Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Kora'h a échoué car il voulait s'emparer de la grandeur pour lui-même.

La grandeur est une bonne chose, uniquement si elle est accordée à un homme par le Ciel.
On ne peut pas aller et "prendre" la grandeur pour soi-même."

[rav Sim'ha Bounim de Pshischa]

"Kora’h, fils de Yits'ar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit …" (Kora'h 16,1)

-> "Que prit-il?
Il a prit la vérité" [midrach Pliya 182]

Que signifie ce midrach?

Les lettres du mot אמת (vérité - émet) correspondent à : אליצפן (Elitsafan) ; מקושש (mékochéch) et תכלת (té'hélét).
C'est à partir de ces 3 sujets que Kora'h a commencé la dispute.

1°/ Elitsafan : Kora'h pensait qu'il devait être choisi comme nassi avant Elitsafan.

[Rachi : Quelle raison a-t-elle poussé Kora'h à se quereller avec Moché ?
Il a pris ombrage de la nomination d'Elitsafan fils de 'Ouziel, que Moché avait, sur ordre divin, désigné comme prince (nassi) sur les enfants de Kéhat.

Il s’est dit : "Mon père et ses frères étaient au nombre de 4, comme il est écrit : "Et les fils de Kéhat : 'Amram et Yits'ar et 'Hèvron et 'Ouziel" (Chemoth 6, 18).
Les fils de 'Amram (Moché et Aharon), qui était l’aîné, ont recueilli 2 dignités : l’un est devenu roi et l’autre grand prêtre. Qui aurait dû obtenir la 2e place ? N’est-ce pas moi, qui suis le fils de Yits'ar, le 2e fils après 'Amram ?
Or, c’est le fils du plus jeune des frères qu’il a désigné ! Je vais m’opposer à lui et faire invalider ce qu’il a dit! " ]

2°/ Té'hélét : selon le midrach, Kora'h demanda si un vêtement fait entièrement de té'hélét (le bleu azur) nécessitait qu'on y mette des tsitsit.

3°/ Mékochéch : Kora'h soutenait à Moché que la mort du mékochéch (l'homme qui a profané le Shabbath - cf.fin paracha précédente v.15,32) était contraire à la loi juive.

[le Binat Névonim]

En se faisant passer pour le défenseur de la vérité, Kora'h a commencé sa quête de pouvoir en menant une attaque sur ces 3 fronts.

<---------------------------------->

-> Qu'est-ce qui a poussé Kora'h à faire quelque chose de si stupide (se rebeller contre Moché et donc Hachem)?

Le 'Hida (dans son 'Hadré Béten) répond que Kora'h a placé ses yeux sur l'argent, et cela l'a poussé à se tromper si gravement.

[ "Kora'h prit" : cela fait allusion à sa soif de toujours avoir davantage, même s'il avait déjà besoin de 300 mules blanches pour porter les clés en cuir (car moins lourd que le métal) de son immense trésor (guémara Sanhérin 110a).

L'argent peut nous aveugler au point de faire ce qu'il ne faut pas faire, et ne pas faire ce qu'il nous faudrait faire!
Au final tout cette phénoménale richesse a été engloutie par la terre (avec Kora'h) sans que personne n'en profite.

De plus, tout le peuple a pris des richesses en quittant l'Egypte comme paiement pour le dur labeur de l'esclavage, à l'exception des Lévi'im qui n'avait pas travaillé.
En prenant cet énorme trésor que Yossef avait mis de côté, cela lui a été préjudiciable. ]

<---------------------------------->

-> Le rav Shlomo Margolis (Darké haChlémout) faire remarquer qu'après la faute du Veau d'or, après la faute des explorateurs, Moché a toujours prié pour leur pardon.
Cependant pour Kora'h, non seulement il n'a pas fait cela, mais il a prié pour qu'ils n'aient pas l'opportunité de faire téchouva (midrach Tan'houma Kora'h 7).
Pourquoi cela?

Le rav Margolis répond que jusqu'à présent en révélant leurs erreurs (avec amour), il y avait une possibilité qu'ils se repentent.
Mais pour Kora'h et ses hommes c'était différent, ils portaient un tallit fait en té'hélét (bleu azur).
En observant cela, Moché a vu qu'ils ont fait de Hachem leur "partenaire" dans la rébellion en se revêtant d'un voile de sainteté et des mitsvot, et il a alors compris qu'il n'y avait aucun espoir de les convaincre de leurs erreurs. Il ne restait plus qu'à prier pour leur chute.
[au vu du 'hilloul Hachem, du fait que le temps passant ils ajoutaient faute après faute, et risquaient de contaminer d'autres personnes]

=> "Kora'h prit" : il prit Hachem avec lui, pour s'en revêtir.
Il faut que nous fassions très attention dans notre vie à ne pas faire de même, en habillant du divin nos envies.
On se créé le Hachem que l'on veut afin de légitimer ce que l'on souhaite.

-> "L'homme doit servir D. et non pas se servir de D."
[rav Yigal Avraham]

<---------------------------------->

-> En remettant en question (ex: tsitsit, mézouza), Kora'h a "pris" comme arme la Torah elle-même, dont Hachem fait référence comme son : "léka'h (tov)" (son (bon) enseignement - לקח).
Ce mot (לקח) peut aussi se lire : "laka'h" (prendre).
Son erreur réside dans le fait que la Torah est d'origine divine, et qu'elle est ainsi très au-delà des capacités de réflexion humaine, qui sont elles limitées.

Les lettres du nom Kora'h (קרח) peuvent former : 'hoker (חקר - analyser).
Sa tendance à vouloir analyser les choses qui sont au-delà de ses capacités l'a amené à sa perte.

De plus, si nous comparons la guématria de Moché (משה) qui est de 345, et celle de Kora'h (קרח) qui est de 308, nous constatons que Moché a 37 de plus que Kora'h.
Cela est équivalent au mot : évél (הבל - une absurdité, un non-sens).
Moché à la différence de Kora'h comprenait et acceptait la divinité de la Torah, ne remettant pas en cause ce qui pourrait y sembler absurde.

[Rabbi David Feinstein]

<---------------------------------->

-> Selon la guémara (Yoma 38b), il est interdit de nommer un enfant du nom d'un récha.

Pourquoi le tsadik Yits'ar a-t-il nommé son fils Kora'h, qui est le nom d'un des enfants d'Essav (cf. Vayichla'h 36,5)?

Le 'Hatam Sofer est d'avis que Yits'ar s'est trompé en appelant son fils suivant le racha Kora'h (fils d'Essav), et cela à contribuer à sa chute.
Ainsi, même si ses ancêtres étaient de grand tsadikim tels que Yits'ar, Kéhat et Lévi, le fait qu’il portait le nom d’un racha a fait pencher la balance et l'a mené à la faute.

=> Cela est en allusion dans le verset (16,1), qui se traduit littéralement ainsi : "[l'influence négative du nom] Kora'h a pris [le dessus sur le fait qu'il était le], fils de Yitshar fils de Kehat fils de Levi".

<--->

-> "Je suis très étonné à propos des tsadikim que sont les enfants de Lévi qui ont appelé leur fils Kora'h, qui était le nom d'un des chefs d'Essav.
Les Sages (guémara Yoma 38b) ne nous ont-ils pas enseigné : "Nous ne nommons pas nos enfants avec des noms de réchaïm".
Nous voyons les conséquences désastreuses de ce qui lui est arrivé. C'est pour cette raison que le verset (Kora'h 16,1) énumère son ascendance depuis Lévi pour nous enseigner que même s'il avait la force d'une corde à trois fils, il s'est malgré tout effondré rapidement car il fut nommé par le nom d'un racha.
C'est le sens de "Kora'h prit" : son nom a pris toute la sainteté qu'il avait hérité de Yitsar, de Kéhat et de Lévi."
['Hatam Sofer - drachot Kora'h]

-> Le 'Hatam Sofer (Toldot 120) écrit : "La valeur numérique du nom de Essav (עשו) est de 376 comme celle du mot Shalom (שלום) car Essav détenait l'attribut de la paix dans l'impureté. C'est la raison pour laquelle il est considéré comme haïssant la paix."

=> Par conséquent, Kora"h qui portait le nom d'un racha fut vaincu par l'influence de la klipa d'Essav qui déteste la paix. Il contesta donc le statut d'Aharon en tant que Cohen Gadol car Aharon était la quintessence de la paix du côté de la sainteté.

<---------------------------------->

-> La guémara (Sanhedrin 37a) enseigne que Adam a été créé seul car ainsi personne ne pourra dire à son ami qu'il lui est supérieur en raison du fait que son père est plus grand que le sien.
En effet, nous provenons tous du même père!
[...]
Il y a 3 partenaires dans la création d'une personne : Hachem, son père et sa mère.
Les parents fournissent les différentes parties du corps.
Hachem fournit la néchama, qui est habillée par le corps.

On ne doit jamais enorgueillir, car la généalogie de tous remonte à Adam.
Chaque personne se doit de travailler sur elle-même, sur sa néchama, qui lui a été donnée par Hachem, et ne pas regarder ses "habits" (ce qui est lié au corps) pour en tirer de l'honneur.

[le Noam Mégadim]

=> C'est une réponse à l'attitude de type "Kora'h" de se revêtir de son ascendance afin d'obtenir des honneurs.

Le rav Avraham Pam disait que l'ascendance d'une personne (le yi'hous), c'est comme plein de zéros.
Si on travaille sur soi afin d'intégrer les qualités qui ont fait de nos ancêtres de grandes personnes, alors on ajoute un 1 avec les zéros ensuite. C'est une grande richesse.

Dans le cas où l'exploitation de notre ascendance est purement extérieure à nous, alors nous avons plein de zéros avant le 1, et la valeur n'est pas très élevée.

<---------------------->

-> Le Yalkout Chimoni rapporte que Kora'h a vu par roua'h haKodech que le prophète Chmouël, qui était équivalent à Moché et à Aharon, allait être un de ses descendants.
Cette vision lui a joué un mauvais tour.
Il s'est dit que si autant de grandeur allait venir de lui, personne ne pourrait jamais l'anéantir, qu'il était intouchable!
Cependant, ce qu'il n'a pas vu c'est que ses enfants allaient faire téchouva (composant même des Téhilim!), et qu'ils ne vont pas être anéantis contrairement à lui.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) demande à ce sujet : étant quelqu'un de très sage, comment a-t-il pu ne pas prendre en compte le fait que sa descendance pourrait faire téchouva?

