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+ Yéhochoua : l'exemple de la nécessité de s'attacher aux érudits en Torah

"Moché se leva avec Yéhochoua son serviteur ; puis il gravit la montagne de D." (Michpatim 24,13)

-> Rachi explique, sur les mots : "Moché se leva avec Yéhochoua" : Je ne sais pas ce que faisait Yéhochoua ici : je pense qu’il était comme un disciple accompagnant son maître jusqu’aux limites de la montagne, mais qui n’avait pas le droit d’aller plus loin. Et ensuite, Moché monta seul sur la montagne de D. Yéhochoua planta sa tente et resta là-bas pendant 40 jours.

-> À la fin de la paracha Michpatim, Rachi affiche la grande loyauté de Yéhochoua envers son rav, Moché Rabbénou. Il suivit indéfectiblement Moché autant qu’il le pouvait, et même quand ce n’était plus réalisable, il resta loin du peuple, pour rester aussi proche de Moché que possible. [il campait à la limite permise comme cela au retour de Moché, il pourra de nouveau profiter de sa présence dès que possible, sans rien en perdre.]
C’est ce dévouement à l’égard de son rav et ce désir de passer chaque instant possible en sa compagnie qui prouve la grandeur de Yéhochoua et qui explique son ascension ultérieure au poste de dirigeant du peuple juif.

Nos Sages énumèrent les diverses fois où Yéhochoua fit preuve de soumission à l’égard de son maître. La Torah le nomme "intendant de Moché" (Béaaloté'ha 11,28) et nos Sages précisent qu’il lui apportait des serviettes aux bains et qu’il se levait tôt chaque matin pour sélectionner la plus grande part de manne et la donner à Moché. [Baté Midrachot, 234]
Et en ce qui concerne l’étude de la Thora, il s’efforçait de comprendre et d’émuler son rav au point que la quémara Yérouchalmi (Péa 1,1) affirme que même pour les sujets qu’il n’avait pas appris de Moché, son propre raisonnement correspondait à ce qui avait été transmis à Moché au Mont Sinaï.

Yéhochoua était entièrement satisfait de son rôle subalterne ; il ne se sentait nullement rabaissé, mais plutôt ennobli d’être le second de Moché.
En effet, le midrach (Bamidbar rabba 21,15) raconte que c’est par le mérite de la modestie et de la soumission de Yéhochoua à Moché, qu’il devint le dirigeant du peuple d'Israël.
Selon ce midrach : Hachem dit à Moché : "Yéhochoua t’a constamment servi et t’a accordé beaucoup d’honneurs. Il arrivait tôt et sortait tard de ta maison d’étude ; il arrangeait les bancs et étalait les tapis. Puisqu’il t’a servi de toute sa force, il est digne de servir Israël".

Yéhochoua accepta volontiers sa mission en tant que "numéro 2" et arriva par conséquent au poste éminent de leader du Klal Israël.
L’une des leçons que l’on peut tirer de Yéhochoua est l’importance de se cramponner aux érudits en Torah. L’exemple de Yéhochoua nous apprend qu’il ne suffit pas de poser plusieurs questions au Rav, il faut s’y attacher continûment, utiliser chaque moment comme une opportunité de voir comment se comporte un talmid ‘hakham.
[d'après le rav Yéhonatan Gefen]

[le fait d'apprendre des comportements de notre rav est vu comme plus important que d'apprendre ses enseignements de Torah.]

"Si tu prêtes (talvé) de l'argent à l'un de mes peuples, au pauvre qui est avec toi" (Michpatim 22,25)

-> Selon (Tana déBé rabba 18) : "Une personne n'est accompagnée [mélavin] vers son lieu de repos éternel ni par de l'argent, ni par de l'or, mais seulement par des paroles de Torah et de bonnes actions".

