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"N’approche pas d’ici! Enlève ta chaussure" (Chémot 3,5)

-> Quand on porte des chaussures, il est possible de marcher sur le sol avec facilité, sans se faire mal par des embûches.
Mais, quand on marche sans chaussures, on ressent alors tous les piques et les pierres qui font mal.

Hachem fait ici une allusion à Moché : un dirigeant d’Israël doit être sensible et ressentir toutes les difficulté, les peines et les douleurs de son peuple, à l'image d'un pieds nu qui ressent fortement tout ce qu'il y a par terre.

Il doit toujours faire attention de ne rien avoir qui puisse l'empêcher de ressentir les souffrances d'autrui, comme si elles étaient les siennes.

[le Olélot Efraïm]

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Bien qu'évoluant dans le très confortable palais royal, il est écrit au sujet de Moché :
-> dans le midrach (Chémot rabba 1,27):
"Il fut témoin de leurs souffrances (Chémot 2,11)"
Que signifient ces mots?
Moché les voyait et en pleurait.
Il disait : "Combien de chagrin me suscitez-vous! Qui me laisserait mourir à votre place?" ...
Il n'hésita pas à prêter son épaule et à aider chacun d'eux. [...]
Hachem dit : "Tu as délaissé tes propres occupations pour aller voir la souffrance des juifs, te comportant ainsi comme un frère, Je jure de délaisser les Mondes supérieurs et les mondes inférieurs pour venir te parler"."

-> dans le midrach (Chémot rabba 2,6) :
"Que signifie : "il s'approchait pour regarder [le buisson]" (Chémot 3,4)?
Hachem dit : "Cet homme s'implique et s'attriste en voyant les souffrances des enfants d'Israël en Egypte, il mérite de devenir leur berger!"
C'est pourquoi il est dit aussitôt : "D. l'appela de l'intérieur du buisson"."
[son attitude a permis d'initier le processus de libération du peuple juif!]

-> Rachi commente : "il fut témoin de leurs souffrances" = Il s’appliqua de tous ses yeux et de tout son cœur à souffrir avec eux.
Le Saba de Kelm ('Hokhma ouMoussar) commente : il ne se contenta pas d'avoir une pensée pour ceux qui souffrent, reprenant ensuite le fil de ses occupations, mais il travailla sans cesse sa sensibilité et son imagination pour éprouver la souffrance d'autrui, comme s'il s'agissait de la sienne propre.

Le Saba de Kelm affirme même que : c'est en faisant preuve de pitié envers ses frères que Moché suscita la clémence divine!

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-> Rabbi Yonathan Eibeschetz (Yaarot Dvach) explique que si Pharaon n'a pas soumis la tribu de Lévi à l'esclavage c'est parce que ses astrologues lui avaient prédit que le sauveteur des juifs viendrait de cette tribu.
En laissant les Lévi'im libres, il leur empêchait de ressentir la douleur des autres juifs, et donc de ressentir l'urgence de les libérer de leur esclavage.

En effet, d'un point de vue psychologique, plus nous avons faisons des efforts pour obtenir un chose, plus cela aura de la valeur à nos yeux, plus nous en serons liés, concernés.
Pharaon espérait ainsi effectuer une déconnexion entre le sauveteur (tribu de Lévi) et le restant du peuple, puisque les Lévi'im pouvaient au mieux intellectualiser leur douleur, mais non pas la vivre émotionnellement.

=> Si Moché a pu devenir le défenseur de ses frères, c'est parce que sans cesse il quittait son confort royal pour ressentir pleinement leur douleur physique et psychologique.

-> Dans le même ordre d’idées, Rav Moché Sternbuch rapporte que Pharaon connaissait la force de la prière des Béné Israël. Par ailleurs, il savait que le sauveur d’Israël serait issu de la Tribu de Lévi. Aussi, décida-t-il de ne pas asservir cette frange du Peuple Juif afin que le futur sauveur d’Israël ne voit les souffrances de ses frères et ne prie avec ferveur pour accélérer leur délivrance.

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-> "Il advint, en ces jours que Moché grandit et sortit vers ses frères et observa leurs fardeaux. Il aperçut un égyptien frappant un Hébreu d'entre ses frères ... il frappa l'égyptien et l'ensevelit dans le sable" (Chémot 2,11-12)

Le 'Hatam Sofer commente : "Il advint en ces jours que Moché grandit" = ce verset nous enseigne comment Moché est devenu grand aux yeux de Hachem.
C'est parce qu'il a partagé la souffrance des juifs,
et qu'il a tué l'égyptien."

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+ Quelques exemples chez nos Sages :

-> Pendant la 1ere guerre mondiale, le 'Hafets 'Haïm dormait à même le sol avec ses mains servant d'oreiller, et il s'expliqua à sa femme : "Dehors, nos frères juifs rescapés errent d'un bout à l'autre du pays, souffrant du froid et de la faim. Nos fils couchent à même le sol. Et au front, dans les tranchées, la mort les encercle de toute part. Comment aurais-je le cœur de dormir paisiblement, dans un lit confortable?"

-> Lorsqu'un feu a ravagé la majorité du quartier juif de la ville de Brisk, le rav 'Haïm Soloveitechik (rav de la ville, dont sa maison avait été épargnée), a insisté pour dormir dans la synagogue avec ceux qui étaient sans maison afin de partager leur souffrance.
Il a dit : "Comment puis-je dormir dans mon lit, alors que tant de juifs n'ont même pas où se loger?"

-> Pendant la période de la guerre du Golfe, le rav Chakh refusa de s'étendre dans son lit, entraînant qu'il dormait très mal. Il disait : "Les parents de nos élèves ne sont pas en sécurité (car inquiets pour leurs enfants en Israël en temps de guerre) ... Comment pourrais-je dormir?"

[Un juif doit savoir être là pour partager les moments de joie de son prochain, mais également ses moments de peine.
La mitsva "d'aimer son prochain comme soi-même", nous exhorte également à nous préoccuper du sort de nos frères, et à éprouver pour eux de l'inquiétude, comme si nous formions réellement une seule famille.
Il y a une différence entre "partager les épreuves d'autrui" par la pensée, et entre les partager par une ou des actions concrètes pour encore davantage les ressentir, les vivre.]

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+ Enlève ta chaussure!

-> Le rav ‘Haïm de Volozhin (Roua’h ‘Haïm sur Pirké avot – 1,1) de nous apprendre :
"L’essence de l’âme est son origine supérieure, là-bas est sa demeure principale.

Une partie divine est descendue dans le corps, qui a le statut de "chaussure" pour l’âme.
De la même façon que la chaussure n’est pas un habit pour tout le corps, mais [en couvre] la partie inférieure [c.-à-d les pieds], ainsi le corps n’est pas un vêtement recouvrant la totalité de l’âme.
Il agit plutôt comme un revêtement couvrant seulement la partie inférieure de l’âme.

Le corps est comme une "chaussure" pour l’âme, n’en couvrant uniquement la partie inférieure, et c’est la signification de "retire tes chaussures de tes pieds" [que D. ordonna à Moché dans le buisson ardent], signifiant [enlève] le corps. "

-> La bénédiction du matin : "qui m'a fait tout mon besoin" (chéassa li kol tsorki) est associée au fait de revêtir des chaussures. (Ora'h 'Haïm 46,1).
Le Maharchal explique que porter des chaussures démontre notre domination sur les animaux vivants, desquels les chaussures sont faites pour notre avantage, puisque le monde entier a été créé pour nous servir.
Rav Yossef Tsvi Salant (le Béer Yossef) explique qu'il n'est pas convenable de porter une chose renvoyant à notre contrôle dans le monde lorsque nous sommes sur un sol saint en face de la présence divine.
C'est pourquoi Moché les a spécifiquement retiré à ce moment là, dans un but de se rappeler Qui est le Véritable Roi.

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+ Pourquoi avons-nous l'interdiction de porter des chaussures en cuir à Yom Kippour?

Le jour de Kippour, lorsque chaque juif se repent, toute la Création est élevée.
Oui, même la terre sur laquelle nous marchons est élevée à un niveau plus haut et devient une terre sanctifiée.
=> C'est pour cette raison qu'à Yom Kippour, nous avons l'interdiction de marcher dessus avec des chaussures.

Cette pensée trouve un écho dans l'épisode au cours duquel D., apparaissant devant Moché dans le buisson ardant, lui demanda d'enlever ses chaussures en disant : "Ôte ta chaussure, car l'endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).
[rabbi Ména'hem Mendel de Rymanov - Ména'hem Tsion]

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-> Au moment du miracle du buisson ardant, D. a ordonné à Moché : "N’approche pas d’ici! Ôte ta chaussure, car l’endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).

Les paroles introductrices de l’ordre divin de retirer sa chaussure sont : "al tikrav alom" (N’approche pas d’ici!).
Le mot "alom" (d’ici – הֲלֹם) a pour valeur numérique : 75, qui est la même que le mot : "Cohen".

Ainsi, ce verset est un message aux Cohanim : "N’approche pas Cohen, ôte ta chaussure."

[ En effet, selon la loi juive (Ora’h ‘Haïm 128,5), lorsque le Cohen récite la bénédiction des Cohanim, il doit retirer sa chaussure. ]

[Il est à préciser : Pendant 7 jours, Hachem supplie Moché d’aller sauver les juifs. Cependant, Moché refuse car il argumente que son frère Aharon est plus grand que lui, donc le mérite lui revient, et il ne veut pas éventuellement le blesser. Mais Hachem insiste pour que cela soit Moché qui délivre les juifs.
Par la suite dans le désert, pendant 7 jours Moché a construit le Michkan, pour que le 8e jour Aharon soit le Cohen Gadol.
=> C'est Moché qui initialement aurait dû être Cohen Gadol, mais il a perdu ce droit [selon rabbi Yochiahou Pinto car il a voulu être trop tsadik, au lieu de faire la volonté de D. sans ajouter sa propre pensée ("mais peut être que ...").]

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-> Moché a craint que son frère Aharon (son aîné) soit vexé s'il est envoyé à sa place pour libérer le peuple juif.
Moché était prêt à retarder la délivrance de tous les juifs, car il comprenait qu'elle ne pourrait pas se réaliser si elle déroulait sur le compte d'autrui.
Un telle délivrance ne durerait pas et ne serait pas une véritable guéoula.
Moché accepta de libérer le peuple juif d'Egypte, une fois qu'Hachem le rassura que son frère serait heureux, qu'il n'aurait pas le moindre soupçon de jalousie.

Il nous est suggéré de ne pas oublier cette leçon Car parfois, nous sommes pressés d'accomplir une certaine mitsva, et en chemin nous piétinons nos amis, ou notre femme ou nos enfants ...
Ainsi, nous apprenons de Moché qu'une telle mitsva ne vaut rien.
Une mitsva qui vient sur le compte de l'autre, n'a aucune valeur et jamais rien de bon n'en sortira.
[rabbi Nissim Yaguen - Nétivé Or]

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+ Pourquoi les Cohanim bénissent-ils avec leurs mains (birkat Cohanim)?

