Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Nous récitons le Hallel à Roch 'Hodech pour remercier Hachem de nous avoir maintenu en vie pendant encore un mois.
[rabbi Avigdor Miller]

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-> Le rav David Sutton suggère que lorsque nous disons "Nichmat kol 'haï" le Shabbath matin, nous remercions Hachem de nous avoir accordés une semaine de vie supplémentaire.

[Alors que la quasi totalité des êtres humains prend pour acquis le fait de vivre, un juif doit prendre un moment pour apprécier la chance, la confiance, la bonté, ... que Hachem lui accorde de vivre.]
Shabbath nous avons le temps de contempler la grandeur d'Hachem. Nous réalisons que le seul fait d'avoir une âme, d'être vivant, est une raison d'exprimer de la gratitude et des louanges à Hachem.

-> "Nichmat kol 'haï tévarékh ét chim'ha" = Que l’âme de tout vivant bénisse Ton Nom.
D'une façon identique, dans le Hallel nous récitons le Téhilim (115,17) : "Les morts ne louent pas Hachem" (lo amétim yéalélou ka).
Le rav Avigdor Miller explique que c'est la raison d'être des vivants : de louer Hachem.
Notre être, remarquable miracle de vie, atteste de la grandeur d'Hachem.

[Shabbath, Roch 'Hodech, ... avant de repartir pour un nouveau cycle de notre vie, nous nous renforçons dans cette réalité : quelle chance j'ai d'être en vie! Merci Hachem!! (c'est tellement énorme que d'une certaine façon le reste c'est du bonus)]

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-> Dans le Nichmat kol 'haï, nous rapportons le Téhilim (35,10) : "Que tous mes os clament, ô Hachem, qui, comme toi".
Le rav de Brisk explique que nous témoignons que nos mots sont insuffisants pour louer Hachem comme il le faudrait. Seuls les organes de notre corps, qui ont une complexité et une perfection totale, sont eux capables d'exprimer la grandeur d'Hachem.

Faire la Soucca tous les Shabbath?

+ Faire la Soucca tous les Shabbath?

-> Le rav 'Haïm Palagi (dans son Néfech ha'Haïm) rapporte la question soulevé par le rav Binyamin haLévi : pourquoi ne mangeons-nous pas dans une Soucca tous les vendredi soir?
Dans notre prière du vendredi soir, nous proclamons que Hachem : "répand Sa Soucca de paix sur nous" (haporéch Souccat shalom alénou). Et en ce sens, le rav Binyamin haLévi dit qu'il semblerait approprié d'observer la mitsva de Soucca chaque vendredi soir durant toute l'année.

-> Le rav Yaakov Hillel explique que cette affirmation n'est absolument pas farfelue, au contraire, chaque vendredi soir nous vivons quelque chose qui ressemble à la protection que nous a fournie les Nuées de Gloire dans le désert, et dont nous nous souvenons à Souccot par la mitsva de la Soucca.
Le Zohar enseigne que lorsque Shabbath commence, Hachem vient se placer au-dessus de la nation juive comme une mère qui se place au-dessus de son nid afin de protéger ses oisillons.
Hachem vient réellement se répandre autour de nous comme la Souccat shalom (la Soucca de paix) pour nous protéger autant qu'Il a pu mettre les Nuées de Gloire autour de nos ancêtres pour les protéger dans le désert, et dont nous nous souvenons à chaque Souccot.

-> Le rav 'Haïm de Tchernovitz (Sidouro Shel Shabbath) écrit que la paix et la sécurité que nous accorde avec amour Hachem le vendredi soir, ressemble à la sérénité que les juifs ont bénéficiée lorsqu'ils ont séjourné dans le désert sous la protection miraculeuse des Nuées de Gloire.
[Selon le Zohar (Emor 103b) : Lorsqu’une personne s’assoit la "tsila dim'Eménouta" (l'ombre de la émouna = la Soucca), la Présence Divine, déploie Ses ailes sur elle par le haut"]
Chaque semaine, à Shabbath, nous résidons à "l'ombre de la émouna" (tsila dimEménouta), comme dans la Soucca.

Le rav de Tchernovitz ajoute un autre enseignement du Zohar. Lorsqu'une femme allume les bougies de Shabbath le vendredi soir, elle chasse toutes les forces négatives qui sont générées par le stress et l'anxiété des jours de la semaine.
Le mal réside dans le chagrin et l'angoisse, tandis que la sainteté prend place lorsqu'il y a de la joie et de la positivité.
Et c'est pourquoi, au début de Shabbath, lorsque les femmes allument les bougies, cela va répandre la joie et la sérénité, et les forces négatives sont empêchées de rentrer dans nos maisons.
Ainsi, comme dans le désert, nous sommes protégés par une enveloppe spirituelle spéciale qui empêche toute force négative, nuisible, de nous atteindre.

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-> De son côté, le rav David Sutton dit qu'à Shabbath on fait monter 7 personnes à la Torah, en parallèle avec les 7 Ouchpizin, les "invités" qui nous rendent visite dans notre Soucca.
Cette notion d'Ouchpizin est pertinente car Shabbath est un Souccot hebdomadaire, où nous recevons une importante protection, joie et sérénité.

