utilisent-ils vraiment toutes les capacités qu'Hachem leur a données pour Le servir? Si une personne brillante consacre un certain temps à l'étude de la Torah mais consacre la majeure partie de son intelligence et de sa créativité à son gagne-pain ou à la recherche du plaisir, il se peut qu'elle viole le serment qu'elle a fait à sa naissance. Elle est peut-être coupable de vol. [utiliser au mieux les capacités que Hachem m'a donné.]

L'inverse est également vrai. De nombreuses personnes en concluent qu'elles n'ont pas de capacités exceptionnelles et qu'elles sont donc dispensées de s'efforcer d'accomplir quoi que ce soit au service d'Hachem. Ce problème est particulièrement fréquent en ce qui concerne l'étude de la Torah. Combien d'étudiants en Torah se sentent justifiés d'abandonner leur étude parce qu'ils ne sont pas "faits" pour cela?
Ces personnes devraient se rendre compte que le serment qu'elles ont prêté à la naissance inclut toutes les capacités qui leur ont été données, même si elles semblent être petites. Hachem leur a donné ces "petites" capacités pour les utiliser à Son service, et on attend d'eux qu'ils fassent l'effort de les développer autant que possible.
S'ils s'appliquent (et consultent un rav compétent pour obtenir des conseils sur la manière de procéder), Hachem les aidera certainement à atteindre leur potentiel.
[ce qui compte est le ration : qu'est-ce que j'ai fait/qu'est-ce que je pourrais faire]

-> Lorsque les yéchivot européennes ont commencé à se réinstaller en terre d'Israël, rabbi Shlomo Lorincz a approché le 'Hazon Ich. En Europe, dit-il, il y avait plusieurs écoles de pensée concernant ce qu'une yeshiva devait offrir. En Hongrie, les yéchivot permettent aux prodiges de devenir de grands rabbanim. Elles permettent également aux ba'hourim moins doués de se familiariser avec les halakhot dont ils auront besoin dans la vie et d'atteindre un niveau d'apprentissage de base. Ainsi, ils continuaient à étudier par eux-mêmes, même après avoir gagné leur vie.
En Lituanie, cependant, les yéchivot avaient pour objectif de faire ressortir la grandeur de la Torah.

"Peut-être serait-il idéal d'avoir les deux types de yéchivot en terre d'Israeë, suggéra-t-il, et nous pourrions diriger les ba'hourim les plus talentueux vers les yéchivot lituaniennes, et les ba'hourim moins talentueux vers les yéchivot hongroises?"
Le 'Hazon Ich s'oppose catégoriquement à cette idée. "Nous devons donner à chaque ba'hour la possibilité de devenir un gadol", a-t-il déclaré. "Nous n'avons pas le droit de les priver de cette chance. Même si un ba'hour semble faible dans ses capacités, il n'y a pratiquement aucune limite à la grandeur qu'il peut atteindre s'il s'applique vraiment."

Noa’h – Le secret de la fondation du monde

+ Noa'h - Le secret de la fondation du monde :

-> Le midrach (Shocher Tov 37) rapporte un curieux échange entre Avraham et Chem, le fils de Noa'h.
Avraham demanda : "Comment as-tu pu quitter l'arche [après le Déluge] ?
Chem répondit : "C'était grâce au mérite de la tsédaka que nous avons faite à l'intérieur".
"Quelle tsédaka était nécessaire ? demanda Avraham. "Il n'y avait pas de pauvres dans l'arche, seulement Noa'h et sa famille. Pour qui avez-vous fait la tsédaka?"
Chem lui répondit : "Nous avons fait du 'hessed (bonté) pour les animaux et les oiseaux. Nous n'avons pas dormi. Au contraire, nous sommes allés d'un animal à l'autre pendant toute la nuit, en mettant de la nourriture devant chacun d'eux."

En se basant sur la réponse de Chem, il semblerait qu'Avraham demandait comment Chem avait pu survivre au Déluge. Chem répondit que le mérite d'avoir fait du 'hessed avec les animaux pendant le Déluge fut ce qui sauva Noa'h et sa famille.