-> "Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie" (Béréchit 3,22)

Le Rama de Pano commente :
"Lorsque Adam mangea du fruit de l'arbre de la Connaissance du bien et du mal, ses bras ne le suivirent pas, ils refusèrent de s'étendre, ses mains ne s'ouvrirent pas et ses doigts ne voulurent toucher le fruit".

=> Il fut contraint de saisir le fruit directement avec sa bouche.
Les Cohanim bénissent leurs frères juifs avec leurs mains, car puisque celles de Adam (englobant toutes les âmes à venir) n'ont pas fauté, elles revêtent ainsi une force particulière et sont le vecteur de la bénédiction.
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

[de la même façon qu'elles ne se sont pas étendues pour fauter, de la même façon elles peuvent s'étendre pour déverser sans déperdition les bontés provenant de D., en passant par les Cohanim.]

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+ "L’endroit que tu foules est un sol sacré!" (v.3,5)

-> "Toute situation dans laquelle on peut se trouver est sacrée.
En effet, Hachem attend que nous Le servions dans chaque situation et environnement, malgré les difficultés que cela impliquent."
['Hafets 'Haïm]

-> On demande à quelqu’un pourquoi il ne vient pas étudier. Il répond : "Je ne peux pas maintenant, la situation est très difficile! Quand cela s’arrangera, je viendrai tout de suite"

Le ‘Hafets ‘Haïm répond : "Là où tu te tiens, c’est un endroit saint! Hachem sait quelle est ta situation maintenant, et il n’exige certainement pas de toi le même genre de service que lorsque tu te trouves dans la sérénité.
Mais au moins, il y a une exigence dans la situation présente de servir Hachem en fonction de ses possibilités, et au contraire, servir Hachem dans les moments difficiles montre qu’on est attaché à lui et qu’on est prêt à se donner du mal.
C’est à ce propos que le verset dit : "l’endroit sur lequel tu te tiens (maintenant) est une terre sainte"."

-> "L'endroit où tu te trouves est un endroit saint" (Chémot 3,5)

Selon le 'Hafets ‘Haïm :
Chacun doit constamment progresser dans son service d'Hachem. Un homme ne doit pas penser qu'il ne se trouve pas dans la bonne situation pour avancer. En revanche, s'il était dans la situation d'une autre personne, avec son travail, ses capacités, sa famille, ... il aurait alors beaucoup mieux progressé.
Ce raisonnement est faux. La Torah vient nous dire en allusion que "l'endroit où tu te trouves", c'est-à-dire la situation où tu te trouves, "est un endroit saint", c'est une situation tout à fait apte pour que tu t'élèves dans la sainteté. Peu importe l'état où un homme se trouve, il peut toujours saisir l'opportunité de grandir dans la spiritualité.
C'est Hachem qui place l'homme là où il est et Il attend de lui qu'il progresse précisément dans cette situation.

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+ "Retire tes chaussures de tes pieds car l'endroit sur lequel tu te tiens est un sol sacré"

-> Les "chaussures" que Hachem recommanda à Moché de retirer font allusion au corps.
[De même que les chaussures couvrent les extrémités inférieures du corps, le corps couvrent l’extrémité inférieure de l'âme.]
Les égyptiens ayant touché le corps de Moché, il ne pouvait atteindre les niveaux spirituels élevés dont il était digne. Hachem lui dit donc de se dépouiller de son corps présent et de s'investir dans un nouveau corps sur lequel reposerait la Présence Divine.
[Méam Loez - Chémot 3,5]

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-> "Ote tes chaussures de tes pieds" (sal néalékha méal raglékha - שַׁל נְעָלֶיךָ מֵעַל רַגְלֶיךָ - Chémot 3,5)

-> La demande d'Hachem à Moché d'enlever ses chaussure était également une allusion au fait qu'il devait (avant même le don de la Torah) se séparer de sa femme, symbolisée par la chaussure (voir Zohar Pékoudé 222a).
(on peut noter que le mot שַׁל (ôte - sal) est formé des initiales de שחור (cha'hor - noir) et לבן (lavan - blanc), allusion à la Torah qui fut écrite "avec un feu noir sur un feu blanc". [rabbénou Bé'hayé])

-> Commentant notre verset, le midrach (Chémot Rabba 2,6) déduit qu' "en tout endroit où la Présence Divine se révèle, il est interdit de rester chaussé" [D. descendit sur le mont Sinaï (lieu où se trouvait le buisson ardent) comme Il le fera lors du don de la Torah - Targoum Yonathan - Ramban]
Selon ce midrach, c'est également ce qui apparaît dans l'histoire de Yéhochoua, à qui l'ange ordonna : "Ôte ta chaussure de tes pieds, car l'endroit sur lequel tu te tiens est saint. Et Yéhochoua fit ainsi" (Yéhochoua 5,15).

Le midrach conclut que pour cette raison les Cohanim marchaient pieds-nus dans le Temple, puisque là-bas aussi, la Présence Divine résidait en permanence [les chaussures sont essentielles pour l'homme, comme il est enseigné à plusieurs à plusieurs reprises :
a) "Celui qui ne porte pas de chaussures fait partie des 7 catégories de personnes qui ne peuvent avoir droit au
Monde Futur" (guémara Pessa'him 113b) ;
b) "Une personne doit aller jusqu'à vendre les poutres de sa maison, si nécessaire, afin de s’acquérir des chaussures" (guémara Shabbath 129a) ;
c) "L’Homme doit tout faire pour posséder des chaussures" (guémara Pessa’him 112a), car elles permettent de créer une séparation avec la terre, symbole de la matérialité et de l'impureté du monde.
(le Rama de Pano (Assara Maamarot) écrit qu'après la faute originelle d'Adam, la terre fut maudite par D. : "Maudite soit la terre à cause de toi" (Béréchit 3,17). Hachem décréta alors qu'elle produise "des buissons et de l'ivraie" (kots védardar), expressions des forces du mal. Par conséquent, l'Homme doit porter des chaussures pour créer une séparation entre lui et la terre, car son désir profond est de s'éloigner de l'impureté générée par la mort).

En revanche, dans un endroit de sainteté, il est nécessaire de les retirer afin de pouvoir s'unir au mieux avec la Présence Divine, Source de notre vie.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

-> La chaussure symbolise le corps humain, l'enveloppe terrestre de l'âme (d'où l'explication du Zohar précédemment et selon laquelle, la femme est comparée à la chaussure, conformément à l'enseignement : "Sa femme est comme son corps" (guémara Yébamot 62b).)
L'âme, création pure, spirituelle et véritable parcelle de la Divinité, d'une part, ne peut se rabaisser à la bassesse et la trivialité de ce bas monde, et d'autre part, réside essentiellement dans le monde supérieur (seule la partie inférieure de l'âme réside dans le corps, à l'image du corps dont seul le pied, sa partie inférieure, s'habille dans la chaussure - voir rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm Porte 1,5).

L'enveloppe terrestre de l'âme se traduit à 2 niveaux : il y a le corps à proprement parler, mais aussi les forces psychiques qui l'animent, et par lesquelles transitent les sensations et les impressions matérielles jusqu'à l'âme.
Ces 2 enveloppes constituent les 2 "chaussures" que doit porter l'âme pour supporter la réalité de ce bas monde.
Lorsqu'une prophétie se révèle à l'homme, il doit se dépouiller tout au moins de sa première "chaussure" ; c'est-à-dire que pour percevoir la révélation de la Parole divine, le corps doit perdre toute emprise sur l'âme, et comme pendant le sommeil, devenir une matière inanimée.
C'est ce que nous voyons chez Yéhochoua qui dut ôter "sa chaussure" pour appréhender la prophétie qui se dévoilait à lui. Néanmoins, même à ce niveau, la prophétie transitait nécessairement par les forces psychiques, ainsi appelées la "force imaginative", qui permettent au prophète de percevoir ces révélations à l'aide d'images et de représentations [c'est la raison pour laquelle il est dit à propos de Yéhochoua : "naalékha" (ta chaussure - נעלך), au singulier].

En revanche chez Moché, la prophétie apparaissait à un niveau unique, appelé par nos Sages "Aspakalria haMéïra" (l'Ecran lumineux) [voir guémara Yébamot 49b].
Chez Moché, la vision prophétique n'était pas perçue à l'aide de représentations personnelles, et il devait pour cela se dépouiller également de sa seconde "chaussure" [d'où le fait qu'il soit écrit à son propos : "néalékha" (tes chaussures - נעליך), au pluriel], afin de devenir semblable à un ange [Malbim ; voir aussi Chlah].
Il est enseigné : "le visage de Moché est comme la face du soleil et le visage de Yéhochoua est comme la face de la lune" (guémara Baba Batra 75a).
Le soleil éclaire de toutes ses faces, aussi Moché (depuis le jour de sa naissance) était-il capable de se dépouiller de ses 2 "chaussures"
[on peut noter que שַׁל (ôte - sal) s'apparente au mot שלילה (chlila - négation du corps)]
La lune n'éclaire que d'une seule face, ainsi Yéhochoua ne s'est-il dépourvu que d'une seule "chaussure". [Kli Yakar]
[le feuillet de la communauté de Sarcelles - 5780]

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-> "Enlève tes chaussures de tes pieds, car l'endroit où tu te trouves est une terre sainte" (Chémot 3,5)

Selon le Zohar :
Moché était marié à Tsipora. Mais, après le don de la Torah, il se sépara de sa femme, en raison de son état de sainteté. Il était si consacré à Hachem qu'il n'avait plus de lien avec le physique. Le corps ne pouvait donc pas vivre une vie de couple.
La guémara relate que Moché décida de se séparer de sa femme de sa propre initiative et que Hachem fut d'accord avec lui. Malgré tout, Hachem fit allusion à Moché dans le verset ci-dessous à l'attitude qu'il devra avoir. En effet, Hachem lui dit : "Enlève tes chaussures de tes pieds".
Par ce verset, Il lui suggère qu'il devra se séparer de sa femme (peut-être que l'expression "avoir chaussure à son pied" évoquant le fait d'avoir une femme, viendrait de là). Et la raison qu'Hachem lui donne est : "Car l'endroit où tu te trouves est une terre sainte". Le niveau spirituel et de sainteté de Moché était si haut que pour lui seul, il lui fut recommandé de se séparer de sa femme.

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-> "Enlève les chaussures de tes pieds car le lieu où tu te trouves est un lieu saint" (Chémot 3,5)

-> Une veille de Shabbat, on oublia d'allumer la lumière dans la maison du 'Hafets 'Haïm. Quand le Rav revint de la synagogue et vit l'obscurité, il demanda pourquoi il n'y avait pas de lumière. On lui expliqua qu'on avait oublié d'allumer l'interrupteur.
Alors le Juste, s'écria : "Ah! Il y a de la lumière! On a juste oublié d'appuyer sur le bouton! Le monde aussi est tout entier rempli de la Lumière d'Hachem. Aucun espace n'est vide de Sa Présence. La lumière est partout. Mais on ne la voit pas. On voit de l'obscurité, du mal, des souffrances. Nous n'appuyons pas sur le bouton. La lumière est là, il nous reste à nous y connecter par notre travail personnel, par l'étude de la Torah, la pratique des mitsvot, le développement de la foi, le travail sur le caractère ... Et si on appuie sur ce bouton, alors on verra la lumière partout!"

