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"Tout le pays d'Egypte commença à ressentir la famine, et le peuple mit à crier auprès de Pharaon pour du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens : "Allez à Yossef, ce qu'il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

-> Rachi commente : Yossef leur disait de se faire circoncire, [et c'est à cette condition qu'il leur donnerait de quoi manger].

=> Quel est l'intérêt d'un tel décret? Pourquoi imposer à des non-juifs de se circoncire?

-> Rabbi Yonatan Eibeschuetz apporte 2 réponses :
- 1°/ Dans le Yaarot Dvach, il enseigne que Yossef savait par inspiration Divine que sa famille était amenée à descendre en Egypte, et qu'au fil du temps, les juifs allaient s'installer et prendre leurs marques dans ce pays.
Ainsi, Yossef craignait que la génération suivante ne cherche à s'intégrer voire même à s'assimiler aux égyptiens, et que cela l'amène à arrêter de se circoncire pour ressembler aux égyptiens.

=> C'est pourquoi, pour éviter de telles fâcheuses conséquences, Yossef a anticipé les choses et a émis le décret que les égyptiens doivent se circoncire. De la sorte, même si dans l'avenir les juifs cherchent à ressembler aux égyptiens, au moins ils ne lâcheront pas la circoncision.
En effet puisque les égyptiens seront aussi circoncis, pour leur ressembler, les juifs ne se priveront pas de se circoncire.

De cette façon, ce décret de Yossef venait pour protéger la mitsva de la cironcision (mila) pour les juifs des générations suivantes.

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- 2°/ Dans son Tiféret Yonathan, il rapporte l'enseignement des commentateurs selon lequel la circoncision (mila) réduit le désir et les pulsions de l'homme.
Or, nos Sages disent que les égyptiens étaient embourbés dans la débauche, les mœurs étaient particulièrement dépravées/immorales en Egypte.

D'autre part, nos Sages rapportent que la débauche amène à la pauvreté : "Celui qui se laisse aller à la perversion finira par en venir à demander du pain et il n'en trouvera même pas".
[par exemple, dans le Séfer haMidot (partie sur l'argent, point n°66) de rabbi Na'hman de Breslev, il est écrit : "L'immoralité sexuelle entraîne la pauvreté".]

Ainsi, Yossef craignait que malgré ses réserves, la pauvreté et la faim se renforcent en Egypte du fait de l'immoralité de ses habitants.
Pour tempérer leurs pulsions et tenter de réduire la débauche dans ce pays, Yossef décréta que les égyptiens doivent se circoncire.
=> De cette façon, Yossef cherchait à préserver les réserves de blé, et d'éviter que la pauvreté et la famine se renforcent aussi en Egypte.

-> D'ailleurs, le Kli Yakar ajoute que c'est parce que Yossef a préservé son alliance de la circoncision (mila) et n'a pas succombé à la tentation de se débaucher avec la femme de Potifar, qu'il mérita que ce soit justement lui qui nourrisse l'Egypte et engrange de la récolte pendant les années d'abondance pour préparer les années de famine, sans que sa récolte ne pourrisse.

=> En effet, car si la débauche entraîne la pauvreté, le fait de résister à cette faute amène la bénédiction au niveau de la récolte (subsistance/parnassa).

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-> Le Alchikh haKadoch explique que la famine qui devait sévir dans le monde provenait des influences astrales. C'est ainsi que cette famine était annoncée à travers les 7 vaches maigres du rêve de Pharaon.

Le chiffre 7 évoque la marche naturelle du monde basée sur les 7 astres dont l'influence se succède pendant les 7 jours de la semaine.
Pour dépasser cette famine émanant des astres, Yossef imposa aux égyptiens de se circoncire, car la circoncision permet d'élever l'homme au-dessus des astres et des étoiles.

En effet, le prépuce fige l'individu sous le règne naturel du monde et la circoncision le libère des influences astrales. D'ailleurs, cela est une des raisons pour laquelle un juif doit se circoncire le 8e jour de sa vie, car le chiffre 8, qui est au-dessus du 7, représente justement la dimension qui dépasse la nature et les astres.

=> En imposant que les égyptiens se circoncissent, Yossef cherchait à élever l'Egypte à une dimension surnaturelle, en vue de la libérer du décret astral concernant la famine.

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-> Le Maskil léDavid rapporte le commentaire de Rachi qui dit que quand les frères ont vendu Yossef, ils ont conclu entre eux un vœu pour interdire à quiconque de révéler cette vente, et d'ailleurs Hachem Lui-même s'est associé à eux pour s'engager à garder ce secret.
C'est d'ailleurs pourquoi Hachem n'a pas révélé à Yaakov que son fils se trouve en Egypte [malgré le fait qu'il avait l'inspiration Divine!].

Puisque Yossef connaissait ce vœu, il ne pouvait pas informer sa famille et leur donner des nouvelles.
D'un autre côté, il s'imaginait bien dans quelle peine se trouvait son père pour penser avoir perdu son fils bien-aimé. Et Yossef se sentait avoir le devoir de le rassurer pour calmer son angoisse.

=> Il trouva la solution de décréter que les égyptiens se circoncisent. Yossef comptait sur le fait que très probablement, une telle chose se diffuserait dans les alentours.
Un tel décret [aussi incroyable] selon lequel tous les égyptiens doivent se circoncire devra forcément se répandre.

Ainsi, Yossef comptait sur le fait qu'en Canaan aussi, on apprenne cela et que Yaakov en entende parler. Et certainement, s'il entend qu'en Egypte, un homme a décrété que tout le monde doive se circoncire, il saura qu'une telle loi ne peut venir que d'un juif, et il se doutera alors que certainement cela vient de Yossef.
Et cela rassurera son père Yaakov, car il en conclura que Yossef est toujours vivant

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-> Yossef désirait suivre l'exemple d'Avraham, Its'hak et Yaakov, qui avaient converti des non-juifs par la manière douce et en utilisant la logique afin de les amener au judaïsme.

=> Yossef espérait amener les égyptiens par la circoncision à reconnaître le D. vrai et à se soumettre à Sa loi universelle.
[le Yéfé Toar rapporté dans le Méam Loez - Mikets 41,53-54]

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-> "Tout le pays d’Egypte était affligé par la famine, le peuple demanda à grands cris à Pharaon du pain. Pharaon répondit à tous les Égyptiens : "Allez chez Yossef ; ce qu’il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

Rachi explique sur les mots "Ce qu’il vous dira, vous le ferez" : "Parce que Yossef leur avait dit qu’ils devaient se circoncire".

En tant que vice-roi, Yossef gérait toute la nourriture engrangée en Égypte. En échange des bienfaits qu’il avait prodigués aux Égyptiens en subvenant à leurs besoins, Yossef leur demanda de se circoncire.
=> Les commentateurs se demandent pourquoi il fit une telle requête alors que les non-juifs n’ont pas l’obligation de faire la brit mila.

-> Le rav Yérou’ham Leibovitz (Daat Torah - Béréchit - Biourim) propose une réponse intéressante.
Il rapporte un verset de la paracha Vayigach (la paracha suivant Mikets) dans laquelle les égyptiens reconnaissent tout ce que Yossef a fait en leur faveur : "Ils dirent : "Tu nous as fait vivre"" (Vayigach 47,25).
Le midrach (Béréchit rabba Mikets 90,6) raconte qu’ils reconnurent ensuite qu’il leur avait sauvé la vie dans le Olam Hazé (ce monde-ci) et dans le Olam Haba (le monde à Venir) = cela signifie qu’il les a aidés dans le domaine spirituel et matériel.
Les commentateurs de ce midrach (Ets Yossef - Matnot Kéhouna) expliquent comment Yossef les a préservés spirituellement : il les força à pratiquer la brit mila (circoncision).
Cela leur fut d’une grande aide, bien qu’ils restèrent non-juifs. En effet, la Orla (l’excroissance) que l’on retire est source d’une grande impureté et le fait de l’enlever est bénéfique aux non-juifs également.

Le rav Yérou’ham Leibovitz explique ensuite pourquoi Yossef leur imposa la circoncision : il les avait tant aidés matériellement, en leur sauvant littéralement la vie durant la famine qu’il se sentait responsable de les aider aussi spirituellement.

En effet, la meilleure façon d’aider son prochain est de le soutenir au niveau spirituel.
C’est un concept discuté par les commentateurs concernant la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

-> Le Ben Ich ’Haï affirme que malgré la place prépondérante qu’elle occupe dans la Torah, une grande partie de cette mitsva (’aimer son prochain comme soi-même) est négligée par plusieurs personnes. Selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une sollicitude vis-à-vis du bien-être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituel.
Il ajoute que lorsque l’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodigue un bienfait dans la matérialité.

Le Ben Ich ’Haï explique (Péniné Ben Ich ’Haï - Parachat Kédochim) :
"Lorsque l’on soutient l’autre physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps. Mais l’essence de la personne provient du côté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité.
Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par là de transgresser les mitsvot d’Hachem, on manifeste un souci pour son âme et l’on montre que notre amour pour son bien-être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle."
=> Le Ben Ich ‘Haï nous enseigne donc que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse à la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité.

-> Dans le même ordre d’idées, le Or’hot Tsadikim (Chaar Nédivout) nous précise qu’il y a 3 sortes de dons : l’apport d’argent, l’assistance physique (don de soi) et la transmission du savoir.
Il détaille ces 3 formes, puis termine le chapitre en se focalisant sur le fait d’enseigner la Torah aux autres.
Il écrit : "Il faut être particulièrement généreux en ce qui concerne les connaissances en Torah ; instruire autrui et rapprocher son cœur du Ciel. C’est le meilleur don : lui permettre l’accès au Monde Futur."

=> Rav Yérou’ham nous informe que Yossef était d’un tel niveau qu’il sentait que sa bonté envers les égyptiens était incomplète s’il ne sauvait pas aussi leurs âmes.
Cet enseignement est très pertinent dans notre quotidien.

-> Il existe plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Le Ben Ich ’Haï évoque la réprimande, mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut, en prenant moins de risques, partager sa Torah avec les autres. D’ailleurs, nos Sages affirment à diverses reprises que l’enseignement de la Torah est un objectif prioritaire ; la guémara (Roch Hachana 23b) fait savoir que celui qui apprend et qui n’enseigne pas ressemble à un myrte dans le désert.
Le Maharal (Hidouché Haggadot 23b) explique que le myrte est l’arbre le plus parfumé ; il fut créé pour que les gens profitent de son odeur agréable. Un myrte dans le désert ne réalise pas son objectif puisque personne ne jouit de lui. De même, la Torah est là pour être transmise et celui qui y renonce ne réalise pas son but sur terre.

La michna dans Pirké Avot (2,9) déclare : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’enorgueillis pas (Al Ta’hzik Tova Léastmékha), parce que c’est pour cela que tu as été créé."
D’après son sens simple, on comprend de cette michna qu’il ne faut pas se sentir fier de ses réalisations dans l’étude de la Torah parce que c’est le but de la vie.
Cependant, plusieurs commentateurs proposent une interprétation différente et comprennent les mots de la michna au sens littéral. Ils pensent que si quelqu’un a appris beaucoup de Torah, il ne doit pas garder ce bien pour lui-même, mais en faire profiter les autres et l’enseigner. Pourquoi?
Parce que son objectif sur terre est d’apprendre et d’enseigner.
[Rav Yehonathan Gefen]

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-> Yossef veillait scrupuleusement à préserver sa sainteté au point qu’il fut appelé "tsaddik yéssod olam" (Juste fondement du Monde - qui garde l’Alliance de la Mila). Cette qualité lui faisait répugner les hommes incirconcis.
Malgré cela, disent nos Sages dans le midrach, le fait d’avoir marqué les égyptiens du sceau de la Sainteté lui fut compté comme une faute. En effet, le tsaddik doit être tolérant même envers ceux qui sont le contraire de son caractère.
[Sfat Emet]

-> L’imposition de la Mila aux Egyptiens est à mettre en rapport avec le phénomène de moisissure de blé qui se produisait chez eux, mais non chez Yossef. Aussi, ce dernier attribuait-il cette différence aux bienfaits de la brit mila. Celle-ci a, en effet, le pouvoir de conférer la pérennité de vie et de biens à ses adhérents, comme le prouve l’histoire du peuple juif.
Yossef considérait donc l’accomplissement de la Brit Mila comme un antidote de la déchéance et comme une garantie de durée et de persistance (à noter que le mot ברית – Brit (alliance de la Mila) est traduit en araméen, dans le commentaire de Onkelos (Lé'ha Lé'ha 17,11), par le mot קימא – Kima qui signifie "survie"). [voir Rabbénou Bé’hayé].

Yossef de la prison au titre de vice-roi d’Egypte

+++ Yossef de la prison au titre de vice-roi d'Egypte :

-> En prison, Hachem bénit Yossef, qui devint très rapidement le protégé du gouverneur de la prison, qui conscient de l'innocence de Yossef, voyait que D. était avec lui, comme il est écrit : "Le gouverneur de la prison ne vérifiait rien de ce qui passait par sa main, parce que Hachem était avec lui, et ce qu'il entreprenait, Hachem le faisait réussir" (v.39,23).
[...]