La Torah déclare d'emblée que Noa'h était un tsadik parfait.
Dans ce cas, pourquoi a-t-il eu besoin de mérites particuliers pour survivre au Déluge (maboul)?
Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'Avraham posait en réalité une question tout à fait différente. Il voulait savoir comment il était possible de quitter l'Arche et de reconstruire le monde.
Le monde avait été détruit à cause de la faute. Dans ce cas, quel mérite existait-il pour permettre de le reconstruire?

Chem répondit qu'Hachem les avait placés dans une situation qui exigeait du 'hessed ininterrompu pendant une année entière. Cette situation a été créée pour que leurs actes surhumains de 'hessed puissent restaurer le droit du monde à exister.
En effet, Hachem aurait certainement pu sauver Noa'h d'une autre manière. Certains disent que la terre d'Israël n'a pas été affectée par le Déluge (midrach Béréchit rabba 33,6) ; Hachem aurait pu y envoyer Noa'h et sa famille. Cependant, cela n'aurait pas engendré le 'hessed nécessaire à la reconstruction du monde.

Le rav Friedlander souligne que la réponse de Chem est reflétée dans Téhilim (89,3) : "Olam 'hessed yibané" (le monde est construit par le 'hessed). Si l'on comprend ce verset, une société qui fonctionne bien a besoin de gens qui se soucient les uns des autres et qui s'entraident.
Cependant, le rav Friedlander met en évidence le sens profond du verset : Le 'hessed est le mérite qui donne au monde le droit d'exister.

-> Dans les Pirké Avot (1-2), les Sages déclarent : "Le monde repose sur 3 choses : la Torah, la avoda (le service d'Hachem par la prière) et la guémilout 'hassadim (faire des actes de bonté)."
Or, dans la génération de Noa'h, la Torah et la avoda étaient absentes. À cette époque, le 'hessed était certainement le pilier sur lequel reposait le monde entier.

-> Le midrach (Béréchit rabba 33,3) cite Hachem qui dit : "Si le peuple juif, qui dépend du 'hessed, s'engage dans le 'hessed les uns avec les autres, alors Moi, qui suis pur 'hessed, je dois certainement faire du 'hessed pour eux".
Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) explique ce midrach. Lorsque nous faisons du 'hessed, cela permet aux 'hassadim (bontés) d'Hachem d'être introduits dans le monde.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que cela est particulièrement vrai à une époque comme aujourd'hui, où une midat hadin intense (Attribut de rigueur) est présent et où notre nation a désespérément besoin de salut (à la fois sur le plan individuel et sur le plan national). Aujourd'hui, le 'hessed est certainement la clé pour mériter la miséricorde d'Hachem.
Cette idée fait écho à la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10) : "Si vous voyez que le mérite des Patriarches a disparu et que celui des Matriarches s'est effrité, allez vous accrocher au 'hessed."

-> Le Chlah haKadoch [à la fin de son commentaire sur masse'hét Pessa'him] écrit que le 'hessed est extrêmement vital. Sur la base du verset (Téhilim 52,3), "Le 'hessed d'Hachem dure toute la journée", il affirme que l'on ne devrait pas laisser passer un seul jour sans trouver un moyen de s'engager dans du 'hessed.

-> Le rav Avraham Pam encourageait ses élèves à rechercher des occasions de faire du 'hessed.
Et même lorsqu'il semble qu'aucun 'hessed n'est nécessaire, un mot gentil ou un simple "bonjour!" peut réjouir une personne (ex: si on me salue c'est que je compte aux d'autrui, donc c'est que je suis quelqu'un de bien!), et même lui donner le moral pour toute la journée.
Le rav Pam disait : "De petites actions comme celles-ci sont en fait de grandes opportunités de 'hessed".
Pam.

Le Maharcha affirme également que la génération du Déluge (dor hamaboul) a été détruite par l'eau parce que ce n'est que grâce à la hachga'hat pratit [providence Divine] que la terre sèche peut exister.
Sans l'ordre d'Hachem de rassembler les eaux et d'exposer la terre (voir Béréchit 1,9) et son implication constante pour maintenir cette séparation, le monde serait naturellement inondé par l'eau des océans.

