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"Pourquoi as-Tu fait tant de mal à ce peuple?" (Chémot 5,22)

=> Comment comprendre de tels propos si durs de la part de Moché?

Moché est appelé "berger de la foi". Tout son but était de renforcer le peuple d'Israël dans sa confiance en Hachem. Or, suite aux grandes souffrances, certains pouvaient ressentir un affaiblissement dans leur foi. Moché se devait de renforcer également ces personnes-là.
C'est pourquoi, sa mission lui imposait d'être aussi leur porte-parole et de transmettre leurs doutes à Hachem pour obtenir une réponse. La réponse Divine leur permettrait de rétablir et de nourrir leur confiance en Hachem.
Cette question que Moché adressa à Hachem faisait donc justement partie de son rôle d'apaiser les coeurs, renforcer la foi des Juifs et faire disparaître leurs doutes.
[Likouté Si'hot]

+ Le Ram'hal a écrit dans son livre 'Messilat yécharim' :

C'est véritablement l’une des ruses du mauvais penchant, d’alourdir le travail en permanence pour les hommes au point qu’il ne leur reste plus l’énergie de réfléchir et de se demander quelle voie il convient de suivre.
En effet, le yétser ara sait que s’ils prêtaient la moindre attention à leur conduite, ils commenceraient sûrement tout de suite à regretter leurs actes, et ces regrets iraient en s’amplifiant, au point qu’ils abandonneraient complètement la faute.

Cela rappelle l’idée de Paro quand il a dit : "Que soit alourdi le travail sur les hommes!" (Chémot 5,9), c’était une recette pour ne plus leur laisser aucune énergie afin qu’ils n’aient pas l’idée de se révolter contre lui.
Il s’efforçait d’empêcher chez eux toute réflexion par la force de la permanence du travail ininterrompu. C’est vraiment un artifice du mauvais penchant (yétser ara), qui mène une guerre contre l’homme et enseigne des ruses.
Il n’est possible de lui échapper que par beaucoup de sagesse et une grande réflexion.
Et nos Sages ont dit (guémara Moéd Katan 5a) : "Quiconque pèse sa conduite
en ce monde mérite de voir le salut de Hachem".

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+ Le Chem Michmouél fait remarquer que le même stratagème peut être utilisé pour le bien.

Celui qui est entièrement absorbé dans des bonnes actions n'a aucune occasion de prêter attention aux tentations qui cherchent à l'en détourner.
D'ailleurs, c'est là une des caractéristiques essentielles de la mitsva d'étudier la Torah sans interruption.
Nous devons nous y absorber totalement, au point que rien d'autre ne vienne s'introduire dans notre conscience.

-> Guémara Shabbath 88a = Rava se concentrait tellement dans son étude qu'il ne se rendait pas compte que ses orteils saignaient.

-> Rav Mendel de Kotzk a dit un jour à ses disciples : "Je voudrais que vous vous écartiez du péché, non pas parce que vous en êtes dissuadés par son impureté et sa bassesse, mais simplement parce que vous n'avez pas de temps à lui consacrer!"

Divers (Paracha chémot)

"Leur plainte monta vers D. à cause du travail (a'avoda)"  (Chémot 2,23)

Les Bnei Israël ne se plaignaient pas tant du travail lui-même comme du fait qu'ils n'avaient pas la possibilité de prier et de servir D.
En effet, le mot avoda (travail) = renvoie aussi à la avoda Hachem, le service de D., demande qui monta immédiatement au Ciel et fut agréée.
[Rabbi Chmelke de Nikolsburg]

-> Le Méam Loez (Haazinou 32,43) enseigne :
"Au début, les juifs pensaient que leur asservissement et leurs souffrances étaient causés par le roi d'Egypte. Ils croyaient donc que la mort du roi les soulagerait, mais lorsqu'ils ont vu que le nouveau roi les asservissait tout autant, ils ont compris que leurs malheurs étaient envoyés par D.
Ils se sont alors repentis et ont commencé à prier ; D. a aussitôt entendu leurs plaintes et les a délivrés."

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"D. vit les enfants d'Israël et D. sut" (Chémot 2,25)

Selon le Malbim :
- "D. vit" = les tortures physiques ;
- "et D. sut" = leurs tourments intérieurs.
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"Il mit sa main sous son vêtement ... et voici que sa main était lépreuse, blanche comme la neige."   (Chémot 4,6)

Selon le Malbim :
L'homme a été créé pour agir, créer et se rendre utile.
Manquer à ces devoirs revient à détruire ce qui a été construit.
La paresse entraîne la mort et la ruine.6

- la main passive, glissée sous le vêtement = "lèpre" comparable à la mort.
- lorsque l'on retire la main de sa poitrine pour passer à l'action = elle reprend sa couleur d'origine.

Si on a des possibilités/capacités de faire et qu'elles ne sont pas exploitées = "suicide personnel" (on s'empêche d'exister/d'être) = une des fautes les plus graves de la Torah (on peut se tuer soi-même plusieurs fois par jour!!).
Le Rabbi Menahem Schneerson disait : "Etre humain, c'est être productif!"

b"h, sortons notre main de notre poche et mettons nous à l'action afin d'amener notre contribution personnelle à la vie.

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+ "Moché et Aharon partirent et réunirent tous les anciens des enfants d'Israël. Aharon rapporta toutes les paroles que D. avait adressées à Moché et il accomplit les signes devant le peuple.
Le peuple crut. Ils avaient entendu que D. avait gardé les enfants d'Israël à l'esprit et qu'Il avait vu leur détresse. Ils inclinèrent la tête et se prosternèrent." (Chémot 4,29-31)

-> Selon une opinion (midrach Yalkout Chimoni), le bâton de Moché lui-même parla miraculeusement au peuple et dit : "Lorsque j'étais en Midiyan, je fut transformé en serpent".
Le bras de Moché se mit également à parler par miracle : "Je fus soudain couvert de lèpre, et tout aussi rapidement je repris mon apparence première".

Hachem fit cela pour éviter d'embarrasser Moché.
Ces 2 signes (le bâton se transformant en serpent et le bras de Moché devenant lépreux) faisaient allusion au fait que Moché avait calomnié les juifs.
Toutefois, Moché était seul lorsque cela se produisit. A présent, Hachem ne voulait pas que le bras de Moché devienne lépreux devant tout le monde, et Il fit donc parler le bâton et le bras de Moché pour raconter les miracles.

Hachem avait dit littéralement à Moché : "S'il ne te croient pas et qu'ils n'écoutent pas la voix (lékol) du 1er signe, ils croiront la voix du dernier signe" (Chémot 4,8).
D. parlait des "voix" des 2 signes afin d'indiquer que le bâton et le bras de Moché parleraient.
La Torah dit donc ici : "Il accomplit les signes devant le peuple" = les signes étaient que le bâton et le bras de Moché parlent par miracle.
[Méam Loez - Chémot 4,29-31]

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-> La main de Moché devint lépreuse parce qu'il avait, d'une certaine façon, calomnié son peuple.
Lorsqu'une personne essaie de détruire la réputation d'autrui, elle le fait généralement en cachette.
Hachem dit donc à Moché de cacher la main dans sa chemise, comme le médisant se cache pour ruiner la réputation d'autrui.
Hachem montra à Moché que suspecter un innocent est une plaie aussi exécrable que la lèpre.

Hachem dit ensuite à Moché de remettre sa main dans sa poitrine, et dès qu'il l'eut fait sa main guérit.
Nos Sages (Rachi - guémara Shabbath 97a) en déduisent une leçon : le bien arrive à l'homme plus rapidement que le mal.
La main de Moché ne devint lépreuse qu'après qu'il l'eut tirée de sa chemise. Mais lorsque D. la guérit, elle retrouva son apparence habituelle avant même qu'il ne l'en eût retirée.
[Méam Loez - Chémot 4,6-7]

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"Tsipora prit un couteau en pierre et retrancha l'excroissance de son fils."  (Chémot 4,25)

-> 1°/ Pourquoi avons-nous l'habitude de faire la circoncision avec un couteau en acier/métal et non en pierre comme dans ce verset?

Lorsque David affronta Goliath, ce dernier était habillé d'une armure en acier de la tête aux pieds.
Muni de son lance-pierre, David a tué Goliath d'une pierre dans son front.
Selon un Midrach, D. a demandé à l'acier de faire une exception à l'ordre normal de la nature et de s'affaiblir afin de permettre à la pierre de le pénétrer, et ainsi de pouvoir tuer Goliath.
En échange, l'acier reçu comme remerciement le fait que les juifs feraient la circoncision avec un couteau en acier, et non plus avec une pierre tranchante.

=> C'est ainsi que jusqu'à l'époque du roi David, il était d'habitude de faire la circoncision avec une pierre, et ensuite cet honneur est revenu à l'acier en échange d'avoir aider à la mort de Goliath.
[Rav Alexander Zoucha Friedman - "Mayana chel Torah" ; Pericha (Yoré Déa 264,7)]

-> 2°/ Dans le Tana'h, quel est le mohél le plus jeune à réaliser une circoncision valide?

