Aux délices de la Torah

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"L'exil expie une faute"
[galout mé'hapérét avon - guémara Sanhédrin 37b]

-> Le Pélé Yoets (galout - ot guimel) écrit qu'il y a de nombreuses formes d'exil (galout).
Par exemple, le fait de voyager dans un but d'apprendre la Torah ou à des fins commerciales sont des formes d'exil. Par conséquent, lors d'un tel voyage, une personne devra dire : "Hachem s'il Te plaît, laisse ce voyage m'apporter l'expiation (kapara)". Plus le voyage est difficile, plus l'expiation sera grande.

Le rav David Ashear illustre qu'en ce sens, si lors d'un tel voyage on avait prévu de prendre l'avion et qu'il a plusieurs heures de retard, alors plutôt que de s'énerver (pour rien), on devra se dire : "j'accepte cette forme de galout de Toi Hachem avec amour. S'il Te plaît, que cela puisse nettoyer mes fautes".
Si une personne accepte sa galout [personnelle] avec amour, alors l'expiation devient infiniment plus grande.

Le rav David Ashear ajoute :
Cela ne s'applique pas seulement aux longs déplacements. Si une personne se rend quotidiennement au travail, c'est aussi une forme de galout.
Le voyage difficile apporte expiation (kappara). S'il doit être dans les embouteillages, et l'accepte avec amour, la kappara est encore plus grande.
Le moindre inconvénient du voyage s'appelle : galout. [ex: d'une certaine façon devoir faire tout le trajet debout car il n'y a plus de place]. En effet, nos Sages disent que même aller de notre maison à notre Soucca est une forme de galout et apporte kappara.
=> Hachem est si bon, que même au sein de notre vie quotidienne (on est obligé par exemple de se déplacer), Il en profite pour purifier nos péchés. Mais la clé est que nous devons accepter la volonté d'Hachem et en être satisfaits.

Le Pélé Yoets écrit également que si une personne est amenée à déménager d'un endroit à un autre, c'est aussi de la galout.
Le Pélé Yoets écrit aussi que même lorsqu'une personne se rend à la synagogue pour prier ou pour étudier, elle devra également penser qu'elle obtient une kappara pour ce déplacement, aussi court soit-il.
Et s'il fait froid ou pluvieux, la kappara est plus grande.
S'il n'y a pas de place de parking et que la personne doit faire plusieurs fois le tour du pâté de maisons, la kappara augmente.
Si quelqu'un reste longtemps à la synagogue pour apprendre, au lieu d'être dans le confort de sa propre maison, ou même s'il est à la maison mais veille tard pour étudier se privant ainsi de son lit chaud, c'est aussi de la galout.
Avant Pessa'h, nous retournons notre maison, nous déplaçons des objets, nous ne sommes pas installés comme d'habitude, c'est aussi de la galout.

=> Ainsi, nous avons tellement d'occasions de nous purifier.
Profitons-en et ayons le bon état d'esprit, reconnaissons la bonté d'Hachem et remercions-Le pour les inconvénients de nos déplacements (par exemple). De cette façon, nous serons purifiés de la manière la plus simple possible.

[évidemment nous ne cherchons pas à vivre dans les conditions les plus désagréables, mais si nous n'avons pas le choix de mieux et que des contrariétés arrivent tout de même, plutôt que de se mettre en colère contre la vie, que d'être tristes, nous devons avoir une vision juive : absolument tout vient d'Hachem pour notre bien ultime.]

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+ On pense à tord que seules nos grandes souffrances/épreuves servent d'expiation, le reste est une sorte de naturalité propre à la vie :

-> La guémara (Arakhin 16b) détaille à quel point un petit ennui peut correspondre à la définition du terme "souffrance".
Rabbi El'azar dit que l'on peut affirmer que quelqu'un souffre lorsqu'il possède un vêtement tissé sur mesure, mais qui ne lui va pas parfaitement.
La guémara rétorque que le terme couvre des contrariétés encore plus petites que cela : si on avait l'intention de couper son vin avec de l'eau chaude, mais qu'on a utilisé de l'eau froide, cela est considéré comme un cas de souffrance.
D'autres exemples incluent le fait de mettre sa chemise dans le mauvais sens de sorte qu'il faut la retirer pour l'enfiler de nouveau ou celui de mettre la main dans sa poche dans le but de sortir 3 pièces, mais de n'en avoir retiré que 2.
La nécessité d'avoir à replonger la main dans sa poche pour s'emparer de la 3e pièce est qualifiée de "souffrance".

[Le Maharcha (Shabbath 77b) émet l'idée qu'au lieu d'envoyer des souffrances de la taille d'un rocher, pouvant écraser un individu, Hachem broie cela en de tous petits cailloux (ex: douleurs supportables, petits contretemps/malheurs) qui finiront par obtenir le même résultat, tout en l'importunant le moins possible.]

=> Ainsi, rien ne nous arrive par hasard, et même la plus petite contrariété de notre vie routinière est récoltée par Hachem pour nous permettre de diminuer les souffrances nécessaires à nous laver de nos fautes.

9 Av = reflet des larmes d’en-Haut

+ Le 9 Av = un reflet des larmes d'en-Haut :

-> Le jour du 9 Av, le coeur de chaque juif souffre.
Le rav Moché Wolfson écrit que même les gens ordinaires qui ne saisissent pas pleinement la gravité d'avoir perdu le Temple sont capables de pleurer de véritables larmes sur le 9 Av.
D'où cela vient-il? Comment se fait-il que chaque juif peut ressentir si intensément la douleur de la destruction du Temple en ce jour précisément?