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-> Le Maharcha ('Houlin 139b) y commente également que la faute de la génération du déluge est qu'elle a nié la hachga'hat pratit, l'implication, la direction et le contrôle d'Hachem sur ce qui se passe dans le monde.
En revanche, en contribuant à la réalisation des plaies en Égypte et à la division de la mer, Moché Rabbénou a montré au monde qu'Hachem contrôle tout ce qui se passe ; il a démontré que "en od milévado", il n'y a personne d'autre que Lui qui contrôle la situation.
Puisque c'est Moché qui a corrigé la fausse perspective de la génération du Déluge plus tard dans l'histoire, la guémara ('Houlin 139b) note que son nom est mentionné dans la Torah dans ce contexte : "Où se trouve [une allusion] à Moché dans la Torah? [dans le verset : ] "lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à 120 ans" (Béréchit 6,3) [ce verset rapporté par la Torah ne mentionne pas le nom de Moché, mais est un verset faisant référence à la durée de vie des hommes après le Déluge, qui sera alors limitée à 120 ans]."

La paracha de Noa'h est lue habituellement au début du mois de ‘Hechvan, mois où commença le Déluge (voir Rachi sur Noa'h 7,11).
Le mois de ‘Hechvan présente la particularité de ne comporter aucune solennité, laissant ainsi apparaitre un certain de vide de lumière en comparaison avec le mois de Tichri qui le précède, un mois "rassasié de fêtes joyeuses".
Le "Déluge" allégorique (les préoccupations de la vie quotidienne) commence donc lui aussi en ‘Hechvan. Au cours du mois de Tichri, nous passons la plupart de notre temps dans «l’arche» des fêtes solennelles (Roch HaChana et Yom Kippour) et des fêtes joyeuses (Souccot et Sim’hat Thora). C’est seulement le mois suivant, ‘Hechvan, que nous retournons à la vie ordinaire.
Bien que cette transition apparaisse comme une régression spirituelle, la vie ordinaire que nous reprenons en 'Hechvan comporte en fait un avantage en ce que nous répandons toutes les lumières de Tichri dans les différentes composantes du monde profane, bâtissant ainsi une Demeure au divin.
C’est ainsi que nous pouvons comprendre l’enseignement du midrache (Yalkout Chimoni Méla'him 184) selon lequel, le 3e Temple (la résidence de D. sur terre) sera inauguré au mois de 'Hechvan.

[issu d'un dvar Torah du Collel de Sarcelles (Noa'h 5783)]

"Haran, père de Milka et père de Yiska" (Noa'h 11,29)

Rachi explique que Yiska, c'est un autre nom que portait Sarah. En effet, Yiska signifie "voir", on l'appelait ainsi, car elle avait un regard inspiré par l'esprit prophétique. La seule fois que la Torah appelle Sarah par ce nom de Yiska c'est dans ce verset. C'est que c'était par ce nom qu'on l'appelait dans sa maison paternelle, avant de partir pour Canaan.
Ainsi pourquoi la Torah a-t-elle autant tenu à mentionner ce nom?

-> Le rav Zeidel Epstein explique que la Torah veut nous montrer une différence notoire entre la vision de la Torah et la vision profane, celle des autres nations. Dans la maison de son père, Sarah était appelée Yiska, celle qui a un regard prophétique et inspiré. Car c'est cela qui les a impressionné. Un non-Juif est souvent impressionné par les forces surnaturelles qu'un homme peut avoir. S'il connaît le futur ou réalise des miracles, les gens le considéreront d'emblée comme un être supérieur, impressionnant, qu'il convient d'aduler.
Mais en réalité, cela n'impressionne absolument pas la Torah, qui préfère appeler notre matriarche par le nom de Sarah, "celle qui règne", qui domine son penchant, qui maîtrise ses envies, et sait être reine sur elle-même. La seule chose qui compte pour la Torah, c'est combien un homme est maître de lui-même pour diriger sa vie en conformité avec la Volonté Divine, même s'il doit pour cela maîtriser son coeur et aller à l'encontre de ses tendances naturelles.
En revanche, le fait qu'une personne ait des dons particuliers, hors du commun et surnaturels, cela n'a pas en soi de la valeur d'après la Torah, qui a un regard profond et authentique sur les choses. Seules les personnes plutôt superficielles en sont subjuguées.