Il répond que les 248 membres d'une personne vont en parallèle aux 248 mitsvot positives de la Torah.
Les yeux sont comparables à la mitsva des tsitsit (our'itèm oto).
En tournant en dérision la mitsva des tsitsit, Kora'h a entraîné la perte de sa capacité de voir, et c'est ce qui fût la cause de sa chute (puisque même ce qui est évident, il ne le voyait plus!).

-> Selon le Béer Moché, Kora'h était si perdu, qu'il pensait que la dispute qu'il avait créé était une mitsva.

<---------------------->

-> Sur notre verset, Rachi fait remarquer que la Torah ne remonte pas la généalogie de Kora'h jusqu'à Yaakov, car ce dernier a prié pour ne pas que son nom soit mentionné dans la révolte de Kora’h.
En quoi est-ce si important de ne pas citer le nom de Yaakov?
Hachem aime même les fauteurs, comment Yaakov peut en apparence renier totalement un de ses descendants?

En réalité, c’était une grande bonté que Yaakov a fait à Kora'h de prier pour que son nom ne soit pas mentionné dans sa révolte.

A un enfant issu d'une famille de "magouilleurs", qui va commettre un vol, on va prendre cet aspect familial comme une circonstance atténuante (vu le milieu dans lequel il a grandi, ce n'est pas étonnant).
Cependant, à un enfant issu d'une famille de tsadikim, le milieu familial va devenir une circonstance aggravante (comment a-t-il pu faire cela alors qu'il est entouré de gens de si grande valeur!).

=> Ainsi, en retirant son nom, Yaakov évite que Kora'h soit encore davantage puni, car dans sa famille directe et proche il a un Patriarche.
Bien en avance, il a tout fait pour atténuer autant que possible la potentielle punition de son descendant.

[adapté du 'Hidouché Harim]

<--->

-> Le rav Klonymous Kalman de Krakow (Méor véChémech) écrit que l'attribut éternel associé à Yaakov est : la vérité (émet).
L'histoire de Kora'h, à son niveau le plus profond, était une bataille basée sur une logique fausse, mensongère.
Yaakov ne voulait en rien être lié avec quelque chose touchant à du mensonge, même si cela provenait de son arrière arrière petit fils.

<---------------------------------->

-> Rabbi Sim'ha Bounim de Pschischa note que Kora'h avait de magnifiques qualités, il provenait d'une famille très distinguée, était un érudit, possédait une richesse extraordinaire, ...
Pourquoi n'a-t-il pas mérité d'être un responsable?

C'est parce qu'il s'est "séparé lui-même" ; il n'a pas attendu patiemment le moment où il serait appelé à diriger le peuple.

Le Rabbi de Pschischa dit qu'il a été puni mesure pour mesure.
De même qu'il a voulu prendre le pouvoir avec son temps en se révoltant contre Hachem, de même la terre l'a englouti avant que son heure de mourir "normalement" ne soit arrivée.

<---------------------------------->

-> Nos Sages interprètent le nom de Kora’h (קֹרַח) comme étant formé des initiales de : Kina (la jalousie), Romemout (la grandeur), ‘Hemda (la convoitise), car Kora’h avait un peu de tous ces 3 défauts :
- La jalousie : il était jaloux de la grandeur et du statut de Moché et Aharon.
- La grandeur : il aspirait à la couronne de la direction du peuple à cause de l’honneur qu’elle impliquait.
- La convoitise : il convoitait et désirait un statut qui ne lui convenait pas.
Or nos Sages disent : "La jalousie, les désirs matériels et la recherche des honneurs excluent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).

[d'une certaine façon il a été tellement exclu de ce monde, qu'il a été englouti avec ses possessions dans les profondeurs extrêmes de la terre.]

<------------------------------------------------>

+ Supplément :

Pour se rendre compte des dégâts d'une telle attitude,
-> on a au départ :
- "Kora’h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l’Arche" (midrach Bamidbar rabba 18,3) ;
[le Arizal note que les dernières lettres du verset : "Le juste fleurit comme le palmier" (צַדִּיק כַּתָּמָר יִפְרָח - Téhilim 92,13) forment le mot Kora’h. Ceci signifie qu’il était un juste.]
- "[Kora’h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui" (midrach Bamidbar rabba 18,9)
- "Aharon et Kora’h étaient égaux [en grandeur]" (midrach Bamidbar rabba 18,17)

-> On arrive à un résultat final de :
- "Kora'h a renié les aspects divins de la Création du monde" (Zohar) ;
- "Kora'h a dit que la Torah ne vient pas du Ciel, que Moché n'est pas un prophète (navi), et que Aharon n'est pas un Cohen Gadol." (guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,1)
- "Kora'h a tourné en hérésie et a renié la Torah et toutes les mitsvot" (midrach haGadol)

=> Quel énorme gâchis!
Tâchons dans notre vie d'être à l'image de Moché et Aharon, de tout faire pour maximiser nos magnifiques potentiels en accord avec la Torah et non selon nos envies personnelles.
L'essentiel étant d'agrandir la présence de D. dans ce monde, et non notre égo.

3 Questions/Réponses – Paracha Kora’h

+ 4 Questions/Réponses - Paracha Kora'h :

1°/ La guémara (Yoma 75a) enseigne que la manne tombait à l'entrée de la tente des tsadikim, très loin pour les réchaïm et entre les 2 pour les autres (en fonction de leur comportement). Pourquoi est-ce que Moché n'a-t-il pas pu répondre à Kora'h en lui montrant en public que sa manne tombait très loin de sa tente?

Le Shévet Moussar citant le midrach nous enseigne que les disputes et les discordes sont des fautes si graves que durant la journée de la rébellion de Kora'h, la manne n'est pas tombée, tandis que pendant la journée du Veau d'or (à priori une faute plus grave), la manne est quand même tombée car il y avait de la paix et de l'unité entre les gens (même si c'était dans un mauvais but).

=> Ceci explique pourquoi Moché n'était pas capable de prouver le vrai niveau de Kora'h en se basant sur la manne.

Le rav Aharon Leib Steinman suggère qu'en ce jour les juifs ont mangé de la nourriture achetée à des marchands nomades passant près de leur campement.

<--------------->

+ Le saviez-vous?

-> Les gens de la génération de la Dispersion (ceux qui ont participé à bâtir la Tour de Babel), se sont ensuite réincarnés dans les habitants de Sodome.
Kora'h et son assemblée étaient la réincarnation de ces personnes.
[selon Rabbénou Bé'hayé (Kora'h 16,2)]

<--------------------------->

2°/ Fait intéressant : il y a dans cette paracha le mot ayant la guématria la plus élevée de toute la Torah.
Quel est-il? Que pouvons-nous apprendre de cela?

Le mot : תשתרר (tichtarèr - Kora'h 16,13) n'a que 5 lettres, mais possède une guématria de 1500.

Le Panéa'h Raza explique qu'après avoir échoué à influencer positivement Kora'h, Moché a approché Dathan et Aviram.
D'une manière effrontée, ils ont refusé les paroles de paix de Moché et l'ont accusé de : תשתרר (dominer), de se grandir et de dominer le peuple juif.

=> Ainsi, il convient bien au mot ayant la guématria la plus importante de faire référence à cette fausse accusation sur Moché, cherchant à se faire le plus important sur le peuple.

[lien Torah & peuple juif : les 600 000 lettres comme les 600 000 membres du peuple.
Le mot ayant la guématria la plus importante s'élève sur toute la Torah, comme Moché s'élève sur tout le peuple d'Israël]

<--------------------------->

3°/ "Ceux qui moururent de ce fléau furent 14 700" (Kora'h 17,14)
=> Pourquoi particulièrement ce nombre-là?

-> Kora'h arguait que l'intégralité de l’assemblée étant toute sainte, personne ne devait être au-dessus des autres. Ainsi, Kora’h s’opposait à l’élection de la tribu de Lévi, puisque toutes les tribus devaient être identiques, selon lui.
Or, cela s’opposait au testament de Yaakov qui avait demandé que tous ses enfants portent son cercueil sauf Lévi, car il sera amené à transporter l’arche sainte.
[en effet, Rachi (Vayé'hi 50,13) commente : Lévi ne portera pas [le cercueil de Yaakov], car il est destiné à porter l’Arche sainte. Yossef non plus ne portera pas, à cause de son titre de roi. A sa place se tiendront Menaché et Efraïm]

Ainsi, Yaakov avait déjà destiné Lévi au Service Divin. Et comme Kora’h s’opposa à cette volonté de Yaakov, l’épidémie qui a atteint le peuple suite à sa révolte, tua 14 700 personnes, allusion aux années de vie de Yaacov, qui vécut 147 ans (soit 100 fois plus).
[en effet : "les années de sa vie [de Yaakov], furent de 147 ans" (Vayé'hi 47,28)]
[le Messekh 'Hokhma]

<--------------------------->

4°/ Après que les responsables de chaque tribu aient apporté un bâton avec leur nom écrit dessus, Moché les a placé dans le Ohel Moèd du Michkan.
Le jour suivant, uniquement le bâton de Aharon (représentant la tribu de Lévi) a fleuri, "il avait produit une fleur, fait jaillir un bourgeon et des amandes avaient mûri" (v.17,23).
Quel autre miracle le bâton de Aharon a accompli?

Le Baal haTourim note que le bâton de Aharon a été placé parmi les "matotam" (leurs bâtons - v.17,21).
Ce mot est également utilisé lorsque le bâton de Aharon (transformé en serpent) a avalé les bâtons (matotam - Vaéra 7,12) des sorciers de Pharaon.

=> Ainsi, comme en Egypte, le bâton de Aharon a avalé celui des autres tribus, et pour cette raison cela a été le seul qui a fleuri.