-> Le Haflaa (Nétsa'h Israël - pérek 8 ), le rabbi du 'Hatam Sofer, dit qu'un phénomène incroyable se passe : "l'âme de chaque juif est connectée et est en phase avec ce que Hachem ressent envers nous".

Le roi David déclare : "Mon coeur a soif d'Hachem, du D. vivant" (tsaméa nafchi l'Elokim lékel 'haï - Téhilim 42,3).
=> Que veut dire le roi David par l'expression : "le D. vivant"?

Le Haflaa explique : lorsque le roi David se réfère à Hachem comme D. vivant, il fait référence au fait que Hachem a activement des sentiments de profond désir et d'amour envers chacun d'entre nous.
Le verset affirme : "Comme dans l'eau, le visage reflète le visage, ainsi le cœur de l'homme reflète le cœur de son prochain" (Michlé 27,19).
Nous reflétons alors ces émotions, et nos âmes ont soif d'Hachem, d'une relation avec Lui.
Nous apprenons ainsi un principe important : l'âme d'un juif est au diapason avec Hachem.

Le midrach (Eikha 1,1) nous dit que lorsqu'un roi humain est en deuil, il s'assoit et pleure.
De même, dit Hachem, Je pleure en deuil sur la perte du Temple. Comme le verset le dit : "Mon Seigneur Hachem/Elokim, Maître des légions, a déclaré que ce jour était pour pleurer et se lamenter, à vous raser la tête, à ceindre le cilice" (Yéchayahou 22,12).

Si nous devions monter au Ciel et voir comment Hachem passe Son temps le 9 Av, pour ainsi dire, nous trouverions Hachem et tout Son entourage pleurant des larmes amères, prenant le deuil sur le Temple et le peuple juif en exil.
Mais en réalité nous n'avons pas besoin de Le voir pour savoir que c'est ce qui se passe.

En effet, l'âme [de chaque juif] le ressent, nous sentons le deuil qui a lieu en-Haut, et nous répondant réciproquement : nous nous joignons à Hachem dans les pleurs et le deuil.
Le rav Moché Wolfson dit que nous pleurons parce que notre âme perçoit les pleurs d'Hachem.
Hachem pleure pour nous, et réciproquement nous versons de véritables larmes, en languissant et en aspirant à Lui.
[la condition est d'ouvrir notre coeur, et de lui donner la parole pour qu'il exprime ce que notre âme perçoit d'Hachem! ]

Le midrach (Eikha 1,1) décrit ensuite comment Hachem reflète le deuil d'un roi humain, qui s'asseoit par terre dans une réflexion silencieuse. De même, Hachem est assis par terre dans un silence de deuil, pleurant le peuple d'Israël.

Nous rejoignons Hachem sur le sol, prenant le deuil avec Lui.
"Répands ton cœur comme de l'eau à la face d'Hachem" (sif'hi kamayim libé'h no'hakh péné Hachem - Eikha 2,19) = nous déversons notre coeur directement en face d'Hachem. Nous n'avons pas à envoyer nos prières, nos cris, nos larmes jusqu'au Ciel. Hachem est juste là sur le sol avec nous.

Même le plus simple des juifs est capable de pleurer sur le 9 Av parce qu'il sent Hachem pleurer, et il pleure avec Lui.

"Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous avons aussi pleuré au souvenir de Sion" (al naarot Bavél cham yachavnou, gam ba'hinou ... - Téhilim 137,1).
Qu'est-ce que le verset veut dire par : "GAM ba'hinou" (nous avons AUSSI pleuré)?
Le rav Wolfson explique qu'en plus de nos pleurs, Hachem pleure aussi avec nous.
Ainsi, le "AUSSI" fait référence à Hachem qui pleure avec nous.

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-> Le fait que Hachem pleure toujours pour nous après que plus de 2 000 ans se soient écoulés [depuis la destruction du Temple], nous donne un certain niveau de consolation. Il ne nous a pas oubliés.
Si nous sommes capables de verser des larmes amères sur la destruction du Temple, c'est uniquement parce que Hachem pleure toujours désespérément sur nous, aspirant à ce que nous retournions à Jérusalem [et que nous retrouvions cette incroyable relation de proximité apparente que le Temple permet]. Son amour et Son désir pour chaque juif n'a pas faibli d'un iota au cours des millénaires passés.

Une autre source de consolation réside dans le fait que nos âmes sont à l'écoute des pleurs d'Hachem.
Ainsi souillés, salis et recouverts que soient par nos fautes, quels que soient les fautes que nous avons pu commettre, et quelque soit la distance qui s'est créée entre nous et Hachem à cause de nos fautes, nous restons toujours connectés à Hachem.
Nos âmes sont loin d'être parfaites, et pourtant nous restons attachés à Hachem, et Ses émotions se reflètent en nous.
Nous restons connectés à jamais avec notre Père céleste.

Nous continuons à ressentir envers Hachem ce qu'il ressent envers nous. Ce lien ne s'est pas rompu, ni diminué du tout. Cela est aussi une consolation pour nous, alors que nous pleurons et s'endeuillons pour le Temple.

Notre D. est aussi notre Père!

