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"La fille Pharaon descendit vers le fleuve pour se baigner" (Chémot 2,5)

Rabbi Yo'hanan dit au nom de rabbi Chimon bar Yo'haï qu'elle est venue se purifier (se laver) des idoles de son père (Pharaon) ...
- Le verset (2,5) poursuit : "Et ses compagnes allaient sur la rive du fleuve" : rabbi Yo'hanan dit ... qu'elles allaient à la mort ...

- Le verset (2,5) poursuit : "Elle aperçut le berceau parmi les roseaux" ; lorsque les servantes virent que la fille de Pharaon voulait sauver Moché, elles lui dirent : "Maîtresse, quand un roi publie un décret, même si le monde ne s'y soumet pas, il est d'usage que ses enfants et les gens du palais respectent le décret et toi (sa fille), tu désobéirais au décret de ton père!"
L'ange Gavriel vint alors les terrasser (et elles moururent).

- Le verset (2,5) se termine ainsi : "Elle envoya sa servante (amata) pour le prendre" : Rabbi Yéhouda et Rabbi Né'hémia s'opposent sur le sens du mot : "amata".
L'un dit qu'il s'agit de son bras et l'autre dit qu'il s'agit de sa servante : Un maître dit que "amata" désigne son bras (car le mot "ama" désigne l'avant-bras ou la coudée) ; l'autre maître dit que "amata" désigne sa servante, car il n'est pas écrit "yada" : son bras ...
[L'ange] Gavriel aurait épargné de la mort l'une des servantes, car il n'est pas convenable que la fille d'un roi demeure seule. Quant à celui qui traduit "amata" par bras, c'est pour nous enseigner que son bras s'est considérablement allongé.
[guémara Sota 12b]

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=> Pourquoi le verset (Chémot 2,5) dit-il que Batya descendit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour se baigner et non pas "él hayéor" (vers le fleuve) ou "bayéor" (dans le fleuve)?

-> La fille de Pharaon, Batya n'est pas sortie vers le fleuve pour s'y baigner, ce qui serait inconvenant pour une princesse, mais elle s'est baignée dans le palais royal, dans sa salle de bain qui était située au-dessus du fleuve.
Elle avait une vue plongeante sur le fleuve, ce qui lui a permis de voir le berceau de Moché sur le fleuve parmi les roseaux. De là, elle envoya (sa servante ou sa main) pour le prendre.
C'est pourquoi, le texte a employé le mot : "al" (au-dessus) plutôt que "él" (vers).
[Sforno]

-> La fille de Pharaon était écœurée de l'idolâtrie de la maison royale et du peuple égyptien symbolisée par le fleuve (le Nil), considéré comme un "dieu" à cause de son rôle économique prépondérant en Egypte.
Elle décida ce jour-là de se "laver" (se purifier) de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
C'est pourquoi, le texte écrit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour indiquer qu'elle vient se purifier et se convertir (comme le dit Rachi) et s'élever au-dessus du fleuve, c'est-à-dire au-dessus de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
Devenue juive, Batya épousa plus tard Kalev, surnommé Méred, selon le verset : "Ceux-là furent les enfants de Batya, fille de Pharaon, qu'avait épousée Méred" (Divré haYamim I 4,18).
Ce mariage de Batya avec le tsadik Kalev confirme sa conversion.
[d'après la guémara Méguila 13a]

-> Selon le Maharcha, l'emploi de "al" (au-dessus) [et non : "dans"] indique qu'il s'agit d'un bain de purification.

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-> Comment Batya a-t-elle effectué une immersion dans le Nil (mikvé) afin de se convertir, sans la présence d'un Bet Din?
De plus, les égyptiens ne peuvent entrer dans l'Assemblée d'Israël qu'après 3 générations après une conversion ; donc comment a-t-elle pu épouser Kalev?
En réalité, ces restrictions n'existeront qu'après le don de la Torah ; or Batya s'est convertie avant le don de la Torah.

-> La guémara (Méguila 13a) explique ainsi le surnom Méred de Kalev, un des 2 explorateurs qui avait fait un bon rapport sur le pays d'Israël exploré.
Hachem s'est dit : Que vienne Méred (Kalev) qui s'est opposé (marad) aux 10 explorateurs qui dénigraient le pays, et qu'il épouse Batya, qui elle aussi s'est opposée à l'idolâtrie de son père et à ses ordres, en recueillant Moché qu'elle savait être juif.

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=> Comment Batya peut-elle se tremper dans le Nil pour se "laver" des idoles, alors que ce fleuve est lui-même objet d'idolâtrie?

-> C'est parce que la fille de Pharaon fut frappée d'une plaie de lèpre (négaïm) intense sur son corps, et qu'elle ne pouvait pas se baigner dans l'eau chaude de son palais, qu'elle dut descendre se baigner dans les eaux froides du Nil.
Lorsqu'elle vit le berceau de Moché qui pleurait, elle le saisit et guérit aussitôt de sa lèpre.
Elle s'est dit : Cet enfant doit être un tsadik et elle décida de le maintenir en vie.
Or, quiconque sauve la vie d'une personne est considérée comme ayant sauvé tous ses descendants potentiels ; c'est pourquoi Batya a bénéficié de la vie dans ce monde-ci et de celle dans le monde futur.
[Pirké déRabbi Eliézer - 48]

-> Pour réparer une faute, il est nécessaire de se placer à l'endroit même du défaut.
Or l'idolâtrie des égyptiens se concentrait sur le Nil qu'ils déifiaient en raison de la prospérité que ce fleuve amenait et la fille de Pharaon décida de s'immerger pour se purifier de cette idolâtrie et y renoncer, car c'était justement le lieu de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
[Iyoun Yaakov]

[lorsque Pharaon fut atteint de plaies lépreuses, ses devins lui conseillèrent de se baigner chaque jour dans le sang de 150 enfants juifs. Selon le Péninim Yékarim, Pharaon ne s'est pas baigné dans les eaux froides du Nil, car il considérait cela comme une offense au Nil (sa divinité), de s'y baigner nu pour guérir.
Par contre sa fille, atteinte de lèpre, ne considérait plus le Nil comme une divinité et s'y est donc baignée pour guérir de sa lèpre.]

-> Bien que Batya ait compris, en ouvrant le berceau, que cet enfant se distinguait des autres et qu'il s'agissait du sauveur d'Israël prédit par les devins de son père, elle eut pitié de Moché et le sauva, car à ce moment elle rejeta les idoles de son père et s'attacha à la foi juive.
Elle amena cet enfant dans le palais royal, justement parce qu'il était juif.
Cette attitude de Batya confirme sa conversion.
[Ets Yossef]

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=> Pourquoi Batya a-t-elle envoyé sa main pour saisir le berceau qui était très éloigné d'elle et donc hors de sa portée?