"Noa'h était un homme Juste intègre dans ses générations" (Noa'h 6,9)

Rachi rapporte 2 explications. La première fait l'éloge de Noa'h qui a su rester Juste (tsadik) parmi des hommes
impies (réchaïm). Encore plus aurait-il été grand parmi des hommes Justes. La seconde explication dit au contraire que toute sa grandeur n'est que relative à sa génération qui étaie impie. Mais, s'il avait vécu dans la génération d'Avraham, il n'aurait eu aucune valeur.
=> Comment comprendre que le même verset appelle des commentaires aussi opposés? Et surtout, puisqu'il est possible de voir les choses positivement, pourquoi chercher à interpréter négativement?

-> Le rav Its'hak Blazer explique qu'en réalité les 2 explications se complètent et n'en forment qu'une seule. En effet, Hachem ne considère pas la valeur des bonnes actions en fonction de leur quantité, mais en fonction des efforts et de la difficulté pour les réaliser.
Ainsi, un homme qui accomplit peu de mitsvot mais en surmontant de grandes difficultés, pourra surpasser un autre qui en accomplit énormément, mais sans difficultés. Certes, dans l'absolu, Noa'h n'était pas si grand que cela et effectivement, il faisait bien moins de bonnes actions qu'Avraham. Il était insignifiant devant lui.
Comme il était freiné par une génération de fauteurs, aussi il est clair que s'il avait vécu parmi des hommes Justes, qui l'auraient encouragé, il aurait été encore plus grand et aurait accompli bien plus de bonnes actions. Mais à présent, où il ne vivait pas dans la génération d'Avraham, mais avec des impies, dans ces conditions, sa grandeur fut extraordinaire, et même par comparaison à Avraham. En effet, le fait que Noa'h fut entouré d'impies, il lui fut donc extrêmement difficile de ne pas se laisser influencer, au point que même le niveau limité qu'il a atteint avait une valeur extraordinaire. Car il a dû lutter et résister à sa génération pour rester Juste.
Et cela a une valeur inimaginable, même par comparaison avec Avraham. Mais s'il avait vécu avec Avraham qui l'aurait encouragé et aurait eu une grande influence sur lui, alors cela aurait rendu son travail bien plus facile et alors sa grandeur aurait était insignifiante.

Le niveau spirituel de notre génération est certes insignifiant par rapport aux premières générations. Malgré tout, nous ne devons pas nous en attrister, car le petit niveau que nous atteignons est obtenu par des efforts, du fait de l'environnement profane, empli de tentations et d'obscurité. Aussi, nos petites mitsvot et nos faibles mérites sont considérés par Hachem comme grandioses.
Comme le disait le Arizal, une toute petite Mitsva que nous accomplissons dans de telles générations d'obscurité, valent largement de très grandes mitsvot réalisées par les Justes des anciennes générations, quand la lumière spirituelle était bien plus claire et que le Service d'Hachem était plus simple.

-> b'h, voir à ce sujet : L'incroyable grandeur de chaque juif à notre génération : https://todahm.com/2022/02/08/la-grandeur-de-chaque-juif-a-notre-generation

"Leur face était retournée et la nudité de leur père, ils n'ont pas vu" (Noa'h 9,23)

=> Apparemment, il semble y avoir là une certaine redondance. Quand la Torah dit que Chem et Yafet s'approchèrent de leur père en tournant leur face, cela implique donc déjà qu'ils ne virent pas sa nudité!

-> Le rabbi de Loubavitch explique qu'en fait, la Torah ne vient pas seulement dire qu'ils n'ont pas vu la nudité de Noa'h, physiquement parlant. Car cela est effectivement suggéré par le fait qu'ils tournèrent leur visage. Mais la Torah vient ajouter par là que même dans leur coeur et en leur for intérieur, ils n'ont pas vu sa nudité.
Cela signifie qu'ils n'ont eu aucun jugement négatif ni aucune pensée de mépris ou de manque de respect vis-à-vis de leur père qui s'était dénudé. A l'intérieur de leur coeur non plus ils n'ont pas vu sa nudité. Et c'est pourquoi, ils étaient à même de corriger la situation et couvrir leur père, rétablissant de cette façon son honneur.

