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"Tout ce qu’a prononcé Hachem, nous ferons et nous écouterons" (Michpatim 24,7)

-> Rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) demande pourquoi cette déclaration a été faite au pluriel. Comment pouvaient-ils savoir ce que leur prochain ressentait?
Il aurait semblé plus logique que chacun déclare "je ferai et j’écouterai".

Le Rabbi de Pchis’ha l’explique à l’aide de l’exemple suivant : des prisonniers sont assis dans la même cellule d’une prison. En pleine journée d’été, alors que la chaleur est étouffante, un homme entre dans la cellule pour proposer aux détenus de l’eau. D’une seule voix, ils répondent tous par l’affirmative : "Nous voulons boire !"
Sans devoir se consulter, ils savent tous que chacun éprouve la même envie.

De même, les Bné Israël avaient une grande soif de Torah. C’est pourquoi, certain que leur prochain ressentait ce même désir, chacun put affirmer au nom de tous : "Nous ferons et nous écouterons".

"S’il se relève et qu’il puisse sortir appuyé sur son bâton, l’auteur de la blessure sera absous. Toutefois, il paiera le chômage et les frais de la guérison" (Michpatim 21,19)

-> Le Kéren haTsvi s’interroge : si l’auteur de la blessure paie le chômage et les frais de la guérison, qui remboursera la perte de Torah causée au blessé ?

Il répond que c’est effectivement l’auteur de la blessure qui est responsable de la perte de Torah causée au blessé, mais ceci uniquement dans la mesure où ce dernier étudiait la Torah avant d’avoir été blessé et où il retourne à son étude aussitôt après sa guérison.
Par contre, "s’il se relève et qu’il puisse sortir" = cela signifie que, non seulement il n’éprouve pas de peine pour le temps perdu, mais en plus utilise celui dont il dispose à présent pour sortir. Le cas échéant, l’auteur de la blessure n’est pas du tout responsable de la perte d'étude de Torah dont il "sera absous" et il n’aura qu’à payer "le chômage et les frais de la guérison".

"Vous servirez uniquement Hachem votre D. ; et Il bénira ton pain" (Michpatim 23,25)

-> Quel est le service effectué par le cœur?
Selon nos Sages, il s’agit de la prière.

Le Baal haTourim explique le glissement de notre verset du pluriel au singulier :
- "Vous servirez" est écrit au pluriel, en référence à la prière en public, jamais repoussée ;
- "Il bénira ton pain" est au singulier, Hachem adressant à chacun une bénédiction personnelle, en fonction de ses propres besoins.

D’après le ‘Hatam Sofer, la prière récitée en public est toujours agréée, parce que, par ce rassemblement, chacun des fidèles protège les autres et leur apporte une expiation.
[b'h, à ce sujet : http://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute ]

Le Maharcha (Baba Métsia 107b) interprète "vous servirez" comme se rapportant au respect des mitsvot, pour lesquelles tous les juifs sont solidaires, d’où l’emploi du pluriel.
Par contre, seule une élite d’individus est capable de se contenter de pain et d’eau ; aussi, notre verset se conclut-il par un singulier.

"Je comblerai la mesure de tes jours. Je mettrai tous tes ennemis en fuite devant toi" (Michpatim 23,26-27)

-> Le grand-père du Gaon de Vilna (rabbi Moché Kremer) explique ainsi :
Nous trouvons dans la guémara (Méguila 28a) que celui qui regarde le visage d’un idolâtre raccourcit ses jours, et au contraire celui qui fait attention à ne pas regarder le visage d’un idolâtre est épargné par cela.
Or quand on va à la guerre, apparemment les combattants sont obligés de regarder le visage des idolâtres, ils peuvent donc en arriver à voir leur vie raccourcie.
C’est pourquoi Hachem a promis que les ennemis tourneraient la tête, donc on ne verrait pas leur visage, et la Torah dit à proximité "Je comblerai la mesure de tes jours", ceci parce qu’il n’y aura aucun besoin de regarder le visage de l’ennemi ni d’en arriver à un raccourcissement des jours.

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-> "J’ai 120 ans aujourd’hui" (Vayélé'h 31,1-2)

-> Rachi explique ces paroles de Moché : "Aujourd’hui mes jours et mes années ont été remplis ; en ce jour je suis né et en ce jour je vais mourir."

-> La guémara (Kidouchin 38a) dit : "Cela nous enseigne que D. remplit les jours des Justes jusqu’au jour et au mois, comme il est écrit : "Je remplirai le nombre de tes jours" (אֶת מִסְפַּר יָמֶיךָ אֲמַלֵּא - ét mispar yamé'ha amalé - Michpatim 23,26).