+ La consolation : être persuadé que notre D. est aussi notre Père!

"Consolez, consolez Mon peuple, dira votre D." (Yéchayahou 40,1)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Yéchayahou 245) rapporte à propos de ce verset l’enseignement de Rabbi 'Hanina Bar Papa :
"Les Bné Israël dirent au prophète Yéchayhou : ‘Rabbénou Yéchayhou, se pourrait-il que tu ne sois venu consoler que la génération dans laquelle le Temple fut détruit?’
Il leur répondit : "Je suis venu consoler toutes les générations", car il n’est pas dit : "Consolez Mon peuple, dit votre D.", mais "consolez Mon peuple, dira votre D."

Ce midrach signifie que, chaque année, après les jours de deuil sur la destruction du Temple et l’exil du peuple juif, une voix céleste retentit dans les hauteurs et proclame : "Consolez, consolez Mon peuple", et Hachem fait souffler un vent de consolation pour Son peuple et Ses fils bien-aimés.
Il les console, raffermit leurs coeurs endoloris et panse les blessures de leurs âmes.
Ce n’est pas tout : Hachem s’adresse à nous par cet appel : "Consolez, consolez Mon peuple", voulant nous dire : "Je vous demande de vous consoler et de vous ressaisir".

-> Le Beit Avraham (lettre 26) écrit à ce sujet que ce verset vient suggérer que si réellement le peuple juif accomplit l’ordre "Consolez (vous), consolez (vous)", alors Hachem, Lui, accomplit (la fin du verset) : "((Il) dira (Je suis) votre D".
Cela signifie que si un juif se console en acceptant avec amour le châtiment Divin et prend conscience que cela aussi est un décret d’Hachem, alors Hachem déclare : "Je suis son D."
Ce qui procure à ce juif l’occasion de s’élever considérablement.

-> Le ‘Hatam Sofer (sur le Choul'han Aroukh, 551) rapporte au nom de la guémara (Yérouchalmi - fin de Taanit) qu’après le 9 Av, débute un autre mois. Il explique ainsi le verset (que l’on lit dans la Haftara de Roch ‘Hodech) : "vayéhi midé 'hodech bé'hodech" (והיה מידי חודש בחודשו - litt. "Et il arrivera que le mois dans son mois" que l’on traduit habituellement "Et il arrivera qu’à chaque mois") : cela suggère en allusion qu’il existe un mois qui se renouvelle à l’intérieur d’un mois, "et il me semble, écrit-il, que pour cette raison, on a l’habitude d’appeler le mois d’après le 9 Av, Ména’hem Av.
Et c’est ce qui est écrit : "le mois dans son mois", pour signifier que jusqu’au 9 Av, c’est un premier mois appelé ‘Av’, et après cette date c’est un 2e mois nommé "Ména’hem".
Le ‘Hatam Sofer poursuit que c’est aussi, l’allusion contenue dans (la suite du verset) : "oumidé Shabbath béShabbato" (ומידי שבת בשבתו - "un Shabbat dans le(s) Shabbat") qui fait référence au Shabbat Na’hamou où, alors : "chaque chair viendra se prosterner sur la montagne de la Maison d’Hachem’’ (fin du même verset).

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-> Dans sa prophétie (lu dans la haftara du Shabbath suivant le 9 Av), Yéchayahou (40,1) exhorte les Bné Israël à la consolation : "Consolez, consolez mon peuple, dit votre D." (na'hamou na'hamou ami yomar Eloké'hem).

-> Le Sfat Emet (5656) commente ce verset de la manière suivante : "Comment vous consolerez-vous, mon peuple Israël? Par le fait même de savoir qu'Hachem est votre D.", en d'autres termes, en prenant conscience que la conduite du monde entier est uniquement entre Ses mains, ce qui inclut également tous les malheurs et les exils que subit notre peuple.
Néanmoins, le prophète Yéchayahou redouble son appel : "Consolez, consolez", afin de suggérer qu’outre cette prise de conscience qui en elle-même procure un réconfort, panse l'âme blessée et en soulage les souffrances, s'ajoute une autre consolation : celle qui provient de la émouna que tout est pour le bien. Car il arrive parfois que Hachem retire le voile qui dissimule la vérité et nous le montre. Et même lorsque ce bienfait nous demeure encore caché, nous avons néanmoins la émouna qu'il en est ainsi.
Ces deux pensées constituent l'élixir qui soulage l'âme et l'empêche de souffrir lorsque les épreuves surgissent.

C'est ce qui doit nous apporter la consolation après les 3 semaines et les jours de deuil. Seul le fait d’être convaincu que, même en exil, son sort repose entre les mains du Ciel et qu'Hachem ne l'a pas abandonné peut consoler l’homme de son exil et de ses malheurs, tant au niveau individuel que communautaire. Et même lorsque le Maître du monde se recouvre d’un double voile et inflige des coups à Ses enfants, tout cela ne provient que de Sa miséricorde et de Sa bonté, et tout ce qu'Il accomplit est pour leur bien.

"Tu les enseigneras à tes fils" (Vaét'hanan 6,7)

-> ''Tes fils = ce sont les élèves''. [Rachi]

-> "Nous sommes tenus de faire en sorte que nos enfants connaissent les mitsvot. Et comment les connaîtraient-ils sans que l'on ne leur enseigne?" [Ramban]

=> Tant d'après Rachi que d'après le Ramban, ce commandement nous enseigne la grande mitsva d'éduquer nos enfants aux mitsvot et à l'étude de la Torah, et de les initier à rester dans la voie d'Hachem, de manière que, même lorsqu'ils vieilliront, ils ne s'en écartent pas.