C'est ce que dit le verset : "Enlève les chaussures de tes pieds", débarrasse toi de ta matérialité, du mal et des doutes qui sont en toi et qui empêchent la lumière d'apparaître. Fais ce travail, appuie sur le bouton! Tu verras que "l'endroit où tu te trouves" , tout endroit où tu te trouves, "est un endroit sacré", rempli de Lumière Divine.

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"Hachem lui apparut dans une flamme de l’intérieur du buisson" (Chemot 3,2)

Le buisson, qui est composé d’épines, fait allusion aux souffrances, à la détresse.

Ce verset vient donc faire allusion au fait que la flamme sacré, qui est l’enthousiasme spirituel pour le service Divin, s’éveille souvent du fait des souffrances, comparées au buisson.
En effet, quand tout va bien, on a malheureusement trop souvent tendance à oublier le service d’Hachem et à se refroidir de ce feu spirituel.
['Hatam Sofer]

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-> b'h, également au sujet du buisson ardent : http://todahm.com/2013/12/21/883

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-> Rabbi Eliézer (Pirké Avot 2,10) dit : "Que l’honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien, ne sois pas prompt à la colère et repens-toi un jour avant ta mort.
Réchauffe-toi au foyer des Sages [en Torah] et prends garde à leurs braises, de peur de te brûler, car leur morsure est celle du renard, leur piqûre est celle du scorpion, leur murmure est celui du serpent et toutes leurs paroles sont comme des charbons ardents."

Les initiales des 3 forces des Sages en Torah forment le mot : "na'al" (chaussure - נעל). En effet, il y a : "néchika" (morsure - נשיכת), "akitsa" (piqûre - עקיצת) et "lé'hissa (murmure - לחישת).

A partir de cela, le Bné Yissa'har (rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov) explique le message de notre verset du fait que la direction du peuple est remise aux tsadikim de la génération : Hachem a enjoint à Moché dans le buisson ardent = lorsque tu dirigeras la communauté d'Israël, alors "enlève tes chaussures de tes pieds" = tu ne les utiliseras pas contre un juif (les 3 forces contenues en allusion dans le mot : chaussure).

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"Hachem vit qu'il s'approchait pour regarder, alors Hachem l'appela du sein du buisson, disant : "Moché, Moché!". Et il répondit : "Me voici"." (Chémot 3,4)

-> Allégoriquement parlant, Hachem, qui souffrait du joug sous lequel pliait Son peuple, appelle Moché 2 fois consécutives pour le supplier de venir rapidement à Son service pour faire cesser les tourments de Son peuple.
[midrach Chémot rabba, 2]

-> Au moment du sacrifice de Its'hak, Hachem appel : "Avraham, Avraham".
Selon Rachi, c'est une marque d'affection que Hachem manifeste à Avraham à ce moment où il a réussi son épreuve.

=> ainsi, cet appel répété traduit à la fois un signe d'affection, mais également une demande d'aide d'urgente.

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-> Moché qui a été le premier sauveur, a vieilli pendant 80 ans, sans savoir et sans sentir en lui-même que ce serait lui le sauveur d’Israël, puisque Hachem a dû le convaincre d’accepter cette mission, ainsi qu’il est écrit que Hachem a dit : "Va", "car Je vais t’envoyer à Pharaon".
Il a d’ailleurs refusé et ne voulait pas accepter cette mission.

Le 'Hatam Sofer dit que la même chose se passera avec le dernier sauveur.
Depuis que le Temple a été détruit, quelqu’un est né immédiatement qui était potentiellement digne d’être le sauveur, et ainsi à chaque génération.
Quand viendra le moment, Hachem Se révélera à lui et l’enverra, même s’il n’était pas conscient de sa mission jusque là. Et alors, l’esprit du Machia’h qui est caché en haut jusqu’à sa venue reposera sur lui.

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"Lorsqu'un homme pourrait se révolter contre son ami qui lui a causé un préjudice et se tait, [alors] Celui qui se trouve dans le buisson le jugera"
[rav A'ha de Bé'Hozaa - guémara Guittin 7a]

Hachem qui était installé dans le buisson ardent lorsqu'Il s'est dévoilé à Moché, jugera cet homme pour le délivrer immédiatement de celui qui lui a fait du mal.
=> Pourquoi spécifier qu'Hachem "Qui est installé dans le buisson" fera le jugement?

-> Le Yétev Lev répond :
Lorsque Moché a découvert ce buisson, il est écrit : "Il remarqua que le buisson était en feu et cependant il ne se consumait point" (Chémot 3,2).
Il s'en étonna : "Comment est-il possible que quelqu'un me brûle et que je ne sois pas brûlé?"
La réponse est que celui qui semble me brûler n'est pas le véritable auteur. Il y a quelqu'un au-dessus de lui qui brûle.
L'ange d'Hachem, qui apparaît dans le buisson, veut donc apprendre à Moché ce principe : le feu ne brûle pas, c'est Hachem qui lui ordonne de brûler!

=> On tire de là une leçon importante : même si quelqu'un t'a blessé, et que tu pourrais trouver légitime de te venger, sache que c'est Hachem qui a décidé que tu serais blessé! Alors, qu'as-tu à t'en prendre à ton ami? Ce n'est pas la bonne adresse.
Celui qui a l'intelligence de se taire à ce moment-là, montre qu'il a compris le message du buisson.

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-> Le Yétev Lev enseigne :
Hachem choisit de Se dévoiler à Moché précisément depuis le buisson ardent. Il voulait mettre en avant le fait qu'Il était présent dans chaque épine. Si l'on est piqué, on doit savoir que ce n'est pas l'épine qui nous a piqués, mais Dieu, présent dans chaque épine, qui nous a piqués. Lorsqu'un homme se trouve dans une situation difficile, qu'il souffre, c'est important qu'il prenne pleinement conscience que c'est D. qui a amené cette souffrance, et qu'Il Se tient au cœur de la flamme du buisson.

S'il en est ainsi, pourquoi devrais-je me formaliser, me fâcher, m'emporter, si quelqu'un médit de moi ou me fait du mal? Tout ceci ne vient-il pas de D.? Personne ne peut toucher, ne serait-ce qu'à l'ongle de son prochain, sans que ceci ne soit décrété d'En-Haut.

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-> "Un ange d'Hachem lui apparut [à Moché] dans une flamme de feu du milieu du buisson. Il regarda, et voici que le buisson était en feu et cependant le buisson ne se consumait point" (Chémot 3,2).
C’est chez les juifs simples, les humbles "buissons épineux", que l’on trouve cette ardente flamme divine, car ils ont une soif insatiable de Divinité, de Torah et de ses commandements.
[Baal Chem Tov]

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-> "Un ange d'Hachem lui apparut dans un jet de flamme au milieu d'un buisson. Il remarqua que le buisson était en feu et cependant ne se consumait point" (Chémot 3,2)

-> Le Sfat Emet (5638) décrit le symbolisme du buisson ardent.
Hachem s'est révélé au milieu des ténèbres pour transmettre un message à Moché : bien qu'Israël soit embourbé dans un exil amer, un feu brûlait toujours en lui.
En effet, le fait que leur feu brûle encore après leurs souffrances extrêmes est encore plus miraculeux que leur éventuelle rédemption.

"Hachem lui dit [à Moché] : "Qu'est-ce que cela, dans ta main?"
Et il dit : "Un bâton".
Il dit : "Jette-le à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui.

Hachem dit à Moché : "Tends ta main et saisis sa queue".
Il tendit la main et le saisit fermement et il devint un bâton dans sa main. (Chémot 4,2-4)

-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. " (Chémot 4,1)

-> Face à ces craintes de Moché, Hachem a voulu lui enseigner que les enfants d'Israël ont la nuque rude (kéché oréf), à cause de l'exil et de l'asservissement, mais qu'ils retrouveront leur foi solide et leur sainteté dès qu'ils seront revenus dans leur pays.

Cette idée est illustrée par 2 signes miraculeux montrés à Moché :
1°/ le bâton transformé en serpent après avoir été jeté à terre revint à son état initial quand Moché le remis à son endroit en le reprenant dans sa main.

2°/ De même, sa main devint lépreuse quand il la retira de son sein et elle fut guérie quand il la remit à sa place.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

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-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant à ce sujet.

Le bâton symbolise la direction et le pouvoir, il vient faire allusion au grand principe selon lequel c’est Hachem qui dirige le monde.

Le serpent incarne le mal et l’obscurité.
Or, ce serpent provient du bâton, signifiant que le bien et le mal s’oppose (en apparence) à D., mais il n’en reste pas moins que c’est Hachem qui le crée et lui donne l’existence.

Quand on se renforce et qu’on l’attrape, le serpent redevient le bâton.
Quand on se renforce dans la émouna (la foi) que même ce mal n’est qu’une apparence, qu’en vérité il ne provient que d’Hachem, et que l’on ne prête pas attention à son apparence extérieure de mal, alors le mal et l’obscurité de l’exil disparaissent, et la vérité apparaît.

On mérite alors de voir comment tout, et même ce mal, est inclut dans le projet Divin, et que Seul Hachem est le dirigeant.

Alors, le “serpent” redevint “bâton” ...

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-> Le mot : "mazé" (Qu'est-ce que cela - מזה) a la même valeur numérique que : "ben" (un fils - בן).
Cela insinue à celui qui a un fils qu'il doit l'éduquer en lui disant qu'il a un bâton à la main, comme le dit le roi Chlomo : "Celui qui néglige le bâton déteste son fils".
Mais si on jette le bâton, alors le fils risque de devenir un serpent (de mal tourner).
[Oneg Shabbath]

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-> Hachem enseigna à Moché une leçon importante : si une personne est bonne et maîtrise ses désirs, un serpent peut se transformer en bâton.
Mais si elle suit ses désirs, un bâton peut devenir un serpent venimeux.
Même l'objet le plus inoffensif peut devenir l'instrument de sa punition.
[Tikouné Zohar p.93]

-> En général, lorsqu'un serpent venimeux mord un individu, ce n'est pas le venin qui le tue mais son péché.
S'il était absolument innocent, le serpent le plus dangereux ne pourrait lui faire de mal.
La guémara (Béra’hot 33a) rapporte les paroles de rabbi 'Hanina ben Dossa : "Ce n’est pas le serpent qui tue, c’est la faute".

Le Yeffé Toar écrit que si une personne est parfaitement juste, un serpent ne peut lui faire de mal, et même le feu ne peut la brûler à moins que D. ne le désire.

