Aux délices de la Torah

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L'essence de la plupart des mitsvot est l'accomplissement d'un certain acte ; le commandement demande que l'acte soit accompli, indépendamment de la volonté ou du désir de la personne. Il n'y a donc pas d'obligation d'ajouter des hidourim (embellir) à l'accomplissement de la mitsva.
L'allumage des lumières de Hanoucca exprime le désir intérieur de la personne qui l'accomplit. Mieux la personne accomplit la mitsva, mieux elle exprime son désir de servir Hachem. [le Choul'han Aroukh (OH 673,2) dit : "c'est par l'allumage qu'accomplit la mitsva. Par conséquent, si (une mèche) s'est éteinte avant son temps, il n'est pas nécessaire de la (rallumer)."]
Ainsi, en accomplissant la mitsva avec hidour, elle montre son attachement au niveau spirituel atteint par les 'Hachmonaïm.

A 'Hanoucca, chaque juif a le devoir d'éveiller son désir intérieur d'accomplir les mitsvot avec messirout néfech (don de soi) et d'intégrer le niveau spirituel des 'Hachmonaïm et leurs immenses sacrifices pour la avodat Hachem dans sa vie. Ainsi, la lumière de la mitsva de la ménorah de
'Hanoucca emplit sa vie et illumine son âme d'un élan extraordinaire pour servir D.
[rabbi Dovid Hofstedter - Darach David]

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-> A 'Hanoucca tout le monde réalise la mitsva d'allumer d'une façon parfaite, comme le rapporte la guémara (Shabbat 21b) :
"La mitsva de 'Hanoucca est, pour chaque homme, d'allumer une lumière dans sa maison. Les méhadrin [ceux qui embellissent les mitsvot] allument une lumière pour chaque personne. Les méhadrin min haméhadrin [ceux qui embellissent les mitsvot au plus haut degré] allument une lumière le premier jour et ajoutent ensuite [une lumière chaque jour]."

Le destin tragique des ‘Hachmonaïm

+ Le destin tragique des 'Hachmonaïm :

-> "Les Cohanim du 2e Temple parvenaient au pouvoir en donnant de l'argent aux rois de la maison de 'Hachmonaï pour acheter la fonction de Cohen Gadol" [Rachi - guémara Yoma 8b]

-> "Je trébuchai dans [la faute de] haine gratuite et de querelle qui domina les rois de la maison de 'Hachmonaï, Hyrcanous et Aristobolous, au point que l'un d'eux fit venir le royaume de Rome, reçut de lui la royauté et devint son vassal. Depuis lors, "mon âme me fit des chars" pour qu'y soient conduits les nobles des autres nations ... car je leur donnai moi-même le pouvoir" [Rachi - Chir Hachirim 6.12]

-> "Seule une jeune fille resta [de la famille des 'Hachmonaïm]. Elle monta sur un toit et cria : 'Quiconque affirme être de la maison de 'Hachmonaï est un esclave! Puis elle se jeta du toit et mourut" [guémara Kiddouchin 70b]

On peut s'interroger :
=> Les Hachmonaïm qui ont combattu les Grecs à l'époque du miracle de Hanoucca étaient des tsadikim, des saints extraordinaires prêts à livrer leur vie pour rétablir la avodat Hachem du peuple juif.
Sans leurs actions, la Torah et les mitsvot auraient été oubliées. Il est donc très étonnant que leurs descendants fussent des rois qui vendirent la fonction de Cohen Gadol pour de l'argent.
Comment une famille qui fit preuve d'une telle messiront néfèch pour l'honneur de D. a-t-elle pu dégénérer à ce point ?

=> Comment est-il possible que l'époque du règne des 'Hachmonaïm se terminât de façon si déshonorante? Comme le raconte Rachi dans le passage cité ci-dessus, les rois de la famille 'Hachmonaï livrèrent eux-mêmes leur royaume aux Romains. Comment cela a-t-il pu arriver à une famille dont les ancêtres ont fait preuve d'un tel sacrifice pour une cause sainte?

