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"Yaakov appela ses fils et leur dit : rassemblez-vous et je vous dévoilerai ce qui vous arrivera dans les temps futurs" (Vayé'hi 49,1)

-> La guémara (Pessa'him 56a) commente ainsi ce verset : "Yaakov voulut dévoiler la fin des temps à ses fils, mais la Présence Divine se retira de lui à ce moment."

-> Le Sfat Emet (Vayé'hi 5631) explique que Yaakov désira dévoiler à sa descendance que Hachem est présent même dans l'exil et que tout ce qui advient dans le monde est toujours dirigé par Lui, à la seule différence que Sa conduite est dissimulée.
Néanmoins, si l'on parvenait à ce niveau de compréhension, le décret de l'exil serait de fait annulé, car lorsque l'on voit Hachem à chaque étape de l'existence, l'exil n'existe plus.
Lorsque l'on prend conscience que tout n'est qu'un voile, la lumière Divine se révèle alors et la rigueur disparaît brusquement.

Pour cette raison, la Présence Divine se retira de Yaakov à cet instant, car Hachem désirait que les juifs traversent cet exil.
Néanmoins, le Zohar (part.1, 234b) témoigne que Yaakov dévoila bien ce qu'il désirait dévoiler mais de manière dissimulée.
D'après le Sfat Emet, la signification du Zohar est la suivante : il n'existe dans le monde aucune autre force que celle d'Hachem, mais celle-ci est dissimulée.
Cependant, grâce à la émouna, on peut percevoir la vérité quand bien même on ne peut la distinguer avec les yeux.
Lorsque les juifs se renforcent dans la croyance que rien n'arrive sans que cela n'émane d'une décision Divine, la "fin des temps", ce but ultime, se révèle et l'exil disparaît.

Il en est ainsi dans tous les domaines.
Un juif doit savoir que son sort est uniquement entre les mains d'Hachem et non dans celles des hommes, comme l'exprime le verset : "Ne craignez rien ... vous avez pensé de moi en mal et D. a pensé en bien" (Vayé'hi 50,19-20).

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Sachons une chose : accepter la conduite du Créateur avec amour et innocence constitue, en soi, une raison d’adoucir la rigueur Divine et de la transformer en bien.
On en trouve un exemple à propos du verset : "Yaakov fit venir ses fils et dit : "Rassemblez-vous et je vous révèlerai ce qui vous arrivera dans la suite des jours"." (Vayé'hi 49,1).

-> Le Toldot Yaakov Yossef (Parag.3) rapporte le verset du début de la paracha Vayé'hi : "Yaakov vécut dans le pays d’Egypte 17 ans", et fait remarquer que, comme on le sait, le nom "Yaakov" suggère la situation d’infériorité du patriarche (contrairement au nom "Israël"). En outre, la terre d’Egypte, elle aussi, évoque l’étroitesse (Mitsraïm, l’Egypte, est de la même racine que le mot "Metser", étroit).
Dès lors, cette double allusion à une descente spirituelle suscite une question : est-ce bien sur ces années que Yaakov passa en Egypte, qu’il convient d’écrire tout particulièrement que "Yaakov vécut"?

La réponse à cette question, écrit le Toldot Yaakov Yossef, est donnée par la suite elle-même du verset : "17 ans", 17 étant la valeur numérique du mot טוב (bien - tov) : puisque Yaakov accepta comme un bien et avec amour la manière dont Hachem le conduisit, fût-il sous son aspect de "Yaakov" (marquant la petitesse) et dans l’environnement étroit de l’Egypte, tout se transforma véritablement pour lui en bien.

"Naftali est une biche qui s’élance, il apport d’heureuses nouvelles" (Vayé'hi 49,21)

-> Le rabbi Chmouël Chamaï explique ce verset d'une manière allusive :
"Naftali" (נַפְתָּלִי) est formé des mêmes lettres que téfilin (תפילין).
Et "ayala" (une biche - אַיָּלָה) est formé des lettres de Eliya (אליה). [Elya est un diminutif de Eliyahou]
Cela nous enseigne que celui qui observe la mitsva des téfilin en accord avec la halakha, mérite de voir le visage du prophète Eliyahou.
Non seulement cela, mais il mérite également la fin du verset : "il apporte d’heureuses nouvelles", tout le monde a du plaisir à écouter ses paroles et elles sont acceptées, ainsi qu’il est dit : "le tsadik décrète et Hachem accomplit".

"Yissa'har est un âne osseux" (Vayé'hi 49,14)

-> On peut expliquer ce verset de la façon allusive suivante :
Quand un homme accomplit une mitsva, Hachem lui donne une récompense. Cette récompense vient essentiellement du fait des efforts qu'il a dû investir pour accomplir cette mitsva.
En effet, l'homme a un corps physique et matériel, qui est pesant et rend difficile l'accomplissement des mitsvot. Pour les réaliser, il faut se renforcer sur son corps.

Ce verset : Yissa'har est un âne osseux", qui se dit "Yissa'har 'hamor garèm" ( יששכר חמור גרם), peut aussi se traduire par "Il y a une récompense (yéch sa'har - יש שכר) la matière ('homer - חומר) entraîne (gorèm - גורם )", c'est-à-dire que s'il y a une récompense pour les mitsvot, c'est essentiellement en raison de la matière de l'homme qu'est entraînée cette récompense.
En effet, pour réaliser les mitsvot, il faut se battre contre cette aspect de matérialité et dépasser la lourdeur, la pesanteur et les envies du corps.
[Kédouchat Lévi]

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-> Le Noam Elimelé'h fait une commentaire similaire sur notre verset :
on peut apprendre d’ici que si toutes les épreuves apparaissent à l’homme comme des ténèbres épais, elles contiennent en réalité une grande lumière. Dès lors, on ne devra pas se plaindre du yétser ara qui cherche toutes les occasions de nous faire trébucher, car c’est précisément lui qui est la source de la récompense qui nous attend En-Haut.

Le Noam Elimelekh pose une question : à priori, à bien y réfléchir, pourquoi Hachem rétribue-t-il les Bné Israël pour leur accomplissement des mitsvot?
La logique voudrait que, sans cela, ils soient redevables à Hachem de les accomplir en raison de tous les bienfaits qu’Il leur prodigue, et qui sont si nombreux qu’ils ne pourront jamais L’en remercier.

C’est qu’en fait, l’essentiel de la récompense provient de ce que le Créateur nous a donné un yétser ara qui nous incite constamment à nous détourner de Lui et à convoiter les plaisirs matériels. L’homme mène ainsi une bataille permanente au cours de laquelle il doit faire preuve de ruse afin de se garder de tout mal : de l’hypocrisie, du mensonge, de la dérision, de la médisance, des mauvaises pensées, et de tout ce qui y ressemble.
C’est grâce à ce combat, dit-il, et à la peine qu’il nous cause que nous recevons une récompense ...
[ainsi c'est bien ce qui nous semble temporairement obscur (la difficulté de l'épreuve du yétser ara) qui va en la surmontant nous générer une lumière, de belles choses, pour notre éternité dans le monde à Venir.
Ainsi, l'essentiel de la valeur d'un homme et de sa récompense réside dans sa force à surmonter les épreuves de la matières. ]

C’est ce que notre verset vient suggérer en allusion : le nom de Yissa'har, sous sa forme hébraïque, יששכר peut se décomposer en deux mots : יש שכר (yéch cha'har - "Il y a une récompense") (grâce au fait qu’il est comparé à un) "âne musculeux" (חמור גרם - 'hamor garèm), c’est le חומר ('homer), "la matière, le corps", qui entraîne (גרם) sa récompense, lorsqu’il brise ses désirs matériels.
[le verbe "ligrom" (לגרום) = causer, provoquer]

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-> "D. examina tout ce qu'il avait fait c'était très bien." (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit rabba 9,7) commente les termes : "très bien " (tov méod), comme faisant référence au yétser ara.
Pourquoi? Car grâce au yétser ara, il nous est possible de grandir en surmontant les luttes spirituelles qu'il nous présente, et à travers cela, accomplir notre but dans la vie." [Séfer 'Hassidim 155]

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-> "Yissa'har est un âne osseux, qui se couche entre les collines"

Rabbi Ye’hezkel Penat a dit : "Je n’ai mérité le peu de Torah que je sais que par un seul quart d’heure. Comment?
On a l’habitude de dire : il y a encore un quart d’heure jusqu’à midi, il n’y a pas le temps d’étudier. Encore un quart d’heure d’ici minh’a, et un quart d’heure d’ici Arvit. Alors que moi, j’étudiais pendant tous ces quarts
d’heure."

C’est ce qui est dit : "Yissa'har est un âne osseux qui se couche entre les collines" = il étudiait et
profitait de tous les "petits" moments que les gens ont l’habitude de négliger.

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-> "Yissa'har est un âne musculeux (des os solides avec peu de chair) qui se couche entre les collines" (Vayé'hi 49,14)

La comparaison de Yissa'har avec un âne demande quelques explications :

1°/ Rachi commente : "Un âne qui a des os = il porte le joug de la Torah à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau. Qui se couche entre les collines = Comme un âne qui voyage de jour et de nuit, sans jamais se mettre à l’abri (ainsi, Yissa'har étudie jour et nuit)"

[En effet, Yissa'har incarne le "pilier de la Torah", comme le fait remarquer Rachi sur le verset : "Et toi, Yissa'har, dans tes tentes" (Vézot haBéra'ha 33,18) : "Puisses-tu réussir en Torah en étant assis dans tes tentes, en étant assis à calculer le calendrier et à fixer les néoménies, comme il est écrit: ‘Et les fils de Yissa'har, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs (du Sanhédrin) au nombre de deux cents’ (I Divré Hayamim 12,33)".]

2°/ L’âne symbolise la Klipa (écorce du Mal) de la froideur envers les sujets de sainteté, comme l’indique en allusion l’enseignement de la guémara (Shabbath 53a) : "L'âne, même dans la saison de Tamouz (l’été), est frileux".
Aussi, la chaleur dans l’étude de la Torah comparée au feu et incarnée par Yissa'har, permet-elle d’anéantir la Klipa de la "froideur" qui s’apparente sensiblement à l’hérésie (Kéfira)
[voir Hayom Yom du 16 Chevat].

3°/ Yissa'har désigne les maîtres de la Torah qui, comme "l’âne" dénudé d’intelligence propre, doivent se conduire avec humilité, crainte et tremblement face aux paroles divines de la Torah, afin de ne pas s’en écarter d’un iota [Lev Baroukh].