La guémara (Avoda Zara 27a) cite un avis affirmant qu'une circoncision réalisée par une femme n'est pas valable. Puis, la guemara remet en question cela en rapportant le verset : "Tsipora prit une pierre effilée et trancha le prépuce de son fils" (Chémot 4,25).
Suite à cela, la guémara répond que Tsipora a demandé à un homme de prendre la pierre et de réaliser lui-même la circoncision. Le verset peut se lire de la manière suivante : "Tsipora a entraîné qu'une pierre effilée soit prise et que le prépuce de son fils soit coupé".
Quel est cet homme? sachant qu'un non-juif ne peut pas faire une brit mila valide, et que tous les autres juifs étaient en Egypte.

Le rav 'Haïm Kanievsky répond le mohél devait être le seul homme juif présent à ce moment : Guerchon, le fils aîné de Tsipora, qui selon le midrach n'avait à ce moment que 3 ans.
Le rav Kanievsky ajoute que cet épisode peut être la source d'une loi inhabituelle du Rambam (Hilkhot Mila 2,1) statuant qu'une brit mila accomplie par un mineur (homme juif) est valide.

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-> Rachi (v.4,24) commente : "Parce qu’il n’avait pas circoncis son fils Eliézer. Et cette négligence le rendait passible de mort ... L’ange avait pris la forme d’un serpent et il avalait [Moché] en commençant par la tête jusqu’aux hanches, puis il le rejetait et recommençait par les pieds jusqu’au membre viril. C’est ainsi que Tsipora a compris que c’était à cause de la circoncision."
[après avoir quitté Midiyan, au regard de son haut niveau, Moché a été puni pour avoir reporté la circoncision parce que trop occupé à trouver un endroit où loger sa famille.]

-> Dans le Zohar (Lé'h Lé'ha), rabbi Chimon bar Yo'haï enseigne qu'il s'agissait de l'ange Gavriel (bien qu'étant un ange de miséricorde), qui descendit du ciel pour brûler Moché.
Il apparut d'abord comme une immense flamme, qui se transforma ensuite en un serpent gigantesque menaçant d'avaler Moché.
Hachem dit à Moché : "Tu pars en mission pour vaincre le puissant serpent incirconcis qu'est Pharaon. Tu es sur le point de conduire Mes enfants hors d'Egypte. Comment as-tu pu oublier ton propre enfant et le laisser incirconcis?"

Selon une autre opinion, 2 anges de destruction : Af et 'Hémah [littéralement : "Rage" et "Colère"] attaquèrent Moché.
L'un commença par avaler sa tête tandis que l'autre l'avala par les pieds, laissant uniquement l'endroit de la circoncision hors de sa bouche.
C'était un signe qu'il était puni pour avoir omis de circoncire son fils.
Nos Sages enseignent que Moché tua 'Hémah, mais laissa Af en vie.
[Méam Loez - Chémot 4,24]

Soyons juif et tout ira bien ...

+ "Le pays en fut empli." (Chémot 1,7)

= comme leurs théâtres en furent emplis, les Egyptiens leurs ordonnèrent de se séparer d'eux.  (Yalkout)

A la mesure où les juifs désirent s'introduire dans le monde culturel des non-juifs, la haine des non-juifs s'accroît à leur égard et ils promulguent des lois pour isoler les juifs et les écarter d'eux.

 

+ "Un nouveau roi monta au pouvoir en Egypte, qui ne connaissait pas Yossef"  (Chémot 1,8)

Le Sfat Emét amène une belle explication.
Yossef est le symbole de la sainteté, de la discrétion et de la fuite loin des passions.
Tant que la force de Yossef existe dans le peuple juif, aucun mal ne peut l'atteindre.
Mais "qui ne connaissait pas Yossef" = lorsque l'on cesse de conaître ce qui caractérise Yossef, alors tous les décrets se déclenchent.

 

+ "Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles sur le mortier et les briques." (Chémot 1,14)

Zohar = "Sur le 'homer (mortier), c'est un kal va'homer (un raisonnement a fortiori) et bilevénim (briques), c'est le liboun (l'éclaircissement) de la hala'ha."
Par le fait que le peuple juif étudie la Torah orale basée sur les 13 méthodes d’exégèse, dont la 1ere est le kal va'homer, et qu'il s'exerce à éclaircir les lois de la Torah, D. lui donne la force de tenir bon dans les difficultés du mortier et des briques de l'exil.

 

+ "Je ferai trouver grâce à ce peuple aux yeux des Égyptiens si bien que lorsque vous partirez, vous ne partirez pas les mains vides" (Chémot 3,21)

Selon le Imrei Cohen, lorsqu'un homme ne gaspille pas ses journées et ne perd pas son temps en futilités au lieu d'étudier la Torah, il trouve grâce aux yeux de tous, même de ses ennemis. Eux aussi se sentent contraints de le respecter.

"Quand D. agréée les voies d'un homme, même ses ennemis font la paix avec lui."

Chémot & Les noms de D.

+ Chémot & Les noms de D. :

++ Lors de la discussion entre Mosé et D. au buisson ardent : "ils me diront : Quel est son nom? (ואמרו-לי מה שמו מה) que leur dirai-je?" (Chémot 3,13).
Les lettres finales des mots de "Quel est son nom?" = forment le nom de D. (Tétragramme), signe que lors de cet entretien, D. lui a révélé son Saint Nom.

[Chémot Rabba 3;6 : "chémi léolam" = mon Nom à jamais.
Le mot léolam = à jamais ; est écrit sans 'vav' et peut être lu : 'léalém' = tenu secret, à ne pas prononcer. ]
Il est écrit ensuite (Chémot ch.3;v.16) : "Va rassemble les anciens d'Israël" = la révélation du Nom secret ne peut être confiée qu'aux anciens de la génération (Kiddouchin 71).

 

++ Dans le verset suivant (Chémot 3,14) , nous trouvons dans la réponse de D. à Moshé 3 fois le mot "éhéyé" = je serai.
Ceci est une allusion aux 3 Patriarches auxquels D. s'est adressé dans les mêmes termes (Avraham="véhié béra'ha" ; Its'hak ="gour baaretz azot véhéyé ima'h" ; Yaakov="shouv el eretz avotéh'a oulmoladtéh'a, véhéyé ima'h")

Le terme éhéyé (אֶהְיֶה) = je serai = guématria de 21.
Ce total de 21 :
= total des initiales des 3 noms dans les 13 attributs de D. (chémoth ch.34;v.6 : ... יְהוָה יְהוָה אֵל) ;
= total des initiales des noms des 3 Patriarches (aleph-Avraham, youd-Yits'hak, youd-Yaakov) ;
= total des 1eres lettres du 1er mot de chacun des 5 livres de Torah (béréchit (bét)=2 ; véélé (vav)=6 ; vayikra= (vav)6; vayédaber(vav)=6 ; élé (aleph)=1).

Le mot éhéyé (אֶהְיֶה) est dit 3 fois dans ce verset = 21*3 = 63.
Ce nombre se décompose en :
- 50 = total des lettres composant les noms des 12 tribus, tels qu'ils figuraient sur le Pectoral du Grand Prêtre ;
- 13 = total des lettres composant les noms des Patriarches.

[dans la prière du matin - partie de la akéda, les lettres de ce nom de D. forment = ata ou Hachem a'Elokim]

 

On peut noter que : "éhéyé acher éhéyé" = 21 * 21 = 441 = valeur numérique du mot : émet (vérité). [=7*63]

D. rassure Moshé en lui disant de dire la vérité et on l'écoutera.

La vérité est un moyen extrêmement puissant, qui va produire l'effet désiré sur des Égyptiens très cultivés et étant durs à convaincre ( "ma omar alé'hem?").

Source : adaptation des commentaires du Rav Yaakov Ben Asher – Baal Hatourim (compilés par Albert Toledano)

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-> Le Gaon de Vilna enseigne que le Nom Divin : "éhéyé acher éhéyé" exprime 2 assurances :
1°/ Hachem ne nous abandonnera jamais et nous sauvera de toute détresse, même en exil, selon le verset : "Il m’appelle et je lui réponds; je suis avec lui dans la détresse" (יִקְרָאֵנִי וְאֶעֱנֵהוּ עִמּוֹ אָנֹכִי בְצָרָה - Téhilim 91,15), où les lettres finales : vav, youd, hé des 3 derniers mots, ont la même guématria totale : 21, que le Nom Divin : éhéyé (אהיה).

2°/ Hachem amènera la guéoula de tout exil (galout).