"J'ai acquis bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes et j'envoie dire à mon seigneur [Essav], pour trouver grâce à tes yeux" (Vayichla'h 32,6)

-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que le verset aurait dû faire précéder les bœufs et les ânes du menu bétail, celui-ci ayant plus de valeur.
Il prouve cela aux travers de plusieurs versets, où systématiquement le menu bétail y est cité en premier avant toute autre espèce.
Il explique qu'ici la raison est que Yaakov désirait éviter de provoquer son frère.
La colère de ce dernier à son égard avait pour origine les bénédictions que Yaakov avait prises, et cela avait été rendu possible grâce au menu bétail, lorsque Rivka ordonna à son fils : "De grâce, va dans le menu bétail et prends-moi de là-bas 2 bons chevreaux" (Toldot 27,9).
C'est pour cela que Yaakov différa la mention du menu bétail (après celle des bœufs et des ânes) afin de ne pas rappeler ce mauvais souvenir à son frère.

=> Comment alors comprendre que lorsque Yaakov offrit des présents à Essav, il lui envoya d'abord le menu bétail, comme il est dit : "200 chèvres et 20 boucs" (Vayichla'h 32,15)?

Rabbénou Bé'hayé répond qu'il existe une différence entre avant la prière et après celle-ci.
Il explique : "Avant d'avoir prié, Yaakov ne voulut pas mentionner en premier lieu le menu bétail de crainte de réveiller la haine d'Essav en lui rappelant le passé.
Mais à présent, après avoir prié, il n'avait plus peur de lui du tout.
Au contraire, il désirait l'intimider en lui insinuant que s'il désirait l'affrontement, il ne pourrait pas le vaincre puisqu'il avait reçu, à l'aide de 2 chevaux, la bénédiction "que tu sois le seigneur de ton frère (v.27,29). Alors qu'à lui, Its'hak avait dit : "Tu serviras ton frère" (v.27,40).

=> Ceci nous montre concrètement la force et l'impact de la prière.

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-> "Yaakov envoya des messagers devant lui, vers Essav son frère ... il leur donna un ordre, disant : 'Ainsi direz-vous : 'A mon seigneur, à Essav, ainsi a dit ton serviteur Yaakov : j'ai fait un séjour auprès de Lavan et je me suis attardé jusqu'à présent. J'ai acquis boeufs et ânes, menu bétails, serviteurs et servantes et j'envoie dire à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux'' " (Vayichla'h 32,4-6)

-> Le séfer M'Zékénim Etbonen demande pourquoi Yaakov a mentionné à Essav qu'il avait observé les 613 mitsvot. Il demande également pourquoi il lui a dit qu'il avait des bœufs et des ânes. Quel était l'intérêt de lui dire ces choses?

Il répond en citant le dernier verset où Essav dit : "J'ai beaucoup" (33,9). Yaakov lui répond : "J'ai tout" (33,11). Tous deux possédaient de nombreux biens. Mais il y a une grande différence entre eux. Essav a acquis tout ce qu'il possédait par le vol, le meurtre et d'autres fautes. Yaakov a acquis tout ce qu'il avait par des moyens justes et équitables.

Yaakov disait à Essav qu'il est possible de gagner beaucoup d'argent et d'acquérir beaucoup de biens même sans s'engager dans des tactiques injustes et criminelles.
Il lui dit qu'il avait observé toutes les mitsvot de la Torah, mais qu'il avait encore des bœufs, des ânes et toutes les bonnes choses que l'on peut désirer. Il lui dit tout cela pour lui apprendre que l'on peut réussir sans faire de mauvaises choses.

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-> Le rabbi de Radomsk (séfer 'Hessed lé'Avraham) explique la déclaration de Yaakov : "J'avais des bœufs et des ânes ... et j'ai envoyé le dire à mon maître ...".
Il explique que Yaakov a dit à Hachem qu'il donnerait du maasser de tout ce qu'il avait (Vayétsé 28,22).
Il voulait dire que si Hachem lui donnait la richesse, il ne dirait pas qu'il l'avait gagnée lui-même, grâce à son intelligence et à son talent. Au contraire, il admettra que tout lui a été donné par Hachem et qu'il ne sert que d'agent, d'intermédiaire d'Hachem pour garder et faire de bonnes choses avec l'argent.

Yaakov disait maintenant qu'il avait des bœufs et des ânes et beaucoup de richesses et "j'ai envoyé le dire à mon maître". Il disait que cette richesse ne lui appartenait pas vraiment. Au contraire, elle ne lui a été envoyée que par "son maître", Hachem.

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-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) explique également pourquoi Yaakov a dit à Essav qu'il avait vécu avec Lavan et qu'il avait des bœufs et des ânes. Quel est l'intérêt de lui dire ces choses?

Il explique que l'argent que quelqu'un gagne par lui-même est spécial pour lui. Quand on travaille dur pour gagner son salaire, on n'a pas envie de le donner ou de le gaspiller. Même si on n'a qu'un peu d'argent, si on l'a gagné par nous-même, on y attache de l'importance.
En revanche, si quelqu'un trouve un tas d'argent ou hérite d'une fortune, cet argent n'est pas si précieux à ses yeux et il a tendance à le gaspiller.

Comment une personne avare a-t-elle pu soudainement envoyer un cadeau de très nombreux animaux?
C'est qu'il a acquis une grande richesse sans avoir travaillé dur pour l'obtenir. Il doit l'avoir trouvée ou l'avoir reçue en cadeau, et par conséquent, il n'y accorde pas de valeur et est prêt à la donner. Il pense que tous ces animaux valent moins qu'un bol de lentilles pour lui.