Lorsque Moché a retiré ce seul bâton restant du Ohel Moèd, ce dernier a expulsé tous les autres bâtons.
[la spiritualité, la kédoucha (Ohel Moèd) unit (tous les bâtons sont avalés par celui du Cohen Gadol), tandis que la matérialité divise (ex: recherche des honneurs, du pouvoir, de l'argent, ...).]

A ce moment dans la Torah, on peut constater que le terme "matot" (les bâtons - הַמַּטֹּת - v.17,24) est écrit sans la lettre vav, faisant allusion qu'en les retirant il n'y en avait plus qu'un seul (ו).

-> L'ordre naturel est qu'un bourgeon apparaît et ensuite les fleurs vont en sortir.
Selon le Radak, miraculeusement, Hachem a fait fleurir le bâton de Aharon d'une façon contraire à la nature afin d'augmenter la grandeur du miracle.
[l'ordre du verset le montre bien : "produit une fleur" puis "fait jaillir un bourgeon"]

-> Les bâtons étaient mis dans le Ohel Moed, et Hachem avait conscience qu'on pourrait accuser Moché de tricherie, par le fait d'avoir déjà préparé un 2e bâton tout fleuri pour Aharon, trompant alors tout le monde en l'échangeant discrètement.

Selon Rabbénou Efraïm, pour contrer cela, Hachem a fait un miracle.
Le bâton de Aharon a fleuri une première fois dans le Ohel Moed, et après que Moché l'ait pris en dehors, il a de nouveau fleuri devant le regard du peuple.
Le verset (17,23) met cela en avant : "voici qu'avait fleuri le bâton d'Aharon [dans le Ohel Moed] ... il avait produit une fleur [de nouveau dehors aux yeux de tous]".

-> Normalement lorsqu'un fruit apparaît, naturellement les fleurs et les bourgeons tombent et disparaissent.
Cependant, miraculeusement, sur le bâton d'Aharon les amandes, les fleurs et les bourgeons s'y trouvaient tous en même temps.

Selon rabbi Moché Feinstein (Darach Moché), ce miracle est venu montrer la différence entre le spirituel et le matériel.
Les bourgeons préparent le fruit et symbolisent l’effort qui permet d’obtenir le résultat, qui est le fruit.
- Dans le monde matériel, seul le résultat compte. Celui qui a investi beaucoup d’effort et a échoué n’aura aucune reconnaissance.
- Ce qui n’est pas le cas dans la Thora. L’effort de l’étude compte autant que le résultat qui est la compréhension de l’étude. Celui qui s’est donné à fond, même s’il n’a pas compris sera plus grand que celui qui a compris de suite, sans effort.
Les bourgeons et les fleurs sont aussi importants et comptent autant que le fruit.

Dans le spirituel, même quand le fruit et le résultat apparaissent, les fleurs et les bourgeons (nos efforts investis) ne tombent pas et sont encore présents.

-> Pourquoi des amandes?
Rachi (v.17,23) : Pourquoi des amandes ? Elles sont, de tous les fruits, celui qui fleurit en premier. Aussi vite vient la punition infligée à celui qui se rebelle contre la kéhouna,

Rabbi David Feinstein fait remarquer que les lettres du mot : shékédim (amandes - שקדים) peuvent être réarrangées en : kédochim (saints - קדשים).
Hachem a utilisé les amandes afin de révéler ceux qu'Il considère être particulièrement saints.

Rabbi Chimchon Raphaël Hirsch rapporte que de même que les amandiers sont les plus rapides de tous les arbres fruitiers à fleurir, de même les lévi'im ont immédiatement fait preuve de zèle pour défendre l'honneur de D. quand leurs frères ont idolâtré le Veau d'or.

Selon le Léka'h Tov, la floraison des amandes est une allusion aux malheurs qui attendent le peuple juif : tout comme les amandes mûrissent 21 jours après la floraison, une période de 3 semaines séparera la date où la brèche a été faite dans l'enceinte du Temple (le 17 Tamouz) et la date où il a été détruit (le 9 Av).

-> Ensuite, les chefs de tribus sont revenus prendre chacun son bâton (Rabbénou Bé'hayé v.17,24).
Seul celui de Aharon restera dans le Michkan, près de l'Arche d'alliance, comme souvenir et comme avertissement, symbole de la légitimité indiscutable de Aharaon et de ses descendants et leurs droits exclusifs à la prêtrise.
C'est là qu'il demeurera jusqu'à la destruction du 1er Temple, ainsi que le flacon de manne conservé pour les générations futures, l'huile d'onction et les tuniques portées par le Cohen Gadol (vêtement en lin blanc qu'il portait une seule fois à Yom Kippour, sans le réutiliser ensuite).
En effet, quelques années avant la destruction, voyant la situation politique se dégrader, le roi Yochiyahou les a cachés dans un caveau souterrain préparé par le roi Salomon dans ce but (cf. Bamidbar rabba 18,23 ; Yoma 52b ; Rambam).

Le bâton est resté miraculeusement frais et bourgeonnant durant tout ce temps (Léka'h Tov), prouvant qu'il s'agissait d'un prodige divin et non d'une sorcellerie ou d'une supercherie qui n'aurait duré que quelques heures (Sifté 'Haïm).

Rabbénou Bé'hayé rapporte qu'il y avait 2 grappes d'amandes sur le bâton : l'une amère et l'autre douce.
Lorsque le peuple faisait des fautes et mécontentait D., les amandes amères germaient tandis que les douces se flétrissaient, indiquant le mécontentement divin, [et inversement]

<----->

-> "son bâton fleurira" (matéou yifra'h - Kora'h 17,20)
Le Panéa'h Raza fait remarquer que ces mots : "matéou yifra'h" (מַטֵּהוּ יִפְרָח) ont la même valeur numérique que : machia'h (משיח).
En effet, la bénédiction de l'ère messianique sera d'offrir à chacun l'occasion de réaliser son potentiel, de faire jaillir toutes ses ressources intimes. Comme un jardin en fleurs, tous s'épanouiront et feront croître les fruits de leur labeur.

[on peut également dire que ce que nous plantons par l'effort dans ce monde, nous le récolterons dans la joie pour l'éternité dans le monde à venir.
Par ailleurs, avec la venue du machia'h, il ne restera plus que la Vérité, et même si le libre arbitre disparaîtra quasiment totalement, nous pourrons mettre au grand jour nos pleines capacités Divines.]

<--->

-> Le rav David Feinstein (Kol Dodi) écrit que la guématria du mot : "shaked" (amande - שקד) est de 404. Or, le 1er Temple a duré 410 ans, mais ce nombre comprend les 6 années de construction. Ainsi, le Temple complet a tenu pendant 404 ans.

<--->

-> "Remets le bâton de Aharon ... Et Moché fit comme Hachem lui ordonna, ainsi il fit" (17,25-26)

=> Pourquoi la Torah présente une redondance du verbe faire : "Et Moché fit ... ainsi il fit"?

En fait, le bâton de Aharon qui avait fleuri, a attesté de l'authenticité de Moché, qui a choisit Aharon comme il se devait. Ainsi, on aurait pu penser que Moché trouva un intérêt personnel en restituant le bâton de Aharon, car cela attestait pour toujours qu'il avait raison et que la vérité était avec lui.
Mais la Torah, en disant que "Moché fit comme Hachem lui ordonna, ainsi il fit" vient ici témoigner que tout ce qu'il avait fait n'avait d'autre but que de réaliser la Volonté d'Hachem, sans aucune intention d'en tirer la moindre fierté pour lui-même. Il a tout fait absolument uniquement pour réaliser l'ordre d'Hachem.
[rabbi Akiva Sofer]

<---------------------->

+ "Dépose [les bâtons] dans le Ohel Moed, devant [l'Arche du] Témoignage que J'ai réservé pour vous rencontrer. Le bâton de l'homme que J'aurai élu fleurira. Je Me débarrasserai ainsi des plaintes que les Bné Israël profèrent contre nous".
Moché parla aux Bné Israël et chaque chef lui remit un bâton pour sa tribu paternelle, soit 12 bâtons, le bâton d'Aharon parmi les leurs.
[Moché] déposa les bâtons devant D. dans la Tente du Témoignage.
Le lendemain, lorsque Moché entra dans la Tente du Témoignage, voici que la bâton d'Aharon, représentant la maison de Lévi, avait fleuri. Il avait produit une fleur, portait des bourgeons et des amandes y mûrissaient.
Moché retira tous les bâtons de devant D. et les exposa à la vue de tous les Bné Israël. Chacun reprit le sien." (Kora'h 17,19-24)

-> Le Méam Loez enseigne :
Tous d'abord, Moché avait reçu l'ordre de prendre un arbre et de le débiter en 12 morceaux de crainte que l'on ne proteste que le bâton d'Aharon était plus frais que les autres. Ensuite, il devait placer le bâton d'Aharon au milieu des autres afin qu'on ne dise pas que sa position près de l'arche l'avait fait fleurir.
Moché exécuta ces instructions et le bâton d'Aharon fleurit. Par un grand miracle, ce bâton de bois sec produisit, en une nuit, des fleurs, des bourgeons puis des fruits.
Lorsque le peuple vit ce miracle, chacun des chefs de tribu reprit le bâton portant son nom. Ils admirent que la prêtrise appartenait à Aharon et que le service du Michkan revenait aux Lévi'im. Ils renoncèrent ainsi à toutes leurs réclamations.

Deux prodiges intervinrent ici :
1°/ Non seulement les amandes fleurirent puis produisirent 2 bourgeons, mais par la suite, pendant qu'un bourgeon perdait ses feuilles (comme le font tous les arbres après la fructification), l'autre restait intact, été comme hiver.
2°/ Le bâton produisit des amandes douces et des amandes amères.
Les amandes douces poussèrent sur le côté droit du bâton et les autres sur le côté gauche. Tant que les Bné Israël obéissaient à la volonté de D., les amandes du côté gauche poussaient tandis que celles de droite devenaient amères.