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-> Lorsque le rabbi Chnéour Zalman de Lyadi envoya son fils au Talmud Torah, il choisit comme maître un un des disciples du Maguid de Mézéritch, et il lui dit :
"Avant de commencer à étudier [avec mon fils], pense bien qu'il s'agit d'une tâche sacrée et que tu t'occupes d'un sujet de vie ou de mort, la vie et la mort spirituelles, qui sont bien supérieures à la vie et à la mort physiques, et que tout dépend de toi.
Si tu travailles avec intégrité et que tu lui inculques la vérité, tu gagneras grâce à cela, tous ses mérites et ceux de ses descendants, et tu peux en conclure que l'inverse est vrai également.
Sache que tout dépend du libre-arbitre de l'homme et si tu t'attèles à cette tâche avec tout le sérieux qu'elle exige, Hachem te viendra en aide et tu formeras des disciples vertueux et ta part sera parmi celle de ceux qui illuminent le Ciel et qui font acquérir des mérites aux autres".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Et si, certes, ces paroles ont été adressées à un maître d'école, elles concernent également les parents, qui sont aussi les 'enseignants' de leurs enfants. Eux également s'occupent d'un sujet de vie ou de mort et eux aussi font partie de ceux qui font acquérir des mérites aux autres.

[à l'image des élèves, un parent doit voir dans son enfant les milliers de descendants potentiels, et avoir conscience de l'impact de ses actes comme exemplarité pouvant se transmettre pour le bien ou le mal! ]

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-> Ce qui suit montre jusqu'où va l'influence des parents sur leurs enfants durant toute leur existence :
la guemara (Pessa'him 96b) rapporte que Rabbi Yéhochoua déclara un jour : "J'ai entendu [deux décisions : une décision était] que la 'Temourat Pessa'h' est apportée en sacrifice et [une autre décision était] que la 'Temourat Pessa'h' n'est pas apportée en sacrifice, et je ne sais pas l'expliquer [dans quelle circonstance chaque décision s'applique]".
['Temourat Pessa'h' est une bête sur laquelle on a transféré la sainteté d'un sacrifice de Pessa'h], et
Rachi d'expliquer ''J'ai entendu'' : de mes maîtres ; ''je ne sais pas l'expliquer'' : j'ai oublié.

Le Pné Ména'hem explique à partir d'une autre guémara (Yérouchalmi Yébamot 1,6) qui enseigne que la mère de Rabbi Yéhochoua amenait son fils dans son berceau au beit hamidrach afin que "ses oreilles se remplissent de paroles de Torah".
D'après cela, on comprend ce que veut dire Rabbi Yéhochoua : ''J'ai entendu'', lorsque j'étais nouveau-né dans mon berceau ; "je ne sais pas l'expliquer'', je n'ai pas compris alors correctement ce que j'ai entendu.
=> Malgré tout, on apprend de là que les paroles de Torah qu'il entendit, couché dans son berceau, restèrent gravées dans son cœur durant de nombreuses années.
[La même explication est rapportée au nom de rav 'Haïm Kaniewski (Dére'h Si'ha - paracha Vayélekh).]

[certes nous n'avons pas une conscience développée comme Rabbi Yéhoucha, mais cela nous alerte sur le fait que toute chose que nos enfants vont voir, entendre, manger, ... peut potentiellement l'impacter et l'accompagner en bien ou mal, pour le restant de sa vie.]

"Et vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4)

-> Dans Son immense bonté pour nous, D. nous a donné la Torah et les commandements afin que notre cœur s'attache à Lui.
Comme la flamme est reliée à la mèche d'une lampe, Hachem s'attache à nous à la mesure de notre attachement à Lui.
Un verset dit : "Comme une ceinture attachée aux reins d'un homme, Je suis lié à vous" (Yirmiyahou 13).

"Vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D" : Pourquoi la Torah ajoute-t-elle "votre D."?
Car lorsque nous nous attachons à D., Il devient "notre D." et s'attache à nous en retour.

Bien que D. soit appelé un feu dévorant, quiconque s'attache à Lui voit ses jours se prolonger. Evidemment, un homme ne peut pas trop s'approcher d'un feu mais si une personne se lie à la Présence Divine, D. lui donne la vie, comme il est écrit : "Vous qui êtes attachés à Hachem votre D. êtes tous en vie aujourd'hui".
La Torah nous garantit non seulement la vie dans dans ce monde-ci mais aussi la vie après la résurrection. Ce verset nous promet que les personnes attachées à D. se lèveront à la résurrection.
"Vous êtes tous en vie aujourd'hui" = même lorsque le reste du monde sera mort, vous resterez aussi vivants que vous l'êtes aujourd'hui.

Lorsque les juifs restent fidèles au D. vivant , ils sont vivants pour toujours, mesure pour mesure. Ceux qui se sont accrochés à Baal Péor ont été anéantis mais ceux qui sont restés fidèles à D. vivent dans ce monde et dans le prochain ...

Lorsque Nabuchodonosor a jeté 'Hanania, Michaël et Azaria dans la fournaise ardente (Daniel 3,27), leurs vêtements également sont restés intacts car ils étaient portés par ces tsadikim.
De la même façon, quiconque s'attache à D. se lèvera à la résurrection.

