Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Moché dit : Mangez-le aujourd'hui, car c'est aujourd'hui Shabbat en l'honneur de Hachem ; aujourd'hui vous n'en trouverez pas aux champs." (Béchala'h 16, 25)

De ce verset, où il est mentionné 3 fois : "aujourd'hui" (ayom), nos Sages en déduisent l'obligation de consommer 3 repas le Shabbath : un le soir, et deux durant la journée du samedi.

Celui qui veille à prendre ces repas sera préservé de 3 grandes épreuves :

-> 1°/ Le soir, il faut se rappeler le mérite d'Its'hak, ce qui nous préservera des douleurs d'enfantement du Machia'h.
Par ailleurs, le fait de prendre ce 1er repas dans la joie, la paix et l'amour des enfants de sa maison, a pour conséquence que le 1er et le 2e jour de la semaine seront bénis.

-> 2°/ Au repas de samedi midi, il faut se souvenir du mérite d'Avraham, ce qui nous préservera du jour du Grand Jugement.
Si l'on agit de même pour ce 2e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 3e et 4e jour de la semaine seront bénis.

-> 3°/ Au repas de Min'ha (de l'après-midi), il faut se souvenir du mérite de Yaakov, ce qui nous préservera de la guerre de Gog et de Magog. En effet, lorsque viendront les 70 nations et qu'ils nous feront la guerre, c'est par le mérite de Yaakov que nous serons sauvés.
Si l'on agit de même pour ce 3e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 5e et 6e jour de la semaine seront bénis.

L'essentiel des repas de Shabbath est : d'avoir le cœur joyeux, d'apprécier ce que l'on a, et ne pas être préoccupé par les affaires de la semaine, ni sombrer dans la tristesse, et ce, même si l'on a des soucis, car Shabbat est un jour saint, il est interdit de penser à ce monde-ci.

Celui qui néglige ces 3 repas de Shabbath, sa punition sera grande.

[divré Torah selon le Midrach Méam Loez]

<----------------------------------->

" Le 6e jour, lorsqu'ils prépareront ce qu'ils auront apporté [de manne], il se trouvera le double de la récolte de chaque jour" (Béchala'h 16,5)

Selon nos Sages, de ce verset, nous apprenons qu'il faut 2 pains à chaque repas de Shabbath et des jours de fêtes.

En hébreu, le pain se dit : " lé'hem " (לחם), mot ayant une guématria de : 78.
Pour les 2 pains, on obtient 78*2 = 156, qui a la même valeur que : Yossef (יוסף).
Ainsi, ces pains effacent la faute de la vente de Yossef par les enfants d'Israël.

"Moché étendit sa main au-dessus de la mer et Hachem déplaça la mer par un vent d'est puissant toute la nuit et Il changea la mer en terre humide et les eaux se fendirent." (Béchala'h 14,21)

Au début, la mer n'a pas voulu s'ouvrir, argumentant que c'était un acte au-delà des lois de la nature.
Pourquoi l'a-t-elle finalement fait?

1°/ La mer a agi à l'image de Na'hson ben Aminadav.
Par le fait de rentrer profondément dans l'eau agitée, et ce jusqu'à ce qu'elle atteigne son nez, Na'hson est allé contre la nature humaine et son instinct naturel de préservation.
De même, la mer est allée contre sa naturalité, et s'est fendue.

-> D'une manière plus générale, le 'Hatam Sofer dit que la mer Rouge s'est ouverte par le mérite de la émouna de tout le peuple juif.
En effet, il est écrit (Mékhilta Béchala'h 3) : "[Hachem dit : ] En raison de la foi (émouna) qu'ils ont eu en Moi, ils sont méritants d'avoir la mer qui s'ouvre pour eux, puisqu'il n'ont pas dit : "Comment peut-on aller dans le désert sans aucune provision pour la route?"
A la place, ils ont eu foi et ils ont suivi Moché sans poser aucun question."

<----------------->

2°/ Les Téhilim (114,3) disent : "la mer a vu, et elle a fui".
Le Yalkout Chimoni explique qu'elle a vu les ossements de Yossef, arrivant avec les juifs.
De même que Yossef est allée contre sa nature en refusant les insistances de la femme de Potiphar, de même la mer va aller contre sa naturalité et se fendre.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ainsi?

Le Sfat Emet dit que la réponse repose sur la proximité entre les mots : "néss" (miracle) et "nissayon" (épreuve), qui partagent la même racine.
[le mot "ness" peut aussi dire : un étendard]

Une épreuve a pour conséquence de nous sortir de notre paisible zone de confort, de ce qui, avec le temps, est devenu facile et naturel pour nous.
En surmontant l'épreuve, on va accomplir de grandes choses, qu'on ne se savait pas capable de faire, brandissant un étendard de nos potentialités enfouies devenues réalité.

Hachem va répondre à cela en modifiant la naturalité, en nous faisant alors un miracle.

Pendant les 10 plaies, les juifs ont été passifs, mais pendant la traversée de la mer rouge, ils ont été actifs (avançant dans la mer déchaînée), ce qui a entraîné l'ouverture miraculeuse de la mer par Hachem. [én mazal léisraël]

La guémara (Béra'hot 20a) demande : En quoi les générations précédentes, qui bénéficiaient fréquemment de miracles, sont-elles différentes de la nôtre?
Et de répondre : Les générations passées se sacrifiaient d'une façon que nous ne faisons plus.

=> Lorsque nous faisons preuve de messirout néfech, que nous sommes prêts à tout sacrifier pour agir selon la volonté de D., alors nous nous donnons les moyens d'être en situation où absolument tout devient possible (b"h).

<--->

-> Na'hchon ben Aminadav se jeta dans les flots et accepta de faire don de sa vie au point que les eaux lui arrivèrent au visage.
Le Réchit 'Hokhma écrit à ce sujet que : "nous apprenons de cela que celui qui désire qu'Hachem accomplisse pour lui un miracle au-delà de l'ordre naturel doit faire don de soi et de ses désirs ainsi que ses tendances personnelles. Hachem se conduira alors en retour Lui aussi au-delà de l'ordre naturel".

-> Le Bné Yissa'har enseigne à ce sujet : "Celui qui désire une délivrance au-delà des limites naturelles, comme par exemple avoir des enfants alors qu'il est stérile, devra accomplir une grande mitsva qui va à l'encontre de sa tendance naturelle. Grâce à cela, il brisera tous les murs qui le séparent de la délivrance nécessaire."

Lorsque les Bné Israël arrivèrent sur les rives de la mer, celle-ci vit le cercueil de Yossef et prit la fuite.
En effet, elle vit comment Yossef surmonta vaillamment l'épreuve (de la femme de Potiphar) avec une sainteté extrême, et comment il "déchira" ses instincts naturels au-delà de toute limite. Dès lors, la mer se déchira également au-delà du naturel.
En effet, les lois naturelles se soumettent devant celui qui dépasse sa propre nature.

