Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Lors des Saints Jours Redoutables, chaque homme a eu une pensée de repentir, et a accepté sur lui un certain bon comportement, chacun en fonction de sa valeur et de son niveau. C’est pourquoi on l’appelle Shabbath Béréchit (au commencement), car on rappelle à l’homme que le passé est le passé, et qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle période qui commence, l’homme devant s’efforcer, de devenir à partir de maintenant, quelqu’un de bien."
[Divré Yé'hezkiel]

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-> Au sujet du Shabbath Béréchit, il existe le dicton bien connu selon lequel le comportement que l’on adopte en ce jour se prolonge toute l’année.
La raison en est qu’il s’agit du moment où s’achève le Service divin exalté des fêtes, marqué par l’élévation spirituelle au-delà des limites de la nature, et où commence celui qui caractérise la vie quotidienne du reste de l’année, lorsque nous sommes confrontés aux défis du Monde matériel. Or, nous savons que le Shabbath bénit l’ensemble des jours de la semaine qui suit.
Ainsi, le Shabbath Béréchit bénit-il les 7 jours de la première semaine du Service de D. "dans le Monde". Et, sachant qu’il s’agit des mêmes 7 jours qui se reproduisent chaque semaine, la bénédiction de cette première semaine se répercute sur toutes les semaines de l’année.
[Likouté Si'hot]

-> "Quel est le sens du verset : 'Les bigdé hasserad [les vêtements de service (des Cohanim)] pour servir dans le sanctuaire' (Vayakel 35,19)?
Il veut dire que sans les vêtements des Cohanim, pas un seul sarid [survivant] ou rescapé ne serait resté des ennemis du peuple juif [un euphémisme pour désigner les Bné Israël].
[guémara Yoma 72a]

-> "Pourquoi la paracha des korbanot est-elle juxtaposée à celle des vêtements des Cohanim?
[Pour montrer que] de même que les sacrifices font expiation, les vêtements des Cohamim font expiation". [guémara Zéva’him 88b]

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-> Rabbénou 'Hananel l'interprète ainsi : les vêtements de prêtrise eux-mêmes font expiation pour le peuple juif.

D'autre part, Rachi explique ainsi la Guemara : ce sont, en réalité, les sacrifices que les cohamim accomplissent en portant les bigdei kehouna qui conduisent à cette expiation.
Cependant, le Panim Méirot (guémara Zéva'him 88b) et le Hida (Pné David - parachat Béréchit 32) questionnent l'interprétation de Rachi, car la guémara dit que "sans les vêtements des Cohanim", le peuple juif aurait été effacé, D. en préserve. Si l'interprétation de la guémara avait été celle que donne Rachi, elle aurait dû dire : 'sans les sacrifices' le peuple juif aurait été effacé.
On peut voir également le commentaire de Rabbénou Elyakim (Yoma 72a) qui dit qu'aujourd'hui aussi, les vêtements de prêtrise, qui existent encore à Rome, font expiation pour le peuple juif, et c'est pourquoi ils sont appelés bigdé basserad, terme dérivé du mot sarid, qui veut dire « survivant ».

-> La guémara dit (Zeva'him 88b) que les bizdé kehouna (vêtements de prêtrise) font même expiation pour des fautes pour lesquelles on n'offre pas de sacrifice : "Il y a 2 choses pour lesquelles nous ne trouvons pas d'expiation par les sacrifices, mais pour lesquelles nous trouvons une expiation par autre chose : le crime et la médisance".
Les vêtements de prêtrise font également expiation pour des mauvaises actions qui ne peuvent pas être résolument qualifiées de fautes, par exemple la fierté.

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=> Quel pouvoir ont les vêtements des Cohanim d'expier la faute, au point d'être même supérieur à celui des sacrifices?

-> Le Maharcha (guémara Shabbath 77b) enseigne : "Les vêtements d'un homme indiquent ses traits de caractère, comme le dit le verset : 'Que tes vêtements soient blancs à tout moment' (Kohélet 9,8)."
[ailleurs (guémara Shabbath 114a), le Maharcha dit également : "Les traits de caractère de l'homme
sont ses vêtements". ]

-> Le rav Its'hak 'Havèr (Ohr Torah, son commentaire sur Maalot HaTorah, par. 7) explique que les traits de caractère de l'homme sont comme les "vêtements" de son âme, et les vêtements utilisés pour se vêtir reflètent la nature des "vêtements" de l'âme.
[le Akédat Its'hak (51) cite pour preuve le fait que le mot "midot" (traits de caractère) peut aussi vouloir dire vêtements, comme dans les versets : "mido bad" (son vêtement de lin - Tsav 6,3), "mita bat lemadar" (sous ses vêtements - Choftim 3,16) et "al pi midotar" (sur le bord de ses vêtements - Tehillim 133,2). ]

-> Il semble donc que les vêtements des Cohanim véhiculent le message que ceux qui les portent ont dirigé leur personnalité et leurs traits de caractère uniquement vers le service de D.
Comme le dit Abarbanel (Tétsavé 28,1) : "Les vêtements des Cohanim ordinaires étaient faits de lin seulement afin de montrer que leur corps était désigné et préparé pour le service sacré, comme si chacun d'eux disait, en enfilant [les vêtements] : 'Tous mes os diront : ô D., qui est semblable à Toi ?'".

-> Le Malbim (Tétsavé 28,2) donne cette interprétation pour expliquer une répétition étonnante : la Torah raconte d'abord que D. dit à Moché (v.28,2.) : 'Confectionne des vêtements sacrés qui soient nobles et superbes pour ton frère Aharon'. Or dans le verset suivant, D. dit à Moché : "Parle à tous les hommes talentueux... afin qu'ils exécutent les vêtements d'Aharon".
Pourquoi le commandement divin de fabriquer les vêtements de prêtrise est-il mentionné 2 fois, d'abord à Moché puis aux "hommes talentueux"?

Le Malbim explique :
"Les vêtements qu'Il a ordonné de confectionner semblent être des vêtements physiques ... mais ils indiquent en réalité les vêtements 'intérieurs' que les Cohanim de D. devaient confectionner pour vêtir leur âme de connaissance, de traits de caractère et d'attributs positifs, qui sont l'habit de l'âme.
Ces vêtements n'étaient pas exécutés par des artisans, et D. a ordonné à Moché de confectionner ces vêtements sacrés, c'est-à-dire d'inciter les Cohamim à améliorer leur âme et leurs traits de caractère de façon à ce que leur âme intérieure soit 'revêtue' de noblesse et de raffinement.
Cependant, les vêtements extérieurs, qui font allusion aux 'vêtements' intérieurs, devaient être confectionnés par des artisans talentueux. Les hommes talentueux au cœur sage cousurent les vêtements d'Aharon pour le sanctifier, car ils comprenaient le symbolisme de ces vêtements, et ils les firent dans l'intention que la sainteté y repose."