Ce fut aussi le cas des bœufs que les princes ont offert lors de l'inauguration de l'autel (Bamidbar 7).
Ces bêtes ont vécu jusqu'à l'époque de Salomon parce qu'elles étaient liées à la sainteté du Tabernacle. Elles ont vécu 480 ans, jusqu'à ce que le roi Salomon les sacrifice à l'inauguration du Temple.
S'il en est ainsi d'animaux, à plus forte raison de la personne qui s'attache à Hachem.
[...]

"Et vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" = les juifs [directement] sont liés à Hachem et non à un ange comme le sont les autres nations.
[...]

"Et vous (véatem - וְאַתֶּם), qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui"
Le mot : "atem" (vous - אַתֶּם) est composé des mêmes lettres que le mot : "émet" (vérité - אמת) : avec le mot "émet" (vérité), vous êtes attachés à Hachem votre D. et cela nourrit les 248 membres de votre corps.
[...]

"Vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D." : nos Sages enseignent que seuls ceux qui font profiter les érudits [en Torah] de leurs biens connaîtront les bienfaits et les promesses de l'avenir du peuple juif annoncées par nos prophètes.
Faire un cadeau à un érudit, c'est comme offrir un présent à la Présence Divine ou offrir le sacrifice quotidien au Temple (korban tamid). Comme le sacrifice tamid faisait expiation pour les fautes, l'érudit fait expiation pour ceux qui ont fauté.

Si un homme est avare et ne partage pas sa richesse avec les érudits, ses yeux s'empliront de fumée au monde futur. Il ne connaîtra pas la réussite dans ses entreprises.
De là nous déduisons que toute personne faisant profiter un érudit de ses biens mérite la réussite et la bénédiction ...
Toute personne qui soutient financièrement un érudit de la Torah mérite la richesse et le bien dans ce monde ; de plus, sa table est dressée au monde futur.
[en donnant aux érudits en Torah, on se lie à D., et alors "vous êtes tous vivants aujourd'hui" (dans ce monde et dans le monde à venir!).]

"Le don d'un homme lui ouvre un accès facile" (Michlé 18,16). Nos Sages (midrach rabba Réé 4) expliquent que si un homme désire vraiment donner, alors D. lui ouvre les portes pour le lui permettre.
[...]

Comme le Shabbath et les fêtes sont saints, les érudits sont appelés saints et sanctifiés. Si un homme transgresse le Shabbath, s'il dénigre un érudit de la Torah ou l'utilise, il mérite la mort, en particulier si l'érudit a étudié le Talmud et rend des décisions halakhiques.
Puisque ces hommes sont très honorables, quiconque se sert d'eux est sévèrement puni ...

Hachem sauvera de tout malheur toute personne qui veille à [soutenir les érudits en Torah] ; l'attribut de justice ne lui portera pas atteinte. Lorsqu'elle quittera ce monde, non seulement le Satan ne pourra pas la tuer de façon douloureuse mais elle aura un bénéfice supplémentaire : si elle était ignorante, dans le monde futur on lui enseignera la Torah.
[Méam Loez - Vaét'hanan 3,23 ; 4,5]

"Moché désigna alors 3 villes à l'est du Jourdain, au levant, pour servir de refuge au meurtrier qui tue son prochain sans préméditation et sans haine. Il pourra se réfugier dans l'une de ces villes et survivre" (Vaét'hanan 4,41-42)

-> La Torah emploie l'expression : "au levant" pour indiquer qu'il faut éclairer les routes d'accès aux villes de refuge au meurtrier involontaire. Il faut que les directions soient aussi clairement indiquées que le soleil éclaire les hommes et leur permet de trouver leur chemin.
On disposait donc à chaque intersection des poteaux indicateurs en direction des villes de refuge portant l'inscription : "miklat" (refuge).
Ainsi, le meurtrier trouvait-il la route à suivre sans se perdre.

De plus, le tribunal rabbinique avait l'obligation d'élargir les routes et de les maintenir en état. Il fallait les débarrasser de leurs ornières et les aplanir. Si la route passait au-dessus d'une rivière ou d'un lac, on construisait un pont pour que le meurtrier involontaire puisse les traverser rapidement sans être retardé ni tué par le vengeur de sang. On aménageait des routes de 32 coudées de large.
Deux érudits accompagnaient le fugitif afin que le vengeur de sang ne puisse le tuer en route. S'ils rencontraient le vengeur de sang, ils lui disaient : "Ne l'abats pas du fait qu'il a tué [ton parent] involontairement".

Chaque année, le 15 Adar, les tribunaux envoyaient des ouvriers réparer les routes endommagées pendant l'hiver. Si le tribunal néglige de faire réparer les routes et qu'un vengeur de sang tue un fugitif, la Torah considère le tribunal comme coupable. En effet, le mauvais état des routes a permis au vengeur de sang de tuer le meurtrier involontaire.

Voilà pourquoi la Torah dit : "Il pourra se réfugier dans l'un de ces villes et survivre". Nous savons bien que sa fuite dans la ville de refuge a pour but de sauver sa vie, mais la Torah suggère que le tribunal a l'obligation de faire en sorte que le meurtrier puisse survivre dans ces villes.
Elles ne devaient pas être trop grandes : comme un grand nombre de gens y circulent, un vengeur de sang pourrait y pénétrer pour le tuer.
D'autre part, elles ne devaient pas être trop petites pour que le fugitif puisse y trouver un gagne-pain. Elles étaient donc de taille moyenne.