Ainsi, disons-nous, à la fin de la prière (Amida) : "Et mon âme est comme la poussière pour tous. Ouvre mon cœur dans Ta Torah" = c’est parce que je m’annule dans un grande humilité ; "comme la poussière pour tous" que s’ouvre mon cœur à la compréhension authentique de Ta Torah.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

4°/ Interprétant le message de Yaakov transmis à Essav : "J’ai acquis un taureau et un âne" (Vayichla'h 32,6), le midrach [Tan’houma] enseigne : "Un âne, c’est Machia’h Ben David, comme il est : '[Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux,] Il est humble et monté sur un âne' (Zé'haria 9,9)".
Par ailleurs, le Baal HaTourim y voit une allusion à Yissa'har, comparé aussi à l’âne, étudiant la Torah et faisant entendre sa voix dans les maisons d’étude pour annuler "les mains d’Essav".
Ainsi, voyons-nous une indication au lien étroit qui existe entre la venue du machia’h et le mérite de l’étude de la Torah [voir Or HaHaïm haKadoch - Testavé].

5°/ Le nom יִשָּׂשכָר (Yissa'har) se décompose en יש שכר (Yéch Sakhar - il y a une récompense).
Le mot חֲמרֹ ('Hamor – âne) s’apparente au mot חומר (‘Homer – matière: le corps).
Le mot גָּרֶם (Garem – musculeux) s’apparente au mot גורם (gorem – cause).
Ainsi, pouvons-nous déceler dans notre verset le moussar suivant : le côté physique (‘Homer) de l’homme est la cause (gorem) qui l’attire vers le Mal.
Lorsque l’homme domine l’aspect corporel de sa personne et fais le Bien, il mérite alors une récompense (Yissa'har – Yéch Sakhar) [voir Kédouchat Lévi - l'explication est ci-dessus].

6°/ Le guémara (Nidda 31a) enseigne : "[A propos du verset :] 'Yaakov revenant des champs, le soir, Léa sortit à sa rencontre et dit : C’est à mes côtés que tu viendras, car je t’ai retenu pour les mandragores (doudaïm) de mon fils. Et il reposa près d’elle cette nuit-là' (Vayétsé 30,16).
Rabbi Yo’hanan a déclaré : Que signifie: 'Et il reposa près d’elle cette nuit-là'?
Cela enseigne que Hachem a aidé dans cette affaire. Car il est dit: 'Yissa'har est un âne musculeux (garem)' ; c’est l’âne qui a provoqué (garam) la naissance de Yissa'har."

Et Rachi d’expliquer : "Lui, Hachem l’a aidé, en détournant l’âne de Yaacov vers la tente de Léa".
Le Targoum Yonathan Ben Ouziel nous précise : "‘Yaakov revenant des champs, le soir’ : Yaacov vint, depuis le champ, le soir ; Léa entendit le braiement de l’âne, elle sut que Yaakov venait. Elle sortit à sa rencontre et lui dit : ‘C’est à mes côtés que tu viendras’" [voir aussi le Baal HaTourim sur notre verset].

"Israël (Yaakov) dit à Yossef : "Je n'espérais plus jamais voir ton visage. Mais maintenant D. m'a même permis de voir ta descendance" (Vayé'hi 48,11)

-> Il est possible de voir si un individu a commis un péché ou non par la couleur de son visage, [grâce à l'inspiration prophétique].
Suite au péché, le visage prend une teinte jaunâtre, comme la cire d'abeille.
Il existe un remède, connu sous le nom d'Ikarine, dérivée de racines diverses et dotée du pouvoir de faire disparaître cette coloration jaunâtre, mais elle rend stérile.

Yaakov avait redouté que Yossef n'avait su s'opposer au mal lors de ces longues années en Egypte.
C'est pourquoi Yaakov dit :
"Je n'espérais plus voir ton visage, tel qu'il était auparavant. J'étais certain qu'il avait pris la teinte jaunâtre de ceux qui ont péché. En voyant que ton visage était normal, je doutais encore de ta pureté, pensant que tu avais utilisé l'Ikarine. Mais si tel était le cas, tu aurais dû être stérile.
A présent que je vois aussi tes enfants, je suis certain que tu n'as ni consommé ce remède, ni péché.
Si tu n'as point péché après avoir atteint un tel pouvoir, je suis assuré que tu n'as pas non plus péché lors de ta période d'esclavage et lors des multiples épreuves [que tu as traversées]."
[Méam Loez - Vayé'hi 48,11]

Quand les Bné Israël sont arrivés à la caverne de Ma'hpéla (pour enterrer Yaakov), Essav voulut empêcher l'enterrement de Yaakov.
Essav cita le verset : "Dans la plaine de Mamré à Kiryat Arba qui est 'Hévron" (Vayichla'h 35,27), où le nom de Kiryat Arba est justifié par rabbi Its'hak par le fait que 4 couples y sont enterrés : Adam et 'Hava, Avraham et Sarah, Its'hak et Rivka, Yaakov et Léa.
Essav (dit aux fils de Yaakov) : Yaakov y a enterré Léa, et donc la (8e) place restante est la mienne.
Les fils de Yaakov répliquèrent : Mais tu as vendu mon droit d'aînesse (ma part double), ai-je vendu ma part simple (d'héritage)?
Les enfants de Yaakov lui dirent : Oui, car notre père avait dit à Yossef : "(Tu m'enterreras) dans la sépulture que j'ai acquise au pays" (Vayé'hi 50,5).
Essav demanda : Montre-moi le contrat de vente ; ils répondirent : Ce contrat se trouve en Egypte. Qui ira le chercher? C'est Naftali, rapide comme la biche, selon le verset : "Naftali est une biche qui s'élance ; il apporte de beaux messages (Imré Shafer)" (Vayé'hi 49,21).
Selon rabbi Abahou, ne lis pas "Imré Shafer", mais "Imré Shéfer", c'est-à-dire le contrat de vente.
'Houchim fils de Dan, était sourd ; il demanda (aux fils de Yaakov) : "Que se passe-t-il?"
Ils répondirent : "Essav empêche l'enterrement jusqu'au retour de Naftali." Il dit : "Mon grand-père resterait déposé (sur le sol) sans respect?"
Il prit un gros bâton et frappa Essav à la tête ; les yeux de Essav se détachèrent et tombèrent sur les pieds de Yaakov.
Yaakov ouvrit alors ses yeux et sourit, en accord avec le verset : "Le tsadik se réjouira quand il verra la vengeance ; il baignera ses pieds dans le sang des réchaïm" (Téhilim 58,11).
A cet instant, s'est réalisée la prophétie de Rivka : "Pourquoi devrai-je vous perdre tous 2 le même jour?" (Toldot 27,45).
Bien que Yaakov et Essav ne soient pas morts le même jour, ils ont été enterrés le même jour.
[guémara Sota 13a]

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-> Yaakov n'a pas ordonné à ses fils de se munir du contrat de vente du droit d'aînesse, afin que 'Houchim tue Essav le jour-même de l'inhumation de Yaakov, contribuant ainsi que la prophétie de sa mère Rivha se réalise.
[Or ha'Hama]

-> Les fils de Yaakov, devant le refus d'Essav de laisser enterrer son frère Yaakov à Makhpéla, négocient avec Essav en espérant le convaincre avec leurs arguments.
De parole en parole, de question en réponse, alors que Yaakov était déposé sans respect sous le soleil de 'Hévron, ses fils se sont peu à peu habitués à cette situation et ils se sont ainsi désensibilisés jusqu'à ne plus pouvoir ressentir l'outrage fait à leur père, et ils ont ainsi perdu le pouvoir de réagir.
Par contre, 'Houchim qui était sourd, et qui n'avait pas participé à ces négociations, croyait qu'on faisait encore des prières ou des hespédim pour son grand-père.
Dès qu'il apprit soudainement la situation, il réagit avec toute sa sensibilité demeurée intacte : "Mon grand-père va rester déposé là et subir cet outrage jusqu'au retour de Naftali?"
'Houchim frappa aussitôt Essav à la tête pour faire cesser cette situation inadmissible.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 97)]

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=> A quoi font allusion les yeux d'Essav qui se détachent et qui tombent sur les pieds de Yaakov?

-> Essav, par ses yeux hautains et malveillants envers son frère, a provoqué le départ de Yaakov qui a dû fuir chez Lavan en "courant" à pied.
En allusion à ceci, les yeux d'Essav sont sortis de leur orbite et sont tombés sur les pieds de Yaakov.
[Ein Eliyahou]

-> C'est à cause des 2 larmes qui ont coulé des yeux d'Essav, lorsque Yaakov l'avait devancé pour recevoir la bénédiction de son père Its'hak, que le 2e Temple a été détruit par les descendants d'Essav.
Que tombe Essav l'accusateur d'Israël et que ce dernier retrouve sa couronne.
C'est en allusion à cela que les yeux d'Essav se sont détachés.
De plus, les faits rapportés font allusion aux 70 nations qui tomberont aux pieds de Yaakov à l'époque du machia'h.

Celui qui a frappé Essav est 'Houchim (חשים), dont les lettres réarrangées forment le nom du : machia'h (משיח).
[Ben Ich 'Haï]

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=> Comment expliquer que Yaakov se "réjouisse" du malheur d'Essav?

-> Bien que la vengeance constitue un acte de justice dans ce monde, il y a lieu de distinguer 2 types de vengeance :
- la vengeance personnelle contre son prochain, qui nous aurait humilité ou frustré, interdite par la Torah :"Ne te venge pas" (Vayikra 19,18), car il faut faire confiance à la Justice Divine ;
- et la vengeance exercée par le Ciel, qui grandit la Gloire d'Hachem et qui consolide Son Trône, dont le tsadik peut se réjouir.

Ainsi, Yaakov ne s'est certainement pas réjoui, après sa mort, de la mort tragique de son frère, au titre d'une vengeance personnelle sur le comportement odieux de son frère à son égard.
Mais il est "réjoui" de la vengeance Divine effectuée par l'intermédiaire de son petit-fils 'Houchim, ce qui a grandi la Gloire d'Hachem (kavod Chamaïm) ; c'est de cette vengeance de haut niveau, qui a rétabli la Justice dans le monde, que Yaakov s'est "réjoui", et c'est pourquoi il a souri.
Cette vengeance est approuvée même par l'Ange de la mort qui a permis au tsadik Yaakov d'ouvrir ses yeux, un court instant, pour lui donner le mérite d'assister à la vengeance d'Hachem à l'encontre de son frère.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 27)]

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-> Selon Tossefot (guémara Guitin 55b), 'Houchin n'a pas tué Essav : il l'a bien frappé à la tête et les yeux d'Essav sortirent de leur orbite, mais c'est finalement Yéhouda qui a achevé et tué Essav.

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-> Le caveau de Makhpéla ne peut contenir que 4 couples, soit 8 emplacements, or il y avaient déjà 7 personnes inhumées, ne laissant plus qu'une place.