=> Non seulement cela, mais la famille 'Hachmonai elle-même connut une fin tragique. Comme le raconte la guémara (Kiddouchin 70b]), pratiquement tous les membres de la famille furent éliminés et la dernière survivante fut mariée de force à Hordous (Hérode), un esclave, et décida de mettre fin à ses jours. Comment une famille appelée "les saints cohanim" de D., dont on se souvient éternellement pour sa messiront néfèch à défendre l'honneur divin, a-t-elle pu connaitre un destin si tragique?
Cela nous laisse particulièrement perplexes si l'on sait que la récompense des Hachmonaïm fut de fixer 'Hanoucca en tant que fête pour toutes les générations à venir. Si la nouvelle mitsva qu'ils ont instituée devait être éternelle, pourquoi les Hachmonaïm furent-ils anéantis de façon si terrible?

=> De plus, la guémara (Baba Batra 3b) raconte que Hordous, qui était l'esclave des 'Hachmonaïm, usurpa leur trône. C'était devenu une halakha bien établie que quiconque affirmait être un descendant de la famille de 'Hachmonaï était un esclave.
Egalement : Rachi (guémara Kiddouchin 70b) dit que tous les descendants authentiques des 'Hachmonaïm furent massacrés par Hordous (Hérode), qui était un esclave. Il usurpa le rôle de souverain et appela ses propres enfants " 'Hachmonaïm". Comme le peuple juif avait toujours veillé à ne pas marier ses filles à des esclaves, il est probable que les fils de Hordous n'ont pas épousé des jeunes filles juives. On présume donc que tous leurs descendants ont le statut d'esclaves.
Pourquoi les 'Hachmonaïm méritèrent-ils ce déshonneur?

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-> Cette question est abordée par le Ramban (Vayé'hi 49,10) expliquant que les Hachmonaïm ont fauté en ne remettant pas la royauté aux descendants du roi David. Comme le dit la Torah dans le verset (Vayé'hi 49,10) : "Le sceptre ne quittera pas Yéhouda". Aucune autre tribu que celle de Yéhouda n'a le droit d'assumer la monarchie dans la nation juive.

Le Ramban cite un autre verset suggérant que les Hachmonaïm ont fauté en assumant la fonction de souverains, et enseigne : "Il est possible qu'ils ont également fauté en devenant rois, parce qu'ils étaient Cohanim et qu'ils avaient reçu cet ordre : "Toi et tes fils, vous veillerez à votre prêtrise (Cohen) : votre service consistera en tout ce qui concerne l'autel ainsi que tout ce qui se trouve derrière la cloison de tissu. La prêtrise que Je vous ai donnée est le privilège d'accomplir le service" (Kora'h 18,7).
Les 'Hachmonaïm n'auraient pas dû régner mais uniquement accomplir le service de D."

Aboudraham ('Hanoucca) cite une 3e source indiquant qu'un Cohen n'est pas autorisé à assumer le rôle de roi : la Torah dit : "Afin qu'il vive longtemps sur son royaume" (Choftim 17,20) et dans le verset suivant : "les Cohanim et les Léviim n'auront pas".
Cela indique que les Cohanim ne sont pas autorisés à agir en tant que rois, et c'est pourquoi les 'Hachmonaim ont été punis.

La guémara (Yérouchalmi Horayot 3,2) tranche que les Cohanim ne doivent pas être oints en tant que rois, en citant à la fois le verset "Le sceptre ne quittera pas Yéhouda" et la juxtaposition des 2 versets cités par Aboudraham.

=> Cette explication ne semble cependant pas justifier le destin terrible qui fut le lot des 'Hachmonaim.
Au pire, ils ont transgressé un commandement négatif en usurpant le trône aux dirigeants légitimes de la nation. Pourquoi ce délit aurait-il eu comme conséquence l'annihilation de toute une famille?
De plus, le Ran (Drachot HaRan 7) conteste l'opinion du Ramban et affirme que le verset n'est qu'une promesse à la tribu de Yéhouda qu'elle hériterait de la royauté, pas une interdiction.
Selon Ran, les 'Hachmonaïm n'ont transgressé aucune interdiction, car ils n'avaient pas réellement le statut de rois et n'étaient que des fonctionnaires publics. Comment cette approche justifie-t-elle leur fin tragique?

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+ Le penchant subtil des 'Hachmonaïm :

-> La guémara (Soucca 52a) nous enseigne que plus l'homme est grand, plus grand est son yétser ara. Les hommes les plus saints sont ceux qui rencontrent les plus grands défis, car le yetser ara cherche à corrompre leur avodat Hachem en introduisant en eux des motivations égoïstes et en les faisant servir Hachem de façon inappropriée.