D'ailleurs, le geôlier ne garda pas Yossef en prison à cause du travail qu'il accomplissait, mais parce qu'il l'aimait beaucoup.
Il lui confiait des tâches faciles, comme laver les ustensiles de cuisine ou faire les lits.
[aucune mesure de quelque importance n'est décidée dans la prison sans son approbation, et Yossef bénéficie en prison du même statut et privilège qu'auparavant dans la maison de Potiphar (Targoum Yonathan).]
[Méam Loez - Vayéchev 39,21-23]

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-> Potiphar a veillé à ce que Yossef ne soit pas avec des détenus meurtriers, mais plutôt dans une prison contenant des détenus politiques et dignitaires royaux démis de leurs fonctions.
[Ramban ; Rabbénou Bé'hayé]

-> Potiphar accorde quelques heures de permission par jour à Yossef.
Tous les matins, on fait sortir Yossef de la fosse [de sa prison souterraine] pour le conduire à la demeure de Potiphar où il devient son serviteur. Il lave la vaisselle, dresse la table et sert les repas à son maître.
[midrach Béréchit rabba 87,10 avec Yéfé Toar]

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-> Rachi (v.40,1) dit que D. a suscité l'accusation du maître-échanson et du maître panetier afin que le peuple cesse de parler de Yossef et commence à jaser sur ces 2 nouveaux incidents, survenus immédiatement après que Yossef ait été mis en prison.

[il est à noter que ces 2 dignitaires n'ont été incarcérés que 9 ans après les faits qui leurs sont reprochés, car pendant cette période ils bataillaient juridiquement pour prouver leur innocence.
Cependant, malgré leurs excellents avocats, au bout de 9 années de débats, Pharaon déclara qu'en attendant qu'une décision soit prise à leur sujet, ils iraient en prison.
Yossef est resté en prison durant 12 ans en tout : 9 ans seul, 1 année avec les 2 hauts dignitaires, et 2 années après qu'ils soient sortis de prison.]

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-> Certains commentateurs sont d'avis que le maître-échanson et le maître panetier ont chacun comploté pour tuer Pharaon, et d'autres qu'ils sont innocents, Hachem ayant mis en place cela pour mener Yossef au palais.

On peut citer le Rokéa'h (v.40,19) disant que le maître-panetier avait intentionnellement introduit un caillou dans le pain pour que Pharaon s'étouffe en le mangeant.

Le Yéfé Toar rapporte que la mouche mise dans le vin était chargée d'une dose de venin mortel.

-> Selon le 'Hemdat Yamim (cité par Torah Chéléma v.40,1), Pharaon a été prévenu en rêve que ses dignitaires cherchaient à attenter à ses jours.

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+ L'échanson conta son rêve à Yossef. Il dit : "Dans mon rêve, une vigne était devant moi. A cette vigne étaient trois pampres. Or, elle semblait se couvrir de fleurs, ses bourgeons se développaient, ses grappes mûrissaient leurs raisins. J'avais en main la coupe de Pharaon; je cueillais les raisins, j'en exprimais le jus dans la coupe de Pharaon et je présentais la coupe à la main du roi." (Vayéchev 40,9-11)

-> Yossef comprit immédiatement que les 3 branches représentaient : Avraham, Its'hak et Yaakov, les 3 Patriarches.
Leurs enfants étaient destinés à l'asservissement en Egypte et leur libération devait survenir grâce à 3 messagers de D. : Moché, Aharon et Myriam. [par lesquels ils bénéficieront de la manne, des colonnes de nuée et du puits]

La coupe dans la main de Pharaon symbolisait la coupe des malheurs par lesquels D. allait frapper l'Egypte en châtiment des souffrances infligées à Israël.
Le mot "coupe" est répété 4 fois dans ce passage. Ils correspond aux 4 grands empires de l'antiquité : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome.
Ces 4 puissances finiront par boire la coupe de l'amertume (cf. Yirmiyahou 25,15-30), [en rétribution des souffrances qu'elles ont fait subir aux juifs]
De même que les bourgeons, les fleurs et la vignes éclosent presque instantanément, la libération d'Egypte devaient survenir de façon soudaine.

Yossef comprit tout cela de son rêve. Il pensa : "L'échanson m'a transmis un bon enseignement. Je vais donc lui donner une bonne interprétation de ses rêves".
[Méam Loez]

-> Il est à noter que le mot "coupe", qui revient à 4 reprises dans ce passage, fait également allusion aux 4 coupes de vin que nous buvons le soir du Séder
Avant même que Yossef ne devienne vice-roi et que ses frères ne descendent en Egypte, le processus menant à la délivrance a été mis en place.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot alef - akdamat 'Hanouca) écrit :
"Les trois rameaux" (de vigne du rêve du maitre échanson) : Yossef Hatsadik, ainsi que les ‘Hachmonaïm, ont mérité un miracle car dans 3 choses ils étaient parfaits : dans la pensée, la parole et l’action.
Les 3 choses par lesquels le service divin se parfait.

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+ Le maître panetier, voyant qu'il avait interprété dans un sens favorable, dit à Yossef : "Pour moi, dans mon songe j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête. La corbeille supérieure contenait tout ce que mange Pharaon en fait de boulangerie; et les oiseaux le becquetaient dans la corbeille, au dessus de ma tête." (Vayéchev 40,16-17)

-> Yossef vit que les 3 corbeilles correspondaient aux 3 types de souffrance qu'Israël allait endurer en Egypte : le dur labeur des briques et du mortier, les travaux des champs, et le décret condamnant tout nouveau-né mâle à être noyé dans le Nil.

Yossef comprit par ce rêve que Pharaon allait prononcer de terribles décrets à l'encontre d'Israël.
Il pensa : "Puisque ce rêve m'annonce de mauvaises nouvelles, je vais en donner une mauvaise interprétation".

Yossef ne permit pas au panetier de raconter complètement son rêve. Ce dernier étant négatif, il ne désirait pas l'entendre en entier.
C'est pourquoi la Torah dit : "Yossef répondit et dit" = cette formulation indique qu'il coupa la parole au panetier et ne lui laissa pas achever le récit de son rêve.
[Méam Loez]

-> Les oiseaux symbolisent les ennemis du peuple d'Israël qui les attaqueront et les disperseront aux 4 coins de la terre comme des miettes qu'un oiseau éparpille çà et là en picorant un morceau de pain.
Les 3 paniers symbolisent les empires qui asserviront le peuple juif : la Babylonie, la Perse et la Grèce.
Les pâtisseries, dans le panier du dessus, représentent les romains qui lèveront de lourds impôts et opprimeront de nombreuses nations.
[midrach Béréchit rabba 88,6]

-> L'oiseau symbolise également le machia'h qui picorera l'empire romain et le réduira à néant.
[midrach haGadol Béréchit 40,17-18]

-> Au-delà du message négatif pour les juifs, Yossef a compris que si les oiseaux picoraient directement sur la tête du maître-panetier, c'est qu'il était un homme mort, car normalement les oiseaux redoutent de s'approcher d'une personne vivante.
['Hida - Pné David]

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-> "Dans 3 jours, Pharaon te fera trancher la tête" (Vayéchev 41, 19) :

=> Pourquoi Yossef a-t-il interprété le rêve du maître panetier en lui annonçant sa mort?

Le Imré Daat explique :
En fait, dans son rêve, le maître panetier vit des oiseaux picorer le pain qui se trouvait dans la corbeille au dessus de sa tête. Or, en général, les oiseaux (non domptés) ont peur de s'approcher de trop près des êtres humains. Il n'est donc pas habituel qu'ils s'approchent tant d'un homme au point de picorer le pain au dessus de sa tête, sans aucune appréhension.
Yossef fut étonné d'une telle chose. Il en déduisit que pour qu'un tel fait soit possible et que les oiseaux n'aient aucune peur de s'approcher de lui, c'est que cet homme n'est pas vivant, mais qu'il est mort. Il déduisit donc de ce rêve qu'il annonce la mort du maître panetier.

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-> Le maître panetier : "j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête"
-> L'échanson : "J'avais en main la coupe de Pharaon"

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit que le maître panetier représente une personne qui accomplit la volonté d'Hachem en la mettant au-dessus de sa tête, c'est-à-dire par habitude, sans joie et enthousiasme.
[je fais les mitsvot parce que je dois les faire, mais je n'en suis pas plus content que cela]
Ainsi, une telle personne est comme morte spirituellement (car Hachem désire le cœur!).
A l'inverse l'échanson avec sa main, représente le fait de prendre en main, d'agir, pour réaliser les mitsvot avec énergie, fierté et enthousiaste.
Une telle personne est bien vivante spirituellement parlant.

-> Le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = cela symbolise le fait qu'il désire toujours ce qui est au-dessus de lui, il n'est jamais content, toujours à la recherche d'une nouvelle chose manquante.
Ainsi, il n'est pas vivant car il n'est pas heureux de ce qu'il a.
[à l'image d'un mort, il ne profite pas de son présent, mais il a la tête dans le futur (quand j'aurai ça alors...) et parfois dans le passé (j'aurai dû ...).]
A l'inverse l'échanson a la coupe dans la main, cela symbolise un "lé'haïm" à Hachem, en Le remerciement pour tout ce qu'il a pu m'octroyer.
L'échanson est joyeux de ce qu'il a dans le présent, il est donc bien vivant.

-> La hichtaldout est la réalisation de la malédiction de devoir "travailler à la sueur de son front".
C'est une punition liée à la faute d'Adam et 'Hava, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa.
Lorsqu'il fait sa hichtaldout, un juif doit agir avec ses mains, mais avoir sa tête active et connectée à Hachem, la source de toute chose.
Ainsi, le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = il agit en étant persuadé que tout ne vient que grâce à son travail, à sa force, son intelligence, ... Hachem existe sûrement, mais c'est moi qui m'auto-gère.
Puisque son être est rempli d'égo (moi je, c'est moi qui, ...), il ne laisse aucune place pour que Hachem (source de toute vie, de toutes bénédictions) réside en lui, et ainsi il n'est pas vraiment vivant.
A l'inverse, l'échanson fait sa hichtaldout avec sa main, mais il a en tête la émouna, la certitude qu'au final il aura ce que Hachem voudra lui donner.
Puisqu'il permet à Hachem de résider en lui, l'échanson est bien vivant, et il est rempli de bénédictions.

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-> Au-delà du fait qu'un rêve avait un contenu favorable aux juifs, et l'autre défavorable, il y ici une allusion pour nous : si les juifs le méritent, ils s'élèveront comme le maître-échanson (qui sortit de prison et retrouva son haut poste à la cour royale), sinon ils mourront comme le maître-panetier (qui ne sortit de prison que pour être tué).
[midrach Bamidbar rabba 1 - rapporté par rabbi Yossef Deutsch]

[cela peut également être une image de notre vie dans ce monde, où notre âme est prisonnière temporairement dans un corps.
Une fois que notre temps est écoulé, nous aurons droit à un jugement du Roi des rois (Hachem), qui débouchera soit sur le fait de tendre vers une vie plein de spiritualité à la cour royale, ou bien une mort spirituelle, loin de D. car n'ayant pas assez mis à profit notre court passage dans ce monde.]

Yossef chez Potiphar

+++ Yossef chez Potiphar : 

+ "Yossef fut emmené en Egypte. Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, égyptien, l'acheta aux Ichmaélites" (Vayéchev 29,1)

-> Potiphar, homosexuel, était séduit par la beauté de Yossef, et il voulut assouvir ses désirs avec celui-ci. La Providence Divine ne lui permit pas de réaliser ce projet, et ne lui ôta pas la vie pour ne pas que sa fille adoptive (Asnath), que Yossef allait par la suite épouser, ne soit orpheline.
[Méam Loez]

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+ "Hachem fut avec Yossef" (Vayéchev 29,2)

-> La Présence Divine demeurait constamment auprès de Yossef, le protégeant ainsi du péché, bien qu'étant entouré de personnes immorales [dans la maison de son maître].
[Méam Loez]

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+ "Son maître vit que D. était avec lui" (v.29,3)

-> Rachi : [Hachem était avec Yossef] parce que celui-ci prononçait constamment le nom de D.

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-> "Hachem bénit la maison de l'Egyptien [Potiphar] à cause de Yossef, et la bénédiction Divine s'étendit sur tous ses biens" (v.39,5)

-> Chaque fois que Yossef touchait à une marchandise, celle-ci était bénie ... Potiphar apportait ses marchandises chez lui uniquement pour que Yossef les touche.
[...]

Lorsque Yossef servait Potiphar personnellement, il accédait à ses désirs immédiatement. Si Potiphar donnait à Yossef une coupe de vin et lui demandait de l'eau, Yossef pouvait transformer le vin en eau instantanément.
Il possédait la faculté de transformer toute chose.

Voyant cela, Potiphar confia à Yossef toutes les clés de sa vaste demeure, sans jamais vérifier ses agissements. Tout ce qu'entreprenait Yossef réussissait parfaitement.
[Méam Loez]

[de plus, selon le Yéfé Toar (sur midrach Béréchit rabba 86,5), Hachem va révéler Sa présence à Potiphar en lui permettant de voir une nuée étincelante au-dessus de la tête de Yossef.]