Essav argumente que Léa y est enterrée :
- selon Rachi, c'est pour dire que Yaakov avait déjà utilisé sont droit en inhumant son épouse, lui laissant le droit d'être enterré dans la dernière place disponible.
- le Kéren Ora apporte l'explication suivante :
L'intention d'Essav était de dire qu'il tenait à être inhumé auprès de Léa, qui devait être initialement son épouse (cf. guémara Baba Batra 123a).
Mais c'est en raison des prières et des pleurs (jusqu'à abîmer ses yeux et perdre ses cils) de Léa, qu'elle a finalement épousé Yaakov.
Et maintenant, Essav demande à être réuni à Léa après sa mort, s'il n'a pas eu le mérite de l'avoir comme épouse de son vivant.
Essav a donc porté ses yeux sur Léa qui était l'épouse de Yaakov pour l'éternité (contrairement aux biens matériels, le lien entre mes 2 âmes du couple est éternel), et 'Houchim lui a retiré ses yeux et la vie, car quiconque convoite ce qui n'est pas à lui n'obtient pas ce qu'il désire et il perd même tout ce qu'il possède.

Malgré sa venue en Egypte, Yaakov bénéficia d'un avantage spécial. Là où Yaakov allait, la Présence Divine se trouvait toujours à ses côtés. Quel que fut l'endroit où il vivait, l'air était pur et clair.

Cette situation est semblable à celle des juifs durant les 40 ans dans le désert, ils offrirent des sacrifices et érigèrent le Michkan, bien qu'il soit en principe interdit d'en offrir en-dehors de la Terre sainte.
Puisque tout Israël était rassemblé dans le désert, alors il équivalait à la Terre sainte.

Il en va de même : Puisque Yaakov et ses fils (toute la descendance d'Avraham), vivaient en Egypte, on ne pouvait considérer que Yaakov était mort hors de la Terre sainte.
L'air que Yaakov respirait en Egypte était pur et saint.
Cependant, dès qu'Israël quitta l'Egypte, la sainteté disparut, et l'impureté revint comme auparavant.

Ainsi, puisque Yaakov savait que ses descendants allaient quitter l'Egypte, il ne désira pas y être enterré.

[le Chné Lou'hot haBrit - rapporté par le Méam Loez (Vayé'hi 47,31)]

Questions/Réponses – Paracha Vayé’hi

+ Questions/Réponses - Paracha Vayé'hi :

1°/ "S'il te plaît, ne m'enterre pas en Egypte" (Vayé'hi 47,29)

Une des 3 explications de Rachi est : les morts ensevelis hors de la terre d'Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines.
[Ils sont obligés d'endurer la souffrance de rouler à travers des tunnels pour atteindre la terre d'Israël pour la résurrection des morts]

Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111b) enseigne qu'au moment de la résurrection des morts, les tsadikim vont jaillir et se lever à Jérusalem.

=> Quel est l'intérêt de l'enterrer à 'Hevron, si Yaakov devra quand même subir des souffrances pour atteindre Jérusalem?

-> Le Mérafsin Igri répond que ceux qui sont enterrés en dehors d'Israël devront rouler dans le sol jusqu'à atteindre Jérusalem, et là ils ressusciterons.
Par contre, ceux qui sont enterrés ailleurs qu'à Jérusalem, vont d'abord revenir à la vie là où ils sont enterrés, et ensuite ils pourront marcher normalement jusqu'à Jérusalem.
Cette cette 1ere douleur (rouler dans le sol) que Yaakov voulait éviter.

-> Le Arizal écrit qu'il existe une cavité souterraine qui relit directement la grotte de Ma'hpéla ('Hebron) au Kotel. D'ailleurs, c'est par ce trajet que chaque veille de Shabbath, après le midi juif, nos Patriarches vont au Kotel.
On comprend mieux pourquoi, Yaakov ne s'est pas préoccupé d'être enterré à 'Hebron.

-> Rav Dovid Twerski (le 1er Rabbi de Tolna) rapporte les paroles de nos Sages que si une personne est méritante, des anges Célestes vont amener sont cercueil jusqu'en terre d'Israël, au moment de la résurrection des morts, lui évitant ainsi les douleurs liées au déplacement.
De même, les anges vont retirer d'Israël ceux qui ne méritent absolument pas d'y être ressusciter.

=> Yaakov a insisté pour être enterré en terre d'Israël, car dans son énorme humilité, il ne se considérait pas comme un tsadik, ne méritant pas que les anges viennent l'apporter en Israël.

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=> Pourquoi Yaakov veut-il à tout prix éviter d'être enseveli en Egypte?

-> Rachi donne 3 raisons : Car sa terre sera un jour vermine, qui s’agiterait sous mon corps. De plus, les morts ensevelis hors d’Erets Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines. Je ne veux pas, enfin, que les Egyptiens me rendent un culte idolâtre.

-> Yaakov a vu prophétiquement que l'Egypte sera frappée par la plaie des poux et que son sol sera criblé de vermine. S'il est enterré dans ce pays, cette vermine grouillera sous son corps.
Selon le Michnat rabbi Eliézer, c'est aussi l'unique raison pour laquelle Yossef a voulu que son cercueil soit immergé dans le Nil plutôt que d'être enseveli dans la terre.
De nombreux commentateurs objectent que c'est un fait connu : les plaies n'ont jamais sévi dans le pays de Gochen (par conséquent, Yaakov ne se souciait sans doute pas tant de cette plaie).
D'après certaines opinions, la plaie des poux a touché Gochen mais n'a pas affecté les Bné Israël.
Selon d'autres encore, compte tenu du prestige de Yaakov, les égyptiens auraient tenu à l'enterrer parmi les nobles du pays, hors de Gochen.

-> Yaakov redoute que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage où les égyptiens jugeront opportun de lui rendre un culte et de le considérer comme une divinité.
Il ne veut pas qu'ils viennent prier sur sa tombe ni pour la guérison des malades ni pour d'autres problèmes ou pour être délivrées des plaies qui affligeront la population dans le futur.
Il tient à éviter que les égyptiens, si leurs prières sont exaucées, ne l'attribuent à ses mérites, et au contraire, que cela diminue la gloire de D. si elles ne le sont pas.

-> Yaakov, qui vit que 70 ans en Egypte avec sa famille, est également conscient de l'influence qu'un long séjour dans ce pays risque d'avoir sur ces descendants. C'est pour lui un motif suffisant pour souligner, avec un sérieux solennel, son souhait que ses enfant ne l'enterrent pas en Egypte mais le portent dans le pays de leur ancienne et véritable patrie.
En voyant que Yaakov refuse même de se laisser inhumer dans ce pays, ils réaliseront combien il est important qu'ils n'adoptent pas l'Egypte comme patrie de remplacement.

-> De plus, comme il faudrait alors prendre de la terre autour de son corps pour le réinhumer, Yaakov serait resté en contact avec la terre impure d'Egypte pour toute l'éternité et il ne pouvait supporter cette idée.

-> Yaakov redoute que s'il est inhumé en Egypte, c'est de donner à penser qu'il n'a pas eu le mérite d'être enterré avec ses ancêtres dans le Caveau de Makhpéla. Il craint en outre que Essav, en voyant que sa dépouille est restée en Egypte, n'en profite pour usurper sa place dans le Caveau de Makhpéla.

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-> "Ne m’ensevelis pas, je te prie, en Egypte"

En voyant que ses enfants étaient bien installés en Egypte, Yaakov craignit qu’ils la prennent pour leur patrie, oublient qu’ils naquirent en Israël et substituent le Yarden par le Nil.

Le rabbi Shimshon Raphaël Hirsch explique que ce soucis préoccupait Yaakov en tant que chef de famille ; il désirait renforcer dans le cœur de ses descendants l’espoir de retourner en Terre promise.
Par sa demande de ne pas être enseveli en Egypte, il leur signifia que, même de manière posthume, il ne voulait pas y reposer et qu’il n’y avait donc pas de quoi aspirer à demeurer dans ce pays.

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-> "Les jours d'Israël (Yaakov) s'approchèrent pour mourir" (Vayé'hi 47,29)

=> Que signifie l'expression que les jours se rapprochent pour mourir?

En fait, au moment où le tsadik est prêt à quitter le monde, il bénéficie de perceptions spirituelles très élevées qu'il n'a jamais eu de sa vie. C'est pourquoi, il arrive que le tsadik attende et espère toute sa vie d'arriver à ce jour-là, pour bénéficier de cette lumière extraordinaire.
C'est ce qu'il en fut pour Yaakov. Tous les jours de sa vie, il attendait d'arriver au jour de sa mort, où il recevrait ces connaissances si hautes.
C'est ainsi que tous les jours de sa vie "s'approchèrent", c'est-à-dire qu'il espérait se rapprocher du jour où il allait mourir. Tout au long de sa vie, il avait une proximité avec ce jour-là, espérant et désireux qu'il arrive.
[Agra déKala]

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+ Yaakov quitte ce monde :

-> "Yossef mourut âgé de 110 ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Egypte" (Vayé'hi 50,26)

-> Comme Yaakov a demandé à être enterré en Canaan, il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on puisse porter son corps en terre. Durant ce laps de temps, la décomposition aura sans doute fait des ravages, ce qui sera un déshonneur pour Yaakov.
Par conséquent, Yossef juge préférable de l'embaumer. [Tossefot, Haémek Davar - Vayé'hi 50,2]
Selon le Yalkout Réouveni, c'est-à-dire qu'on ne pouvait s'en remettre à un miracle et supposer que le corps de Yaakov resterait intact pendant plus de 70 jours.

De plus, Yaakov ayant été un tsadik pur et sans faute, la libération de son âme ne dépend pas de l'état de son corps. [Malbim - Vayé'hi 50,2]
D'après une opinion, Yossef n'aurait pas dû faire embaumer son père mais avoir confiance que D. préserverait le corps de la décomposition.
Cette erreur a fait perdre à Yossef 10 années de sa vie (midrach Béréchit rabba 100,3).
D'après d'autres opinions, Yossef a perdu 10 ans de sa vie parce qu'il a gardé le silence en entendant son père se présenter à lui comme "son serviteur".
D'après le Yalkout Ner Sikhlim, Yossef a perdu 8 ans pour avoir gardé le silence lorsque son père se présenta à lui ainsi et 2 ans parce qu'il a embaumé son père.

C'est ainsi que Yossef ordonne aux médecins du roi, spécialisés dans l'art d'embaumer les défunts d'enseigner cette science à ses frères et de les guider dans ce travail, sans autrefois toucher eux-mêmes au corps de son père ; ses frères seuls s'en chargeront. [rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 50,2 ; Séfer 'Hassidim 533]

L'embaumement lui-même prend 40 jours. [Zohar Vayé'hi 250b ; Abarbanel]
Après avoir achevé cette tâche, les égyptiens rendent hommage au souvenir de Yaakov par une seconde période de deuil de 30 jours.
Depuis que Yaakov s'est installé dans leur pays, les égyptiens ont acquis une grande vénération pour Yaakov, non seulement parce qu'il est le père du vice-roi mais aussi parce qu'il est un sage et un véritable saint.
Son arrivée à mis un terme à la terrible famine et sa présence, saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays. L'Egypte tout entière s'attriste de sa disparition et honore sa mémoire.
[...]