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-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) explique :
Ainsi, il ressort un principe selon lequel non seulement les vêtements de prêtrise faisaient allusion aux traits de caractère de ceux qui les portaient, mais ils avaient le pouvoir de changer leurs traits de caractère et c'est pourquoi ils faisaient expiation pour les fautes du peuple juif.

Nous pouvons peut-être ajouter que cette expiation venait du fait que, comme le dit la Torah, ces vêtements étaient destinés à donner la "noblesse et la splendeur". Les vêtements des Cohanim étaient des vêtements qui donnaient à ceux qui les portaient une apparence digne et majestueuse. Or lorsqu'un homme développe un sentiment de respect de soi, il se rend compte que la faute n'est pas digne d'un homme de son niveau. Cette attitude l'empêche de commettre des transgressions. Un homme aux beaux vêtements sent qu'il est une personne plus raffinée, qui ne se souillerait pas par les actes d'hommes médiocres.
[Le Rambam (Hilkhot Klé Hamikdach 8,4, d'après Zeva'him 18b) dit : "La mitsva relative aux vêtements des Cohanim est qu'ils soient neufs, beaux et longs et enveloppants comme ceux des hommes distingués, comme il est écrit : 'nobles et superbes. S'ils étaient sales, déchirés, trop longs ou trop courts, ou si [le cohen] les maintenait par une ceinture, son service était impropre". ]

Lorsque les Cohanim étaient élevés en portant les bigdé kéhouna (vêtements de prêtrise), le reste du peuple s'élevait aussi. Lorsque les Cohanim portaient ces vêtements, c'était comme si tout le peuple juif les portait.
[selon le Maharal ('Hidouché Aggadot - Zeva'him) : "Car tous les Bné Israël sont comme un seul homme, et en portant les bigdé kehouna, le Cohen Gadol fait expiation pour tout Israël, le Cohen est le prêtre de tout Israël et les vêtements du Cohen enlèvent les fautes d'Israël." ]

Ces vêtements donnaient "noblesse et splendeur" aux Cohanim et à tout le peuple juif, en cultivant la sensibilité et le raffinement appropriés au peuple juif. Et lorsque les juifs étaient élevés par les vêtements des Cohanim, cette élévation spirituelle s'attachait aussi aux fauteurs parmi eux.
Même ceux qui avaient fauté étaient élevés, soulevés au-dessus du niveau spirituel auquel ils étaient tombés à cause de leurs fautes et ils étaient transformés.

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+ Porter des habits blancs à Yom Kippour :

-> "A tout moment, que tes vêtements soient blancs" (Kohélet 9,8).
Rabbénou Yona (Chaaré Techouva 2,15) commente ce verset : "La couleur blanche des vêtements symbolise la purification de l'âme par la techouva".]

-> Rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
Les vêtements de prêtrise ont la capacité d’élever ceux qui les portent, de les guider pour servir D., et de révéler leur pureté spirituelle intérieure.
Cela peut aussi expliquer la coutume de porter du blanc à Yom Kippour. Les vêtements blancs symbolisent le repentir et la purification, comme il est écrit : "Si tes fautes sont comme un fil écarlate, elles deviendront blanches comme la neige" (Yéchayahou 1,18), et Yom Kippour est le moment propice à cette purification.

Ainsi, le fait de porter des vêtements blancs à Yom Kippour est bien plus qu'un rite superficiel. C'est une forme d'avoda qui atteint les profondeurs de notre âme et dont le but est de nous éveiller à nous repentir et à effectuer un changement authentique.
Les vêtements blancs que nous portons Yom Kippour doivent nous faire prendre conscience que nous ne sommes plus les personnes que nous étions et que nous nous sommes sanctifiés à présent pour nous dévouer entièrement à la volonté d'Hachem.
Lorsque nous portons des vêtements blancs Yom Kippour, nous devons nous tenir devant D. comme les anges, purifiés de toutes nos fautes et ne désirant rien d'autre que d'être proches de Lui et d'être considérés comme purs.

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+ Les vêtements de Shabbath :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédouchat haShabbath 5,1-2) enseigne :
"Le cœur de chaque juif est rempli de sainteté, et durant Shabbath, il se remplit de la kédoucha spéciale de ce jour.
Lorsqu'une personne honore son corps en ayant des vêtements de Shabbath, elle honore en réalité la kédoucha du jour, qui est présente en son cœur.
[...]
De même que Shabbath est un semblant du monde à venir, de même les habits que nous avons durant ce jour, sont un semblant des habits que notre âme revêtira dans le monde à venir (éternel).
[...]
Le service du Cohen n'est valide que s'il est habillé de ses vêtements sacrés (bigdé kéhouna).
Ils sont sacrés par la sainteté que D. transmet au Cohen, lui permettant d'accomplir son service dans le Temple.
Chaque juif, expérimente la même kédoucha à Shabbath, car les habits de ce jour, sont alors l'équivalent de ceux portés par le Cohen.
"

-> "Il enlèvera ses vêtements et portera d’autres vêtements" (Tsav 6,4)
Rachi : Les vêtements avec lesquels il a fait la cuisine pour son maître, qu’il ne les porte pas pour verser à boire à son maître.
La guémara (Shabbath 114), et le Maharcha dessus, nous enseignent :
Il y a là une preuve que l’homme doit changer de vêtements pour Shabbat et porter des vêtements plus beaux.
De même que le cohen ne portait pas pendant son service les mêmes vêtements avec lesquels il faisait sortir les cendres, mais d’autres vêtements, plus beaux et plus propres, le Shabbat il faut porter des vêtements plus beaux et plus propres que ceux qu’on porte la veille du Shabbat pour préparer le Shabbat.

[issu du divré Torah : https://todahm.com/2016/12/26/les-vetements-de-shabbath ]

La force du Shéma : une transformation instantanée

+ La force du Shéma : une transformation instantanée (selon rabbi Dovid Hofstedter) :

-> La lecture du Shéma Israël, la déclaration de prendre sur soi la souveraineté totale d'Hachem (kabbalat ol malkhout chamayim), possède une force particulière.
L'homme qui récite le Shéma de tout son cœur reçoit la capacité d'échapper à toute situation dangereuse et d'atteindre un dévouement total pour D. dans son service divin.