-> Par conséquent, si vous voulez que votre argent vous accompagne dans le monde de la Vérité, sachez que "le pauvre", seulement ce que vous donnez aux pauvres, seront "avec vous" (éternellement), après une longue vie dans ce monde (éphémère).
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

"N'affligez pas la veuve et l'orphelin ; Si tu les affligeais et qu’ils crient vers Moi, assurément J’entendrai leur plainte. Mon courroux s’enflammera et Je vous tuerai par le glaive, vos femmes seront veuves et vos enfants orphelins" (Michpatim 22,21-23)

-> Rachi commente : Il en va de même de tout homme qu’il ne faut pas faire souffrir, mais la Torah a utilisé des exemples courants (veuve, orphelin) car étant faibles et fragiles, il est habituel qu’on les vexe ou qu’on les fasse souffrir.

-> De fait, dans le doute, nous devons soupçonner chaque individu de rentrer dans la catégorie de la veuve et de l'orphelin. En effet, qui peut connaître les sentiments d'autrui, ses épreuves, ses handicaps,...
C'est pourquoi s'applique également à ce sujet le principe général de : "safék déOraïta la 'houmra" (dans un doute qui concerne une loi de la Torah, on se comporte avec rigueur).

-> La Mékhilta explique sur "si tu les affligeais" (im ané taané) : qu’il s’agisse d’une grande souffrance ou même d’une petite souffrance (dans tous les cas, cela est interdit).
[le "ça va, c'est vraiment rien ce que je lui fais/dis!" : n'est pas une excuse valable!]

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-> Pourquoi le verset débute au singulier : "Si tu les affligeais" et se termine par une malédiction au pluriel "Je vous tuerai".

Le Ibn Ezra répond : celui qui verrait un homme affliger un orphelin ou une veuve et ne leur viendrait pas en aide, lui aussi serait considéré comme leur oppresseur ...
Si un seul les opprime et que personne ne leur vient en aide, le châtiment les concerne tous.
Car celui qui est en mesure de protester contre l’oppresseur et ne le fait pas, ou de venir en aide aux victimes et ne le fait pas, lui aussi sera inclus dans le même sort amer, comme s’il les avait lui-même oppressés.
Car le Hachem est particulièrement sévère en ce qui concerne la souffrance occasionnée à une veuve et à un orphelin.

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-> "Si tu le feras souffrir (l'orphelin)... J'enflammerai Ma Colère et Je vous tuerai par l'épée"

=> Ce verset débute par un singulier : "Si tu le feras souffrir", et se poursuit par un pluriel : "Je vous tuerai". Comment l'expliquer?

En fait, quand un homme fait souffrir l'opprimé, tous ceux qui le voient faire doivent l'en empêcher et s'insurger.
Mais, si on le voit passivement, sans réagir et en le laissant faire, alors non seulement Hachem punira le méchant, mais aussi Il déversera Sa Colère sur tous ceux qui n'ont pas empêché.
"Si tu le feras souffrir" = si un homme unique le fera souffrir, alors "J'enflammerai Ma Colère et Je vous tuerai par l'épée" = à savoir vous tous, qui avez vu et n'avez pas empêché.
[rav Moché Sternbuch - Taam véDaat]

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-> Le rav Shach a vu son maître le rabbi Isser Zalman Melzer qui montait à son appartement, puis il est immédiatement redescendu.
Par la suite, rabbi Isser Zalman Melzer est monté à nouveau, et il en est redescendu à peine arrivé en haut.
Le rav Shach lui a demandé ce qui se passait.
Rabbi Isser Zalman lui a répondu : "Il y a une orpheline qui nettoie ma maison, et en ce moment elle chante à elle-même. Si je rente chez moi maintenant alors elle va devoir s'arrêter de chanter, et la Torah dit : "N'affligez pas ... l'orphelin".

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-> Le Gaon de Vilna ("Si tu l’affliges [l'orphelin]" - v.22,22) commente :
Littéralement, ce verset dit : "Si tu le fais souffrir, seulement qu'il crie Je l'entendrai"
=> Comment comprendre cela?