-> Le Zohar enseigne qu’en accomplissant chaque jour une mitsva, le tsadik confectionne une "vêtement" spirituel pour sa Néchama, grâce auquel il peut jouir du "rayon de la Chékhina" dans le Gan Eden. Hachem comble ainsi les "vêtements" du tsadik avec la Lumière Divine (à noter que le mot מִסְפַּר – Mispar [nombre] – s’apparente au mot ספיר Saphir – une pierre lumineuse), afin qu’il puisse recevoir le Dévoilement Divin, la Crainte et l’Amour Supérieurs dans son âme.
[Torah Ohr]

Naassé véNichma (Michatim 24,7)

-> Rabbi Simlaï a enseigné : au moment où les Bné Israël ont fait devancer le Naassé (nous ferons) au Nichma (nous comprendrons), 600 000 anges sont venus et ont attaché à chacun des Bné Israël 2 couronnes sur leurs têtes : une pour le Naassé et l’autre pour le Nichma.
Après que les Bné Israël aient fauté par le Veau d’or, 1 200 000 anges de destruction sont descendus et les leur ont enlevées…
Reich Lakich a enseigné : Hachem, à la fin des temps, nous remettra ces couronnes...
[guémara Shabbath 88a]

-> L’engagement du Naassé fait référence à l’acceptation des mitsvot, l’engagement du Nichma fait référence à l’étude de la Torah.
[Zoahr 'Hadach 77a]

-> Le Beit haLévi (Michpatim) ércit :
Il existe 2 sortes d’étude de Torah : l’une consiste à étudier pour savoir comment appliquer la halakha (loi juive) car si l’homme ne connaît pas parfaitement tous les détails halakhiques dans chaque domaine, comment pourrait-il réaliser correctement les mitsvot. Cette étude-là n’est pas une mistva à part entière de Limoud (étude) mais simplement une préparation aux mitsvot.

Le Beit Yossef écrit (chap.47) d’ailleurs que même les femmes qui sont dispensées de l’étude de la Torah ont par contre l’obligation d’étudier les halakhot qui les concernent (c’est une obligation d’étudier qui est incluse dans l’obligation d’accomplir les mitsvot).

Il existe cependant une autre mitsva, à part entière, d’étudier la Torah à chaque instant du jour et de la nuit et la connaître parfaitement, et ce sans aucun lien avec la pratique ...
Cette mitsva-là concerne n’importe quelle étude même une étude qui en pratique n’est pas applicable et seuls les hommes y sont astreints à chaque instant du jour et de la nuit où ils le peuvent.

Si les Bné Israël avaient dit : "Nichma véNaassé (nous étudierons et nous ferons)" dans ce sens-là : cela aurait sous-entendu que toute leur étude n’aurait pour but que le simple fait qu’ils appliquent les mitsvot, ce qui reviendrait finalement à n’accepter qu’un seul joug : celui des mitsvot.
C’est pourquoi ils ont fait devancer le Naassé au Nichma (nous appliquerons et nous étudierons) pour sous-entendre que même après avoir appliqué toute la Torah, les Bné Israël continueront encore à étudier : simplement pour la mitsva de l’étude en tant que telle (sans lien avec la pratique).

C’est donc grâce à cette inversion que les Bné Israël ont pu recevoir 2 couronnes : celle de la pratique par le Naassé et celle de l’étude par le Nichma (au lieu d’une seule couronne).

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-> Le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou) enseigne :
"L’homme est composé de 2 parties, le corps qui est fait de terre et l’âme qui est faite à partir d’éléments célestes et spirituels.
Parallèlement, Hachem nous a transmis la Torah dans laquelle il y a 2 parties : l’étude, qui convient à l'âme (c’est-à-dire à toute la partie Divine de l’homme) et l’application des mitsvot dans la matière qui est adéquate au corps qui est fait de matière.
C’est donc par l’étude de la Torah et l’application des mitsvot que l’homme peut s’accomplir et se parfaire : respectivement dans son âme et dans son corps.
Grâce à l’union de l’étude et de la pratique, l’homme peut même entraîner l’unification du Ciel et de la terre."

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 4,30) écrit :
"La Torah est lumière, sa sainteté (kédoucha) est plus grande que toutes les mitsvot ; et voici que même si un homme accomplit les 613 mitsvot entièrement, de façon parfaite, en tenant compte de tous leurs détails halakhiques, avec kavana et pureté comme il se doit : quand bien même cet homme deviendrait kadoch (élevé, saint) dans tous ses membres et dans tout son être et que la sainteté des mitsvot résiderait sur lui, il n’en reste pas moins que cette kédoucha serait sans aucune commune mesure avec la kédoucha et la lumière de la Torah, qui nous est accessible par l’étude.
En effet, la racine de la Torah est extrêmement élevée ; sa lumière et sa kédoucha sont transcendantes bien au-delà des actes matériels des mitsvot.
Ce principe, nous le trouvons dans la gémara (Yerouchalmi Péa 1,1) : "toutes les mitsvot réunies n’ont pas la force équivalente à un mot d’étude de Torah"."

-> Le Ram'hal (Dérekh Hachem 4,2) dit :
"La Torah c’est Le flux céleste qu’Hachem nous donne de Lui-même : de Son honneur et de Sa Splendeur, pour Ses créatures.
Ce flux est à l’image de Son authenticité et de Sa grandeur et Hachem a attaché ce flux dans la Torah."

=> Nous comprenons mieux l’importance d’avoir fait devancer le Naassé (nous ferons) au Nichma (nous étudierons/comprendrons).
Si nous avions dit ‘’nichma vénaassé’’ (nous étudierons, pour ensuite appliquer), toute notre étude aurait eu comme seul but d’accomplir les mitsvot qui elles sont matérielles ; ceci aurait donné à notre Torah une vocation terrestre et aurait anéanti sa suprématie.
Au contraire toute la grandeur de la Torah et sa toute puissance lui viennent de son origine céleste, de son essence Divine, et donc de sa supériorité sur la matière.