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-> Hachem répondit à Moché : "Je serai Qui Je serai!" (Chémot 3,14)

D. dit à Moché : "Moché! Tu diras aux enfants d’Israël que Mon Nom est : Ehyé acher Ehyé" (אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה).
Il s’agit en réalité d’un acrostiche : alef-hé-youd-hé (אֶהְיֶה) sont les initiales des mots : "[Ani] adon hakol yatsarti hakol" qui signifient : "Je suis le maître de tout et J’ai tout créé".
De plus, "hakol yatsarti hakol adon [ani]" correspond à hé-youd-hé-alef, et signifie : "J’ai tout créé et J’en suis le Maître".
[rapporté par le rav David Pinto - La voie à suivre]

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-> Hachem répondit à Moché : "Je serai Qui Je serai!" (Ehyé acher Ehyé" - אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה)

Le 'Hatam Sofer commente que Hachem dit : Je serai (אֶהְיֶה) avec les gens chez qui Je suis présent dans leurs pensées (אֲשֶׁר אֶהְיֶה).
En effet, il existe une règle : lorsque nous pensons à Hachem, Hachem pense à nous.
Le plus nous pensons à Hachem, le plus la providence Divine (hachga'hat pratit) sera importante chez nous.
Ce verset s'applique à toute personne individuellement.

Pour la communauté, il est écrit dans la suite du verset (3,14) : "Et il ajouta: Ainsi parleras-tu aux enfants d'Israël: "C'est l'Être invariable qui m'a délégué auprès de vous" (ééyé chéla'hani alé'hém - אֶהְיֶה שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם)."
Ces mots (au pluriel : chéla'hani alé'hém) font référence à la communauté, pour laquelle même si elle ne pense pas à Hachem, Hachem pense quand même à elle.
Pour la communauté, le peuple d'Israël, c'est toujours : "ééyé" (אֶהְיֶה), Hachem est toujours avec la nation juive.

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[à chaque instant Hachem prend soin du monde entier, même du plus petit détail, cependant il y a différents niveaux d'intervention Divine. Plus nous nous souvenons d'Hachem, plus Hachem va intervenir dans notre vie.]

-> "Dans toutes tes voies, songe à lui, et il aplanira ta route" (Michlé 3,6 - bé'hol déra'héa daé'ou, véou yéyacher or'hotékha)
Le 'Hatam Sofer explique : "Si tu te souviens d'Hachem dans tout ce que tu fais, alors Hachem prendra soin de toi".

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-> "Je serai Qui Je serai!"

Le Ramban explique que Hachem dit : "De la même façon que tu agis envers Moi, J'agirai envers toi".
Si tu ouvres tes mains afin de soutenir les pauvres, alors Hachem va ouvrir Ses mains pour te combler de bontés.

Dans la prière de achré nous disons : "potéa'h ét yadé'ha oumachbia lé'hol 'haï ratson".
La traduction littérale est difficile à comprendre : "Il ouvre tes mains ..."
Il aurait été plus normal d'avoir : "Il ouvre Ses mains" (potéa'h ét yado) ou bien "tu ouvres tes mains" (tifta'h ét yadé'ha).
Le rav Elimélé'h Biderman dit que :
- potéa'h = Hachem ouvrira Ses mains et Il t'aidera ;
- ét yadé'ha oumachbia = si tu ouvres tes mains et que tu aides le pauvre.
En effet, la règle est que si tu donnes à autrui dans le besoin (matériel, psychologique), alors Hachem te donnera à toi selon tes besoins.

-> "Hachem est ton ombre" (Hachem tsilé’ha – Téhilim 121,5)
Le Baal Chem Tov explique que cela signifie que de la même façon qu’une personne agit (avec ‘hessed, miséricorde, …), alors de même Hachem imite son comportement, et Il agit avec Lui et le peuple juif de cette manière.

-> "Hachem est ton ombre, à côté de ta droite" (Téhilim 121,5) = Hachem est comme une ombre, quand on bouge un doigt, Il en bouge un aussi. Deux doigts, Il en fait de même.
Hachem aidera une personne en fonction de son niveau de confiance en Lui. »
[rav Eliyahou Lopian – Lev Eliyahou vol.3 (Emor)]

-> "D. est ton ombre [protectrice]" (Téhilim 121,5)
Le Néfech ha’Hayim (1:6,7) et le Tomer Dvora (chap.1) expliquent que par nos actions dans ce monde, on peut activer les plus hauts niveaux des Attributs divins, entraînant sur nous les bénédictions les plus puissantes des mondes supérieurs.
Ainsi, à l’image de l’ombre, si dans notre vie, on se force à avoir le sourire (confiant en la bonté et en la justice divine), alors D. nous donnera de véritables raisons d’être joyeux.

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-> Moché dit à Moché : "Voici, je vais venir auprès des Bné Israël et je leur dirai : Le D. de vos ancêtres m'a envoyé vers vous, et ils me diront : Quel est Son Nom? Que leur dirai-je?"
Hachem dit à Moché : "Je serai comme je serai".

Le rabbi Elimélé'h Biderman enseigne que Moché demande à Hachem que répondre aux juifs qui voudront savoir l'approche pour servir Hachem?
Hachem lui répond de leur dire : "Je serai qui Je serai" = cela signifie qu'un juif doit se dire : "Je serai meilleur. Je vais m'améliorer".
[à chacune de ses actions un juif doit se demander s'il agit en accord avec la volonté de D., s'il va en ressortir meilleur, gagnant dans le monde de Vérité : qu'est-ce que j'y gagne, qu'est-ce que j'y perd!]

Le yétser ara veut que nous soyons ses captifs. Tout ce que nous avons à faire est de se dire : "ééyé" (אֶהְיֶה) : je serais meilleur et je serais lié à Hachem.
["Je serai qui Je serai" = à partir du moment où l'on a conscience de notre grandeur (on a une partie Divine en nous!), et que nous avons des objectifs élevés (se lier à D., faire grandir Sa présence dans ce monde, ...), alors nous n'avons pas le temps et d'intérêts à nous laisser attirer par les bassesses du yétser ara.
De même lorsque nous avons de la émouna, de l'espoir, alors nous ne sommes pas prisonniers de la tristesse, d'une dévalorisation de soi-même, du doute, ...
Toutes les épines (choses qui pourraient être négatives), vont alors brûler d'un feu de positivité!]

-> Le rabbi Bounim de Pshischa enseigne que Moché s'inquiétait du fait que les juifs étaient descendu très bas en Egypte, au point d'oublier le Nom d'Hachem. Il a demandé à Hachem comment faire.
Hachem a répondu : éyé = si un juif dit : "Je vais devenir meilleur", alors Hachem répond : "si tu améliores ton comportement, alors Je serai avec toi (acher éyé)."

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-> Lorsque Moché demanda à D. quel est Son Nom, "D. répondit à Moché : Je serai qui Je serai א־היה אשר א־היה (Ehyié Acher Ehyié). Ainsi parleras-tu aux Enfants d’Israël : (l’Être invariable) Je serai א־היה (Ehyié) - qui m’a envoyé auprès de vous" (Chémot 3,14).
On peut citer quelques raisons pou lesquelles ce Nom divin fut révélé à Moché :

1°/ "[Je serai] Moi qui suis avec eux dans la détresse présente, Je serai avec eux dans leur asservissement par d’autres Empires.
Moché a dit à Hachem : ‘Maître de l’Univers! Pourquoi faut-il que je leur parle d’une autre souffrance? Ils ont bien assez de celle-ci!’
Hachem lui a répondu : ‘Tu as raison! Ainsi parleras-tu aux Enfants d’Israël ... ‘Je serai’" [sans la suite : ‘qui Je serai’, allusion à leurs souffrances futures] m’a envoyé auprès de vous"
[Rachi - guémara Béra'hot 9b]

2°/ "Ehyié" est l’un des Noms de D. signifiant littéralement "Je serai" [transformé], c’est une expression de téchouva, signifiant que "ce qui était, était, et que dorénavant j’améliorerai ma voie" (à partir de maintenant et après, je serai (Ehyié) un autre homme).
D. voulut ainsi dire à Moché qu’il ramènerait les Bné Israël à la téchouva afin qu’ils soient aptes à être délivrés. [Maor Vachémech].

Le Rabbi de Lublin [Divré Emet] précise que le premier "Ehyié" fait référence au réveil à la téchouva, opérée par Moché Rabbénou sur les Bné Israël, au niveau de la pensée et de l’intention.
Le second "Ehyié" se réfère à la téchouva proprement dite, réalisée dans les actes. Ainsi, la pensée doit conduire à l’action (Ehyié Acher Ehyié) pour mériter la Délivrance.
Enfin, la 3e mention de "Ehyié" vient enseigner, pour les générations futures, que seule la téchouva dans les actes importe pour mettre fin à l’Exil.