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte les paroles d'un rav : lorsqu'un juif surmonte une épreuve difficile et qu'il se sanctifie en brisant ses tendances naturelles pour accomplir la Volonté Divine, au même instant les portes du Ciel s'ouvrent et il peut alors demander ce qu'il désire.

<--->

-> La mer des joncs ne voulait pas s'ouvrir devant les Hébreux, jusqu'à ce qu'elle vit le cercueil de Yossef.
Comment comprendre ce midrach affirmant que la mer Rouge ne s'est pas ouverte pour les juifs, mais lorsqu'elle vit le cercueil de Yossef? Quel rapport y a-t-il entre l'ouverture de la mer et le cercueil de Yossef?

-> On a pu voir que : Yossef se trouvait en Egypte, pays de la débauche. Il était jeune et n'avait que 17 ans, âge où la pulsion est très forte. En plus, il n'était pas marié. D'autre part, la femme de Potifar a usé de tous les moyens possible pour éveiller son désir.
Et malgré tout, il a surmonté l'épreuve et s'est enfui. Par cet acte, il à l'encontre de sa nature. Par son mérite, la mer alla aussi à l'encontre de sa nature et elle s'ouvrit.

-> Le Ktav Sofer rapporte la question de savoir pourquoi les juifs n'ont pas fait la guerre aux égyptiens qui étaient derrière eux et les poursuivaient.
Pourquoi restèrent-ils bloqués devant la mer?

Il est écrit dans la paracha Ki Tetsé : "Tu ne repousseras pas l'égyptien, car tu as été étranger dans son pays" = en effet, au moment où les juifs en avaient besoin, l'Egypte a ouvert ses portes pour eux et les a accueillis. Par mesure de reconnaissance, on ne les repoussera pas.
C'est pour cela que les juifs ne pouvaient pas faire la guerre aux égyptiens par mesure de reconnaissance, et ce même s'ils étaient en véritable danger : derrière eux les égyptiens (nombreux et armés) et devant eux la mer.
=> En effet, les juifs ont appris de Yossef que le devoir de reconnaissance s'applique même en cas de danger. Comment cela?

Quand la femme de Potifar lui arracha le vêtement, Yossef s'enfuit. Le Ramban demande pourquoi il n'est pas revenu lui reprendre la partie de son vêtement de force. Il répond que comme elle était la femme de son maître qui lui comblait ses besoins, par mesure de reconnaissance, il ne pouvait pas revenir lui arracher son vêtement.
Dans cette situation également, tant qu'elle avait le tissu, elle pouvait accuser Yossef (comme elle le fit juste après), ce qui mit Yossef en danger. Et malgré tout, Yossef prit ce risque puisque par reconnaissance, il lui laissa le vêtement.

=> Quand la mer vit le cercueil de Yossef qui démontra que le devoir de reconnaissance s'applique même quand on est en danger, elle s'ouvrit pour sauver les juifs qui ne combattirent pas les égyptiens par mesure de gratitude, même si eux-aussi étaient en danger.
Puisque ce comportement était justifié, la mer dût donc s'ouvrir pour les sauver.

<--->

-> Le Hadrach véha'Iyoun quant à lui rapporte le Midrach qui dit que la mer a été créée par Hachem le 3e jour de la Création, alors que l'homme a été créé le 6e jour.
La mer étant plus âgé que l'homme, elle ne voulait pas s'ouvrir et s'effacer devant l'homme qui est plus jeune.
Cependant, Yossef a démontré que cet argument n'est pas toujours valable. En effet, Yossef était plus jeune que ses frères et malgré tout c'était lui le roi et ses frères se sont tous prosternés devant lui.

=> Le cercueil de Yossef était la preuve que même le plus âgé peut parfois se soumettre au plus jeune. Cela neutralisa l'argument de la mer, qui s'ouvrit même si elle est plus âgée que l'homme.

<--->

-> Le Béér Yossef explique que la mer ne voulait pas s'ouvrir pensant que le moment n'était pas arrivé, puisque l'esclavage devait durer 400 ans, et cela ne faisait que 210 ans que les juifs étaient en Egypte.
Certes les égyptiens les laissèrent partir, mais les juifs leur avaient dit qu'ils partaient servir Hachem uniquement pour 3 jours.
Les égyptiens les laissèrent donc partir à cette condition. Ils ne renoncèrent donc pas au temps d'esclavage qui leur restait, et au bout des 3 jours, les juifs devaient donc retourner en Egypte pour être définitivement libérés au bout des 400 ans.
Ainsi, la mer ne pouvait donc pas s'ouvrir pour les sauver définitivement.

Malgré tout, quand la mer vit le cercueil de Yossef, elle s'ouvrit. Car le cercueil de Yossef prouvait qu'en réalité les égyptiens savaient bien que les juifs sont partis pour toujours, et pas que pour 3 jours. Et malgré tout, même s'ils savaient cela, ils les laissèrent quand même partir.

De la sorte, même les égyptiens acceptèrent la fin définitive de l'esclavage des juifs et c'est cela qui amena la mer à s'ouvrir. En effet, le midrach dit que le cercueil de Yossef était en métal, et il était extrêmement lourd et imposant.
Les égyptiens l'avaient enfoui dans le Nil pour que le fleuve soit béni. Et avant de partir, Moché alla faire remonter le cercueil de Yossef et les juifs l'emportèrent avec eux à leur sortie, à la vue des égyptiens et de Pharaon qui les accompagnèrent hors de l'Egypte.
Or, il est évident que si la sortie n'était que pour 3 jours, avec l'intention de revenir ensuite, ils n'auraient jamais pris ce cercueil, avec tout le dérangement que cela entraînait.
=> Les égyptiens ont donc bien compris que s'ils prenaient ce cercueil c'était pour sortir définitivement. Quand la mer vit le cercueil de Yossef, qui prouvait que les égyptiens les ont libérés en toute conscience, que les juifs partaient pour toujours, alors elle s'ouvrit.

<--->

-> La mer s'enfuit devant le cercueil de Yossef mesure pour mesure, car Yossef s'était enfui face à la femme de son maître. Sache que l'homme qui se sanctifie est plus grand que la mer, la terre et toutes les créatures qu'elle renferme, ainsi que les anges, car tous ceux-là ne sont pas soumis à l'épreuve pour servir Hachem.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

<----------------->

3°/ Un midrach Pliya (sur le même Téhilim 114,3) rapporte que ce qu'a vu la mer était : "la béraïta de Rabbi Ichmaël".