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-> Moché a dit à Hachem à propos du peuple d'Israël : "Mais ils ne me croiront pas et n'écouteront pas ma voix, car ils diront : 'Hachem ne t'est pas apparu'. (v.4,1)
-> Il dit : "Jette-le [le bâton] à terre!" ; il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s'enfuit devant lui [le serpent]. (v.4,2)

Le Panim Yafot écrit :
Hachem demandait à Moché : Pourquoi as-tu peur d'un serpent? Qu'est-ce qui est arrivée à ta émouna?

La réponse est : Je te l'ai prise, et c'est pourquoi tu as eu peur des serpents.
Car tout est entre Mes mains, même la émouna.
Je donne la émouna au gens, et Je leur reprend.
C'est pourquoi ne dis pas : "ils ne me croiront pas ...", car si Je souhaite que le peuple juif croit, Je place de la émouna dans leur cœur, et ils croiront en Moi.

[ainsi, nous devons tout faire pour renforcer notre émouna et la demander à Hachem, car tout dépend de Lui]

"Pharaon ordonna à tout son peuple en disant : Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve!" (Chémot 1,22)

Il existe de nombreux moyens pour tuer les enfants qui viennent de naître. Pourquoi par le biais de l'eau?

-> Rachi rapporte que les astrologues ont vu que le sauveur des juifs venait de naître, et qu'il sera frappé par l'eau. C'est pourquoi, Pharaon a promulgué ce jour-là un décret visant également les égyptiens (car ne sachant pas dans quelle famille il était né).

Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché sera un jour puni à cause des eaux de Mériva (Bamidbar 20,7-13) [et que celles du Nil vont au contraire aider Moché à pouvoir sauver les juifs]

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-> Le Kéhilat Its'hak apporte une autre explication.

Selon la Torah, il est clair que l'Egypte de l'époque était la capitale mondiale de la sorcellerie, de la magie noire et de l'illusion.
En souhaitant la mort des nouveaux nés, Pharaon avait peur que les juifs créent de faux bébés par la magie, qu'ils tueraient en les faisant passer pour des vrais.

Selon nos Sages (Sanhédrin 67b), une chose réalisée à partir de la magie retourne à son état d'origine, lorsqu'elle est placée dans de l'eau ou sur un plan d'eau.

La guémara rapporte l'histoire de rabbi Ziri, se déroulant 1700 années après notre esclavage en Egypte.
Il a acheté un âne dans la ville égyptienne d'Alexandrie, sans savoir qu'il avait été créé par le biais de la magie.
Lorsqu'il est arrivé à un point d'eau, afin de donner de l'eau à boire à son âne, celui-ci est redevenu une planche de bois sur laquelle avait été jetée un sort pour la transformer en un animal.

=> On comprend mieux le choix de Pharaon, dirigeant de la capitale mondiale de la sorcellerie, qui voulait être sûr à 100% de la mort des nouveaux-nés juifs.

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-> "Pharaon ordonna à tout son peuple en disant (lémor)" (1,22)

Le terme "lémor" (en disant - לֵאמֹר) nous enseigne que ce n’était pas aux égyptiens de jeter les enfants dans le Nil, mais qu’ils devaient donner l'ordre à chaque juif d'y jeter ses propres fils.
La raison en est que les astrologues égyptiens avaient vu que le sauveur des juifs serait frappé par l’eau, et par quelqu’un de son propre peuple.
C’est pourquoi Pharaon a décrété que les juifs devaient eux-mêmes le jeter dans le Nil.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, qutand Yo'hévet y a jeté son fils Moché.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Tout garçon qui naîtrait, vous le jetterez dans le Nil, et toute fille vous la laisserez vivre" (Chémot 1,22)

=> On peut se demander pourquoi le fait de laisser vivre les filles, fait partie du décret (de tuer les garçons). Pourquoi dans l'énoncé, apparaissent les termes "et toute fille vous la laisserez vivre"? Si on ne tue pas les filles, elles vivront automatiquement.

En fait, les égyptiens ont fait le calcul suivant. Si on décrète de tuer les garçons et les filles, alors les juifs cesseront d'avoir des enfants, sachant qu'ils seraient fatalement jetés dans le Nil. Et si aucun enfant ne naissait, alors aucun ne serait tué.
C'est ainsi que les égyptiens ont décrété que les filles vivraient. Et les juifs continueraient à croître et à se multiplier, dans l'espoir de donner naissance à des filles. Forcément, des garçons naîtront aussi et ils pourront être tués.
Dans leur perversité, les égyptiens ont laissé vivre les filles dans le but de pouvoir tuer les garçons. Le fait d'épargner les filles est donc une partie intégrante de ce mauvais décret.
[Ben Ich 'Haï]

"Hachem a récompensé les sages-femmes et le peuple s’est multiplié" (Chémot 1,20)

En quoi le fait que le peuple se soit multiplié est une récompense pour les sages-femmes ? Est-ce que cela les concerne directement?

En fait, nos Sages disent que la récompense de la mitsva c’est la mitsva.
Cela signifie que quand un homme accomplie une mitsva, Hachem le récompense en lui donnant la possibilité de réaliser d’autres mitsvot qui lui ressemblent.

Ainsi, les sages-femmes ont accompli la mitsva de sauver les enfants juifs, et Hachem les a donc récompensées en multipliant le peuple pour qu'elles aient encore beaucoup d'opportunités d'accomplir cette grande mitsva de sauver les bébés juifs.

[le ‘Hatam Sofer]

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-> Selon le Or ha'Haïm, une personne est récompensée non seulement pour la réalisation d'une bonne action, mais également pour les conséquences indirectes.
Ainsi, plus il y avait de naissances, plus il y a une descendance nombreuse grâce à elle, sur laquelle elles vont recevoir indirectement une récompense pour les bonnes actions réalisées dans le futur par toutes ces personnes.
-> Nos Sages (guémara Sotah 11a ; Sanhédrin 100b) disent que Hachem récompense 500 fois plus puissamment qu'Il ne punit.

"Les enfants d'Israël fructifièrent, pullulèrent, se multiplièrent et se fortifièrent et le pays en fut rempli" (Chémot 1,7)

-> Selon le midrach Yalkout Chimoni (1,1), c'est à partir du moment où les théâtres et les lieux de divertissement ont été remplis par les juifs, que les égyptiens ont mis en place des décrets discriminants afin de se séparer d'eux.

-> "Plus les juifs désirent s'introduire dans le monde culturel des non-juifs, plus la haine des non-juifs s'accroît à leur égard, et ils promulguent des lois pour isoler les juifs et les écarter d'eux.
[...]
Lorsque les enfants d’Israël échangent leur foi contre des sottises et des coutumes non-juives qui leur paraissent plus importantes que les commandements éternels de la Torah, ils sont attaqués et pourchassés par des peuples qui perdent leur aspect humain et les haïssent de façon irrationnelle."
[le Avnei Azel - Rav Alexander Zoucha Friedman - dans son Mayana chel Torah]

-> "Les gens disent qu'il est dur d'être un juif ; mais il est encore plus difficile d'agir comme un non-juif. "
[car les citoyens non-juifs sont naturellement contrariés par cela, et nous le feront alors ressentir].
[Rav El'hanan Wasserman]

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-> "les enfants d'Israël avaient augmenté, pullulé, étaient devenus prodigieusement nombreux vayaam'tsou bim'od méod" (Chémot 1,7)

-> La traduction littérale du verset indique que les enfants d'Israël se sont renforcés "avec beaucoup" (bim'od méod).
Rabbi Moché Chagiz (cité dans Drachot 'Hasam Sofer I, p.216) explique que le peuple juif était devenu trop occupé à accumuler des richesses, des biens matériels.
Jusqu'à la mort de Yossef, ils s'étaient consacrés à l'étude de la Torah. Cependant, l'absence de son influence les a détournés de cet effort spirituel, et à son tour, les a amenés à subir l'influence négative de la terre qui les entourait.

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-> "Si les juifs ne font pas le kiddouch (qui sanctifie), les non-juifs feront la havdala (qui sépare)"
[Rabbi ‘Haïm de Volozhin]

Ce qui signifie que si notre façon de vivre est identique aux autres nations, que nous n'avons pas une attitude juive (qui sanctifie), alors ce seront les autres qui vont nous forcer à nous séparer d'eux.

-> "Vous serez saints pour Moi… et Je vous séparerez des nations" (Kédochim 20, 26)
Rachi de nous enseigner : "Si vous restez séparés d’eux, vous êtes à moi, et sinon vous êtes à Nevou'hadnétsar (Nabuchodonosor) et à ses semblables ... il faut que votre séparation d’avec eux soit en l’honneur de mon nom, il faut se séparer du péché et accepter sur soi le joug du royaume céleste."

Rabbi 'Haïm de Volozhin commente ce verset :
"Les Juifs doivent mener un mode de vie saint, basé sur la Thora et les mitsvot, et se séparer ainsi des comportements des autres nations.
Mais si les Juifs ne se sanctifient pas par eux-mêmes, alors Hachem provoquera que les nations les sépareront et leur rappelleront qu’ils sont différents.
Même si un Juif cherche à s’assimiler et à se fondre avec les non-Juifs, ces derniers finiront par leur rappeler leur différence.
Ainsi, à priori "vous serez saints", mais si vous ne vous sanctifiez pas et vous souhaitez vous assimiler, alors c’est Moi Qui "vous séparerez des nations" : Je mettrai dans leur cœur la volonté de vous écarter. "

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 33a ; ainsi que Yérouchalmi Béra'hot 5,2) font remarquer qu'à la sortie de Shabbath nous ajoutons un passage dans la amida (ata 'honan'tanou), et ce dans la bénédiction relative à la sagesse ('hochma), car s'il n'y a pas de sagesse, il ne peut y avoir de havdala (séparation).

Rachi explique qu'il est nécessaire d'être une personne dotée de sagesse afin de pouvoir faire la distinction entre le sacré et le mondain, entre le pur et l'impur.

C'est tout le message de la havdala, moment où après 25 heures plongé uniquement dans le kodech, on s'apprête à retrouver le monde environnant, et où tout notre travail sera de garder notre identité juive intacte au contact des nations.

On retrouve à de nombreuses reprises cette notion : "qui sépare entre Israël et les nations" (Havdala - la conclusion du Shabbath) ou bien : "Hachem ne nous a pas créé comme les peuples des (autres) pays" (alénou léchabéa'h - la conclusion de la prière du matin).

-> Le Beit haLévi fait remarquer que dans le Téhilim (105,25) nous louons D. et nous Le remercions, car lorsque le peuple juif est en train de s'assimiler, oubliant ses différences avec les autres nations, Hachem empêche que cela aille trop loin.

Bien qu'infiniment patient, lorsque la limite est dépassée, Hachem va réveiller chez les non-juifs des sentiments de haine envers les juifs.

=> La meilleure façon de se faire accepter des autres nations, est d'être nous-même, et non pas d'essayer de leur ressembler, de leur faire plaisir.