3°/ Le Sceau d'Hachem est la Vérité. Lorsque Moché demanda comment promettre aux Bné d’Israël que tout ce qu’il leur dira se réalisera, D. lui répondit que la garantie était Son Nom : "Je serai qui Je serai" ( אשר א־היה), évoquant la "Vérité".
En effet, le mot "émet" (vérité - אמת) a une valeur numérique de 441, or le Nom "Ehyié" (א־היה) a pour valeur numérique 21 : soit 21 x 21 (Ehyié Acher Ehyié)
[rabbi de Gour Rabbi Abraham Ména’hem]

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4°/ Dans notre verset, le Nom "Ehyié" est mentionné 3 fois, faisant ainsi allusion aux 3 Patriarches : Abraham, Its’hak et Yaakov (אברהם יצחק יעקב). Ainsi, les initiales de ces noms (א י י) totalisent-elles la valeur numérique de א־היה (Ehyié - 21) = par le mérite des Pères, les Bné Israël sortiront d’Egypte.
[Baal Hatourim]

[les 3 derniers lettres des Avot (אברהם יצחק יעקב) sont : מקב, et en utilisant le procédé at-bach (la 1ere lettre de l'alphabet devient la dernière (aléph -> tav, la 2e lettre devient l'avant dernière, ...), on obtient le Nom divin : שדי (Shadaï), qui signifie : "Stop, cela suffit!". Nos Patriarches ont su mettre des limites dans le monde ici-bas pour atteindre des niveaux spirituels inégalés.

Le Arizal (Séfer haLikoutim - Vaéra) ajoute qu'enprenant la valeur numérique des autres lettres que premières et dernières du nom des Patriarches (אברהם יצחק יעקב), on obtient : 976, qui correspond au Nom divin haméfourach (ineffable).
Toutes les combinaisons cachées dans le Nom d'Hachem הויה furent dévoilées à Moché.

On peut ajouter que le nom Moché (משה) a une valeur de 345, l'équivalent de la guématria des 2 Noms : אל שדי qui ont fait sortir les Bné Israël. Et ce par le mérite de nos Patriarches à qui Hachem s'est dévoilé par les 2 Noms divins : אל שדי (comme Yaakov qui bénit ses enfants avant qu'ils retournent en Egypte avec Binyamin : "véél Shadaï yiten la'hem ra'hamim" (et D. tout puissant vous donnera Sa miséricorde - Mikets 43,14).

Le 'Hida explique au nom du Zohar que le nom d'Hachem (יהוה) n'a pas été dévoilé aux Patriarches de la façon dont il s'écrit, mais seulement de la façon dont il se prononce. Plus tard, Hachem dévoila à Moché également Son Nom tel qu'il s'écrit mais qu'on ne prononce pas jusqu'à nos jours.
Ainsi, la guémara (Yérouchalmi Yoma 83) rapporte que le Cohen gadol mentionnait le Nom ineffable de D. le jour de Kippour à 10 reprises. L'assemblée pouvait entendre le Nom de D. qui sortait du Cohen gadol.
Ceux qui se trouvaient proches du Cohen tombaient sur leur face, tandis que ceux qui étaient plus éloignés disaient : "Baroukh chem kévod malkhouto léolam vaéd". Aucun d'entre eux ne pouvait quitter l'enceinte du Temple jusqu'à ce qu'ils aient oublié le Nom qu'ils avaient entendu.
=> Cela nous enseigne qu'ils oublient le Nom ineffable de D. qu'ils avaient entendu de la bouche du Cohen gadol, car ce Nom devait rester secret.

Le Maassé 'Hochèv que dans les noms de nos Patriarches et de Moché (אברהם יצחק יעקוב משה), nous avons dans chacun une lettre permettant au final de former le Nom divin יהוה.   [avec Yaakov écrit pleinement]
C'est pourquoi "Je suis apparu à Avraham, à Its'hak, et à Yaakov avec él Shadaï (שדי) et Mon Nom Hachem (יהוה) Je ne leur ai pas fait connaître" (Vaéra 6,3). En effet, du fait que Son Nom n'ait pu être complété qu'avec le nom de Moché, Hachem n'a pas dévoilé le nom יהוה aux Patriarches, mais plutôt שדי.
Dès qu'il a pu être complet, D. dit à Moché : "Je suis Hachem" (יהוה).]

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5°/ Rabbi Chimchon d'Ostropoli enseigne :
les enfants d'Israël restèrent en Egypte au total 210 ans à cause de la vente de Yossef. En effet, lors de la vente de Yossef, les tribus ont endommagé le Nom Hakadoch (א־היה), un des Noms d'Hachem. Et sache que, lors de la vente de Yossef, 9 frères se sont associés à sa vente, c'est-à-dire tous, à l'exception de Réouven et Binyamin. Cependant, la Présence Divine S'est également associée aux 9 frères, complétant ainsi le nombre de 10, qui est nécessaire pour appliquer la loi de 'hérèm (excommunion) envers tout celui qui dévoilerait la vente de Yossef à Yaakov notre patriarche.
Par conséquent, les tribus ont endommagé 10 fois le Nom Saint א־היה, dont la valeur numérique est de 21. Pour cette raison, les enfants d'Israël passèrent précisément 210 ans en Égypte, ce qui représente 10 fois le Nom Hakadoch א־היה, afin de réparer et d'expier la faute de la vente de Yossef.

Rabbi Chimchon d'Ostropoli ajoute que Moché Rabbénou pensait qu'à cause de la faute de la vente de Yossef, les tribus avaient détérioré le Nom Hakadoch יהוה dont la guématria est de 26. S'il en était ainsi, les enfants d'Israël devaient donc rester en Égypte 26 × 10, c'est-à-dire 260 ans.
Lorsqu'Hachem envoya Moché libérer le peuple juif d'Égypte, après "seule-ment" 210 ans d'attente, Moché se montra très surpris. Les tribus n'avaient-elles pas détérioré 10 fois le Nom Hakadoch : יהוה ? Cela nécessitait 260 années, le moment n'était donc pas encore arrivé de les libérer d'Égypte.

C'est là le sens du verset : "Hachem vit qu'il s'était écarté pour voir (כִּי סָר לִרְאוֹת - ki sar lir'ot)" (Chémot 3,4), c'est-à-dire, Hachem vit que Moché pensait qu'Israël avait besoin d'être en Égypte, סָר qui a une valeur numérique de 260 années.
Ainsi Hachem dit-Il à Moché : "Ainsi tu parleras aux enfants d'Israël: א־היה m'a envoyé vers vous" (Chémot 3,14).
Hachem voulait en fait dire à Moché : Mon Nom est également א־היה, et les tribus ont, par la vente de Yossef, abîmé uniquement ce Nom-là. Par conséquent, les enfants d'Israël avaient besoin de réparer la faute des tribus en subissant l'exil égyptien qui doit durer 210 ans. À présent, les années d'exil sont complétées et le moment de leur délivrance est arrivé.

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6°/ Dans les Téfilin du bras, comme dans celles de la tête, sont mentionnés 21 fois le nom d’Hachem (Tétragramme) [Tikouné Zohar]. Ceci se réfère donc "Ehyié Acher Ehyié" (21 et 21).
Cette expression est relative à la guéoula ; en attachant les Téfilin du bras et de la tête, on se souvient des miracles et des prodiges qu’a réalisés Hachem lors de la Sortie d’Egypte (première délivrance d’Israël qui annonce les suivantes) [voir Choul’han Aroukh - Ora’h ‘Haïm 25,5].
On s’attache à D. et on mérite alors la délivrance.

Notre verset mentionne une 3e fois, seul, le Nom "Ehyié" (א־היה), pour faire allusion à l’époque de la galout, où ne brille quasiment que l’effet des Téfilin du bras. En effet, concernant les Téfilin de la tête, il est dit: "Et tous les peuples de la terre verront que le Nom d'Hachem est associé au tien, et ils te redouteront" (Ki Tavo 28,10) : "Il s’agit des Téfilin qui sont dans la tête", enseigne la guémara (Bérakhot 6a).
La crainte qu’Israël inspire aux Nations est voilée durant l’Exil, pour prendre tout son sens lors de la guéoula. [voir Messekh 'Hokhma - Chémot]

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-> Hachem répondit à Moché : "Je serai Qui Je serai!" (Chémot 3,14)

-> Le Zohar (Tikouné Zohar 144b) enseigne :
"Hachem fit une allusion au Nom אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה (Je serai qui Je serai) dans les Téfiline de la tête qui contiennent 4 parachiot où est inscrit 21 fois le Nom divin יהוה, qui fait allusion au Nom אֶהְיֶה dont la guématria est de : 21.
Il en est de même dans les Téfiline du bras qui contiennent 4 parachiot où est inscrit 21 fois le Nom divin יהוה qui fait allusion au Nom אֶהְיֶה, dont la guématria est de 21.
Ainsi, les 2 Téfiline ensemble constituent : אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה."

=> Quel est le lien entre ce Nom divin (אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה) et la mitsva des Téfiline?