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) enseigne :
C'est justement du fait de leur sainteté et de leur messirout néfech extraordinaire pour l'honneur de D. que le yétser ara a visé les 'Hachmonaïm et a réussi à introduire une infime imperfection dans leurs actes en tant que dirigeants du peuple juif.
Les 'Hachmonaïm avaient des intentions pures lorsqu'ils s'installèrent sur le trône. Ils pensaient qu'il leur fallait rester au pouvoir pour perpétuer la sainteté du peuple juif. Sans leur influence en tant que dirigeants, ils craignaient un déclin spirituel du peuple.
S'ils avaient attentivement examiné leurs motivations, ils auraient découvert qu'outre leurs intentions pures, ils éprouvaient un désir extrêmement subtil de pouvoir, comme le dit Rabbénou Be'hayé (Vayé'hi 49,9) : "Ils voulaient être rois".
Cette infime particule de motivation égoïste introduisit une mesure d'impureté dans leur règne, ce qui permit à des désirs et considérations étrangers de corrompre leurs actes.

Au fil des générations, cette minuscule imperfection grandit au point que les rois de la maison de 'Hachmonaï exploitèrent leur pouvoir en vendant la fonction de Cohen Gadol.
Cet abus de pouvoir avait ses racines au tout début de leur règne, lorsqu'un très fin désir de gain personnel influait déjà sur leur décision de devenir les rois d'Israël. Cet intérêt personnel subtil grandit jusqu'à éclipser leurs intentions pures initiales avec, pour résultat, que leur règne devint entièrement intéressé, privé de toute intention de rehausser l'honneur d'Hachem.

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+ Une punition appropriée :

-> La sévérité de la punition des 'Hachmonaïm s'explique.
Lorsque la avodat Hachem est mêlée à un désir de gain personnel, le délit est particulièrement grave. Une telle imperfection dans la avodat Hachem équivaut à un acte de rébellion contre le Maître du monde, et D. est extrêmement exigeant lorsqu'Il juge les justes (tsadikim).

Les 'Hachmonaïm furent punis mesure pour mesure notamment par la domination d'esclaves sur leurs descendants. Comme le dit Ramban (Vayé'hi 49.12) : "Parce qu'ils ont régné en tant que rois alors qu'ils ne faisaient pas partie des descendants de Yéhouda et de la dynastie de David, et qu'ils ont usurpé le sceptre de la royauté [de la tribu de Yéhouda], ils furent punis mesure pour mesure : Hachem fit que leurs esclaves les dominent et les anéantissent".
Puisque les Hachmonaïm ont laissé des considérations personnelles altérer leur service sacré, mêlant ainsi le kodech et le 'hol, le sacré et le profane, il fut décrété que leur descendance soit dominée par ce qu'il y a de plus mauvais dans la société. Leur trône fut usurpé par Hordous (Hérode), leur esclave, et des générations d'esclaves prirent le nom de leur famille.

La façon même dont la chute des 'Hachmonaïm s'est produite reflète la nature de leur faute.
A leur niveau élevé, les Hachmonaïm étaient coupables de n'avoir pas convenablement analysé leurs motivations et de n'avoir pas reconnu qu'ils étaient en partie encouragés par leurs ambitions personnelles. Ils pensaient bien agir en se déclarant rois des Bné Israël, et leur chute commença à cause de la même conduite : lorsqu'ils demandèrent l'aide des Romains, ils pensaient faire au mieux mais ne se rendirent pas compte que leurs actions allaient conduire au terme du règne de leur famille.

Il y a peut-être une autre façon d'expliquer le jugement midda kenéguèd midda dans la punition de la famille 'Hachmonaï : comme les 'Hachmonaïm se sont établis comme les rois d'Israël en partie par des considérations égoïstes, ils furent punis en devenant les véhicules de la dissolution de leur propre souveraineté. Ce furent des rois de la maison de 'Hachmonaï qui livrèrent le gouvernement de la terre d'Israël aux Romains.
Ils se transformèrent en instrument de l'anéantissement de leur lignée jusqu'à ce que la dernière descendante de la famille 'Hachmonaï mit fin à ses jours. Comme leurs ambitions personnelles ont corrompu leur avodat Hachem, ils méritaient d'être les agents de leur propre chute.
Ceci nous enseigne que, lorsqu'une personne laisse ses intérêts personnels lui dicter la façon de servir Hachem, non seulement elle n'obtient pas le bénéfice qu'elle recherche, mais ses actes la conduiront dans la direction opposée, vers sa chute.