La guémara (Kiddouchin 49b) dit que si un homme fait un acte de kidouchin à la condition d'être un tsadik parfait, les kidouchin sont considérés comme valables même si c'est un racha, car il est possible qu'il se soit repenti à ce moment-là.
Le Agra d'kalla et le Bné Yissas'har (Hodèch Nissan 4,11) se demandent comment c'est possible, alors que la guémara dit par ailleurs (Yoma 86a) que la téchouva seule ne peut pas expier toutes les fautes.
Selon eux, la réponse est que lorsqu'un homme décide sincèrement de se repentir et de se soumettre à la souveraineté de D. (comme nous sommes censés le faire pendant le Shéma), son engagement chasse l'impureté qui l'enveloppait à la suite de ses fautes. Il ne peut donc plus vraiment être qualifié de racha, même si ses fautes n'ont pas encore été expiées.

-> L'injonction essentielle de la lecture du Shéma se reflète dans le commentaire de la guémara (Béra'hot 54a) : l'ordre d'aimer D. "de toute ton âme", c'est-à-dire "même s'Il prend ton âme [ta vie]".
Le Zohar (Bamidbar 195b) dit que lorsqu'on récite le Shéma, il faut s'imaginer livrer sa vie al kidouch Hachem ; celui qui le visualise sera considéré comme l'ayant réellement fait.

A ce sujet, le Ram'hal (Déré'h Hachem 4,4) écrit :
"L'une des conditions de cette mitsva de la lecture du Shéma est que l'homme décide de livrer sa vie pour l'Unité de D. et se soumette volontiers à toute souffrance ou toute forme de mort pour sanctifier Son Nom. C'est considéré comme s'il l'avait réellement fait et avait été tué al kidouch Hachem".

Le Kérèn Ora (Béra'hot 16b) enseigne : "Le but principal d'accepter le joug de la royauté divine est de livrer sa vie pour la sanctification de Son Nom, de déclarer Son unité avec amour ... et de se rapprocher du dévouement à l'Unité de la Source de Vie".

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) poursuit :
Lorsqu'un homme se soumet à la souveraineté de D. au point d'être prêt à livrer sa vie al kidouch Hachem, ce dévouement crée avec son Créateur un lien qui le transforme complètement. Ce niveau d'attachement à D. élève l'homme à tel point que la faute n'a plus de place dans sa vie.
Chaque juif, même s'il a fauté, peut atteindre cette proximité extraordinaire avec D. en l'espace d'un instant simplement en acceptant sincèrement D. comme son Roi.
Cela ne demande pas de préparation longue et intensive. Même un racha peut se transformer en tsadik en un seul instant s'il s'engage pleinement à devenir un serviteur de D. Une fois qu'il a montré son dévouement sincère, c'est D. Lui-même qui changera sa nature.

Rabbi Elazar ben Dourdaya en est la preuve, lui dont la guémara (Avoda Zara 17a) décrit la transformation spectaculaire. La guémara raconte qu'Elazar avait passé toute sa vie plongée dans le péché. A un certain moment, il dépensa une somme d'argent immense, et mit même sa vie en danger, pour aller commettre un acte immoral dans une région éloignée. Alors qu'il commettait cet acte, Elazar se rendit soudain compte de l'abime dans lequel il était tombé. Il éclata en sanglots et pleura amèrement jusqu'à ce que son âme le quitte dans un repentir sincère. A ce moment-là, une Voix céleste annonça : "Rabbi Elazar ben Dourdaya a mérité la vie au monde futur!é
En apprenant cet incident, Rabbi Yehouda Hanassi se mit à pleurer et déclara : "Certains acquièrent leur monde [c'est-à-dire la récompense éternelle] pendant des années et d'autres, en un instant".
Le repentir de Rabbi Elazar ben Dourdaya n'a pas suivi le cours habituel de la téchouva exigeant qu'un fauteur éprouve du remords pour chaque acte qu'il a commis et décide de ne jamais le refaire.
En un court moment d'inspiration, Rabbi Elazar se rapprocha de D. au niveau le plus profond en acceptant de tout cœur Sa souveraineté, ce qui causa sa transformation spirituelle immédiate. Il sauva son âme et devint un autre homme qui, malgré son passé condamnable, mérita le titre de "Rabbi".

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"Quand vous approcherez [du champ] de bataille, le Cohen s'avancera et parlera au peuple en lui disant : 'Shéma Israël' (Ecoute Israël)" (Choftim 20,2-3)

Rachi commente que les propos du Cohen font allusion à ce message : "Même si vous n'avez que le mérite de la lecture du Shéma, vous êtes dignes d'être délivrés".
La guémara (Sota 44b) dit d'autre part qu'un homme coupable de la moindre faute, telle que parler entre la pose des tefilin de la main et celle des tefilin de la tête, était renvoyé du champ de bataille, car la transgression la plus minime d'un soldat pouvait conduire à la défaite de toute une armée.

Cela semble indiquer que les soldats juifs devaient être totalement justes pour mériter la victoire. Comment, dans ce cas, le mérite de la Kriat Chema suffisait-il à leur assurer le succès?

Le peuple juif récitait le verset du Shéma Israël en allant à la guerre, bien qu'on récite le Shéma de toute façon 2 fois par jour. [cela fait aussi allusion à chacun d'entre nous lorsque nous allons en guerre contre le yétser ara]
A la guerre, le peuple juif doit renforcer sa conscience que D. est le seul à posséder un réel pouvoir et qu'Il gouverne sa destinée. Par cette prise de conscience, le juif se rapproche de D. et parvient à se consacrer à Lui.
Lorsque les soldats juifs s'engagent à accepter la souveraineté de D. et décident de progresser en s'attachant à Ses voies, le lien qui se tisse entre eux et leur Créateur opère une métamorphose totale ; même ceux qui avaient fauté se transforment en serviteurs de D.
Ainsi, même si les soldats devaient encore rectifier leurs voies, leur kabalat ol malkhout Chamayim (accepter totalement la Souveraineté/joug d'Hachem) sincère les rendait dignes de bénéficier de miracles.

C'est précisément la raison pour laquelle nos Sages citent l'acte de parler entre la pose des tefilim de la main (chel yad) et celle des tefilin de la tête (chel roch) comme exemple d'une faute pour laquelle un homme ne doit pas aller au combat.
Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3,22) enseigne que la mitsva de téfilin fait partie de l'acceptation du joug de la royauté divine, et c'est pourquoi la Torah l'inclut dans les parachiot du Shéma.
Effectivement, la guémara (Béra'hot 14b) dit : "Lorsqu'un homme récite le Shéma sans tefilin, c'est comme s'il portait un faux témoignage à propos de lui-même".
De plus, en portant les tefilin, l'homme soumet ses actes et ses désirs à D. seul et donc, lorsqu'un homme accomplit la mitsva de teflin de façon imparfaite, son acceptation de la souveraineté divine (telle que l'exprime le Shéma) l'est aussi.