-> Batya a réuni toutes ses forces, déterminée à sauver cet enfant, en y mettant tout son cœur.
Elle a alors eu le mérite de dépasser ses limites naturelles et atteindre le berceau de Moché, éloigné de plusieurs coudées, en tendant sa main.
Rien ne résiste à la volonté de l'homme lorsqu'il agit d'un cœur entier : il peut même retrouver le niveau illimité d'Adam avant la faute et atteindre beaucoup plus qu'il n'aurait obtenu par ses forces naturelles : cette capacité prouve la grandeur de l'homme.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 32)]

-> Batya ignorait initialement que son bras s'allongerait miraculeusement pour pouvoir saisir le berceau parmi les joncs , elle a quand même tendu son bras et fait des efforts pour atteindre ce berceau inaccessible.
On en tire une leçon : lorsqu'une personne accomplit une bonne action, même si les chances de réussite sont faibles ou nulles, elle doit quand même agir de toutes ses possibilités et avoir confiance qu'Hachem complétera son action.
[rabbi Mendel de Kotzk]

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-> La main de la princesse s'est allongée miraculeusement de 60 amot (plus de 30 mètres) pour pouvoir accéder au berceau de Moché.
Il y aune allusion à ce grand allongement dans le verset (Chémot 2,5) : il existe 60 lettres entre le début de ce verset et la lettre shin (ש) du milieu du mot "vatichla'h" (elle envoya sa main - ותשלך).
[Maharcha - guémara Méguila 15b]

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne :
Le bras de la fille Pharaon s'est allongé de 60 coudées ; on trouve une allusion à ce 60 amot dans le verset : "Batya le nomma Moché, disant : "Car je l'ai tiré des eaux"" (Chémot 2,10).
L'expression : "min hamaïm méchitihou" (des eaux je l'ai tiré - מִן הַמַּיִם מְשִׁיתִהוּ) aurait dû être écrite de façon plus contractée : "mimaïm méchitiou" (ממים משיתיו).
Ainsi, le texte a ajouté 3 lettres : la lettre noun (נ) dans le mot min (מן), la lettre hé (ה) dans le mot "alaïm" (המים) et la lettre hé (ה) dans le mot : "méchitihou" (משיתהו).
La guématria totale de ces 3 lettre supplémentaires : 50+5+5=60 fait allusion à l'allongement du bras de Batya de 60 amot.

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+ "Rabbi 'Hanina fils de rav Pappa a a dit : Ce jour-là (où Moché fut sauvé des eaux de Batya), c'était le 21 du mois de Nissan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à chanter (pour Te glorifier et Te louer) le Cantique de la Mer à cette même date (21 Nissan), peut-il être frappé en ce jour?"
[selon la guémara, c'était une année embolismique de 13 mois : 7 Adar naissance de Moché, puis la majorité (24 jour) du mois d'Adar I, puis un mois entier de Adar II, et la majorité (21 jours) du mois de Nissan]
Mais rabbi A'ha fils de rabbi 'Hanina a dit : ce jour-là, c'était le 6 du mois de Sivan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à recevoir la Torah sur le mont Sinaï à cette même date (6 Sivan) peut-il être frappé en ce jour?"
[Moché est né un 7 Adar, et si on compte 3 mois, on parvient au 6 Sivan]
[guémara Sota 12b]

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-> Il existe une sainteté dans le temps et dans l'espace pour des événements qui doivent se produire dans le futur, car ces grands événements futurs laissent déjà, à effet rétroactif, des traces à la date et à l'emplacement de ces événements fondamentaux.
C'est ainsi que cette date du 21 Nissan, où Moché et les Bné Israël glorifièrent Hachem, porte une trace de sainteté, capable d'influencer le sauvetage de Moché en ce 21 Nissan qui précède de 80 ans la récitation du Cantique de la Mer.
[rabbi Tsadok haCohen]

-> Selon le 1er avis, Yo'hévét n'a pas attendu 3 mois entiers, car elle a volontairement placé le berceau de Moché sur le Nil, à l'avance (le 21 Nissan) [soit au bout de 74 jours après sa naissance, et non 90 (3 mois)], afin qu'il bénéficie du mérite de ce jour futur du 21 Nissan, où il entonnera le Cantique de la Mer, afin de le sauver de la noyade dans le fleuve.
[Iyoun Yaakov]

[d'une certaine façon, on peut dire que grâce à Moché : l'eau de la mer Rouge s'est ouverte nous sauvant d'une mort physique, et l'eau de la Torah nous sauve d'une mort spirituelle.]

Les causes de l’exil en Egypte

+ Les causes de l'exil en Egypte (par le Méam Loez (Chémot 6,1)) :

-> 1ere raison = les juifs n'auraient jamais pu recevoir la Torah sans avoir connu de souffrances ...
En effet, ils auraient été occupés à manger, à boire et à satisfaire toutes leurs mauvais habitudes et auraient considéré tout changement de mode de vie comme pratiquement impossible.
Or si les juifs n'avaient pas accepté la Torah, le monde n'aurait pu se maintenir en existence, l'univers entier n'existant que par le mérite de la Torah.

Lorsque Hachem les fit échapper à ces tourments, ils en furent si reconnaissants qu'ils acceptèrent joyeusement la Torah, de tout leur cœur et de toute leur âme.
Bien que la Torah fût difficile à observer et que la compréhension et l'accomplissement des mitsvot demandaient un grand effort, cela leur serait très facile comparé à la vie pénible qu'ils menaient en Egypte.

Grâce à leur labeur en Egypte, les juifs furent également prêts aux sacrifices que nécessite la véritable étude de la Torah. Ils avaient subsisté avec de l'eau et du pain dur, dormi là où ils le pouvaient et n'avaient jamais eu le temps ni la force pour des plaisirs physiques.
Une vie de dévouement total à la Torah leur serait donc, comparativement plus facile.
[...]

Avant de pousser, une graine doit être enterrée. De même, les juifs durent-ils être enterrés en Egypte avant de pouvoir grandir dans leur foi.

De plus, sans l'exil en Egypte, les juifs n'auraient pas été spirituellement préparés à comprendre la grandeur de D. ou la réelle signification de la Torah.
Leur asservissement en Egypte avait purifié leur corps, éveillé leur personne physique et les avait rendus extrêmement humbles.
Pendant la sortie d'Egypte, c'est comme s'ils étaient nés à nouveau.
Ils se rendirent compte qu'ils n'auraient jamais reçu la Torah sans cette purification du corps et l'abandon total du péché.