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-> "Tout celui dont la sagesse est plus grande que ses actions, sa sagesse ne se maintiendra pas ... Celui dont les actions sont plus grandes et nombreuses que sa sagesse, sa sagesse se maintiendra" (Pirké Avot 3,22)

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 4,30) écrit :
"Il est évident que celui qui étudie la Torah sans accomplir les mitsvot n’aura même pas de Torah, comme l’enseigne la guémara (Yebamot 109b) : ‘’celui qui dit : je n’ai que l’étude n’a même pas l’étude ...’’, car sans l’accomplissement des mitsvot, la lumière de la Torah n’a pas où se poser, s’attacher ou se maintenir ; à l’image d’une flamme qui n’a ni mèche ni bougie.
C’est pourquoi le roi Shlomo a dit : "car la mitsva est bougie et la Torah (en) est la lumière (ki ner mitsva vé Torah or )"."

-> Le Rav Eyezik 'Haver explique que l’homme est constitué de plusieurs parties, certaines sont d’ordre matériel, d’autres sont spirituelles ou morales. Si l’homme accepte la Torah seulement avec sa partie spirituelle et intellectuelle, il est évident qu’elle ne pourra pas se maintenir en lui.
Cela ressemble à un homme qui possède seulement le haut de son corps : la tête, la bouche… mais ne possède pas le bas du corps ou de jambes ; il est évident qu’aussi intelligent qu’il soit, il ne pourra pas aller bien loin et réussir sa vie.

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-> "L’étude est grande car elle mène à la pratique" (guémara Kidouchin 40b)

-> Le Saba de Slabodka dit :
"La mitsva d’un homme qui ne connaît pas la Torah est un simple acte matériel, mais la mitsva d’un talmid 'hakham (érudit) qui connaît parfaitement tous les coins et recoins de la halakha qu’il va appliquer, a totalement une autre dimension.
Sa mitsva elle-même ressemble à un séfer Torah, à un objet de Torah.
C’est ce que signifie : ‘’grande est l’étude car elle mène à la pratique’’ ; non pas qu’elle soit un simple moyen pour arriver à la pratique, mais grande est l’étude qui peut rendre chacune de nos actions un objet de Torah.
L’homme aura donc un Sefer Torah dans sa pensée qui sera constamment dans l’étude, un séfer Torah dans sa parole (lo yamouch séfer haTorah azé mipi'ha), mais également de nombreux séfer Torah qui seront créés par chacune de ses actions débordantes de connaissances de Torah."

-> Le rav Dessler écrit :
"Lorsqu’un homme est collé (davouk) à la Torah il a le mérite que la lumière de la Torah se répande dans chacune de ses actions : sa mitsva devient elle-même Torah."

-> Le Zohar (III 28b) écrit :
"La Torah ressemble à de la lumière (ki Torah or) : c’est pourquoi la faute peut éteindre une mitsva mais ne peut pas éteindre la Torah ; car la mitsva n’est qu’une bougie mais la Torah est lumière et ne s’éteint jamais.
Cependant, les mitsvot qu’accomplissent les Talmidé 'hakhamim sont Torah, elles sont lumineuses et ne s’éteignent jamais"

=> C’est pour cette raison que c’est un seul et même ange qui est venu poser sur nos têtes les 2 couronnes du Naassé et du Nichma.
En effet, la grandeur de ces 2 engagements a en réalité une racine commune : la kédoucha et la lumière immense de la Torah qui viendra se poser dans nos esprits : par l’étude et dans nos actes : par la pratique des mitsvot.
Cependant lorsque les Vné israël ont perdu leurs couronnes par la faute du Veau d'or, 2 anges distincts sont venus pour les punir de leurs différents manquements. En l’occurrence ils avaient doublement fauté : par l’esprit et dans les actes.
Vu que la racine de leurs fautes n’était pas commune, cela a nécessité un ange différent pour chacune de leurs erreurs.

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-> Le Targoum Onkelos traduit "Naassé véNichma" par les mots : ‘’nous ferons et nous recevrons sur nous’’ (naavid vénékabel).

-> Le Rav de Birsk explique ainsi :
Lorsque les Bné Israël ont répondu seulement ‘’Naassé’’, cela constituait une acceptation de réaliser la volonté d’Hachem pleinement.
Le Nichma qu’ils ont ajouté dans la paracha Michpatim constitue une acceptation d’entrer dans le brit (l’alliance).
Cet brit revient à accepter d’être attaché à Hachem par des liens serrés, étroits et indéfectibles ; (il a donc été scellé par une aspersion de sang).
Naassé véNichma signifie donc : nous ferons les mitsvot et nous rentrerons dans l’alliance ; comme l’a traduit Onkelos.

-> Qu’est-ce qu’une brit (une alliance) exactement?
Le Gaon de Vilna explique (Séfer haYétsira 1,8) :
"Lorsqu’un homme aime intensément quelqu’un d’autre et qu’il ne veut pas se séparer de lui et désire qu’ils soient unis pour l’éternité, il peut alors lui donner la chose la plus chère qu’il possède.
Certes, il devra se séparer de cet objet mais dans la mesure où ce sera son ami qui l’aura, cela les unira forcément en toutes situations et permettra à leur lien de durer et de perdurer puisque chacun pensera à l’autre en permanence à cause de cet objet précieux.
C’est là la brit : c’est un moyen de s’assurer qu’il n’y aura jamais de séparation ou de distance entre les 2 parties qui veulent se joindre au brit.
[Le Gaon de Vilna ajoute] la Torah et la brit mila (circoncision) sont 2 brit que nous avons faits avec Hachem et qui nous permettent d’être constamment attachés à Lui, quand bien même nous ne pouvons pas Le voir ou Lui parler distinctement, comme nous le faisions dans le monde futur d’où nous venons."