Parfois, il peut arriver que se présente à nous une situation où un juif commet une certaine faute. Et là, il peut nous arriver d'en ressentir une certaine colère ou encore un certain mépris en son encontre. En tout cas, on ne peut souvent s'empêcher de concevoir un quelconque jugement négatif. Et, rempli de cette émotion, on tente de rétablir la situation en réprimandant la personne en question ou encore en réagissant pour l'empêcher de continuer. On a alors le sentiment d'avoir fait son devoir.
La Torah nous apprend ici que lorsque l'on doit corriger quelqu'un, il ne faut pas "voir" sa faute. On doit avoir des sentiments d'amour et de peine pour ce juif qui est dans la faute et ressentir le besoin de l'écarter de ce mauvais comportement qui lui est néfaste, en vue de lui faire du bien.
L'essentiel de la démarche doit être de l'aider à réparer, et non pas de le juger d'une quelconque façon que ce soit. C'est uniquement de cette façon que notre acte sera réellement valable et efficace.
Nos Sages nous apprennent que si on a un certain jugement négatif face à un juif qui commet une faute, cela indique que dans le fond, on a soi-même quelque part cette même faille. Hachem nous présente donc cette scène pour que l'on identifie cette faiblesse qui est en nous et que l'on tente de la corriger, plus que pour corriger son prochain.
Mais si on ne voit pas l'homme qui transgresse avec un regard négatif, mais que l'on ne voit que son bien et son intérêt, mû uniquement par le désir de l'aider à rectifier et s'améliorer, alors cela indique qu'effectivement, Hachem nous présente cette situation pour aider ce juif à réparer et à corriger.

L’importance de sanctifier le début d’une chose

+ "Tout va d'après le commencement" = l'importance de sanctifier le début d'une chose :

"Noa'h, homme de la terre, commença par planter une vigne" (Noa'h 9,20)

-> Le Sforno commente :
"Il commença par une action inconvenable, et c'est pour cela qu'il en découla des actes répréhensibles. Car une petite déviation au début en entraîne une grande à la fin, comme cela se produit dans les sciences lorsqu'elles partent d'une erreur au commencement."

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+ "Et Caïn travaillait la terre. Ce fut au terme des jours, Caïn apporta du produit de la terre en offrande à Hachem. Et Evel, lui aussi, apporta les premiers-nés de son menu bétail et de leurs graisses. Hachem se montra favorable à Evel et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande, Il ne fut pas favorable.
Caïn en fut très affligé et son visage fut abattu. Hachem lui dit : "Pourquoi es-tu affligé et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu t'améliores, tu pourras te relever, sinon, le péché est tapi à ta porte ; il aspire à t'atteindre, mais toi, sache le dominer!"" (Béréchit 4,2-7)

-> Le Divré Chmouël enseigne :
Nos tsadikim expliquent allusivement le verset : "Sanctifie-Moi tout premier-né" (Bo 13,2), en disant que l'essentiel du travail de l'homme consiste à sanctifier les "prémices" [c'est en cela que réside d'ailleurs, tout le thème du premier-né qui constitue les prémices de toutes les naissances].
Et cela inclut également les prémices de la journée, car selon la manière dont celle-ci débute, elle se poursuivra. C'est pour cette raison que nos Sages ont institué de réciter la louange "Modé Ani", dès le moment où l'on se réveille, avant même de poser le pied par terre, afin que la première occupation de l'homme au début de la journée, soit la sainteté.
[autre exemple : en ce sens, certains sages actuels disent qu'une ségoula pour avoir une bonne journée est de ne pas regarder son téléphone avant notre prière du matin à Hachem (même si naturellement nous avons très envie de le faire). (grâce à cela nous ancrons pour le restant de la journée que l'essentiel de notre vie est de servir Hachem (et pas les pulsions de notre égo (c'est bon Hachem, moi je gère tout seul ma vie!), la curiosité de voir les derniers messages, dernières nouvelles, ... ]
C'est pour cela qu'il est écrit : "Le péché est tapi à ta porte", car ce que le yétser ara recherche est "la porte", à savoir faire trébucher l'homme au seuil de sa journée, de même qu’au début de toute chose sainte, car grâce à cela, il a son emprise sur tout le reste de la journée.
C'est donc précisément à ce niveau que : "toi, sache le dominer!", car si tu t'efforces de bien commencer, tu seras en mesure de dominer ton yétser ara.