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+ Conclusion : le message de 'Hanoucca = purifiez votre coeur!

-> L'essence et le thème particulier de 'Hanoucca est la victoire de la sainteté sur l'impureté et le triomphe des tsadikim sur les réchaïm.
Il est important que chaque juif reconnaisse que, de même qu'il a la mission de lutter contre les forces du mal et de l'impureté qui sont visibles et externes, il doit aussi combattre le yétser ara interne qui lance son attaque à un moment d'élévation spirituelle et cherche à introduire des motifs ultérieurs dans le service divin du juif.

C'est là la manœuvre essentielle du yétser ara dans son effort de faire fauter les justes (tsadikim) : il cherche à allumer dans leur cœur un feu étranger et à souiller la "fiole d'huile" pure à l'intérieur de leur âme.
Comme nous l'avons vu, bien que les 'Hachmonaïm aient été des justes extrêmement saints, ils n'ont pas échappé à l'influence pernicieuse du yétser ara.
=> L'homme doit s'efforcer de purifier son cœur de tout vestige d'ambition personnelle dans son service de D., et chercher à s'assurer que tous ses actes sont totalement purs. [chacun selon son niveau et capacités spirituels]
C'est là un élément essentiel dans la lutte contre le yétser ara. Gardons toujours présent à l'esprit que "le péché est tapi à la porte".

[certes les bougies de 'Hanoucca servent à illuminer le monde externe, mais nous devons faire de même avec notre intériorité, pour avoir un service d'Hachem qui soit le plus pur possible. ]

Les grecs voulaient corrompre notre vision du monde

En fait, même sans une tentative délibérée de leur part d'éliminer la connaissance de la Torah, simplement en exposant les juifs à leur culture, totalement centrée sur la naturalité du monde, les grecs ont fait un mal énorme.
Une vision du monde qui assimile la sagesse à la nature, et rien de plus, conduira forcément à l'oubli de la Torah.
Alors que le peuple juif est également invité à étudier le monde naturel, dans notre cas ce n'est pas une fin en soi, mais simplement un moyen d'atteindre notre objectif ultime, de réaliser que Hachem guide et contrôle toute la nature.
[il est écrit : "Observez-les et pratiquez-les! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu'ils auront connaissance de toutes ces lois, ils diront: "Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation!"" (Vaét'hanan 4,6) = parfois on veut se faire bien voir de la société en agissant comme elle (comme ses valeurs), mais la Torah nous affirme l'inverse : fais la volonté d'Hachem et alors tu seras perçu comme une lumière! C'est ça un message de 'Hanoucca. ]

Le choc des cultures peut être mis en évidence par le fait que la guématria de "yavan" (יון) est identique à celle de "galgal" (גלגל - les forces de la nature), mais également identique à la valeur de "Elohé'ha" (אלהיך - Ton D.) qui est la base de la croyance des juifs (le "ano'hi Hachem Elohé'ha"), soit 66, pour souligner que c'est Hachem qui contrôle et régule la nature. [et c'est précisément notre conscience de cela que les grecs voulaient amoindrir autant que possible]
De plus, la guématria de גלגל est aussi identique à : "היה הוה יהיה" (aya ové yiyé - Il a été, Il est, Il sera), soulignant la nature éternelle d'Hachem.
[face à la constante perfection de la nature, les grecs se renforçaient dans la notion d'une naturalité autogérée (dieu s'étant mis en retrait), mais un juif doit au contraire doit avoir conscience que rien de petit ou de grand ne peut se passer sans un décret d'Hachem. (toute chose a une date de début et de fin, sauf Hachem qui n'a ni l'un ni l'autre [ayant même inventé la notion de temps]) ]
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5661]