=> C'est par le don de la Torah, objet le plus cher et le plus précieux qui existe aux yeux d’Hachem, qu’a pu être créé ce lien indéfectible entre nous et Hachem.
Ce lien s’appelle le Brit et est inclus dans le mot : ‘’véNichma’’.

Le rav de Brisk explique :
"Si les Bné Israël avaient prononcé Nichma véNaassé, cela aurait signifié : "nichma" : nous rentrerons dans l’alliance ; "vénaassé" : et nous ferons les mitsvot
A quoi cela ressemble : à 2 associés qui acceptent de s’associer selon toutes sortes de conditions et de lois qu’ils devront respecter après avoir signé le contrat d’association.
S’il en avait été ainsi, toute notre obligation d’accomplir la Torah et les mitsvot aurait découlé de notre acceptation du brit et donc de notre volonté personnelle d’accepter ce ‘’contrat’’.
Les Bné Israël souhaitaient s’unir à Hachem au-delà même de leur volonté afin que ce lien soit transcendant, éternel et indéfectible ; ils ont donc dit : ‘’Naassé véNichma (Nous ferons et nous rentrerons dans l’alliance)’’, c’est-à-dire nous allons accomplir les mitsvot car c’est la volonté d’Hachem et nous allons également rentrer dans l’alliance aussi parce qu’il s’agit de la volonté d’Hachem et non parce que c’est notre volonté personnelle.
=> En faisant devancer le naassé au nichma, les Bné Israël ont réussi à faire en sorte que leur acceptation des mitsvot et de l’alliance ne dépende pas de leur propre volonté et ne soit assortie d’aucune condition ; à ce titre, ils ressemblent aux anges d’Hachem qui s’annulent totalement pour faire la volonté d’Hachem sans qu’il y ait aucune condition à la chose."

[d’après le Néféch Yéhoudi – Yitro (5776)]

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-> Il est dit dans le Talmud de Jérusalem (Roch Hachana ch.4 halakhah 8) que Rav Mecharchia a dit au nom de Rabbi Eidi : "A propos de tous les sacrifices, le mot "faute" est écrit, et dans celui de Shavouot, le mot "faute" n’est pas écrit. Hachem leur a dit: "Parce que vous avez pris sur vous le joug de la Torah, Je vous le compte comme si vous n’aviez jamais péché de votre vie"."

Les commentateurs expliquent : Dans les sacrifices des moussafim des fêtes, il est écrit : "Et un bouc pour la faute", "Un bouc pour racheter la faute", à l’exception de Shavouot où il est écrit : "Un bouc pour vous racheter" (Bamidbar 28,30).
Hachem leur a dit: "Comme vous avez pris sur vous le joug de la Torah, et que chaque année Shavouot est comme le jour où vous vous êtes tenus devant Moi au mont Sinaï pour recevoir la Torah de nouveau, ce jour ne porte pas l’évocation de la faute, parce que la Torah vous rachète".

=> C’est cela : Nichma véNaassé, nous ferons et nous entendrons, c’est-à-dire que l’homme qui a décidé intérieurement d’un cœur fidèle d’observer la Torah et tout ce qu’on lui enseignera, à partir de ce jour-là obtient une récompense pour toutes les mitsvot et acquiert un mérite pour ce qui lui est révélé et aussi ce qui lui est caché.

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-> b'h, également à ce sujet : http://todahm.com/2017/07/10/nous-ferons-et-nous-comprendrons

"Ne fais pas cuire un jeune animal dans le lait de sa mère" (Michpatim 23,19)

-> Il faut veiller à ne pas manger du lait et de la viande ensemble : qu'ils soient cuits ensemble ou que l'on mange du lait après la viande, que ce soit au cours du même repas ou au repas suivant sans attendre le temps obligatoire.

Si une personne enfreint ce commandement, pendant 40 jours un dénonciateur (mékatreg) se trouve à ses côtés et lui cause de nombreux malheurs, faisant adhérer à elle de nombreuses forces du mal (klipot).
Pendant ces 40 jours, elle est poursuivie par un esprit de l'Autre Côté (sitra a'hra).

Tout enfant né pendant cette période est en danger de mort. En effet, "D. a fait l'homme à Son image" (Béréchit 9,6), et cette personne souille son corps et sa bouche d'aliments interdits, causant l'éloignement de l'image Divine.

'Hanania, Mikhaël et Azaria purent échapper à de nombreux malheurs grâce à leur abstention de tout aliment interdit.
En effet, Névou'hadnézar servait à magner des aliments interdits, et il tenait que l'on serve à chaque repas du lait avec de la viande.