Pour contrer cette affirmation, avant d'envoyer le cadeau, Yaakov envoie un message pour faire savoir à Essav qu'il n'a obtenu aucun de ses biens gratuitement. Il lui raconta qu'il avait vécu avec Lavan, qui ne l'avait pas traité comme un proche parent aurait dû le faire.
Au contraire, Lavan l'avait traité comme un étranger et ne lui avait rien donné gratuitement.

Il explique qu'il a travaillé dur pour obtenir tout ce qu'il possède. Il lui avait fallu des années pour accumuler autant de bœufs, d'ânes et de moutons.

Il savait qu'en entendant tout cela, Essav comprendrait que Yaakov lui envoyait quelque chose de vraiment précieux. Il lui donnait des choses pour lesquelles il avait travaillé dur et qui lui étaient précieuses. C'est pourquoi il apprécierait ce cadeau.

Le monde futur ne ressemble pas au monde présent.
Dans ce monde, lorsqu'on nous annonce une bonne nouvelle, on dit "hatov vé'amétiv" (qui est bon et envoie le Bien), et s'il s'agit d'une mauvaise nouvelle, on dit : "barou'h dayane aémet" (qui est juge de Vérité).
Mais dans le monde futur, on dira pour les deux cas de figure : "hatov vé'amétiv".
[guémara Pessa'him 50a]

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=> Il est communément admis que dans le monde à Venir (olam aba), il n'y aura que du bien, alors quelles sont ces mauvaises nouvelles pour lesquelles on remerciera Hachem de la même façon que pour les bonnes nouvelles?

-> Le rav Acher Weiss (dans la préface de son Min'hat Acher) explique qu'il est évident que dans le monde à Venir, il n'y aura plus d'épreuves. Mais à ce moment-là, Hachem montrera, à chacun, les événements qu'il a vécus dans le passé, et lui ordonnera d'observer les moments difficiles de sa vie, les moments de peur, de crise, et Il lui prouvera que tout était pour le bien.
L'homme demandera alors à changer la bénédiction qu'il avait prononcé dans ce monde quand la difficulté l'avait frappé.
Il sentira que "barou'h dayane aémet" ne correspond plus, puisque de cet événement est ressorti du bien et il souhaitera réciter : "hatov vé'amétiv".

C'est ce qu'ont voulu dire nos Sages, que "dans le monde à Venir, on ne récitera que "hatov vé'amétiv" (qui est bon et envoie le Bien).

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-> L'un des 13 principes du Rambam est : "Je crois d'une émouna sincère que le Créateur crée et dirige toutes les créatures, et que Lui seul était et sera à la source de tous les événements".

[que ce soit une période bonne ou difficile, nous savons que l'origine est la même : Hachem.]

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-> "Vous êtes les enfants de Hachem votre D. (Réé 14,1)

-> Le Ibn Ezra commente que de la même façon qu'aucun mal n'est envoyé au fils par son père, car il n'y a pas plus clément qu'un père envers son fils, Hachem n'apporte jamais un malheur à l'homme.
Même l'événement qui semble mauvais nous parvient pour notre bien, puisqu'il nous vient d'Hachem, qui a pitié de nous comme un père a pitié de ses enfants.

[Le Ibn Ezra écrit même : "Son amour à notre égard est plus intense que celui d'un père pour son fils ... tout ce qu'Il fait est pour le bien".]

-> Le Ramban sur ce verset ajoute :
Et si vous ne parvenez pas à le comprendre, soyez tout au moins comme des jeunes enfants qui ignorent le sens des décisions de leur père, mais qui s'en remettent néanmoins à lui.

-> Pourquoi le mois de Av, où ont eu lieu tellement de tragédies, est-il appelé précisément (comme le rapportent nos Sages et le midrach) le mois de "Av" qui signifie : "père"?

Cela vient nous rappeler que tous les malheurs, qui frappent le peuple juif, viennent de notre Père ; or aucun mal ne peut venir d'un père.
[rabbi Mendel de Kotzk]

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+ Illustrations extrêmes du fait qu'un juif doit voir en toute chose Hachem :

-> La guémara (Béra'hot 61b) rapporte qu'au moment de la mise à mort de rabbi Akiva, alors qu'on lui peignait sa chair avec des peignes de fer, lui acceptait le joug divin en priant.

Selon la guémara : "Lorsque Rabbi Akiva récita le Shéma, il allongea le mot "é'had" jusqu'à ce que son âme le quitte sur ce mot.
Une voix céleste sortit alors et dit : "Heureux soit Rabbi Akiva, car son âme est sortie au mot é'had"."

-> On raconte que le rav "Baal haMa'hréchet" a été attrapé par les nazis qui l'ont frappé sauvagement.
Entre chaque coup, ils l'entendaient crier : "Ce n'est pas vous, c'est Hachem!"
Ces mots les rendirent furieux, et ils tapaient encore plus fort, mais ils ne parvinrent pas à le démoraliser. Jusqu'à son dernier souffle, il continua à crier "Même ces coups, ce n'est pas vous qui me les infligez, c'est Hachem".