Telle était la signification de la promesse de D. à Avraham : "Après cela [les 400 ans d'exil], ils partiront avec de grandes richesses" (Béréchit 15,14).
Or, il ne peut s'agir ici de richesses matérielles.
[...]

Hachem dit à Avraham que ses descendants partiraient avec "de grandes richesses" (ré'houch gadol), plutôt que "beaucoup de richesses" (ré'houch rav). L'expression hébraïque indique que la richesse est évaluée en qualité, mais non en quantité ...

La grande richesse que D. promit à Avraham ne consistait pas en or, en argent ou en diamants, qui en vérité n'ont aucune valeur.
En réalité, Hachem voulait expliquer à Avraham la raison de l'exil de ses descendants en Egypte : l'asservissement qu'ils endureraient en Egypte allait les préparer à accepter la Torah et reconnaître la grandeur de D.
C'est cela que représentait la "grande richesse".

[Le Méam Loez (Bo 11,1-2) enseigne de nouveau que la promesse de grandes richesses désigne une richesse spirituelle plutôt que matérielle ...
Toutefois, du fait que pris littéralement les termes de "grandes richesses" désignent la richesse matérielle, Hachem dit aux juifs de réclamer de l'or et de l'argent afin qu'Avraham n'ait plus la moindre doléance ...
Les juifs allaient effectivement s'approprier toute la richesse de l'Egypte à la Mer Rouge, mais puisqu'au moment de la sortie d'Egypte, Avraham ne le savait pas encore, il aurait pu en être contrarié.
Hachem ne voulait pas que même pour quelques jours Avraham ait l'impression que la promesse Divine n'était pas tenue, et Il ordonna donc au peuple de demander aux égyptiens leur or et leur argent.]

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-> 2e raison = purifier les juifs de la souillure de l'idolâtrie

Depuis l'époque d'Enoch, on commença à adorer des idoles ...
La majorité des hommes pensait que tout était soumis aux lois de la nature, que D. ne s'intéressait pas aux simples mortels ... L'idée même des miracles leur semblait saugrenue.
[...]

Avraham fut le 1er à se couper de ces cultes et à rendre public le fait que le monde est dirigé par un D. invisible et omnipotent ...

Après la mort des fils de Yaakov, les juifs commencèrent à s'assimiler aux égyptiens et à d'autres peuples environnants. Ils se mirent à adopter les pratiques idolâtres acceptées partout à cette époque.
Bientôt, les juifs furent totalement plongés dans l'idolâtrie.

Cependant, comme il étaient les descendants d'Avraham, Its'hak et de Yaakov, Hachem par bonté et plutôt que de les anéantir, les fit être asservis.
Les rudes travaux les purifièrent des dernières traces d’idolâtrie.
[...]

Ceci explique la réaction d'Avraham lorsque Hachem lui dit clairement : "Ta descendance sera étrangère dans un pays qui ne sera pas le sien, ils les asserviront et les opprimeront pendant 400 ans" (Béréchit 15,13).

Or, Avraham accepta calmement ce décret, et nous n'avons pas de preuves qu'il fît la moindre prière pour que D. l'annule.
Ceci est d'autant plus difficile à comprendre, que lorsque D. avait annoncé à Avraham la destruction imminente de Sodome, Avraham avait passé une journée entière en prière, suppliant D. d'épargner cette ville perverse.

Or ici, alors que ses propres descendants doivent être sujets à d'affreuses souffrances, il ne dit pas un mot.
Nous nous attendrions à ce qu'il verse des larmes de sang, qu'il jeûne et prie pendant des semaines pour faire annuler le décret.
Pour des étrangers [pervers], il pria du matin au soir, alors que pour ses propres descendants, il ne fit rien.

En réalité, Avraham avait une bonne raison de rester silencieux.
Il savait que, sans la servitude, les juifs n'auraient jamais été dignes de la Torah.
Ils devraient être raffinés comme l'argent par leur longue période d'esclavage.
Avraham comprit que l'asservissement n'était pas envisagée comme une revanche, mais comme un processus de purification dû à la bonté de D., par le mérite des Patriarches.

Bien que nombreux seraient les blessés et les morts, la nation entière en serait purifiée, et elle serait alors prête à croire totalement en Hachem.

C'est pour cette raison que [dans Chir haChirim (4,11-15)], l'Egypte est appelée le Liban (lévanon), littéralement ce qui blanchit (lavan) et purifie.
C'est leur expérience en Egypte qui lava les juifs de leurs péchés et les purifia spirituellement.
Il est d'ailleurs écrit : "Si tes péchés sont comme l'écarlate [rouge vif], ils deviendront blancs comme la neige" (Yéchayahou 1,18).

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-> 3e raison = en Egypte, les juifs avaient abandonné le rite de la circoncision ordonné à Avraham, et par cela ils montraient clairement qu'ils ne désiraient plus être soumis à Hachem ...
D. les punit mesure pour mesure : s'ils ne voulaient pas être les esclaves de D. (abandonnant le signe de l'alliance), ils deviendraient donc les esclaves de Pharaon.

De plus, de nombreux juifs refusaient la circoncision parce qu'elle réduit le plaisir sexuel.
C'est d'ailleurs là une des raisons du commandement (affaiblir ce désir pour rester kadoch). Leur punition fut donc d'être si éreintés par leur travail que leur désir sexuel en serait totalement affaibli.
C'est pour cette raison que la tribu de Lévi ne fut jamais asservies, car ce fut la seule tribu où chacun de ses membres avait gardé la brit mila.
[...]

Bien entendu, ce n'était pas tous les juifs qui négligeaient la brit mila. Il y avait beaucoup de pieuses personnes qui l'accomplissaient en courant de grands risques pour leur personne ...
D'ailleurs ces juifs répondaient aux égyptiens : "Commençons par circoncire nos enfants [même si vous allez les jeter à l'eau ou au feu]. Pour ce qui est de la suite, leur destin sera entre les mains de D."

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-> 4e raison = l'ange du mal Samaël dénonça Yaakov pour avoir recouru à la ruse lorsqu'il voulut obtenir la bénédiction que Its'hak destinait à Essav.
Par leurs rudes travaux en Egypte, les juifs allaient mériter la bénédiction. [d'après le Yalkout Réouvéni]

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-> 5e raison = l'ange gardien de l'Egypte : Amon de No, avait saisi un chevreau en main et dénoncé les fils de Yaakov d'avoir vendu Yossef et trempé son manteau dans du sang de chèvre pour leurrer leur père (Béréchit 37,31).
En conséquence, il fut décrété que 10 des plus grands sages seraient brutalement assassinés par les romains.

Une 2e conséquence de cet incident fut le décret d'asservissement brutal des juifs en Egypte ... Toutefois l'esclavage ne commença pas pendant la vie des fils de Yaakov car leur mérite suffisait à les protéger, eux et leurs enfants ...