Yossef n'épargne aucun effort pour organiser un enterrement royal. Le cercueil d'or pur, serti de pierres précieuses a été drapé de pourpre.
Des petites bassines remplies de charbons ardents et posées sur des trépieds répandent le parfum capiteux des épices et du vin qui se consument. [Sefer haYacher, Targoum Yonathan - Vayé'hi 50,1]
Une foule compacte de dignitaires de haut rang, d'officiers, de sages, d'érudits, d'aristocrates, de gens du peuple, et même de domestiques accompagnent le convoi (voir Sforno, Ibn Ezra), plus de 100 000 personnes et 43 000 voitures en tout (Tossefot, midrach ha'Héfets - Vayé'hi 50,9).
Tous sont venus parce que Pharaon leur a expressément fait comprendre que telle était sa volonté et par respect pour le Sage hébreu. [Sforno, Haémef Davar - Vaéy'hi 50,7]
Quelques agent royaux disséminés avec pour mission de s'assurer que les Hébreux reviendront en Egypte après l'enterrement. (voir Hadar Zékénim, Tsor haMor)

Les messagers célestes qui ont autrefois escorté Yaakov jusqu'à 'Haran lorsqu'il a dû quitter la maison de son père, se joignent au convoi. [Rabbénou Bé'hayé]
La Présence Divine elle-même ainsi que les créatures célestes vont l'accompagner jusqu'à l'endroit où il trouvera le repos éternel. [voir midrach Béréchit rabba 100,5 ; Tsor hamor - Vayé'hi 50,9]

Devant le convoi, des serviteurs aspergent la route de myrte, d'épices et d'autres essences odoriférantes. [Séfer haYachar]
A la fin du convoi se trouve le cercueil, escorté par Yossef et ses frères qui avancent en phalange selon les instructions que leur avait laissées Yaakov.

Les honneurs accordés à Yaakov seront largement récompensés.
Yossef a ignoré son propre honneur et son statut de vice-roi pour s'occuper personnellement de tous les détails des funérailles. Par une juste mesure de retour, D. le bénira et à sa mort, sa dépouille sera portée en Canaan par les soins personnels de Moché, le plus grand dirigeant que le peuple d'Israël ait jamais connu.
Quant aux égyptiens, ils sont également récompensés d'avoir accordé des honneurs à Yaakov. Après le passage de la Mer Rouge, leur corps sur le rivage ne sera pas laissé en proie à la décomposition et tous seront ensevelis dans la terre.
[rav Yossef Deutsch]

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-> Yaakov sera enterré le 1er jour de Souccot, 77 jours après que Yossef lui ait fermé les yeux, et a été la dernière personne qu'il ait vue avant de mourir. [Yalkout Réouvéni]
D'ordinaire la Torah dit : "vayigva vayamot" (il a expiré et il est mort), mais pour Yaakov elle dit uniquement : "vayigva" (il a expiré), ce qui implique qu'il n'est pas mort (voir Rachi & Ramban sur Vayé'hi 49,33).
[Rachi : Le terme de "mort" n’est pas employé à son sujet, de sorte que nos maîtres ont enseigné : "Notre patriarche Yaakov n’est pas mort!" (Yaakov avinou lo mét - guémara Taanith 5b)]
=> Qu'est-ce que cela signifie, exactement?

-> Certains prennent le verset au sens littéral : bien que Yaakov ait été embaumé et inhumé, il était dans un état comateux. En fait, comme on le verra plus loin, lorsque Essav a contesté le droit de Yaakov d'être enterré au Caveau de Makhpéla, Yaakov a ouvert les yeux et a souri en voyant la vengeance de D. à l'encontre de son frère.
Ceci constitue une preuve supplémentaire que Yaakov a continué à vivre.

-> D'après d'autres commentateurs, ce passage est à prendre dans un sens symbolique.
Yaakov est resté spirituellement vivant car tous ses enfants, sans exception, étaient des tsadikim.
Pour la même raison, la Torah nous dit que Yaakov reviendra à la vie pour rejoindre ses enfants en exil et sera délivré avec eux.
[Voir Rachi sur Téhilim 78,12, où il dit que les Patriarches se sont joints aux Bné Israël lors du passage de la mer Rouge.]

-> D'autres disent que Yaakov n'est pas mort car il n'en a pas du tout ressenti les effets (rabbénou Bé'hayé).
[rabbénou Bé'hayé (49,33) décrit la mort de Yaakov et explique en quoi elle est similaire à celle d'Eliyahou haNavi]

-> Le Alchikh haKadoch explique que Yaakov notre patriarche avait deux néchamot (âmes) : la première, celle de "Yaakov" qu'il reçut dès sa naissance et la seconde, plus élevée, la néchama " d'Israël" qu'il mérita de recevoir après son combat avec l'ange d'Essav. A l'issue de cette confrontation, l'ange lui annonça : "On ne t'appellera plus dorénavant par ton nom Yaakov, mais Israël car tu as combattu avec les anges et les hommes, et tu as triomphé" (Vayichla'h 32,29).
Ainsi, le Alchikh haKadoch nous dévoile que c'est la néchama d'Israël qui se retira du corps de Yaakov pour monter dans les mondes supérieurs. La néchama de Yaakov quant à elle ne le quitta pas, et c'est la raison pour laquelle les Sages s'exprimèrent de façon bien précise dans leur enseignement : "Yaakov notre père n'est pas mort" (guémara Taanit 5b).
Ainsi, à chaque fois qu'il est mentionné le mot "mort" dans la Torah, cela fait référence à Israël, mais lorsqu'apparaît le nom Yaakov, le terme de "mort" n'est pas employé.

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2°/ Lesquelles des 12 tribus meurent avec davantage de maladies que les autres?

-> Rachi (v.49,22) commente : la descendance de Yossef est invulnérable au mauvais œil (guémara Béra'hot 20a).

De même, lorsque Yaakov a béni [les enfants de Yossef : ] Menaché et Efraïm (v.48,16), il a souhaité qu’ils se multiplient comme les poissons, sur lesquels le mauvais œil n’a aucune prise.

La guémara (Baba Métsia 107b) enseigne que sur 100 morts, 99 sont causées par le mauvais œil (ayin ara), et une seule l'est suite à des causes naturelles.
Les Tossefot font remarquer que puisque les descendants de Yossef sont protégés contre le mauvais œil, on aurait pu penser qu'ils vivent beaucoup plus longtemps que le restant des juifs, car étant immunisés contre 99% des causes de mort.
Cependant, dans la réalité nous ne constatons pas de différence de durée de vie entre les différentes tribus du peuple juif.

=> Les Tossefot suggèrent que lorsque le temps de mourir est venu pour un descendant de Yossef, Hachem le frappe alors d'une maladie qui lui sera fatale. C'est ainsi que ces derniers meurent beaucoup plus fréquemment de maladie que les autres tribus.

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-> En se plaçant devant Ra'hel pour éviter que Essav ne la voie, Yossef a mérité une bénédiction le protégeant du mauvais œil comme les poissons qui se trouvent dans l'eau, cachés du regard des hommes.
De plus, Yaakov lui a souhaité que, comme les poissons, ses descendants ne puissent vivre sans la Torah qui est comparée à l'eau.
[cf. midrach Béréchit rabba 97,3 ; midrach Tan'houma Vayé'hi 6]

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[selon nos Sages, toutes les femmes égyptiennes regardaient Yossef, et lui ne les regardait pas.
Ainsi, pour se protéger du mauvais œil, il ne faut pas utiliser ses yeux négativement (choses interdites, jalousie, ...), à l'inverse il faut avoir un regard positif (sur autrui, sur ce que l'on a dans la vie, ...)]

-> b'h, dvar Torah sur la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

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3°/ Combien de fois Yaakov a-t-il était enterré?

-> La michna dans Nazir (9,3) nous enseigne que si une personne transfert un corps qui a déjà été enterré, elle doit également prendre avec un peu de la terre qui est autour.

La guémara (Nazir 65a) déduit ces lois de la demande de Yaakov : "tu me transporteras hors de l'Egypte" (Vayé'hi 47,30), commentant que Yaakov a dit à Yossef de prendre également de la terre environnante avec son corps.

=> Selon le sens simple de cette guémara, Yaakov a d'abord été enterré immédiatement en Egypte après sa mort, et 70 jours plus tard, il a été déterré et ré-enterré à 'Hevron.

-> Cependant, le Moshav Zékénim (et le Rambam) affirme que Yaakov n'a jamais été enterré en Egypte.
La guémara peut être comprise comme Yaakov demandant à Yossef de ne surtout pas l'enterrer en Egypte, car après il devront prendre de la terre de ce pays, ce qui leur donnera inutilement du travail supplémentaire.

-> Dans la Torah, d'abord les frères se sont assis en deuil pour leur père (v.50,10), et c'est seulement ensuite que "ses fils le portèrent au pays de Canaan et l'ensevelirent dans le caveau" (v.13).
Or, selon la loi juive (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 375,1), la période de deuil débute au moment où l'on procède à l'inhumation et après la fermeture de la sépulture avec la terre. Dès cet instant, les proches doivent se conformer aux lois des endeuillés.

Selon le Panéa'h Raza, cela est en accord avec les paroles du 'Hizkouni, qui maintient que Yaakov a été enterré d'abord en Egypte. En effet, cela explique pourquoi ils ont pu prendre le deuil sur sa mort avant de l'enterrer en Israël.

["L'Egypte le pleura 70 jours" (v.50,3), après cette période Yossef demanda à Pharaon de lui permettre de réaliser sa promesse de l'enterrer en terre d'Israël.]

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-> Parmi les égyptiens qui se joignirent aux funérailles de Yaakov aucun ne mourut, ne tomba malade ou endura des souffrances durant cette année-là.
Ils eurent le mérite immense de porter le deuil d'un saint tel que Yaakov.
En effet, participer à de telles funéraires (d'un tsadik de la génération) revêt une importance considérable.
[Yalkout Réouvéni - rapporté par le Méam Loez (Vayé'hi 50,11)]

[en participant à l'enterrement d'un grand Sage de notre génération, nous méritons également d'énormes bénédictions.]

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-> "Yossef tomba à la face de son père et pleura sur lui" (Vayé'hi 50,1)

=> On peut se demander pourquoi Yossef n'a-t-il pas aussi prononcé un éloge funèbre (Hesped) pour son père, après sa mort? C'est seulement en Canaan qu'on prononça des élégies!

En fait, Yaakov a insisté pour ne pas être enterré en Egypte. Il ne voulait pas que son corps repose dans ce pays impur. Or, nos Sages enseignent que quand on prononce un Hesped sur une personne, c'est comme si on l'enterrait à cet endroit. C'est pourquoi, Yossef n'a pas prononcé de Hesped sur son père en Egypte, pour ne pas même que l'on puisse considérer qu'il ait été enterré en Egypte par l'entremise de ce Hesped.
[Kérem haTsvi]

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-> "Ils arrivèrent jusqu'à l'Aire des ronces (Guoren Haatad)" (Vayé'hi 50,10)

=> Pourquoi est-ce précisément à cet endroit que l'on prit le deuil pour la mort de Yaacov?