=> Lorsque nos Sages disent au sujet de Rabbi Akiva : "son âme est sortie au mot é'had", l'idée est que Rabbi Akiva savait : "Ce n'est pas eux. C'est l'Unique. C'est Hachem qui arrache ma peau avec des peignes en fer et me fait souffrir jusqu'à la mort".

-> "L'homme a l'obligation de bénir pour le mal qui survient, comme il bénit pour le bien" = puisqu'on ajoute Hachem, l'Unique, alors même la situation la plus amère devient très douce, au point où l'on est censé avoir la même joie lorsqu'on bénit pour le bien ou le mal.
Le rabbi de Klausenbourg, qui a perdu sa femme et ses 11 enfants pendant la Shoa, qui a survécu à Auschwitz et à la marche de la mort, a prononcé par la suite cette phrase :
"Pourvu que je me sente aussi bien dans le monde futur que je l'ai été dans ce monde!"

==> Evidemment que cela est un niveau très élevé, mais cela doit nous pousser à emballer nos souffrances par Hachem pour leur donner un meilleur goût, pour les transformer en bien, plutôt que de les garder à leur état naturel si désagréables.

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-> "Ne vous attristez donc pas, car la joie en Hachem est votre force." (Né'hémia 8,10)

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-> Rabbi Shalom de Kaminka dit un jour à une personne abattues moralement :
"Le goût du vin de cette bouteille est-il amer ou agréable?
Ceux qui s'y connaissent affirment qu'il n'y a pas plus doux et plus agréable que ce vin.
Il en est de même pour les épreuves. Aux yeux de l'homme simple, elles semblent amères, mais les connaisseurs savent que tout est pour le bien".

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-> Il faut se rappeler que "Mes pensées ne sont pas les vôtres", dit Hachem (Yéchayahou 55,8).
Nous ne connaissons pas les pensées d'Hachem.

Le rav Yaakov Israël Pozen (Hinéni béYadékha) enseigne :
Vous avez reçu un coup? Remerciez sur le passé, implorez pour le futur, réparez ce qui doit l'être, levez-vous, ouvrez une nouvelle page, et priez pour votre réussite. Le reste, laissez-le à Hachem.

Shabbath : c’est parfum gan Eden pour tous!

+ Shabbath : c'est parfum gan Eden pour tous!

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (dans Roua'h 'Haïm) écrit que lorsque quelqu'un a l'intention de réaliser une mitsva, déjà à ce moment il est entouré par une lumière de sainteté, et dans les mots du rav 'Haïm, il est "assis comme s'il était réellement dans le gan Eden, un lieu sacré".
Et lorsqu'il va concrètement accomplir la mitsva, cette "lumière" qu'il a créée va s'intensifier et alors elle va retourner au Ciel, et cela devient le gan Eden que cette personne va profiter après son départ de ce monde.
Le rav 'Haïm conclut en notant qu'en réalisant une mitsva, "on est enveloppé dans l'ombre de la sainteté, et l'odeur du gan Eden entre dans notre vie".

-> Le Sfat Emet (paracha Toldot) écrit qu'à Shabbath, qui ressemble au monde à Venir, la sainteté de toutes les mitsvot qu'on a pu réaliser pendant la semaine passée descend sur nous.
C'est le concept d'âme supplémentaire (néchama yétéra) que nous recevons à Shabbath.
Cela fait référence à une dimension spéciale de sainteté que nous recevons, puisque la sainteté de nos mitsvot, qui normalement reste au Ciel, stockée pour notre éternité du monde à Venir, va alors descendre en bas et nous envelopper.

Le Sfat Emet explique que cela est à la base de la guémara (Shabbath 114) qui nous demande de porter à Shabbath des vêtements différents de ceux que l'on portait pendant la semaine.
En effet, à Shabbath nous portons les "habits" de nos mitsvot, qui nous viennent du gan Eden.
Ces "vêtements" spéciaux ont l'odeur particulière du gan Eden.

[Dans Toldot, la Torah rapporte que Its'hak a senti le parfum des habits de Yaakov, Rachi explique que cela fait référence à "l'odeur du gan Eden" qui accompagnait Yaakov lorsqu'il est venu devant Its'hak pour recevoir les bénédictions]

=> Le Sfat Emet enseigne que chaque Shabbath nous portons ces "habits" parfumés, et c'est la raison pour laquelle nous respirons l'odeur des herbes lorsque Shabbath part, au moment de la Havdala, et cela afin de compenser l'odeur spéciale du gan Eden qui vient juste de nous quitter avec la fin du Shabbath.

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-> Le rav Yaakov Hillel (dans son commentaire sur Shivché haAri), cite le 'Hida, qui dit que chaque mitsva a son propre parfum, et le Arizal était capable de reconnaître dans quelles mitsvot chaque personne était impliqué en sentant ses habits.
Et les odeurs parfumées de toutes les mitsvot qu'on a pu faire durant la semaine, descendent sur nous chaque semaine le jour du Shabbath.

Hachem se tient toujours aux côtés de l’affligé, du poursuivi

+++ Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé, du poursuivi :

"Il [Yaakov] mit les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier" (Vayichla'h 33,2)

-> Une personne doit toujours être parmi ceux qui sont poursuivis (persécutés), et non parmi ceux qui poursuivent (persécutent).
[Rabbi Abahou - guémara Baba Kama 93a]

Cette règle est tellement forte que nos Sages (midrach Vayikra rabba 27,5) affirment que même si un tsadik pourchasse un racha, Hachem portera assistance au racha, par le fait que c’est lui qui est persécuté.