-> Le rav Pin'has Friedman (Shvilei Pin'has) explique :
Le but de la mitsva des Téfiline est d'unir l'homme avec son Créateur, comme nous le mentionnons dans le "léchem yi'houd" [récité avant de les mettre] : "Tu nous a ordonné de les mettre sur le bras en souvenir de Ton bras étendu. Celles-ci font face au cœur afin de soumettre les envies et les pensées de ce dernier dans Son service. Celles de la tête, correspondant au cerveau, car l'âme se trouve dans mon cerveau, incluant mes sens et mes autres aptitudes. Que tous soient soumis dans Son service".

Nous pouvons constater que Hachem nous a ordonné de réaliser la mitsva des Téfiline du bras et de la tête qui sont symbolisées par le Nom אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה (Je serai qui Je sera), afin de nous donner un moyen extraordinaire de nous relier à Lui dans un attachement constant.
Par cet intermédiaire, nous profitons d'une protection et d'une bienveillance uniques du Créateur symbolisées par l'expression : "Je serai avec l'homme lorsqu'il sera avec Moi".

-> D'ailleurs, le Sfat Emet enseigne que nous mettons d'abord les Téfiline du bras avant ceux de la tête, car les premières correspondent au cœur, qui représente "l'éveil d'en bas" afin de soumettre les envies et les pensées du cœur dans le service divin. Ainsi, nous bénéficierons "de l'éveil d'en haut" car le Créateur nous protège comme il est écrit : "Tous les peuples de la terre verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et te craindront" (Ki Tavo 28,10).

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-> "éyé acher éyé"

-> Pourquoi Hachem a-t-il choisi de s'identifier avec le nom inhabituel "Je serai (éyé - אֶהְיֶה)"?
Rabbi Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 5) explique que ce nom Divin a été choisi en réponse à l'incapacité verbale de Moché. Moché avait protesté qu'il n'était pas digne d'être le représentant d'Hachem (v.4,10) parce qu'il n'avait qu'une "bouche et une langue" lourdes.
Le nom "Eyé" ne nécessite pas l'utilisation de la bouche ou de la langue pour être prononcé, seulement les facultés gutturales.
En revanche, tous les autres noms d'Hachem nécessitent l'utilisation de la bouche ou de la langue pour être prononcés.
=> Hachem fait preuve de bonté à l'égard de Moché en s'identifiant par un nom qui ne trahit pas son défaut d'élocution et qui n'est pas difficile à prononcer.

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-> Chacun des noms divins évoque une qualité d'Hachem. Quelle est la signification de Ehyeh Asher Eyé (Je serai ce que je serai)?
Rabbi Yosef Albo (Sefer ha'Ikarim 2,27) dit que ce nom signifie que la réalité d'Hachem est indépendante de tout ce qui est extérieur à Lui. En tant que tel, on peut être certain qu'Il tiendra Ses promesses car il n'y a rien qui puisse Le retenir.

Moché Rabbénou

+ Moché Rabbénou :

Moché n'est pas le nom qu'il a reçu de ses parents, mais de Batya la fille de Pharaon : 3 mois après sa naissance.

Pour Moshé, c'était un moyen de se rappeler constamment qu'elle l'a sorti de l'eau, et de pouvoir la remercier dans son cœur.

Le terme rabbénou (=notre maître/professeur) suivant le nom Moshé, vient nous apprendre l'importance de reconnaître la bonté d'autrui et d'avoir de la gratitude envers quiconque nous accorde un bienfait (même un acte semblant simple, car rien n'est dû/normal!!!).
Il est à noter que l'expression : Moshé Rabbénou = a une valeur numérique de 613, car il nous a donné/enseigné la Torah, qui se compose de 613 mitsvot.
De plus, le nom de Moché apparaît 613 fois dans la Torah.

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+ Précision :

Son père (Amran) et sa mère (Yo'hévét) l'appelèrent Yékoutiel (selon le Yalkout chimoni), nom qui veut dire qu'il a enseigné aux Bnei Israël à placer leur espoir et leur confiance en D.
Moshé possédait 10 noms (cf. par exemple le livre : "Le Midrach raconte chémot" P.37)

 

Source : traduction & adaptation personnelle d'un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky (livre : védibarta bam)

+ Paracha Chémot (ch.1 ; v.1) :

Les Juifs ont mérité d'être libérés d’Égypte car :
- Pirké de Rabbi Eliézer (ch. XL VIII) = ils ont gardé la consonance hébraïque de leurs noms + ils ont gardé l'hébreu comme langue de communication + ils se sont écartés de toute médisance.

- Selon d'autres sources midrachiques = la pureté des mœurs, la création de familles nombreuses, la fidélité à la circoncision, le respect du shabbath, l'entraide.

On note ainsi dans ce 1er verset :
- "béné Israël aba'im mitsrayéma " (בני ישראל הבאים מצרימה) = les 4 dernières lettres forment le mot : מִילָה = circoncision ;

- "ét Yaakov ish" (את יעקב איש) = les 3 dernières lettres forment le mot : שבת = Shabbath.

On retrouve ainsi dans ce verset les 2 raisons précédemment citées ayant contribué à la délivrance des juifs d’Égypte.

 

Il est également intéressant de noter que ce verset commence et finit par la lettre vav = 6, soit un total de 12 (6*2), en rapport aux 12 tribus, qui sont les piliers permettant à ce monde de tenir.

 

Source : adaptation des commentaires du Rav Yaakov Ben Asher - Baal Hatourim (compilés par Albert Toledano)

 "Et voici les noms des enfants d'Israël qui vinrent en Égypte avec Yaakov, chacun était venu avec sa maisonnée." (Chémot 1;1)

Le Abir Yaakov (Rabbi Yaakov Abéhssera) dit qu'on peut voir dans ce verset une allusion à la venue de l'homme dans ce monde pour se parfaire grâce à l'étude de la Torah, l'accomplissement des mitsvot, la prière et s'attacher ainsi à la présence divine (= la ché'hina).

Le mot "mitsrayéma" = à une valeur numérique de 385 = celle du mot : "ché'hina" (la présence divine).
D'où : en Egypte = 385 = ché'hina.
Quels sont "les noms des enfants d'Israël qui vinrent en Egypte" = qui vinrent s'attacher à la ché'hina?

== ceux qui sont "avec Yaakov" = qui ont les qualités évoquées dans les lettres du nom Yaakov qui sont les initiales de :
- Yi'houd (יחוד) = la proclamation fervente de l'unicité de D. ;
- Anava (ענוה) = l'humilité ;
- Kédoucha (קדושה) = la sainteté acquise grâce à la Torah ;
- et la Béra'ha (ברכה) = la bénédiction = la récitation des prières avec toute l'attention requise.

La fin du verset : "chacun était venu avec sa maisonnée (béto)", fait allusion à la nécessité de parfaire les 3 parties de l'âme, appelées bayit, afin de s'attacher à la présence de D. (ché'hina).

+ Bonus :
- "Et voici les noms des enfants d'Israël qui vinrent en Égypte AVEC Yaakov"

1°/ Les 1eres lettres des 4 mots suivants : "chémot bnei Israël aba'im", forment le mot : shivya (=captivité - שִׁביָה).

A ce moment, Yaakov était le tsadik de la génération (il avait déjà 130 ans, et ses enfants la quarantaine), et toute sa famille se tournait vers lui pour connaître la direction à suivre et pour prendre des conseils.

La Torah nous met ainsi en garde qu'en période d'exil et de captivité à l'étranger, nous devons nous rassembler autour des tsadikim de notre génération (= nos Yossef à nous!), qui sont pour nous une source d'inspiration et d'aide.

Le 'Hafets 'Hayim, suggère que les fils de Yaakov ont eu un mauvais pressentiment quant à la venue de leurs familles en Égypte (peur de l'influence corruptrice du mode de vie local). Seul le fait que Yaakov les accompagnerait a réussi à apaiser leurs craintes, car comme dit le Rav Salanter : "Tant que le grand-père est assis à table, même les petits-enfants se conduisent bien!".

2°/ "Et voici les noms des enfants d'Israël ... "

Rashi = [Les enfants d'Israël sont cités par leur nom] pour faire savoir qu'ils sont aimés [de D.] car ils sont comparés aux étoiles.

Le Sfat Emet = les enfants d'Israël doivent savoir que D. les aime.
De même, qu'Il a créé les étoiles pour éclairer les ténèbres, Il a créé le peuple juif afin qu'il répande la lumière de D. et la fasse pénétrer dans les endroits les plus obscures.

[La paracha Chémot est la 13e = valeur numérique du mot aava (amour). Même dans une situation qui nous semble difficile (exil/esclavage très dur en Égypte), D. nous aime toujours autant et est toujours à nos côtés. ]

Le Rav Yaakov Kaminetsky fait remarquer qu'on a pu voir clairement briller les étoiles (=les fils de Yaakov) quand le soleil (=Yaakov) s'est éteint, et que les ténèbres de l'exil égyptien ont commencé.