Quelle est-elle, sachant qu'il y a de très nombreuses béraïta en son nom?.

Le Pardès Yossef dit que cette béraïta se trouve dans la guémara Kétoubot (5b).
Rabbi Ichmaël y demande : "Pourquoi Hachem a-t-il fait la totalité de l'oreille dure, mais le lobe mou?"

La réponse donnée est que si une personne entend quelque chose de non convenable, elle a la possibilité de mettre le lobe dans l'oreille afin de ne plus rien entendre.

La mer a entendu les anges dirent : "Ceux-là (les juifs) sont des idolâtres, et ceux-là (les égyptiens) sont des idolâtres" (cf. midrach Chémot rabba 21,7 ; et Yalkout Chimoni Dévarim 928 - alalou ovdé avoda zara, alalou ovdé avoda zara).

Les anges se plaignaient que les égyptiens ne méritaient pas d'être noyés, car eux, tout comme les juifs, pratiquaient l'idolâtrie.
Ils insinuaient qu'il n'y avait pas de différence entre les 2.

Cependant, la mer a vu la béraïta de Rabbi Ichmaël, s'est souvenue de la leçon de l'oreille, et elle n'a alors pas écouté le lachon ara, ce qui a permis qu'elle s'ouvre pour les juifs.

<--->

-> La mer vit la Baraïta (l’enseignement) de Rabbi Ichmaël (Midrache Péliah 1,52).
Dans la guémara (Sanhédrin 73a), nous trouvons une Baraïta de Rabbi Ichmaël disant qu’il faut sauver un homme qui fuit devant son ennemi, quitte à tuer le poursuivant.
En raison de cette halakha, la mer devait tout faire pour sauver les Bné Israël pourchassés par les égyptiens même si les poursuivants devaient perdre la vie.
[Avné Azel]

<----------------->

4°/ Selon le Or ha'Haïm, la mer a refusé de s'ouvrir car la Torah n'avait pas encore été donnée.

Hachem lui a alors indiqué que l'empressement d'Israël à recevoir la Torah, l'élevait déjà à un niveau impliquant son ouverture, et ce à l'image de nos Sages tel que Rabbi Pin'has ben Yaïr (dont les eaux du fleuve se sont fendues pour le laisser passer - guémara 'Houlin 7a).

[les miracles futurs de ce type ne sont pas "étonnant", car alors la Torah a été donnée, et par son mérite tout devient envisageable!]

<--->

-> "Les eaux s'ouvrirent" (14, 21) :

La guémara ('Houlin 7a) raconte que Rabbi Pin'has Ben Yaïr a ordonné à un fleuve de s'ouvrir pour le laisser passer accomplir la Mitsva de libérer des captifs, et effectivement ce fleuve s'ouvrit.
On peut s'interroger. Ce rav a accompli par son seul mérite un miracle similaire à celui de l'ouverture de la mer (qui se produisit par le mérite de tout Israël). Et pourtant, son miracle passe quasiment sous silence, contrairement à l'ouverture de la mer, dont tout le monde a entendu parler. Pourquoi une telle différence ?

C'est que par le mérite et la force de la Torah, il est possible d'accomplir tous les miracles.
Ainsi, l'ouverture de la mer qui s'est réalisée avant le don de la Torah, constitue un miracle extraordinaire. En effet, les Hébreux ne bénéficiaient pas encore de la grande force de la Torah.
En revanche, Rabbi Pin'has Ben Yaïr, qui disposait quant à lui du mérite de la Thora, a pu réaliser un miracle analogue, sans autant de "difficulté". Pour lui, ce n'était déjà plus une chose aussi extraordinaire.
[Ohr Ha'Haïm]

<--->

-> La mer vit que Yossef avait gardé les 10 Commandements (midrach Tan'houma Nasso).

<----------------->

 "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (Béchala'h 14,16)

-> Le Rabbi Chanoch Henoch haCohen Levine (l'Alexander Rabbi) enseigne :
"Une des grandes leçons de l'ouverture de la mer Rouge est à quel point Hachem déteste l'orgueil (gaava).
Le midrach rapporte que la mer n'a pas voulu se conformer à la demande de Moché de s'ouvrir pour les juifs.
En effet, la mer a dit à Moché : "Je ne vais pas m'ouvrir/fendre pour vous car je suis plus importante que vous, puisqu'ayant été créée le 3e jour de la Création tandis que vous ne l'avez été uniquement le 6e jour."
Lorsque Hachem a entendu la mer exprimer son attitude hautaine, Il a immédiatement demandé à Moché de : "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la".
Frappe le prétentieux et brise-le!"

<----------------->

-> Le midrach (Yalkout Béchala'h) sur "l'eau était pour eux des murs" (véamayim lahem 'homa - Béchala'h 14,29) :
Au moment où les Bné Israël s'introduisirent dans la mer, l'ange Gavriel descendit avec eux, les entoura et les protégea comme un mur.
Il proclama aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté droit : "Soyez attentives à Israël, ils recevront prochainement la Torah de la Main droite d'Hachem".
Aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté gauche d'Israël, il proclama : "Veillez sur eux car prochainement, ils mettront les téfilines sur le bras gauche".
Aux eaux de la mer qui se tenaient face au peuple, il dit : "Faites attention à eux car ils accompliront à l'avenir la signature de D. sur la chair qui se trouve face à eux par la brit mila".
Aux eaux de la mer qui se tenaient derrière eux, il proclama : "Veillez sur eux, car prochainement le nœud de leurs téfilines et le coin de leurs tsitsit seront visibles dans leur dos".

-> Le Rambam (Guide des égarés) écrit : "on enlève le prépuce, dans la mitsva de la brit mila, dans le but d'affaiblir la force de l'envie distinctif telle la signature du Roi".

-> Le Ramban est en désaccord avec le Rambam et écrit : "la brit mila permet à l'homme d'avoir une alliance, et un signe distinctif telle la signature du Roi. (Tikouné Zohar 22)

A partir de ces 2 avis, les Sages ont fixé que : "Ces paroles-ci, et ces paroles-là sont les paroles du D. vivant". Ainsi, en réalité, la mitsva de la brit mila a deux buts essentiels :
- affaiblir la force corporelle qui provient du mauvais penchant, tel qu'il est écrit :"Écarte-toi du mal" (sour méra - Téhilim 34,15) ;
- ajouter de la sainteté au corps du juif, comme il est écrit dans la suite de ce Téhilim : "Fais le bien" (vaassé tov - Téhilim 34,15).