Daniel, particulièrement vigilant sur ce point, mérita d'être sauvé de la fosse aux lions.
[cf. Daniel 1,8 : "Daniel prit la résolution de ne pas se souiller par les plats du roi et le vin qui lui servait de boisson; il insista donc auprès du chef des eunuques pour n'avoir pas à se souiller. "]

=> Comme il scella sa bouche pour ne pas consommer de nourriture non cashère, Hachem scella la bouche des lions pour les empêcher de lui faire du mal (Daniel 6,23).
En effet, les animaux sauvages ne peuvent attaquer l'homme à moins que l'image Divine ne l'ait quitté et qu'il ressemble à un animal.

[d'après le Méam Loez - Michpatim 23,19]

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-> "Ne cuis pas le chevreau dans le lait de sa mère" (Michpatim 23,19)

-> La Torah interdit de cuire la viande avec le lait, de manger et profiter de cette cuisson. Nos Maîtres ont interdit aussi de manger le lait après la viande, même sans recourir à une cuisson. Mais l'inverse est autorisé, à savoir la consommation de viande après le lait, après s'être nettoyé la bouche et les mains.

Tout cela a un sens profond. La viande représente l'attribut de rigueur. Alors que le lait représente l'attribut de bonté. Hachem a créé le monde avec le Nom Elokim (l'Attribut de Rigueur) ; on peut constater que le monde est rempli de rigueur. Mais l'objectif est d'adoucir cette rigueur en faisant dominer la bonté sur elle.
Tel est l'objectif de toutes les mitsvot : dévoiler la Bonté Divine pour adoucir la Rigueur. En revanche, quand c'est l'inverse qui se passe, que la rigueur prend trop de force jusqu'à dominer la bonté, alors cette rigueur devient ce que l'on appelle le "Mal". Certes, la rigueur est nécessaire dans le monde, mais lorsqu'elle est adoucie par la Bonté. Trop de bonté sans aucune rigueur mène aussi à un déséquilibre néfaste, car ce serait la porte
ouverte à toutes les pulsions et à toute permission. La rigueur doit cadrer cette bonté pour ne pas qu'elle soit débordante. Mais une fois cadrée et préservée de toute dérive, c'est la bonté qui doit dominer.

La Torah interdit de cuire la viande dans le lait ni de la consommer ou profiter d'une telle cuisson, pour ne pas que la rigueur se renforce sur la bonté. C'est pourquoi, la Torah appelle ici la viande par le nom de "chevreau", de la famille du bouc, allusion au bouc pour Azazel, qui incarne les forces du Mal. Car lorsque la rigueur domine, c'est alors le renforcement du "Mal".
Ainsi, les Sages ont ajouté l'interdiction de manger du lait après la viande, mais pas l'inverse. Car selon le principe Halakhique, "ce qui est en-dessous domine". Ainsi lorsque l'on mange d'abord de la viande, puis ensuite on ingurgite du lait, la viande se trouvant sous le lait, dominerait. Ainsi la rigueur dominerait sur la bonté, D. Préserve.
L'inverse n'est pas interdit car lorsque le lait est consommé en premier, il se retrouve en dessous de la viande, et dans cette position, il prédominera sur la viande. Ce qui n'est donc pas problématique.
[d'après les Mékoubalim]

"Celui qui acquiert un esclave hébreu s'acquiert un maître à lui-même"
[guémara Kidouchin 22a]

-> Pour illustrer un peu ce respect à témoigner à un esclave juif, on peut citer :
"Il est interdit d'humilier un esclave juif ou même de l'appeler "esclave".
C'est pour cette raison que la Torah dit : "Si tu achètes un esclave hébreu ..." = bien que cet homme ait été acheté comme esclave, c'est un hébreu qui doit être traité en tant que tel.
Il est interdit de l'humilier.

Le maître n'a pas le droit de consommer les meilleurs plats et boissons et de servir à son esclave les plus grossiers.
Un esclave juif doit manger la même nourriture que son maître : la même qualité de pain, le même vin, ...

La même règle s'applique à sa literie, ses habits, ses habits et ses vêtements de nuit.
La chambre de l'esclave doit être aussi confortable que celle de son maître."

[Méam Loez - Michpatim 21,2]

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-> "Car il (le serviteur juif) est heureux chez toi (le maître)" (Rée 15,16)
Ce verset enseigne que le serviteur juif doit manger et boire comme son maître : ce dernier ne doit pas manger du pain blanc alors que son serviteur mange du pain noir ; le maître ne doit pas boire du vieux vin alors que son serviteur boit du vin jeune ; le maître ne doit pas dormir sur un matelas moelleux et son serviteur sur de la paille.
Nos Sages en déduisent qu'acquérir un serviteur juif équivaut à se donner soi-même un maître.
[guémara Kidouchin 22a]

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-> "Quiconque acquiert un esclave juif s'acquiert en fait un maître" (guémara Kidouchin 20a)

Le 'Hatam Sofer ('Hidouchim Yébamot 71b) explique que cette halakha démontre bien plus que la qualité de bienfaisance ; elle renforce dans l'esprit du maître que tous les hommes sont égaux aux "yeux" de Hachem. Il ne doit pas considérer son esclave comme sa propriété, mais comme un pensionnaire.

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=> Pourquoi Hachem a-t-Il décrété tous ces avantages pour le serviteur juif?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Il est difficile d'admettre que si le maître possède un seul objet non partageable, c'est son serviteur juif qui en bénéficiera et le maître de cet objet en sera privé.
Quelle était donc l'intention d'Hachem en demandant au maître : que ton serviteur n'ait pas moins que toi, mais au moins autant que toi, ou plus parfois?