De son côté, le Méiri (guémara Sota 43b) dit : "Le cohen oint pour la bataille doit encourager le peuple par ses paroles ... Pour les encourager à se repentir pour leurs fautes et ne pas renoncer à faire téchouva, il exige qu'ils se repentent et leur dit que] leur téchouva sera acceptée même s'ils se sont rebellés, car il n'est jamais exclu que la techouva soit acceptée au ciel ...
Tel est le sens des mots : 'Ecoute, Israël, vous vous approchez aujourd'hui (bayom) [de la guerre]' = cela fait allusion au fait que 'même si vous n'avez accompli que la lecture du Shéma matin (yom) et soir, vous ne serez pas livrés aux mains [de vos ennemis]'."

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+ Clore Yom Kippour en s'attachant à D. :

Les dernières minutes de Yom Kippour sont essentielles : les portes du Ciel se ferment et le jugement final de chaque juif est scellé. Pendant ces instants culminants du jour saint, nous avons coutume de nous écrier : "Shéma Israël, Hachem Elokénou Hachem E'had" pour proclamer que nous acceptons la souveraineté divine.
Pourquoi fait-on cette déclaration justement quand le jugement final des Yamim Noram est sur le point d'être scellé?

Comme nous l'avons vu, lorsque le peuple juif exprime son acceptation de la souveraineté de D. et son désir de se soumettre à Sa volonté, sa proclamation solennelle l'élève et l'attache à Hachem.
Il convient donc que le jour saint de Yom Kippour se termine par cette déclaration retentissante de soumission à la royauté divine, avec la téchouva et la devékout (attachement) qu'elle implique.
L'attachement profond à D. transforme l'homme en une personne nouvelle, l'élève au-dessus des lois de la nature et du processus ordinaire du jugement divin, et lui évite la punition.

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm3,12) l'exprime ainsi : "Réellement ... un moyen puissant d'annuler tous les jugements ou les désirs d'autrui afin qu'ils ne dominent pas l'homme et ne l'affectent absolument pas est que l'homme implante en son cœur la conscience que D. est le vrai D., qu'il n'existe aucun pouvoir autre que Lui dans le monde, ou dans aucun des mondes, et que tout est uniquement empli de Son Unicité absolue.
Lorsqu'un homme ne tient compte d'aucune autre force ou désir dans le monde, et lorsqu'il soumet et n'attache la pureté de ses pensées qu'au Maître unique, D. à Son tour fera que toutes les forces et les désirs du monde le quittent et n'aient aucun effet sur lui."

Aux derniers instants de Yom Kippour, pendant lesquels le jugement pour l'année à venir est scellé, notre vie est sur la balance.
[la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?" ]

Pendant cette bataille déterminante et ces moments particulièrement opportuns, le peuple juif, élevé par l'expérience du jour saint, proclame d'une voix forte les mots du Shéma et s'emplit de dévouement envers D. au point d'être prêt à livrer sa vie pour sanctifier Son Nom. Pendant ces moments décisifs où le jugement de l'année est scellé, cette proclamation cause une transformation immédiate, de même que les soldats de l'armée juive opéraient en eux-mêmes une métamorphose.
En prononçant les mots du Shéma, ils devenaient dignes de miracles.

=> C'est en acceptant la souveraineté de D. et en nous vouant à Lui que nous serons dignes d'être scellés pour la vie pour l'année à venir.
A la veille de la bataille, le Cohen disait à l'armée juive que le mérite de la lecture du Shéma suffisait à lui seul pour garantir leur délivrance. De même, nous récitons ce verset à la fin de Yom Kippour, quand notre jugement final va être scellé et que les portes du ciel se ferment afin d'être, nous aussi, inscrits pour la vie et scellés dans le Livre de la Vie.

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[cela peut être également une raison pour laquelle on récite le Shéma Israël au moment de quitter ce monde : se lier à D. au moment où l'âme retourne à son Créateur.]

Les Nuées volantes

+ Les Nuées volantes :

Il est écrit : "afin que vos générations sachent que j'ai donné des Souccot pour demeure aux Bné Israël, quand je les ai fait sortir du pays d'Egypte, moi, Hachem, votre D.!" (Emor 23,43)

Le Panéa'h Raza (Emor 23,43) enseigne :
Selon rabbi Yossef ben Kim'hi, le mot "Souccot" ne fait pas référence à des "cabanes", mais à un lieu appelé : Souccot.
Il est écrit : "Les enfants d'Israël partirent de Ramsès, dans la direction de Souccot ; environ 600 000 voyageurs, hommes faits, sans compter les enfants" (Bo 12,37).
Rachi commente : "Soit une distance de cent vingt milles, qu’ils ont franchie en une heure, comme il est écrit : "je vous ai portés sur des ailes d’aigles" (Yitro 19, 4)

=> Quel est le lien entre ce miraculeux voyage express, et le lieu (ville) de Souccot?

Rabbi Yaakov Kouli (Yalkout Méam Loez - Chémot 15,1) répond que la ville a été appelée Souccot suite à la façon miraculeuse dont Hachem a transporté les juifs à leur destination.
Hachem les a entourés de tous les côtés par des Nuées de Gloire, comme s'ils étaient à l'intérieur d'une cabane. Cette "cabane" céleste était en réalité un véhicule en mouvement qui a très rapidement transporté ses passagers comme sur "des ailes d’aigles" (kanfé nécharim).

Le midrach (Yalkout Yéchayahou 503) rapporte que de même que Hachem a fait sortir les juifs d'Egypte avec des Nuées de Gloire, de même Il nous prendra hors de cet exil lors de l'arrivée du machia'h.
A ce moment, les Nuées transporteront les juifs du bout de la terre jusqu'à Jérusalem, comme il est écrit : "[Les nations du monde demanderont étonnées : ] Qui sont ceux-ci, qui volent comme une nuée ... pour ramener de loin tes fils" (Yéchayahou 60,8-9).

Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.5) note qu'au moment de la guéoula, toutes les technologies modernes deviendront obsolètes. [Avec la venue du machia'h,] les gens communiqueront par télépathie, parcourront de vastes distances en un éclair, et la médecine ne sera plus nécessaire puisque personne ne tombera malade.
Le Yalkout (Yéchayahou 503) ajoute également qu'on n'aura pas besoin de la lumière du soleil ou de la lune, car la Présence Divine nous donnera la capacité de voir même ce qui est caché dans des barriques et dans les pots.