Nos Sages enseignent que le réel asservissement des juifs débuta à la naissance de Myriam et dura 83 ans et 4 mois.
Car les 12 tribus sont mises en parallèle avec les 12 heures de la journée.
Or, un jour de D. représente 1000 ans (Téhilim 90,4), et une heure de Hachem, 83 ans et 4 mois.
Puisque les fils de Yaakov voulaient détruire l'une des 12 tribus qui représente l'une des 12 heures du jour, il fut décrété, selon le principe de mesure pour mesure, que leurs descendants seraient asservis pendant une heure de D., soit 83 ans et 4 mois.

D'autres autorités affirment que les juifs durent asservis pendant 86 ans.
En mille ans, le mois d'Adar est doublé 368 fois. Il y a donc 1030 années de 12 mois lunaires, plus 8 mois.
Si l'on divise ce chiffre par 12, on obtient 86 ans moins 40 jours.

Benjamin n'avait pas participé à la vente de Yossef, mais puisque les égyptiens avaient reçu d'en-Haut la permission d'asservir les juifs, ils ne firent pas de différence entre les coupables et les innocents.
Nos Sages (Baba Kama 60a) enseignent la règle suivante : "Lorsque le destructeur reçoit autorité, il ne distingue pas entre le coupable et l'innocent".

La tribu de Yossef fut asservie elle aussi, car Yossef avait sa part de responsabilité dans ces événements, car par sa calomnie, il avait provoqué la haine de ses frères (cf. Béréchit 37,2).
[Pourtant, si l'une des tribus avait observé la brit mila, ce mérite aurait suffi à la protéger de l'asservissement, et c'est pour cela que la tribu de Lévi fut épargnée.]

Le châtiment correspondait bien à la faute puisque ses frères avaient vendu Yossef comme esclave, alors leurs enfants devinrent des esclaves.
Du fait qu'ils l'avaient jeté dans un puits, les égyptiens, en retour, jetèrent leurs enfants dans le Nil.

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-> 6e raison = les fils de Yaakov avaient fait souffrir leur père.
Yaakov porta le deuil de son fils pendant 22 ans : depuis la vente de Yossef jusqu'à ce qu'il ait appris qu'il était vivant.

10 frères (en excluant Yossef et Binyamin) étaient responsables de ce crime.
Les juifs méritaient un exil de 22 ans pour chacun des frères, soit 220 ans au total. Mais puisque les 10 frères moururent hors de la terre Sainte, cette punition réduisait leur sentence d'un an pour chacun.
Les juifs demeurèrent donc en Egypte pendant 210 ans.
[...]

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Par ailleurs, dans le Zohar, rabbi Its'hak enseigne que si les juifs n'avaient jamais mangé la nourriture des égyptiens ni tiré profit d'eux, ils n'auraient jamais été asservis et les égyptiens n'auraient eu aucun pouvoir sur eux.
Mais dès que les juifs eurent mangé le pain des égyptiens, ils tombèrent sous leur domination.
[...]

Le fait que la souffrance des juifs s'aggravât après la visite de Moché à Pharaon était pour le bien d'Israël ...
En effet, constatant qu'ils étaient persécutés au lieu d'être libérés, ils n'avaient pas d'autre espoir que de se tourner de tout leur cœur vers Hachem, et d'implorer Son pardon pour toutes leurs fautes.

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-> "Maintenant tu verras ce que Je ferai à Pharaon" (Chémot 6,1)

=> Comment comprendre le terme "maintenant"?

En fait, certes le peuple d'Israël souffrait terriblement en Egypte. Mais il pouvait toujours exister des accusateurs au Ciel qui empêcheraient la délivrance.
Cependant, quand Moché s'est rendu chez Pharaon pour lui commander, au Nom d'Hachem, de libérer le peuple, Pharaon répondit : "Qui est Hachem pour que j'écoute Sa Voix?" = Ainsi, désormais, l'exil constituait une profanation du Nom d'Hachem. Et en tant que tel, plus aucun ange ne pourrait émettre des accusations pour empêcher la délivrance, en sachant qu'il en va de l'Honneur d'Hachem.

C'est ce que dit le verset : "Maintenant" que l'exil devient aussi une atteinte à l'Honneur d'Hachem, suite aux propos de Pharaon, "tu verras ce que je ferai à Pharaon". Et il ne pourra plus y avoir d'empêchements.
[Chem miChmouel]

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=> Quelles sont les causes de l’Exil d’Egypte?

On peut rapporter :

1°/ Le Alchikh haKadoch nous explique que la raison du décret divin de les exiler en Egypte était de les faire souffrir en vue «d’écumer l’humidité de la morsure du Serpent originel», de même que l’on polit de ses scories et déchets l’argent dans un four, afin de leur donner le mérite du Don de la Torah.
Ainsi, les hébreux furent comme de l’argent pur lors de la Sortie d’Egypte, les scories quant à elles moururent durant la Plaie de l’Obscurité (les 4/5e du peuple qui refusèrent la Délivrance).
Le Alchikh apporte comme preuve, le verset de : "Mais vous, Hachem vous a adoptés, Il vous a arrachés de ce creuset de fer, l’Egypte, pour que vous fussiez un Peuple Lui appartenant, comme vous l’êtes aujourd’hui" (Dévarim 4,20). L’exégète poursuit son développement et explique que c’est le sens de la promesse faite à Avraham :
- "Sache que ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant 410 ans" = afin qu’ils fassent disparaître la "morsure du Serpent" marquant chaque être ;
- "Mais Je jugerai aussi la Nation à laquelle tes descendants seront asservis ; et ensuite ils sortiront avec de grandes richesses" = l’intention là est la richesse de la Loi Ecrite et la Loi Orale qu’ils mériteront de recevoir grâce à la purification de l’Exil égyptien.

2°/ Avraham quitta à tort la terre d’Israël pour descendre en Egypte à cause de la famine (mettant ainsi sa femme Sarah en danger). En effet, le Ramban explique qu’il aurait dû mettre sa confiance en D., certain qu’Hachem pourvoirait à ses besoins.
Ainsi, la conséquence de ce "faux pas" d’Avraham fut-il qu’Hachem décréta que sa descendance finirait par être exilée en Egypte
[Ramban - Lé'h Lé'ha 12,10].