On établissait ces villes dans un endroit irrigué pourvu de marchés afin qu'on puisse y acheter de la nourriture. S'il n'y avait pas d'eau, il fallait prévoir des tuyaux d'irrigation pour apporter l'eau des rivières. La ville de refuge devait aussi être située à proximité d'autres villes.

Elle devait avoir une population assez importante pour que les vengeurs de sang ne puissent entrer en force dans la ville, maîtriser ses habitants et tuer le meurtrier involontaire. Aussi, si la population d'une ville de refuge diminuait, le tribunal devait l'accroître.

Selon certains Sages, il était interdit de vendre des armes dans ces villes pour qu'un vengeur de sang ne pût pas en acheter et tuer le meurtrier.

En règle générale, il fallait aménager ces villes de façon à ce que le meurtrier involontaire puisse vivre en paix et en sécurité.
L'expression : "et survivre" implique la responsabilité du tribunal de faire en sorte que le meurtrier puisse vivre dans la ville de refuge ...

Si un sage tue un homme involontairement, sa yéchiva est exilée avec lui afin qu'il puisse continuer à enseigner la Torah à ses disciples.

Si un meurtrier involontaire meurt avant d'avoir été exilé dans une ville de refuge, ses ossements y sont emportés. S'il meurt dans la ville de refuge, on l'enterre sur place puis à la mort du Cohen Gadol, on déterre ses ossements et on les transfère dans le cimetière familial.
[Méam Loez]

La destruction par D. du Temple, Sa Maison de Gloire, et l'exil du peuple juif étaient certainement pour le bien du peuple juif.
La compassion d'Hachem pour nous continuera certainement à croître, et Il reconstruira notre saint Temple avec plus de splendeur et de gloire.
Par conséquent, bien que notre exil nous semble néfaste, en vérité, pour Hachem, tout ce qui nous est caché est véritablement révélé, à savoir que tout cela est pour le bien du peuple juif.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha 3,10 ]

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=> "Tout ce que Hachem fait, Il le fait pour le bien" (guémara Béra'hot 60b). En fin de compte, même les événements les plus tragiques qui ont frappé le peuple juif, la destruction du saint Temple et les exils qui ont suivi, sont des actes latents de la bonté divine
[cela est également valable à un niveau individuel, tout est pour le bien ultime ]

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-> C'est un principe que dans l'avenir, lorsque Hachem, dans Son abondante compassion et Sa bonté, reconstruira le Temple avec plus de splendeur et de gloire, il sera révélé que la détresse et la destruction du Temple étaient des actes de bonté.
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Il est écrit : "je suis devenu le rire de toutes les nations" (Eikha 3,14). En d'autres termes, "Quand je me rappelle la joie qui naîtra de cette détresse, je peux me moquer de toutes les nations".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha 3,13-14 ]

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-> "Ce jour-là, tu diras : Je te remercie, Hachem, pour Ta "colère" à mon égard" (Yéchayahou 12,1).
Les événements que nous considérions comme des actes de dureté et de sévérité étaient en réalité des actes de bonté divine.

[ainsi, certes on doit s'attrister sur notre situation actuelle en l'absence du Temple (ce qui la cause, notre éloignement d'Hachem, le 'hilloul Hachem, ...), mais on doit aussi penser à sa reconstruction très bientôt, et à l'énorme joie que cette détresse va finalement amener. ]

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+ Anticiper la joie :

-> "Que Sion et ses villes se lamentent comme une femme qui souffre des douleurs de l'accouchement (Liturgie - Kinot du 9 Av).

-> Le principe sous-jacent ici est qu'avant d'accoucher, une femme éprouve de la douleur, mais qu'après, elle éprouve une joie immense. Ceux qui se tiennent à son chevet, même lorsqu'elle souffre, éprouvent de la joie, car ils savent qu'elle donnera certainement naissance à un fils ou à une fille, ce qui est un véritable motif de joie. En effet, elle aussi se réjouira après l'accouchement. C'est seulement qu'à ce moment-là, elle ressent de la douleur.

Or, bien que Sion ait été piquée par sa destruction et sa désolation, elle est comme une femme qui connaît les douleurs de l'enfantement. En réalité, Hachem se réjouit, car il sait que la détresse n'est que temporaire. Bientôt, D. reconstruira le Temple, "supérieur en rang et supérieur en puissance" (Vayé'hi 49,3).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

 

=> L'accouchement ne procure que peu de joie. Les personnes présentes sont d'humeur plus festive et attendent l'arrivée du nouveau-né. Pour la mère, la douleur, bien que passagère, l'emporte sur la joie ; celle-ci doit venir plus tard.
De même, nous sommes les seuls à déplorer la destruction de Sion, comme une femme qui accouche.
Hachem, qui est intemporel, peut au même moment faire l'expérience de la renaissance ultérieure de Sion.

Fauter contre autrui c’est fauter contre Hachem

+ Fauter contre autrui c'est fauter contre Hachem :

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
En réalité, chaque faute envers son prochain crée entre le fauteur et la victime une scission qui affaiblit l'unité du peuple juif et porte atteinte à l'honneur d'Hachem.
Comme le dit le Séfer ha'Harédim (chap.7) : "Les âmes des Bné Israël sont gravées de sous le Trône de Gloire et toutes contribuent à l'Unité du Nom divin.
Les Bné Israël sont décrits [dans la Torah] au singulier, par exemple chivim néfech - 70 âme (au singulier).
Lorsqu'il existe des divisions entre eux dans ce monde, elles sont discernables sur le Trône de Gloire".