En réalité, c'est pour le bien du maître qu'Hachem a pris ce décret.
En effet, dans tout juif (et même dans ce serviteur juif - éved ivri), est imprimé un refus d'être le serviteur d'un autre être humain (même juif), car il est naturellement un serviteur de D. (éved Hachem).
Si son maître ne le gâtait pas, au point que ce serviteur se sente égal ou supérieur à son maître, devenant ainsi apparemment le "maître" de son maître, il n'aurait pas pu le servir.
Ainsi, le décret d'Hachem, relatif au serviteur juif, témoigne que ce dernier n'est pas un véritable serviteur/esclave, bien qu'il serve son maître, et c'est pourquoi il est prêt à le servir.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 22a]

"Ne laisse pas vivre une sorcière" (Michpatim 22,17)

-> En réalité, la sorcellerie ne peut faire aucun mal à moins que la Providence n'ait décidé que la personne devait le subir de toute façon.
Si une personne est méritante, la sorcellerie ne peut avoir d'effet sur elle.
Cependant, la Torah condamne la sorcellerie, elle amène le mal sur un homme avant le temps décrété et transgresse ainsi la volonté Divine.
[...]

Selon le Rambam, quiconque croit en ces pratiques, les juge efficaces et porteuses de sagesse mais s'en abstient parce que la Torah les interdit, manque d'intelligence. Un homme réellement sage comprend et sait qu'elles ne valent strictement rien.
La Torah les interdit seulement pour que les gens ne perdent pas le temps qu'ils pourraient consacrer à la poursuite de bénéfices spirituels ...

Selon le Ménorat haMaor, si un homme perd son temps à ces sottises, il perd la foi en Hachem. Ces forces ont alors prise sur lui et peuvent le nuire, non parce qu'elles sont réellement efficaces, mais à cause de sa faute.
Un homme perdant la foi en D. éprouve des craintes, et ce sont elles qui peuvent lui causer du tort.
Voilà pourquoi ces pratiques n'ont absolument aucun effet sur un homme réellement juste.
[...]

La guémara (Sanhédrin 67b) rapporte qu'un sorcier essaya un jour de prendre de la terre sous les pieds de rabbi 'Hanina afin de lui jeter un sort.

Rabbi 'Hanina dit : "Si tu y arrives, fais ce que tu voudras.
Mais la Torah dit : "Il n'y a nul autre que Lui" (Dévarim 4,39). Il n'est pas d'homme qui puisse faire du mal à un autre même si les 2 sont voisins. Si Hachem aime un individu, personne ne parviendra à lui causer de tort. Si tu réussis à me nuire, c'est par l'effet d'un décret divin et non par ton pouvoir."

Rabbi 'Hanina était un tsadik parfait et pouvait donc avoir foi en Hachem et ne craindre aucun mal.
[...]

Chimon ben Chéta'h pendit 80 sorcières à Ashkélon.
Il fit alors 3 choses contraires contraires à la loi juive :
1°/ il les tua par pendaison, tandis que la peine prescrite pour la sorcellerie est la lapidation ;
2°/ lorsque la pendaison est requise, la loi juive permet qu'elle soit appliquée aux hommes mais pas aux femmes : pendre une femme n'est pas convenable.
3°/ Le Sanhédrin ne doit pas mettre à mort plus d'une personne par jour. Ici, 80 femmes ont été pendues en une seule fois.

=> Ceci nous montre que les sorciers doivent être éliminés aussitôt que possible. [Imré Noam ; Panéa'h Raza]

La peine prescrite pour la sorcellerie est plus sévère que celle requise pour les autre péchés.
Pour les délits autres que la sorcellerie, si le Sanhédrin ne condamne pas à mort le coupable, il a négligé le commandement positif : "Tu élimeras le mal du milieu de toi" (Dévarim 13,6), mais il n'aura pas transgressé de commandement négatif.
Par contre, si le tribunal n'exécute pas un sorcier ou une sorcière, il aura transgressé le commandement négatif : "Ne laisse pas vivre une sorcière" (Michpatim 22,17).

[Méam Loez - Michpatim 22,17]

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-> La sorcière, tu ne la laisseras point vivre" (מְכַשֵּׁפָה לֹא תְחַיֶּה - Michpatim 22,17)

-> "Pourquoi les sorcières sont appelée Méchashéfot (מְכַשֵּׁפָות)? car elles renient (Mach’hish - מכחיש) la cour céleste" [guémara Sanhédrin 67b]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique :
Il faut comprendre de cette guémara que l’essence de la sorcellerie est de renier la cour céleste mais pas de renier le Créateur du Monde. La force de la sorcellerie vient aussi de la Volonté Divine et ne combat pas la toute puissance d’Hachem.
Il nous faut comprendre qu’à la création du monde, Hachem a placé des Mémounim, des anges préposés à chaque création. Ces anges s'étaeint purs et ne faisait que la volonté du Créateur. Quand Adam Harishone à fauté avec l’arbre du bien et du mal, il a mélangé ces deux concepts et c’est à cause de cette faute, dont les répercutions se sont ressenties dans toute la création, qu’a commencé à régner une nouvelle force, celle de la Sitra A’hara (l’autre coté, le Yetser Hara). Et cette force du mal est du niveau de ces préposés (évidement pas du tout de celle d’Hachem) c’est pour ça qu’elle parvient à détourner leurs forces. Elle détourne donc la fonction première des ces anges préposés, qui sont la cour céleste, mais ne contredit pas du tout la source et la provenance de leur puissance qui est le Créateur lui-même.
C’est aussi pour cela, au fur et à mesure que nous nous approchons de la venue de machia’h, et que la Sitra A’hara perd de pus en plus de ses forces, que la sorcellerie tend à disparaître ainsi que l’action visible des démons.