[ => c'est également cela le message sur l'aspect éphémère de la vie matérielle. En effet, certes nous ne sommes que de court passage dans ce monde, mais également le machia'h peut venir à tout moment, et alors tout ce dans lequel on aura mis tellement de valeur n'en aura plus. Que nous restera-t-il alors pour notre éternité?
Lorsque nous sommes dans la Soucca, revivons le voyage dans les Nuées de Gloire, comme une cabane, dans laquelle Hachem nous bichonne. Nous devons s'imaginer qu'il en est de même chaque instant de notre vie où Hachem nous porte, nous permet de vivre et nous comble de ce qu'il y a de vraiment meilleur pour nous. ]

La Néila

+ La Néila (fin de Kippour) :

-> Comme pour toutes les fêtes de l’année, les prières de Kippour comprennent : celle du soir, celle du matin, le Moussaf et Min'ha. Il s’ajoute pour ce jour unique de l’année la prière de Néila, au déclin du jour.
On l’a appelée Néila (clôture) parce qu’elle clôture effectivement cette grande journée (elle coïncide, selon les avis, avec la fermeture des Portes du Temple ou la fermeture des Portes du Ciel - Maté Moché) ; on la récite à l’heure où se ferment les portes de la Miséricorde, quand nos destins sont définitivement fixés et nos jugements scellés.
[Le Arizal enseigne que c’est justement au moment de la Néila, que Hachem signe le verdict écrit à Roch Hachana - la ‘Hatima (חתימה). ]
Ainsi, c'est comme une dernière ligne droite où l'on doit rassembler toutes nos dernières forces [vers Hachem] pour dire cette émouvante prière avec une profonde ferveur, et nous prenons de fermes résolutions pour commencer une vie plus pure, qui plaise à D. et aux hommes.

-> Nos Sages ont trouvé un certain nombre d’allusions à la prière de Néila dans le verset de Chir haChirim (5,5) : "Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé, mes mains dégouttent de myrrhe, mes doigts laissent couler la myrrhe sur les poignées du verrou".
Selon le midrach, on peut l'interprété ainsi :
- "je me lève pour ouvrir" = c’est la prière du matin ;
- "mes mains dégouttent de myrrhe" = c’est moussaf ;
- "mes doigts laissent couler la myrrhe" = c’est min‘ha ;
- "sur les poignées du verrou" = c’est Néila.

-> Les 5 prières de Yom Kippour (Arvit, Cha’harit, Moussaf, Min’ha et Néila) correspondent aux 5 parties de l’âme (Néfech, Roua’h, Néchama, ‘Haya et Yé’hida).
Les 4 premières parties correspondent aux 4 degrés d’intensité du lien unissant l’âme à Hachem. La 5e partie, la Yé’hida, dont le nom peut être décomposé en Ya’hid Hé (uni à D.), est le niveau de l’âme ayant un lien indéfectible avec l’Essence de D.
Ainsi dans la dernière prière spécifique au jour de Kippour, la Néila, le niveau de Yé’hida de l’âme, se dévoile. Il n’y a plus de place alors pour autre chose que D. et les juifs. C’est l’explication du mot "Néila" = "on ferme" (Noélim) toutes les portes pour ne laisser entrer personne, afin que nul ne dérange l’union entre D. et Israël.
[Séfer Hamaamarim].

-> Durant la prière de la Néila, Hachem est seul pour nous juger sans aucun ange accusateur ou défenseur. D. étant plein de miséricorde, il peut même nous pardonner la faute la plus grave : le ‘hilloul Hachem (la profanation du Nom de D.) qui en général ne peut être expiée qu’avec la mort de la personne, et cela même après avoir fait téchouva, que Kippour soit passé et après avoir enduré différentes souffrances. Toutefois si la téchouva est complète à la Néila, Hachem peut pardonner sans souffrance et sans faire mourir la personne.
[Méchekh ‘Hokhma]

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-> La Tossefta (Yoma 4,16-17) écrit : "Le bouc [émissaire] a un avantage par rapport à Yom Kippour ... car le bouc fait immédiatement expiation alors que Yom Kippour fait expiation à la tombée de la nuit seulement".
=> L'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée, dit la Tossefta.

[ceci suit l'opinion de Rabbi 'Hanina (dans Yerouchalmi Sanhédrin 10,1). Elle est acceptée en
tant que halakha par les Richonim (Ri Migach, Ritva et Ran Chevouot 13b, Ramban, Yoma 87b).
Raaya Méhemna (Vayikra 100b) implique de même que l'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée. ]

-> Le Rokéa'h (Hilkhot Yom Hakippourim 217) ajoute que c'est la raison pour laquelle nos Sages ont fixé la récitation de la prière de Neïla à ce moment-là. La Neïla contient des séli'hot et des supplications supplémentaires, ainsi qu'un vidony spécial : "Tu tends la main aux fauteurs" (ata noten yad lapoch'im).

-> la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?"

-> Le Chlah haKadoch (Massékhèt 'Houlin, Ner mitsva 54) écrit : "La Neïla est le point culminant de Yom Kippour et c'est à ce moment-là que c'est un jour d'expiation, car Yom Kippour fait expiation à la fin de la journée".
[le Chla hakadoch y écrit également que les 10 jours de repentance sont le point culminant de l'année et Yom Kippour est le point culminant de 10 jours de repentance, et le service de la Néïla est le point culminant de Yom Kippour]

=> Cet enseignement est étonnant car la Torah nous dit que le jour de Yom Kippour a le pouvoir de faire expiation sans donner la moindre indication sur le moment de la journée. ["car ce jour-ci, il fera expiation pour vous, pour vous purifier de toutes vos fautes" - A'haré Mot 16,30]

-> Le Kaftor vaFéra'h (ch.6, Inyané ha'Hourban) enseigne :
"Yom Kippour fait expiation à sa conclusion, de même que la chemita annule les dettes uniquement à la fin de l'année. Car, lorsque la fin du jour approche, l'affliction est plus grande, les actes sont plus grands et la récompense est en fonction de la difficulté».

=> L'expiation s'opère à la fin de Yom Kippour parce que l'affliction que nous éprouvons ce jour-là atteint son point culminant à la fin de la journée.
Or nos Sages enseignent : "Mieux vaut faire une chose avec difficulté que 100 choses avec facilité" (Avot d'Rabbi Nathan 3,6) et : "La récompense est en fonction de la difficulté" (Pirké Avot 5,23).
De même, selon le Tiféret Israël (61) : "Lorsqu'un homme accomplit une mitsva qui est très difficile pour lui, cela montre qu'il aime D. de tout son cœur et la récompense est à la mesure de la difficulté".
Ainsi, lorsque les afflictions de Yom Kippour sont les plus fortes, le peuple juif a l'opportunité la plus grande d'obtenir l'expiation.