En fait, il peut arriver qu'un homme qui voit un orphelin dans sa peine, souhaite le pousser à prier et à implorer Hachem pour qu'Il le prenne en pitié et lui accorde Ses Bienfaits.
Mais même quelqu'un qui ferait souffrir un orphelin avec l'unique intention de le pousser à implorer Hachem, même s'il a cette bonne intention, Hachem écoutera le cri de l'orphelin et punira cet homme qui l'aura fait souffrir.

Même "si tu le fais souffrir seulement pour qu'il crie", avec cette unique bonne intention qu'il implore Hachem et obtienne Son Secours, malgré tout "Je l'entendrai" et enverrai des lourdes sanctions à cette personne qui l'aura fait souffrir, comme le dit la suite du verset : "J'enflammerai Ma Colère".
Aucune raison n'est valable pour faire souffrir un malheureux.

[on peut arriver à se mentir à soi-même pour justifier le fait de faire du mal à autrui, même un peu, même pour son bien futur, ... mais Hachem nous avertit qu'aucune justification n'est acceptable!]

-> Le rav ‘Haïm Chmoulévitch explique :
"Celui qui met sa main dans le feu, fût-il contraint de le faire par un véritable cas de force majeur, ne pourra se soustraire aux conséquences de son acte en arguant qu’il y était forcé.
Il subira la même brûlure, même s’il avait une intention Léchem Chamaïm (pour Hachem).
Il en est de même à ce sujet : la souffrance d’un juif est un feu, et même si celui qui la provoque y est forcé, même s’il le fait Léchem Chamaïm, il manipule alors un feu dévorant."

-> L’exemple de Pénina (l’autre femme de Elkana, le père du prophète Chmouël) qui faisait de la peine à ‘Hanna en lui rappelant qu’elle n’avait pas mérité d’enfant le prouve.
La Guémara (Baba Batra 16a) enseigne qu’elle agissait de la sorte avec une intention pure afin que ‘Hanna prie de tout son cœur et qu’elle soit exaucée.
Malgré tout, elle fut quand même punie, comme il est dit : "Jusqu'à ce que la femme stérile enfante et que celle qui était rassasiée de fils s'afflige" (Chmouël I 2,5), car tous ses fils moururent de son vivant.

"Nous ferons et nous comprendrons" (Nassé véNichma - Michpatim 24,7)

-> Certains commentateurs voient dans ce verset en allusion une ligne de conduite pour celui qui s'adonne à l'étude de la Torah.
Il est dit : "nous ferons et nous comprendrons", et non l'inverse afin d'évoquer que le moment venu d'étudier, un juif ne doit pas se perdre dans des préparations superflues. Il doit sans tarder se mettre à étudier.
C'est pourquoi la Torah donne la préséance à l'action (nous ferons), car seulement alors il pourra réfléchir avec raison (nous comprendrons).

A quoi cela ressemble-t-il?

A quelqu'un qui viendrait rénover sa maison en la dotant de tout le luxe "dernier cri".
Il prendra son temps afin d'agencer méticuleusement chaque détail avant d'entreprendre les travaux.
En revanche, lorsqu'un incendie se déclarera dans sa maison, il ne perdra pas une seconde pour prévoir dans quel ordre agir.
Mais on le verra courir sans relâche afin de sauver ce qui peut l'être de biens et à plus forte raison de vies humaines.
Il en va de même pour la manière d'aborder l'étude de la Torah.
Dès qu'arrive le moment où il doit étudier, un juif s'imaginera que les flammes du yétser ara menacent de le déloger de la maison d'étude et qu'il n'a d'autre choix que de se jeter dans le feu de la Torah sans plus attendre.
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Les personnes pieuses des générations précédentes se préparaient pendant une heure avant de prier afin de pouvoir diriger leur cœur à leur Père au Ciel. [guémara Béra’hot 30b]

Le 'Hidouché haRim note que cela n'est rapporté que pour la prière. Mais il n'est pas dit qu'ils attendaient pendant une heure avant de commencer à étudier la Torah.
La raison est que nous ne devons jamais repousser une possibilité d'étudier la Torah, mais plutôt le faire immédiatement.