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-> En déjouant la tentative grecque de nous faire oublier la Torah, Hachem a également fait don d'oublier toutes les petites vanités de ce monde. Tout comme c'est une mitsva de se souvenir de la Torah, c'est une mitsva d'oublier toute gêne qui vient nous empêcher d'étudier la Torah.
Comme le chante le roi David : "oublie ton peuple et la maison de ton père" (Téhilim 45,11).
Ainsi, notre objectif principal est d'établir des priorités appropriées. Contrairement aux Grecs qui vénéraient le monde matériel bien au-delà de sa vraie valeur, nous réalisons que le service divin, et non les vaines passions passagères de ce monde, sont les plus importantes.
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5662]

-> La Torah et les mitsvot sont immuables, non soumises à nos caprices et à nos désirs. Les Grecs ont cherché à dissiper le sentiment de foi inébranlable que les juifs ont toujours affiché, en le remplaçant par l'option de faire à sa guise.
Faire la volonté d'Hachem implique un engagement inflexible, et les Grecs favorisaient, comme un pâle substitut, l'accomplissement de nos souhaits plutôt que ceux d'Hachem.
[parfois aussi on pense servir D., mais en réalité on adapte la religion pour qu'elle soit en accord avec notre volonté. On ne sert pas Hachem, mais le dieu que nous nous façonons (notre égo)]
En réalité, les Grecs ont fait preuve d'une grave incompréhension de l'essence de la sagesse ('hokhma). La vraie Sagesse consiste à annuler son propre intellect pour Hachem. Comme Iyov dit : "quant à la Sagesse, où la trouver?" (a'hokhma méayin timatsé - Iyov 28,12) = la Sagesse naît de la négation de soi-même (du MOI JE).
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5631]

-> Les Grecs ont cherché l'élimination de ces aspects de la culture juive que leur intellect rationnel ne pouvait pas saisir : la Torah qui est incompréhensible pour l'esprit d'un non-juif et les mitsvot qui n'ont aucune raison apparente (les 'houkim).
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5642]

Toute chose qui prend sa source dans le domaine de la sainteté doit être accomplie dans la sérénité et dans la joie.
Mais si elle est accomplie dans l’énervement, c’est qu’elle provient du domaine du mal et de l’impureté.
[Zohar]

Le bita’hon est l’écrin de la sainteté

+ Le bita'hon est l'écrin de la sainteté :

-> "La principale préparation afin d'atteindre des niveaux dans la sainteté se trouve dans la émouna (foi) et le bita'hon (confiance en D.)."
[Bat Ayin - paracha Bamidbar)]

-> Il développe ainsi :
La raison pour laquelle les lettres ב,ט,ח sont celles qui composent la racine du mot בטחון (bita'hon) : ces 3 lettres dans leur expression "pleine" (tel qu'on les prononce) s'écrivent : בי״ת טי״ת חי״ת (la "terminaison" י״ת ne se retrouve dans aucune autre lettre, excepté ces trois).
Or, la valeur numérique de י״ת est de 410, comme celle du mot : kadoch (saint - קדוש), allusion au fait que la kédoucha (la sainteté - קדושה) commence par le bita'hon (la confiance en D. - בטחון).

Le Bat Ayin poursuit en expliquant que le mot bita'hon peut aussi signifier un couvercle,car le bita'hon est le couvercle et l'écrin de la sainteté (ce qui est suggéré par le fait que chacune des lettres de la racine ב,ט,ח du mot בטחון recouvre la partie cachée de cette lettre, י״ת ,dont la valeur numérique est celle du mot קדוש .
[Il est impossible de parvenir à la sainteté sans parvenir au préalable à son écrin qui est le bita'hon.]

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[bita'hon signifie couvercle, comme dans le verset : "הֵן אֱמֶת חָפַצְתָּ בַטֻּחוֹת" (or Toi, Tu exiges la vérité dans ce qui est recouvert - Téhilim 51,8) ; "ce qui est recouvert" désignant ici les reins qui sont recouverts de graisse].