3°/ La guémara (Nédarim 32a) enseigne : "Rabbi Abahou a dit au nom de Rabbi Éleazar : De quoi notre ancêtre Avraham fut-il puni, pour que sa descendance ait été ainsi réduite en esclavage pendant 210 ans?
[La guémara rapporte 3 réponses: ] a) D’avoir enrôlé de force les disciples des Sages [dans l’armée] : ‘Il arma des enseignants, enfants de sa maison, 318, et suivit la trace des ennemis jusqu’à Dan’ (Lé'h Lé'ha 14,14).
b) Selon Rabbi Samuel Ben Na’hmani, il fut puni parce qu’il mit à l’épreuve sans mesure la Bonté du Saint, béni soit- Il: ‘Seigneur Éternel, à quoi connaîtrai-je que je le posséderai?’ (Lé'h Lé'ha 15,8) demanda-t-il.
c) Selon Rabbi Yo’hanan, c’est parce qu’il empêcha des êtres humains de venir sous l’aile de la Chékhina (se convertir): ‘Donne-moi les personnes, et prends pour toi les richesses’ (Lé'h Lé'ha 14,21)."

4°/ L’Exil et l’esclavage en Egypte sont la conséquence fâcheuse de la vente de Yossef par ses frères [guémara Méguila 16b].
D. punit les frères (et leurs descendants) en Egypte selon la mesure de leur hostilité envers Yossef [Abravanel sur Lé'h Lé'ha 15,13]

5°/ L’Exil d’Egypte est un décret du Ciel, dont seule la Sagesse divine connait la raison, comme le sous-entend le midrach (Chémot Rabba 5,22). [Séfer haSi’hot]

Au commencement de l'exil des juifs [en Egypte], les âmes de tous les fils de Yaakov se rassemblèrent dans la grotte de Ma'hpéla et crièrent aux Patriarches : "Une nation cruelle asservit vos enfants!"
Elles s'y étaient réunies afin de demander aux Patriarches de prier pour leurs enfants.

La Torah dit donc : "Voici les noms des fils d'Israël qui vinrent avec Yaakov" (Chémot 1,1) = après leur mort, ils vinrent avec Yaakov prier pour leurs enfants.
[l'exil égyptien ne commença qu'après la mort du dernier des enfants de Yaakov (Lévi)].
[rabbi El'azar ben Arakh - Zohar]

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-> "Voici les noms des fils d'Israël qui viennent en Egypte ; ils y accompagnèrent Yaakov, chacun avec sa famille" (Chémot 1,1)

-> Rabbi Ména'hem de Lonzalo explique que le terme "chémot" (שמות) signifie en réalité "néchamot" (נשמות).
Les âmes des pères des 12 tribus d'Israël accompagnèrent les Bné Israël jusqu'à leur délivrance afin de pouvoir expier le fait d'avoir vendu leur frère Yossef qui a été exilé en Egypte.

Le midrach nous rapporte que lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, bien que la Torah ne mentionne uniquement le rapatriement des ossements de Yossef, chacune des tribus prit le cercueil qui lui correspondait : la tribu de Réouven, les descendants de Chimon prirent avec eux le cercueil de Chimon, ...
Yossef les avait fait jurer qu'à leur sortie d'Egypte, ils emporteraient son cercueil, comme il est écrit : "Moché prit les ossements de Yossef avec lui, car il avait fait jurer les Bné Israël" (Béchala'h 13,19).
Il faut savoir que les cercueils de toutes les tribus sortirent d'Egypte pour recevoir une sépulture en Israël. Ce n'est donc pas seulement leurs corps qui restèrent en Egypte jusqu'à la délivrance mais également les âmes (néchamot), comme il est écrit : "véélé chémot" : ne lis pas chémot mais plutôt néchamot.

"Assurément, la chose est connue" (Chémot 2, 14)

-> Rachi explique que Moché se demandait quelle était la faute des juifs pour ''mériter'' de telles souffrances.
Quand il constata qu'il y avait parmi eux des médisants, il comprit que c'était cela la cause de l'exil, et il dit : "Assurément, la chose est connue" = je connais à présent la raison de cette chose.

Mais lorsque plus tard, Hachem se dévoilera à Moché sur le buisson, et qu'Il l'enverra libérer les juifs d'Egypte, Moché demandera : "Pourrai-je sortir Israël du pays d'Egypte?" (Chémot 3,11)
Rachi d'expliquer cette question : "Mais quel mérite ont-ils pour être libérer?"

=> Ainsi, au départ, Moché ne voyait aucune raison à cet esclavage, mais quand il sut qu'il y avait parmi eux de la médisance, tout d'un coup, il ne voit à présent plus aucune raison pour qu'ils soient libérés.
Même si cela semble étonnant et paradoxal, c'est la réalité : lorsqu'il y a de la médisance, plus aucun mérite ne peut plus aider pour être sauvé!

[Sfat Emet]

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=> Pourquoi est-ce précisément la faute du lachon ara qui fut la cause de souffrances si atroces pour le peuple juif ; en effet les Bné Israël pratiquaient l’idolâtrie, qui ne provoqua pourtant pas tant de malheurs.

Le 'Hafets 'Haïm explique que lorsqu’une personne enfreint un interdit, un ange accusateur est créé ; il s’agit d’un être spirituel qui puise sa force de la faute qui le fit naître. Cet ange accuse le fauteur dans le Beit Din (Tribunal) Céleste, et ce dernier est alors puni.
Or, si l’ange est créé par une action qui ne requiert pas la parole, celui-ci est privé de la faculté d’exprimer clairement l’infraction commise et la personne reste impunie.

La transgression du lachon ara est néanmoins différente, parce qu’elle implique la parole. En conséquence, l’ange créé par cette faute est doté, lui aussi, de cette capacité. Il peut alors exprimer verbalement la nature du lachon ara commis ; la ‘Hafets ‘Haïm poursuit en disant que cet ange énumère également toutes les fautes non dites, que l’homme a commises jusqu’alors.
Ainsi, le fait de dire du lachon hara est la porte ouverte à une punition pour de nombreux autres péchés.

Ceci explique pourquoi le lachon ara du peuple juif engendra les terribles souffrances qu’il dut endurer en Égypte. Sans ce démérite, les Bné Israël auraient été épargnés de la sanction reçue pour leurs autres fautes, comme l’idolâtrie, mais une fois que Moché vit clairement qu’ils avaient trébuché dans ce domaine, il comprit l’amertume de cet exil.
[rapporté dans Tallelé Orot - Chemot 2,14]

"Moché consentit à demeurer avec cet homme" (Chémot 2,21)

-> Dans la Mékhilta, il est écrit que lorsque Moché demanda à Yitro la main de sa fille Tsipora, il accepta à la condition que le fils qu'il aurait en premier (té'hila) serve l'idolâtrie, tandis que les suivants pourraient servir Hachem.
Moché accepta et Yitro le fit jurer, comme le laisse entendre le terme "vayoel" (consentit) qui se réfère à un serment.