[on a toujours de bonnes excuses : je suis trop fatigué, je n'ai pas assez de temps pour bien étudier, ce n'est pas le bon endroit, demain cela sera mieux, ...
Naassé = si tu peux étudier même une minute, alors fais-le!
Nichma = tu verras qu'ensuite tu seras fier d'avoir agi ainsi.
Le "Tu comprendras" ne peut venir qu'après un "tu feras", car avant le yétser ara te brouille, t'anesthésie, l'esprit!]

"Pour celui qui n'aura pas prémédité et dont D. a guidé la main, Je te réserverai un endroit où il s'enfuir" (Michpatim 21,13)

-> Lorsqu'une personne subit une mésaventure, un dommage ou une perte, il devra être convaincu qu'Hachem avait une bonne raison d'agir ainsi à son égard et que tout est le fruit de la Providence Divine.
De cette façon, on peut être certain que Hachem nous aidera à sortir des ténèbres.

C'est ce qu'exprime le verset en allusion :
- "Celui qui n'aura pas prémédité (vaassèr lo tsada (צָדָה))" [jeu de de mot avec le terme צד qui signifie à la fois : "préméditer", et également : "chasser, chercher une proie"] = il ne recherchera pas une proie, un coupable duquel faire dépendre son épreuve, mais il sera au contraire convaincu que "C'est D. qui a guidé ma main".
- Sil agit ainsi, Hachem dira en retour : "S'il fait dépendre la chose de Moi, alors Moi aussi, "Je te réserverai un endroit où il s'enfuira" = Je le mettrai à l'abri de tout ce qui lui cause du tort et tout rentrera dans l'ordre."

=> La Torah enseigne qu'une fois que nos malheurs se sont produits, nous ne devons pas rechercher des responsables, mais plutôt se tourner vers Hachem, qui est l'auteur de tout ce qui se déroule.
En acceptant que rien ne peut se produire sans un décret de sa part, que tout est pour le plus grand bien, alors nous permettons à Hachem de nous sortir de cette situation, de nous couvrir de Son infinie bonté.
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Le 'Hozé de lublin écrit :
"Il faut se garder de la colère, garder à l'esprit que tout provient du Créateur comme la guémara ('Houlin 7b) le rapporte : "Un homme ne se cogne pas le doigt si cela n'a été décrété sur lui En-Haut".
Et cela demeure vrai même si le préjudice a été causé par un être qui possède le libre arbitre."

[on peut avoir tendance à penser que tout provient d'un décret d'Hachem, mais cependant lorsqu'une personne nous dérange nous en venons néanmoins à penser : "Il a un libre-arbitre, et il a choisi de me faire du mal. Si ce n'était à cause de lui, rien de mal ne me serait arrivé!"
Lorsque nous tombons, que c'est de notre faute, nous affirmons que c'est la volonté de D.
Mais qu'en est-il lorsque quelqu'un nous frappe, nous dérange, est-ce que c'est de la même manière à 100% d'Hachem? ]

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne que même s'il semble à l'homme que c'est un tel qui l'a frappé, il doit savoir, qu'en vérité, le coup ne provient pas du tout d’une main humaine. Car l’homme ne possède aucun pouvoir de causer un quelconque dommage si cela n'a pas été décrété auparavant En-Haut. C’est donc bien Hachem qui l'a frappé.
Il fallait donc pour cela que la Torah donne explicitement l'autorisation de guérir.
C'est pourquoi la Torah a besoin d'apprendre d'un verset que malgré tout il est permis au médecin de le soigner.
[cf. la guémara (Baba Kama 85a) : "la permission a été donnée aux médecins de guérir" (se basant sur : "soigner elle la soignera" - Michpatim 21,18-19).
Rachi commente : "On ne s'opposera pas en disant : "C'est D. qui lui a infligé (ce mal) et lui (le médecin) se permet de guérir!"]