Si Pourim est le moment le plus propice pour se réjouir et apprécier l'impact du miracle, ce n'est en aucun cas le seul. Au contraire, se réjouir comme il se doit à Pourim nous permet d'avoir une grande joie tout au long de l'année.
C'est peut-être là l'allusion que fait la guémara (Méguila 5b) en affirmant que Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi) a planté "une plante de réjouissance" (néti'a chél sim'ha).
En se réjouissant à Pourim, on implante la capacité de se réjouir tout en accomplissant le service divin (avodat Hachem) en toute occasion [durant l'année].
[Sfat Emet - Pourim 5646]

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-> La lecture de la Méguila nous inspire par le récit annuel du miracle. Ainsi inspirés, nous pouvons maintenant célébrer des jours de réjouissance.
[Sfat Emet - Pourim 5635]

[nous apprécions ce qu'Hachem fait constamment pour nous, sachant que cela nous est majoritairement dissimulé. A Pourim, on lève un peu le voile, pour renforcer notre émouna que rien n'est laissé au hasard, que papa Hachem nous chouchoute à tout moment. ]

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-> "De commémorer (nizkarim) et de célébrer (naassim) ces jours de génération en génération" (Esther 9,28)

En accomplissant les mitsvot de Pourim (nizkarim), on fait à nouveau l'expérience du miracle (naassim = l'histoire de Pourim est créée à nouveau).
[Sfat Emet - Pourim 5652]

-> Chaque année, en lisant la Méguila (nizkarim), Israël (les juifs) mérite que le miracle de Pourim soit vécu (créé) à nouveau (naassim).
[Pourim 5657]

-> Par ailleurs, [à chaque fois] Pourim n'est pas seulement célébré sur terre (naassim) par Israël, il est également commémoré dans les hauteurs par Hachem (nizkarim).
[Pourim 5652]

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-> Tout comme Haman a cherché à éradiquer la future génération de juifs, à détruire notre présence éternelle, de même nous célébrons éternellement sa disparition.
[Pourim 5646]

La guéoula suit l’exemple de celle d’Egypte

+ La guéoula finale suivra l'exemple de celle d'Egypte :

-> Rabbi Bé'hayé (à la fin de la parachat Chémot) affirme que la délivrance future ressemblera à la délivrance de l’Egypte, comme il est écrit (Michlé 7,15) : "Comme à l’époque de ta sortie d’Egypte, Je lui ferai voir des prodiges".
Et de même qu’en Egypte, la venue de Moché, qui annonça la libération, fut un début de délivrance et fut suivie d’une aggravation de la servitude, lors de la délivrance future, le libérateur se dévoilera et sera ensuite dissimulé et lorsque la fin approchera, les épreuves se multiplieront.
Ce sera alors le signe de la délivrance d’Israël.

Rabbénou Bé’hayé rapporte ensuite un midrach (Chir haChirim rabba) sur le verset "Mon bien-aimé ressemble à un cerf" (Chir haChirim 2,9) : de même que le cerf apparaît et se cache, le premier libérateur (Moché) apparut et disparut, puis apparut de nouveau. De même, le dernier libérateur (le machia'h) se révélera puis sera dissimulé.

Rabbénou Bé’hayé dit que cela est également à relier aux paroles du roi David (Téhilim 130,6) : "Mon âme attend Hachem plus que les guetteurs le matin, oui, que les guetteurs n’attendent le matin". Dans ce verset, est mentionné 2 fois le terme ‘le matin’, car nous attendons le matin (de la délivrance) et lorsque celui-ci commencera à poindre, il se dissimulera et nous attendrons à nouveau ‘le 2e matin’.

=> Il semble que cela puisse s’appliquer également à la délivrance individuelle : il arrive parfois que l’on voit déjà la lumière au bout du tunnel, et que la roue de l’infortune commence à tourner du bon côté. Puis, brusquement, l’obscurité fait à nouveau son apparition avec plus d’intensité qu’auparavant et on a alors du mal à y faire face.
Il faudra alors veiller particulièrement à ne pas se décourager et à accepter le joug des épreuves même dans cette situation.

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-> "Pour dire Ta bonté le matin la foi en Toi pendant les nuits" (léaguid bakoker 'hasdékha véémounaté'ha balélot - Téhilim 92,3)
=> Pourquoi débute-t-il au singulier et se termine-t-il au pluriel?
Il aurait dû commencer par "pour dire Ta bonté les matins" ou terminer par "la foi en Toi pendant la nuit".

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
C’est qu’en fait, ce n’est pas tellement une innovation qu’un homme ait confiance en D. dans une période de lumière (suggérée par le matin).
De même, dans les temps d’obscurité, nombreux sont ceux qui parviennent à se renforcer dans leur foi, en sachant que, derrière le voile des épreuves, se dissimule la lumière, le bien, la bénédiction. Car les juifs sont croyants fils de croyants et savent que le Créateur dirige le monde.