En fait, l'Aire des ronces fait allusion à la malédiction que reçut Adam pour la faute originelle qu'il commit. En effet, suite à cette faute, la terre fut maudit de produire des "ronces" et des mauvaises herbes.
Or, Yaakov a amené la bénédiction en Egypte. Ainsi par exemple, par sa venue, la famine cessa. Il apporta donc autour de lui la protection contre la malédiction causée par la faute originelle. En effet, selon nos Sages, il répara, à titre individuel, la faute de la consommation de l'arbre de la connaissance.
En arrivant dans l'Aire des ronces et en voyant les "ronces" qui s'y trouvaient, tout le monde perçut un message qu'à présent que le Juste s'en est allé, sa protection s'arrête et la malédiction peut se rétablir.
C'est donc là que l'on prit le deuil pour sa disparition, comprenant l'impact de son départ de ce monde.
[Panim Yafot]

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+ L'impact de la venue de Yaakov en Egypte :

-> Selon certaines opinions (ex: rabbénou Bé'hayé), la sécheresse a repris après la mort de Yaakov et a duré ensuite 5 terribles années, prouvant de façon éclatante que son arrivée avait interrompu la famine.
Le 'Hatam Sofer explique que Yaakov désirait rester en Egypte car : il était conscient que son absence déclencherait de nouveau la famine. Il ne servait donc à rien de quitter l'Egypte tout en sachant qu'ils devraient y revenir pour s'approvisionner.

L'arrivée de Yaakov à mis un terme à la terrible famine et sa présence saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays d'Egypte.

Selon d'autres (ex: Ramban), la sécheresse a cessé en Egypte uniquement, mais elle a sévi partout ailleurs sans aucun répit. Tous ont donc pu constater que la prédiction de Yossef était exacte, et que l'Egypte n'a échappé au fléau avant son échéance que grâce à la bénédiction de Yaakov.
[...]
Après son arrivée en Egypte, Yaakov a vécu encore 17 années en Egypte, période durant laquelle Yaakov et sa famille vont mener une vie calme et prospère au pays de Gochen, dans la plus grande pureté.
Le mérite de Yaakov n'a pas seulement apporté la bénédiction à sa propre famille mais à tout le pays.
Son arrivée en Egypte a mis fin à la famine et sa présence a continué à protéger la vie de toute la population. En ce sens, on ne note aucun avortement ni chez les femmes ni chez les bêtes, et dans toute l'Egypte, personne ne souffre plus de maux de dents.
Quant à Yaakov et sa famille au pays de Gochen, ils se sentent en présence de D. qui veille sur eux et les protège.

La vie des Bné Israël paraît dans un 1er temps idyllique, mais après la mort des fils de Yaakov, la situation se dégradera peu à peu et le souvenir des bienfaits de Yaakov et Yossef envers le royaume d'Egypte s'effacera de la mémoire collective.
[rav Yossef Deutsch]

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4°/ Quelles sont les 4 personnes qui ont été enterrées dans cette paracha?

La Torah rapporte que Yaakov a été enterré à 'Hevron (v.50,13).

Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer 38) rapporte que Essav a essayé d'empêcher que Yaakov soit enterré dans la Méarat haMakhpéla, et qu'à un moment 'Houchim ben Dan lui a coupé la tête, qui a roulé dans le caveau et y a été enterrée.

La paracha Vayé'hi se termine par la mort de Yossef (v.50,26), qui selon la quémara (Sotah 13a) son cercueil a été plongé dans le Nil.

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-> "Yossef retourna en Egypte, lui et ses frères, et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père" (v.50,14)

=> Que vient nous ajouter : "après qu'il eut enterré son père" ?

Selon le Choul'han Arou'h (Yoré Déa 242,17), si 3 personnes marchent ensemble, la personnes la plus respectable doit être au milieu, la 2e plus respectable doit être à droite, et la 3e à la gauche.

Le Birké Yossef y ajoute que dans le cas où il n'y a 2 personnes marchant ensemble, celui qui est le plus honoré doit marcher à la droite, et l'autre personne à sa gauche.

La guémara (Yérouchalmi Taanit 4,2) rapporte que nos 3 Patriarches sont enterrés de cette manière, avec Avraham au milieu, Its'hak à sa droite, et Yaakov au gauche. Cependant, les Patriarches ne sont pas morts en même temps.
Lorsque Its'hak y a été enterré, ils n'étaient que 2, et ainsi il a été positionné à gauche de Avraham.

Cependant, dans notre paracha suite à la mort de Yaakov, ils étaient 3 personnes
Le Rogatchover Gaon explique qu'on a tout d'abord exhumé Its'hak de sa place, pour le faire passer de la gauche à la droite d'Avraham.
Ce n'est qu'ensuite, qu'ils ont pu enterrer Yaakov dans la parcelle qu'occupait avant Its'hak.
C'est ce que vient nous apprendre la répétition de : "pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père"" = il y a eu 2 enterrement : celui de Its'hak et de Yaakov.

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5°/ Pourquoi bénissons-nous nos enfants d'être spécifiquement à l'image de Efraïm et Ménaché, et pas d'autres tribus?

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman rapporte que selon nos commentateurs c'est la 1ere fois depuis la Création du monde, que tous les frères d'une famille s'entendent bien ensemble.
En effet, il y a eu : Caïn et Evel, Its'hak et Ichmaël, Yaakov et Essav, Yossef et ses frères.

Durant toute sa vie, Yaakov a pu se rendre compte des terribles conséquences de la haine et de la jalousie entre frères, et c'est ainsi lorsqu'il a vu l'amour profond et pur entre Efraïm et Ménaché, il a ressenti que c'est la bénédiction ultime que peut utiliser un juif pour ses propres enfants.

D'ailleurs, on peut noter que les noms : "Efraïm Ménaché" (אפרים מנשה) a une guématria de 726, qui est exactement égale à : "שים שלום" (Fais reposer la paix - shim shalom).

-> Yaakov a changé ses mains, en plaçant sa droite sur la tête de Efraïm, à la place de Ménaché qui est l'aîné, au point que Yossef dise : "Pas ainsi, mon père! Puisque celui-ci est l’aîné, mets ta main droite sur sa tête." (48,18).

Yaakov va quand même mentionner le nom du plus jeûne avant celui de Ménaché, proclamant même : "son jeune frère sera plus grand que lui (l'aîné)" (48,19).

En tant qu'aîné et connaissant l'impact des paroles de Yaakov, Ménaché aurait pu bondir à ce moment, et protester : "Grand-père, ce n'est pas juste! C'est moi qui dois mériter cette bénédiction! Je veux ta main droite sur ma tête!"
Cependant, Ménaché n'a rien dit, et Efraïm ne s'est à aucun moment vanter de sa supériorité.
=> C'est ce type de relation que Yaakov souhaite à chaque famille juif dans le futur, au point qu'au moment de mourir Yaakov nous laisse comme héritage l'idée suivante : la plus grande source de plaisir des parents est de voir ses enfants vivre en paix et en harmonie l'un avec l'autre, à l'image de Efraïm et Ménaché.

-> Lorsque Yaakov a interverti ses mains pour bénir le cadet Efraïm avant l’ainé Ménaché, il n’a remarqué aucune forme d’orgueil chez Efraïm et aucune forme de jalousie chez Ménaché. Il a alors souhaité qu’il en soit ainsi pour tous les juifs dans toutes les générations. [Egra déKala]

-> De même le rabbi Avraham Zalmans de Novardok enseigne : la jalousie est l’un des 3 défauts qui font sortir l’homme du monde. Or voilà que Ménaché, l’aîné de Yossef, constate que Yaakov a croisé ses mains pour faire passer Efraïm, le plus jeune, avant lui, et pas seulement pour un petit moment, mais à jamais.
L’humiliation était terrible. [il avait conscience du pouvoir phénoménal et éternel des bénédictions de Yaakov!]
Et pourtant, Menaché lui-même ravale son chagrin, son jeune frère restera à jamais plus grand et plus important que lui, alors que de son côté il n’éprouve ni haine ni jalousie.
Devant pareille grandeur, on comprend pourquoi Yaakov a fixé comme bénédiction pour tout Israël et pour les générations : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

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-> La main est posée sur la tête pour faire passer les forces spirituelles de la bénédiction sur la personne à laquelle elle est donnée.
De même le Cohen étend les mains vers la communauté pour la bénir.
[Sforno - Vayé'hi 48,18 ; Rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 48,14]

-> Le Rabbi de Zaloshitz (Ohalé Chem) se demande pourquoi Yaakov a croisé les mains (Vayé'hi 48,14) et n’a pas simplement dit à Efraim et Ménaché de changer de position?
La guémara (Soucca 8a) nous dit que la diagonale d’un carré est 1/3 fois la taille du carré.
Par conséquent, Yaakov croisa les mains en diagonale pour que la bénédiction qu’il était sur le point de donner soit augmentée d’un tiers (1/3).

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) explique que toutes les autres tribus ont vécu de nombreuses années en terre sainte, dans un environnement de sainteté, tous ensemble, auprès de Yaakov.
En revanche, Efraïm et Ménaché sont nés et ont évolué en Egypte, dans ce pays dévoyé/impur, entourés de réchaïm.
L'Egypte symbolise l'exil par excellence. Mais l'assimilation ne les a pas touchés. Malgré tout, ces 2 enfants restèrent fidèles à la tradition de leur père, Yossef, et ne se fondirent pas dans la masse.
Or, nos sages disent qu'à la fin de sa vie, Yaakov vit, par prophétie, la date de la fin des temps, de la fin de l'exil. Quand il vit la longueur de l'exil et du fait que pendant de très nombreuses années, ses descendants devront vivre en diaspora, dans des pays hostiles à la Torah, il souhaita à tous ses descendants de ressembler à Efraïm et Menaché.
Même s'ils vivent dans des pays d'exil et d'impureté, il leur souhaita de parvenir malgré tout à conserver leur spécificité, et ne pas s'assimiler.
L'exemple type de celui qui évolue parmi les nations tout en restant fidèle à sa tradition, c'est l'exemple d'Efraïm et Ménaché, l'exemple à suivre pendant toutes les longues années d'exil.

-> De même, le rabbi Chemouël Houminer (dans Eved HaMélekh) enseigne :
De toutes les Tribus, seuls Ménaché et Efraïm sont nés et ont grandi en Egypte, qui était plongée dans l’impureté. Dans leur maison se rassemblaient toujours des ministres et des mages, comme il est d’usage dans la maison du vice-roi. Là, dans un pays étranger, ils étaient restés de longues années.
Ce n’est pas le cas des autres tribus, qui avaient grandi et avaient été élevés dans la maison de Yaakov, dont l’esprit s’épanchait sur eux. Quand ils sont venus de ‘Haran en terre d'Israël, ils ont mérité de se trouver avec leur grand-père Its’hak.
Malgré tout, quand Yaakov est venu en Egypte, il s’est aperçu qu’Efraïm et Ménaché ne s’étaient pas du tout laissés attirer par l’impureté de l’Egypte, et n’étaient pas impressionnés par ce peuple, ses dirigeants ni ses coutumes. Au contraire, il a vu en eux qu’ils avaient été élevés par Yossef le tsaddik dans les voies de la Torah et de la crainte du Ciel, au point qu’ils ont été trouvés dignes de compter parmi les 12 tribus saintes d’Israël.