La Torah fait allusion à ces 3 pousses : "avait produit une fleur, portait des bourgeons et des amandes y mûrissaient" (v.17,23)
Ces pousses avaient également une signification symbolique.
L'expression "produit une fleur (péra'h)" = désigne les fils d'Aharon, les Cohanim en herbe (pir'hé kéhouna) ; "portait des bougeons (tsits)" = fait allusion à la plaque frontale (tsits) du Cohen Gadol ; et "des amandes (chékédim) y mûrissaient" = représente 2 choses :
1°/ [la 1ere est liée à la connotation littérale du mot "chaked", signifiant un effort énergique, comme dans le verset : "Je répondis : Je vois le bâton d'un amandier (chaked). D. me dit : Tu vois juste. Car Je m'empresse d'accomplir (choked) Ma parole." (Yirmiyahou 1,11-12)]
De fait, l'amandier est appelé "chaked" parce qu'il est le premier arbre à produire ses fruits. Par cette image, D. signifiait que comme l'amandier est le premier à donner ses fruits, Il s'empresserait de punir ceux qui réclamèrent la prêtrise (kéhouna).
[lorsque le roi Ouziahou offrit l'encens à la place du Cohen, il fut puni par une marque de tsaraat sur le front (Divré haYamim II 26,19)]

2°/ La 2e allusion aux amandes vise l'attribut de stricte justice, symbolisé par l'amertume des amandes encore vertes. Comme le prophète Yirmiyahou a prédit la destruction du Temple par l'application de la stricte justice symbolisée par un amandier ("Je vois un bâton d'amandier"), ce même attribut frappe quiconque réclame la prêtrise.
[...]

Il y avait 4 groupes qui rivalisaient pour la prêtrise : Kora'h, Datan et Aviram, les Lévi'im et les premiers-nés.
- Les premiers-nés prétendaient à la prêtrise sous prétexte qu'avant la faute du veau d'or, ce sont eux qui offraient les sacrifices ... Lorsque Moché transmit ce privilège aux Lévi'im, les premiers-nés le soupçonnèrent d'avoir agi de sa propre initiative pour favoriser les membres de sa tribu.
- les Lévi'im affirmaient être tout autant des descendants de Lévi qu'Aharon. Pourquoi n'étaient-ils pas tous Cohanim comme Aharon et ses fils? demandèrent-ils, reprochant à Moché d'avoir pris cette décision pour avantager son frère.
- Datan et Aviram soutenaient que le droit d'aînesse leur appartenait car il descendait de Réouven, l'aîné des 12 tribus. Ils soupçonnaient donc Moché d'avoir transféré le droit d'aînesse à Yossef pour favoriser son disciple, Yéhochoua, issu de la tribu de Yossef.
En réalité, ce n'était pas Moché mais Yaakov lui-même qui avait passé le droit d'aînesse à Yossef, comme il est écrit : "Il était le premier-né ; mais comme il souilla la couche de son père, son droit d'aînesse fut donné aux fils de Yossef" (Divré haYamim I 5,1).
Datan et Aviram accusèrent néanmoins Moché et exigèrent qu'il répare cette injustice en restituant le droit d'aînesse aux descendants de Réouven.
Ils demandaient que leur supériorité soit rétablie immédiatement, car toutes les années où Réouven avait souffert de la colère de son père représentaient une punition suffisante pour son acte.
- Kora'h, pour sa part, exigeait la prêtrise (kéhouna) car d'une part il était lui aussi Lévi et désirait être Cohen gadol comme Aharon, et d'autre part, il était également premier-né, comme il est écrit : "Les fils de Yitshar : Kora'h, Néfeg et Zikhri" (Vaéra 6,21).

Tels étaient les 4 groupes qui pour des raisons différentes, s'insurgeaient contre Moché.
La mort de Datan et Aviram prouva aux Bné Israël que leur revendication de restaurer le droit d'aînesse à Réouven était injustifiée. Avec la mort des 250 hommes, Lévi'im et premiers-nés, les Bné Israël admirent que les réclamations des Lévi'im et des premiers-nés étaient sans fondement.
Enfin, la mort de Kora'h leur fit comprendre que son désir d'être Cohen Gadol sous prétexte qu'il était Lévi et premier-né n'était pas légitime.

Malgré tout, il restait chez les Bné Israël une trace de mécontentement. Ils soutenaient que même si les premiers-nés n'étaient pas dignes de devenir Cohen (prêtes), ils méritaient au moins d'accomplir les tâches des Lévi'im.
Qu'ils soient morts brûlés en offrant l'encens fit accuser Moché car il avait dit aux premiers-nés d'accomplir une tâche réservée aux Cohanim.
Selon les Bné Israël, si les premiers-nés avaient exécuté une tâche réservée aux Lévi'im, ils n'auraient pas été punis. Ils dirent donc à Moché et Aharon : "Vous avez tué le peuple de D.!"

Pour faire taire ces plaintes, D. ordonna à Moché de procéder à l'épreuve des bâtons.
[le mot hébreu "maté" signifie à la fois bâton et tribu]
Moché devait prendre 12 bâtons et y inscrire le nom des chefs de tribu, y compris celui d'Aharon pour la tribu de Lévi.
Lorsque seul le bâton d'Aharon allait fleurir et produire des bourgeons et des fruits, tout le monde saurait qu'aucune autre tribu ne méritait de prendre la fonction des Lévi'im.
Comme la mort par le feu de ces 250 rebelles avait prouvé qu'ils ne méritaient par la prêtrise, le bourgeonnement du bâton d'Aharon prouva sans équivoque que seuls les membres de la tribu de Lévi étaient qualifiés pour accomplir les tâches des Lévi'im.

"Un seul homme (a'ish é'had) fauterait et Tu T'emporterais contre toute l'assemblée" (Kora'h 16,22)

Pourquoi est-il écrit : a'ish é'had (un seul homme) et pas uniquement : "un homme"?

Une des grandes différences entre le peuple juif et les autres nations réside dans l'idée d'unité.
Tous les juifs sont liés en une seule entité (que seule la matérialité divise en apparence), à l'opposé des autres nations dont chaque individu n'a pas de lien avec un autre.

Pour Israël, il est écrit : "Toutes les personnes (kol néféch) composant la lignée de Yaakov étaient au nombre de 70 âmes" (Chémot 1,5)
Le mot néfech y est au singulier : il y avait 70 personnes, mais elles ne formaient qu'une seule entité.

A l'opposé, au sujet d'Essav, il est écrit : "Essav prit ses femmes, ses fils, ses filles et tous les gens (kol nafchot) de sa maison" (Vayichla'h 36,6)
Bien qu'il y avait 6 personnes dans son foyer, le verset utilise la forme plurielle : nafchot. En effet, chacune des personnes étaient totalement indépendante les unes des autres.

Puisque tout les juifs sont considérés comme une seule néfech (âme), lorsque l'un de ses membres faute, c'est l'ensemble des juifs qui en paie les conséquences.

De même, lorsqu'un juif fait une mitsva, c'est la totalité des juifs qui se partage sa récompense.

Maintenant, nous pouvons comprendre ce que Moché a dit à Hachem : Lorsqu'un membre du peuple juif fait une faute (avéra), alors tout le peuple en souffre.
Cependant, Kora'h et ses hommes ont créé une dispute et se sont séparés du restant du peuple.

"Un seul homme (a'ish é'had)" = cette personne qui a fauté est seule, ne fait plus partie du peuple juif, et ainsi l'ensemble de la nation ne doit pas partager sa punition.

[le Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

<----------------------------------->

+ "Que chaque homme prenne son encensoir" (Kora'h 16,17)

Pourquoi est-ce que le test permettant de révéler l'erreur de Kora'h devait passer par de l’encens ?

Nos Sages disent que l'encens était composé de 11 senteurs : 10 qui avaient une bonne odeur et 1 qui sentait mauvais. Cela vient nous signifier que même un racha, s'il se joint et s'associe à la communauté, il sera accepté par le mérite de la communauté.

Or Kora'h voulait devenir le chef de la tribu de Lévi (en place d'Aharon), et pour cela il s'est séparé du reste du peuple.
[Rachi : "pour se séparer de la communauté" - 1er verset de la paracha]

Les encens qui attestent de la grande vertu de se mêler à la communauté, au point même de sauver les réchaïm, allaient à présent démontrer l'erreur de Kora'h qui voulait se dénoter et se séparer du reste de l’assemblée en voulant prendre le titre de chef.

[Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Halakhot]

<-------------------------------------->

-> La guémara (Yébamot 61a) dit que le terme : adam (un homme), n'est utilisé qu'en référence au peuple juif.

Rabbi Yaakov Schechter explique qu'une raison à cela, est qu'il n'y a pas de pluriel pour ce mot (adam).
En effet, seuls les juifs peuvent atteindre ce magnifique statut d'unité.

"Ils s'assemblèrent contre Moché et contre Aharon, et leur dirent : "C'en est trop pour vous! Car toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de Hachem?" (Kora'h 16,3)

-> "C'en est trop pour vous!" - Selon Rachi : Vous vous êtes approprié beaucoup trop d’honneurs pour vous-mêmes.

-> A ce sujet le rabbi de Kotsk enseigne :
Kora’h avait remarqué que quand il faisait son service de Lévi, de chanter dans la cour du Michkan, il ressentait une grande élévation spirituelle.
C'est pourquoi il souhaitait bénéficier également de la prêtrise pour servir aussi à l’intérieur du Michkan, car il mériterait ainsi encore plus d’élévation.
Il voulait donc prendre la fonction de Aharon.

Mais ce qu’il ne savait pas c’est que toute cette grandeur qu’il ressentait de par son service dans la cour, ne lui parvenait que grâce au mérite de Aharon qui servait à l’intérieur.

-> Kora'h était jaloux de Moché, car s'il n'était intéressé que par la volonté de Hachem, il ne se soucierait pas du fait que Moché était le responsable.
Kora'h désirait ardemment devenir le dirigeant, plutôt que de voir la volonté de D. réalisée.
[le Kédouchat Lévi]

A l'inverse, Moché dit : "Par ceci vous saurez que Hachem m'a envoyé accomplir tous ses actes, que ce n'est pas de moi-même" (v.16,28)

<-------------->

-> "[Les tsitsit :] Afin que vous vous souveniez et accomplissez tous Mes commandements, et que vous soyez saints (kédochim) pour votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Kora'h pensait que Hachem avait dit à Moché qu'il serait le dirigeant jusqu'à ce que le peuple reçoive la mitsva des tsitsit, car tous les juifs seraient alors kédochim.
C'est son argument à Moché : "toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux".