[même si on a de très bonnes raisons d'agir ainsi, mais telle est la règle : le fait de persécuter quelqu'un va mettre Hachem du côté opposé!]

Le rav El'hanan Wasserman dit que c'est pour cela que les juifs ont constamment des ennemis, car ainsi ils peuvent se tenir debout devant Hachem, malgré toutes les accusations qui risquent de les faire tomber.

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-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2018/06/13/6604-2

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-> Rachi (v.33,2) commente le verset ci-dessus : "Au plus chéri le dernier rang" (a'haron a'haron 'haviv).

Ainsi, il semble que Rachi dit que Yaakov voulait protéger ceux qu'il aimait le plus.
Par ordre d'amour, il a mis "les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier".

=> Comment cela est-il possible, puisque selon la loi juive (cf. Choul'han Aroukh Yoré Déa 156), lorsqu'il est question de vie ou de mort (pikoua'h néfech), les intérêts personnels ne doivent pas rentrer en compte dans les décisions prises.
Ainsi, l'amour de Yaakov ne doit pas déterminer l'emplacement, et qui doit être plus davantage protégé.
Comment comprendra alors son attitude?

-> Le Divré Yé'hezkel (de Shinov) répond qu'en réalité Yaakov a protégé tout le monde également.
Comme on l'a vu ci-dessus, Hachem est du côté de ceux qui subissent une humiliation, en prenant davantage soin d'eux. [Hachem mévakech ét anirdaf - Rachi Kohélet 3,15]

A propos de Léa : "elle déclara : Parce que Hachem a entendu que je ne suis pas aimée, Il m'a donné celui-là aussi" (Vayétsé 29,33)
[selon nos Sages, Hachem a vu la détresse d'épouse reléguée au second plan et lui a accordé le premier des enfants de Yaakov, afin que son époux éprouve plus d'amour pour elle.
On voit que Hachem est davantage au côté de ceux qui sont dégradés par autrui.]

Les servantes ressentaient surement la même chose : d'être inférieure à Ra'hél et Léa dans le cœur de Yaakov.
Et puisque cette situation leur provoquait une souffrance, une humiliation (plus ou moins consciente), la règle est que Hachem prenait davantage soin d'elles.

=> Ainsi, les servantes et leurs enfants qui se sentaient le moins aimées aux yeux de Yaakov (même les autres enfants les dénigraient comme "fils de servantes"), on était placés en premiers car ils bénéficiaient d'une plus grande protection par Hachem.

Ensuite, vient Léa et ses enfants car elle était inférieur à Ra'hél aux yeux de Yaakov (mais supérieur aux servantes), ce qui fait qu'elle avait plus de protection d'Hachem que Ra'hél.
Tout à l'arrière, il y avait Ra'hél et Yossef, qui avait besoin de davantage de protection, puisqu'Hachem était le moins à leur côté.

[c'est le sens des paroles de Rachi : "Au plus chéri le dernier rang" = puisqu'ils sont le moins dénigrés, alors Hachem sera moins là pour les aider, et ils ont donc plus besoin d'aide en étant à l'arrière.]

Il en découle que Yaakov a protégé tout le monde de façon équitable.

=> Il existe un règle : dès que quelqu'un a le cœur brisé par autrui (même inconsciemment), dès que quelqu'un subi une humiliation, qu'il est dénigré, ..., alors Hachem vient à son secours.
Ainsi, lorsque quelqu'un nous embête, nous avons alors Hachem qui vient nous protéger, nous défendre.
Par contre, si nous lui répondons (même si nous le froissons émotionnellement), alors nous inversons la situation, et nous faisons partir Hachem pour qu'Il vienne aider l'autre personne.

==> Ainsi, si nous voulons garder la bénédiction d'Hachem, nous devons faire attention à ne jamais agir de façon à briser le cœur (même légèrement) d'autrui.

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+ "Ra'hél jalousa sa sœur et elle dit à Yaakov : Donne-moi des enfants, sinon je suis morte." (Vayétsé 30,1)

-> Le rabbi Bounim de Pshischa (Kol Sim'ha) s'interroge : à priori son attitude n'a pas de sens et ressemble à un caprice d'enfant.

Il explique : en réalité, Ra'hél vit que sa sœur qui était repoussée par Yaakov avait enfanté alors qu'elle qui était désirée demeurait stérile.
En effet, même mariée Léa subissait une grande souffrance d'être placée toujours derrière Rah'el et d'être mal aimée par Yaakov, comparativement à sa sœur.
Hachem a alors décidé de l'aider et de panser ses maux, "Il a ouvert sa matrice" et lui a donné 6 garçons.
Rah'el qui était favorisée et aimée par Yaakov n'a pas eu le même mérite et est donc "restée stérile".

Rah'el comprit que l'un dépendait de l'autre car Hachem aime celui qui est mis à l'écart et qui en a le cœur brisé.
C'est précisément sur cela que le verset dit : "Ra'hél jalousa sa sœur", sur le fait qu'elle était repoussée alors qu'elle même était désirée.