=> Le chemin de ce niveau élevé n’avait certainement pas été évident et facile pour Efraïm et Ménaché. Il n’y a aucun doute que de nombreuses épreuves et de grandes difficultés avaient parsemé leur chemin, et pourtant ils avaient vaincu les obstacles et les empêchements, et marchaient uniquement dans le chemin de la sainteté de leurs ancêtres, comme le leur avait enseigné leur père le tsaddik. C’est à cela que doit penser tout homme quand il bénit ses fils et ses élèves, et tout homme d’Israël.

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-> Le 'Hatam Sofer explique que Efraïm et Menaché ont chacun une particularité.
En effet, nos Sages enseignent que Efraïm était le plus proche de Yaakov, après sa descente en Egypte. C'est lui qui étudiait tout le temps la Torah avec son grand-père. Ainsi, Efraïm symbolise celui qui se consacre à l'étude.
Par contre, Ménaché était plus proche de son père, Yossef, il l'aidait dans la gestion de l'état et s'occupait des richesses de l'Egypte. Ainsi, Ménaché symbolise celui qui s'implique dans le monde, à travers un travail, et qui
s'enrichit.

Yaakov savait que chaque parent souhaite ces deux caractéristiques pour ses enfants : qu'ils réussissent dans la Torah, mais aussi qu'ils réussissent professionnellement et qu'ils aient une bonne situation.
Cependant, l'essentiel de la bénédiction de Yaakov, ce qu'il voulait que chaque père transmette à ses descendants, c'est qu'il "place Efraïm avant Ménaché." Certes, chaque père souhaite la orah et la richesse à ses enfants, mais l'essentiel, c'est que son ambition soit qu'en priorité, ses enfants soient des grands en Torah.
=> La richesse oui, pourquoi pas, mais la Torah c'est la priorité : Efraïm avant Ménaché!

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-> Le Rav Chlomo Bloch se rapporte à un principe selon lequel il existe une descente dans les générations (yérida adorot).
Plus les générations passent et plus la grandeur spirituelle diminue. La 2e génération étant moins grande spirituellement que la première.
Malgré tout, 2 personnes ont échappé à cette règle : ce sont Efraïm et Ménaché. En effet, Yaakov dit à leur propos : "Efraïm et Ménaché seront pour moi comme Réouven et Chimon" = c'est-à-dire que bien que Efraïm et Ménaché appartiennent à la génération suivante, par rapport aux tribus, malgré tout Yaakov les élève et les place au niveau des tribus, comme Réouven et Chimon, comme s'ils appartiennent à la génération précédente, puisqu'ils n'ont pas subi la diminution des générations.

=> C'est cela que chaque parent souhaite à ses enfants. Chaque père souhaite que son fils soit au moins aussi grand que lui, voire même plus.
Un parent désire profondément que ses enfants échappent à la règle de la diminution des générations et que tout au moins, ils l'égalent, et ce à l'image d'Efraïm et Ménaché.

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch dit que Yaakov bénit Efraïm et Ménaché de tellement de bénédictions au point qu'il ne puisse y avoir de bénédictions supplémentaires.
=> Par conséquent, chaque parent qui souhaite toutes les bénédictions pour ses enfants, voudra les bénir à l'image de Efraïm et Ménaché, qui ont été bénis de toutes les bénédictions possibles.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il béni le plus jeune Efraïm avant son frère Ménaché?

-> Yossef avait épousé Osnat qui était la fille de Dina et du prince de Chékhem.
Osnat avait donc une moitié de sainteté (kédoucha) du côté de sa mère Dina, fille de Léa, et une moitié d'anti-sainteté du côté de son père.
Ménaché, le fils aîné de Yossef (totalement kadoch) et de Osnat, a pris du côté de sa mère sa moitié d'anti-sainteté et du côté de son père Yossef la moitié de sa sainteté.
Quant à son frère Efraïm, il a pris de sa mère Osnat la moitié de sainteté dont elle avait hérité et de son père Yossef l'autre moitié de sainteté.
Ainsi, contrairement à son frère aîné Ménaché, Efraïm était totalement saint (kadoch).

C'est pourquoi, lorsque Yossef amena ses 2 fils Ménaché et Efraïm auprès de son père Yaakov pour les bénir, en plaçant l'aîné Ménaché à la droite (en position prioritaire) de Yaakov, ce dernier permuta ses mains en posant sa main droite sur la tête d'Efraïm, le fils qu'il savait plus kadoch (saint) que son aîné.
De plus, c'est pour cette même raison que seule la moitié de la tribu de Ménaché est entrée en terre d'Israël et l'autre moitié est demeurée de l'autre côté du Jourdain ; par contre toute la tribu d'Efraïm a eu le mérite d'entrer en terre d'Israël.
[Ben Ich 'Haï]

-> Le Bné Yissa'har enseigne :
Si Ménaché était l'aîné, pourquoi Yaakov bénit-il Efraïm avant Menaché, avec le bras droit, en croisant les bras?
En fait, les 12 tribus d'Israël correspondent aux 12 mois de l'année. Chaque mois correspond à une tribu selon l'ordre comment ils étaient disposés sous les 4 drapeaux dans le désert.
D'après cela, le mois de Tichri amorce le drapeau de Efraïm, le mois de Mar'hechvan correspond à Menaché. L'inauguration du 1er Temple eut lieu dans le mois de Tichri, celui de Efraïm. Or, les saints livres enseignent que le 3e Temple sera inauguré au mois de Mar'hechvan, celui de Menaché. Puisque l'aboutissement final sera réalisé par la reconstruction du 3e Temple, c'est pourquoi c'est Ménaché l'aîné, à qui revient la plus grande importance.
Et puisque dans l'ordre chronologique, par la force des choses, le 1er Temple a été inauguré en premier, c'est pourquoi Yaakov bénit Efraïm avant Menaché.

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-> "Il les bénit en ce jour en disant : Israël bénira par toi en disant : que D. te place comme Efraïm et comme Menaché, et il mit Efraïm avant Menaché" (Vayé'hi 48,20)

-> Le Targoum Yonathan dit que le jour de la circoncision, on bénit l’enfant en disant : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

=> En quoi cette bénédiction est-elle liée à la circoncision?

-> Nous savons que les 2 fils de Yossef avaient des rôles très différents ; le plus âgé, Ménaché était très impliqué dans le monde matériel, il assistait Yossef, mais parvint à maintenir son niveau de piété.
En revanche, Éfraïm, le plus jeune, était plongé dans l’étude de la Torah.
Le Ktav Sofer souligne qu’Éfraïm est considéré comme plus vertueux, du fait de son érudition.
=> Dans ce cas, pourquoi YaacKov commence-t-il sa bénédiction par Éfraïm, pour ensuite ajouter Ménaché, qui, en dépit de sa grandeur, n’était pas au niveau d’ÉFraïm? Généralement, on commence une bénédiction par le plus petit niveau, puis on continue en s’élevant ...

Le Ktav Sofer explique que le juif peut choisir 2 voies différentes dans sa vie. Il peut consacrer ses journées à l’étude de la Torah, ou bien travailler pendant une grande partie de la journée, tout en fixant des temps d’étude, en effectuant des actes de bonté, ou en soutenant financièrement des personnes qui étudient toute la journée.
La 2e option convient à la plupart des gens ; rares sont ceux qui peuvent se consacrer entièrement à l’Étude.
Le Ktav Sofer affirme par ailleurs que seul un millième de ceux qui entrent dans le beit hamidrach (pour étudier toute la journée, quotidiennement) deviendra apte à trancher la Halakha. Toutefois, chaque père doit élever ses fils, en leur donnant la chance de réussir dans la Torah, d’atteindre les plus hauts niveaux, bien que la probabilité qu’ils les atteignent soit faible, et qu’ils choisiront certainement de travailler pour gagner leur vie et d’étudier quelques heures par jour "seulement".
Ceci, car si l’on ne donne même pas la possibilité à notre enfant de devenir un Talmid ’Hakham, il n’aura aucune chance de réussir dans la voie de la Torah.

Pour revenir au rapport entre la bénédiction et la brit mila, le Ktav Sofer explique que cette dernière représente le début de l’éducation de l’enfant, la première étape de l'éducation ('hinoukh). Il est donc important de bénir le bébé, à ce moment, et de lui souhaiter de devenir comme Éfraïm (c’est-à-dire d’exprimer notre intention de lui donner une chance d’émuler Éfraïm, l’érudit en Torah) et ensuite de lui souhaiter de devenir comme Ménaché (on exprime ainsi l’espoir, s’il n’est pas capable de devenir un grand érudit en Torah, de le voir agir comme Ménaché, qui resta vertueux tout en étant impliqué dans la matérialité).

-> Le ’Hazon Ich soulignait ce point, et disait souvent que chacun doit avoir la possibilité de devenir un grand Talmid ’Hakham (érudit en Torah), bien que la plupart des gens n’atteindront pas cet objectif.
Dans ces mots : "Chacun doit avoir l’opportunité de devenir "le millième", peu importe la probabilité du résultat."
Il ajoutait qu’on ne peut pas être sûr qu’un individu ne pourra pas devenir un grand érudit, dès son jeune âge.
Il raconta que l’un des Grands de la génération n’était pas doué dans l’Étude, il était même considéré comme un vrai cancre, à 18 ans encore. Pourtant il devint l’un des Rabbanim les plus respectés de son temps. Si on l’avait traité avec cette approche, à savoir qu’un élève faible n’a aucune chance de devenir un Grand en Torah, il aurait reçu une plus médiocre éducation et ceci aurait privé le monde d’un Gadol.
[bien évidemment, il peut parfois s’avérer négatif que certains jeunes homes continuent d’étudier intensivement la Torah. Ce sujet est complexe et chaque cas est à traiter isolément, en fonction des circonstances et il convient de s’adresser à un Rav compétent en ce domaine.]

=> Ainsi, nous bénissons nos fils et leur souhaitons, dès leur brit mila, de s’efforcer de devenir de grands érudits en Torah. Comme l’enseignent le Ktav Sofer et le ’Hazon Ich, il nous incombe de leur donner la chance de réussir.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler dit qu’il y a un Menaché qui ressemble à Efraïm et un Efraïm qui ressemble à Menaché.
On peut être installé au Beit HaMidrach (maison d'étude) comme Efraïm alors que la tête est dans les affaires de ce monde comme Menaché, et on peut être installé dans une boutique comme Menaché alors que la tête se trouve dans les problèmes du Talmud et les sujets portant sur la crainte du Ciel comme Efraïm.