Lorsqu'un juif cause du tort à son prochain, il réduit l'honneur divin. Pour rectifier cette faute, il lui faut apaiser la personne lésée.
Lorsque le fauteur soulage les mauvais sentiments de la victime et met fin à leur discorde, la brèche dans l'unité du peuple juif est réparée et le dommage à l'honneur divin est défait.

Nous comprenons donc que l'expiation pour cette dimension de la faute soit retardée jusqu'à ce que le fauteur reçoive le pardon de sa victime. Tant que l'animosité règne entre eux, l'honneur de D. n'est pas restauré et le délit du fautif envers D. restera en place. Il peut être pardonné seulement quand sa relation avec la personne qu'il a lésée est restaurée.

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+ "Quand Rabbi Zéra était offensé par une personne, il passait plusieurs fois devant elle afin qu'elle le voie et vienne lui demander pardon.
Un certain boucher fit un jour du tort à Rav et ne vint pas à lui [pour lui demander pardon]. La veille de Yom Kippour, [Rav] dit : 'Je vais aller moi-même l'apaiser'."
[guémara Yoma 87a]

-> On a vu que chaque fois qu'un homme fait du mal à l'autre, tous deux ont le devoir, dans une certaine mesure, de réparer le manque d'honneur divin qui en résulte, car il provient du manque d'harmonie entre eux. Rav et Rabbi Zéra ont donc cherché à causer une réconciliation afin de restaurer la paix, pour accroître l'honneur d'Hachem.
[selon le Ramak (cité dans Chlah - Massékhèt Roch Hachana, Torah Ohr 26), chaque fois que deux personnes éprouvent de mauvais sentiments l'une envers l'autre, le manque d'harmonie entre elles crée aussi, dans une certaine mesure, une distance entre D. et elles, ce qui rend une téchouva authentique moins facile à effectuer. Bien que Rav et Rabbi Zéra fussent les personnes lésées, chacun d'eux fit un effort pour donner à l'autre partie l'occasion de se racheter. ]

-> Le Roch (Yoma 8,24) explique que la raison pour laquelle Rav et Rabbi Zéra allaient chercher les hommes qui leur avaient causé du tort, et la raison de la coutume universelle de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour, est qu'à ce moment-là, il est particulièrement important que tous les juifs soient en paix les uns avec les autres.
Le Roch le tire d'un passage de Pirké d'Rabbi Eliézèr (45) : "[Le satan] dit qu'il ne trouvait aucune faute parmi les Bné Israël Yom Kippour et déclara : Maitre du monde, Tu as une nation unique semblable aux anges célestes! ... De même que la paix règne parmi les anges célestes, (elle règne] parmi le peuple juif à Yom Kippour".
Le Roch affirme donc que la pratique courante de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour a pour but de nous élever au niveau des anges en restaurant l'harmonie parmi les juifs.

-> Cette explication peut nous faire comprendre un incident impliquant le rav 'Haïm de Brisk :
le boucher de la ville de Brisk comparut devant rav Haim pour un din Torah. Lorsque rav 'Haim trancha à son désavantage, le boucher devint insolent et se mit à parler contre le Rav de façon outrageuse au point que rav 'Haïm dut lui ordonner de quitter le beth din. Quelques mois plus tard, la veille de Yom Kippour, alors que toute la communauté était déjà arrivée à la synagogue pour la Tefila Zaka, rav 'Haim
demanda à ses trois fils de l'accompagner pour apaiser le boucher.
La conduite de rav 'Haim dans cet incident est très étonnante. Le boucher avait tort : il avait humilié rav 'Haim et aurait dû être excommunié pour son insolence au beth din. N'était- ce pas une atteinte à l'honneur de la Torah et aux dayanim que rav 'Haïm cherche à apaiser le boucher? De plus, si rav 'Haim pensait qu'il devait apaiser le boucher, pourquoi a-t-il attendu la veille de Yom Kippour?

Selon notre explication, la réponse est claire : effectivement, d'un point de vue halakhique, rav 'Haim n'avait aucune obligation vis-à-vis du boucher car rav 'Haim ne lui avait causé aucun tort. Le boucher l'avait insulté et devait lui demander pardon.
Mais quand Yom Kippour est arrivé, il fallait que toute querelle soit calmée pour que le peuple juif puisse atteindre le niveau d'harmonie des anges, et même la partie lésée, dans ce cas rav 'Haim avait la responsabilité de faire tout son possible pour réparer la situation.