Sur le champ elle dit alors à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1), car elle savait que rien au monde n'irriterait Yaakov qu'une telle phrase.
Ce qui s'avéra juste puisqu'il la repoussa alors en la réprimandant, comme il est écrit : "Yaakov s'irrita sur Ra'hél" (v.30,2) et juste après, elle fut exaucée et donna naissance à Yossef.

=> Cela vient nous enseigner que Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé pour panser ses blessures.

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-> Le Béer Mayim 'Haïm enseigne que Ra'hél était embarrassée que ses servantes : Bil'a et Zilpa avaient des enfants, tandis qu'elle restait stérile.
Or, le sentiment de honte est la plus dure des souffrances, et en raison de cette honte, ses fautes lui ont été expiées et elle a pu mériter d'avoir des enfants.

Le Béer Mayim 'Haïm dit que nous voyons cela en allusion : "Elle [Ra'hél] dit : Elokim a mis fin à ma honte" (Vayétsé 30,23)

Le nom Elokim désigne l'attribut Divin de rigueur.
Ainsi, Ra'hél exprime en allusion dans cette phrase que grâce à la honte qu'elle a pu subir, Hachem fit cesser les décrets rigoureux qui pesaient sur elle.

=> Il en résulte que nous devrions se réjouir lorsque nous subissons un affront, à l'idée qu'il a le pouvoir d'annuler de mauvais décrets et des souffrances qui auraient dû nous frapper.

-> Le 'Hida enseigne que Hachem a mis dans les règles de la nature que tout celui qui subit une humiliation va recevoir une aide du Ciel.

-> Un jour quelqu'un a humilité fortement le rabbi Méïr de Prémichlan.
Ce dernier a fait une séouda pour fêter cela.
Le rabbi de Prémichlan a expliqué : "Il y a une règle de la nature que la honte sauve une personne de la maladie. Si je n'avais pas été humilié, peut-être que je serais devenu malade.
Après plusieurs semaines d'inquiétudes et de douleurs, j'aurai récupéré et fait une séouda de remerciement pour célébrer cela.
Maintenant, que j'ai été sauvé de l'épreuve [d'une dure maladie] grâce à un peu de honte, ne dois-je pas le fêter et faire une séouda?"

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-> Yaakov a fait un rêve dans lequel il a vu une échelle avec pour base la terre et qui arrivée au Ciel.
Le Baal haTourim (Vayétsé 28,12) écrit : "Cela est une allusion au fait que lorsque quelqu’un est jeté au sol pendant un moment, alors il va atteindre le Ciel."

[c’est de notre chute au sol que va germer notre élévation future et donc notre rapprochement vers Hachem!
A l’image d’une graine qui va se décomposer dans le sol, et ensuite va beaucoup se développer vers le Ciel]

L’idée est également qu’au final Hachem va nous dédommager pour tous nos moments de malheur/souffrances (nos chutes au sol), et il est évident que nous y gagneront énormément plus que ce que nous avons pu perdre.
[Hachem est tellement rempli de bontés, que pour une difficulté minuscule arrivant au bas de l’échelle (au sol), il nous récompensera par quelque chose d’aussi phénoménale que ça en arrivera au Ciel (haut de l’échelle).]

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1)

"Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (v.30,2)

Malgré les intentions parfaitement pures de Yaakov nos Sages critiquent son attitude.
Ce n'est pas une façon de répondre à une personne en détresse.
Si l'on veut aider quelqu'un à prier avec plus d'intensité, il faut trouver un moyen de le faire sans le blesser.

Rav 'Haïm Chmoulévitch (5730,24) souligne que lorsqu'on afflige quelqu'un, on ne peut se justifier en disant que nos intentions étaient bonnes et qu'on a agi pour l'amour du Ciel, car c'est mettre la main au feu : les meilleurs intentions du monde ne pourront empêcher qu'on se brûle.
Il est aussi dangereux de blesser quelqu'un que de mettre la main au feu.

Comme l'enseigne nos Sages (guémara Baba Batra 16a), Penina, la seconde épouse d'Elkana, ne cessait de se moquer de 'Hanna parce que celle-ci n'avait pas d'enfants. Penina a néanmoins été sévèrement punie (cf. Chmouël I 2,25) et elle a perdu 8 de ses 10 enfants.

Penina, qui était l'épouse d'Elkana, était sûrement une femme juste et vertueuse. Il ne lui était sans doute pas facile d'agir avec cruauté vis-à-vis de la pauvre 'Hanna mais elle a fait taire ses propres sentiments dans l'espoir d'amener 'Hanna à prier avec assez de ferveur pour que sa prière soit exaucée, et pourtant elle a été punie.

Grâce aux danses célébrées lors d'un mariage, on adoucit les jugements.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan - Torah 32]

Faut prier, pour être livré de nos bénédictions

+ Faut prier, pour être livré de nos bénédictions :

-> Rachi (Vayichla'h 32,9) commente : Yaakov s’est préparé de 3 manières à sa rencontre avec Essav : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat.

=> Comment comprendre que Rachi a changé son ordre par rapport à celui d'apparition dans la Torah?
En effet, la Torah aborde :
v.8-9 = d'abord le fait qu'il se soit préparé au combat en séparant le camp en deux ;
v.12 = puis ensuite apparaît la prière ("Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère") ;
v14-17 = et pour finir Yaakov va donner des cadeaux ("un cadeau pour Esasv son frère : 200 chèvres ... 200 brebis ...").