[dans la spiritualité, lorsque cela devient fatiguant, un peu désagréable, la tendance naturelle est de se dire : ça va j'ai déjà bien donné, je peux être détente!
Certes nous ne sommes pas des anges et nous avons besoin de faire un break, mais la Néïla nous enseigne que nos moments où spirituellement c'est difficile, sont ceux qui ont une valeur énorme.
On ne doit pas les voir négativement (aujourd'hui c'est un jour sans, je n'arrive à rien spirituellement), mais au contraire comme des opportunités qui rapportent beaucoup plus que d'ordinaire lorsque tout marche bien.
[dans un moment spirituel moins bon, c'est comme si Hachem désire recevoir des marques d'amour concrètes de ma part ("cela montre qu'il aime D. de tout son cœur"), et non au contraire que Hachem s'éloigne de moi, voir me punit ]
C'est d'une certaine façon un message d'encouragement de fin de ce jour extraordinaire (Kippour), où nous sommes des anges, et nous nous apprêtons à reprendre la routine de notre vie d'être humains.]

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-> "Là où des baalé téchouva se tiennent, des tsadikim parfaits ne peuvent pas se tenir" (guémara Béra'hot 34b).
Le Méssé'h 'Hokhma (Va"t'hanan 5,24) explique que la récompense des baalé techouva est plus grande parce qu'ils ont dû peiner pour vaincre leurs tendances naturelles.

-> Construire une soucca à l'issue de Yom Kippour, alors que nous sommes affaiblis par une journée entière de jeûne, est un rappel : plus nous devons faire d'efforts et surmonter de difficultés pour accomplir les commandements de D., plus nous recevrons de récompense.
Celui qui s'en souvient se rendra compte que, même s'il est difficile de garder le niveau de repentir atteint à Yom Kippour, il convient d'être fort et de vaincre les défis que ce but présente. Sa récompense sera supérieure à celle des "tsadikim parfaits".
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> b'h, également sur la Néila : https://todahm.com/2020/10/11/la-neila

Yom Kippour – Être purifiés devant Hachem

+ Yom Kippour - Être purifiés devant Hachem :

-> "Car en ce jour [Yom Kippour], il fera expiation pour vous, pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés" (A'haré Mot 16,30).

-> "L'expression 'devant D. vous serez purifiés' représente le commandement positif de se repentir, en contemplant et en examinant nos voies et en revenant à D. le jour de Kippour"
[Rabbénou Yona - Chaaré Techouva 4,17]

-> "'Devant D. vous serez purifiés' car Yom Kippour ne fait expiation que pour ceux qui se repentent (guémara Chevouot 13a). Avant que D. n'accorde l'expiation, chaque homme doit se purifier... par la téchouva et c'est ensuite que D. le purifiera par l'expiation"
[Kli Yakar - A'haré Mot 16,30]

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-> "il fera expiation (yé'hapèr-> kapara) pour vous, pour vous purifier (létahèr -> tahara)"

=> Qu'implique les 2 termes : "expier" et "purifier"?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
la kapara (expiation) est l'annulation de la punition encourue du fait de la faute. Quand une personne reçoit la kapara, cela veut dire qu'elle sera épargnée du châtiment divin pour ses fautes, mais la kapara ne l'affecte qu'extérieurement. Même après avoir reçu l'expiation, l'âme ne retrouve pas le niveau de pureté d'avant la faute.
Ainsi, même après avoir obtenu la kapara, l'homme doit encore se débarrasser des défauts spirituels créés par ses fautes.
Ce processus interne est la tahara (pureté), qui débarrasse l'âme du préjudice causé par la faute et la restaure à son état antérieur. La Torah dit donc qu'à Yom Kippour, non seulement le Cohen Gadol "fera expiation pour vous", mais aussi il "vous purifiera" car, même après l'expiation, le fauteur a encore besoin de la "purification" qui lavera son âme.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou vol.2) donne une autre explication :
même après la téchouva la plus exemplaire, il manque encore à l'homme la pureté de cœur qu'il possédait avant sa faute, car l'acte même de transgression diminue la sensibilité de la personne à la gravité de la faute.
Comme l'enseignent nos Sages (guémara Yoma 86b) : "Lorsqu'un homme faute et répète [sa faute], elle lui devient permise" = il commence à considérer que l'acte commis est permis, et il lui sera facile de retomber dans ses fautes même après s'être repenti. La personne qui se repent doit, de plus, retrouver sa "pureté de cœur" et son aversion pour les fautes.

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=> Pourquoi ne suffit-il pas au fauteur que D. le purifie?

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,26) enseigne :
"Si l'homme ne s'éveille pas lui- même, à quoi lui serviront les paroles de réprimande? Même si elles entrent dans son cœur le jour où il les entend, le yétser les lui fera oublier et chasser de son cœur. Lorsqu'un homme entend un reproche, il doit s'éveiller, prendre ces mots à coeur et y penser constamment. Il doit y ajouter de la sagesse, sortir des mots de son coeur et s'assoir seul à l'intérieur des chambres de son esprit. Il doit se répéter le reproche et ne pas seulement compter sur la réprimande de celui qui le sermonne. Il doit se blâmer chaque matin et à chaque moment jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) commente :
Ainsi, selon Rabbénou Yona nous enseigne que la vraie téchouva n'est possible que lorsqu'un homme fait un effort intérieur authentique pour s'améliorer. C'est seulement par ce travail qu'il peut atteindre le stade où sa téchouva est complète, où D. Lui-même atteste que cet homme ne répètera plus jamais sa faute. Une téchouva extérieure ne transforme pas l'âme et ses effets se dissipent rapidement. Seul une téchouva intériorisée, un repentir du cour, crée un changement durable. Aussi, pour effacer les effets néfastes que la faute cause à l'âme, il faut effectuer un vrai repentir intérieur selon les mots de Rabbénou Yona : "jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée".

Tel est l'un des messages de l'enseignement de la Michna : "Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi?" (Pirké Avot 1,15). A moins qu'un homme ne s'éveille lui-même à la nécessité de rectifier ses voies, aucun cours de moussar; aucune parole de réprimande, ne le fera véritablement changer.
C'est pourquoi la Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés". Ce verset enseigne que, pour bénéficier de l'expiation et de la purification de Yom Kippour, nous devons nous purifier et nous sanctifier, nous épurer intérieurement de tout lien avec la faute.

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+ La purification, un cadeau divin :

-> "pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés"

=> Pourquoi le verset commence par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour et seulement ensuite nous ordonne de nous purifier?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
Selon l'approche que nous avons développée (notre purification personnelle est la condition nécessaire à la purification effectuée par D.), il semble que l'ordre aurait dû être inversé.