-> Selon le 'Hidouché haRim, nous ne devons pas comprendre cela au sens propre, mais plutôt ainsi :
Yitro voulait que le fils qu'aurait Moché suive sa voie, c'est-à-dire serve d'abord (té'hila) l'idolâtrie, puis constate sa vanité et son abomination et découvre ensuite la vérité : la foi en Hachem, D. du peuple juif.
Mais Moché changea d'avis et s'y opposa, car il est impossible de se soustraite à toute impression de l'idolâtrie une fois qu'on l'a servie.

"Un nouveau roi s'éleva sur l'Egypte, lequel n'avait pas connu Yossef" (Chémot 1,8)

-> "Rav et Chmouël au sujet de ce verset : l'un pense qu'il s'agissait véritablement d'un nouveau roi, le second estime que seuls ses décrets changèrent [...]
"Lequel n'avait pas connu Yossef" = il laissait croire qu'il ne l'avait jamais connu."
[guémara Sotah 11a]

-> Rav Méïr Rubman (Zikhron Méïr) rapporte le michnat Rabbi Eliézer :
"Pourquoi la Torah se montre-t-elle si intransigeante envers l'homme ingrat?

Parce que l'ingratitude est assimilable au reniement de Hachem, car celui qui refuse de croire en D. n'est en réalité qu'un homme ingrat : il refuse aujourd'hui de reconnaître le bienfait dont l'a gratifié son prochain, et le lendemain il conteste les bienfaits de son Créateur.

C'est ce qui est dit au sujet de Pharaon : "Lequel n'avait pas connu Yossef" = Pourtant, les bienfaits de Yossef n'étaient-ils pas jusqu'à ce jour reconnus par toute l'Egypte?

C'est qu'en réalité, Pharaon savait mais refusait de l'apprécier. Et pour avoir nier les bienfaits de Yossef, il finit par renier la bonté de Hachem, comme il est dit : "Je ne connais point Hachem".
Il est donc établi que l'ingratitude est assimilable à l'athéisme."

-> Une idée similaire se trouve dans le midrach (Chémot rabba chap.1) :
"Lequel n'avait pas connu Yossef" = Se peut-il réellement qu'il ne l'ait pas connu? ...

Le verset renvoie ici à l'idée que : "Aujourd'hui, Pharaon ne connait pas Yossef, et demain, il finira par dire : Je ne connais pas Hachem!"

[ainsi, toute la chute de Pharaon a résidé dans sa non appréciation de tout le bien que Yossef lui apportait!
=> Dans notre vie, chaque occasion de témoigner de notre gratitude est un pas nous rapprochant de Hachem, et inversement.
La reconnaissance est à la base de la foi juive!]

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-> Le Kli Yakar dit que la vie de Yossef démontre que malgré toute la volonté de ses frères de le faire disparaître et de lui nuire pour empêcher ses rêves de se réaliser, pour ne pas qu’il règne sur eux, ce sont justement ces tentatives qui ont menées à sa réussite et à sa grandeur.

Quand Hachem décide d’élever quelqu'un, rien ne sert de le rabaisser. Seule la Volonté Divine se réalisera, et les actions de ses ennemis pour lui nuire seront utilisées par Hachem pour justement le mener à sa réussite.

Pharaon ne connaissait pas Yossef = c'est-à-dire qu’il ignorait cet enseignement qui ressort de la vie de Yossef, car s’il en avait conscience, il n’aurait pas essayer de nuire aux juifs de peur que le mal qu’il leur ferait entraînerait justement leur délivrance et leur grandeur.

Et c'est effectivement ce qui se passa, la Torah nous dit que "plus il les oppressait, plus ils se multipliaient".
Le mal que Pharaon imposait aux juifs pour ne pas qu’ils se multiplient entraîna l’inverse de sa volonté et Pharaon n’a réussi qu’à se causer des nuisances à lui-même.

Ainsi :
- "S’est levé un nouveau roi sur l’Egypte" = ce nouveau roi s’est en fait "élevé" sur l’Egypte, c’est-à-dire "contre" l’Egypte :
- comme "il ne connaissait pas (l’histoire de) Yossef" = en fait, en voulant nuire aux juifs, il ne nuisit qu’à l’Egypte : "Il s’éleva contre l’Egypte".

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-> Le 'Hatam Sofer rapporte les propos du Targoum qui dit : "Qui ne réalisa pas l’ordre de Yossef".
Il ignorait Yossef, c’est-à-dire les décrets de Yossef, comme le fait que les égyptiens devaient se circoncire, ce qu’ils firent.
Cependant, ce nouveau roi qui se leva ignora ce décret de Yossef et l’annula. Il décréta qu’à présent les égyptiens ne devaient plus se circoncire.

Le 'Hatam Sofer explique que cela était un remède pour les juifs, et ne servit que de moyen pour amener la libération des juifs.
En effet, la Torah nous dit que quand la fille de Pharaon vit le panier sur le Nil, elle a su que le bébé était un juif, et c’est ainsi qu’elle accepta de le confier à des juifs, à savoir à ses vrais parents qui lui enseignèrent l’existence de Hachem et lui révélèrent que lui aussi était un Hébreu.
Sans cela, il n’aurait rien su de tout cela, et il n'aurait probablement jamais été apte à délivrer le peuple juif d'Egypte.
[le jour même où il fut mis sur le Nil, Moché fut également confié par Batiya à sa mère (Batiya ne savait pas que c'était sa mère), pour qu'elle le nourrisse (il refusait tout autre lait). Moché est resté chez ses parents jusqu'à l'âge de 2 ans, et il a rejoint alors le palais où il vécu jusqu'à ses 12 ans.]

Cependant, nos Sages enseignent que Pharaon décréta de jeter dans le Nil tous les garçons, et même les égyptiens et pas seulement les juifs.
=> Comment la fille de Pharaon a-t-elle pu savoir que le bébé était un juif et pas un égyptien?

Le Ramban répond qu'elle constata qu’il était circoncis (Moché est né ainsi).
Il en ressort que si Pharaon n’avait pas supprimé l’ordre de Yossef que les égyptiens doivent se circoncire, alors tous les égyptiens aussi l’auraient été et la fille de Pharaon n’aurait pas pu savoir que le bébé était juif, avec toutes les conséquences que cela auraient entraîné.

=> Ainsi, Pharaon pensaient faire du mal en annulant l’ordre de Yossef, mais en réalité Hachem était en train, sur son dos, de préparer la délivrance.