-> Le rav Pin'has Fridman enseigne :
Cependant, chez un nouveau-né de huit jours, le mauvais penchant n'exerce pas encore son emprise de façon concrète ; quant à l'acquisition de la sainteté, le nouveau-né n'a pas encore atteint l'âge de la raison, et ne comprend pas cela.
En effet, l'essentiel de la mitsva de la brit mila (circoncision) aura ses répercussions dans l'avenir. Quand le nouveau-né grandira et arrivera à l'âge de raison, alors il pourra affaiblir la force du mauvais penchant, et ajouter à son corps de la sainteté.
Ainsi lorsqu'un membre du peuple d'Israël accomplit le commandement de la brit mila, il se prépare et se projette vers l'avenir, pour faire le bien. De même, Hachem nous récompense, mesure pour mesure, et regarde uniquement l'avenir, lorsque c'est pour le bien, afin d'envoyer Sa délivrance.

D'après cela, nous pouvons comprendre l'eseignement : "Alors chantèrent Moché" (az yachir Moché - Béchala'h 15,1), le mot אז (az - alors) a une valeur numérique de 8.
Moché dit : "par le mérite de la brit mila qui nous a été donnée au 8e jour, la mer s'est fendue" (Mékhilta ; midrach Yalkout).

À leur sortie d'Égypte, la mer s'est fendue, et ce uniquement par le mérite futur qu'ils accepteraient la Torah au Mont Sinaï. S'il en est ainsi, quel mérite possédait Israël pour que Hachem regarde uniquement le bien dans l'avenir?
Le mérite de la brit mila. De la même façon que le peuple d'Israël s'inquiète d'accomplir cette mitsva pour affaiblir le futur mauvais penchant de l'enfant et lui donner les outils nécessaires pour accomplir le bien à l'avenir, ainsi mesure pour mesure, Hachem regarde leur avenir pour le bien et fend la Mer Rouge.

=> Comment l'homme peut-il mériter que l'Éternel regarde uniquement le bien qu'il réalisera à l'avenir? C'est uniquement par le mérite de la mitsva de la brit mila, celle-ci représentant une préparation et un regard tourné vers notre avenir pour réaliser le bien. C'est ainsi que Hachem agit, mesure pour mesure, et regarde vers l'avenir uniquement le bien, pour nous juger par Sa bonté.

[ "Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)
Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
-> on peut également ajouter le sens que l'on a vu juste précédemment. ]

<--->

-> Rabbénou Bé'hayé explique également que la mer Rouge ne se fendit pas d'un seul coup dans toute sa longueur, mais seulement au rythme de la progression des Bné Israël.
Le roi David évoque cette idée : "La mer vit et s'enfuit" (Téhilim 114,3). Plus le peuple juif avançait, plus la mer se fendait sous leurs pas. En effet, plutôt que de fendre la mer d'un seul coup, Hachem la faisait reculer petit à petit devant chaque pas des Bné Israël.

-> Le rav Beniahou enseigne :
L'ange Gavriel descendit avec eux et les entoura comme une muraille. Puisque la mer ne s'ouvrit pas dans toute sa longueur, les eaux entouraient le peuple d'Israël de toutes parts.
A chaque instant, régnait le danger de voir la mer se refermer sur eux. Ainsi, durant toute la traversée à l'intérieur de la mer, l'ange Gavriel demande sans cesse aux eaux de la mer de se montrer bienveillantes envers les Bné Israël afin de les rassurer.

<-------------------------->

+ Ce qui provoqua l'ouverture de la mer Rouge :

-> "Quand Israël sortit d'Égypte, la maison de Yaakov du milieu d’un peuple à la langue barbare. Yéhouda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire. La mer vit et s’enfuit" (Téhilim 114,1-3)

=> Qu'est-ce que "la mer vit et s’enfuit"?

On a pu voir entre autre que :
- selon le midrach, il s'agit du cercueil de Yossef que le peuple juif avait sorti d'Egypte en quittant le pays.
Par le mérite de Yossef qui décida de fuir devant la femme de Potiphar, la mer "s'enfuit" et se divisa pour laisser passer le peuple à pieds secs.
- selon Rachi, qui rapporte la guémara (Sota 37), affirmant que l'ouverture de la mer est accréditée à Yéhouda dont le descendant : Na'hchon ben Aminadav, fut le premier à entrer dans l'eau, prêt à sacrifier sa vie pour sanctifier le nom divin.
"Yéhouda devint son sanctuaire" = c’est Yéhouda qui sanctifia le Nom divin, quand Na'hchon entra dans la mer en disant : "J'y entrerai en premier".

=> On dirait donc que le même verset fait allusion à 2 raisons tout à fait différentes quant à l'ouverture de la mer. Pourquoi ces 2 actes furent-ils nécessaires pour provoquer l’ouverture de la mer?

-> Pour ce faire, il faut analyser les rôles uniques de Yossef et de Yéhouda.
Le roi David parle de 2 sortes de service (avodat) Hachem : "sour méra va'assé tov" (Eloigne-toi du mal et fais le bien - Téhilim 34,15).
Sur le plan individuel, s’éloigner du mal signifie éviter de mal agir et parvenir à surmonter ses défauts. A un niveau plus général, cela revient à combattre le mal dans le monde.
Quand on parle de "faire le bien", cela signifie accomplir des bonnes actions et développer ses qualités, tandis qu’a un niveau plus collectif, cela signifie accroître et améliorer la avodat Hachem dans le monde.

Le Chem Michmouël (Vayigach 5675) explique que Yossef concentrait sa avoda (service Divin) sur le côté "Sour méra".
Il se garda de commettre de l’adultère, refusant même de regarder les femmes égyptiennes qui venaient le voir et par la suite, il surmonta l’épreuve soumise par la femme de Potiphar.
Il fit son possible pour retirer le mal des autres également, en obligeant les égyptiens à se circoncire et en limitant ainsi leur yétser ara pour la débauche.
Quant à Yéhouda, il représente le côté "assé tov". Il était un homme d’action, assuma sa responsabilité dans l’acte qu’il commit avec Tamar, et il fut envoyé en Egypte pour préparer des maisons d’étude et paver la voie au peuple juif.

Dans le même ordre d’idées, nous savons qu’il y aura 2 machia'h qui délivreront le peuple juif, l’un descendant de Yossef et l’autre issu de la tribu de Yéhouda. On les appelle machia'h ben Yossef et machia’h ben David (David étant lui-même un descendant de Yéhouda).
Le Chem Michmouël (Vayigach 5677) écrit que le premier s’occupera de l’aspect «"sour méra" (éloigne-toi du mal) en détruisant les ennemis de la nation juive. C’est ainsi qu’il pavera la voie au machia’h ben David qui devra compléter le travail par le "assé tov" (accomplis le bien) : le rassemblement des exilés et la reconstruction du Temple.