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-> Comment Efraïm a-t-il acquis un statut supérieur alors qu'il était le plus jeune des 2 frères?
Par le fait qu'il s'est toujours conduit modestement et a servi son grand-père de façon désintéressée, de la même façon que Yéhochoua, son descendant, servira ensuite Moché.
Nos Sages font souvent remarquer que plus une personne se conduit modestement, plus elle est digne d'être élevée.

"Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années ; et les jours de Yaakov, les années de sa vie, furent de 147 ans" (Vayé'hi 47,28)

-> La paracha de Vayé'hi a la particularité d'être fermée (stouma), c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'espace entre la fin de la précédente et le début de celle-ci.
[Vayé'hi est considérée comme "fermée", parce qu'elle n'est pas précédée d'un espace vide de 9 lettres comme la plupart des autres parachiyot.]

Rachi apporte 2 explications :
- c’est parce qu’elle contient le récit de la mort de Yaakov, laquelle a marqué le début de la souffrance de l’esclavage, et donc de la "fermeture" des yeux et des cœurs d’Israël.
- Yaakov voulait livrer à ses fils le secret de la fin des temps (cf.Rachi 49,1), mais sa vision a été "fermée".
[la prophétie s'est fermée lorsqu'il était sur le point de révéler ce qui arriverait à la fin des temps]

La fin de Vayigach est : "Israël (Yaakov) s'établit dans le pays d'Egypte ... fructifièrent et se multiplièrent prodigieusement", et le début de Vayé'hi enchaîne tout de suite par : "Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années".
=> Que vient nous enseigner le fait qu'il n'y a pas d'espace entre ces 2 parachiot (Vayigach et Vayé'hi)?

-> Selon le Kli Yakar, cela nous informe que les juifs vécurent confortablement, agréablement, en Egypte uniquement pendant le temps de la vie de Yaakov..
A partir de sa mort, la servitude des juifs a commencé.

[Par exemple, la mort de Yaakov a entraîné que Yossef ne pouvait plus s'adresser directement à Pharaon, devant passer par ses conseillers]

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-> Rachi : "Cette paracha est "Stouma" (fermée), parce que les yeux et le coeur des Bné Israël se fermèrent à cause des épreuves de la servitude."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Cela signifie : toutes les autres parachiot de la Torah sont séparées les unes des autres par un espace vide correspondant à plusieurs lettres de 'blanc'. En revanche, celle-ci est "Stouma" parce que dans cet espace blanc se trouvent écrits les mots : "Yaakov vécut" (ויחי יעקב).
Certains y voient l’allusion suivante : Il peut sembler parfois à une personne qu’elle traverse soudain un épisode de vie 'fermé' : de difficiles et amères épreuves s’abattent sur elle. Ses yeux et son coeur s’obscurcissent alors et elle ne sait plus vers qui ni quoi se tourner. Elle a l’impression qu’Hachem lui ferme toutes les portes.
Elle doit alors savoir que cette pensée n’est qu’un mirage, car la Torah elle-même écrit dans cette 'fermeture' les mots "Yaakov vécut", pour nous enseigner que tous ces événements n’ont qu’un seul but : la rendre plus forte et la faire vivre, en lui apportant richesse et honneur.
Elle devra donc se renforcer dans une foi intègre que, même si elle ne comprend pas la conduite d’Hachem, il n’en est pas moins vrai que dans cette période, elle est train de construire les moyens par lesquels Hachem lui apportera tout ce dont elle a besoin et tous les bienfaits.

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-> La paracha fermée symbolise la façon dont le cœur et l'esprit des égyptiens s'est fermé après la mort de Yaakov. [midrach Béréchit rabba 96,1 - avec Ets Yossef]
Bien qu'en pratique, l'esclavage n'ait commencé que 77 ans plus tard, l'attitude des égyptiens a commencé à se faire hostile dès la mort de Yaakov.

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-> Le rav Moché Sternbuch écrit que lors du vivant de Yaakov, les Bné Israël bénéficiaient d'une grande bénédiction, et c'est à lui qu'ils l'attribuaient.
Mais lorsqu'il décéda, ils pensèrent qu'en se rapprochant des égyptiens, ceux-ci les aideraient et les protégeraient.
En fait, c'est précisément à ce moment-là que plaçant leur confiance dans les goyim, débuta l'asservissement spirituel : les Bné Israël prirent exemple sur ces derniers et adoptèrent leur mauvaise conduire.

Ainsi, bien qu'à proprement parler, les Bné Israël ne devinrent esclaves qu'à la mort des tribus, c'est au décès de Yaakov que l'asservissement spirituel commença.

Le rav Sternbuch conclut : "Nous devons savoir que notre existence relève du surnaturel, et ce n'est que par le mérite de l'accomplissement de la Torah et des mitsvot que les juifs ont parcouru l'histoire et perdure."

[à défaut d'ouvrir nos yeux à cette réalité, nous les fermons et évoluons dans le mensonge, et c'est un message que transmet la paracha fermée]

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-> On constate un passage entre le nom : "Israël" (fin Vayigach) à "Yaakov" (début Vay'hi).

Selon le Gaon de Vilna, lorsque les juifs font la volonté de Hachem, alors ils sont appelés : Israël.
S'ils ne suivent pas Sa volonté, on fait référence à eux sous le nom : Yaakov.

Le Béer Moché enseigne qu'en commençant notre exil par : "Yaakov vécut", le message est qu'au fond de chaque juif, même s'il descend au plus bas niveau, s'écartant au maximum de D., il y aura toujours une étincelle Divine en lui qui vit (vayé'hi).

=> La paracha est fermée pour nous enseigner que collectivement et individuellement, lorsque nous descendons d'un niveau élevé (Israël) à un niveau spirituel très bas (Yaakov), il y aura toujours du divin qui nous accompagnera.
Rien ne pourra enlever cette partie de D., qui nous aide, qui nous aime, ...
Un juif n'est jamais seul, car Hachem l'accompagne, le soutient absolument tout le temps (en tout lieu, en toute situation, ...).

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-> "Je vous direz ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1)

-> Le midrach explique que Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, mais alors, la Présence Divine se retira de Lui. Il pensa que ses enfants avaient peut-être fauté. Alors, ils lui répondirent : "Ecoute Israël Hachem est notre D., Hachem est Un". Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, qui se dit Kets (קץ), de valeur numérique 190.
En fait, il voulut leur dévoiler que l'exil d'Egypte durerait en tout et pour tout 189 ans et ils seront libérés la 190e année.
En effet, le Zohar dit que cet exil fut causé par la faute de la vente de Yossef. Une fois cette faute commise,
chaque tribu portait atteinte au Nom Divin אהיה (éyé) de valeur numérique 21. C'est pourquoi l'exil dura 210 ans, car les 10 tribus ont participé à cette faute. Mais en fait, Réouven n'était pas présent lors de la vente de Yossef. Il ne revint que plus tard. Seulement 9 tribus ont donc porté atteinte à ce Nom Saint, ce qui devrait entraîner un exil d'une durée de 189 ans. Aussi, Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, le Kets (190), qu'ils seraient libérés la 190e année et non après 210 ans.
Mais en fait, le midrach dit que la Présence Divine s'associa aux 9 frères au moment de la vente et ils furent donc en tout 10, d'où un exil de bien 210 ans. Mais Yaakov oublia de compter la Présence Divine. C'est pour cela que celle-ci se retira de lui à ce moment là. Mais lui, crut que c'était parce que ses enfants avaient commis une faute.

=> Ainsi, ils s'exclamèrent : "Ecoute Israël (renvoyant au nom de leur père Yaakov), Hachem est notre D., Hachem est Un " = Lui aussi compte comme Un et c'était Lui le 10eme, d'où un exil d'en fait 210 ans et non de 189 ans. C'est parce que tu as oublié de Le compter dans les 10 que Sa Présence s'est retirée de toi. Et non parce que nous avons commis une faute. Tu peux donc te rassurer.
[d'après Rabbi Chimchon de Ostropoli]

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-> D'après certains commentateurs, Yaakov n'a pas révélé à ses fils quand l'exil prendrait fin pour qu'ils ne perdent pas confiance. Il a imploré D. de leur révéler au moins la fin de l'exil en Egypte.
Hachem a consenti et Yaakov a jeté son bâton sur le sol où il est devenu serpent. Il a ensuite introduit la main dans sa tunique et lorsqu'il l'en a retirée, elle était devenue blanche comme la neige.
"Ne croyez aucun messager venu vous dire qu'il est venu vous délivrer, a-t-il dit, sauf s'il vous montre ces 2 signes".
[cf. midrach Yélamdénou ; Tossefot sur Béréchit 49,1 ; rabbénou Bé'hayé]

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-> Selon le Maharil Diskin, cela signifie que même en Egypte Yaakov a vécu totalement avec la présence Divine, comme Hachem lui avait dit : "Je descendrai avec toi en Egypte" (Vayigach 46,4).

-> Cette paracha est "fermée" car la vraie vie est celle du monde à venir.
Le nom : Yaakov (יעקב) a la même guématria que : "la vie dans le monde à venir" (ayé olam aba - חיי עולם הבא).

Yaakov a fermé les yeux pour ne pas observer la vie en fonction de ce que l'on voit naturellement, mais plutôt en étant déjà dans le monde à venir, avec les véritables priorités afférentes.
[adaptation du Sifté Cohen]

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-> Rabbi Tsadok haCohen explique que la descente en Egypte, marquant le début de l'exil, est fermée, car cela renvoie au fait que cela engendre chez nous beaucoup de questions dont la réponse est au-delà de nos capacités de compréhension humaines.

Par exemple : Quelle est la nécessité d'aller en Egypte, pays rempli d'impureté? Pourquoi y subir des horreurs dans le but de recevoir la Torah? Pourquoi la Torah n'a-t-elle pas été donnée en Israël?

Rachi au début du livre de Vayikra explique que la raison des espaces dans la Torah est afin de pouvoir réfléchir au passage précédent.
Ici, il n'y a pas d'espace car la compréhension nous est impossible, nous devons simplement aller de l'avant, persuadés que Hachem gère au mieux, que tout est finalement pour notre meilleur.

[ => c'est un vrai secret que Yaakov nous transmet : dans les difficultés de l'exil, parfois il faut accepter notre petitesse, et se reposer sur l'infinie grandeur de papa Hachem!
Parfois, il faut arrêter de trop réfléchir, trop s'interroger, mais plutôt fermer les yeux (comme dans le Shéma), et avancer plein de confiance en notre papa Hachem, qui est l'Unique (é'had)!]

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-> Le Zohar dit que Adam a donné 70 ans de sa vie pour permettre au roi David d'exister.
Avraham, Yaakov et Yossef étaient des réincarnations de l'âme de Adam, et ils ont également donné 70 ans à David.

Its'hak n'étant pas une réincarnation de Adam, il n'a rien donné à David, et c'est pour cela qu'il a vécu le plus longtemps des Patriarches, au terme des 180 années qui avaient été prévues pour lui.