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+ "Sinon du pain qu'il mangeait. Or Yossef était beau de taille et beau de visage" (v.39,6)

-> Yossef, à la différence des autres esclaves qui volaient des biens de leur maître, ne prenait que le pain qu'il mangeait, ce qui lui revenait de droit.

De plus, Yossef [ne mangeait que du pain, et il] ne souillait pas sa bouche en consommant des aliments interdits.
C'est pourquoi la Torah dit que : "Yossef était beau de taille et beau de visage" = le texte souligne que bien qu'il ne mangea que du pain, ni sa santé ni sa stature et ni sa beauté n'en furent altérées.
[Méam Loez]

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+ "Il arriva, après ces faits, que la femme de son maître jeta les yeux sur Yossef" (v.39,7)

-> Rachi (v.39,6) rapporte que lorsque Yossef s'est vu maître, il s'est mis à se soigner les cheveux, et alors Hachem a dit : "Ton père est en deuil, et toi tu te soignes les cheveux! Je vais lancer un "ours" à tes trousses !"

-> Yossef ouvrit la porte à la tentation en se souciant de son apparence. Même si son intention n'était pas futile (étant maître, responsable des biens de Potiphar, il se devait d'avoir une apparence irréprochable!), mais cependant il aurait dû éprouver quelque retenue, sachant que son père portait son deuil.

Selon le Zohar, Hachem fit en sorte que la femme de Potiphar porte son regard sur lui afin qu'il souffre et expie son péché.

Selon une autre opinion, il ne s'agissait pas d'une punition. Hachem désirait que Potiphar chasse Yossef, car un tsadik tel que lui ne devait pas demeurer plus longtemps dans une maison aussi immorale.
[...]

Pour un jeune homme, contrôler ses désirs représente une immense épreuve. La frustration que Yossef endura lui causa plus d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel.
[...]

Afin d'attirer son attention, la femme de Potiphar changeait constamment de tenue : le matin, le midi et le soir, elle revêtait à chaque fois une nouvelle robe [attirante].

Elle concentrait tous ses efforts pour le captiver, le harcelant, au point d'en devenir malade, et à devoir s'aliter.
Ses amies égyptiennes lui rendirent visite et lui demandèrent : "Que te manque-t-il pour être ainsi malade et déprimée?"
Elle répondit : "Vous voulez voir. Laissez-moi vous montrer quelque chose."

Elle ordonna alors à ses servantes d'apporter à chacune des femmes un cédrat (étrog) et un couteau d'argent pour l'éplucher.
Elle demanda à ses amies : "Pelez les cédrats (étrogs)".
Tandis que celles-ci s'exécutaient, elle appela Yossef.
Fixant du regard son beau visage, elles s’extasièrent à tel point qu'elles se mirent à peler leurs doigts en même temps que les fruits. Le sang coulait de leurs mains, mais elles ne sentaient rien.

Elle dit : "A présent vous comprenez ... Son indifférence m'a rendue complètement malade".

Dès cet instant, Yossef devint célèbre pour sa beauté.
Chaque jour des dames de l'aristocratie venaient le voir, parées de leurs plus beaux atours. Certaines allaient jusqu'à entrer furtivement pour se présenter nues devant lui. Yossef se contentait de détourner les yeux et refusait de les regarder.
[Méam Loez]

-> Selon nos Sages, dix mesures de beauté sont descendues sur terre, et Yossef en a pris neuf.
[Yalkout Maayan Ganim - sur le midrach Béréchit rabba 87,1]

-> Le nom de la femme de Potipar est : Zélikha.

-> Le Zohar (Vayéchev 189) compare l'épouse de Potiphar au yétser ara, qui lui aussi revient continuellement à la charge pour nous séduire (ex: changeant plusieurs fois d'habits attirants pour nous faire fauter!).

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+ "Mais il arriva, à une des ces occasions, comme il [Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne, et qu'aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" (39,11)

-> Cela se produisit juste un an après que la femme de Potiphar avait tenté de séduire Yossef pour la 1ere fois. [Ibn Ezra]

Il était venu à la maison pour vérifier les comptes et examiner les registres. Aucun des serviteurs n'était alors présent.
Bien sûr, un ministre important comme Potiphar possédait de nombreux domestiques. Nul d'entre eux ne se trouvait là, car c'était un jour de fête en Egypte.
Le Nil était en crue et submergeait ses rives, irriguant les terres égyptiennes.
A cette occasion, tous les égyptiens s'étaient rendus au bord du fleuve pour offrir des sacrifices à leurs divinités.
Yossef fut le seul à ne pas prendre part à ces festivités.

La femme de Potiphar déclara qu'elle était malade, usant de ce prétexte pour rester seule avec Yossef.
Elle se dit : "Aurais-je une telle occasion? Aujourd'hui je serai seule avec lui, la maison sera toute à nous".

Selon une autre opinion, ce jour était un Shabbath.
Yossef enfermé dans sa chambre, se remémorait les enseignements de la Torah prodigués par son père.
C'est pourquoi la Torah dit qu'il était rentré à la maison pour "faire sa besogne".
Pour un homme tel que Yossef, seule l'étude de la sainte Torah et le respect de ses mitsvot représentait son véritable travail.

["aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = Yossef se dit que s'il fautait il quitterait la race humaine, devenant semblable à un animal qui suit ses pulsions, sans se soucier de leurs conséquences. Ainsi, en réfléchissant à l'idée qu'il n'y avait personne (lui y compris puisque devenant alors un animal), cela a affaiblit et fait partir son désir.
(l'idée également est que parfois nous ne devons pas lutter avec notre yétser ara, qui est alors trop fort en nous. Nous devons nous attacher à la volonté de D., et faire le mort, comme s'il n'y avait personne)]

Yaakov songea intensément au visage de son père, comme s'il se tenait à la fenêtre, lui disant : "Yossef! Yossef! Les noms de mes fils sont destinés à être gravés sur le pectoral que le grand-prête portera sur la poitrine. Veux-tu que pour un moment de plaisir ton nom en soit effacé?"

[d'une certaine façon à la fin de notre vie, nous aurons tous pour l'éternité un pectoral avec inscrit dessus les bonnes actions et les péchés que nous avons fait dans ce monde. Que préférons-nous : une frustration, un effort éphémère ou bien une honte éternelle?]

"Aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = cependant, un autre homme était là, à savoir Yaakov.
[...]

A cause des ruses de cette femme, la passion de Yossef atteignit son paroxysme. Il enfonça ses 10 orteils dans le sol, et au même moment 10 gouttes de semence s'échappèrent de son corps s'écoulant entre ses 10 ongles. Ainsi, il parvint à surmonter son désir.
[...]

Selon une opinion, lorsque Yossef vit qu'elle essayait de le séduire, il réalisa un double de lui-même sous la forme d'un golem.
Il comptait laisser cet androïde dormir avec la femme de Potiphar, se débarrassant ainsi d'elle.
Sarah avait agi de même avec Pharaon, et Esther eut recours à ce subterfuge avec A'hachvéroch.

Cependant, la femme de Potiphar, elle, connaissait suffisamment la magie pour déjouer cette supercherie.
C'est pourquoi la Torah dit : "Elle le saisit par son vêtement" (v.39,12). En hébreu, le mot "béguéd" désigne un vêtement, dont la racine "bagad" signifie : "tromper".
Ainsi, elle "saisit" la tromperie de Yossef, et comprit par quel moyen il tentait de l'abuser.

[selon un autre avis, elle répandit un blanc d’œuf sur son lit, et s'élança dehors pour crier ce que Yossef avait tenté de lui faire.
Elle persuada également plusieurs femmes de témoigner que Yossef avait déjà tenté de les séduire.]
[...]

"[Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne" = telle fut la grandeur de Yossef. On pourrait penser qu'il était si élevé qu'il n'a éprouvé aucun désir, mais la Torah nous dit qu'il était fort et en bonne santé. Son désir était si fort qu'il faillit pécher, mais malgré cela il parvint à dominer ses pulsions, il surmonta ce feu intérieur.

=> Les désirs sont naturels chez l'homme, sa grandeur, [c'est de les surmonter par crainte de D.]

[comme nous avons pu le voir précédemment : "La frustration que Yossef endura lui causa davantage d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel."
Nous pouvons gagner une énorme récompense en agissant (mitsva assé), mais également en évitant d'agir (mitsva lo taassé)!]
[Méam Loez]

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-> Selon certains, la tunique de Yossef évoque le yétser ara : lorsqu'on est tenté de commettre une faute, on doit se débarrasser du mauvais penchant et prendre la fuite.
[Chla haKadoch]

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+ "Le maître de Yossef le fit saisir, on l’enferma dans la Rotonde, endroit ou étaient détenus les prisonniers du roi" (v.39,20)

Après réflexion, Potiphar réalisa que sa femme mentait certainement.

- il savait Yossef digne de confiance, surtout que celui-ci craignait D., ayant le nom d'Hachem constamment à la bouche.

- plusieurs hommes de médecine lui dirent que la tâche sur le drap n'était que du blanc d’œuf et non de la semence.

- selon certains, Potiphar s'apprêtait réellement à tuer Yossef, sa fille Asnat vint lui jurer que ce dernier était totalement innocent, lui racontant la vérité (elle avait tout vu, étant cachée dans un buisson dans un coin de la cour). C'est pourquoi, elle méritera d'épouser Yossef quelques années plus tard.

- selon d'autres commentateurs, c'est la femme de Potiphar qui demanda de l'épargner, pensant que par gratitude Yossef céderait par la suite à ses désirs.

- Le Séfer haYachar rapporte que Yossef se faisant fouetter par Potiphar supplia Hachem de l'aider.
D. eut alors pitié de Yossef, et un nouveau-né de 12 mois d'un esclave se mit à parler miraculeusement.
D'une voix adulte, il réprimanda Potiphar : "Que t'a fait cet homme pour que tu veuilles le fouetter? Tout ceci n'est que mensonge". L'enfant lui révéla ensuite la réalité.

Yossef fut envoyé en prison afin de sauver les apparences, car tout le monde parlait de cette affaire, et sans punition on aurait parlé de Potiphar, comme du mari d'une prostituée.
[Méam Loez]

"Plusieurs marchands de Midiyan vinrent à passer, qui tirèrent et firent remonter Yossef du puits, puis le vendirent aux Ichmélites pour 20 pièces d'argent. Ceux-ci emmenèrent Yossef en Egypte" (Vayéchev 37,28)

-> Chacun des 10 frères reçut 2 dinars, avec cette somme chacun s'acheta des chaussures.

[Le rabbi Yossef Deutsch affirme que cette somme de 20 dinars d'argent équivaut à 75 dollars actuels.]

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=> Pourquoi un jeune homme de 17 ans beau et fort n'a-t-il pas été vendu plus cher?

-> Alors qu'il se trouvait dans la fosse pleine de serpents, il fut si terrifié qu'il tomba malade, ses traits se tirèrent et son visage pâlit.
Il était si faible que la somme reçue par les frères était plus que suffisante.
[Sifté Cohen]

-> Même s'ils avaient un bon motif pour vendre Yossef, les frères n'étaient toujours pas certains d'avoir raison. Ils utilisèrent donc l'argent pour se procurer des chaussures, car on ne fait pas de bénédiction sur des chaussures neuves.
Ils ne firent aucune acquisition [qui eut demandé une bénédiction, car il est interdit d'en prononcer sur toute chose que l'on obtient par une faute]
[...]

Evidemment, ces événements étaient dirigés par la Providence Divine. Sinon, comment comprendre que des tsadikim tels que les fils de Yaakov aient pu haïr Yossef pour quelque chose d'aussi futile qu'un vêtement.
En effet, était-ce la faute de Yossef si Yaakov l'aimait plus? ...

Même s'il les avait calomniés en rapportant à Yaakov des médisances sur leur compte, cela n'aurait pas dû constituer un motif valable pour le vendre à des marchands de bas étage. Il aurait suffit d'en parler à leur père en lui demandant de réprimander Yossef et de lui ordonner de ne plus recommencer.
Yossef aurait certainement écouté son père.

=> Nous voyons que cet épisode fut entièrement conduit par la Providence Divine. D'autant plus que les frères regrettèrent leur comportement.
[Méam Loez - Vayéchev 37,28]

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-> C'est parce que Yossef, qui était un premier-né, a été acheté pour un prix aussi bas que le rachat des premiers-nés, plus tard, sera également fixé au prix très bas de 5 Shékels.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef a été vendu pour des chaussures, pour montrer qu'eux [les frères] portaient des chaussures et étaient des hommes libres, alors que lui serait esclave, contrairement à son rêve où il se voyait en train de régner alors qu'eux seraient ses serviteurs.

"Dina, la fille que Léa avait enfantée à Yaakov, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays." (Vayichla'h 34,1)

-> Dina était destinée à être un garçon. En effet, Léa avait été enceinte d'un garçon, mais l'embryon s'est miraculeusement transformé en fille.
C'est pourquoi Dina se comportait comme un garçon, et aimait explorer chaque nouvel endroit.
[...]

Nos Sages enseignent que Yaakov mérita l'épreuve qu'il vécut dans cet épisode concernant Dina, en conséquence de péchés, dont les suivants :

1°/ Il avait ressenti une légère pointe d'orgueil quand D. lui annonça : "Tu domineras le monde d'ici-bas".
Il fût châtié en ce que les habitants de Ché'hem ne le respectèrent pas.