La Torah veut peut-être nous enseigner ceci : bien que l'homme doive prendre l'initiative de se purifier, le "lavage" spirituel n'est rien d'autre qu'un cadeau de D., car l'homme n'a pas la capacité de réellement "laver" son âme.
Comme l'enseigne le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h Haim 1,14) :
"Sans l'aide de mon Créateur, que serais-je? Sans l'aide de D., l'homme ne pourrait pas vaincre [le yétser ara]. Mais qu'on ne dise pas : 'J'attends l'aide du Ciel [pour me repentir]', car les mesures initiales [de techouva] doivent être prises par l'homme. Hachem lui donnera Son aide en fonction des efforts qu'il investit pour se préparer et se renforcer, comme le disent nos Sages (guémara Shabbat 104a) : 'Celui qui vient se purifier est aidé'. »

La Torah commence donc par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour mais que c'est à nous de faire le premier pas, pour nous taire comprendre que même notre purification de la faute ne peut pas se faire sans l'aide divine.
Tel semble être le message du verset dans lequel D. dit : "Revenez à Moi et Je reviendrai à vous" (Mala'hi 3,7). Par ces mots, le prophète véhicule l'idée que la techouva commence par l'initiative humaine ("Revenez à Moi"), comme le dit rav 'Haïm de Volozhin dans le passage cité ci-dessus.
Une fois que l'homme fait ce premier pas, il reçoit l'aide divine pour achever le processus et laver totalement son âme du dommage causé par ses fautes ("Je reviendrai à vous").

De même, nos Sages enseignent (midrach Chir Hachirim Rabba 5,2) : "D. dit aux Bné Israël : Mes enfants, faites-Moi une ouverture aussi grande que le chas d'une aiguille, et Je vous ouvrirai des portails assez grands pour que des chars et des charrettes puissent y passer" = l'homme doit faire un pas minime vers le repentir pour que D. l'aide à terminer la tâche.
[à l'image d'une aiguille qui est très peu épaisse mais longue : il suffit que notre effort de retour vers Hachem soit petit en amplitude, mais cependant il doit aller dans les profondeurs de notre être (pas superficiel).]

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-> "'Hachem est le mikvé (litt. l'espoir) des Bné Israël' (Virmiyahou 17,13).
De même qu'un mikvé purifie les personnes impures, D. purifie les Bné Israël." [michna Yoma 8,9]

Le mikvé ne purifie la personne que si elle s'y trempe, mais une fois qu'elle pénètre dans l'eau, son impureté la quitte instantanément. C'est exactement la façon dont a lieu le processus de purification de Yom Kippour : l'homme doit commencer le processus de téchouva, mais une fois qu'il l'a entamé, et seulement une fois qu'il la entamé, Hachem le purifie totalement.

Nous pouvons à présent comprendre le message de la Torah dans le verset que nous avons cité plus haut. La Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés" = nous devons commencer le processus pour nous purifier de nos fautes. Mais une fois que nous avons fait le premier pas, aussi petit soit-il, Hachem nous purifie de toute trace de faute afin que notre téchouva soit durable et que nous ne rechutions pas.
Le prophète nous promet : "Je vous donnerai un coeur nouveau et Je mettrai un esprit nouveau en vous ... et Je ferai en sorte que vous suiviez Mes lois et accomplissiez Mes statuts et les fassiez" (Yé'hezkel 36,26-27).
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> "Heureux êtes-vous, Israël! Devant Qui vous purifiez-vous et Qui vous purifie?" (michna Yoma 8,9)

-> Le Panim Yafot explique :
"Avant Yom Kippour, le peuple juif doit se purifier par la confession et le repentir, comme le disent nos Sages, et ensuite, il peut recevoir la pureté par son Père céleste.
Tel est le sens des mots :
- 'Devant Qui vous purifiez-vous ?' = l'homme doit bien se préparer auparavant pour cette purification finale ;
- puis D. le purifiera à Yom Kippour, comme il est écrit : 'Devant D. vous serez purifiés' = cela veut dire qu'avant la purification finale [de Yom Kippour], il faut se purifier pour se préparer à recevoir cette pureté car sans préparation, on n'est pas capable de la recevoir."

-> Une autre explication de cette Michna est offerte par Tossafot Yom Tov : l'homme est parfois incapable de s'éveiller à se repentir et quand cela arrive, D., dans Sa grande bonté, fait que cet homme soit inspiré à se repentir afin qu'il ne soit pas perdu.
Ainsi, selon Tossafot Yom Tov, la Michna veut dire que D. purifie les Bné Israël même s'ils ne prennent pas l'initiative de se repentir.

Hachem se réjouit [énormément] lorsque nous nous renforçons pour faire Sa volonté.
[Yessod véChorech haAvoda]

Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath

+ Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath :

-> "Si Roch Hachana tombe un Shabbat, on ne dit pas 'jour du son du chofar' mais 'un souvenir du son du chofar' car [la mitsva de] sonner du chofar ne repousse pas le Shabbat ailleurs que dans le emple, en raison d'un décret" [Massékhèt Sofrim 19,6]

-> "On ne sonne pas [du chofar] le Shabbath puisque la sonnerie du chofar n'a pas priorité sur le Shabbath. Il n'y a donc qu'un souvenir du son du chofar". [Baal haTourim - Emor 23,24]

-> "Le Shabbat, nous ne sonnons pas [du chofar] ... car Shabbat est [appelé] un signe et il protège le peuple juif".
[le Rokéa'h - Hilkhot Roch Hachana - n°201]

-> Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
Quand Roch Hachana tombe un autre jour de la semaine, le peuple juif ne peut pas obtenir un jugement favorable par ses prières uniquement. Comme il lui manque les mérites spirituels nécessaires, il doit employer la tséaka, le cri puissant exprimé par la lamentation du chofar, pour susciter la miséricorde divine.
Le Shabbat sanctifie, purifie et élève le peuple juif. Ainsi, les mots qu'il prononce le Shabbat ont davantage de sainteté. Leurs prières deviennent plus pures et plus élevées, ce qui les rend plus dignes d'être entendues par D.

=> Le Shabbat, nos prières elles-mêmes prennent toutes les qualités du son du chofar. Grâce à la sainteté du Shabbat, les mots de nos prières sont empreints d'une plus grande sainteté. Ces prières appelées "un souvenir du son du chofar" remplacent le son du chofar.
Lorsque, de plus, Roch Hachana tombe un jour ordinaire de la semaine, le chofar devient le véhicule du "souvenir" et l'expression "zikhron téroua" (un souvenir du son du chofar) est omise du texte de la prière.
Le Shabbat, ce sont les prières qui créent le "souvenir" et c'est pourquoi cette expression est ajoutée.

[cela nous aide à donner de la valeur à notre Shabbath, dont sa fréquence hebdomadaire ne doit pas diminuer sa valeur à nos yeux. ]

Du 17 tamouz au 9 av = expier nos fautes

+ Du 17 tamouz au 9 av = expier nos fautes :

-> [ Yéhochoua a été confronté aux 60 savants d'Athènes qui lui ont posé 12 questions.]
La 10e question était : Les savants d'Athènes apportèrent deux œufs et demandèrent à Rabbi Yéhochoua : "Lequel a-t-il été pondu par une poule noire et lequel par une poule blanche?".
Rabbi Yéhochoua apporta deux fromages et leur dit : "Lequel de ces fromages a-t-il été fabriqué avec le lait d'une chèvre blanche et lequel avec le lait d'une chèvre noire?"
[guémara Bé’horot 8b]

=> Comment comprendre cela?