- Avraham a vécu 175 ans, et il a donné 5 ans à David ;
- Yaakov devait vivre jusqu'à l'âge de Avraham (175), mais a vécu en réalité 147, donnant 28 années à David. (comme l'affirme le Zohar Vayichla'h)
[28 : guématria de koa'h (force - כח) = Yaakov a donné de la force de sa vie au roi David, pour qu'il puisse vivre 28 années] ;
- Yossef devait vivre jusqu'à l'âge de Yaakov soit 147, mais il est mort à 110 ans, donnant ainsi 37 ans à David.
[ainsi : 5+28+37 = les 70 années de la vie du roi David]
[Ets Adaat aTov]

=> La paracha est fermée, comme pour nous rappeler que Yaakov a lui même fermé une partie de sa vie avant le terme qu'il aurait dû atteindre, pour permettre au roi David de vivre.

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-> "La durée de la vie de Yaakov fut de 147 années" (Vayé'hi 47,28)

Avraham a vécu 175 ans et Its'hak a vécu 180 ans.

=> Pourquoi Avraham vécu-t-il 5 ans de moins que Its'hak?

Le Ben Ich 'Haï dit :
Avraham a quitté ce monde à 175 ans, soit 5 ans avant l'âge prévu de 180 ans (date de décès de son fils It'hak), afin de ne pas assister aux 5 transgressions graves de son petit-fils Essav.

=> Pourquoi Yaakov vécu-t-il 33 ans de moins que son père Its'hak, et 28 de moins que Avraham?

1°/ ci-dessus (28 années au roi David).

2°/ Lorsque Lavan poursuivit Yaakov et l'accusa de lui avoir volé ses divinités, Yaakov prononça inconsciemment une malédiction à l'adresse de celui des membres de sa famille chez qui se trouvaient les "dieux" de Lavan.
Yaakov s'écria à l'égard de l'auteur présumé du vol : "celui chez qui tu trouveras tes dieux ne vivra pas (lo yi’hié)" (Vayétsé 31,32).
Cette parole malencontreuse, cette malédiction injustifiée, s'est réalisée (une malédiction même vaine d'un Sage finit par se réaliser). Elle frappa son épouse Ra'hél, qui mourut prématurément.
Cette même prédiction se retourna également contre lui. Voici ce qui entraîna sa mort 33 ans avant le terme naturel, correspondant à la valeur du mot "yi’hié" (יִחְיֶה) qui est de 33.
Il manquait à la durée de sa vie le compte de yi’hié (יִחְיֶה), à savoir 33, dans ses années.
[Baal haTourim - Béréchit rabba 74]

[ "Yaakov vécut ..." (vayé'hi Yaakov - Vayé'hi 47,28) = le Ohr ha'Haïm commente : par sa parole Yaakov a entraîné la mort de Ra'hél avant son temps. Et du fait de cette disparition de Ra'hél 33 ans avant son temps, on lui a retiré aussi à lui 33 ans, et c'est cela que fait allusion le mot "Vayé'hi" qui signifie une tristesse, pour nous indiquer que al vie du tsadik a été diminuée de 33 ans. ]

3°/ Selon le midrach (rapproté par le Daat Zékénim miBaalé haTossfot), lorsque Yaakov déclara à Pharaon : "(le nombre de mes années) est court et malheureux" (Vayigach 47,9), Hachem lui dit : "Je t'ai sauvé d'Essav et de Lavan, je t'ai ramené Dina et Yossef et tu te plains que tes années ont été peu nombreuses et mauvaises! Je jure que Je vais diminuer tes jours de 33 années, correspondant aux 33 mots de ce verset (v.8 et 9)".
Ainsi, Yaakov vécut 147 ans au lieu de 180 comme son père.

4°/ On a retiré 33 années à Yaakov (33 est la valeur numérique du mot "גל" - monticule), car lorsqu’il contracta une alliance avec Lavan, ce dernier appela le lieu du pacte "Yégar chaadouta"(monticule de témoignage - יְגַר שָׂהֲדוּתָא - Vayétsé 31,47), et introduisit ainsi, dans la Torah, 2 mots de langue étrangère et impure (l’araméen).
Yaakov dut réparer le tort commis (extirper l’impureté introduite) dans les 3 "Piliers" du service Divin : Torah, Avoda (les sacrifices) et la bienfaisance (guémilout 'hassadim).
Ainsi, existe-t-il 3 versets faisant référence à ces 3 fondements et comportant le mot "גל" :
- "gal énaï" (גַּל עֵינַי) = "Dessille-moi les yeux pour que je puisse contempler les merveilles issues de ta Loi" (Téhilim 119,18) = la Torah ;
- "gal naoul" (גַּל נָעוּל) = "Une source fermée, une fontaine scellée" (Chir haChirim 4,12) [allusion au Temple dont le Service est celui des sacrifice (korbanot)] = Avoda ;
- "gal méalaï" (גַּל מֵעָלַי) = "Affranchis-moi de la honte et du mépris" (Téhilim 119,22).

C'est pour cela que Yaakov vécut 147 ans, valeur numérique du mot "גל" (écrit avec chaque lettre en complet - bémilouï) = למד גמל.
Par ailleurs, il mérita l'Attribut de Vérité, comme il est dit : "Tu donneras la Vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov - תתן אמת ליעקב - Mikha 7,20), car la réparation du "גל" (gal) dans les 3 "Piliers" du Service Divin fit apparaître la valeur numérique du mot "émet" (3*147 = 441) : אמת.
[Torat Moché - Bé'houkotaï]

"Israël (Yaacov) se prosterna à la tête du lit" (Vayé'hi 47,31)

-> Rachi : Il s’est tourné vers la chekhina, d'où l’on apprend que la présence divine se trouve au-dessus de la tête d’un malade.

-> Une raison à cela est que le malade n’a plus la force de se repentir par des actes et de corriger ses actions.
En raison de son état où il risque de quitter ce monde et qu'il va devoir rendre des comptes devant Hachem, il a certainement des pensées de regret et de repentir sur ses mauvaises actions.
C'est pourquoi, la présence Divine se trouve au-dessus de sa tête, car c’est dans sa tête que traversent toutes ces pensées de repentir.

[rav Yonathan Eibschutz]

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-> Rachi explique que par ce geste (se prosterner), Yaakov voulait remercier Hachem que son fils Yossef soit un tsadik, malgré le fait qu’il ait été captif en Egypte.

=> Mais, qui lui prouverait qu’il restera toujours tsadik et qu’il ne trébuchera pas par la suite?

Nos Sages (guémara Yoma 38b) enseignent qu’un homme qui n’a pas fauté la majorité de sa vie, ne fautera plus.
Yossef vécut 110 ans. Or, la Torah affirme qu’il avait 30 ans quand il régna sur l’Egypte.
Si on y ajoute les 7 années d’abondance, les 2 années de famine (jusqu'à ce qu’il retrouve sa famille) et les 17 ans que son père vécut auprès de lui en Egypte (jusqu'au jour de sa mort), cela lui donne 56 ans lorsque son père mourut (30+7+2+17=56).

Or 56 ans, c’est justement la majorité de sa vie (qui fut de 110 ans), et puisqu'il n’a pas fauté la majorité de sa vie, cela indique donc qu’il ne fautera plus.
=> Son père put donc, sous inspiration, remercier Hachem que son fils soit un tsadik et l’ait été la majorité de son existence, et aussi qu’il le restera donc toute sa vie.

[Messe'h 'Hokhma]

"[Yaakov dit à Yossef: ] D. Qui m'assiste depuis mes débuts (méodi - מֵעוֹדִי) et jusqu'à ce jour (ayom azé - הַיּוֹם הַזֶּה)" (Vayé'hi 48,15)

-> Il y a 2 périodes dans la vie de Yaakov : ses 130 années douloureuses avant de venir en Egypte, et 17 années agréables dans cette terre (une fois réuni avec tous ses enfants).
La guématria de : méodi (מֵעוֹדִי) est de 130, et celle de : azé (הַזֶּה) est de 17.

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-> "Le D. Qui a été mon berger depuis ma naissance jusqu’à ce jour" (Vayé'hi 48,15)

Le Malbim souligne que Hachem s’est conduit avec moi comme un berger envers son troupeau, qui ne décide pas si ses bêtes sont dignes de paître en fonction de leurs actes ou de leur préparation.
Ainsi de même, Hachem me fait paître et me donne ma nourriture en abondance, comme il est habituel pour les besoins de Ses créatures.

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-> "Que la Divinité dont mes pères, Avraham et Its'hak, ont suivi les voies" (48,15)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch note que Yaakov invoque Hachem en s'appuyant tout d'abord sur les mérites de ses pères, avant de mentionner le sien.
Les hommes de la Grande Assemblée en ont déduit l'ordre dans lequel agencer les bénédictions de la Amida : commencer par évoquer les Patriarches, aimés par Hachem, puis formuler ses demandes et éveiller la Miséricorde Divine.
Yaakov mentionna son propre mérite par l'expression : "Que la Divinité qui a veillé (haroé) sur moi", laissant entendre qu'il se considérait face à Hachem comme une pièce de bétail devant son berger (roé), prête à le suivre aveuglément en tout lieu.

-> Dans les mots du Ohr ha'Haïm haKadoch :
Yaakov mentionna le mérite des pères, Avraham et Its’hak, car grâce à cette évocation, il commença par réveiller l’amour des anciens, comme dans la prière du "Chemoné Esré" (la Amida) dans laquelle on commence par rappeler le mérite des pères (pour ensuite prier). Puis, il mentionna discrètement son propre mérite en disant : "le D. mon berger", car Yaakov se laissait conduire par la volonté d'Hachem, comme une brebis par son berger".

-> La confiance en D. n’est pas seulement un mérite pour celui qui la possède, mais une source de bonheur, puisqu’il suit ainsi son Créateur avec sérénité, comme la brebis son berger, dont le sort est placé entre ses bonnes mains. Elle peut compter sur lui en toute quiétude, sans craindre pour sa subsistance, ni pour ce qui pourrait lui arriver.

Le Chem miChemouël (‘Hanouca 5683) explique que c’est la raison pour laquelle les dirigeants du peuple juif sont appelés "bergers", car ils apprennent aux Bné Israël à suivre Hachem d’eux-mêmes, sans réfléchir, avec une foi simple, comme il est écrit : "Tu résideras dans la terre en paissant (grâce à) la foi"(Téhilim 37,3).
Le Chem miChemouël écrit : "Puisqu’ils impriment la émouna dans leur coeur, ils sont appelés "bergers", car c’est un principe essentiel et basique, comme l’affirment nos Sages (guémara Makot 24a) : "’Habakouk est venu et a basé toute la Torah sur un seul principe : ‘Le juste vivra par sa émouna’ ... parce que l’essentiel de la émouna est que l’homme s’annule devant Hachem à travers tous ses traits de caractère."