Il est écrit : "la foi en Toi pendant les nuits", avec l’emploi du pluriel : lorsqu'on a une sucession de plusieurs vagues d'épreuves, de difficultés, et malgré cela l’homme se renforce de plus belle, il s’agit alors d’une émouna solide et authentique.
En vérité, au contraire, c’est lorsque l’obscurité s’épaissit qu’il s’agit d’un signe que la lumière est proche, comme le dit Rabbénou Bé’hayé : "Lorsque la fin s’approchera, les épreuves se multiplieront. Ce sera alors le signe de la délivrance d’Israël."
[cela s'applique à un niveau collectif, mais aussi individuel]

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-> Rachi (Ochéa 2,17) enseigne que nos moments de souffrance, de grande obscurité, sont eux-mêmes des phares d'espoir, car ils servent à nous motiver à faire téchouva et peuvent être le moyen de la Délivrance [collective, comme personnelle].
Ainsi, même si nous sommes dans l'obscurité totale des profondeurs du désespoir, la situation elle-même offre des rayons d'optimisme pour un avenir meilleur.

Le Arizal (chaar haKavanot - daf 109) nous enseigne que la Méguila renferme un concentré de lumières d'une élévation unique provenant des mondes supérieurs et qui se dévoile au moment de la lecture.
C'est la raison pour laquelle elle est appelée Méguila (מגילה) qui provient du terme "guilouï" (גילוי) qui signifie dévoilement.
C'est pourquoi nous devons la dérouler pour que toute la lumière qui y est renfermée puisse se dévoiler pleinement. Cette lumière incarne la bonté [d'Hachem].

[nous avons en effet la coutume de dérouler entièrement le parchemin de la Méguila avant de la lire.]

Le Maharcha affirme également que la génération du Déluge (dor hamaboul) a été détruite par l'eau parce que ce n'est que grâce à la hachga'hat pratit [providence Divine] que la terre sèche peut exister.
Sans l'ordre d'Hachem de rassembler les eaux et d'exposer la terre (voir Béréchit 1,9) et son implication constante pour maintenir cette séparation, le monde serait naturellement inondé par l'eau des océans.

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-> Le Maharcha ('Houlin 139b) y commente également que la faute de la génération du déluge est qu'elle a nié la hachga'hat pratit, l'implication, la direction et le contrôle d'Hachem sur ce qui se passe dans le monde.
En revanche, en contribuant à la réalisation des plaies en Égypte et à la division de la mer, Moché Rabbénou a montré au monde qu'Hachem contrôle tout ce qui se passe ; il a démontré que "en od milévado", il n'y a personne d'autre que Lui qui contrôle la situation.
Puisque c'est Moché qui a corrigé la fausse perspective de la génération du Déluge plus tard dans l'histoire, la guémara ('Houlin 139b) note que son nom est mentionné dans la Torah dans ce contexte : "Où se trouve [une allusion] à Moché dans la Torah? [dans le verset : ] "lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à 120 ans" (Béréchit 6,3) [ce verset rapporté par la Torah ne mentionne pas le nom de Moché, mais est un verset faisant référence à la durée de vie des hommes après le Déluge, qui sera alors limitée à 120 ans]."

"Ses frères ne purent lui répondre car ils furent frappés de stupeur à cause de lui" (Vayigach 45,3-4)

-> Le Sfat Emet explique que les frères furent frappés de stupeur de voir sa face (en hébreu le terme employé pour dire "à cause de lui" est מפניו (mipanav),qui signifie littéralement "de sa face").
Ils furent en effet interloqués de contempler son visage, imprégné de l'immense sainteté qu'il avait acquise en Egypte, et ils furent alors stupéfaits et honteux en pensant que si, déjà en Egypte, terre de perversion des mœurs, Yossef s'était tellement élevé, à quel niveau serait-il parvenu s'il était demeuré dans la maison de Yaakov.

Yossef les complimenta en leur disant que, au contraire, c'était précisément parce qu'il était demeuré dans l'impureté de l'Egypte, où il avait dû supporter de dures épreuves, qu'il avait été en mesure de s'élever autant et d'atteindre une telle sainteté et une telle pureté, davantage que s'il était resté au contact de la sainteté qui émanait de son père Yaakov.