-> Le Maharcha explique :
Selon la guémara (Béra'hot 8a), la durée de gestation de l'œuf est de 21 jours.
Par leur question sur les deux œufs, les savants d'Athènes ont voulu faire cette allusion à Rabbi Yéhochoua : De même que vous ne pouvez pas reconnaître l'œuf issu d'une poule noire, de l'œuf issu d'une poule blanche, comment pouvez-vous reconnaître la période "noire" de 21 jours de tristesse entre le 17 Tammouz et le 9 Av de la période "blanche", qui blanchit vos fautes, de téchouva et de joie entre
le ler Tichri (Roch Hachana) et le 21 Tichri (Hochana Raba)?
Ainsi, dirent-ils, vos jours de tristesse et de joie sont identiques (comme ces deux œufs), c'est-à-dire vous êtes en exil définitivement et vous n'avez aucun espoir d'en sortir.

Rabbi Yéhochoua répond en amenant deux fromages, l'un fabriqué avec le lait d'une chèvre noire et l'autre avec le lait d'une chèvre blanche, sans que l'on puisse reconnaître les deux fromages.
Il faisait allusion aux deux boucs de Yom Kippour, identiques au départ; la chèvre blanche symbolise le bouc offert au Temple et la chèvre noire symbolise le bouc envoyé à Azazel. Ces boucs, malgré leur sort différent, "blanchissent" tous deux les fautes de la Communauté d'Israël.
De même que les 21 jours entre Roch Hachana et la fin de Souccot pardonnent les fautes d'Israël grâce à la téchouva (repentir) et à la sim'ha (joie), les 21 jours entre le 17 Tammouz et le 9 Av, qui ont entraîné l'exil et les souffrances, ont le même effet d'expiation des fautes, en dépit de la différence entre ces deux périodes.

Destruction du Temple & lachon ara

+ Destruction du Temple & lachon ara :

-> La guémara (Yoma 9) déclare : "Dans le premier Temple, leurs faute sont été révélées, et par conséquent, la date à laquelle l'exil prendrait fin a été révélée.
Dans le second Temple, leurs péchés n'ont pas été révélés. Par conséquent, la fin de l'exil n'a pas été révélée".

-> Rachi explique que dans le premier Temple, les gens étaient transparents ; ils ne cachaient pas leur véritable personnalité. Tout le monde savait qui était un tsaddik et qui était un racha.
Ils étaient révélés, et c'est pourquoi il leur fut révélé qu'après 70 ans, ils reviendraient en terre d'Israël (voir Yirmiyahou 29,10).
Mais lors du 2e Temple, il y avait des réchaïm qui prétendaient être des tsaddikim, et personne ne savait qui était un vrai tsaddik et qui ne l'était pas.
Ils étaient cachés, non révélés, et par conséquent, la fin de l'exil n'a pas été révélée.

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 7) explique la guémara d'une autre manière.
Il explique que "pendant le premier Temple, leurs péchés ont été révélés", ce qui signifie que le prophète leur a révélé la raison de l'exil.
Les versets révèlent qu'ils étaient punis pour : l'idolâtrie ; les relations interdites ; le meurtre. [guémara Yoma 9b]
Ils connaissaient leurs fautes et savaient donc comment s'améliorer.
Par conséquent, il ne leur a pas fallu longtemps pour améliorer leur comportement. Soixante-dix ans plus tard, ils retournèrent en terre d'Israël.

"Mais leurs péchés n'ont pas été révélés lors du second Temple" = il n'y avait pas de prophète à cette époque pour leur révéler la cause de leur punition. Bien que les Sages leur aient dit que la destruction avait été causée par le péché de sinat 'hinam (haine gratuite), il était difficile pour les gens d'accepter cela parce que la faute de "haine gratuite" ne semble pas être un péché si grave.
Comme ils ne comprenaient pas pleinement la raison de leur punition, il leur était plus difficile de faire téchouva. C'est pourquoi près de deux mille ans se sont écoulés et nous n'avons pas été délivrés.

[ => Quelle est ma réaction si je tue quelqu'un? si je fais de l'idolâtrie? face aux relations interdites?
A priori, cela ne fait clairement pas le poids par rapport au fait d'avoir en moi une haine envers autrui (j'ai d'ailleurs, pleins de bonnes raisons!).
Or, nos Sages (Yoma 9b) enseignent : "la haine gratuite équivaut aux 3 transgressions majeures [qui causèrent la destruction du 1er Temple] : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre."
Il en découle que nous sommes toujours en exil, car concrètement nous ne valorisons pas suffisamment la gravité de la sinat 'hinam. ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm explique que lorsque la guémara dit que le Temple a été détruit à cause de sinat 'hinam, cela signifie qu'il a été détruit à cause du lachon ara.
La sinat 'hinam, à elle seule, n'aurait pas détruit le Temple. C'est plutôt la faute du lachon ara qui a détruit le Temple.

Nos Sages (Arakhin 15b) disent que le lachon ara est aussi grave que les 3 péchés capitaux : l’idolâtrie, l’immoralité/adultère et le meurtre.
[ça va c'est que des mots! Et bien pour un juif cela peut être plus grave que si j'avais commis les 3 fautes capitales! C'est parce qu'on a du mal à vivre cela que le Temple ne vient pas!
De même que je me retiens de tuer mon prochain qui m'a manqué de respect, à plus forte raison je me retiens de dire du lachon ara sur lui. ]

-> Le Méor Enayim ('Houkat) explique que cela est dû au fait que lorsqu'un juif parle de lachon ara, il donne vie (à un niveau spirituel) aux non-juifs, qui font ces fautes (l’idolâtrie, l’immoralité/adultère et le meurtre).

-> Le Kli Yakar (Shemos 3:2) écrit : "C'est la raison principale de l'exil : c'est à cause de la haine et de la jalousie qui règnent parmi eux, et à cet égard, la nation juive est pire que toutes les autres nations. Ils parlent lachon ara".

[un juif a une capacité d'impacter le monde (en bien et en mal) qui est très supérieure aux non-juifs.
De même que dire des paroles positives, de Torah, a un impact sublime, de même dire du lachon ara est désastreux (libre arbitre oblige nous n'en avons pas conscience).
Un exemple frappant est que ces mots de lachon ara ont permis la destruction du Temple, et notre exil actuel avec toutes les souffrances qu'on a pu subir! ]