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-> "Un roi nouveau s’éleva sur l’Égypte, lequel n’avait point connu Yossef" (Chémot 1,8)

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Chémot) enseigne :
Le Alchikh haKadoch a déjà fait remarquer que ce verset pourrait laisser entendre que la raison de l’esclavage des Bné Israel en Egypte est purement naturelle et fortuite ; le nouveau Pharaon n’aurait pas entendu parler de Yossef et donc, découvrant ce peuple étranger sur sa terre il décide de l’asservir. C’est très peu probable que ce fût possible. Yossef avait inventé un système économique qui propulsa l’Egypte à la tête des nations, et ce, si récemment que personne ne pouvait l’ignorer. il existe donc des explications cachées à ce verset.

Le Alchikh haKadoch donne son explication, mais dans la lignée de l’interprétation du Arizal, la théorie du Tikoun (réparation), qui donne un sens commun à la création du monde, les actions des pères et l’exil d’Egypte, on peut expliquer que si l’exil d’Egypte était nécessaire à la récupération des étincelles de sainteté d’Adam Harishon, la vente de Yossef et sa condition d’esclave aurait du dispenser les Bné Israel de l’esclavage.
Et c’est ce que Pharaon décida d’ignorer, que cette partie de la réparation des étincelles et du séjour en Egypte était déjà accomplie.
Ceci répond également à la question: "pourquoi les égyptiens ont-ils été punis, alors que l’exil et l’esclavage étaient un décret divin?", c’est, comme on a dit qu’ils n’auraient pas du les réduire en esclavage, car ce niveau avait été accompli par Yossef. Ceci Pharaon l’ignora et lui et son peuple furent punis pour esclavage "injustifié".

"Les égyptiens asservirent les enfants d'Israël avec une extrême rigueur" (Chémot 1,13)

-> Les Tossafot (Pesachim 117b) utilise le système at'bach (א-ת ב-ש), dans lequel chaque lettre hébraïque est substituée par son inverse en partant de la fin de l'alphabet.
Ainsi, à la place de la 1ere lettre (aleph), on prend la 1ere en partant de la fin (tav), pour la 2e lettre (bét), on prend la 2e en partant de la fin (shin), ...

Le mot : "faré'h" (une extrême rigueur - פָרֶךְ), se transforme alors en : וגל, qui a une guématria de 39.
Cela fait allusion au fait que les égyptiens obligeaient leurs esclaves juifs à accomplir l'ensemble des 39 méla'hot (travaux créatifs).
Par conséquent, après leur libération de l'esclavage, Hachem leur a ordonné d'observer le Shabbath en n'accomplissant pas ces 39 méla'hot.

Cela permet de mieux comprendre pourquoi nous récitons dans le Kidouch : "en souvenir de la sortie d'Egypte" (זכר ליציאת מצרים).
De même que sur : "Tu te souviendras que tu étais esclave dans le pays d'Egypte et que Hachem ton D. t'en a fait sortir d'une main puissante et d'un bras étendu ; c'est pourquoi Hachem ton D. t'a ordonné de faire le jour du Shabbath" (Vaét'hanan 5,15)

Hachem écoute nos cris du coeur

"Maintenant, voici que le cri des enfants d'Israël est venu à Moi" (Chémot 3,9)

Ce verset au complet dit : "Maintenant, voici que le cri des enfants d'Israël est venu à Moi, et également J'ai vu l'oppression que les Egyptiens leur imposent".
=> On peut s'interroger. Puisque tout le cri des enfants d'Israël n'est venu que du fait de l'oppression. Alors pourquoi la Torah présente cette oppression comme une chose indépendante des cris?

-> En fait, le Yisma'h Israël explique que parfois un homme peut se retrouver dans une situation tellement difficile, une oppression tellement lourde, qu'il n'a même plus la force de prier et se tourner vers Hachem. Parfois la vie fait qu'on se sent découragé voire même abandonné, et qu'on n'a même plus la force et la clarté d'esprit de formuler des mots et de s'adresser à Hachem pour Lui demander de l'aide. L'homme se trouve alors entouré de ténèbres et il est accablé par les difficultés.
Parfois, ce ne sont pas des épreuves matérielles qui l'accablent, mais des épreuves spirituelles. Il se sent envahi par son mauvais penchant (yétser ara), empli de doutes dans sa foi, enfoncé dans l'impureté des fautes et se sent si loin d'Hachem. Alors, il commence à ressentir sa détresse spirituelle et cherche désespérément à revenir vers son Père qui est aux Cieux. Mais il se sent si loin qu'il n'arrive même pas à parler à Hachem, il ne trouve pas les mots dans son désarroi. Et dans sa détresse, matérielle ou spirituelle, la seule chose qu'il puisse arriver à faire, c'est de crier, de lever la voix et dire : "Ah! Ah!"
Mais du fait de sa difficulté, il n'a pas l'esprit assez clair et la confiance en Hachem assez forte pour se motiver et s'adresser à Lui avec lucidité et clarté, par une prière bien formulée ...

Bien que de façon générale, Hachem attend de l'homme qu'il Lui parle, qu'il prie, qu'il prononce des phrases, des demandes explicites. En général, Hachem écoute les prières, il faut Lui adresser des prières. Malgré tout, Hachem connaît le cœur de l'homme et Il sait que sa situation et sa détresse l'empêche de prier. Il sait qu'il aimerait bien Lui parler, mais se trouve dépourvu, sans mot, et que la seule chose qu'il puisse faire, c'est crier vers Lui.
Ainsi, Hachem écoutera ses cris et trouvera le moyen de lui répondre et lui envoyer Sa Lumière et Son secours.

Tel est le sens de ce verset : "Maintenant, voici que le cri des enfants d'Israël est venu à Moi", des cris sans mots, sans prières, de simples gémissements. Bien qu'en général, Hachem attende qu'on lui parle mais "maintenant", la situation est arrivée au point de tellement les submerger qu'ils ne sont plus capables de prier. Alors à présent, leurs cris peuvent venir vers Lui.
"Et également J'ai vu l'oppression que les Egyptiens leur imposent", parallèlement à ces cris, Hachem a également vu l'oppression que leur imposent les égyptiens. Compte tenu de cette situation, Il a accepté de se contenter de simples cris des enfants d'Israël et les a exaucé.