Il fallait donc ces 2 façons de "briser sa nature" pour que le peuple ait suffisamment de mérites afin que la mer aussi agisse contre-nature : il fallait briser sa nature au niveau "sour méra" et briser sa nature au niveau "assé tov".
Yossef le fit (en utilisant l’aspect "sour méra") quand il surmonta son désir naturel et qui prit la fuite devant la femme de Potiphar. Et Yéhouda brisa sa nature par le "assé tov" quand il surmonta son désir naturel de rester en sécurité sur la terre ferme plutôt que d’entrer dans une mer déchainée, jusqu’à ce que l’eau atteigne son nez.

Une fois associés, ces 2 actes montrant des forces "surnaturelles" apportèrent assez de mérites pour que la mer agisse de manière surnaturelle et qu’elle s’ouvre.
[On peut ajouter que la mer eut elle-même une attitude qui rappelle le "sour méra" et le "assé tov" : elle permit au peuple juif de la traverser (assé tov) et empêcha les égyptiens d’en faire de même, ce qui anéantit le mal qu’ils représentaient (sour méra).

Puissions-nous tous mériter, chacun à son niveau, d’émuler Yossef et Yéhouda au niveau "sour méra" tant qu’au niveau "assé tov".
[d'après un divré Torah du rav Yéhonatan Gefen]

"Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

Que signifie le terme : 'hamouchim ?

Cela implique :
-> selon Rachi : que les 4/5e des juifs sont morts pendant la plaie des ténèbres, et que seulement 1/5e est sorti d'Egypte ;

-> selon le Targoum Yonathan ben Ouziel : que chaque famille a quitté l'Egypte avec 5 enfants ;

-> selon le Targoum Yérouchalmi : les juifs étaient armés, pas par des armes, mais par des bonnes actions (maasim tovim).

Rabbi Yossef de Salant (Béér Yossef) dit qu'il n'y a pas de contradiction entre ces différentes explications.

Durant la plaie de l'obscurité, Hachem a tué les juifs qui n'avaient vraiment aucune envie de sortir d'Egypte, cependant Il n'a pas touché aux enfants innocents (ceux ayant moins de 20 ans, puisque non punissables par le Tribunal Céleste - cf. Rachi - 'Hayé Sarah 23,1).
C'est ainsi, que 4/5e des adultes sont morts, laissant un nombre très important d'orphelins, qui ont été adoptés par les familles survivantes (les 1/5e restants).

Le Targoum Yonathan ne doit pas être pris littéralement, mais comme signifiant que chaque famille était proportionnellement constituée d'un enfant originel, plus 4 autres fraîchement orphelins qu'ils ont adopté.
Cela est en accord avec la guémara (Méguila 13a), statuant que toute personne qui a élevé un(e) orphelin(e) dans sa maison, la Torah considère comme si elle lui avait donné naissance.

Tout ceci, explique également l'avis du Targoum Yérouchalmi.
En effet, en prenant la responsabilité de plusieurs enfants orphelins, les juifs ont acquis de nombreuses bonnes actions.
De plus, le fait d'avoir agit ainsi sachant qu'il y avait devant eux un futur incertain et précaire dans le désert, a ajouté encore plus de valeur à ce qu'ils ont fait.

<------>

-> Dans la paracha Chémot, on a pu voir b'h ( https://todahm.com/2019/01/12/8063 ), que le nombre moyen d'enfant par famille juive était de : 54 enfants.
Chaque famille ayant accueillie les 4/5e des enfants du peuple juif (leurs parents étant morts), cela correspond à une adoption moyenne de 216 enfants par famille (4*54).

Alors que les juifs allaient partir dans l'inconnu risqué du désert, sans nourriture, ni boisson, ... ils ont fait preuve de leur énorme confiance en Hachem en étant prêts à y aller avec une moyenne de 270 enfants par famille juive (54 à eux + les 216 adoptés).

Cela donne une nouvelle appréciation des paroles de Yirmiyahou (2,2) : " Ainsi parle Hachem : Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte."

<----------------------->

-> "Ce n'est pas l'épée qui leur faisait défaut, mais le cœur ... Il leur manquait encore la conviction de pouvoir s'en remettre entièrement à D. en toutes circonstances"

[Rav Shimshon Raphaël Hirsch]

=> Le mot 'hamouchim est traduit par "armés", et il est employé ici pour témoigner du niveau de émouna du peuple, au moment de la sortie d'Egypte.

<----------------------->

+ 'Les enfants d'Israël partirent bien armés du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

-> Quelles sortes d'armes portaient-ils?
Le 'Hozé de Lublin (Zikaron Zot 53) répond :
Une fois qu'un miracle est survenu, la "porte" de ce miracle a été ouverte, de sorte qu'il peut être provoqué à nouveau sans beaucoup d'efforts quand le besoin s'en fait sentir.
C'est ainsi que le miracle de la sortie d'Egypte était l'arme avec laquelle les juifs quittèrent l'Egypte. Ce miracle devait les sauver encore et encore de tous leurs futurs oppresseurs.

<----------------------->

-> "Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte".
Le terme : 'hamouchim (חֲמֻשִׁים) est écrit sans vav. [Puisqu'il n'y a pas de voyelles dans la Torah, on peut lire aussi : 'hamichim, qui veut dire : 50.]
C'est grâce à la Torah, qui allait être donnée 50 jours plus tard, que les juifs purent quitter l'Egypte.
Sans le mérite de la Torah, ils n'auraient jamais mérité ces grands miracles.
[rabbénou Bé'hayé]

"Effacer, j’effacerai (ma'ho, ém'hé) la trace d'Amalek de dessous les cieux" (Béchala'h 17,14)

-> La destruction d'Amalek n'entraînerait pas leur retour à Hachem. Par conséquent, ils seront également effacés et éradiqués du monde à Venir.
C'est pourquoi la Torah emploie un double verbe (ma'ho, ém'hé), indiquant qu'ils seront éradiqués à la fois de ce monde et du monde à Venir. (midrach Chémot rabba 27,6 ; Esther rabba 10,13)
Ce n'est pas le cas des autres nations. Lorsqu'elles sont détruites, D. est exalté et elles reçoivent donc une récompense en conséquence.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Les Bné Israël étaient armés lorsqu'ils sont sortis du pays d'Égypte" (Béchala'h 13,18)

-> Les juifs qui ont quitté l'Égypte se sont dirigés vers un désert sans provisions importantes, mais ils ont tout de même emporté des armes.
Étant donné que la seule nourriture dont ils disposaient était la petite quantité qu'ils portaient sur leurs épaules, ils comptaient manifestement sur les miracles d'Hachem pour assurer leur subsistance. Puisqu'ils savaient que toute leur existence serait surnaturelle, pourquoi ont-ils pris la peine d'emporter des armes? Ca toute guerre qu'ils mèneraient pourrait être gagnée par la main d'Hachem.