3°/ "chacun était venu avec sa maisonnée."

Les fils de Yaakov sont venus d'Israël avec leurs maisons = ils ont apporté avec eux leurs maisons d'étude.

Les maisons d'étude de la diaspora possèdent la sainteté de la terre d'Israël.
(Torah Moshé)

 

Sources (b"h) : le livre "Pitou'hé 'Hotam" du Abir Yaakov (Rabbi Yaakov Abéhssera) + le livre "Mayana chel Torah" du Rav Alexander Zoucha Friedman + une partie d'un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky (dans son livre : "védibarta bam") + le livre "Talélei Orot" du Rav Yissa’har Dov Rubin

"Et Moshé faisait paître les brebis ... il conduisit le bétail au fond du désert" (Chémot 3,1)

- "Moshé faisait paître les brebis" : cela renvoit au verset de Jérémie (50;17) : "Israël était une brebis pourchassée"

- "au fond du désert" (a'har amidbar) :
Le mot a'har peut se traduire par : après.
Ainsi "a'har amidbar" peut signifier = les lettres qui suivent celles du mot 'midbar' (מדבר - soit : noun suivant le mém ; hé suivant le dalét ; guimel suivant le beit ; chin suivant le réch).

Il est à noter que ces 4 lettres (נ-ה-ג-ש) = valeur numérique de 358 = valeur numérique du mot machia'h (משיח).

"Il conduisit le bétail au fond du désert" :
Ainsi, d'après le Kol Sim'ha, à partir du moment où Moché est nommé comme dirigeant du peuple juif, le "bétail" d’Hachem, il prend comme objectif : conduire les juifs au dévoilement du Machia'h (a'har amidbar!)

[Clin d'oeil :
Ces 4 lettres renvoient aux lettres inscrites sur une toupie à 'Hanoucca, formant la phrase : "ness gadol aya sham".
La toupie (de 'Hanoucca) à l'inverse de la crécelle (de Pourim) est tournée par une force de la main du haut vers le bas, signe d'une aide divine miraculeuse (alors qu'à Pourim le miracle est bien caché dans les lois de la nature).

De même, un grand miracle (ness gadol aya sham) a permis aux juifs de sortir d'Egypte, et de chanter tous ensemble une shira à D. : Mi kamo'ha ba'élim Hachem (initiales du mot Makabi) !! ]
Il est intéressant de ramener une explication sur le fait que D., au buisson ardent, a demandé à Moshé d'enlever ses chaussures (Chémot ch.3 ; v.5).

En effet, le fait d'être sans chaussure rend toute personne très sensible à ce qui se trouve sur son chemin (même le plus petit débris peut nous faire ressentir de la douleur).
De même, D. a insisté sur l'importance de la sensibilité d'autrui.
En effet, un chef/maître du peuple juif doit être sensible même au plus petit détail concernant son peuple.

Source : traduction & adaptation personnelle de commentaires de Rabbi Moshe Bogomilsky (livre : védibarta bam)

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-> "Pendant toute la durée de l'exil, nous devons avoir foi en la venue prochaine du machia'h.
D. a montré à Moché que le buisson ardent ne se consumait pas, symbole qu'il est impossible d'éteindre la lumière d'Israël."
[le Méam Loez - Haazinou 32,43]

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-> Le midrach enseigne que le buisson représente les juifs tandis que le feu symbolise l’oppression égyptienne qui n'arrivera jamais à détruire le peuple juif.
En apparence, on peut affirmer avec certitude que le buisson ne fait pas le poids face à un feu ardent, mais pourtant dans la réalité de la révélation à Moché il a tenu bon.
[de même que le buisson était en feu sans se consumer, de même le peuple juif pourra traverser des périodes très difficiles, sans jamais disparaître.
Les juifs sont au-dessus de la nature (le feu ne brûlant pas le buisson comme la nature laisse croire), puisque directement lié à Hachem, Créateur du monde.
De même que D. fait en sorte que le feu brûle, de même Il peut faire qu'il ne brûle pas!]

-> Pourquoi les juifs sont-ils comparés à ce buisson petit et épineux dans lequel Hachem s'est révélé à Moché?
De plus, les nations non-juives sont comparées à : "des épines coupées, que le feu réduit en cendres" (Yéchayahou 33,12).

Le Alshich haKadoch répond que durant son exil en Egypte, la nation juive s'est dégradée au point d'arriver au 49e niveau d'impureté, entraînant qu'ils ressemblaient aux autres nations du monde, et que les anges au Ciel ont demandé à Hachem : "En quoi sont-ils (les juifs) différents d'eux (les égyptiens)?"

Ainsi, quelle est la différence?
- Les non-juifs sont comme des "des épines coupées" sans racines, faisant qu'ils se consument facilement par le feu.

- Le peuple juif même lorsqu'il est similaire à des épines, il ressemble quand même à un élément unifié : un "buisson", avec des racines.
Quelles sont nos racines?
Elles ont été plantées par nos Patriarches, et elles nous assurent que nous ne serons jamais détruits jusqu'à la fin des temps.
Ainsi, même dans notre situation actuelle, avec toutes nos épines, avec notre hauteur très faible, notre aspect très sec (manquant d'eau de la Torah!), rien ne pourra jamais nous détacher de nos racines plantées par nos Patriarches.

=> Nous ne devons jamais baisser les bras, jamais sous-estimer notre valeur éternelle et infinie (puisque venant de D. Lui-même, d'ancêtres illustres!).
Nous devons investir nos forces à restaurer la gloire de Hachem à sa place légitime, et résister avec succès aux attaques de nos ennemis.

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-> "Les érudits en Torah sont comparés aux arbres fruitiers, tandis que les juifs simples sont comparés aux arbres et buissons ne portant pas de fruit.
La flamme du feu est apparue dans le buisson ardent, qui est comparé au juif simple. Cela nous enseigne que bien qu'un juif simple ne peut pas comprendre le sens derrière la réalisation des mitsvot ou les mots qu'il prononce pendant la prière, malgré cela il a toujours le feu de la sainteté qui brûle dans son cœur.
Ce buisson ne se consume pas : c'est-à-dire que le feu présent au sein de chaque juif ne peut jamais être éteint."
[le Baal Chem Tov]

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-> Rabbi David Pinto enseigne :
L'image du feu [du buisson] symbolise le désir, capable de brûler et de détruire l'homme, de l'expulser de ce monde. Cependant, si l'homme étudie assidûment la Torah, le buisson ne se consumera pas, la Torah le protégera de tout danger et malheur.
[de même que le buisson était toujours en feu sans jamais se consumer, de même dans notre monde matériel où l'on est toujours confronté aux tentations, et grâce à la Torah nous pouvons ne jamais être consumé/détruit par cela, et rester entier/complet avec Hachem.]
[...]

Certains arbres (comme les buissons) portent leurs feuilles vertes tout au long de l'année, même en automne, lorsque les autres les perdent.
Les tsadikim sont comparables à ce type d'arbres : de même que ceux-ci demeurent insensibles au changement de climat et continuent à verdoyer, les tsadikim respectent la parole de Hachem en toute circonstance et ne se laissent pas perturber par les vents qui soufflent, résistant courageusement aux épreuves.

Les hommes simples du peuple sont comparables aux autres arbres, parfois verdoyants et parfois dénués de feuillage.
En effet, ces hommes connaissent des hauts et des bas dans leur service Divin : à certaines périodes, ils sont fidèles aux mitsvot, mais à d'autres, ils se laissent influencer par le mauvais penchant. Puis soudain, voilà qu'ils se ressaisissent et se repentent, à l'image des nouvelles feuilles qui au printemps viennent de nouveau couvrir les arbres.

Ainsi, nous comprenons pourquoi Hachem a choisi de se révéler à Moché au milieu d'un buisson ardent, l'arbre étant porteur d'un message concernant les différents niveaux de personnes composant le peuple juif.

[de plus, de même qu'un arbre à feuilles peut être majestueux au printemps/été, mais devenir quasiment mort en hiver, de même toute nation a ses heures de gloires, et ensuite disparaît (ex: les romains, les grecques, ...).
L'exception est celle du peuple juif qui existera toujours, et ce même si le climat environnant change, même si des vents hostiles soufflent sur lui, ... En effet, nous avons le feu d'amour de notre papa Hachem qui brûle constamment, et même si nous sommes petits (en nombre, plein d'humilité) comme un buisson, nous sommes éternels!]

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+ Le buisson ardent : symbole du fait que Hachem est proche de chaque juif :

-> Le midrach (Chémot rabba 2,5) rapporte qu'un non-juif a demandé à rabbi Yéhochoua ben Kor'ha : "Pourquoi Hachem a-t-il parlé à Moché spécifiquement dans un buisson? Pourquoi ne l'a-t-il pas fait d'un arbre plus jolie?"