C'est en cela que se distinguent Caïn et Evel :
- Evel apporta en offrande les prémices, ce qui suggère qu'il consacrait le début de sa journée et partant, la suite de sa journée, au service d'Hachem. Dès lors, sa prière était intègre, pure et la meilleure qui soit, et c'est pourquoi : "Hachem se montra favorable à Evel et à son offrande", et accepta son sacrifice.
- En revanche, Caïn travaillait la terre : sa première préoccupation de la journée était le travail de la terre, et seulement au terme des jours, à savoir à la fin de ses journées, il allait prier. Cependant, comme sa journée commençait par le produit de la terre, sa prière également était mêlée du "produit de la terre", et c'est pour cela qu'Hachem ne fut pas favorable à son offrande.

Le Divré Chmouël conclut :
"Il en est ainsi dans toutes les générations : il existe 2 perspectives de l'existence, celle de Caïn et celle de Evel. Si l'homme consacre les "prémices" de sa journée, c'est-à-dire le début du jour, aux choses matérielles, il en sera de même pour tout le reste de sa journée. Et même lorsqu'il ira ensuite prier, sa prière sera empreinte du "produit de la terre", et troublée par des pensées matérielles, comme l'expérience le prouve.
Mais, lorsqu'il réserve le meilleur et le début de sa journée au service d'Hachem, par l'étude de la Torah et par la prière
(chacun suivant ses possibilités), même lorsqu'il ira ensuite vaquer à ses affaires avec intégrité, il ne s'y plongera pas corps et âme, et elles seront aussi considérées comme de la Torah."

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+ "Chem et Yéfét prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné" (Noa'h 9,23)

-> Rachi commente : "Chem a accomplit la mitswa avec plus d’empressement que Yéfét. C’est pourquoi ses descendants mériteront un jour de porter [comme "couverture"] le talith avec ses tsitsit. Quant à ceux de Yéfét, ils mériteront de recevoir une sépulture digne."

-> Le rav Yéhochoua Alt commente :
Chem a donc reçu cela [la mitsva des tsitsit] parce que c’est l’une des 1ères mitsvot avec laquelle un père éduque son enfant. De plus, c’est aussi l’une des 1ères mitsvot faites le matin.
Cela contraste avec Yéfét, qui a attendu, recevant ainsi la mitsva de l’enterrement, la dernière mitsva.
Nous voyons à partir de là combien il est important de mettre l’accent sur le début d’une chose, que ce soit le début de la journée, le Séder, la téfila ou tout autre commencement.
De même, la 1ère bénédiction de la Amida exige la kavana.

"Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération" (Noa'h 6,9)

-> Le Ben Ich 'Haï a expliqué ce verset d’après le verset : "comme l’eau reflète le visage, ainsi le cœur de l’homme répond à l’homme" (Michlei 27,19).
De la même façon que l’homme se conduit envers le prochain, le prochain se conduit envers lui.
L’exemple de ce phénomène est l’eau. L’image de l’homme se reflète dans l’eau sans altération, avec une exactitude parfaite, ainsi exactement la conduite de l’homme se reflète dans le rapport de la société et de l’entourage envers lui.

C’est ce que dit le verset ici : "Voici les engendrements de Noa'h", la Torah nous dit en allusion que si l'homme est agréable (mot se disant en hébreu : noa’h) envers les autres, agréable (noa’h) dans ses attitudes et ses bonnes actions, dans son langage et sa conduite, les engendrements de ses actions seront également agréables (noa’h), l’entourage et la société seront également agréables envers lui.

Le Ben Ich 'Haï écrit que le mot noa'h (נח), est fait des mêmes lettres que 'hen (charme - חן), pour nous dire en allusion que de cette façon on plaira à tous ceux qui vous voient.