==> Ainsi, fuir les difficultés qu'imposent notre responsabilité à être juif, entraîne naturellement d'autres difficultés que vont nous imposer nos concitoyens non-juifs.

Notre identité spirituelle se trouve dans notre Torah, et non pas dans ce que la société peut nous proposer de divertissant.

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+ "Mais, plus on l'opprimait, plus sa population grossissait et débordait et ils eurent du dégoût pour les Bné Israël" (Chémot 1,12)

-> À première vue, il semblerait que ce "dégoût" des Bné Israël se soit fait au détriment de ces derniers.
Cependant, le rav Yosef Dov haLévi Soloveitchik (le Beit haLévi) explique que ce dégoût était pour le bien du peuple juif. Chaque fois que le peuple juif se rapproche trop des nations qui l'entourent, Hachem provoque la haine dans le cœur de ces nations. Cela empêche les Juifs de s'assimiler à ces nations.
Ainsi, le sentiment de dégoût n'était pas une punition pour le peuple juif, mais plutôt une protection contre l'assimilation.

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-> Déjà à l'époque du prophète Yé'hezkel, il était question de la thèse qu'une assimilation intégrale au sein des nations serait susceptible de rendre la vie meilleure aux juifs.
Le prophète y écrit : "Ce qui vous vient à l'esprit ne se réalisera pas ; lorsque vous dites : "Devenons comme les nations, comme les familles des autres pays pour adorer le bois et la pierre"." (Yé'hezkel 20,32)

-> "De la même manière que l'huile ne se mélange pas aux autres liquides, ainsi Israël ne se mélange pas aux enfants de Noa'h (les autres nations).
[Cette division s'avère en effet impossible], dans la mesure où Hachem a donné au peuple juif la Torah et les mitsvot pour le distinguer des nations du monde, conformément au verset : "Je vous ai séparés des autres peuples pour que vous soyez à Moi" (Vayikra 20,26).
Or, si le peuple juif en venait à se rapprocher de ces peuples, que D. préserve, Hachem devrait alors réactualiser leur différence en faisant naître la haine dans le cœur des nations, et ce pour le bien du peuple juif, afin qu'il cesse de se mêler à elles.
[...]
C'est ce phénomène que, dans notre long exil, nous constatons ostensiblement en Hongrie et en Roumanie, où chaque jour la dose de haine contre les juifs ne cesse de s'accroître. Or, si l'on s'en remettait à la raison et à la nature des choses, la haine devrait au contraire s'amoindrir au fil des jours, comme tout phénomène au monde qui débute avec puissance et qui ne cesse ensuite de régresser par l'effet du temps. Ainsi, notre exil aurait logiquement dû être plus terrible à son début que par la suite.
L'explication de ce phénomène réside dans le fait que plus les juifs tentent d'estomper la démarcation voulue par la Torah grâce à l'accomplissement de ses mitsvot, plus Hachem accroît la haine dans le cœur des nations pour maintenir le but recherché, c'est-à-dire que le peuple juif reste séparé."
[le Beit haLévi - paracha Chémot - citant et commentant le midrach Chir haChirim 1,3]

=> Ainsi c'est dans les périodes où les juifs ont rejeté le joug de la Torah et des mitsvot pour mieux s'assimiler aux nations, que l'antisémitisme les a frappé avec la plus grande cruauté.

-> "L'Allemagne ne persécutera pas le juif sans prétexte ...
Prenez aujourd'hui note de ce que j'avance! C'est à cause de la transgression de notre Choul'han Arou'h par Geiger [l'un des chefs du mouvement de Réforme du judaïsme : la haskala], qu'un nouveau "Choul'han Arou'h" version allemande sera rédigé (un code légal institutionnalisant la haine du juif), dans lequel on pourra lire : "Le meilleur des juifs, tue-le!"
Que D. nous garde et nous protège!"
[le Maguid de Kelm - dans ses discours de 1870 (environ 70 ans avant la Shoah!)]

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-> "[Avant la fin des temps, le peuple juif] s'efforcera d'abandonner les lois de la Torah pour ressembler aux non-juifs, pensant que cela lui fera trouver le repos. En fin de compte, non seulement cela ne lui aura été d'aucune utilité mais cela aura même accru l'antisémitisme."
[Méam Loez - Ki Tavo 28,36]

-> Le Méam Loez (Vaét'hanan 4,9) enseigne :
[Avant de mourir] Moché met les Bné Israël en garde : "Les nations vous estimeront et diront qu'il n'existe pas de peuple aussi sage et intelligent à condition que vous étudiiez la Torah, observiez les commandements et ne les oubliiez pas. Si vous abandonnez par contre le droit chemin, si vous oubliez la Torah en négligeant de l'étudier, vous serez méprisés et considérés comme des sots par les nations."

Cela est comparable à un roi qui a marié sa fille. Tant qu'elle reste mariée, son époux est honoré car il est le gendre du roi et il est proche de lui jour et nuit. Mais s'il ne veut plus de la princesse, le roi s'éloigne de lui. Le gendre ne sera plus respecté par le peuple car l'honneur dont il jouissait provenait uniquement de son lien de parenté avec le roi.

Le verset dit donc : "Sois vigilant et prends bien garde".
L'estime dont tu jouis auprès des nations provient de ta vigilance et du fait que tu prends bien garde à tout ce que tes yeux ont vu au mont Sinaï. Ces peuples t'admireront si tu n'écartes pas la Torah et les commandements de ton cœur durant toute ta vie. Tu dois observer les commandements non pas parce que tu les trouves justes et nécessaires mais pour la seule raison que D. te les a ordonnés.

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-> Le Nétsiv enseigne que dans le domaine de la nature, lorsqu'une créature perd son identité, elle descend tout en bas de la chaîne de création.
Les 4 catégories d'existence sont : minéral, végétal, animal et être humain.
Une plante morte est en réalité inférieure à un pierre inanimée.
[Le Kouzari ajoute une catégorie au dessus des autres : les juifs]
Ainsi, lorsqu'un juif perd sa caractéristique unique (sa judaïcité), alors il sombre même en dessous d'un animal, et il est regardé comme un sous-homme par les gens environnants.
Ochéa (8,8) écrit ainsi : "Israël [lui-même] est dévoré; le voici parmi les nations comme un vase dont personne ne veut."

=> Ainsi, lorsqu'un juif proclame être un "juif dans le cœur", mais qui a honte de pratiquer son judaïcité, alors les non-juifs le regardent avec mépris et le traitent comme "un vase dont personne ne veut", qui doit être mis au rebus (comme un sale juif!) et éliminé.

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-> (b'h) Voir aussi :
-> https://todahm.com/2018/04/21/reaffirmons-notre-fidelite-a-nos-origines
-> https://todahm.com/2018/05/30/6452

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+ "Vous direz : "tes serviteurs sont des bergers…" Car tout berger est une répugnance pour l’Egypte" (Vayigach 46,34)

Le 'Hidouché Harim explique que c’est parce que Yossef savait que l’Egypte répugne les bergers, qu’il a dit que ses frères étaient des bergers, et ce, pour ne pas que se crée de proximité entre les égyptiens et sa famille.

Le Rambam (Yad ha'Hazaka Hilkhot Déot 6,1) enseigne : "L'homme, par sa nature innée, est sensible aux influences, de ses amis et de son entourage, que ce soit dans ses opinions ou dans ses actes, et il sera tenté de se comporter de la même manière que les habitants du pays où il vit."

[Comme on peut le voir au cours de la 10e plaie, seul Hachem a cette faculté d'aller dans un environnement néfaste et d'en ressortir indemne.]

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"Un nouveau roi se leva sur l'Egypte, qui ne connaissait pas Yossef.
Il [Pharaon] dit à son peuple : "Voici, le peuple des enfants d'Israël est plus nombreux et puissant que nous (miménou)". " (Chémot 1,8-9)

-> Selon le Or ha'Haïm, Pharaon explique à son peuple que la puissance et l'opulence des juifs leur vient uniquement de "nous" (miménou) : "Ils se sont épanouis aux dépens de notre hospitalité, pendant et après la famine! A présent, nous avons donc tous les droits de reprendre ce qui nous appartient!".

-> Rav Yossef Dov Soloveitchik fait observer qu'on y retrouve l'un des arguments de base de l'antisémitisme.

Si Pharaon s'adresse aux égyptiens comme à "son peuple", il parle en revanche des juifs comme d'un peuple étranger, alors même qu'ils vivent en Egypte depuis plus d'un siècle et que Yossef a enrichi le pays de façon monumentale.

Comme le fait remarquer le midrach (sur Chémot 1,1), les égyptiens ont perçu les juifs comme "un peuple qui venait d'arriver" : quelle que fût leur ancienneté en Egypte, ils étaient toujours des nouveaux venus.

=> Quoique nous puissions faire pour un pays (Yossef a sauvé l'Egypte d'une famine longue et mortelle!), nous ne resterons pour eux que comme des "étrangers".

Au lieu de chercher vainement à trouver grâce à leurs yeux, investissons toutes nos forces et notre temps afin de trouver grâce aux yeux de Hachem, l'Unique.

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Chémot : Début de l'exil, début de l'antisémitisme :

Rabbi Chlomo Zalman Bregman note qu'en ce début de Chémot, qui marque le début de notre exil, on trouve quelques exemples d'antisémitisme :

-> verset (1,1) : "qui vinrent en Egypte" :
Comment comprendre cela alors que les juifs étaient déjà en Egypte depuis longtemps, avant la promulgation des décrets?

Selon le 'Hizkouni, lorsque les non-juifs cherchent à critiquer les juifs, ils les considèrent toujours comme venant d'arriver et n'ayant rien fait pour leur pays.

-> verset (1,7) : "le pays en fut rempli" :
Comment est-ce possible, car les juifs n'étaient absolument pas majoritaires en Egypte?

On retrouve cela de nos jours : les jours contrôlent les médias, le cinéma, ... ils sont partout (alors qu'ils sont à peine 0,5% de la population française).

Il suffit qu'une minorité juive se montre, pour qu'on nous accuse d'être partout.

-> verset (1,8) : "un nouveau roi se leva .... qui ne connaissait pas Yossef".

Yossef avait sauvé le pays d'une grande famine, et avait permis un enrichissement considérable de l'Egypte. C'était un héro national!
Comment pouvait-il être oublié?

Durant l'histoire juive, les juifs ont beaucoup fait pour les nations qui les ont accueilli.
Il suffit de voir par exemple les apports dans le domaine de la médecine, de l'éducation, la culture, ...

Au vu de cette vérité, les non-juifs ne peuvent pas en venir à nous détester, à moins d'en arriver à être ingrat et d'oublier les bénéfices considérables qu'ils ont reçu de nous.

Ainsi : "qui ne connaissait pas" = plutôt que d'assumer une dette de reconnaissance envers les juifs, on va oublier tout ce qu'ils nous ont fait.