=> Pourquoi un tel changement?

En réalité, Rachi nous fait passer un message fondamental.
Le fait d'envoyer des cadeaux pour trouver faveur aux yeux de quelqu'un est une hichtadlout. [effort naturel nécessaire]
De même, se préparer à la guerre est également une approche naturelle.
Rachi a positionné entre ces 2 préparations naturelles (les cadeaux, le combat) la prière, afin de nous enseigner que la prière est également une hichtadlout.
En effet, Hachem a mis dans les règles naturelles de fonctionnement de ce monde que si quelqu'un prie alors Hachem va répondre à sa prière.

Un miracle est lorsque se produit une chose qui défie et dépasse les lois de la nature.
Par exemple, les miracles de 'Hanoucca : une petite fiole qui doit se consommer en un jour va durer 8 jours, ou bien une poignée d'hommes qui battent une énorme armée.
Cependant, au sujet de la prière, c'est quelque chose d'entièrement naturelle.
Hachem a mis dans les lois de la nature que si l'on prie, alors forcément Il nous écoute.
[c'est cela que nous enseigne Rachi en modifiant l'ordre des 3 manières dont Yaakov s'est préparé.]

-> La guémara (Kidouchin 29b) rapporte que la vie de rav A'ha était en danger, et il a été sauvé par ses prières.
Il existe une règle : lorsqu'un miracle se produit pour quelqu'un, il va perdre une partie de ses mérites [éternels du monde à venir]. Ses bonnes actions venant en échange du miracle qui vient d'avoir lieu.
Le Maharcha écrit : ce n'est pas ce qui s'est passé avec rav A'ha. En effet, il n'a perdu aucun mérite, car rav A'ha a été sauvé par le mérite de ses prières, ce qui n'est pas considéré comme un miracle.

[avec les prières on peut obtenir des cadeaux gratuits de D. sans avoir besoin de mérite.
C'est avoir un résultat identique aux miracles mais sans perdre de mérites futurs.]

-> Hachem désire nous combler de belles choses, mais tant que nous ne prions pas, alors il ne peut pas nous les octroyer, car c'est ainsi que fonctionne notre monde.
Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que cela ressemble à quelqu'un qui va dans un super hôtel 5 étoiles. Il y arrive et apprécie le luxe, mais il a été surpris de constater que le personnel ne lui a pas servi de repas.
De retour chez lui, il dit à l'ami qui lui a conseillé cet hôtel : "C'était horrible : Personne ne m'a servi de quoi manger!"
Son ami l'a questionné : "Est-ce que tu as demandé un repas? Est-ce que tu as appelé le room service?
Il a répondu : "non"
"Est-ce que tu es allé à la salle à manger?"
Il a répondu : "non".
"Alors, si tu n'as pas demandé de repas, comment peux-tu t'attendre à en avoir un?"

Il en est de même dans ce monde.
Hachem nous fournit absolument tous nos besoins, mais cependant tout n'est pas livré à notre porte (bien que par bonté de D. beaucoup de choses le soient quand même).
[on a le droit à plein de bénédictions, mais puisqu'on prie pas alors elles ne nous sont pas livrées!]
La procédure qu'Hachem a créée dans le monde, est qu'on peut obtenir tous nos besoins, mais pour cela il faut le demander.
Quoiqu'il puisse manquer dans notre vie, peut être obtenu si nous le demandons de tout notre cœur à notre papa Hachem.

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-> Le Maguid de Mézéritich enseigne que le bita'hon est également une hichtadlout dans la naturalité.
A l'image de la prière, Hachem a également placé dans les lois de la nature que lorsque l'on a confiance en Lui, alors Hachem va nous aider.
C'est totalement naturel!

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-> "Yaakov eut très peur et fut angoissé. Il divisa les gens qui étaient avec lui, ainsi que le menu bétail, le gros bétail et les chameaux, en 2 camps. Il dit : Si Essav marche sur un camp et le défait, le camp restant survivra" (Vayichla'h 32,8-9)

-> Le 'Hozé de Lublin dit qu'il y a 2 camps dans un homme : ses pensées et ses paroles.

Le verset nous enseigne :
- "Si Essav marche sur un camp et le défait" = si le yétser ara frappe un camp : le camp de tes pensées, ce qui implique que tu ne peux plus prier avec kavana.
- "le camp restant survivra" = néanmoins l'autre camp : celui de la parole, reste.

=> Ainsi, même si l'on arrive pas à avoir de la kavana, nous devons quand même prier uniquement avec nos mots, car cela également amène notre délivrance.

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-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le Ramban écrit que suite à ces paroles : "Ra'hél a pris conscience qu'elle ne pouvait pas compter sur Yaakov, et elle a prié [du plus profond d'elle-même, en ne s'en remettant qu'à Hachem] ... et Hachem a écouté ses prières."

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (Vayétsé 30,1)
-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le rabbi Yéhochoua de Belz donne l'explication suivante :
Il existe une différence fondamentale lorsqu'une personne prie pour elle-même et lorsqu'elle demande à un tsadik de prier pour elle.
Lorsque nous prions Hachem pour un besoin personnel, même si notre croyance en Hachem n'est pas parfaite, notre prière est suffisante et Hachem va quand même y répondre et réaliser des miracles pour nous.
Cependant lorsque nous demandons à un tsadik de prier pour nous, la délivrance va dépendre d'à quel point nous avons de la confiance dans le tsadik.
Si nous ne croyons pas dans le tsadik à 100%, alors le tsadik ne peut pas pleinement prier pour nous.