En emportant des armes, les juifs faisaient une déclaration :
Ils savaient que toute victoire qu'ils remporteraient serait aussi miraculeuse que le reste de leur survie dans le désert. Ils déclaraient que même s'ils utilisaient des armes, leur victoire se ferait par la main directe d'Hachem, tout comme s'ils avaient gagné sans lever l'épée. Ce n'est que parce qu'il est erroné de s'appuyer sur des miracles ouverts qu'ils ont emporté des armes.
Bien qu'ils aient apporté des armes, ils n'ont pas pris de provisions, car la nourriture ne durerait pas longtemps, et ils ont donc été obligés de compter sur les miracles ouverts d'Hachem pour leur subsistance.
[rav Moché Feinstein - Kol Ram]

Les chants masculins et féminins

+++ Les chants masculins (chir) et féminins (chira) :

"Alors Moché et les Bné Israël chantèrent le chant suivant à Hachem" (az yachir Moché ... - Béchala'h 14,1)

-> Il faut expliquer pourquoi les chants chantés par le peuple juif dans la Torah sont désignés par la forme féminine [chira] alors que le chant qui sera chanté dans l'avenir est désigné par la forme masculine [chir]. (voir Téhilim 96,1 ; Chémot rabba 23:11)
C'est parce que le chant à venir [avec la venue du machia'h] ne sera pas motivé par autre chose que la joie, comme mon maître, le Maggid de Mézéritch, l'a enseigné à propos du verset : "Je me réjouirai" (choch achich - Yéchayahou 61,10).
[ le rabbi de Berditchev explique que la double formulation de l'expression "Je me réjouirai" (choch achich) dans ce verset signifie : "Je me réjouirai parce que j'ai mérité d'apporter de la joie à Hachem en Le servant". Il s'agit d'une joie pure, non entachée de motifs égoïstes/personnels. ]

En revanche, le chant entonné par le peuple juif lors de sa sortie d'Egypte (chirat hayam) a été déclenché par le miracle de l'ouverture de la mer Rouge.
La joie que l'ouverture de la mer Rouge a apportée au peuple juif était une joie de recevoir le salut. En ce sens, ils étaient des récepteurs, un trait féminin.
La joie future, cependant, ne sera pas provoquée par le fait que nous recevions quoi que ce soit, c'est pourquoi le chant que nous chanterons est désigné par la forme masculine.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 13,4]

<--->

=> Les chants de louange que nous chantons à Hachem aujourd'hui sont nos réponses à la bonté que nous recevons de D. à notre égard. [d'où leur forme féminine - chirat]
En revanche, les chants de louange que nous chanterons dans l'avenir messianique seront des chants de pure joie, non provoqués par un acte spécifique de la bonté divine. [d'où leur forme masculine - chir ]

S’en remettre à nos Sages

"Qu'ils reviennent et campent devant Pi Ha'hirot" (Béchala'h 14,2)

=> Pourquoi Hachem demanda t-Il aux Hébreux de revenir en arrière? Les nuées de gloire leur montraient déjà le chemin, alors pourquoi avoir eu besoin de donner l'ordre de faire demi-tour? Il n'y aurait qu'à les laisser suivre les nuées sans rien n'avoir besoin de leur indiquer. Et quand les nuées feront demi-tour, les Hébreux les suivront.

-> Le Sfat Emet explique que jusqu'à présent, les Bné Israël avaient pu constater la Grandeur d'Hachem et Sa toute Puissance, capable de terrasser la puissance égyptienne, la plus puissante au monde de l'époque. Hachem a envoyé Moché Son Serviteur, pour réaliser ces miracles. Néanmoins, les Hébreux n'avaient pas encore totalement atteint le niveau de confiance véritable en Moché. Comme l'indique le Ramban, certains le soupçonnaient de vouloir régner et imposer sa dominance sur eux, et que ses intentions n'étaient pas les plus pures, D. Préserve.
Hachem fit sortir les Hébreux d'Égypte pour les prendre pour peuple et leur donner la Torah. Seulement, il ne suffisait pas aux yeux d'Hachem que le peuple ait uniquement confiance en Lui et connaisse Sa Grandeur. Il lui était aussi important de ne pas se contenter de la seule confiance en Hachem et en Sa Parole.

La confiance dans nos Sages, les Maîtres de la Torah et leurs paroles est tout aussi importante et fait partie intégrante de la confiance en la Torah d'Hachem. Pour renforcer la confiance des Hébreux en Moché, Hachem ôta les nuées de gloire de devant les Hébreux et somma Moché d'ordonner au peuple de faire demi-tour au devant des égyptiens, chose apparemment illogique!
Hachem voulait en fait inciter le peuple à suivre Moché uniquement selon sa parole, sans comprendre ses intentions, même s'ils n'avaient aucun signe venant d'Hachem, puisque les nuées ne les guidaient pas. Telle était la Volonté d'Hachem. Le but était de les amener à devoir suivre Moché avec une entière confiance, sans comprendre la raison de ses intentions, même si les Hébreux pouvaient avoir toutes sortes d'objections.
Car cet élément était décisif dans le projet d'Hachem pour Israël dans Son Intention de leur donner la Torah.

En fait, il ne peut y avoir de judaïsme, de Torah d'Hachem ni de peuple d'Israël sans la base de la confiance dans les Sages d'Israël. Cette confiance s'exprime en premier lieu dans leurs enseignements, même si parfois on ne les comprend pas, on les trouve surprenants, étonnants et où on y voit des objections. A défaut, la foi même en Hachem et Sa Torah serait compromise. Il faut faire très attention à ne pas tomber dans le piège tendu par ceux qui, avec orgueil et prétention, se permettent d'exprimer leurs avis et jugements à propos de nos Sages en émettant des réserves sur l'authenticité de leurs paroles.
Ils touchent là une base de la foi en la Torah d'Hachem et deviennent ainsi de véritables Hérétiques. Tous les enseignements de nos Sages dans le Talmud, les Midrachim, le Zohar ... ont été dits sous inspiration Divine.
=> La vérité de leurs paroles dépasse de loin l'étroitesse de notre vision qui, imprégnée de superficialité et de mensonges, ne perçoit pas d'emblée la profondeur et la vérité de leurs paroles. Ainsi, soyons humbles et acceptons de nous en remettre entièrement aux paroles des Maîtres de la Torah, qui expriment la Vérité de la Parole d'Hachem.