-> verset (1,9) : "Pharaon dit à son peuple : Voici, le peuple des enfants d'Israël est plus nombreux et puissant que nous (rav véatsoum miménou)".

Les juifs n'étant pas majoritaires en Egypte, comment comprendre cela?

Si nous mettons une virgule entre : "rav véatsoum" et "miménou", nous comprenons mieux le sens des paroles de Pharaon : les juifs sont "plus nombreux et puissant", "de nous" (miménou).

Pharaon se plaint que les juifs sont devenus riches au détriment des autres. Ils viennent chez nous pour aspirer tout ce qu'ils peuvent, ne nous laissant plus rien!

A leurs yeux, notre réussite n'est pas le fruit de nos efforts, mais une injustice les dépouillant de tout ce qu'ils ont.

-> verset (1,10) : Pharaon dit : "Usons de sagesse envers lui (peuple d'Israël), de peur qu'il ne s'accroisse et il se pourrait, si une guerre survenait, qu'il se joigne lui aussi à nos ennemis ..." .

On peut remarquer l'emploi des mots : "de peur que" ; "il se pourrait" ; "si".

Les juifs en exil sont quasiment toujours des citoyens productifs et loyaux, qui apportent beaucoup à leur pays.
Afin de leur trouver des reproches, on va se baser sur des scénarios hypothétiques, sur des éventualités, des "on-dit".

[les juifs deviennent des "boucs émissaires", ils sont à l'origine, plus ou moins directement, de tout ce qui ne va pas dans un pays]

 "Elle y vit l'enfant" (Chémot 2,6)

Rabbi Dov Beer de Mézéritch disait :
"L'homme doit apprendre 3 choses d'un enfant :
-> celui-ci est toujours joyeux ;
-> il n'est jamais oisif ;
-> et quand il désire quelque chose, il éclate en sanglots jusqu'à ce qu'il l'obtienne  [de même, on doit pleurer et demander de tout cœur à notre Père, D.!!]."

"De grâce, D., donne cette mission à quelque autre!" (Chémot 4,13)

Qui est-ce que Moché voulait-il que D. envoie?

-> Selon le Targoum Yonatan ben Ouziel, Moché a demandé à D. d'envoyer Pin'has.

Des années plus tard, Pin'has deviendra le prophète Eliyahou, qui sera envoyé avant "le grand jour" afin d'annoncer l'arrivée du Machia'h.
[comme il est écrit : "je vous enverrai Eliyahou, le prophète, avant qu'arrive le jour de D., jour grand et redoutable!" - Mala'hi 3,23].

-> Selon le midrach Léka'h Tov, Moché a demandé à D. d'envoyer le Machia'h.

Moché insinuait à D. d'épargner l'esclavage des juifs en Egypte, et de leur permettre de vivre immédiatement  la guéoula ultime avec le Machia'h.
D. a refusé car l'exile en Egypte était une étape préparatoire nécessaire afin de recevoir la Torah, et c'est avec ces 2 événements que les juifs mériteront la venue du Machia'h.

[Le but des exils est de générer une soumission à D. dont l'absence est la racine de tout mal.]

-> Le midrach rabba (2,4) nous enseigne que Moché est le 1er et le dernier rédempteur.

Le Zohar dévoile aussi que Moché à l'avenir sera le roi Machia'h.
Ceci se retrouve d'ailleurs en allusion puisque les lettres de son nom (Machia'h) forment la phrase : "celui qui était sera" (Mi chéaya yiyé).
Celui qui a été notre libérateur à la sortie d'Egypte sera notre futur libérateur.

Cela ne veut pas dire que Moché sera le Machia'h, car Moché était un Lévi, et le Machia'h sera un descendant du roi David, qui est de la tribu de Yéhouda.

-> Rabbi 'Haïm Ben Attar  répond qu'au niveau des âmes, il peut y avoir plusieurs personnes reliées entre elle, Moché doit donc être le libérateur, car il est le seul être humain à avoir pu approcher si près de D. de son vivant.
En effet, "il Lui parlait face à face", et ainsi, Lui seul pourra éduquer le peuple juif à connaître D. à l'avenir.

-> Une autre signification est que le Machia'h va sauver le peuple juif de l'exil par le mérite de la Torah, qui a été donné par Moché.

[Il est ainsi écrit : "Souvenez-vous de la Torah de Moché, mon serviteur ... [par le mérité de laquelle], je vous enverrai Eliyahou, le prophète, avant qu'arrive le jour de D., jour grand et redoutable [la venue du Machia'h]"   - Mala'hi 22-23 ]

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Lorsque Yaakov a béni son fils Yéhouda, il est dit : "Le sceptre n'échappera point à Yéhouda ... jusqu'à l'arrivée de Shilo" (Béréchit 49,10).
Selon Onkelos et Rachi, "Shilo" renvoie au Machia'h, et la valeur numérique du mot : "Shilo" (שִׁילֹה) est de : 345", qui est la même que : Moché (משה).

 

Source (b"h) : principalement traduction et compilation personnelle issue d'un divré Torah du rabbi Bogomilsky (Védibarta Bam) + "Exil & Délivrance " du rav Yaakov Lugassy (pour le Zohar & citation du Or ha'Haïm)

"Et voici les noms des enfants d'Israël qui vinrent en Israël avec Yaakov, chacun était venu avec sa maisonnée."  (Chémot 1,1)

"Les dernières lettres des 5 premiers mots de ce verset permettent de former le mot : Téhilim.
On a : וְוְאֵלֶּה, שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, הַבָּאִים  => on obtient : תהילים.
[les lettres de Téhilim sont les initiales de : "Téchouat Hachem Lékol Yéhoudi Mévakéch" = le salut de Hachem est pour tout juif qui le demande].

Les dernières lettres des 5 mots suivants dans ce verset permettent de former le mot : Téchouva.
On a :  מִצְרָיְמָה: אֵת יַעֲקֹב, אִישׁ וּבֵיתוֹ  => on obtient : תשובה."
[Rabbi Na'ham de Breslev - Likouté Moharan II,73]

En ce début véritable de notre exil, la Torah nous donne les armes pour nous en sortir : Téhilim (prière du cœur) et Téchouva (dynamique continue d'amélioration personnelle, selon les standards de la Torah).

["Voici les noms des bné Israël qui sont venus en Egypte" (וְאֵלֶּה שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל הַבָּאִים מִצְרָיְמָה) = les initiales de ces mots forment : "hachavim" (ceux qui se repentent - השבים)]

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Nous pouvons remarquer que le nom de la paracha : שמות (chémot), est l'acronyme de : שנים מקרא ואחד תרגום (chénayim mikra vé'éhad targoum).

C'est l'obligation de nos Sages de lire chaque semaine : 2 fois le texte de la paracha + 1 fois sa traduction par le Targoum Onkelos (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 285).

Le Simchas Aharon nous explique que par le fait de lire 2 fois la paracha, on internalise les leçons de la Torah, puis ensuite on les traduit (targoum) dans notre vie au quotidien, et c'est ainsi que nous pouvons survivre à l'exil avec notre nom, notre essence intacte.

-> Celui qui étudie la paracha, en lisant 2 fois le verset et une fois Onkelos, la chantant d'une belle voix, il va vivre longtemps.
[Baal haTourim - Chémot 1,1]

-> Les 2 premiers mots de Chémot : "véélé Chémot" (וְאֵלֶּה שְׁמוֹת), ont des lettres qui sont l'acronyme de : vé'hayav adam lilmod aParacha, Chnayim mikra véé'had targoum" (l'homme doit étudier la paracha, 2 lectures et une traduction).
Le rav Pin'has Friedman (Shvilei Pin'has) ajoute :
Juste après les termes וְאֵלֶּה שְׁמוֹת, il est écrit : "qui viennent en Egypte" (aba'im mitsrayéma) pour nous apprendre que par l'intermédiaire de la mitsva de "chné mikra véé'had targoum" (2 lectures paracha + 1 lecture du targoum Onkelos), nous sommes aussitôt considérés comme si nous descendions à ce moment précis en Egypte, dans le creuset de fer, afin de nous y purifier.

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-> La source se trouve dans la guémara (Béra'hot 8b) : "rav Houma bar Yéhouda a dit au nom de rabbi Ami : un homme doit toujours achever la paracha avec la communauté en la lisant 2 fois et en lisant la traduction en araméen une fois".
Ainsi, a tranché le Maran dans le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 281).

-> Le Troumat haDéchen explique que d'après le sens simple en procédant ainsi, l'homme se familiarise avec la paracha et comprend plus aisément la lecture faite le Shabbath en communauté.

-> D'après le Sod, le Arizal explique que chacun d'entre nous possède une âme sainte et pure, qui est reliée de façon explicite et par allusion aux versets de la paracha.
Durant toute sa vie, l'homme s'efforce de réparer son âme. Cette double lecture de la paracha ainsi que sa traduction donnent à l'homme la possibilité de réparer toutes les étincelles de son âme.
Comment cela?
Cette mitsva est comparable à un fruit et son écorce. Le verset représente le fruit tandis que la traduction représente l'écorce.
Puisque l'écorce enveloppe totalement le fruit, de même la traduction enveloppe le verset, elle protège son fruit qu'est le verset.
Puisqu'il en est ainsi, les étincelles de l'âme dispersées et enfouies dans chaque verset de la Torah nécessitent une procédure à leur réparation par l'intermédiaire de la lecture de la paracha.
Ensuite, nous mettons en place une protection à l'aide de la lecture de la traduction de la paracha ...
En terminant cette mitsva au plus tard avant le repas du Shabbath matin, le supplément d'âme qu'on recevra le Shabbath sera alors complet.
[Dorech Tsion]

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-> Le nom de la paracha : "chémot" (שמות) fait allusion aux 3 mitsvot : Shabbath, Mila (circoncision), VéTéfilin (Et Téfilin - ותפילין).
Il s'agit des 3 mitsvot dont la Torah fait référence en tant que : "signe" (ot) entre Hachem et nous.
En effet :
- Shabbath : "Vous garderez mes Shabbath, car il est un signe entre Moi et vous pour vos générations" (Ki Tissa 31,13) ;
- brit mila : "Vous circoncirez la chair de votre excroissance, et ce sera le signe de l'alliance entre Moi et vous" (Lé'h Lé'ha 17,11) ;
- Téfilin : "Et ce sera pour toi en signe sur ton bras, et en rappel entre tes yeux" (Bo 13,9)

=> La Torah fait allusion à l'idée que lorsque les juifs entrent dans une terre étrangère (comme ici en Egypte), ces 3 mitsvot ont le pouvoir de les protéger d'une assimilation parmi cette nation.

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-> La guématria du mot : Egypte (mitsrayéma - מצרימה) est de 385, et c'est la même que chacun des mots suivants : chémama (désolation - שממה), miMoché (de Moché - ממשה), ché'hina (présence divine - שכינה), shafa (langue - שפה).