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Michpatim 22,6) écrit : "Il n'y a pas une heure ou même un seul instant où Hachem ne fait pas quelque chose pour une personne, à la fois pour son corps et pour ses besoins."

[d'une certaine façon de même que sans Hachem pendant une seule seconde nous n'existons plus, de même plus largement rien ne peut exister, se passer dans notre vie, sans qu'Hahem ne le permette.]

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-> "Personne ne peut rien prendre de la portion réservée à un autre, fût-ce l’épaisseur d’un cheveu" (guémara Yoma 38b)

-> "Tous les gains d’une personne sont prédéterminés d’un Roch Hachana à l’autre" (guémara Beitsa 16a)

Le Amoud haAvoda écrit également :
La plupart des gens pense que ce qu’ils ont acquis grâce à leur travail et qu’ils possèdent à présent leur appartient. Dès lors, lorsqu’ils perdent de l’argent, ils se lamentent et s’en plaignent.
En réalité, il est très possible que, même si cet argent se trouve en leur possession, il ne fasse pas partie de ce qui leur a été octroyé par le Ciel.
C’est pourquoi, le moment venu, ils le perdent.
Si tout le monde en était convaincu, les lois relatives aux préjudices deviendraient inutiles puisque personne ne revendiquerait une créance, sachant qu’il est impossible d’augmenter ou de diminuer ce qui lui a été fixé.
Seulement, la Torah ne s’exprime (à travers toutes les lois relatives aux préjudices financiers) que contre le yétser Hara qui aveugle les yeux de la raison et poussent l’homme à considérer avec son regard humain qu’un tel lui a causé une perte.

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"Si un homme prémédite contre son prochain pour le tuer avec ruse depuis Mon Mizbéa'h (autel de sacrifice) tu le prendras pour le mettre à mort" (Michpatim 21,14)

=> Pourquoi ce verset évoque particulièrement le fait de le prendre du Mizbéa'h? Que vient faire le Mizbéa'h avec le fait de condamner à mort un tueur avec préméditation?

-> Rachi explique que ce verset vient signifier que même si le criminel est un Cohen qui s'apprête à servir dans le Temple, on le fera cesser son service pour l'exécuter.
Cette explication se base sur la guemara qui dit que même si c'est le seul Cohen qui peut apporter le sacrifice quotidien (sacrifice de Tamid), et que si on le fait cesser ce service, on n'apportera pas ce sacrifice ce jour-là, malgré tout, il faudra le prendre depuis le Mizbéa'h et l'empêcher d'apporter ce sacrifice pour lui appliquer la peine capitale.
L'explication que l'on peut apporter à cela est que le service du Temple permet de se rapprocher d'Hachem. Or, cet homme qui a tué s'est ainsi radicalement séparé et éloigné du Créateur. On l'arrachera donc du service pour lui appliquer sa punition.

-> Le 'Hida cite les Sages Achkénazes qui expliquent qu'un tueur volontaire pourrait argumenter devant le tribunal que l'homme qu'il a tué était peut-être de toutes les façons destiné à mourir du fait d'une maladie interne.
Or, la règle est que celui qui tue une personne qui est doté d'une maladie interne le vouant à la mort dans les 12 mois, même si ce crime est extrêmement grave, mais on ne peut pas le condamner à mort.
Ainsi, un homme qui tue son prochain "avec ruse" en rusant par le fait d'émettre l'hypothèse que sa victime était dotée d'une telle maladie, pour se dispenser de la condamnation à la peine capitale, à cela, la Torah dit qu'on le prendra de l'autel pour l'exécuter. En effet, une bête qui a une maladie mortelle que l'on sacrifie, cette offrande n'est pas valable.
Pourtant, la Torah enjoint d'apporter des sacrifices, même si rien ne nous assure que la bête n'a pas une telle maladie.
Cela prouve que la Torah préconise de suivre la majorité, or la majorité des bêtes sont viables. On apprend donc de l'autel et des sacrifices qu'on y offre que l'on doit suivre la majorité. Et ce même argument nous permettra aussi de décréter que l'homme qui a été tué appartenait aussi certainement à la majorité des gens, qui sont également viables. De ce fait on apprendra de là que ce tueur a certainement tué une personne viable et on pourra ainsi le condamner.
"De Mon Mizbéa'h tu le prendras (ou "tu l'apprendras") pour le mettre à mort".