2°/ Il laissa sa fille sortir de chez elle dans une ville étrangère et aux mœurs légères. Il aurait dû la réprimander et l'empêcher de sortir.
Puisqu'il manqua d'attention, D. permit aux événements de suivre leur cours naturel.

3°/ Il fit preuve d'orgueil lorsqu'il dit à Lavan, que grâce à son mérite, les brebis donnaient naissance à des agneaux tachetés.

4°/ Yaakov cacha Dina dans un coffre afin qu'Essav ne a voie pas et ne la prenne pas de force.
Ceci était répréhensible car une bonne épouse peut améliorer son mari.
Tout, dans une maison dépend de la femme. Si elle est bonne, elle peut rendre son mari meilleur, et sinon elle est capable du contraire ...
Bien évidemment qu'il existe des exceptions à la règle ... mais dans la plupart des cas, les hommes suivent leurs épouses.

Puisque Dina était une sainte, elle aurait pu inciter Essav à changer de voie, s'il l'avait épousée. Il aurait vu ses bonnes qualités, et cela aurait pu l'influencer de manière positive.
En réalité, nous voyons que Dina avait effectivement ce pouvoir, lorsque par la suite, elle épousa Iyov, lequel était un non-juif, qui sous l'influence de Dina, devint même un tsadik.

=> Si elle a pu agir de la sorte avec Iyov, elle aurait pu sans aucun doute et sans réelle difficulté améliorer Essav, qui était non seulement déjà circoncis, mais également le fils d'Its'hak et d'Avraham.
[...]

Dina qui était issue d'une lignée de tsadikim aussi prestigieuse que celle de Yaakov et Its'hak, ne courait pas le risque de suivre les voies du racha Essav. Si elle l'avait épousé, son influence aurait été sans aucun doute bénéfique. Par contre, Léa [qui pleurée pour ne pas épouser Essav], elle ne pouvait pas être certaine de parvenir à améliorer Essav, car elle était la fille d'un racha : Lavan.

=> L'attitude de Yaakov est répréhensible, car Essav en voyant Dina, aurait pu modifier son comportement, dans l'espoir que Yaakov lui permette de l'épouser.

[ex: la guémara nous rapporte que rabbi Yo'hanan a proposé sa sœur, très belle, à Rech Lakich qui était alors un jeune et fort chef de bandits.
De la même façon que rabbi Yo'hanan a ramené au repentir un chef de bandit, Essav aurait pu se repentir s'il avait vu la beauté de Dina. Yaakov avait donc eu tort de la lui cacher.]
[...]

En réalité, Dina était extrêmement modeste. Quand elle sortit, elle s'était complètement recouverte, afin que même son visage soit caché.
Mais l'un de ses bras se découvrit accidentellement, et Ché'hem put avoir une idée de sa beauté.

[Méam Loez - Vayichla'h 34,1]

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+ "Ché'hem, le fils du chef de la région, 'Hamor le Hévéen, vit [Dina]. Il la prit et s'approcha d'elle en lui faisant violence" (Vayichla'h 34,2)

-> Ché'hem prit Dina de force.
Il avait entendu parler de la beauté de Dina, et avait préparé un plan pour l'attirer hors de la maison de son père.
Il engagea des danseuses pour créer une animation dans les rues, et quand Dina vint contempler le spectacle, il l'enleva et l'apporta dans son palais.
[Méam Loez]

[Le Méam Loez (v.34,8-12) commente qu'à ce moment, Dina avait 8 ans et un mois. Ché'hem lui promit donc des cadeaux afin qu'elle ne lui cause point de difficultés.]

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+ "Chimon et Lévi, frères de Dina ... emmenèrent Dina hors de la maIson de Ché'hem, et ils ressortirent" (Vayichla'h 34,26)

-> Les fils de Yaakov attendirent 3 jours, jusqu'à ce que tous furent circoncis.
De plus, il fallut au moins 2 jours pour que tous les hommes soient circoncis.

Le jour où Lévi attaqua la ville, il avait 13 ans.
Chimon et Lévi ne consultèrent ni Yaakov, ni leurs frères. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes, car ils savaient que les hommes de Ché'hem étaient faibles et souffraient [ex: une bonne partie était dans leur 3e jour après la circoncision, qui est le plus difficile!].
De plus, ils savaient qu'ils pouvaient s'appuyer sur le mérite de leur père Yaakov.

Quand Yaakov découvrit leur projet, il s'y opposa avec vigueur. Pourtant, il se dit : "Je ne puis les laisser seuls. Des habitants d'autres villes peuvent venir attaquer mes fils."
Il prit donc son épée et son arc, et se posta devant la porte de Ché'hem.
Il dit : "Si des gens surviennent, ils devront m'affronter en premier".
[...]

Dina enceinte de Ché'hem, donna naissance à une fille nommée Assenath.
Les frères voulurent tuer l'enfant, ils dirent : "Que penseront les gens? Yaakov a une bâtarde dans sa maison".
Cependant, Yaakov ne le permit pas. Il prit une pièce de métal, y grava le nom Divin, et l'accrocha au cou de l'enfant, et ensuite, il l'abandonna dans un champ.

L'ange Mi'haël vint et emporta la petite fille en Egypte, dans la demeure de Potifar, le prête d'On.
Lui et sa femme ne pouvant engendrer, ils adoptèrent le nourrisson.
Cette même Assenath deviendra l'épouse de Yossef (Mikets 41,45).
[Méam Loez]

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+ "Si vous devenez comme nous en pratiquant la circoncision sur chaque homme ... nous deviendrons un seul peuple" (Vayichla'h 34,15)

=> Pourquoi les enfants de Yaakov ont-ils agi avec ruse envers les habitants de Chekhem, en leur conseillant de faire la circoncision (brit mila) pour qu'ils soient comme eux?
Puisque leur intention était de faire la guerre, les enfants de Yaakov, étant en outre d'une très grande force physique, n'avaient pas besoin de leur demander de faire la mila pour les vaincre, alors pourquoi l'avoir fait?

Le rav Yonathan Eibschutz répond que si les enfants de Yaakov avaient frappé les habitants de Chekhem sans que ceux-ci soient circoncis, un grand bruit se serait alors fait entendre dans le monde. De nombreuses nations se seraient assemblées et mises en colère sur l'effronterie des Bné Israël d'avoir anéanti un autre peuple.

S'il n'en fut pas ainsi, c'est en raison de leur circoncision. En effet, les habitants de Chekhem ont fait savoir, par cet acte, qu'ils étaient également juifs.
Les enfants de Yaakov savaient parfaitement que dans cette situation ils étaient assurés que les peuples du monde ne se sentiraient pas outragés et n'élèveraient pas la moindre protestation sur ce qui se passa dans la ville de Chekhem. En effet, lorsque ce sont des juifs qui sont touchés, il n'y a aucune plainte des nations et le silence se fait assourdissant.

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+ "Ils prirent les 2 fils de Yaakov, Chimon et Lévi, les frères de Dina, chacun son épée, et marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles" (Vayichla'h 34,25)

-> Le Yalkout Réouvéni rapporte que lorsque les enfants de Yaakov tuèrent les [24 000] habitants de Chekhem, l'ange [Accusateur] Samaël s'est précipité devant le tribunal céleste pour accuser les enfants de Yaakov. Le tribunal suprême refusa sa requête, car tous ces hommes avaient la circoncision.
Or en tant que représentant des hommes incirconcis, sa plainte était non recevable. Lorsqu'il sortit du tribunal céleste, il réfléchit au moyen d'atteindre son objectif, il se rendit immédiatement dans le camp de Yaakov et provoqua les querelles entre Yossef et ses frères jusqu'à ce que les enfants de Yaakov vendirent Yossef.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano (Assara Maamarot) ajoute qu'il y avait 24 000 habitants à Chekhem, et qu'ils ont été réincarnés durant la génération du désert, dans les 24 000 hommes frappés par l'épidémie.
Ces hommes avaient fauté avec les filles de Moav sous le conseil de Bil'am. Ainsi, cette faute n'était pas complètement réparée. C'est la raison pour laquelle ils furent ensuite réincarnés dans les élèves de Rabbi Akiva, leur manque de respect entre eux leur a coûté la vie.
Rabbi Akiva était quant à lui la réincarnation de Zimri ben Salou.

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=> Comment les enfants de Yaakov se sont-ils permis de verser le sang innocent et de tuer toute la population de la ville? Ne devaient-ils pas tuer uniquement Chekhem ben 'Hamor?

-> Le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou répond :
Les habitants de Chekhem ont réussi grâce aux forces de l'impureté et à la sorcellerie à percevoir dans l'avenir que Yaakov allait établir avec les tribus d'Israël un peuple de sainteté (kédoucha) qui s'installerait sur la terre d'Israël, dominerait et chasserait les peuples idolâtres.
Il semblerait qu'ils avaient décidé au plus profond de leur âme d'annuler cette prévision d'avenir et avaient accepté de se mélanger avec les enfants de Yaakov en mariant leurs enfants respectivement, sous condition de faire la brit mila.
Il se trouve que d'après le raisonnement de cette population, D. préserve, ils souhaitaient annihiler la descendance d'Israël par leurs mélanges.
Ainsi ils étaient prêts à risquer leur vie afin d'annihiler le peuple saint. C'est pourquoi les enfants de Yaakov les tuèrent, car leur but profond était de détruire les tribus de la sainteté.

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-> "Notre sœur pourrait-elle être considérée comme une prostituée" (Vayichla'h 34,31)

-> Un jour, deux tsadikim discutaient ensemble quant à savoir quelle est la faute de la génération qui empêche la venue du machia'h. Le premier dit qu'il s'agit du manque de pudeur. Et le deuxième soutenait que le machia'h tarde à venir à cause des bavardages dans les synagogues. Puisqu'ils n'arrivaient pas à s'entendre, ils décidèrent de faire appel à un tirage au sort.
Ils ouvriront un 'Houmach et verraient quel sujet y est traité. Ils décideront qui a raison en fonction du contexte qui y sera traité. Puis, ils s'exécutèrent. Ils ouvrirent le 'Houmach et tombèrent sur le verset : "Notre soeur pourrait-elle être considérée comme une prostituée", ce qui soutenait clairement la thèse du manque de pudeur.
C'est là que l'autre Rav proposa de se référer à l'explication du Targoum Yonathan sur ce verset. C'est là qu'ils purent y lire : "Ils parleront dans leur lieu de rassemblement que leur soeur a été considérée comme une prostituée". Cela évoque la faute de parler dans les synagogues.
La Providence Divine leur montra qu'en fait, ils avaient tous les deux raison.

Yaakov séjourne chez Lavan

+ Yaakov séjourne chez Lavan :

-> "A l'égard d'un juste, tu agiras avec sainteté, avec un escroc, tu agiras avec ruse" (Chmouël II 22,27).
Yaakov dit donc : "Si Lavan tente de me duper, j'agirai en conséquence. Mais s'il me traite avec équité, je serai honnête envers lui."
[Rachi - Vayétsé 29,12]

-> Lavan pensait que Yaakov était chargé d’argent, puisque Eliézer, le serviteur de la maison, était venu autrefois au même endroit accompagné de 10 chameaux chargés de cadeaux.
Voyant Yaakov les mains vides, Lavan le serra dans ses bras, palpant ses poches pour voir s'il ne transportait pas des pierres précieuses. Ne trouvant rien, il l'embrassa sur les 2 joues, essayant de savoir s'il ne cachait pas de bijoux dans sa bouche.
Face à sa perplexité, Yaakov lui raconta qu'il fuyait son frère et que tous ses biens luis avaient été volés en chemin.
[Rachi - Vayétsé 29,13]

-> Yaakov déplaça d'une main une pierre lourde et immense, qui nécessitait les efforts conjugués de plusieurs bergers.
Les eaux du puits s'élevèrent et débordèrent pendant les 20 années de son séjour à 'Haran.

Lavan accepta de loger Yaakov chez lui pendant un mois [suivant son arrivée], mais il ne lui accorda rien gratuitement. Yaakov devait conduire le troupeau de son oncle, qui le paya la moitié de ce que recevait un autre berger.
Yaakov accepta car pendant cette période il voulait s'assurer que Ra'hél et Léa craignaient Hachem.
[Méam Loez - Vayétsé 29,13]

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-> Bilha et Zilpa étaient également les filles de Lavan, ... [elles] avaient été engendrées par les concubines de Lavan. Par contre, Ra'hél et Léa étaient les filles de ses épouses.
C'est pourquoi Bilha et Zilpa étaient considérées comme des servantes.

Ra'hél est nommée la "cadette" (littéralement "la plus petite" - akétana - v.29,16) car Yossef et Shaül, les 2 rois de sa postérité, ne régnèrent pas longtemps.