Par le mérite des juifs gardant leur langue, ils ont mérité d'être libérés d'Egypte par le biais de Moché, et de retrouver la présence divine.
Le Zohar dit que la libération d'Egypte était une préparation pour la libération (guéoula) future et ultime.
Par le mérite de Moché rabbénou, la présence divine viendra et entraînera la désolation sur les autres nations du monde, et la totalité du monde ne parlera alors plus qu'une seule langue (l'hébreu). [c'est la guéoula!]
['Hida - Na'hal Kédomim ; Rabbénou Efraïm]

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+ Chovavim :

-> Le Arizal enseigne qu'avec Chémot nous commençons la période de Chovavim (acronyme de : Chemot, Vaéra, Bo, Béchala'h, Yitro, Michpatim), où nous lisons les parachiot abordant l'esclavage en Egypte.
[durant une année bissextile qui contient 2 mois d'Adar, nous ajoutons également les parachiot de Térouma et Tétsavé (on parle alors de : Chovavim Tat)]

- Les 1eres et dernières lettres de : véélé chémo béné (וְאֵלֶּה שְׁמוֹת בְּנֵי - Et voici les noms des enfants d'Israël - v.1,1), permettent de former le mot : Téchouva (תשובה - le repentir).
- De même pour les mots suivants (les 1eres et dernières lettres) : Israël abaïm (יִשְׂרָאֵל הַבָּאִים - Israël qui vinrent), qui permettent de former : mila (מילה).
- Les dernières lettres des 5 mots suivants : mitsrayéma, ét Yaakov ich ouvéto (מִצְרָיְמָה אֵת יַעֲקֹב אִישׁ וּבֵיתוֹ - en Egypte avec Yaakov, chacun avec sa maisonnée), forment : Téchouva (תשובה).
[le Béra'h Moché - Rabbi Moshe Teitelbaum]

=> On voit bien que cette période est propice à la téchouva, particulièrement dans le domaine lié à la mila.
[comme en témoigne le fait que cette notion est prise en sandwich par le repentir!]

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-> Cette période [de Chovavim] est d'une très grande sainteté, d'un niveau similaire à celle des 10 jours de téchouva propice au repentir.
[Toldot Aharon]

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-> "Revenez, ô enfants rebelles (chouvou banim chovavim)! Je guérirai vos égarements" (Yirmiyahou 3,22)

Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Le Zohar (126,3a) rapporte que, chaque jour, une voix céleste proclame : "Revenez, enfants rebelles!" Car en tout
temps, Hachem attend que les Bné Israël reviennent à Lui.
Cependant, cette voix céleste a une influence renforcée durant ces jours appelés "Chovavim" où tous ceux qui désirent se repentir bénéficient d’une aide du Ciel particulière.
Nous devons en prendre avantage, et revenir vers papa Hachem ...
Hachem ne nous ferme jamais Sa porte, Sa main droite est toujours tendue, prête à accepter les repentants, par Son amour infini pour Ses enfants, comme l’enseigne le Tana Debé Eliyahou (Rabba - Chap.30) : "J’en prends à témoin les cieux et la terre : Hachem attend Israël plus qu’un père attend que son fils revienne à lui". Ne le décevons pas !

-> Selon le rav Chmouël Rozovski :
En ces jours-ci [de Chovavim], chacun sans exception reçoit une lettre prestigieuse de son Père Céleste, au contenu suivant : "Mon cher et bien-aimé, quel que soit l’endroit où tu es arrivé et où tu te trouves, je désire te rencontrer et discuter avec toi!"
Car quelle que soit la situation où un juif se trouve, Hachem désire qu’il revienne à Lui et Il l’acceptera sur le champ. Il ne nous incombe que de nous rapprocher, et Lui, nous hissera aux plus hauts sommets.

-> Le Rav de Waylednik (Chéérite Israël - Chaar Hachovavim - drouch 1) écrit à propos de l’enseignement de la guémara (‘Haguiga 15a) : "Revenez, enfants rebelles, à l’exception de l’Autre" = ces jours-ci, une porte est ouverte même pour celui qui aurait tellement fauté qu’il est qualifié d’"autre", et qui se trouverait entièrement étranger à tout ce qui est saint. Cette période possède la force d’effacer les fautes commises par la bouche et celles qui concernent la sainteté et la pudeur et même celles que Yom Kipour ne peut expier.

-> Le Yisma'h Israël voit une allusion aux jours des "Chovavim" dans le verset : "Et il montera de la terre" (Chémot 1,10), ce qui sous-entend que même si un homme est plongé entièrement dans les plaisirs terrestres, il peut aussi parvenir à s’élever. C’est pourquoi ces parachiotes sont lues à cette période afin d’évoquer la sortie d’Egypte personnelle de chacun.

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-> Selon certains commentateurs, la période des "Chovavim" est évoquée dans le verset des villes-refuges du meurtrier involontaire : "6 villes de refuge que vous accorderez pour que le meurtrier s’y retire, en outre, vous y ajouterez 42 villes" (Massé 35,6).

Car, au total, les "Chovavim" comptent 6 semaines, soit 42 jours, qui sont à mettre en parallèle avec les 6 villes de refuge et les 42 villes supplémentaires. Cela suggère que cette période est propice pour fuir vers les "villes de refuge" (autrement dit le repentir), et que tout ‘meurtrier’, celui qui aurait fauté (à D. ne plaise), peut alors échapper au yétser ara qui cherche à le faire périr (à l’instar du vengeur de sang qui poursuit le meurtrier involontaire pour le tuer).

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-> Le Pri Mégadim (dans son "haMaguid" - partie III, Chémot) écrit que le mot : "Chovav" (שובב) possède en hébreu 3 significations différentes : 1) rebelle, 2) brisure, 3) répudié/rejeté.
Cela vient nous enseigner que même un fauteur rebelle contre Hachem, qui s'est brisé lui-même et qui est rempli de défauts, à cause de ses fautes, au point d'avoir été rejeté de la proximité d'Hachem, s'adresse la voix Céleste qui appelle : "chouvou banim chovavim (שׁוֹבָבִים)", et alors tout sera expié, pardonné : "Je guérirai vos égarements".

Le Pri Médadim ajoute une 4e traduction à "chovavim".
Cela signifie : "ceux qui ont déjà fait téchouva à de nombreuses reprises".
Ainsi : "chouvou banim chovavim" peut se traduire par : "Faites téchouva, vous les enfants [d'Hachem], qui avaient déjà fait téchouva à de nombreuses reprises."
En effet, les années passées, il y avait déjà les "chovavim", il y avait des Roch Hachana, des Yom Kippour, et pleins d'autres jours où nous avons été inspirés de faire téchouva.
Nous avons fait téchouva, pris des engagements d'agir mieux, mais nous n'avons pas tenu nos résolutions, et nous sommes d'une certaine façon restés les mêmes.
On ressent qu'il est trop tard pour faire encore une fois téchouva.
La voix céleste (bat kol) annonce : "chouvou banim chovavim" = même si vous avez déjà fait téchouva à de nombreuses reprises, "Je guérirai vos égarements" = j'accepterai votre téchouva et je vous guérirai et nettoierai de vos fautes.

La raison pour laquelle nous pourrons toujours faire téchouva est dans le mot : "banim" (enfants - בָּנִים).
Si un esclave faute à plusieurs reprises envers son maître, son maître va le renvoyer, et il ne pourra plus revenir.
Mais lorsqu'un enfant faute envers son père, il pourra toujours revenir.
Hachem dit "chouvou banim chovavim" = nous sommes les enfants d'Hachem, et Hachem nous accorde une nouvelle opportunité de faire téchouva [quoiqu'on est pu faire, nous restons toujours Ses enfants!].

Le rav Elimélé'h Biderman dit que si un diamant tombe dans la boue, sa valeur reste la même.
De même pour un juif. Peu importe où il a pu tomber par ses fautes, il peut toujours retourner vers Hachem.
Un juif a une partie Divine en lui, il sera toujours un fils adoré d'Hachem, ainsi malgré ce qui a pu se produire, sa valeur interne ne peut jamais diminuer.
[Ce n'est pas parce qu'un diamant est entouré de bouse de vache, qu'il perd de sa valeur!]

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-> La guémara ('Haguiga 15a) dit qu'une voix céleste (bat kol) a annoncé : "chouvou banim chovavim 'houts méa'hèr" (שובו בנים שובבים חוץ מאחר).
Le Cha'harit Israël (Chaar Chovavim - drouch 1) explique que l'ajout de "'houts méa'her" (חוץ מאחר) signifie que même pour quelqu'un qui a fauté au point d'être en dehors des limites de la sainteté ('houts méaKédoucha), et qu'il est une personne totalement différente (a'hèr) à cause de ses fautes, néanmoins la voix céleste l'appelle pour qu'il revienne vers Hachem : "chouvou banim chovavim".

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-> Pendant la période des Chovavim, certes nous devons réparer la faute "connue" (occasionnée par un manque de sainteté), mais nous devons surtout réparer la faute "inconnue" qui est commise lorsqu'une personne vexe son prochain et ne se rend même pas compte qu'elle a ainsi commis un véritable meurtre et que celui qu'elle a offensé verse des larmes à cause d'elle et se retourne dans son lit toutes les nuits à cause de la souffrance endurée par l'offense subie.
[rabbi Its’hak de Vork]

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-> Le Arizal (Chaar roua'h haKodech 27) enseigne : "Les parachiot de la Torah traitant de l'exil égyptien, de la sortie d'Egypte et du don de la Torah, ont la capacité de réparer toutes les fautes que l'homme a commises et particulièrement les fautes qui ont endommagé la brit mila".

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Le travail des Chovavim est de retirer le mal, l'impureté de nos fautes, afin d'être purs devant Hachem. Pour cela, de nos jours, on a 2 armes : les Téhilim et la Torah.

-> Les dernières lettres des 5 premiers mots du 1er verset de la 1ere paracha de la période de Chovavim, permettent de former le mot : Téhilim.
On a : וְוְאֵלֶּה, שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, הַבָּאִים  => on obtient : תהילים.
Cela fait allusion au fait que les Téhilim purifient pendant les Chovavim.

-> "Plus que tous les jeûnes et toutes les afflictions, rien ne purifie autant que l'étude de la Torah"
['Havatsélet haSharon - introduction]

-> "Venez et voyez le grand pouvoir de l'étude de la Torah. Elle purifie les juifs même s'ils ont adoré l'idolâtrie (avodah zarah)."
[Tana déBé Eliyahou rabba 18]

-> "Nos Sages disent que l'étude de la Torah expie, protège et sauve, et le feu de Guéhinam ne fait pas de mal à ceux qui étudient la Torah ...
Ceux qui étudient la Torah ... cela les purifiera et les expiera, et cela les conduira sur le chemin de la téchouva et du pardon complet."
[Yessod haAvodah 3:5:8]

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-> Le Chem miChmouel (Hochaana Rabba, année 5674) rapporte à ce sujet les paroles de son grand-père, le Rav de Kostk :
"Il est plus facile pour le corps d’accepter toutes les mortifications du monde que d’accepter le joug de la royauté Divine. Il n’y a pas de plus grande peine pour lui que d’être soumis au joug du Ciel, et de se conformer en tous points aux obligations de la Torah.
Ce qui signifie que le tikoun (la réparation des fautes) le plus efficace est de craindre D. et de soumettre son corps et ses membres afin de s’abstenir de tout acte interdit qui serait contraire à la volonté d’Hachem. Il s’agit également de redoubler d’efforts pour préserver ses yeux et sa langue de tout mal, au point de se retenir de fauter même lorsque le désir brûle en lui comme un feu ardent.
Cette "retenue" lui sera comptée alors comme une multitude de jeûnes."