"Ils (les Egyptiens) leur rendirent la vie amère par de rudes travaux, par l’argile et par les briques, et par tous les ouvrages des champs, toutes ces charges qu’ils leur imposèrent avec cruauté" (Chémot 1,14)

Sur ce verset, le Zohar (III, 153a) enseigne :
"- "par de rudes travaux" (bavoda kacha) = c’est le questionnement [de la Guémara] (קושיא – Kouchia) ;
- "par l’argile" (bé'homer), c’est le raisonnement à fortiori (קל וחומר – Kal Va’Homer) ;
- "et par les briques des champs" = c’est l’éclaircissement de la Halakha (לבון הלכה – Liboun Halakha) ;
-" et par les ouvrages des champs" = c’est la Baraïta (ברייתא) [l’enseignement des Tanaïm non-inclus dans la Michna – resté ‘à l’extérieur’ comme le champ] ;
- "toutes ces charges qu’ils leur imposèrent avec cruauté" = c’est Tikou (תיק״ו) [les questions non résolues. תיק״ו est formé des initiales de la phrase: ובעיות קושיות יתרץ תשבי – Tichbi (Eliahou Hanavi) viendra résoudre des questions et des problèmes de Torah]
(selon une autre version, ‘Toutes ces charges qu’ils leur imposèrent avec cruauté’, c’est la Michna)."

=> A première vue, cet enseignement du Zohar est difficile à comprendre, comment pouvons-nous dire que les Egyptiens ont fait souffrir les Hébreux avec les différents aspects de la Loi Orale, alors que la Torah n’avait pas été donnée, et que d’autant plus et de manière littérale, les Egyptiens ont fait souffrir les Hébreux physiquement et non au niveau de l’étude de la Loi.

-> A propos de la promesse faite à Avraham, lors de "l’Alliance entre les morceaux" : "Et Hachem dit à Avram : Sache que ta postérité sera étrangère dans un pays qui ne lui appartiendra point, et qu’elle en servira les habitants, et qu’ils l’opprimeront pendant 400 ans. Mais je jugerai aussi la nation à laquelle tes descendants seront asservis ; et ensuite ils sortiront avec de grandes richesses" (Lé'h Lé'ha 15,13-14) ...

Selon le Alchikh haKadoch : les "richesses" dont il est question dans la promesse divine : ‘Et ensuite ils sortiront avec de grandes richesses’, sont les richesses de la Loi Ecrite et de la Loi Orale qu’ils mériteront de recevoir grâce à la purification égyptienne.

-> Le Chlah haKadoch (Lé'h Lé'ha) nous explique que la raison de l’esclavage d’Egypte, rendant la vie amère aux Bné Israël, par le mortier et les briques, était d’inscrire dans le cœur des Hébreux le principe même de la servitude, afin que celle-ci leur procure l’aptitude au Service divin (c’est-à-dire, opérer le transfert du statut d’esclave [éved - עבד] à celui de Serviteur d’Hachem [éved Hachem - עבד ה׳]).

Plus encore, la guémara (Béra'hot 63b) nous enseigne : D’où apprenons-nous que la Torah ne persiste que dans une personne qui est prête à mourir pour elle? Car il est écrit : ‘Voici la Torah – un homme qui meurt dans la tente [de l’étude]’ ('Houkat 19,14)."
Ainsi, Hachem a fait en sorte que les Egyptiens rendent amère la vie des hébreux par le mortier et les briques, afin d’inscrire dans leur essence la force de se sacrifier dans la "Tente" de la Torah.

C’est également le sens du verset : "Quand tu auras fait sortir ce Peuple de l’Égypte [une fois épurés], vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même [ils mériteront le Don de la Torah]" (Chémot 3,13) [ils recevront la Torah sur cette Montage, trois mois après leur sortie d’Egypte – Rachi]
(A noter que le mot : ַּTaavdoun (vous adorerez - תעבדון), se décompose en ת עבדון (Tav Avadoun – 400 ans vous serez esclaves).
Bien qu’Hachem ait décrété, dans l’Alliance avec Avraham, un Exil de 400 ans, sa descendance n’a séjourné que 210 ans en Egypte, car ce nombre d’années suffit pour réaliser "l’épuration de la morsure du Serpent", condition nécessaire et suffisante pour recevoir la Torah. Quant à savoir comment devons-nous compléter les 190 années manquantes (400-210) ; du fait que "la Torah ne peut subsister que dans une personne qui est prête à mourir pour elle" - ainsi, grâce à la "servitude" de l’étude de la Torah [l’étude avec fatigue jusqu’à "mourir"], nous complétons le décret de servitude des 400 ans.

Plus encore, enseigne le Torah Ohr (sur Chémot), de même que nos ancêtres ont mérité le Don de la Torah "Niglé" (dévoilée), "grâce" à la servitude des "travaux rudes, de l’argile et des briques" (comme nous le révèle le Zohar), de même, par l’étude assidue durant le dernier Exil, nous mériterons le dévoilement de la partie profonde de la Torah (Nistar).

Nous pouvons aussi rappeler l’enseignement de la guémara (Erouvin 54b) selon lequel, Rabbi Pereida avait un élève pour qui, il se devait de répéter 400 fois son enseignement, et la guémara de conclure que Rabbi Pereida mérita en récompense de vivre 400 années de plus.
Le parallèle [enseigné par le Zohar] entre les 400 ans de servitude égyptienne et le labeur de l’étude de la Torah, fut pour Rabbi Pereida, une source d’inspiration pour sa méthode de répétitions de l’enseignement de la Loi, ce qui lui valut un ajout de 400 années de vie, à l’instar de l’étude assidue qui a la capacité de compléter les années manquantes du décret divin.

[Moché et Aharon vinrent et dire à Pharaon : ... ] "Laisse-nous donc partir 3 jours de chemin dans le désert et nous offrirons des sacrifices à Hachem notre D." (Chémot 5,3)

-> Hachem ne donne pas à un homme une épreuve s'il ne peut pas la surmonter.
Cela est valable même pour un non-juif, et même pour un racha.

En effet, Hachem savait que si Moché avait demandé à Pharaon de libérer son peuple pour toujours, alors Pharaon n'aurait pas pu surmonter cette épreuve. Le peuple juif lui servait grandement et lui amenait la bénédiction.

C'est pourquoi, Moché lui a dit : "Laisse-nous donc partir 3 jours de chemin dans le désert" = sous-entendant qu'ils reviendraient ensuite.
[Pharaon pouvait alors pleinement exercer son libre arbitre pour y répondre]

[d'après le Alshich haKadoch]

[Chaque épreuve que D. nous envoie est une occasion de nous élever, de rendre réel nos potentialités internes, et d'ainsi nous rapprocher davantage de Hachem, ce qui est l'objectif de notre vie.
Toute épreuve est décrétée par D., pour notre bien, et est dosée dans les moindres détails pour que nous puisions la surmonter (la durée, l'intensité, ...).]

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-> "Hachem n'élève personne à la dignité avant de l'avoir testé" (midrach Béréchit rabba)

-> "Il [D.] voulait t'éprouver par les tribulations pour te rendre heureux à la fin" (Ekev 8,16)

[Une épreuve est pour nous comme un test personnalisé de notre fidélité à Hachem.
A quel point Lui resterons-nous confiant, plein d'amour?]