Depuis la réception de cette mitsva des tsitsit, tout le monde est égal en sainteté, et ainsi Moché et Aharon n'ont plus aucune supériorité sur le restant du peuple.
[le Kéhilat Yits'hak]

-> Selon Rabbi Soloveitchik, certes chaque juif a en lui une sainteté inhérente, mais dans sa volonté de flatter le peuple, Kora'h oublie de mentionner un autre aspect de la sainteté, celui qui dépend du mérite personnel de chacun : plus une personne se parfait, plus elle s'élève en sainteté.

=> Kora'h reconnait la sainteté naturelle collective et commune à tous les juifs, mais ne prenait pas en compte l'essentiel : l'individu et son mérite personnel.

<-------------->

+ Kora'h : Ne pas oublier que plus une personne est élevée plus elle a un yétser ara élevé!

-> On peut rapporter un développement du rav Yéhouda Leib 'Hassman (Ohr Yahel) :
La guémara (Béra'hot 28b) raconte que le jour où rabbi Yo'hanan Ben Zakaï allait disparaître, il s'est mis à pleurer. Après avoir entendu l'étonnement de ses élèves (pourquoi leur maître qui a eu une vie si complète/exemplaire en vient-il à pleurer au moment de mourir?), il expliqua : "Deux chemins s'ouvrent devant moi, celui du paradis et celui de l'enfer. Et je ne sais pas où je vais aller. Comment pourrais-je ne pas pleurer?"
En général, on comprend que son doute concerne sa vie dans ce monde. En fonction de son comportement tout au long de sa vie, il ne savait pas où il allait se rendre. Seulement, il est étonnant qu'un tsadik comme lui, d'une sainteté hors du commun, fusse-t-il être d'une très grande humilité, mais comment pourrait-il se tromper à ce point sur lui-même, craignant hériter de l'enfer, comme les réchaïm!

En fait on peut expliquer que son doute ne concernait pas le passé. Il savait effectivement que son comportement passé était méritoire et qu'il lui donnait droit au paradis. Seulement, il craignait pour les derniers moments qui lui restaient à vivre. Il se préoccupait du fait de savoir s'il allait rester intègre même encore pendant ces moments-là, ou si D. Préserve, il allait s'égarer.
Cette idée est en allusion dans les mots qu'il prononça : "Deux chemins s'ouvrent devant moi" = il craignait la faute et l'enfer à cause du temps qui lui reste devant lui, et non derrière lui c'est-à-dire non le temps passé.
Même un tel tsadik craignait la faute pendant ses derniers instants. Car tant qu'une personne est en vie, il doit rester sur ses gardes et craindre son mauvais penchant.
Jamais un homme doit se sentir rassuré et sûr de lui en se disant que son envergure spirituelle est telle qu'il est à présent sauvé et que la faute ne le concerne plus, ce qui le conduirait à commettre l'erreur de penser que tous ses désirs et ses comportements émanent forcément du bien.

C'était cela l'erreur de Kora'h.
La Torah demande à l'homme de toujours se remettre en question. Même s'il a atteint des niveaux de sainteté grandioses, là encore (et peut-être même plus encore) il doit se ''suspecter'' pour savoir s'il est dans le vrai chemin, où s'il s'égare.
Les grands niveaux atteints ne doivent surtout pas le rassurer et le conforter à penser qu'il est forcément dans le droit chemin. Cela est la tentation des grands hommes et il convient de s'en méfier à tout prix.
C'est cela le sens de l'enseignement : "Celui qui est plus grand que son prochain, son penchant aussi est plus grand". Il s'agit du penchant de se croire protégé par sa grandeur, et d'en venir à être sûr de soi et de ses choix. Kora'h s'est laissé prendre à ce piège.
N'oublions pas : "Ne sois pas sûr de toi, jusqu'au jour de ta mort" (Pirké Avot 2,4), ''jusqu'au jour'' inclus!

"Il parla à Kora'h et à toute l'assemblée, en disant : "Au matin, Hachem fera savoir qui est à Lui et qui est le saint" (Kora'h 16,5)

-> Rachi commente : Moché leur a dit : "Hachem a fixé des limites dans Son monde. Ce n’est que si vous êtes capables de transformer le matin en soir que vous pourrez abroger le statut de Aharon."

Pourquoi est-ce que Moché utilise-t-il spécialement les limitations du jour et de la nuit?

-> Le Sfat Emet cite le Zohar (3,176) sur cette paracha disant : "Kora'h s'est battu contre la paix et le Shabbath" (Kora'h 'halak al shalom).
Qu'est-ce que cela signifie?
On comprend que sa rébellion va à l'encontre de la paix, mais en quoi a-t-il combattu le Shabbath?

-> Le Séfer Gvoul Binyamin (cité dans le Otsar haTéfillot) explique pourquoi Shabbath est appelé : 'hemdat yamim, comme nous le disons dans la prière de Shabbath : 'hemdat yamim oto karata (le jour désiré, Tu l'as nommé).

A l'origine, Hachem a créé une semaine avec 6 jours, dont chacun avait une durée de 28 heures (faisant une semaine à 168 heures).
Ces 6 jours sont allés voir Hachem et Lui ont dit : "Nous ne pouvons pas être tous égaux, nous avons besoin d'un chef, un jour vers lequel se tourner".

Hachem a demandé à chacun de ces jours de donner 4 heures afin de créer un 7e jour.
Ainsi, les 6 autres jours ont tous permis équitablement de créer le jour du Shabbath, qui est devenu leur chef.

Ceci est le sens de : "le jour désiré" ('hemdat yamim), puisque c'est un jour désiré par tous les autres jours.

=> Le Shabbath représente l'idée qu'il doit y avoir une hiérarchie, que nous ne pouvons pas tous être égaux, car sinon il n'y a pas de véritable paix.

[Rabbi 'Hanina dit : "Prie pour la paix du gouvernement, car si on ne le craignait pas, les hommes s’entre-dévoreraient vivants." (Pirké Avot 3,2)]

Et c'est spécialement ce contre quoi s'opposait Kora'h : "Toute l'assemblée, tous sont saints et Hachem est parmi eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de Hachem?" (Kora'h 16,3).
Pour Kora'h tout le monde est saint, et il n'y a pas de nécessité d'un responsable.

=> On comprend l'analogie de Moché de l'impossibilité "de transformer le matin en soir".

Selon Kora'h pour une vrai égalité, le jour du Shabbath doit disparaître, et nous devons revenir à une semaine de 6 jours de 28 heures, en place des 24h actuelles, avec le rythme jour-nuit sur cette nouvelle base.
On aurait alors en quelques jours une modification totale, et ce qui aurait été le jour sera la nuit, et inversement.

Moché dit à Kora'h que de même que l'on ne peut pas changer le calendrier des jours et des semaines, nous ne pouvons pas changer Moché et Aharon de leur position de responsables, car cela enlèverait la paix entre les gens.

"Datan et Aviram s'avançaient fièrement à l'entrée de leurs tentes avec leurs femmes, leurs fils et leurs jeunes enfants" (Kora'h 16,27)

-> Rachi de commenter (en rapportant le midrach Tan'houma) :
"Viens voir combien la discorde est dévastatrice, car le tribunal terrestre ne sanctionne qu'à partir de l'âge de 13 ans (après les signes de puberté) et le Tribunal céleste ne sanctionne que ceux qui ont dépassé 20 ans, mais ici périrent même les nourrissons qui tétaient leurs mères"

Si les adultes ont fauté, pourquoi ces bébés innocents ont-ils subi ce châtiment?

<--->

-> "Moché se leva et alla vers Datan et Aviram" (Kora’h 16,25)
La guémara (Sanhédrin 110a) rapporte au nom de Rech Lakich : "Nous apprenons de là qu’on n’entretient pas un conflit". (car Moché a négligé son honneur et il est allé lui-même pour calmer la dissension)
Rav a dit : Quiconque entretient un conflit transgresse une interdiction, ainsi qu’il est dit : "il ne sera pas comme Kora’h et ses partisans" (Kora’h 17,5).
La Michna Broura (156,4) statue que quiconque entretient un conflit transgresse cette interdiction.

-> Le midrach (Bamidbar rabba 18) dit :
Voyez combien la discorde est grave! Celui qui contribue à désunir, le Hachem détruit son souvenir, ainsi qu’il est dit : "Car un feu sortit de Hachem et dévora les 250 cinquante hommes" (Kora’h 16,35).
Rabbi Berakhia a dit : "Combien la discorde est grave! Le tribunal terrestre punit uniquement à partir de
vingt ans, et le tribunal céleste ne punit qu’à partir de treize ans, alors que dans le conflit de Kora’h, des bébés d’un jour ont été brûlés et avalés par l’abîme, ainsi qu’il est dit : "Leurs femmes, leurs fils et leurs petits enfants, ils sont descendus, eux et tout ce qui leur appartenait, vivants dans l’abîme" (Kora’h 16,33).

-> Le ‘Hafets ‘Haïm écrit :
C’est un devoir sacré de ne pas prolonger un conflit, même si l’on a totalement raison. Nous l’apprenons de Moché, ainsi qu’il est écrit : "Il se leva et alla trouver Datan et Aviram".
Cela signifie que Moché n’a pas voulu prolonger le conflit, c’est pourquoi il est allé vers eux pour qu’ils fassent marche arrière. Ceci nous enseigne que ce n’est pas seulement d’entrer en conflit qui est interdit, mais aussi que si quelqu’un a la possibilité d’apaiser un conflit et ne le fait pas, lui aussi en porte la responsabilité et transgresse une interdiction de la Torah.
Comme l’ont dit nos Sages, 4 personnes s’appellent "racha" : celui qui tend la main vers le prochain pour le frapper, celui qui emprunte et ne rembourse pas, l’insolent, et celui qui entretient un conflit, ainsi qu’il est dit : "Ecartez-vous des tentes de ces réchaïm".
Les Sages ont également dit : s’il y a un conflit dans la maison, elle finira par être détruite, s’il y a un conflit dans la synagogue, elle finira par être dispersée, et de plus elle finira par être désertée. S’il y a un conflit dans la ville, le sang sera versé dans la ville.
Deux talmidei ‘hakhamim qui habitent dans une même ville et deux tribunaux rabbiniques entre lesquels il y a une controverse, finiront par disparaître.