Rabbi Yéhochoua ben Kor'ha lui a répondu : "C'est ainsi afin de témoigner que la Présence Divine se trouve partout, même dans un buisson épineux".

Le Maharal (Guévourot Hachem 23) explique que si Hachem était apparu dans un arbre magnifique, les gens auraient pensé que c'est seulement ceux qui ont des actions magnifiques qui sont capables de se lier avec Hachem.
En apparaissant dans un buisson bas et épineux, Hachem montre que la Présence Divine réside en chaque juif, peu importe leur niveau [peu importe ce qu'un juif a pu faire, D. ne le quitte jamais!]

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+ "Moché faisait paître les brebis ... il conduisit le bétail au fond du désert" (Chémot 3,1)

-> Selon une opinion, Moché fut responsable du troupeau de Yitro pendant 40 ans.
Durant toute cette période, aucun mouton ne mourut, ne tomba malade ou ne fut attaqué par des bêtes sauvages.
Grâce au mérite de Moché, les troupeaux s'accrurent de façon considérable.
[...]
L'espace se contracta en faveur de Moché. Il se trouvait à Midiyan, et l'instant suivant, il fut au pied du Sinaï.

Soudain, Moché assista à un spectacle prodigieux. Un ange lui apparut au milieu d'un feu, parmi les brindilles d'un buisson. Le buisson, en flammes n'était pas consumé.
Cet ange était Gavriel, le génie du feu.
Selon d'autres, il s'agissait de Mikhaël, l'ange le plus élevé.

La flamme que vit Moché était le rayonnement de D.
Cette vision avait pour but d'habituer Moché à ce rayonnement et de lui donner le courage d'y être exposé. Sinon, lorsqu'il serait confronté à la puissante révélation Divine du don de la Torah, il en serait totalement déconcerté.
Hachem décida donc d'habituer peu à peu Moché au Divin. Il verrait tout d'abord un ange avant de connaître, plus tard au mont Sinaï, une révélation complète de la Présence Divine ...
[Si une personne ayant passé une journée entière dans une pièce totalement obscure sortait subitement à la lumière du jour, ses yeux lui feraient mal et pourraient même être endommagés. Elle doit accoutumer peu à peu ses yeux à la lumière avant de pouvoir tolérer l'éclat du soleil.
Rabbénou Bé'hayé écrit qu'il en est de même au niveau de l'esprit, où les niveaux spirituels supérieurs ne peuvent être atteints en une fois. Il faut progresser d'un niveau à l'autre, petit à petit.
Le Tséda laDéré'h écrit que lors de son expérience au buisson ardent, Moché gravit 3 niveaux de prophétie. Tout d'abord, il vit un ange dans la flamme, puis il entendit la voix de D. l'appelant depuis le buisson, et enfin il eut une vision du Divin à travers une "lentille claire". C'était un niveau jamais encore atteint par un prophète et qu'aucun prophète, à part Moché ne connaîtra jamais.]

Hachem voulait également donner à Moché une leçon de foi.
Même lorsqu'une personne sent un glaive posé sur son cou, elle doit avoir confiance en D. et ne pas perdre espoir (guémara Béra'hot 10a).
Hachem peut protéger l'homme dans quelque situation qu'il se trouve [même la plus désespérée en apparence].
Voilà qu'un buisson épineux, habituellement enflammé par la moindre braise, demeurait intact alors qu'une grande flamme y brûlait, simplement parce que telle était la volonté de D.
Ni le glaive, ni le feu, ni l'eau ne peuvent faire de mal sans que Hachem ne le veuille.
[absolument rien ne peut se passer si Hachem n'en a pas donné l'ordre]

Bien qu'il se trouvât de nombreuses variétés d'arbres autour de la montagne, D. choisit de se révéler dans un modeste buisson épineux.
Hachem Lui-même partage les souffrances d'Israël, comme Il le dit : "Je suis avec lui (Israël) dans ses malheurs" (Téhilim 91,15).
A cette époque, le statut d'Israël dans le monde était très bas, comme celui d'un buisson d'épines [traînant et foulant la poussière du sol] parmi les arbres [parfois majestueux!].
Hachem choisit donc de se révéler dans un buisson épineux.
[aux yeux des nations les juifs sont considérés comme une "espèce" basse, pleins d'épines (ils nous piquent en apportant la spiritualité (la notion de compte à rendre, de vie après la mort), ils nous obligent à réfléchir, à aller au-delà de l'instantané, de nos pulsions animales!). Mais la réalité, c'est qu'en chaque juif règnent un feu ardent d'amour de Hachem qu'aucune action ne peut éteindre, ce qui fait que tout juif fait partie des êtres les plus sublimes/élevés de la Création.
Le feu d'Hachem en nous, contribue à notre éternité (à l'image du buisson perpétuellement en vie!).]

Le buisson faisait également allusion à l'exil d'Israël en Egypte.
Il es très facile d'enfoncer la main dans un buisson d'épines, mais quand on essaie de l'en retirer, elle est lacérée par les épines.
De même, les égyptiens trouvèrent très aisé d'accueillir les juifs et de les asservir. Mais à leur départ, les égyptiens essuyèrent de lourdes pertes.

Parmi tous les arbres, le buisson épineux est le seul dont chaque brindille est garnie de 5 feuilles.
En cela, il ressemble beaucoup à la myrte, dont les feuilles sont groupées 3 par 3 le long de la tige.
Ceci faisait allusion au fait que bien qu'Israël n'ait pas de mérite suffisant pour être délivré, il serait libéré par le mérite de 5 tsadikim : Avraham, Its'hak, Yaakov, Moché et Aharon.

En hébreu, le mot signifiant "le buisson épineux" (haSné - הסנה) a une guématria égale à 120. Ceci est une allusion au fait que Moché vivrait 120 ans.
Moché eut cette vision l'après-midi, au moment où est également récité l'office de min'ha.
[...]

La 1ere chose que vit Moché était un buisson qui brûlait dans le champ. Il ne voulut pas s'en approcher afin de ne pas interrompre son travail. Quelqu'un pouvait avoir mis le feu au buisson et cela aurait été une perte de temps que d'assouvir sa curiosité [volant alors son employeur!].
[...]

[Selon certains Sages, le buisson ardent se trouvait au sommet du mont Sinaï.] Hachem révéla à Moché que la Torah serait donné à Israël à cet endroit.
[donnée dans l'humilité, la Torah est un feu éternel de vie (et non de destruction)]
[...]

Hachem dit à Moché que le miracle du buisson ardent sera le signe que c'est D. qui l'a envoyé et que la mission de Moché réussira.
Le buisson était entouré de feu sans en être touché. De même, Moché sera entouré de dangers mais ne sera pas touché.
[A l'image de ce miracle manifeste,] ... le monde entier saura que Moché est l'agent de D.
[Méam Loez - Chémot 3,1-2 & 5 & 12]

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-> D'après certains avis, Sinaï est dérivé des pierres de la montagne sur lequel est imprimé le dessin du buisson épineux (sné).
[Narboni - fin du chapitre 66 de Moré Névoukim]

-> D'après d'autres, le mot "Sinaï" symbolise l'hostilité (sin'a) des non-juifs après que les Bné Israël aient reçu la Torah.
[midrach Chémot rabba 2,4]

-> Moché y est arrivé le 15 Nissan, qui sera plus tard le 1er jour de Pessa'h, et le mont Sinaï au sommet duquel il y avait un buisson épineux, était à une distance de 3 jours de marche de l'Egypte (environ 100km).
[rav Yossef Deutsch]

-> En s'approchant de la montagne [de Sinaï], Moché aperçoit, à son sommet, l'ange Mikhaël, et comprend que la Présence Divine réside dans ce lieu.
Lorsque Moché attire l'attention des autres bergers sur ce prodige, ils lui répondent qu'ils ne voient absolument rien.
[midrach Chémot rabba 2,5]

-> Puisque c'est la première fois que Moché accède à un niveau si élevé de prophétie, il faut donc le préparer de façon graduelle, de même qu'on ne peut exposer d'un seul coup à une lumière éblouissante une personne plongée jusque-là dans une profonde obscurité.
C'est pourquoi il ne voit d'abord que le feu surnaturel qui fait brûler le buisson, puis l'ange qui se trouve au milieu des flammes. A ce moment seulement, D. lui adresse directement la parole. [rabbénou Bé'hayé - Chémot 3,1]

Maintenant non plus, D. ne s'adresse pas à lui d'une voix forte, pour ne pas l'épouvanter mais Il ne lui parle pas non plus à voix trop basse. Pour ne pas l'effrayer, D. prend la voix d'Amram, son père. [midrach Chémot rabba 3,1]

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-> Le buisson épineux, symbolise la douleur et la souffrance. C'est précisément au milieu de ces branches épineuses que D. se révèle à Moché pour souligner que Lui aussi, si l'on peut s'exprimer ainsi, souffre et se désole de voir les souffrances des Bné Israël, tout comme un père ressent toujours la souffrance de ses enfants.
[midrach Chémot rabba 2,5]

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-> "Moché se cacha le visage car il avait peur de regarder du côté de D. (Elokim - אֱלֹהִים)" (Chémot 3,6)

=> Pourquoi avait-il peur?