-> Le Gaon de Vilna (Iguéret haGra) écrit :
"Un homme ne devra se mortifier ni par des jeûnes, ni par d’autres souffrances physiques, mais seulement en mettant un frein à sa bouche et à ses désirs matériels."

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-> Le Pri Mégadim (fin Siman 685) enseigne que durant la période des Shovavim (généralement de Chémot à Michpatim) nous allons du début jusqu'à la fin de notre périple en Egypte.
Bien que nous avons été sauvé d'Egypte, une partie de l'impureté d'Egypte reste en nous.
C'est pourquoi une façon de s'en purifier et d'être particulièrement vigilants sur notre lachon ara, pendant cette période.

Il écrit que les chovavim commencent avec la paracha Chémot et les mot : "véélé chémot bné Israël abaïm" :
- le mot : "véélé" (וְאֵלֶּה) est l'acronyme de : avak lachon ara (poussière de lachon ara - אבק לשון הרע), en allusion au fait que nous devons faire attention à même une minuscule quantité de lachon ara.
- les mots "chémot bné Israël abaïm" (les noms des enfants d'Israël qui sont venus - שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל הַבָּאִים) a pour acronyme : שביה (captivité - chiv'ya). [comme l'écrit le Baal haTourim]
La raison est que nous nous libérons de la captivité et de l'influence mauvaise de l'Egypte lorsque nous sommes vigilants avec notre parole.

[b'h, issu du dvar Torah : http://todahm.com/2021/01/21/chemot-le-lachon-ara ]

"Elle lui donna le nom de Moché, disant : "Parce que je l'ai tiré de l'eau"." (Chémot 2,10)

On peut poser une question intéressante : Pourquoi est-ce que Moché est appelé ; "Moché Rabbénou", tandis que le Rambam est connu comme : "Rabbénou Moché"?

-> Moché avait 10 noms (midrach rabba Vayikra 1,3).

-> Le père de Moché (Amran) et sa mère (Yo’hévét) l’appelèrent Yékoutiel (selon le Yalkout chimoni), nom qui veut dire qu’il a enseigné aux Bnei Israël à placer leur espoir et leur confiance en D.

-> Selon le Ibn Ezra, la fille de Pharaon lui a donné le prénom égyptien Monios, qui en hébreu, se traduit par Moché, tiré de l'eau.

Durant les 120 ans de sa vie, pourquoi Moché garda le nom qu'il a reçu à l'âge de 3 mois?

Moché savait que ce n'était pas son prénom originel, mais il a choisi de le garder afin de ne pas oublier celle qui a agit à son égard avec beaucoup de bonté.
A chaque fois qu'on l'appelait "Moché", cela lui rappelait le sauvetage des eaux du fleuve par Batya, la fille de Pharaon, et à chaque fois, il l'a remercié en son cœur.

=> Le terme rabbénou (=notre maître/professeur) suivant le nom Moché, vient nous apprendre l’importance de reconnaître la bonté d’autrui et d’avoir de la gratitude envers quiconque nous accorde un bienfait (même un acte semblant simple, car rien n’est dû/normal!!!).

D'un autre côté, le Rambam est connu pour ses savants travaux au travers lesquels il a éduqué plusieurs générations de juifs.
=> On l'appelle ainsi de façon affectueuse : "Rabbénou Moché" : "Notre maître, Moché Ben Maïmon".

Il est intéressant de remarquer que les mots : "Moché Rabbénou" (משה רבנו) ont une valeur numérique de : 613, en relation avec le fait qu'il nous a transmis la Torah, qui consiste en 613 mitsvot.
Le nom de Moché apparaît 613 fois dans la Torah.
De même, "Rabbénou Moché" a une valeur de 613, renvoyant au fait que dans son oeuvre monumentale (le Michné Torah), le Rambam nous explique l'ensemble des 613 mitsvot.

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Le midrach (Chir haChirim 1.15,3) nous rapporte qu'une fois Rabbi Yéhouda haNassi donnait un cours et il a remarqué que la communauté s'endormait.
Afin de la réveiller, il a dit : "Une femme en Egypte a mis au monde 600 000 enfants en une seule naissance."
Un disciple, s'appelant Rabbi Yichmael, fils de Rabbi Yossé, lui a demandé : "Qui cela peut-il bien être?"

Son maître de répondre : "C'était Yo'hévét, la mère de Moché, qui était équivalent aux 600 000 personnes d'Israël."

Il est intéressant de noter que Rabbi Yéhouda haNassi est né environ 50 ans après la destruction du 2e Temple (qui a eu lieu en 3828).
Le gouvernant romain opprimait alors très durement les juifs, et les juifs étaient en train de perdre tout espoir en la venue du Machia'h et en la future guéoula.

Rabbi, qui était à la tête de la communauté à l'époque, alors qu'il propageait la Torah, "il a remarqué que la communauté s'endormait", c'est-à-dire qu'elle commençait à penser que la guéoula ne viendrait jamais, et que la galout était éternelle (que D. nous en préserve!).

Afin de chasser cette pensée, il a ramené l'exemple d'une femme (Yo'hévét) qui a donné naissance à 600 000 enfants.

Le message est clair :

"Ne désespérez pas!

Nos ancêtres, esclaves en Egypte, pensaient qu'ils allaient rester esclaves pour toujours, et qu'il n'y aurait jamais de délivrance.
Soudainement, Yo'hévét a donné naissance à Moché, qui va permettre la libération de l'ensemble des 600 000 esclaves juifs d'Egypte, et qui va les conduire au mont Sinaï pour recevoir la Torah (moment le plus important de l'histoire juive!).

=> De même, nous ne devons jamais perdre espoir, car notre libération par D. peut survenir en l'espace d'un clin d’œil, immédiatement et imprévue."

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On a vu (ci-dessus) que Moché n'était pas le prénom donné par ses parents, mais c'est Batya, la fille de Pharaon, qui lui a donné le prénom égyptien Monios, qui en hébreu, se traduit par Moché, tiré de l'eau.
Cette idée se retrouve dans notre verset : "Elle lui donna le nom de Moshé, disant : "Parce que je l'ai tiré de l'eau"." (Chémot 2,10)

Quelle est la relation entre le nom Moché et "Mayim" (l'eau)?

Dans la guématria, il existe une méthode de comptabilisation selon laquelle chaque lettre vaut sa valeur plus celle de toutes celles qui la précède dans l'alphabet.
Par exemple, aleph (=1) ; bét (=2+1=3) ; guimel (=3+2+1=6) ; ...

Le mot : mayim (מים) est composé de 2 lettres différentes :
->  le mém (מ) qui vaut : 40 (valeur de la lettre) + 105 (valeur des lettres qui la précède) = 145 ;
-> le youd (י) qui vaut : 10 (valeur de la lettre) + 45 (valeur des lettres la précédant) = 55.

Selon cette méthode de guématria, le mot mayim vaut : 145+ 55 + 145 = 345 ; qui est la même, que la valeur numérique du mot : Moché (משה).

Ainsi, Batya dit : "J'ai obtenu le nom Moché, en le tirant de l'eau (mayim) ..." (les 2 ayant une valeur numérique de 345).
Source (b"h) : traduction et compilation personnelle issue de divré Torah du rabbi Bogomilsky (Védibarta Bam)

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-> Batya a choisi ce nom pour Moché pour lui enseigner à vie la leçon suivante : de même que tu as été sauvé d'être noyé dans l'eau et que tu en as été retiré par moi, alors de même tu devras toujours être présent pour ceux qui sont moins chanceux que toi et tu devras toujours agir comme un sauveur, sortant les autres personnes de leurs souffrances [pour pas qu'ils se noient dedans].
[rav Chimchon Raphaël Hirsch ]

"Les contremaîtres des enfants d'Israël, que les officiers de corvées de Pharaon avaient placés sur eux, furent battus." (Chémot 5,14)

Il existe un midrach (Bamidbar Rabba 15,20) très intéressant sur ce verset :

"Lorsque Pharaon a ordonné : "Vous ne donnerez plus de paille au peuple!", les officiers de corvées égyptiens venaient compter les briques ; si le compte n'y était pas, ils frappaient les contremaîtres juifs, comme il est dit : "Les contremaîtres des enfants d'Israël furent battus".

Ils recevaient ces coups parce qu'ils ne voulaient pas dénoncer leurs frères qui n'avaient pas rempli leur quota de briques et disaient : "Nous préférons être frappées que de laisser nos frères souffrir.

C'est pourquoi quand D. a dit à Moché : "Rassemble 70 anciens des enfants d'Israël", Moché a répondu à D. : "Maître du monde! Je ne sais pas qui en est digne".
Mais D. lui a dit : "Que tu connais, c'est-à-dire les anciens du peuple et ses contremaîtres" (Bamidbar 11,16).
Ces anciens et ces contremaîtres étaient les chotrim, les préposés qui s'étaient laissé battre pour ne pas dénoncer leurs frères en Egypte à cause du quota de briques ...
Qu'ils viennent à présent se faire accorder cet honneur ... "

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-> Un dictateur, qui humilie un peuple étranger, nomme des policiers au sein même du peuple réduit à l'esclavage collaborant avec lui et lui facilitant la tâche. Ces policiers renient leur peuple pour plaire à leur maître.

-> Chez le peuple juif, il en est tout autrement.
Pharaon a nommé des chefs de corvées, pour les contremaîtres des enfants d'Israël, qui devaient rendre des comptes de l'avancement des quotas demandés de briques.
Au lieu d'agir en traites, ils étaient purs et disaient : "il est préférable d'être battu et d'éviter au reste du peuple d'être humilié".

-> A présent que l'oppression se faisait de plus en plus dure et que le moral du peuple  baissait, les contremaîtres juifs ont compris que leurs frères ne pourraient supporter les coups sans se mettre en danger parce que la délivrance était proche.

Ce sont ces qualités d'empathie et ce désir de supporter le fardeau avec leurs frères qui ont fait que D. a jugé les contremaîtres aptes à devenir membres du Sanhédrin et a fait reposer sur eux une partie de l'inspiration divine qu'Il avait accordé à Moché.

Le midrach (ci-dessus) conclut : "Cela nous enseigne que quiconque est prêt à souffrir en faveur d'Israël mérite finalement les honneurs, la grandeur et l'inspiration divine."