-> Les Sages ont également dit qu’un conflit qui n’est pas désintéressé n’a aucun avenir, et cela se trouve en allusion dans le mot ma’hloket (conflit - מחלקת) qui est formé des initiales de : ‘helek met (une partie morte - חלק מת), ce qui signifie qu’aucun des côtés n’en tirera le moindre bénéfice.
Le mot ma’hloket (מחלקת) se tient sur la jambe du kouf, ce qui est une allusion au manque de stabilité des 2 parties qui sont en contestation. Les deux sont appelées à perdre.

-> Kora’h et ses hommes n’ont pas été avalés immédiatement, mais la terre les a attirés de force et les a aspirés en son sein exactement comme un aspirateur (d’après le Alcheikh haKadoch).
Même les biens personnels de Kora’h et ses affaires personnelles qui étaient dispersées dans tout le camp, la terre les attirait, et si ses voisins lui avaient emprunté une aiguille, elle était attirée et avalée par la terre.
Nos Sages ont dit que même le nom de Kora’h qui était écrit dans les papiers des autres a été effacé et a disparu (Yérouchalmi Pérek ‘Helek).
=> Quand la terre a terminé son travail, il ne restait aucun souvenir de Kora’h. Nous apprenons de là le terrible châtiment de ceux qui encouragent les conflits, pour que même Hachem ne souhaite laisser d’eux aucun souvenir en ce monde.
[on voit bien l'application de la notion de : ma’hloket (conflit - מחלקת) => ‘helek met (une partie morte - חלק)]
Nous devons faire tout son possible pour éviter les dissensions, qui sont absolument détestées de Hachem.

<--->

-> Le Méam Loez (Kora'h 16,35) écrit :
La rébellion de Kora'h nous apprend à quel pont il faut éviter la discorde ...
La controverse est si pernicieuse que D. efface le souvenir des hommes qui y ont pris part, comme il est écrit : "Du feu descendit de D. et consuma les 250 hommes qui offraient l'encens" (Kora'h 16,35).
Nos Sages enseignent que le nom Kora'h, où qu'il ait été écrit, et jusque dans de simples carnets, fut effacé et disparut.
Le verset le signale par les mots : "La terre se referma sur eux et ils furent perdus pour la communauté". La fin de la phrase, apparemment superflue, vient nous apprendre que même leurs noms furent effacés.

D'autres commentateurs déduisent de ces termes que les rebelles n'eurent pas de part au monde futur. En d'autres termes, le verset nous révèle qu'ils furent non seulement engloutis par la terre mais perdus pour la communauté possédant une part au monde futur.

<--->

-> "De peur qu'il n'existe en vous de racine qui développerait des fruits empoisonnés et amers" (Ki Tavo 29,17) ;

Le Ramban de commenter : "Les racines du mal implantées chez le père se développent et, dans le futur, feront sortir de mauvais fruits, amers ..., car le père enracine et le fils conserve ces racines et les développe."

-> Rabbi 'Haïm Chmouévitch (Si'ha 86) de développer cela :
Du fait que Datan et Aviram sont des querelleurs, leurs enfants après eux seront également des querelleurs et leur esprit de discorde sera encore supérieur à celui manifesté par leurs pères, car les racines du mal se développent chez les enfants.

C'est pourquoi, ces nourrissons ont également été engloutis : il est préférable qu'ils meurent innocents en bas âge que de mourir coupable à l'âge adulte.
Il est écrit (à propos du fils rebelle) : "Qu'il meure innocent plutôt que coupable" (guémara Sanhédrin 107a).

On peut retenir :
-> "Viens voir combien la discorde est dévastatrice" ;
-> nous transmettons à nos enfants plus qu'un patrimoine génétique, car nos "gènes spirituels" passent aussi à nos enfants.
C'est ainsi, que si l'on veut des enfants tsadikim, il faut commencer par y tendre soi-même.

<--->

-> Rabbi Akiba sur le verset (Kédochim 19,18) dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est un grand principe de la Torah" (Yérouchalmi Nédarim ch. 9 halakhah 4).

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°372) ajoute :
La Torah n’a pas écrit "Tu aimeras ton ami (‘haverekha)", mais "Tu aimeras ton prochain (réakha)", mot qu’on peut interpréter selon la racine "ra" (le mal), c’est-à-dire que même si ton ami est mauvais (ra) avec toi, tu dois l’aimer. Mais le mauvais penchant ne permet pas tout cela et n’amène que la discorde, comme cela s’est produit dans la dissension de Kora’h et de ses partisans contre Moché.

<-------------------------------------------------->

+ La discorde :

-> "Le Shalom est tellement important que même si un groupe de juifs servent les idoles et que la paix règne parmi eux, le Satan ne peut pas les atteindre, comme il est dit : 'Ephraïm est attaché aux idoles, qu'on le laisse!' (Ochéa 4,17).
Par contre, s'ils sont en discorde, qu'est-il dit à leur sujet? 'Leur cœur est partagé, ils en portent la faute maintenant' (Ochéa 10,2).
Ainsi, le Shalom est grand et la discorde est détestée."
[Yalkout Chimoni - Nasso 611]

-> "La génération du roi David était composée d'hommes justes. Mais, du fait qu'il y avait parmi eux des délateurs, ils sortaient en guerre et tombaient.
[...]
Par contre, les gens de la génération du roi A'hav, plongés dans l'idolâtrie, descendaient en guerre et étaient vainqueurs par le fait qu'il n'y avait pas de délateurs parmi eux"
[guémara Yérouchalmi - Péa 1,1]

-> "Deux personnes se querellaient chaque veille de Shabbath, excitées par le Satan.
Rabbi Méïr s'est invité chez eux 3 veilles de Shabbath consécutives jusqu'à rétablir la paix.
Rabbi Méïr entendit alors le Satan qui disait : 'Malheur à moi, car Méïr m'a chassé de ma maison!' "
[guémara Guittin 52a]

-> "Vous n'allumerez pas de feu dans vos demeures le jour de Shabbath" (Vayakel 35,3)
Le Zohar commente qu'il nous est également interdit d'attiser le feu de la dispute, car le Shabbath est un jour incompatible avec les discordes (on dit pas : Shabbath Shalom, pour rien!).

C'est pourquoi le yétser ara utilise tous les moyens pour troubler notre sérénité la veille et le jour du Sabbath (ex: on relâche la pression/fatigue de la semaine, l'arrivée précipitée du Shabbath, plus de temps pour parler et dire du lachon ara, ...).

<--->

-> b'h, sur la notion de colère & Shabbath : http://todahm.com/2014/02/23/1206-2

<------------------->

-> "Du fait que le peuple d'Israël a détesté la querelle et aimé le Shalom, ils ont constitué un campement unitaire, c'était le moment propice pour que Je leur donne Ma Torah"
[Talmud Déré'h Erets Zouta - 11]

-> "Lorsque Israël est uni dans la fraternité et l'amitié, alors Hachem est roi sur le peuple d'Israël.
Par contre, au moment où le peuple et ses dirigeants sont divisés, la présence divine se retire et, si l'on peut dire, Hachem n'est plus roi sur son peuple"
[Baalé haTossefot - sur Dévarim 33,5]

-> "Que D. bénisse son peuple dans le Shalom!" (roi David - Téhilim 28,11)

-> "Grand est le Shalom, au point que toute la Torah n'a été donnée que pour qu'il y est le Shalom dans le monde" [Rambam - Hilkhot Méguila 4,14]

-> Le rav Yaakov Greenwald explique qu'il y a 3 types de Shalom : avec soi-même (qui n'est possible qu'à partir du moment où l'on est toujours satisfait de ce que l'on a car provenant de D. ; il faut se focaliser sur ce que l'on a plutôt que sur ce que l'où voudrait avoir ou bien sur ce que l'on aurait pu perdre qui restera toujours minime devant tout ce qui nous reste : la vie!), avec autrui, et avec Hachem.

<------------------------------------------------->

+ Lorsque la controverse est utile :

-> "Toute divergence (ou discorde) dont les motifs sont purs (léchem chamayim) finira par se maintenir (la finalité étant constructive, elle aboutira à une clarification de la vérité) ; celle dont les motifs sont impurs ou égoïstes finira par avorter.
Quel est l'exemple de divergence avec motifs purs? C'était celle de Hillel et Chamaï.
Quel est l'exemple de divergence avec motifs impurs? C'était la dispute de Kora'h et de son assemblée."
[Pirké Avot 5,17]

-> L'exemple de Kora'h :
"Moché a voulu discuter avec Kora'h pour l'apaiser, mais Kora'h ne lui répondait pas le moindre mot, car il avait mis son intelligence au service du mal.
Kora'h se dit : 'Si je lui réponds, je sais qu'il est un grand sage et qu'il va me vaincre dans cette discussion et je devrai accepter ses paroles contre mon gré. Il est donc préférable de l'ignorer.' "
[Yalkout Chimoni - Kora'h 750]

Rabbi Yonathan Eybeschutz demande : pourquoi est-il écrit : "C'était la dispute de Kora'h et de son assemblée"? N'était-elle pas entre Moché et Kora'h?
Il répond qu'on apprend de là qu'il n'y avait aucune dispute avec Moché, qui au contraire faisait tout son possible pour apaiser cette querelle.
[Rachi (Kora'h 16,12) citant la guémara (Sanhedrin 110a) : "D'où l’on apprend que l’on ne doit pas s’obstiner dans une querelle, puisque Moché insistait auprès d’eux afin de les calmer par des paroles conciliantes."]
C'était au niveau de Kora'h et de son assemblée que se situait la dispute : chacun combattant pour avoir un maximum de pouvoir et de force.