-> Le Kerem Tsvi rapporte une guémara qui dit qu'un homme qui est né sous l'influence astrale de Mars, aura des tendances à verser le sang. Il risquera donc d'être un criminel, D. Préserve. Malgré tout, il aura les moyens de dépasser cette fatalité en sublimant cette tendance. Il pourra ainsi devenir abatteur rituel.
Ainsi, si un homme tue son prochain avec ruse, en arguant qu'il est né sous Mars et est donc contraint de verser le sang et n'est donc pas responsable de ce crime.
A cet argument, on répondra qu'il avait néanmoins le choix. Il aurait pu verser le sang dans le cadre d'une mitsva. Il aurait pu devenir abatteur rituel et abattre des animaux sur l'autel dans le cadre des sacrifices (à l'époque du Temple).

"De Mon Mizbéa'h tu le prendras pour le mettre à mort", en argumentant qu'il aurait pu abattre des animaux pour le Mizbéa'h. De cette façon, il avait le moyen d'échapper à son destin de criminel. Il est donc entièrement responsable et condamnable pour son crime.

-> Le Apiryon rapporte l'enseignement de nos Sages sur la juxtaposition du dernier passage de Yitro et le premier verset de Michpatim. La paracha de Yitro se termine par l'ordre de ne pas mettre des marches pour monter sur le Mizbéa'h (l'autel), mais d'y mettre une rampe. En effet, les marches contraindraient le Cohen à procéder à de plus grands pas pour monter sur le Mizbéa'h. Alors qu'avec une rampe, les pas pourront être plus petits (et ne feront pas apparaître la peau du Cohen).
Et juste après, commence la paracha de Michpatim qui parle de la justice. La juxtaposition de ces 2 sujets vient enseigner que le juge aussi ne doit pas réaliser de "grands pas" dans la justice. Il ne devra pas aller trop vite et se dépêcher à rendre le verdict. Mais il prendra son temps pour analyser l'affaire avec patience, de sorte à ne pas se tromper dans son verdict.
Notre verset s'inscrit dans le prolongement de cette explication. Même si à première vue se présente à toi une affaire de meurtre où il semble évident que l'accusé a tué avec préméditation, malgré tout ne te dépêche pas de le condamner trop hâtivement. Apprends du Mizbéa'h qui devait avoir une rampe et non des marches pour pouvoir faire des petits pas et applique cela à la justice. Ainsi, sois patient avant de le condamner, et seulement après avoir pris tout le temps nécessaire selon le message du Mizbéa'h, seulement après, "tu le prendras pour le mettre à mort".

"Mon ange marchera devant toi et t’amènera vers le Emori ... et Je l'éliminerai" (Michpatim 23,22)

-> Après l'entrée des juifs [du désert] en Israël, Hachem éliminera les nations qui y vivent.
Mais on peut expliquer qu'Hachem les éliminera justement par le fait même de la venue des Bné Israël dans ce pays. En effet, l'impureté contient toujours une parcelle de sainteté qui lui permet d'exister. Cette parcelle est parfois infime. Et quand de la sainteté se manifeste à l'endroit de cette impureté, alors la sainteté attire et aspire vers elle comme un aimant la parcelle sainte qui se trouve dans l'impureté et qui la fait exister. Et dès lors que l'impureté est vidée de cette parcelle sainte, elle disparaît.