Léa est l'aïeule du roi David et de tous les rois de Yéhouda, ainsi que de Moché, Shmouël et Yéchayahou. Ainsi, elle est appelée "l'aînée" (littéralement "la grande" - aguédola), ses descendants ayant eu une influence durable.
[Méam Loez - Vayétsé 29,16]

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+ "Lavan réunit tous les habitants du lieu, et donna un festin. Le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena, et Yaakov s'unit à elle" (Vayétsé 29,22-23)

-> Lavan dit aux hommes de la ville que tant que Yaakov était là, l'eau ne manquait pas de jaillir du puits. Il leur expliqua son stratagème de donner Léa à la place de Ra'hél, entraînant que par amour Yaakov travailler encore 7 années supplémentaires pour elle.

L'assemblée fut séduite par cela. Mais Lavan était si malhonnête qu'il voulait également tromper ses amis de la ville.
Il demanda à chacun d'amener en gage de confiance un aliment de valeur (ex: de la bonne viande, du vin ...). Quand tous ses gages furent réunis, Lavan "offrit" un grand festin, sans dépenser le moindre sou.
C'est pourquoi la Torah écrit : "Lavan réunit tous les habitants du lieu et donna un festin".
En principe, on prépare le festin et ensuite les invités arrivent. Lavan fit le contraire : il réunit d'abord les hommes, et quand ils apportèrent leur part, il ordonna que l'on festoie.
[Méam Loez - Vayétsé 29,22]

-> Le mariage eut lieu le vendredi soir, à l'heure de l'accueil du Shabbath.
Lorsque les habitants de la ville prirent place, ils commencèrent à chanter : "Hi Léa, Hi Léa" (voici Léa, voici Léa).
Intentionnellement, ils articulèrent mal les mots, afin que Yaakov pense qu'ils entamaient une mélodie anodine.
Lavan, en agissant de la sorte, se prémunissait contre la plainte que Yaakov n'allait pas manquer de lui faire le lendemain matin. Il pourrait alors lui affirmer : "Mais les invités t'ont dit qu'il s'agissait de Léa, et tu semblais heureux".
Après l'accomplissement de son plan, Lavan accompagna Léa dans la chambre de Yaakov.
[Méam Loez - Vayétsé 29,23]

Les anges

+ Les anges - Paracha Vayéra :

-> Hachem envoya à Avraham 3 anges : Mi'haël, Gabriel et Raphaël.
Ils devaient venir de toute façon, car ils avaient pour mission d'apporter un message à Avraham, mais afin de donner la possibilité à Avraham d'offrir l'hospitalité, D. les lui envoya sous l'apparence d'êtres humains.
[Méam Loez - Vayéra 18,2]

-> "Et voici 3 [anges]" (véiné chélocha - וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה).
Les mots : וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה, ont la même valeur numérique que : "voici Mi'haël, Gabriel et Raphaël" (אלו מיכאל גבריאל ורפאל).
En effet, selon le midrach rabba, il s'agit des 3 anges qui sont venus rendre visite à Avraham.
[le ‘Hida – ‘Homat Anakh]

-> Lorsque les anges marchaient ensemble, Mi'haël, le plus important des 3, se trouvait au centre, Gabriel se tenait à sa droite et Raphaël à sa gauche.
C'est là l'attitude à adopter quand 3 hommes marchent ensemble, et qu'il en est un plus éminent que les autres.
[Méam Loez - Vayéra 18,3]

-> "Ils mangeaient" (18,8)
Les érudits prononcent des paroles de Torah lors de chaque repas, afin de nourrir leur âme.
Il ne fait aucun doute qu'Avraham discuta de la Torah avec ses visiteurs, selon son habitude.
Il leur expliqua les voies de Hachem et donc leur procura une "nourriture" spirituelle supérieure à celle physique.
C'est pourquoi il est écrit qu'ils "mangèrent".

Nous apprenons ainsi que l'on doit respecter les coutumes de l'endroit où l'on est accueilli. Même les anges agirent en se conformant aux usages.
Selon une autre opinion, les anges avalèrent la nourriture en l'honneur d'Avraham.

Hachem envoya 3 anges et non un seul. Chaque ange a une mission différente.
Raphaël vint guérir Avraham des souffrances de la circoncision.
Mi'haël vint annoncer à Sarah l'heureuse nouvelle [d'une prochaine naissance].
Gabriel vint pour détruire Sodome.
[...]

Bien que D. apparu à Avraham, il ne l'avait ni guéri, ni ne lui avait annoncé que Sarah enfanterait.
Hachem voulait montrer que la seule raison de sa visite était d'honorer Avraham.
[Méam Loez]

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+ "Lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l'arbre" (Vayéra 18,4)

-> On trouve dans le livre "Béer Moché", le commentaire suivant :
"Lavez-vous les pieds" (véra'hatsou raglé'hem - וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם) a la valeur numérique 613, allusion au fait qu'il voulait leur demander de s'éloigner de l'idolâtrie, comme l'ont dit nos Sages (guémara Baba Métsia 86b), qu'il les soupçonnait d'être des idolâtres, or la foi a autant d'importance que toute la Torah, ainsi qu'il est écrit : "Toutes tes mitsvot sont la foi" (Téhilim 119).

C'est pourquoi, il a demandé "lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l'arbre" (וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם וְהִשָּׁעֲנוּ, תַּחַת הָעֵץ) = cette phrase dont en hébreu les 1eres lettres permettent de former le mot : "Torah" (תּוֹרָה), et les dernières lettres le mot : "mitsvot" (מצוות).

Il est écrit dans le Zohar : "L'arbre : sache que Hachem est un arbre de vie pour tous", c'est pourquoi "reposez-vous sous l'arbre", et non sous une quelconque idole.

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-> "Lavez-vous les pieds" - Rachi : Comme il pensait avoir affaire à des Arabes, adorateurs de la poussière de leurs pieds, il a pris garde à ne pas introduire d’objet d’idolâtrie dans sa maison.

=> Est-ce qu'il existe vraiment des gens qui sont stupides au point d'adorer la poussière de leurs pieds?

Le Divré Yé'hezkel répond que cela fait allusion aux gens qui pensent que leur que subsistance (parnassa) vient de leurs déplacements d'un endroit à un autre. Lorsqu'ils réussissent, ils "se prosternent" en gratitude pour la poussière de leurs pieds. En effet, ils sont persuadés que c'est leur force/efforts (pieds, déplacements) qui leur a fait méritée cette richesse.
Ils ne réalisent pas qu'en réalité c'est Hachem qui le leur a accordé.

-> Le Séfer 'Hassidim écrit :
"Hachem envoie des anges afin de mettre dans le cœur d'un commerçant d'apporter sa marchandise à un endroit spécifique où un businessman spécifique s'y trouve.
Les anges placent également le désir dans le businessman d'acheter la marchandise.
Et ensuite les anges placent dans les cœurs des consommateurs l'envie d'aller à tel endroit acheter la marchandise, ou bien les anges vont inciter le businessman d'aller à tel endroit pour la vendre ..."

=> Ainsi, Hachem envoie des anges pour diriger toute chose, et si nous voulons exprimer notre gratitude, nous devons le faire uniquement à Hachem.
[de même nos Sages affirment par exemple que la moindre idée de commerce (ou autre), provient d'Hachem, ...]

-> Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir dit : "Une personne fait chaque jour des milliers de pas, et si elle ne croit pas que chacun de ses pas est préparé par Hachem, alors sa bénédiction du matin : "qui prépare les pas de l'homme" (amé'hin mitséadé gavér) est une bénédiction en vain."

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-> Le Arougat haBossem apporte l'enseignement suivant.
Nos Sages emploient l'expression de "avak" (la poussière) au sujet de certains interdits pour désigner une forme plus subtile de défense qui se rattache à l'interdit lui-même, comme par exemple : "avak ribit" (la poussière de prêt à intérêt - guémara Baba Métsia 61b) ou bien : "avak lachon ara" (la poussière de médisance - guémara Baba Batra 156a).
Selon le même principe, on peut dire qu'il existe également "la poussière d'idolâtrie", qui est la "poussière des pieds" générée lorsqu'un homme place sa confiance dans les efforts qu'il investit en vue d'obtenir sa subsistance (comme l'évoque les pieds = c'est par mes déplacements, mes actions que je réussis!).
Cela se produit lorsqu'il se met à penser que les bénéfices qu'il gagne sont le fruit de ses efforts.
Et même ceux qui ont foi en Hachem ont tendance parfois à penser [plus ou moins consciemment] que leurs efforts ont néanmoins contribué à leur apporter leur subsistance, sans comprendre que ces efforts personnels n'ont pour but que de remplir la condition que le Créateur a imposé à Ses créatures.
Quant à la subsistance elle-même, elle ne provient que de Sa main généreuse et largement ouverte.

On peut comprendre d'après cela pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez un peu d'eau et lavez vos pieds (v.18,4).
Rachi : "Il pensait qu'il s'agissait de 3 commerçants qui se prosternent à la poussière de leurs pieds".
Avraham se disait que certes ceux-ci croyaient en Hachem, mais ils devaient s'en remettre également à l'effort qu'ils investissaient dans leur commerce (évoqué par les pieds), et ils fautaient pour cette raison dans "la poussière de l'idolâtrie".
C'est pourquoi il les envoya se laver de cette idolâtrie ce qui leur permettrait de reconnaître [de tout cœur] que tout provenait du Ciel [sans être influencé par le : "certes D. existe, mais c'est quand même un peu grâce à moi que ..."]

Le Arougat haBossem conclut ainsi : "Nous devons avoir conscience que sans l'aide d'Hachem, l'homme n'est même pas en mesure de lever le petit doigt, et qu'il n'a donc nulle raison de s'enorgueillir puisque tout provient d'Hachem."

[en enlevant la poussière des pieds, d'une certaine façon on voit directement et pleinement nos pieds bruts et l'on réalise à quel point nous pouvons se déplacement, voir, ... que grâce à D.
A l'image des pieds, nous tenons et bougeons dans ce monde à chaque instant que parce que Hachem nous le permet.]

-> 'Béni soit l’homme qui place sa confiance en Hachem et pour qui Hachem est son appui" (barou'h aguéver acher yivta'h b'Hachem véaya Hachem mivta'ho - Yirmiyahou 17,7)
Le Arougat haBossem commente :
"La vraie confiance en Hachem est lorsque l’on se repose uniquement sur Lui, sans penser que ses propres efforts aident en quoi que ce soit, mais en étant convaincu au contraire, que chacune de ses actions, son empressement et ses efforts ne sont que néant et que tout s’accomplit grâce à la parole d’Hachem.
C’est à ce sujet que le verset dit "Béni soit l’homme qui place sa confiance en Hachem" et poursuit "et pour qui Hachem est son appui", pour exclure celui qui a confiance en Hachem, mais qui cependant se repose aussi sur ses actions.
Et de fait, un tel homme est béni et heureux, car il dépose son fardeau sur Hachem et sait que tout ce qui arrive dans ce monde n’est que le fruit de Sa volonté, qu’Il désire son bien à chaque instant et que, même lorsqu’Il se conduit avec rigueur, ce n’est que bénéfique."

-> "J’ai placé Hachem en face de moi en permanence" (chiviti Hachem lénegdi tamid – Téhilim 16,8)
Le Baal Chem Tov explique : le mot chiviti (שיויתי) est à rattacher au terme : chiv'yon (l’égalité - שיווין ou השתוות). Dans tout ce qui lui arrive, l’homme doit ressentir que cela lui est égal, que ce soit lorsqu’on le loue ou lorsqu’on l’humilie et dans tous les autres domaines également.
Lorsqu’il mange des mets succulents ou des aliments ordinaires, tout est égal à ses yeux ...
Pour tout ce qui lui arrive, il se dira : "Cela m’a été envoyé par le Ciel et telle est Sa volonté ..., mais de son propre point de vue, cela fait aucune différence.
C’est un niveau très élevé.

"Alors Yéhouda s'avança vers lui [Yossef], en disant ..." (Vayigach 44,18)

-> Yéhouda va dialoguer avec Yossef , et ce dernier va finalement se dévoiler à ses frères.
La beauté de ce récit est telle que nos Sages affirment que les anges descendirent du ciel pour l'écouter.

Il nous donne également une idée de la force de Yéhouda et de ses frères.
[...]

[A un moment Yéhouda menace le vice-roi d'Egypte (Yossef) de faire attention à ses actes,] Yéhouda poussa alors un cri de guerre si puissant qu'il fut perçu par 'Houchim, le fils de Dan, depuis la terre de Canaan.

[Utilisant ses pouvoirs mystiques,] celui-ci se retrouva aux côtés de Yéhouda en un instant.
Tous deux lancèrent des cris de guerre, rugissant tels des lions.
[A part leur volume effectif, ces cris étaient emprunts d'une immense puissance spirituelle.]
- 300 nobles égyptiens tombèrent à terre, le visage crispé par la terreur, ils restèrent ainsi figés toute leur vie.
- 2 villes : Pitom et Ramsès, situées non loin de [Memphis, la capitale de] l'Egypte, furent également détruites par leurs cris.

Prenant exemple sur Yéhouda et 'Houchim, les autres frères commencèrent à frapper le sol de leurs pieds, l'ébranlant tant et plus que Yossef chuta de son trône.
Même le trône de Pharaon en fut ébranlé. C'est ce que sous-entend le verset : "Le bruit s'était répandu à la cour de Pharaon" (Vayigach 45,16).