-> L'exemple d'Hillel et de Chamaï :
"Pourquoi Hillel a-t-il mérité que la loi soit fixée (en général) d'après son opinion?
C'est parce que ses disciples enseignaient les paroles de l'école de (leur maître) Hillel et aussi celle de l'école de Chamaï. Mieux encore, ils citaient les paroles de Bet Chamaï avant les leurs"
[guémara Erouvin 13b]
[Leur controverse ne visait que la gloire du nom de D. et avait lieu uniquement dans la maison d’étude. Et malgré tout, les disciples de Hillel, avec humilité, étudiaient les paroles de la maison de Chamaï et les approfondissaient avant d’analyser celles de leur propre maître.]

Ainsi, le "léchem chamayim" se caractérise par l'écoute des arguments de l'autre et à les accepter s'ils sont convaincants, et ainsi qu'à ne s'opposer à l'autre que parce qu'il pense que sa propre opinion traduit la vérité.

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1142) écrit :
"Hillel et Chamaï n’étaient en conflit qu’entre les murs de la maison d’étude et, même dans l’enceinte de celle-ci, les partisans de l’école de Hillel étudiaient la position de l’école de Chamaï avant de se prononcer et d’exprimer avec respect leur désaccord. C’est la raison pour laquelle leur avis fut retenu en matière de loi.
Dès qu’ils quittaient le beit hamidrach, ils faisaient la paix entre eux. Nos Sages (guémara Yébamot 14b) affirment même qu’en dépit de leur désaccord dans l’étude, les adeptes des deux écoles se mariaient entre eux, ce qui prouve qu’ils s’appréciaient, en vertu du verset : "Mais chérissez la vérité et la paix!"
[Ainsi, cette controverse était, du début jusqu’à la fin, pour l’amour du Ciel, et c’est pourquoi elle a subsisté.]

[Dans les termes de la guémara (Yébamot 14b) : "Même si Beit Hillel et Beit Chamaï s’opposaient au sujet des "tsarot" (co-épouses), cela ne les empêchait pas de se marier entre eux".]

<--------------->

-> "Celui qui s'oppose à son prochain, non pas avec une intention de le contredire, mais avec la seule volonté de connaître la vérité, ses paroles se maintiendront et ne cesseront pas (d'exister)."
[Ramban - Pirouch haMichnaïot - Pirké Avot 5,17]

<--------------->

-> "Même un père et son fils, même un maître et son élève, deviennent des 'ennemis' lorsqu'ils discutent de la Torah à la même porte.
Mais ils ne quittent les lieux (où ils étudient) que lorsqu'ils redeviennent des amis."
[guémara Kidouchin 30b]

Rachi commente : "ils deviennent des ennemis", par :
"Du fait qu'ils s'opposent l'un à l'autre et aucun d'entre eux n'accepte (au début de leur discussion) les arguments de l'autre."

Le Méiri d'expliquer : "Leur controverse n'avait pas pour intention de vaincre l'autre (sur le plan des idées), mais les deux avaient pour intention d'aboutir à la vérité."

<--------------->

-> On peut citer l'exemple de Rabbi Yo'hanan qui regretta fortement la mort de son beau-frère et compagnon d'étude Rech Lakich. Il dit ainsi :
"Lorsque j'avançais une affirmation, Rech Lakich me faisait 24 objections auxquelles je devais fournir 24 réponses et nos échanges étaient fructueux (notre étude était profitable)."
[guémara Baba Métsia 84a]

Une étude est féconde, lorsqu'elle provient d'opinions divergentes et de discussions qui débouchent sur la vérité.
Elle conduit également à lier fortement ses participants (tous unis par la recherche du véritable émet).

-> b"h, Tâchons de veiller à ce que nos discordes soient toujours "pures", dans un but véritable de "léchem chamayim".
C'est alors que chaque personne peut amener sa contribution personnelle, à une démarche collective unique de dévoilement du émet.

<--------------->

-> "Toute controverse (ma'hloket) menée pour le nom du Ciel (léchem chamayim) se maintiendra et toute controverse non menée pour le nom du Ciel ne se maintiendra pas.
Quelle controverse fut pour le nom du Ciel? C'est celle de Chamai et de Hillel.
Quelle controverse ne fut pas pour la Gloire du Ciel? C'est celle de Kora'h et de son assemblée" (Pirké Avot 5,17)

-> On peut rapporter à ce sujet les enseignements suivants :
1°/ Pourquoi la michna ne dit-elle pas "celle (la controverse) de Kora'h et de Moché", comme elle dit "celle de Chamaï et de Hillel"? Parce ce que Moché agissait au nom du Ciel mais Kora'h et son clan n'agissaient pas au nom du Ciel. [midrach Chmouel]

2°/ L'expression "celle de Kora'h et de son assemblée» nous laisse entendre que des dissensions régnaient entre eux aussi. Chacun poursuivait un autre but et ils n'étaient unis que pour une chose : Se rebeller contre Moché.
Leur dispute n'était donc pas engagée au nom du Ciel. [Maor vaChémech]

3°/ Il est dit "Chamaï et Hillel" et non "Beth Chamai et Beth Hillel" parce que Chamai et Hillel avaient certainement une intention pure. Mais il est possible que des intérêts personnels aient intervenu dans les motivations de leurs disciples (Beth désigne le Rav et ses disciples) car chacun dit : "Mon Maître est plus grand que le tien". Malgré cela, leur dispute est considérée comme étant au nom du Ciel. [Noam Elimélekh]

4°/ Comment savons-nous que la dispute de Kora'h et de son clan n'était pas au nom du Ciel?
Parce que Kora'h contredit son Maître Moché, or quiconque s'oppose à son Rav, c'est comme s'il s'opposait à la Présence divine. Il est donc impossible qu'ils aient agi au nom du Ciel. [Mayana Chel Torah]

5°/ Au lieu de favoriser la proximité avec D., Kora'h et ses acolytes n'ont fait que créer un "éloignement" là noter que le nom "Kora'h" (קרח) et le mot "Ra'hok" (loin - רחק) sont composés des mêmes lettres].
C'est pourquoi, ils ont été punis "mesure pour mesure" : ils ont été éloignés du camp et engloutis par la terre.
En revanche, Moché, antithèse de Kora'h, symbolise le rapprochement et l'union. Ainsi, dans le nom de Moché, apparaît de manière allusive al qualité d'intermédiaire et de médiateur entre la Bonté et la Rigueur.
En effet, Moché (משה) comporte les initiales des mots : "ma'hlokét Chamaï Hillel" (מחלוקת שמאי הלל).
[Sfat Emet]

Or, comme on peut le remarquer dans la guémara, l'école de Chamaï interdit (expression de la Rigueur) alors que l'école d'Hillel permet (l'expression de Bonté), Ainsi, Moché comprend-il en lui les 2 tendances opposées (ma'hlokét) qu'il unifie à leur source. [Ohr haTorah]

"Kora'h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit ..." (Kora'h 16,1)

-> "Kora'h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l'Arche"
[midrach Bamidbar rabba 18,3]

-> "[Kora'h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui"
[midrach Bamidbar rabba 18,9]

-> "Aharon et Kora'h étaient égaux [en grandeur]"
[midrach Bamidbar rabba 18,17]

=> Comment est-ce possible qu'il soit tombé si bas au point de se rebeller contre D. et Ses Cohanim et de nier les principes de la foi?
D'ailleurs, la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10,1) qualifie Kora'h de renégat et rapporte : "A ce moment là, Kora'h dit : La Torah n'est pas d'origine divine, Moché n'est pas prophète et Aharon n'est pas Cohen".

=> Dans quel domaine a-t-il échoué pour tout perdre?

Kora'h était égal à Aharon, mais il n'a pas admis le fait qu'il n'ait pas été choisi pour la prêtrise (Cohen Gadol).
Dès que Kora'h s'est senti en position d'infériorité par rapport à Aharon, il ne pouvait plus trouver de satisfaction dans quoi que ce soit.
Cela l'a poussé à réhausser son honneur et sa fonction au-dessus de ceux d'Aharon à tout prix, désir qui l'a finalement conduit à l'hérésie et à la rébellion contre D.

=> Tout ce qui lui manquait, c'était une mesure d'humilité.

Quant à Aharon, il avait atteint la perfection dans l'attribut de l'humilité.
Il s'est par exemple réjoui intérieurement lorsque son jeune frère (Moché) est venu diriger le peuple juif.

Par ailleurs, après avoir écouté les paroles de Kora'h, il est écrit : "Moché entendit et tomba sur sa face" (Bamidbar 16,4).
Le Ramban de commenter : "il n'est pas dit 'ils tombèrent' car Aharon dans son raffinement et sa sainteté, ne réagit absolument pas pendant toute cette querelle. Il a gardé le silence, comme s'il reconnait que Kora'h était plus grand que lui, mais qu'il avait simplement suivi l'ordre de Moché et accompli le décret du roi".

<---------------->

-> "Si une personne s'abaisse, D. l'élève ; et si une personne s'élève, D. l'abaisse. Si un homme poursuit les honneurs, les honneurs le fuient, mais si un homme fuit les honneurs, les honneurs le poursuivront."
[guémara Erouvin 13b]

-> "Dans Sa colère, Hachem abaisse les arrogants et selon Sa volonté, Il élève ceux qui sont abaissés.
Ainsi, abaisse-toi et D. t'élèvera"
[Iguéret haRamban]

-> Lorsque Kayin a vu que D. avait accepté l'offrande de Hével, il n'a pas pu supporter d'admettre la supériorité de son frère, car elle faisait ressortir son échec.
Il a tué son jeune frère uniquement parce qu'il ne pouvait pas admettre qu'il était inférieur à lui.

Le Ramban commente les paroles de D. à Kayin (Béréchit 4,7) en disant que s'il s'était amélioré et avait dominé sa jalousie envers son frère, D. l'aurait élevé à un niveau où il aurait eu plus d'honneurs que Hével.

=> Le meilleur moyen de se priver d'honneurs, c'est d'y porter son attention ...
[en cherchant à en avoir, ou en cherchant à ne pas en avoir!]

N'oublions pas que chaque honneur dans ce monde ne vient qu'après un décret de D.
Pourquoi alors s'en préoccuper : si D. pense que c'est bien pour moi j'en aurai, sinon j'ai beau faire tous les efforts du monde, je n'en aurai pas.