Ainsi, quand les juifs, qui sont emplis de sainteté, entreront en Canaan, lieu de grande impureté, la sainteté du peuple d'Israël aspirera les parcelles de sainteté qui vivifient cette impureté, et c'est ainsi que ces nations impures seront éliminées. C'est par le fait même qu'il "t'amènera" dans le pays, que "Je l'éliminerai".
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Moché resta sur la montagne 40 jours et 40 nuits" (Michpatim 24,18).

-> Le rav David Pinto (Pa’had David) demande : Que sont ces 40 jours?

Ils correspondent à la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Ména’hot 99), et comme 6 de ces jours étaient des jours de préparation à recevoir la Torah, il reste 34 jours (soit : לד), ce qui correspond à dal (pauvre - דל), l’abaissement, pour nous dire en allusion que tout homme doit accepter la Torah comme un pauvre.
En effet, la Torah ne subsiste que chez celui qui est humble, car il doit s’incliner et s’annuler devant elle.

"Si le voleur est découvert en train de creuser" (Michpatim 22,1)

-> L’un des meilleurs disciples du rabbi Mendel de Kotzk lui dit : "J’ai réfléchi ce matin au verset "si le voleur est découvert en train de creuser", et je voudrais l’expliquer de la façon suivante : Si quelqu’un creuse dans son intériorité et dans les profondeurs de son âme, "le voleur sera découvert", on peut être certain qu’il trouvera le voleur qui s’y cache, et qui n’est autre que le mauvais penchant, qui aspire sans cesse à le faire tomber dans ses filets."

Le rabbi de Kotzk le félicita et fit remarquer : "C’est exactement ce que j’avais envie d’entendre aujourd’hui, et ces choses sont dignes d’êtres dites par vous tous les jours"

"Tout ce qu’a prononcé Hachem, nous ferons et nous écouterons" (Michpatim 24,7)

-> Rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) demande pourquoi cette déclaration a été faite au pluriel. Comment pouvaient-ils savoir ce que leur prochain ressentait?
Il aurait semblé plus logique que chacun déclare "je ferai et j’écouterai".

Le Rabbi de Pchis’ha l’explique à l’aide de l’exemple suivant : des prisonniers sont assis dans la même cellule d’une prison. En pleine journée d’été, alors que la chaleur est étouffante, un homme entre dans la cellule pour proposer aux détenus de l’eau. D’une seule voix, ils répondent tous par l’affirmative : "Nous voulons boire !"
Sans devoir se consulter, ils savent tous que chacun éprouve la même envie.

De même, les Bné Israël avaient une grande soif de Torah. C’est pourquoi, certain que leur prochain ressentait ce même désir, chacun put affirmer au nom de tous : "Nous ferons et nous écouterons".

"S’il se relève et qu’il puisse sortir appuyé sur son bâton, l’auteur de la blessure sera absous. Toutefois, il paiera le chômage et les frais de la guérison" (Michpatim 21,19)

-> Le Kéren haTsvi s’interroge : si l’auteur de la blessure paie le chômage et les frais de la guérison, qui remboursera la perte de Torah causée au blessé ?

Il répond que c’est effectivement l’auteur de la blessure qui est responsable de la perte de Torah causée au blessé, mais ceci uniquement dans la mesure où ce dernier étudiait la Torah avant d’avoir été blessé et où il retourne à son étude aussitôt après sa guérison.
Par contre, "s’il se relève et qu’il puisse sortir" = cela signifie que, non seulement il n’éprouve pas de peine pour le temps perdu, mais en plus utilise celui dont il dispose à présent pour sortir. Le cas échéant, l’auteur de la blessure n’est pas du tout responsable de la perte d'étude de Torah dont il "sera absous" et il n’aura qu’à payer "le chômage et les frais de la guérison".