Yéhouda avait du sang qui coulait de l’œil droit (selon certains des 2 yeux).
Yéhouda avait également une toison sur la poitrine, et lorsqu'il se mettait en colère, celle-ci se hérissait, déchirant les 5 vêtements qu'il portait.
Sa poitrine se recouvrait de morceaux de cuivre, qu'il attrapait et mâchait entre ses dents.

Alors que tout le monde tremblait, Yéhouda mit la main à son épée et tenta de s'en saisir, mais sans succès. Il pensa : "l'homme qui est devant moi est certainement un saint".
Se ressaisissant, Yossef frappa l'estrade sur laquelle il se tenait, la pulvérisant.
Stupéfiait, Yéhouda pensa : "Cet homme semble plus fort que moi".
Il était prêt à risquer sa vie pour sauver Binyamin, mais se voyant incapable de sortir son épée, il se remit à dialoguer raisonnablement.
[...]

Dans le palais de Yossef, se trouvait une pierre pesant près de 200kg.
Yéhouda la souleva de sa main droite, la jeta dans les airs, et la rattrapa de la main gauche. Il la posa ensuite à terre et la pulvérisa d'un simple coup de pied.

Nullement impressionné, Yossf fit signe à Ménaché [son fils], qui fit de même avec une pierre identique.
[...]

Lorsque Yossef sentit que ses frères étaient prêts à agir, il envoya Ménaché chercher l'armée égyptienne. Celui-ci revint avec 50 cavaliers bien armés, et 10 000 fantassins, dont 400 guerriers très puissants, initiés dans l'art de la guerre.

Ménaché leur ordonna de ne pas combattre les juifs [ses frères], mais simplement de les approcher par surprise et de les effrayer ...
Yéhouda sortit son épée et lança une série de cris de guerre terribles. Les égyptiens, pétrifiés, prirent la fuite.
Les cris de Yéhouda étaient si terrifiants, que de nombreuses femmes d'Egypte et de Gochen firent des fausses-couches.

Yossef fit signe à Ménaché, qui plaça sa main sur l'épaule de Yéhouda, l'apaisant totalement. [Yéhouda savait que ce pouvoir était réservé aux membres de sa famille, et il ne comprit pas comment un égyptien pouvait le posséder.]
[...]

[Selon le Séfer haYachar, Yossef réalisa que le moment était venu de se dévoiler à ses frères.]

[D'après le Kli 'Hemda,] les frères commencèrent à soupçonner que l'homme en face d'eux n'était autre que Yossef, sans en avoir la certitude.
Seul, Yéhouda était convaincu que c'était bien lui, mais il attendait patiemment de voir la suite des événements.

[Méam Loez - Vayigach 44,18 & 19-34]

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-> "Il (Yehouda) dit : "de grâce (bi- בי) mon Maître. Que ton serviteur parle, je t'en prie (na - נא), aux oreilles de mon Maître et que tu ne (al - אל) te mettes pas en colère contre ton serviteur, car comme toi comme Paro (kéPhar'o - כפרעה - tu es comme Pharaon)"" (Vayigach 44,18)

-> Le Baal Chem Tov enseigne :
Ce verset présente plusieurs anomalies.
D'une part, les deux termes "בי" et "נא" sont supplémentaires, car ils ne viennent que témoigner une forme de respect.
D'autre part, la négation est habituellement exprimée par le terme "לא" et non par le terme "אל".
Enfin, l'expression "comme toi comme Paro" (כפרעה) aurait pu être simplifiée par les mots "comme toi Paro", la lettre כ semble donc superflue.
Ainsi, tous les termes superflus ou anormalement utilisés sont : " בי נא אל כ ". En effet, Yehouda cherchait à tout prix à éviter la colère de Yossef. Or, il est écrit dans les livres Saints, que pour éviter la colère d'un autre homme , il est bon de réciter le verset suivant : " במה יזכה נער את ארחו לשמור כדברך " (bamé yézaké naar ét or'ho lichmor kidbaré'ha - Comment le jeune homme raffinera son chemin, pour préserver Tes Paroles - Téhilim 119,9).

=> C'est pourquoi, Yehouda voulut faire allusion à ce verset dans ses propos qu'il adressa à Yossef, pour apaiser sa colère. Ainsi, il glissa tous les différents termes superflus précités, car ces termes constituent justement les initiales de ce verset des psaumes (téhilim), favorable pour atténuer la colère. Par cela, il cherchait à obtenir que Yossef ne se mette pas en colère.

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-> "Yéhouda s’approcha de lui" (Vayigach 44,18)

-> "Rabbi Yéhouda dit : il s’approcha pour combattre ; Rabbi Né’hémia dit : il s’approcha pour l’amadouer ; Rabbénou dit : il s’approcha pour pour prier."
[midrach Béréchit rabba 93,6]

-> Le Rokéa’h (Hilkhot Téfila 322) rapporte qu’une personne qui prie doit fixer ses yeux vers le bas et élever son cœur vers le haut.
Il écrit : "Lorsqu’elle désirera prier, une personne devra faire trois pas en avant, car il est écrit 3 fois ‘il s’approcha’, au sujet de la prière : "Avraham s’approcha", "Yéhouda s’approcha", "Eliyahou s’approcha".
Nous apprenons ainsi de ces versets 3 sortes d’approches de la prière."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
A priori, cette déclaration demande explication : de quoi traite l’expression "il s’approcha" au sujet d’Avraham et d’Eliyahou? Concernant Yéhouda, on comprend qu’il se tenait à une certaine distance de Yossef et que, lorsqu’il désira lui parler, il dut se présenter devant lui et se rapprocher.
Mais comment l’expliquer au sujet d’Avraham et du prophète Eliyahou qui s’apprêtaient alors à prier devant le Maître du monde? Hachem ne remplit-Il pas toute la terre de Sa gloire sans qu’aucun lieu ne soit vide de Sa présence? Où devaient-ils alors s’approcher?

Nos Sages expliquent que la définition du terme "s’approcher" est ‘quitter un certain endroit pour gagner un autre endroit semblable’.
Le "rapprochement" dont il est question ici n’est pas un déplacement physique. Il décrit l’intention d’un homme qui s’apprête à prier et à parler avec Hachem, et qui ne devra pas demeurer dans le même état d’esprit mais devra réveiller en lui-même la conscience et le sentiment qu’il se rapproche d’Hachem et qu’il Lui parle.
Pour cette raison, il fait, à ce moment-là, trois pas en avant afin d’ancrer dans son cœur cette réalité.

C’est ce que l’on apprend d’Avraham et d’Eliyahou, qui étaient déjà en permanence proches d’Hachem, brûlant de dévotion, et malgré tout, lorsqu’ils s’apprêtaient à prier, ils ne manquaient pas de réveiller cet élan en y joignant un acte de rapprochement afin de se sentir encore plus près d’Hachem.

[ => "Yéhouda s'approcha de lui" = à l'image de Yéhouda, on apprend de là ce qu'est l'essence de la prière = c'est-à-dire réveiller notre cœur (intériorité) et nos sentiments de proximité avec Hachem. ]

"[Yossef] répliqua : "Loin de moi d'agir ainsi! L'homme aux mains duquel la coupe s'est trouvée, sera mon esclave ; quant à vous, retournez en paix auprès de votre père"." (Mikets 44,17)

-> Le midrach Tan'houma explique les paroles de Yossef à ses frères :
"Je crois savoir pourquoi votre jeune frère a dérobé la coupe. Il m'a vu pratiqué la divination avec cette coupe, et voulait l'utiliser pour retrouver son frère disparu. Il m'a tout raconté à ce sujet.

Je sais que son frère ne vous avait rien volé, qu'il ne vous avait fait aucun mal, mais pourtant, vous avez dit à votre père qu'une bête féroce l'avait mis en pièce.
A présent, faites de même avec Binyamin. Il a dérobé et vous a causé du tort. Dites à votre père que lui aussi a été tué par une bête féroce.
Je ne le mettrai pas à mort. Il me suffit que Binyamin reste ici comme mon esclave. Vous pouvez aller en paix chez votre père."

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-> Le Méam Loez (v.44,17) écrit :
Yossef ne désirait que le bien de ses frères. Il les aimait, et voulait les faire souffrir afin de racheter le terrible péché commis à son encontre. Il était préférable pour eux que leur châtiment se réalise en ce monde plutôt que dans le monde à venir.
Par amour pour eux, il fit en sorte qu'ils puissent expier leur péché.
[...]

Yossef vit que ses frères étaient visiblement liés les uns aux autres. Pourtant, il voulut s'assurer qu'ils témoignaient du même attachement pour Binyamin.
Peut-être haïssaient-ils Binyamin comme ils l'avaient lui-même détesté, du fait que Binyamin était le préféré de son père.

Yossef cacha donc la coupe dans le sac de Binyamin afin de s'assurer que ses frères l'aimaient et se souciaient de son bien-être.

-> Le Séfer haYachar explique que si en découvrant la coupe dans le sac de Binyamin, les frères continuent leur route (nous devons apporter de la nourriture à nos familles qui sont affamées!), l'abandonnant derrière, alors il est clair qu'ils n'éprouvent aucun sentiment fraternel.

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-> Le Abarvanel explique que Yossef a conduit à l'arrestation [suite à la coupe retrouvée chez Binyamin] de ses frères très tôt le matin, à une heure où la ville est encore endormie, afin de leur éviter toute souffrance inutile.

-> Rabbénou Bé'hayé explique que Yossef ne les laissera pas partir très loin [avant de les accuser du vol de la coupe], car il ne veut pas que ses frères se fatiguent inutilement.

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-> Pour le bien de ses frères, Yossef a dû aller à l'encontre de son inclinaison naturelle de leur témoigner plein de chaleur et de compassion, provenant d'intenses sentiments d'amour fraternel à leur égard.

C'est pourquoi, avant même qu'il ne s'adresse à eux [lors de leur 1ere venue], un messager Divin vient le mettre en garde :
"Yossef, tes frères t'ont jeté dans un puits, et c'est à eux que tu dois d'avoir été vendu à 4 reprises. Même s'ils ont agi de bonne foi en pensant ne faire que leur devoir, tu ne dois pas leur pardonner sans mener cette confrontation à sa conclusion logique. Il importe qu'ils comprennent exactement où ils ont fauté."
[Aggadat Béréchit 72]

-> Comme ils ont commis plusieurs fautes contre Yossef, Hachem désire les punir dans ce monde-ci afin de leur accorder leur part entière dans le monde futur.
[le paiement de nos fautes est infiniment moins cher dans ce monde que dans le monde à venir!]

-> Les frères ont cherché à faire du mal à Yossef, et il en est finalement résulté un très grand bien.
Inversement, Yossef va donner l'impression de les traiter durement, mais ce sera pour le bien de tous.
[Abarvanel]

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-> Yossef ne provoqua pas ses frères pour les tourmenter et se venger.
Il ne poursuivait qu'un seul but : s'assurer qu'ils l'aimaient. En fonction de leurs sentiments pour Binyamin, il put vérifier leurs sentiments à son égard.

Face à l'attitude de Yéhouda, il comprit que ses frères nourrissaient de bons sentiments à l'égard des fils de Ra'hél. C'est pourquoi il décida alors de révéler son identité.
[...]

De plus, Yossef ne souhaitait ni embarrasser ses frères, ni leur dévoiler brusquement son identité, car cette annonce risquait de les tuer.
[...]

Yossef commença par préparer ses frères en disant : ... Comment pouvez-vous mentir ainsi? Comment avez-vous la certitude de la mort de votre frère? Je l'ai acheté comme esclave, et je veux l'appeler tout de suite.
Yossef se mit alors à appeler : "Yosef! Yosef! Yossef, fils de Yaakov, vient immédiatement! Viens parler à tes frères!"

Ses frères regardèrent autour d'eux attendant l'apparition de Yossef. Lorsque ce dernier vit qu'ils étaient suffisamment préparés, il dit : "Que cherchez-vous? Je suis Yossef! Mon père est-il encore ne vie?"
[Méam Loez - Vayigach 45,1]

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+ "[Yossef éleva sa voix avec des pleurs] Les égyptiens l'entendirent, la maison de pharaon l'entendit" (Vayigach 45,2)

-> Yossef pleura si fort [après s'être révélé à ses frères] qu'on l'entendit à travers toute la capitale égyptienne, jusqu'au palais de Pharaon.
[Méam Loez]

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+ "Il dit à ses frères : Je suis Yossef. Mon père vit-il encore?
Mais ses frères ne purent lui répondre, car il les avait frappés de stupeur. (Vayigach 45,3)

-> La vie s'échappa du corps de ses frères, tant leur frayeur était immense. Hachem les ressuscita ensuite miraculeusement.
[Méam Loez]

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+ Yossef dit à ses frères : Approchez-vous de moi, je vous prie.
Et ils s'approchèrent. Il reprit : Je suis Yossef, votre frère, que vous avez vendu pour l'Egypte. Et maintenant, ne vous affligez pas, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes, de m'avoir vendu pour ce pays ...Hachem m'a envoyé avant vous sauver la vie ... Non, ce n'est pas vous qui m'avez fait venir ici, c'est D., et il m'a fait devenir le père de Pharaon" (Vayigach 45,4-13)

-> Selon le Tsor haMor, lorsque ses frères s'approchèrent, Yossef leur chuchota : "Je suis Yossef, votre frère, que vous avez vendu à l'Egypte". Il leur dit cela calmement, pour que Binyamin n'entende pas. Il leur promit aussi de ne pas le révéler à leur père.