"Qui frappe un homme et le tue sera mis à mort.
S'il n'avait pas l'intention de tuer [sa victime] mais que D. l'a occasionné, Je désignerai pour toi un endroit où [le meurtrier] pourra trouver refuge" (Michpatim 21,12-13)

=> Si l'homicide n'avait nulle intention de tuer la victime, pourquoi Hachem provoque-t-Il des événements conduisant à la mort d'un innocent?

-> Admettons que 2 hommes aient commis un crime.
Le 1er est coupable d'un meurtre (homicide volontaire) sans témoins.
Le 2e a été tué involontairement, sans témoin non plus.
Puisque le tribunal ne peut imposer de peine en l'absence de témoins oculaires, le 1er meurtrier n'est pas exécuté et le second n'est pas exilé.

On pourrait penser que tous 2 échapperont à la punition.
La Torah nous apprend donc que Hachem organisera les circonstances nécessaires à leur châtiment.
[Par exemple,] Il peut les faire se rencontrer dans un hôtel : le meurtrier (intentionnel) est assis sous une échelle que gravit le criminel involontaire. Hachem fait que ce dernier tombe accidentellement de l'échelle et s'abatte sur le meurtrier, le tuant ainsi en présence de témoins.

De cette façon, tous 2 reçoivent le châtiment qu'ils méritent : le meurtrier (volontaire) est tué tandis que le criminel involontaire reçoit sa peine d'exil appropriée.
La justice Divine s'est donc accomplie.
=> La Torah dit donc littéralement : "Hachem a amené [la victime] dans la main [du meurtrier involontaire]" = puisque la victime mérite la mort, Hachem la suscite de cette manière.

Le roi Salomon dit : "Certains sont emportés [du monde] sans jugement" (Michlé 13,23)
Dans certains cas, un homme peut être exécuté pour un crime sans condamnation formelle au tribunal.
Nous voyons un homme apparemment innocent tué par accident ; c'est que Hachem le punit pour un meurtre passé.
Cet acte ayant été perpétré sans témoins, le coupable n'a que momentanément échappé à la punition. Hachem finit [toujours] par châtier le crime au moment qu'Il choisit.

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=> On pourrait s'interroger : l'homicide involontaire mérite dès lors 2 peines d'exil : l'une pour sa 1ere victime et l'autre pour l'accident plus récent. Pourquoi le laisser s'en tirer avec une seule?

En réalité, le meurtrier ne mérite pas de peine pour le 2e accident .
Sa victime méritait d'être tuée de toute façon pour le meurtre qu'il a perpétré.
Etant donné qu'il n'y avait pas de témoins et que personne n'était peut-être même au courant, l'assassin ne pouvait être exécuté par la justice humaine.
Etant donné que nous ne savons rien de cela, nous condamnons le meurtrier involontaire à l'exil.
Toutefois, Hachem sait qu'il n'est pas puni pour ce crime mais pour le précédent.
[...]

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La loi exige que le meurtrier involontaire demeure dans une ville de refuge jusqu'à la mort du Cohen Gadol. Il lui est interdit de la quitter avant.
["le meurtrier [involontaire] ... [sera conduit] à la ville de refuge ... et il y demeurera jusqu'à la mort du Cohen Gadol" (Massé 35,25)]

=> Cette loi peut sembler très difficile à comprendre car les peines pour un même crime peuvent donc varier considérablement.
En effet, un coupable d'homicide involontaire peut être exilé pour plus de 50 ans jusqu'à la mort du Cohen Gadol tandis qu'un autre peut ne rester dans la ville de refuge que quelques jours avant que survienne la mort du Cohen Gadol. Et pourtant, tous les 2 ont commis le même crime!

La peine réservée au meurtrier (homicide volontaire) étant identique pour tous, il devrait y avoir une sentence d'exil invariable pour les homicides involontaires.

Il existe une différence importance entre un crime accidentel et un meurtre.
Tous les homicides volontaires sont semblables et leurs peines égales.
Le meurtre a été commis intentionnellement mais le tribunal n'a pas les moyens de déterminer l'étendue de la responsabilité du coupable.

Par contre, dans le cas d'un homicide involontaire, les circonstances ne sont pas toujours les mêmes. Parfois, un accident frôle l'acte intentionnel alors que parfois il était absolument inévitable ...

Hachem sait peser les actes et examiner les pensées et les motifs de chacun. De ce fait, Il juge chaque individu comme il le mérite.
S'il n'y avait pas de négligence dans son acte, Hachem le provoque peu avant la mort du Cohen Gadol, infligeant ainsi au coupable une peine courte.
S'il s'agissait d'une négligence, Hachem peut faire que l'homicide se produise juste après la mort du Cohen Gadol, de ce fait le coupable devra attendre très longtemps la mort du Cohen Gadol prochain.
Dans ce cas, la peine est donc plus sévère.