<------------>

-> "Hachem parla ainsi à Moché: “Dis aux Bné Israël de remonter (Sur leurs pas, en direction de l’Egypte - Rachi) et de camper en face de Pi Ha’hirot (anciennement Pitom), entre Migdol et la mer ; devant Baal-Tséfone" (Béchala'h 14,1-2)

-> Rachi commente (au nom de la Mékhilta): "[Baal Tséfone] C’était la seule divinité restée intacte parmi toutes celles des égyptiens [qui furent frappées durant la mort des premiers-nés (voir Bo 12,12)], afin qu’ils (les égyptiens) soient induits en erreur et disent que leur dieu est solide’.

-> Pharaon convoqua son armée et expliqua à ses soldats : "Pourquoi les juifs campent-ils à Pitom, qui est un endroit dangereux pour eux, au lieu de poursuivre leur voyage? Ce doit être parce qu’ils ne peuvent ni avancer, sachant que la mer bloque leur chemin, ni fuir par les côtés dans le désert, à cause des bêtes sauvages qui s’y trouvent. Je suis sûr que notre dieu, Baal Tséfone a rassemblé des bêtes sauvages à l’entrée du désert afin d’empêcher leur fuite". [Rokéa’h]

-> Bien qu’il finît par être détruit comme tous les autres dieux d’Egypte, une partie du Baal Tséfone fut cachée (comme son nom l’indique צפון [Tsafone - caché]) pour n’être supprimée qu’à la Délivrance finale qui est similaire à la première Délivrance (voir Michée 7,15) et qui marque l’aboutissement de la "Sortie d’Egypte".
[Sfat Emet - Pessa’h].

-> Baal Tséfone ne fut pas détruit avec les autres divinités d’Egypte, afin de rassembler les Béné Israël en ce lieu. Le site était surplombé d’une immense idole et c’était là que les égyptiens avaient enterré les trésors que Yossef avait amassés pour le compte du Pharaon pendant les années de famine. En arrivant à ce lieu, les juifs découvrirent les trésors et s’en emparèrent. [midrach]

<--->

-> "Et Hachem inspira la faveur du peuple aux yeux des Égyptiens ; ils empruntèrent, et ils dépouillèrent l’Egypte"
(Bo 12,36).

-> La Mékhilta nous apprend que les idoles des égyptiens ont fondu et qu’elles ont cessé d’exister.

-> Le Messe'h 'Hokhma explique qu’il est très probable que les Bné Israël ont pris également les métaux précieux qui avaient servi à forger les idoles. Ils n’auraient pas, sinon, été considérés comme ayant "dépouillé" l’Egypte.
Mais comment ont-ils pu le faire, alors qu’il est interdit à un juif de tirer profit d’un objet divinisé?
Il apparaît donc que les idoles égyptiennes ont fondu et qu’elles se sont transformées en métaux à l’état brut, démontrant ainsi leur totale inutilité. Les égyptiens les ont alors destituées, ce qui les a rendues permises aux Hébreux.
La Halakha stipule cependant qu’une disqualification de ce genre opérée par un non-juif n’est valable que s’il reste un idolâtre. S’il abjure ses convictions, il n’est plus en mesure de procéder à une telle élimination [voir Avoda Zara 64a : "Celui qui adore les idoles peut révoquer le statut d’une, mais celui qui ne les adore pas ne peut pas révoquer le statut d’une" ].
Cela étant, si toutes les idoles avaient été détruites, les "gyptiens se seraient rendu compte que leur adoration était absurde et y auraient naturellement renoncé. Par une telle exclusion, non conforme à la Halakha, les Bné Israël n’auraient pas eu le droit de tirer profit des métaux précieux qui les composaient.
Hachem a donc permis à une idole, Baal Tséfone, de demeurer provisoirement intacte, incitant ainsi les égyptiens à croire qu’elle avait échappé à la destruction et qu’elle était donc digne d’être vénérée.
Ils sont ainsi restés des idolâtres, et la disqualification des dieux dont le métal avait fondu était parfaitement valable, ce qui leur permit de "dépouiller l’Egypte".

L’ouverture de la mer Rouge

+ L'ouverture de la mer Rouge (par le rabbi de Berditchev) :

-> Dans tous les mondes, du plus haut au plus bas, la lumière et la vitalité sont continuellement puisées dans le Créateur béni, à chaque instan, afin de soutenir leur existence. Car si cette lumière et cette vitalité cessaient d'animer les mondes, ne serait-ce qu'un instant, à D. ne plaise, ils cesseraient tous d'exister et seraient comme s'ils n'avaient jamais existé. Comme le dit le Zohar (tikouné Zohar intro 17a) : "Si Tu t'éloignais ne serait-ce qu'un instant, ils cesseraient d'exister".
C'est pourquoi, à tout moment et à chaque instant, la lumière et la vitalité sont puisées, comme nous le mentionnons dans nos prières : "Celui qui renouvelle dans Sa bonté continuellement, jour après jour, l'acte de la Création" (amé'hadech bétouvo bé'hol yom tamid maassé béréchit).
Chaque chose qui existe reçoit sa lumière et sa vitalité en fonction de sa taille et de sa capacité à recevoir. Par conséquent, chaque détail de l'existence doit être continuellement soutenu, dans son essence et sa forme, tout comme il a été créé au cours des 6 jours de la Création.

Nous allons maintenant expliquer le miracle de la division de la mer Rouge. Lorsque la mer Rouge s'est fendue, elle s'est transformée en terre ferme (voir Téhilim 66,6), car la lumière et la vitalité nécessaires à son maintien à l'état liquide lui ont été retirées. À ce moment-là, sa lumière et sa vitalité sont sorties de ce monde. Par conséquent, son essence même en tant que substance fluide a cessé d'exister.
En conséquence, la mer se fendit et se fragmenta, car elle était privée de sa lumière et de sa vitalité.
[la mer se divisa en 12 chemins, un pour chaque tribu (Pirké déRabbi Eliézer 42 ; Tan'houma Béchala'h 10). ]

C'est pourquoi le miracle de la division de la mer Rouge est le plus grand de tous les miracles. Car en plus de constituer un changement de nature dans ce monde inférieur, quelque chose d'entièrement nouveau et de merveilleux, qui ne s'était jamais produit depuis la création de tous les mondes, s'est produit. Il y eut un renversement de l'ordre de descente de tous les mondes qui avait été établi dans la nature depuis l'époque de la création.
Car, comme on le sait, chaque monde a une dimension de mer et de terre ferme. De même que dans le monde inférieur, la mer physique s'est transformée en terre ferme, de même dans tous les mondes spirituels supérieurs, la dimension correspondante de la mer s'est transformée en terre ferme. Tout cela s'est produit parce que leur lumière et leur vitalité se sont élevées aux niveaux les plus élevés.