-> Le Méam Loez enseigne que Yossef a fait sortir tout le monde pour éviter à ses frères de subir la honte de sa révélation public.
Il se dit : "Mieux vaut qu'ils me tuent plutôt que je commette l'équivalent moral d'une effusion de sang en les humiliant publiquement."

Selon une autre opinion, les frères de Yossef s'apprêtaient effectivement à le tuer. L'ange Gabriel apparut soudain, et les dispersa aux 4 coins du palais.

La ville de Sodome

+ La ville de Sodome : 

-> Sodome était une ville très riche, exportant de l'or et des pierres précieuses.
La région dans laquelle elle se trouvait recelait d'immenses ressources et sa population n'avait aucun soucis d'argent. Aucune autre ville n'était bénie comme Sodome.

Pourtant, ses habitants étaient profondément méchants. Sodome s'est distinguée par 4 péchés :
1°/ Ses habitants avaient un comportement sexuel immoral.
A 6 heures de Sodome, il y avait une oasis composé d'agréables sources et d'arbres fruitiers magnifiques.
Aux mois d'été, les habitants des 5 cités : Sodome, Gomorrhe, Adma, Tsévoyim et Tsoar, s'y réunissaient et célébraient un carnaval.
Pendant 4 jours et 4 nuits, ils mangeant, buvaient et s'offraient mille plaisirs.
Hommes et femmes se mélangeaient sans tenir compte des liens maritaux ou familiaux. Ils s'adonnaient ainsi à l'adultère, l'inceste et à l'homosexualité.

[Le Ohr ha'Haïm hakadoch (Vayéra 18,16-22) rapporte en se basant sur le midrach (Béréchit rabba 50,5), que les habitants de Sodome avaient des instincts homosexuels, et c'est la raison pour laquelle ils ont couru après les anges qui avaient un aspect humain afin de satisfaire leurs instants abominables.]

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2°/ Ils interdisaient aux voyageurs de traverser leur ville.
La règle établie voulait que personne n'accorde l'hospitalité, et que tout visiteur devait passer la nuit dehors.
Même les arbres avaient été coupés afin d'empêcher les oiseaux d'y trouver refuge.
Quiconque transgressait cette loi devait être brûlé vif.
[...]

Les sodomites détestaient l'idée de l'hospitalité. Ils avaient conçu des lits très "spéciaux" qu'ils proposaient aux visiteurs désireux de se reposer.
Dès lors que le voyageur épuisé s'était confortablement installé, son repos était brutalement interrompu.
- S'il avait une grande taille, on lui donnait un lit court et ses pieds étaient coupés pour qu'ils ne dépassent pas.
- Les individus petits, quant à eux, étaient mis dans de grands lits. Trois hommes tiraient alors ses bras, tandis que 3 autres lui écartelaient les jambes afin qu'il ait la taille requise.
Ils riaient des cris de souffrance de leurs victimes.
[...]

Loth avait une fille, Plétit, mariée à un sodomite.
Un jour, un pauvre lui demanda l'aumône car tout le monde lui refusait la moindre nourriture.
Plétit eut pitié de lui, et en secret lui apporta à manger.

Chaque fois qu'elle se rendait au puits, elle cachait une miche de pain qu'elle laissait pour le pauvre homme. Ce manège ne dura qu'un temps.
En effet, les autorités surveillaient cet indigent et attendaient qu'il meure de faim.
Voyant qu'il restait en bonne santé, ils suspectèrent qu'on lui venait en aide. Ils décidèrent de mener une enquête.
Trois sodomites suivirent les faits et gestes du pauvre, et découvrirent rapidement le manège de la fille de Loth.
Elle fut arrêtée et condamnée à être brûlée vive.
On dressa un bûcher et toute la population fut invitée à assister à ce "spectacle".

Un jour, une jeune fille fut accusé d'un "crime" identique. Elle fut condamnée à être recouverte de miel de la tête aux pieds, et fut ensuite jetée dans une fourmilière.
Lorsque les fourmis commencèrent à manger sa peau, ses cris déchirants auraient figé de terreur qui que ce soi. Pourtant, aucun des monstres de Sodome n'eut pitié d'elle.

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3°/ La corruption régnait dans Sodome.
[Au-delà de favoriser l'appropriation finale des biens des voyageurs,] les lois de Sodome étaient injustes et favorisaient toujours les riches.
Par exemple, un homme qui possédait une vache devait s'occuper de tout le bétail de la ville un jour par an. Par contre, celui qui n'en avait pas devait le faire 2 jours par an.
[...]

4°/ Le meurtre était chose courante à Sodome. La justice dévoyée de ces villes provoqua la mort de nombreux innocents, puisque favorable aux criminels.

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-> Les sodomites étaient si réchaïm (impies) et si corrompus qu'ils méritaient d'être détruits jusqu'au dernier. Même s'ils s'étaient repentis, ils n'auraient pas pu être pardonnés. Pourtant, Hachem eut pitié d'eux et leur donna la possibilité de changer leur voie.

Ces villes existaient depuis 52 ans. Or, 25 années avant leur destruction, Hachem leur envoya des présages les avertissant du destin qui les attendait : des tremblements de terre secouèrent toute la région, et après chacun d'eux, un arc en ciel apparaissait.
Des pluies diluviennes tombèrent également, les prêtes virent dans ces signes une catastrophes imminente. Malgré tout, ils ne modifient pas leur comportement.
[...]

Selon certains commentateurs, le cri de la jeune fille dévorée vivante par les fourmis, aurait incité la justice Divine à mettre au banc des accusés ces 2 villes.
[...]

En général, Hachem châtie ceux qui ont le cœur dur face à un pauvre.
La plainte de l'indigent monte aux cieux. Il ne faut jamais donner la possibilité à un pauvre de nous maudire. Hachem entend ses cris même lorsqu'ils sont sans motif.

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+ La destruction de Sodome :

-> Les 2 anges qui se rendaient à Sodome étaient Michaël et Gabriel.
Michaël pour sauver Loth, et Gabriel pour détruire la ville.
Michaël a la capacité de parcourir le monde en un battement d'aile, tandis que l'ange Gabriel, en a besoin de 2.

=> Dans ce cas, pourquoi leur fallut-il si longtemps pour aller de Hébron à Sodome, alors qu'ils auraient pu parcourir la distance en un instant?
[ils avaient rendu visite à Avraham tard dans la matinée, et "arrivèrent à Sodome le soir" (Vayéra 19,1)]

Gabriel avait pour mission de détruire Sodome, mais quand il vit Avraham débout priant pour la ville, il attendit, espérant que celui-ci pourrait faire annuler ce décret.
Comme Avraham passa toute la journée à intercéder en faveur des Sodomites, ils n'arrivèrent à Sodome que le soir.
[...]

La Torah dit : "Loth était assis à la porte de Sodome" (Vayéra 19,1) = Loth venait justement, ce jour-là, d'être nommé juge suprême de la ville.
[...]

"Ne regarde pas en arrière ... de crainte de périr" (Vayéra 19,17)
L'ange dit : "Ne regarde pas derrière toi! Parce que tu n'es pas saint, tu es indigne de voir la destruction de tes voisins.

Les péchés d'un homme sont inscrits sur son front. Si l'ange de la destruction rencontre un pêcheur, il doit le tuer. C'est pourquoi Noa'h se réfugia (caché) dans l'Arche."

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-> Hachem, entouré de Son tribunal céleste, a décrété sur Sodome les 6 châtiment suivants :

1°/ Une pluie brûlante s'abattit pareille à celle du Déluge ;

2°/ Le feu descendit des cieux. Au début, pour inciter la population au repentir, une pluie intense mais normale tomba.
Comme ils continuèrent à se rebeller contre D., la pluie se transforma en feu et en soufre.
Ils périrent engloutis et brûlés.

3°/ A l'origine, ces 4 villes se trouvaient sur une montagne. L'ange étendit la main et renversa la montagne sur elles.

4°/ Il fut décrété que la terre et toute chose poussant dans la région, deviendraient très nocives.

5°/Lorsque les nuages passent au-dessus de Sodome, la pluie devient toxique et brûle sol. Rien ne peut croître dans la région de Sodome.

5°/ Les Sodomites furent aussi dépravés durant leur vie qu'après leur mort. C'est pourquoi, ils n'ont pas part au monde futur, et ne ressusciteront pas.
[...]

Mesure pour mesure : les sodomites n'accordèrent jamais la charité qui est la vie même des pauvres, la vie leur fut retirée dans ce monde comme dans le monde futur.

Ils fermèrent leurs chemins afin d'interdire la traversée de leurs terres aux étrangers : aussi, les portes du Ciel se fermèrent devant eux, leur refusant la miséricorde.

=> La Torah relate dans le détail tous ces événements, pour que nous n'imitons pas le comportement des Sodomites.

[ b'h, compilation personnelle issue du Méam Loez]

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[en effet, le Zohar commente :
Les habitants de Sodome et Amora ne se lèveront pas au jour du jugement [ils ne participeront pas à la résurrection des morts] ...
De même que leur terre a disparu à jamais, eux aussi ont été anéantis pour toujours.

Constatons que D. juge "mesure pour mesure" :
De même qu'ils ne ranimaient pas les mendiants en les nourrissant, de même Hachem ne rendra pas la vie à leur âme dans le monde futur.
Puisqu'ils se sont dérobés de la charité appelée "'haïm" (la vie), D. leur a retiré la vie dans ce monde-ci et dans le monde à venir.
Enfin, ils ont privé leurs contemporains de certaines voies, alors D. les privera des voies de la miséricorde : Hachem ne les prendra en pitié ni dans ce monde, ni dans le monde à venir. ]

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-> "La femme de Loth, ayant regardé en arrière, devint une statue de sel" (Vayéra 19,26)

De même que le sel conserve la viande, l'empêchant de pourrir, la charité protège nos biens.
Si une personne cherche à sauvegarder ses biens, elle devra les employer à des fins charitables, prenant en pitié les pauvres.

[selon la guémara (Kétoubot 66b) : "la tsédaka est le sel de l'argent".
Ainsi, parce que la femme de Loth (Irith) n'était pas charitable, elle fut transformé en colonne de sel, lorsqu'elle s'est retournée pour regarder la ville, malgré l'avertissement de Gabriel.
De même qu'elle a refusé de donner du sel lorsque Loth en avait demandé pour les invités, de même elle fut transformée en statue de sel.]

Selon certains, la femme de Loth comprit que ses richesses avaient disparues (avec la ville de Sodome) et qu'elle n'aurait aucun héritage de son mari. Elle en fut extrêmement attristée.
Ainsi, elle regarda "derrière lui", et non pas "derrière elle".

[Littéralement, le mot a'harav peut aussi être traduit "après lui", c'est-à-dire au-delà de sa mort : celle de Loth]

Hachem dit : "Non seulement elle n'a pas "salé" ses biens avec la charité, et elle n'a pas permis à Loth de recevoir des invités, mais maintenant elle s'inquiète pour son héritage, au lieu de se repentir. Qu'elle soit changée en statue de sel!"

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-> Il est écrit: "Lorsqu’ils les eurent conduits dehors, l’un d’eux (les anges) lui dit (à Loth): “Songe à sauver ta vie ; ne regarde pas en arrière et ne t’arrête pas dans toute cette région ; fuis vers la montagne, de crainte de périr”." (Vayéra 19,17).

Rachi commente: "Ne regarde pas en arrière : Tu as fait le mal comme eux, et c’est par le mérite d’Abraham que tu es sauvé. Tu ne mérites pas de voir leur châtiment, alors que toi tu as été épargné."

Cependant: "La femme de Loth, ayant regardé en arrière, devint une statue de sel" (v.26).
=> Pourquoi est-elle devenue une "statue de Sel"?

On peut citer les réponses suivantes :
1°/ Rachi rapporte le midrach (Béréchit Rabba 50,4) : "C’est par le sel qu’elle avait péché, c’est par le sel qu’elle a été punie. Loth lui avait dit: ‘Donne un peu de sel à nos invités (les anges)!’, ce à quoi elle avait rétorqué: ‘Cette vilaine coutume, tu viens la pratiquer ici aussi!’"
[C’était Pessa’h et Loth leur "fit cuire des matsot et ils mangèrent" (v.3).
Cependant, les matsot étaient cuites sans sel, ainsi la coutume voulait-elle qu’on les trempe dans le sel avant de les manger. Elle a donc fauté par le sel, et "mesure pour mesure" elle fut punie.]

Un autre midrach (Béréchit Rabba 51,5) enseigne : "La nuit où les anges sont venus chez Loth, elle partit chez ses voisines leur dire : ‘donnez-moi du sel car nous avons des invités’ Son intention était que les gens de la ville les ‘connaissent’ (les abusent). C’est pourquoi, elle devint une ‘statue de Sel’."