Tâchons plutôt (b"h) d'investir notre temps et nos forces à apprécier la chance que l'on a d'être en vie, toutes les bonnes choses dont D. nous comble.

"Il prit Kora'h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Levi et Datan et Aviram ... Ils se rassemblèrent contre Moché et Aharon" (Kora'h 16,1-3)

-> L'auteur du "Adéret Eliyahou" rapporte au nom du Arizal une explication sur le verset suivant : "Si Cain doit être vengé 7 fois" (ki chiv'atayim youkam (יֻקַּם) Caïn - Béréchit 4,24).
Sache que les lettres du mot יֻקַּם (youkam - vengé) forment les acronymes de : Yitro (יתרו), Kora'h (קרח) et Egyptien (מצרי).
En effet, ces 3 personnages proviennent de la racine de Cain et sont une réincarnation de son âme. Ces 3 réincarnations vont achever leur réparation par l'intermédiaire de Moché qui était la réincarnation d'Hével.

=> Comment est-il possible qu'une âme se réincarne dans trois personnes différentes durant la même génération?

-> L'âme de Cain se divisait en 3 parties : le néfech, le roua'h et la néchama, et chacune d'entre elles s'est réincarnée dans les 3 personnages cités ci-dessus.

Le néfech, qui est la partie la moins élevée de l'âme du fait de son emprise plus importante de la souillure du serpent originel, s'est réincarnée dans l'Égyptien qui était un non juif malveillant où le mal dominait le bien au niveau du néfech.
Moché en tant que réincarnation d'Hével voulut réparer le néfech de Caïn son frère et libérer le bien qui était mélangé au mal de cet Égyptien. Ainsi, il ne le tua pas par l'épée mais en prononçant le Nom divin de 42 lettres afin d'élever les étincelles de sainteté qu'il contenait.

Le roua'h de Caïn se réincarna dans Kora'h, qui était le chef de la tribu de Lévi, et il se rebella malgré tout et suscita la dispute contre Moché.

Enfin, la néchama de Cain se réincarna dans Yitro le beau-père de Moché.
C'est la raison pour laquelle Moché épousa Tsipora sa fille afin de compléter la réparation de Cain, comme cela est expliqué dans le Zohar (tikouné Zohar 69).

Ainsi, une âme peut se réincarner dans plusieurs individus vivant à une même époque, qui devront chacun réparer une partie différente de cette dernière.

<--------------------->

+ "Il prit Kora'h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Levi et Datan et Aviram ... Ils se rassemblèrent contre Moché et Aharon" (Kora'h 16,1-3)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 109b) demandent ce que signifie l'expression : "Il prit"?
Rech Lakich enseigne qu'il "fit une mauvaise prise".

=> Quel est le secret de cet enseignement?

-> Rabbi 'Haïm Vital (chaar hapessoukim Kora'h) écrit au nom de son maître le Arizal :
Tu dois savoir que Moché contenait en lui la partie pure du néfech d'Hével, comme nous l'avons déjà expliqué.
Toute la génération du désert est comparable aux branches issues du tronc qu'incarnait Moché d'après le secret du verset : "Ce peuple parmi lequel je suis" (Béaaloté'ha 11,21) = tu dois également savoir que c'est la partie impure du roua'h de Caïn qui se réincarna dans Kora'h.

À présent, nous allons expliquer la dispute de Korah avec Moché sous un nouvel angle.
Sache que le néfech d'Hével incluait une multitude d'étincelles d'âme bonnes et mauvaises qui se sont mélangées. Les étincelles impures étaient au nombre de 308, tandis que les étincelles pures d'Hével étaient au nombre de 37, comme la valeur numérique de son nom.
En effet, il fut nommé Hével (הבל) au nom des étincelles d'âmes pures qu'il contenait.
Hével (הבל) ne répara que 37 étincelles de son âme sur les 345 qu'elle contenait car il contempla la Présence divine et sa vie fut écourtée.

Ainsi, lorsque tu soustrais la valeur numérique du nom de Hével (הבל) soit 37 à celle de Moché (משה) soit 345, tu obtiens le nom de Kora'h (קרח) soit 308.
Les 308 étincelles d'âme impures d'Hével se sont retrouvées essentiellement réincarnées dans le néfech de Kora'h, dont la valeur numérique de son nom est de 308.
Par contre Moché, qui était la réincarnation d'Hével, était parfaitement bon et sa réparation était complète, comme il est écrit : "La femme conçut et donna naissance à un fils. Elle le vit, il était bon" (Chémot 2,2). Ainsi, Moché avait la capacité de réparer les étincelles de l'âme de Kora'h.

Cependant, après s'être rebellé contre Moché, même la partie impure du roua'h de Caïn s'est attaché au roua'h de Kora'h. Il ajouta du mal au mal qu'il avait déjà en lui et ne put y faire face. Et c'est la raison pour laquelle il fut intégralement effacé du monde, corps et âme.

C'est le secret du début de notre verset : "Il fit une mauvaise prise". Qu'a-t-il pris?
Il prit le mauvais côté du roua'h de Caïn.

Ainsi, lorsque Kora'h vit que la partie négative du roua'h de Cain s'attacha à lui, il ne put se soumettre à Moché et s'insurgea contre lui.
Ainsi cette dispute (ma'hloket) prit racine de la toute première ma'hloket de l'humanité qui amena
le meurtre dans le monde.

-> Nous pouvons également ajouter un autre enseignement :
le nom de Kora'h (קרח) a la même valeur numérique que les termes צד רוח (tsad roua'h - le côté du roua'h) car il hérita seulement d'un seul côté de cette partie de l'âme qui est la partie impure de Cain, tandis que la partie pure se réincarna dans le prophète Chmouel, comme le rapporte le Ari Zal. (chaar haguilgoulim - hakdama 8).
[Tsor ha'Haïm - Kora'h]

"Le clan de Kora'h plongeait et descendait [indéfiniment] en enfer jusqu'à ce que 'Hanna prie pour eux"
[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,4]
Rabbi 'Haïm Kanievsky fait remarquer que des centaines d'années ont passé depuis l'époque de Kora'h et son clan jusqu'à 'Hanna.
Pendant tout ce temps, Kora'h et son clan se trouvaient en chute libre dans les profondeurs insondables de l'enfer.
Sans la prière de 'Hanna qui a arrêté leur chute, ils auraient continué à descendre encore plus bas ...
Cela nous apprend combien l'enfer est profond, et comment peut être redoutable le jugement céleste.

<---------------->

-> De son côté, rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1091) écrit :
"Nos Sages (guémara Baba Batra 74a) affirment que, dans les temps messianiques, Kora’h méritera la vie du monde futur.
A travers les dernières lettres du verset : "Le juste fleurit comme le palmier" (צַדִּיק כַּתָּמָר יִפְרָח - Téhilim 92,13), formant le nom de Kora’h, le Arizal voit une allusion au fait que Kora'h se repentit lors de ses derniers instants.
Nous pouvons expliquer que, de même que ses fils ne moururent pas parce qu’ils se repentirent, Kora’h fit lui aussi repentance de manière ultime. Il est possible qu’à l’instant même où la terre s’ouvrit pour l’engloutir, il éprouva des pensées de contrition, mais il était alors déjà trop tard.

On peut présumer que celles-ci lui vinrent grâce à ses enfants. En effet, nos Sages affirment (midrach Yalkout Chimoni, Kora’h 752) : "Par quel mérite les fils de Kora’h furent-ils épargnés? Alors qu’ils étaient assis chez leur père, ils aperçurent soudain Moché et cachèrent immédiatement leur visage dans le sol, se disant : “Si nous nous levons devant notre Moché rabénou, nous humilierons notre père, alors que nous avons l’ordre de le respecter. Et si nous ne nous levons pas, nous enfreindrons l’ordre de la Torah de se lever devant une tête blanche (Vayikra 19,32). Il vaut mieux que nous nous levions devant Moché, quitte à humilier notre père.” A ce moment, leur cœur les poussa à se repentir et le roi David leur attribua le verset “Mon cœur agite un beau dessein.” (Téhilim 45,2)."

D’après ce Midrach, il semble clair que, si Kora’h se repentit de manière ultime, c’est sous l’influence de ses fils qu’il vit hésiter concernant la manière de se comporter et, finalement, opter pour rendre honneur à Moché. Leur exemple s’ancra en lui et éveilla, ultimement, des pensées de repentir. Il désira également se repentir, gêné par le dérekh érets témoigné par ses enfants, mais il lui fut trop difficile de surmonter son penchant pour la recherche des honneurs et la fierté qui l’animait.

Ce n’est qu’au moment où il constata que son sort avait été scellé et que sa fin était imminente que ses sentiments de contrition prirent le dessus. Mais il était trop tard et il fut englouti par la terre, à cause de la grande profanation du Nom divin qu’il avait causée.

En outre, Moché avait décrété à son encontre que D. le frapperait d’une punition tout à fait nouvelle afin que tous constatent qu’il était bien Son élu et n’agissait pas de sa propre initiative, contrairement à ce que Kora’h avait tenté de leur faire croire. Le Créateur devait donc immédiatement lui attribuer cette sanction afin de bien mettre les choses au clair.
Toutefois, dans les temps futurs, Hachem acceptera son repentir et lui donnera droit au monde futur. ‘Hanna le prophétisa en disant : "Hachem fait mourir et vivre ; Il précipite au tombeau et en retire" (Chmouel I 2,6)."

<--->

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°474) rapporte :
"Les kabbalistes ont écrit (voir les Likoutei Torah du Arizal sur la parachat Ki Tissa, et "Cha’ar HaPessoukim" sur Ye’hezkel 20) que dans l’avenir, Kora’h sera très important, et servira comme grand prêtre (Cohen Gadol) dans le 3e Temple.
Ils s’appuient sur le verset : "Le juste fleurira comme le palmier" (tsadik katamat yifra’h - Téhilim 92,13), dont les dernières lettres forment le mot Kora’h, ce qui nous enseigne que ce tsadik va encore fleurir comme le palmier."