Le Tiférét Chlomo (Lé'h Lé'ha) donne la réponse suivante :
Elokim (אֱלֹהִים) est le nom Divin qui représentent la Rigueur, la punition sévère, et le buisson ardent signifie la douleur que subissait le peuple juif en Egypte.
Moché a dissimulé sa face "car il avait peur de regarder du côté de D."
Il avait peur de se focaliser sur toutes les terribles souffrances des juifs, au point d'en venir à questionner la façon d'agir d'Hachem.
En effet, il aurait pu en arriver à se demander : "Pourquoi laisses-Tu le peuple juif souffrir [à ce point]?"  (ce qui va créer une petite brèche dans sa émouna en D., puisque remettant en question Ses actions!)
Ne souhaitant pas développer de telles pensées en son cœur, il a évité de regarder le côté d'Elokim (אֱלֹהִים), l'Attribut d'Hachem dans toute sa rigueur.

-> On peut trouver un comportement similaire lorsque Avraham va pleurer et faire une eulogie courte sur sa femme Sarah (Béréchit 23,2-3), préférant plutôt rapidement s'occuper d'acquérir le caveau de Makhpéla.
Le Tiférét Chlomo dit que Avraham ne voulait pas s'attarder [à chaud] sur le deuil avant de l'enterrer, car il avait peur d'en arriver à questionner Hachem.

D'ailleurs, le midrach rapporte que l'ange de la mort taquinait Avraham : "Pourquoi une tsadékette comme Sarah est morte? Mérite-t-elle cela (alors que vient d'avoir lieu la Akédat Its'hak)?"
Avraham a évité de prêter attention à cela en occupant sa tête d'autres pensées.

[Nous apprenons d'Avraham, de Moché, que nous devons parfois éviter de penser à nos malheurs/difficultés de peur d'en arriver à questionner Hachem, d'en venir à affaiblir notre émouna. Mais plutôt nous devons nous occuper et prendre plaisir à d'autres choses.]

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-> Le Sfat Emet explique que Moché a tourné la tête du buisson car il ne voulait pas profiter d'une révélation Divine qu'il n'avait pas méritée par ses propres efforts ou qui était au-dessus de son niveau.
Une perception d'Hachem qui vient par nos propres efforts est durable, alors qu'une perception que nous ne méritons pas disparaît vite et peut même être une source d'épreuve ou de danger.

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-> "Moché était berger" (Chémot 3,1)

-> Kaïn était agriculteur et Hevel berger. Moché avait en lui, l'âme de Hével et Yitro celle de Kaïn. C'est pourquoi, Moché qui était la réincarnation de Hevel était lui aussi berger. Il s'occupait du bétail de Yitro, qui avait l'âme de Kaïn. Quand le sacrifice de Kaïn ne fut pas accepté, contrairement à celui de Hevel, il le tua. Quand un homme tue son prochain, c'est que Hachem a décrété que ce dernier doit mourir.
La raison pour laquelle Hachem décréta que Hevel devait mourir, c'est à cause d'une faute qu'il avait commise. Quand Hachem consuma son sacrifice, un feu Divin descendit du ciel. Ce feu comportait une manifestation de la Présence Divine. Ainsi, il était interdit de le regarder, car on ne doit pas regarder la manifestation de la Présence Divine. Et Hevel a regardé ce feu.
C'est pourquoi, il fut décrété qu'il meure et Kaïn put le tuer (car "l'homme ne pourra pas Me voir et vivre"). Moché devait réparer cette faute de Hevel laquelle a entraîné sa mort. C'est pourquoi, Hachem se révéla à lui "dans une flamme de feu dans le buisson". Cette flamme manifestait la Présence Divine.
Et le Torah dit : "Moché cacha son visage, car il craignait de voir la Divinité". Par cet acte, Moché répara la faute de Hevel, qui avait contemplé la Présence Divine dans la flamme qui consuma son offrande. A présent, la Présence Divine se présente encore dans des flammes, mais là, Moché ne regarde pas.
[Tsioni]

"Et voici les noms des enfants d'Israël qui vinrent (aba'im) en Égypte avec Yaakov" (Chémot 1;1)

 

++ Pourquoi est-il écrit "aba'im" (= verbe au présent) et non pas "acher ba'u" (= verbe au passé)?

Lors que des immigrants arrivent dans un pays, ils gardent généralement leurs coutumes au début, puis ils s'acclimatent et acceptent les habitudes du pays.

Durant tout leur séjour en Égypte (210 ans), les juifs se sont considérés comme de nouveaux arrivants (aba'im = comme s'ils venaient d'arriver).

Le fait de ne pas se sentir résident, a facilité leur volonté de garder leur identité intacte.
Le fait de ne pas adopter les noms, la langue et les façons de s'habiller du pays, a permis à nos ancêtres de sortir d’Égypte, en tant que juifs vivants.

 

++ Beau clin d’œil de la Torah :

Les dernières lettres des 5 premiers mots de la paracha permettent de former le mot : Téhilim (ואלה שמות בני ישראל הבאים).

En Égypte, les juifs ont été asservis et ont connu une des périodes les plus difficile de leur histoire.
Ils ont prié à D. avec les mots des Téhilim.

Le nom dans le verset suivant ces 5 mots est : mits'rayéma (=en Egypte).
"Mitsraïm" (Egypte) vient du mot 'métsar', renvoyant à une situation tendue et difficile.

Chaque fois que l'on est confronté à une difficulté, il est bon d'utiliser le livre des Téhilim, comme moyen de prier D.

D'ailleurs, selon le Midrach Cho'har Tov (124), durant les 20 ans passés dans l’environnement mauvais de Lavan, Yaakov n'a pas dormi et a préféré occuper son temps en disant des Téhilim.

 

++ Précision : ce n'est pas la quantité de Téhilim lus qui compte, mais la qualité et le cœur mis pour les lire ...

Ouvrez votre cœur aux Téhilim (en lisant la traduction, en étant sensible aux passages qui vous parlent,...), l'impact sera alors phénoménal!!

 

Source : traduction & adaptation personnelle d'un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky (livre : védibarta bam)

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-> "Et voici les noms des enfants d’Israël qui vinrent (aba’im) en Égypte avec Yaakov" (Chémot 1,1)

Le mot "véélé" (et voici - וְאֵלֶּה) a la même guématria que le mot "bam", qui figure à propos de la Torah : "védibarta bam" (tu en parleras [des paroles de la Torah] - Dévarim 6,7).
On peut dire que grâce aux noms sacrés en usage, les juifs méritent de s'attacher à la Torah, qui est elle-même composée des Noms de D. (Zohar II 124a, et Introduction du Ramban à la Torah).
Il s’ensuit qu’outre le fait qu'ils sont rattachés à la Torah, ils méritent de s'attacher au Créateur.

"Voici les noms des enfants d’Israël, venus en Egypte" = en d’autres termes, les juifs ont préservé la tradition de leur père, et continué à nommer leurs enfants et petits-enfants par les mêmes noms saints et purs que Yaakov avait donnés à ses fils (midrach Chir haChirim rabba 4,25).
Il avait agi ainsi car il savait profondément que ces noms aideraient ses enfants à se protéger des forces impures dans n’importe quelle situation, et particulièrement pendant le sommeil, moment où ils n’étudient pas la Torah.

Les noms des juifs ont leur racine dans les profondeurs de la sainteté.
Le Arizal nous révèle, en expliquant ce verset d’après la kabbala, qu’il est question de ce monde-ci et du monde des âmes. Il écrit : "Voici les noms des bnei Israël qui sont venus en Egypte" = ce sont les noms de sainteté
qui sont descendus dans ce monde-ci, qui s’appelle "Mitsraïm" (l’Egypte).
"Avec Yaakov, ils sont venus chacun avec sa famille" = tous les noms sont accompagnés par les saints Patriarches, dont les noms ont leur source dans les secrets de la Torah, et ces mystères accompagnent les bnei Israël lorsqu’ils descendent en ce monde ...
On comprend que c’est effectivement le cas, la grandeur des bnei Israël était de ne pas avoir changé leur nom. En effet, cela les a protégés, ainsi ils ne se sont pas perdus, et personne ne s’est assimilé.
Les "noms" des bnei Israël sont les bases spirituelles avec lesquelles ils sont descendus en Egypte, accompagnés par leur père Ya’akov, et ces noms leur sont restés et ont protégé leur identité.
[issu de divré Torah du rav David Pinto]