"Lorsqu'un homme accomplit une mitsva qui est très difficile pour lui, cela montre qu'il aime D. de tout son cœur et la récompense est à la mesure de la difficulté"
[Tiféret Israël - 61]

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-> "Mieux vaut faire une chose avec difficulté que 100 choses avec facilité" (Avot d'Rabbi Nathan 3,6)

-> "La récompense est en fonction de la difficulté" (Pirké Avot 5,23)

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-> "Lorsque la maladie du yétser ara t'atteint et que tu la vaincs en l'honneur de ton Créateur, car il est plus difficile d'être guéri du yétser ara que de toute autre maladie amère, si tu le vaincs, donc, tu recevras une immense récompense. La récompense dépend de la difficulté, car c'est une grande chose que de vaincre son yétser ara et de s'engager dans la Torah et les mitsvot".
[Rokéa'h - Hilkhot 'Hassidout - chorech zekhouyot]

-> "A Toi est la bonté, ô D., car Tu paies chaque homme selon son acte" (Téhillim 62,13).
Le Chéélot Outechouvot Ktav Sofer (Ora'h 'Haim 4) explique :
"Le verset ne dit pas 'Tu paies son acte' mais 'Tu paies selon son acte', car plusieurs personnes peuvent accomplir la même mitsva, mais l'une recevra une plus grande récompense que l'autre, car la récompense est proportionnelle à sa tentation (de transgresser la mitsva).
'Selon son acte' signifie selon la façon dont il l'a accompli, si son yétser ara l'a rendu plus ou moins difficile."

"Et Je voilerais Ma face ce jour-là, à cause de tout le mal qu’il a fait" (Vayélé'h 31,18)

=> Comment est-il possible qu’Hachem nous voile Sa face?

1°/ Le Baal Chem Tov répond par la parabole suivante :
Un jour, un roi voulut se cacher dans son palais, sans que personne ne puisse deviner sa présence. Par de la prestidigitation, il fit apparaître différentes choses à ses enfants tout autour de son palais. On y aperçut des murs de feu, des fleuves, le tout seulement par de la magie. Ceux qui étaient intelligents parmi les enfants du roi se demandèrent : "Comment mon père qui est si sensible peut-il refuser de se montrer à ses enfants?! Il est certain que ceci n’est que de l’effet d’optique dans le seul but de nous tester afin de déterminer notre force et notre volonté à le rejoindre!!"
En effet, les enfants purent se rendre compte qu’il n’y avait aucun obstacle, mais seulement de l’apparence, et lorsqu’ils franchirent le fleuve, celui-ci disparut, et de même pour tous les autres obstacles.
=> Il en est de même pour Hachem ; Il se cache afin de voir notre désir de se rapprocher de Lui, mais en réalité, Il reste totalement proche de nous, et il nous suffit de s’efforcer à nous rapprocher de Lui pour constater que la démarche n’est pas si compliquée!

Un jour, Rabbi Barou'h de Mézibou'h était dans son bureau en train d’étudier, lorsque son petit-fils entra dans la pièce en pleurant. Son grand-père lui demanda : "Pourquoi pleures-tu?" L’enfant répondit : "Je jouais à cache-cache avec mes camarades, et selon les règles du jeu, je dois me cacher afin que mes camarades me cherchent et me trouvent, mais voilà des heures que je suis caché et ils m’ont tous abandonné, aucun ne cherche après moi!!"
Lorsque Rabbi Baroukh entendit les paroles de son petit-fils, il éclata lui aussi en sanglots : "Hachem Lui aussi pleure dans Sa cachette et se lamente : Pourquoi personne ne Me cherche-t-il? Il est effectivement écrit : 'Et Je voilerais Ma face ce jour-là'. Pourquoi se cache-t-Il de nous si ce n’est dans le but que nous cherchions après Lui?! Comme il est écrit: ‘De là-bas vous chercherez Hachem ton D. et tu Le trouveras, car tu L’as réclamé de tout ton coeur et de toute ton âme.’
Hachem dit : ‘Si vous Me cherchez, vous Me trouverez, mais personne ne Me cherche!!' "

2°/ La dissimulation de la face de D. était déjà mentionnée au verset précédant (17) : "Ma colère s’enflammera en ce jour, et Je leur déroberai Ma face et les laisserai souffrir". C’est que D. parlait alors comme un père qui aime tendrement son fils. Quand il ne peut supporter la souffrance de son enfant, Il se couvre le visage afin de ne pas le voir. Il se dit : "Ils admettront alors : 'C’est parce que la Chékhina nous a quittés (à cause de nos pêchés) que ce mal nous a frappés'. Cette pensée fugitive de repentir ne Me contraindra pas à les racheter. Je cacherai plus encore Ma face, comme si Je ne remarquais pas leur souffrance, et J’attendrai leur parfait repentir pour les délivrer de leurs tourments. Ils feront l’expérience de la destruction de leurs Temples et devront supporter l’Exil."
[d'après le midrach]

3°/ "Et Je (Anokhi - אָנֹכִי) voilerais Ma face" = même au cours des périodes où la Présence divine sera la plus cachée, on pourra malgré tout trouver le "Je" (Anokhi = l’Essence de D.).
C’est une promesse que D. nous a fait, d’être auprès de nous dans la dissimulation la plus épaisse et la plus sombre.
[Baal Chem Tov]

4°/ Si nous savons que D. dissimule Sa face, ce n’est plus vraiment une dissimulation et le malheur n’est plus si grave puisque, à ce moment-là, nous nous soumettons et nous nous repentons. Mais la situation devient vraiment mauvaise lorsque cette dissimulation est elle-même cachée, quand on ne sait pas que D. cache Sa face. Lorsqu’on croit que tout est dû au hasard, on ne pense même pas qu’il faille faire Téchouva.
Tel est le sens de la répétition: "Aster Astir Panaï" (הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי - cacher, Je cacherai Ma face) = Je cacherai la dissimulation.
[Sfat Emet]