2°/ La femme de Loth était surnommée "Méla’h" (sel). Elle était appelée ainsi par les pauvres car au lieu de leur donner du pain qu’ils réclamaient, elle leur donnait du sel. Ainsi, les pauvres ont-ils priés Hachem qu’elle se transforme en tas de sel
[midrach Yalkout Réouvéni]

3°/ La femme de Loth a vu la Présence Divine (Chékhina) lorsqu’elle s’est retournée. [selon le Zohar]
Or la Chékhina est appelée "Méla’h", car comme le sel conserve les aliments, l’Attribut divin de Malkhout (Royauté - appellation de la Chékhina) maintient le Monde dans son existence.
Ainsi, puisqu’elle a transgressé la parole de l’ange: "Ne regarde pas en arrière", elle fut punie "mesure pour mesure" : elle mourut et devint une ‘statue de Sel’
[Séfer Péliya]

4°/ Le midrach [Pirké déRabbi Eliezer 25] explique qu’en regardant derrière elle? dans l’espoir de voir ses filles mariées les rejoindre, la femme de Loth fut touchée par le fléau de la Maguéfa (du soufre et du feu), par la simple contemplation du désastre. [le Ramban développe ce sujet du fait que la vision d’une infection dans l’air peut contaminer la personne]
Le cataclysme comportait 3 éléments, comme le rapporte le verset: "Terre de soufre et de sel, partout calcinée (feu), ruinée comme Sodome et Gomorrhe" (Dévarim 29,22).
Cependant, par respect pour Loth, seul le sel s’abattit sur sa femme.
[Alchikh haKadoch]

5°/ Il est écrit littéralement: "La femme de Loth, ayant regardé derrière lui (après lui)", c’est-à-dire qu’elle regarda ce qui allait advenir d’elle, après que son mari eut perdu toute sa fortune.
Son inquiétude n’était pas temps au sujet de la privation de charité réservée aux pauvres mais plutôt relative à sa condition de pauvreté. Ainsi, l’Attribut de Justice l’accusa-t-elle en disant: "Tu t’inquiètes maintenant pour ton argent, alors que tu n’as fait aucun geste pour soulager la misère des pauvres".
Elle fut ainsi punie par le sel, conformément au principe de "mesure pour mesure". En effet, l’argent est comparé au "sel", comme l’enseigne la guémara (Kétoubot 66b) : "A Jérusalem [on disait le dicton] : Sel, argent, manque", c’est-à-dire, explique Rachi: "Celui qui veut ‘saler’ son argent – c’est-à-dire le conserver, doit le restreindre constamment au profit de la Tsédaka. Sa diminution sera alors sa conservation."
En privant les pauvres de son "sel" (argent), elle devint elle-même une statue (de sel)
[Kli Yakar]

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-> Le midrach (Beréchit Raba 50,4 ; 51,7) raconte en détail sa réaction cruelle en ce qui concerne le sel. Quand Loth invita les anges chez lui, sa femme n’apprécia pas sa générosité. Elle décida de le rendre coupable aux yeux des habitants de Sodome ; lorsque Loth lui demanda si elle avait du sel à ajouter au repas qu’il servait, elle alla chez ses voisines et leur demanda du sel "pour des invités".

-> Le "regard" de la femme de Loth ne résultait pas d’une quelconque bienveillance, comme le prouva son attitude cruelle quand on lui demanda du sel. Pourquoi regarda-t-elle la destruction de la ville? C’était peut-être par pure curiosité et non par pitié pour les personnes disparues, elle voulait juste voir ce qui leur arrivait.
Ceci méritait en soi une sanction, mais la nature étrange de sa mort fut le résultat de son insensibilité concernant le sel. C’était une preuve de son manque total de bienveillance et l'on en déduit que son regard vers la destruction de Sodome ne provenait pas d’un quelconque souci pour autrui (ah les peuples qu'est-ce qu'ils leur arrivent), mais qu’il était plutôt le résultat de sa curiosité.

Ainsi la curiosité avide de la femme de Loth fut la cause de sa disparition. On apprend de là une leçon importante sur l’attitude à développer envers la curiosité. On peut penser que c’est un trait de caractère neutre, mais comme tout "trait de caractère neutre", elle peut être appliquée de manière positive ou négative. Il est vrai que la curiosité incite la personne à s’intéresser au monde et à élargir ses horizons.

Le ‘Hazon Ich disait qu’on peut lire les gros titres des journaux afin de savoir ce qui se passe dans le monde. Cependant, si la curiosité est mal utilisée, elle est préjudiciable. Si elle est un but en soi, elle peut, au mieux, entraîner une perte de temps. Elle risque également, ce qui est bien plus regrettable, d’entraîner beaucoup de lachon hara et d’impliquer la personne dans des affaires peu recommandables.

Le rav Steinman dans son commentaire sur l’histoire de la femme de Loth, note qu’il est courant, de nos jours, de s’intéresser à chaque détail des tragédies qui surviennent. Apprendre trop de choses sur les événements difficiles peut avoir des conséquences négatives, comme une peur excessive, voire une paranoïa.

=> Quelle est l’opinion de la Thora sur les gens qui passent leur temps à enquêter et à discuter de ce qui se passe autour d’eux ?

Dans la paracha Massé, la Torah parle du cas du meurtrier involontaire. Il risque d’être tué par le goel hadam (un membre de la famille du défunt qui voudrait venger le sang de son proche), jusqu’à ce qu’il s’exile dans une ville de refuge, dans laquelle il est en sécurité. Les Sages nous informent que plusieurs panneaux indiquaient les villes de refuge, afin que le meurtrier puisse y accéder rapidement. En revanche, quand les gens allaient au Temple pour les 3 Fêtes de Pèlerinage, Jérusalem n’était pas indiquée / pourquoi aucun panneau ne signalait cette ville sainte?
C’est parce qu’Hachem veut que les gens se demandent quelle route prendre pour arriver au Temple, Il veut que les discussions soient axées sur un sujet de sainteté. Par contre, Hachem ne souhaite pas que le tueur involontaire demande aux gens son chemin, parce que ces derniers risquent de parler d’incidents déplaisants.

Ceci nous enseigne que bien qu’il soit correct d’écouter ou de lire les informations, il convient de faire attention à ne pas dépasser la limite entre la connaissance et l’intérêt excessif pour les faits déplorables. Ainsi, l'histoire de la femme de Loth nous indique comment et quand l’intérêt porté à autrui est opportun.
[d'après un enseignement du rav Yehonathan Geffen]

[soit tu prends ta curiosité afin de construire l'essentiel, à l'image du sel en petite quantité qui va donner un meilleur goût, qui va sublimer un plat (le principal).
Soit tu vois la curiosité comme une finalité en soi, tu t'y identifies tellement que c'est à tes yeux l'essentiel, mais alors ta vie est au mieux totalement infertile (comme une statue), mais bien souvent tu gâche ta vie en disant du lachon ara, en développant pour rien des peurs (ex: j'ai vu aux infos que), ... (à l'image d'un surplus de sel dans un sublime plat qui le gâche complétement = notre vie devient amer, avec un mauvais goût par excès de curiosité!). ]

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=> Pour promouvoir leurs croyances, les habitants de Sodome instaurèrent un code de lois visant à renforcer leur méchanceté. Sur quoi se basait leur doctrine?

Le rav Its'hak Berkovits explique que d’après ces gens, le fait de prodiguer un bienfait à autrui était cruel. En effet, en donnant à l’autre ce dont il a besoin, alors qu’il ne le mérite pas, on l’encourage à devenir dépendant et ainsi à ne jamais être un membre productif de la société.
Ils mirent donc en place un code de lois et des sanctions pour empêcher le ’Hessed de "détruire" la société. Par ailleurs, les punitions n’étaient pas arbitraires, mais étaient infligées mesure pour mesure pour le "dommage" causé à la "victime" du ’hessed.

Par exemple, la guémara (Sanhédrin 109a) raconte que lorsqu’une jeune fille donnait à manger à un indigent, on la recouvrait de miel afin que les abeilles attirées sucent le miel et la piquent à mort.
Selon eux, en aidant le pauvre, elle le détruisait, car elle le rendait faible et tributaire des autres. Par conséquent, elle était punie en étant obligée de faire du "’hessed" avec les abeilles. Sa bonté fut "destructrice", elle devait donc être détruite par un acte de bonté.

La ville de Sodome fut aussi détruite mesure pour mesure, à cause de leur fausse conception du ’hessed.
Rachi (Vayéra 19,24) nous informe qu’au début, une fine pluie tomba sur Sodome et qu’ensuite, elle se transforma en sulfate et en feu.
C’était tout d’abord pour leur donner une dernière chance de se repentir. Mais cela nous montre également qu’ils furent punis par un acte de bonté qui devint un acte de destruction. À l’instar de leur raisonnement quant aux sanctions appliquées aux bienfaiteurs, à savoir que le ’hessed est dévastateur.

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+ "L'aînée dit à la plus jeune : "Notre père est âgé, et il n'y a plus d'homme dans le monde pour s'unir à nous selon l'usage de toute la terre. Et bien! Enivrons de vin notre père, partageons sa couche, et par notre père nous obtiendrons une postérité"." (Vayéra 19,31-32)

-> Quand les filles de Loth assistèrent à la destruction de Sodome, elles supposèrent que le monde entier avait été détruit, comme à l'époque du Déluge.
Cachées dans une grotte, elles crurent qu'elles et leur père étaient les seuls survivants.
[...]

On peut se demander comment obtinrent-ils ce vin?

Les habitants de Sodome utilisaient des grottes pour entreposer le vin. La terre était si généreuse et le vin si abondant, qu'il n'y avait pas suffisamment de place chez eux dans leurs celliers
Ils stockaient les barils dans les cavernes des montagnes sans crainte de vol, puisque le vin ne manquait pas.

Selon une autre opinion, le vin avait été miraculeusement placé par Hachem dans la caverne.

[Il est important d'avoir à l'esprit] que les filles de Loth étaient animées de mobiles élevés, et étaient dignes d'avoir le machia'h pour descendant.
En effet, le fils de la 1ere fut Moav ; et Ruth, l'arrière grand-mère du roi David était Moavite.

[Source : b'h, compilation personnelle issue du Méam Loez]

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-> "Hachem me dit : N'attaque pas Moav et ne lui déclare pas la guerre. Je ne t'accorderai pas leur pays en patrimoine car J'ai déjà donné Ar en héritage aux descendants de Loth" (Dévarim 2,9)

-> Le Méam Loez commente :
Nous voyons plus loin que D. a ordonné aux Bné Israël de ne pas provoquer Ammon non plus, comme il est écrit : "Tu vas t'approcher des Ammonites mais ne les attaque pas et ne les provoque pas" (Dévarim 2,19).
Le verset ne dit pas : ne les provoque pas au combat pour nous enseigner que toutes formes de provocation étaient interdites envers Ammon, y compris la levée d'un impôt. Cette mesure n'était permise qu'envers Moav.

La raison remonte à l'époque où D. a détruit Sodome et sauvé Loth et ses filles.
Lorsque ses filles ont vu que personne n'avait survécu, à part leur père et elles, elles ont pensé que D. avait anéanti le monde comme au temps du Déluge. La fille aînée a fait boire son père et est devenue enceinte de lui ; elle a donné naissance à un fils qu'elle a nommé Moav. Le mot Moav veut dire : mé-av (du père).

La cadette a fait la même chose et est devenue enceinte de son père.
Elle a appelé son fils Ben Ami, ce qui veut dire : le fils de mon peuple.
Elle a respecté l'honneur de son père en ne mentionnant pas explicitement l'origine de son fils.

Hachem l'a récompensée en interdisant aux Bné Israël de provoquer Ammon, serait-ce pour leur imposer un impôt.
Par contre, il était permis de provoquer Moav autrement qu'au combat. Ainsi, lorsque les Bné Israël ont rencontré les descendants d'Ammon, ils ont revêtu leurs manteaux pour dissimuler leurs armes afin de ne pas les effrayer.

Il s'agissait d'une rétribution mesure pour mesure. De même que la fille aînée de Loth avait fait preuve d'effronterie envers son père, les Bné Israël ont été effrontés envers ses descendants les Moavites.
De même que la cadette avait respecté son père et dissimulé son acte humiliant, les Bné Israël ont reçu l'ordre de dissimuler leurs armes lorsqu'ils se sont approchés d'Ammon, les descendants de Ben Ami.
[...]

Hachem a donc ordonné à Moché de ne pas provoquer Ammon et Moav.
"Ce n'est pas comme tu le crois, lui dit Hachem. 2 justes seront issues d'Ammon et Moav. L'une est Ruth la Moavite, de laquelle descendra le roi David. La 2e est Naama l'Ammonéenne, qui épousera le roi Salomon et donna naissance à Réhoboam. Comme toutes 2 seront issues d'Ammon et de Moav, il est interdit de combattre ces peuples avant la naissance du roi David, descendant de Ruth, la fille d'Eglone, descendant de Balak.
C'est à cette époque que les Bné Israël ont pris leur revanche contre les Moavites qui les avaient fait fauter à Baal Péor. Ruth étant déjà née, Moav n'avait plus de raison d'être."

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-> Pour sauver Sodome, il fallait 10 tsadikim au moins. Mais pour détruire le monde, il suffit d'un fou.
[rabbi Mendel de Kotzk]