Si un individu commet un crime involontaire sans témoins, le tribunal ne peut le condamner. Hachem fait alors en sorte qu'il tombe sur une meurtrier et le tue en présence de témoins, et ce longtemps avant la mort du Cohen Gadol.
La durée de son exil sera alors si longue que cela est compté comme une double peine.

[compilation issue du Méam Loez - Michpatim 21,6 & 13]

"Il [Hachem] paiera les frais de guérison" (vérapo yérapé - Michpatim 21,19)

Selon la guémara (Baba Kama 85a) : "Ceci nous enseigne que le médecin est autorisé à guérir".

=> Si tel est le cas, comment comprendre l'affirmation de nos Sages : "Le meilleur des médecins est digne du guéhinam" (tov chébérofim léGuéhinam)?

-> Rachi (sur la guémara) donne 2 explications : parfois le médecin refuse de traiter des patients parce qu'ils sont trop pauvres, et également il peut entraîner accidentellement la mort du patient.

-> Le Maharcha suggère que le médecin qui se considère comme : "le meilleur des médecins" sera réticent à demander l'avis, les conseils d'autres confrères, et il sera donc plus enclin à réaliser des erreurs fatales.

-> Le rav Akiva Eiger écrit que pour traiter avec succès un patient, un médecin est souvent obligé d'être "cruel", en coupant le membre touché ou bien en devant mentir au patient à propos de son état, car la vérité peut entraîner sa mort (l'impact du moral sur le développement de la maladie).

La guémara peut se comprendre ainsi : "tov chébérofim" : "le bon (tov) parmi médecins" est : "léGuéhinam" = la bonne attitude (tov) des médecins est de savoir faire ce qui amènerait en Enfer (Guéhiman) une personne ordinaire.
=> Un bon médecin est celui qui sait agir d'une façon mauvaise (mentir, enlever un membre, infliger une douleur,...), afin de guérir son patient.

[un médecin doit savoir être ferme et ne pas écouter le patient qui souhaite un allègement de son traitement, puisque celui-ci est nécessaire à son rétablissement.
De plus, le 'Hozé de Lublin affirme qu'un médecin ne doit jamais désespérer à soigner un patient. En effet, même si d'expérience il se dit que la situation est fichue, il doit continuer à faire son maximum, car c'est uniquement Hachem qui aura le dernier mot.
De nombreuses personnes ont pu vivre longtemps après qu'un médecin ait pu les condamner.
[Selon le Gaon de Vilna, on a donné au médecin la permission de guérir, mais on ne lui a donné aucune permission de désespérer son malade.]

=> "tov chébérofim" : il faut savoir ne pas être trop cartésien (ne pas être trop bon/tov [donc sûr] de sa médecine), et avoir la émouna en Hachem afin de toujours tout tenter pour que le patient vive.]

-> Le Pardess Yossef répond qu'un médecin qui pense que l'issue ne dépend que de ses mains et non d'Hachem, ne va pas prier pour avoir une aide Divine.
C'est ainsi, qu'il va laisser de côté la bénédiction : "réfaénou" (guéris-nous!) présente dans la Amida.
Au lieu de 18 bénédictions (chmoné esré), il n'y en a plus que 17, qui est la guématria du mot : "tov" (טוב - tov ché).

=> "tov chébérofim léGuéhinam" = les médecins qui disent uniquement "tov" (17) bénédictions, se dirigent vers le guéhinam.

-> Selon le Rav David Greenfeld (dans son Binéoth Déché), si on demande aux médecins quelle prière ils adressent à D., quelle sera leur réponse?

Seul un médecin très franc avouera : "Que D. amène beaucoup de malades à mon cabinet!". [c'est mon gagne pain!]
Or, un bon docteur, un professeur de renom, attend des patients sérieux atteints de maladies graves (à l’inverse d’un simple médecin). En effet, c’est grâce à eux, qu’il prouvera ses capacités et accroîtra sa renommée.

=> Dans son subconscient, il désire qu’il y ait beaucoup de malades de ce genre.
C'est pourquoi, il est dit : "le meilleur des médecins est voué au guéhinam".

[d'une certaine façon, que désire [inconsciemment] celui qui se voit comme "le meilleur des médecins"?
= le guéhinam = il aspire à avoir les pires malades (guéhinam), qui vont lui permettre de prouver sa valeur!]

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-> "Celui qui parle du lachon ara sur autrui et qui le frappe de mots difficiles est pire que celui qui frappe physiquement son prochain.
Car lorsque quelqu'un est touché physiquement, il y existe un remède à ses blessures : "Il [Hachem] pourvoira à la guérison" (Michpatim 21,19).

Mais lorsque quelqu'un frappe autrui par de la violence verbale et du lachon ara, il n'a réellement pas de remède pour cet abus."
[rav Yonathan Eibschutz]

[d'une certaine façon, plus une personne minimise les dégâts causés par une mauvaise utilisation de la langue, plus elle se considère comme un bon médecin : "ça va c'est rien, c'est pas quelques mots qui vont la blesser!".
Plus elle est destinée au Guéhinam, car le lachon ara entraîne des conséquences des plus catastrophiques!]

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-> b'h, également sur ce verset : http://todahm.com/2018/02/20/6099