[bien que le texte n'explique pas ce que signifie "transformer la mer en terre ferme" dans un sens spirituel, l'implication est que les niveaux qui sont normalement cachés ("mer") sont devenus révélés ("terre ferme"), similaire à la façon dont les commentaires (voir Mochné Torah Méla'him 12,5) interprètent le verset : "car la terre sera remplie de la connaissance de D. comme l'eau recouvre le fond de la mer" (Yéchayahou 11,9).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]

"Lorsque la communauté est dans la détresse, on ne doit pas penser : Je vais aller chez moi, manger et boire et tout ira bien pour moi. Au contraire, on doit souffrir avec la communauté, comme Moché notre maître ainsi qu'il est dit : "Les mains de Moché étaient pesantes, et ils prirent une pierre et la posèrent sous lui et il s'assit sur elle" (Béchala'h 17,12).
Moché ne disposait-il pas d'un coussin sur lequel s'asseoir?
Effectivement, mais il disait : Puisque la communauté d'Israël est dans la souffrance, je suis dans la souffrance avec elle.
Quiconque se conduit de la sorte mérite de voir la communauté délivrée."

[guémara Taanit 14a   -> Béchala'h 17,12]

<-------------------------------->

+ "D. dit à Moché : Que cries-tu vers Moi : Parle aux enfants d'Israël et qu'ils partent"  (Béchala'h 14,15)

Pourquoi Moché a-t-il crié vers D.?
Ne savait-il pas que D. tiendrait sa promesse et serait l'artisan de la perte des Égyptiens?

A cela, le Sfat Emet répond :
L'amour de Moché pour Israël était tellement fort qu'il perdit patience en voyant le peuple souffrir et ne put retenir l'émotion qui serrait son cœur.

"Ils campèrent à Réfidim où il n'y avait point d'eau à boire pour le peuple" (Béchala'h 17,1).

-> Là-bas, il n'y avait pas d'eau à boire.
Nos Sages (Béra'hot 5) enseignent que le mot "Réfidim" (même étymologie que "rifayon" - relâchement) transmet que les Bné Israël ont eu un relâchement dans leur attachement à la Torah. C'est à cela que fait allusion le verset disant qu'ils ont campé à Réfidim.

La Torah est comparée à l'eau (guémara Taanit 7). Selon le Ohr ha'Haïm, c'est pour cette raison que Hachem les a privés d'eau dans cette étape (Réfidim), selon le mesure pour mesure.

<--->

Alors, pressé par la soif, le peuple murmura contre Moché et dit : "Pourquoi nous as-tu fait sortir de l'Égypte, pour faire mourir de soif moi, mes enfants et mes troupeaux?"
Moché se plaignit à D., en disant : "Que ferai-je pour ce peuple? Peu s'en faut qu'ils ne me lapident". (Béchala'h 17,3-4)

-> Le peuple a été assoiffé là-bas :
Il est étonnant et il serait important de comprendre pourquoi D. les a mis à l'épreuve et les a assoiffés à un tel point. Et en plus, l'étonnement sur Moché est encore plus grand, car au lieu de s'investir dans la prière, supplications, il dit à D. "si je ne leur donne pas de l'eau à boire, ils vont me lapider".
=> C'est comme s'il n'était pas concerné ou inquiet de leur soif. Il semble que Hachem les ait éprouvés ainsi afin de les éduquer à toujours porter leurs yeux vers Hachem et le prier. C'est en effet un grand principe de foi et de perfection de son âme.

C'est pourquoi la Torah relève, qu'au lieu de le supplier, ils se sont disputés avec Lui et lorsque la soif s'est fait ressentir encore plus fortement, ils se sont disputés avec Moché.
La Torah témoigne qu'ils "ont mis D. à l'épreuve" (ils L'ont offensé) en disant : est-ce que D. est parmi nous?

On peut apprendre de là, qu'ils ont réfuté la présence divine et c'est pour cela qu'ils n'ont pas prié. Mais, Lui, le Maître du monde faisait tout pour leur inculquer le sens de la prière (mais, eux, ne l'ont pas compris).
Moché l'avait compris et c'est pour cela qu'il n'a pas prié lui-même et attendait ce que D. espérait d'eux : "leur prière". Lorsqu'il a vu que leur souffrance grandissait et qu'ils ne priaient toujours pas, il s'adressa à D. et lui dit « que dois-je faire à ce peuple ? »

On apprend de là que Moché savait que la délivrance qu'ils attendaient viendra grâce à la prière des enfants d'Israël uniquement. Sinon il aurait prié lui-même comme il l'avait fait au moment de l'ouverture de la mer Rouge. Et quand bien même il n'aurait pas été répondu de suite, il aurait intensifié sa prière jusqu'à ce que D. lui réponde.

Moché argumente et dit à D. encore un peu et ils me lynchent ! Si Tu les fais souffrir plus encore, ils vont me lapider. Si après les avoir fait souffrir, ils comprennent et prient en pleurant à chaudes larmes et que la volonté de D. est réalisée, tant mieux; mais en attendant ils sont sur le point de me lapider. Cela est un argument très valable.

Je voudrais faire la remarque suivante : comment un peuple choisi par D., qui a vu de leurs yeux des choses merveilleuses, des miracles, a-t-il pu se tromper et ne pas penser à se tourner vers D. et à le supplier?
Connaissant la valeur de la prière et ce qu'il en découle, les enfants d'Israël sont sortis d'Égypte car D. a entendu leurs cris (Chemot 2-24), qu'ils ont poussés lorsqu'ils étaient esclaves en Égypte.

Il faut dire qu'ils pensaient : que tout le temps que D. est parmi eux, ils n'ont pas besoin de prier, sinon c'est comme s'ils étaient livrés à eux-mêmes. Sinon cela veut dire que D. les a abandonnés et c'est pour cela qu'ils ont dit est-ce que D. est parmi nous?
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

<--->

-> Amalek est survenu et attaqua Israël à Refidim (Béchala'h 17,8)

Amalek est survenu : du fait qu'ils ont été paresseux dans l'étude de la Torah qui est comparée à l'eau et au feu (voir guémara Taanit 7) et qu'ils ne s'occupaient pas de cette "guerre de Torah" ils ont été punis de soif, et aussi par le feu. C'est la guerre d'Amalek contre eux.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

-> Moché dit à Yéochoua : "Choisis des hommes et va livrer bataille à Amalek; demain, je me tiendrai au sommet de cette colline, la verge divine à la main. (Béchala'h 17,9)

Moché dit à Yéhochoua : Moché ayant compris la source de cette épreuve, dit que ne peuvent sortir combattre Amalek qu'uniquement des hommes comme Yéhochoua sur lequel la Torah témoigne et dit"il n'a jamais quitté la tente" de l'étude de Torah et ainsi ils le vaincront.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]