En ce sens, Yaakov a dit à Ra'hél : "Suis-je à la place de D." = une personne peut prier Hachem, même en n'ayant pas une émouna parfaite.
Or, je constate que tu as dit : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" = tu n'es pas certaine que je peux t'aider, et si tu ne crois pas pleinement en moi, alors je ne suis capable de t'aider.

[elle s'est alors tournée vers Hachem, et Hachem a écouté ses prières.]

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-> "Hachem se souvint de Ra'hél ; D. l'exauça et ouvrit sa matrice" (Vayétsé 30,22)

Le Ohr ha'Haïm commente : "Le verset dit que malgré le fait que Hachem se souvint des bonnes actions de Ra'hél, elle avait quand même besoin de prières.
Comme il est écrit : D. l'exauça."

[c'est une loi naturelle de ce monde : on a beau mériter plein de super bénédictions, mais si nous ne prions pas de tout notre cœur à Hachem, elles n'ont pas la possibilité de venir sur nous. Même Ra'hél n'a pas échappé à la règle, alors prions!

D'ailleurs, Léa a tellement prié en larmes pour annuler le décret de devoir se marier à Essav, qu'au final elle a réussi à annuler le décret et elle s'est même mariée avant sa sœur avec Yaakov.
Avec autant de belles prières à son actif, elle a eu rapidement des enfants, tandis que Ra'hél d'une certaine façon a dû "rattraper" son retard de prières, en devant alors prier pour mériter d'avoir des enfants.]

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-> C'est seulement une fois que Ra'hél a compris qu'elle seule pouvait implorer D. pour son propre compte avec l'intensité nécessaire, que D. l'a entendue.

Nous trouvons un autre exemple de cette démarche dans la méguilat Esther.
Selon rabbi Né'hémia (guémara Méguila 15b), Esther voulait pousser ses frères juifs à prier D. avec plus de ferveur.
Sachant qu'Esther était reine, les juifs se disaient : "Nous avons une sœur dans la maison du roi", et ils pensaient qu'Esther, saurait sans aucun doute manœuvrer et faire habilement pression sur le roi pour annuler les décret de Haman.

Pour dissiper de telles pensées, Esther a invité Haman. Elle se montrait ainsi à eux comme une renégate qui avait lâchement abandonné son peuple à son triste sort, mais peu lui importait : ce qui comptait c'est que les juifs de Chouchan, lorsqu'ils apprendraient la nouvelle, réalisent qu'ils n'avaient absolument aucun soutien au palais royal.

=> Le seul espoir qui leur restait était d'implorer D. de toutes leurs forces. A ce moment leurs prières montreraient droit au Ciel.

-> Le Darké Moussar enseigne que de son côté, Esther a jeûné 3 jours d'affilé avant de se présenter devant Assuérus, pour également se pénétrer de l'idée, sans que cela ne fasse l'ombre d'un doute à ses yeux, que le salut de l'homme vient uniquement de D. et qu'elle-même n'y aurait aucune part.
Le jeûne qu'elle s'imposait déparerait sa beauté naturelle, en sorte qu'elle ne pourrait pas la mettre à profit pour séduire Assuérus.

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-> "Lorsque mon frère Essav te rencontrera ... tu diras : ... c'est un cadeau, envoyé à mon seigneur, à Essav" (Vayichla'h 32,18-19)

Le Kédouchat Lévi enseigne qu'une stratégie pour lutter contre notre yétser ara est de lui dire que c'est également un cadeau pour lui, que c'est également à son profit, et alors il nous laissera tranquille.
[ex: plutôt que de lui dire je me lève prier/étudier, on peut lui dire : laisse-moi me lever pour prendre un café]

Nous devons savoir que la solidarité et la fraternité dans le peuple juif sont des valeurs qui nous sauvent des mains du mauvais penchant, et toute division, désaccord ou dispute qu'il y a entre nous, que D. nous en préserve, donne la force au mauvais penchant de nous atteindre et de nous nuire.
[rav Eliézer Lippa - fils de rabbi Elimélé'h de Lizensk]

"Si Essav vient contre un camp et le frappe, le camp restant sera sauvé" (Vayichla'h 32,9)

-> Rachi explique que Yaakov se prépara à la rencontre avec Essav à l'aide de 3 éléments : le cadeau, la prière, et la guerre.

-> Le Sfat Emet commente :
Les 3 éléments de préparation de Yaakov, à propos de la rencontre avec son frère, apparaissent en allusion dans la paracha du Shéma Israël.
Ceci afin de permettre à chaque juif de savoir comment atteindre un niveau très élevé dans le service Divin : "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir" (Vaét'hanan 6,5).

- "de tout ton cœur" = c'est le service Divin que l'on a dans le cœur, c'est-à-dire la prière. (cf. guémara Taanit 2a)
- "de toute ton âme" = c'est la guerre que l'homme mène contre son mauvais penchant.
- "de tout ton pouvoir" = ce sont les cadeaux, c'est-à-dire la tsédaka et les actes de bonté.