"Qu’il est bien d’accueillir tout homme d’un “Shalom” clair et chaleureux. Et il faudra saluer tout homme, et en particulier le nécessiteux …
Réjouir le malheureux est considéré comme une grande mitsva!
Et combien est grande la punition de celui qui ne prend pas garde de faire plaisir aux autres, et en particulier aux pauvres infortunés."
[Pélé Yoèts]
"On raconte que je guéris les malades par mes bénédictions. Mais, sache que ce pouvoir provient du fait que mon cœur ne contient pas une pointe de ressentiment à l’égard de qui que ce soit."
[rav Ben Tsion Aba Chaoul ]
[on voit de là que plus on aime sincèrement nos frères juifs, plus nous avons un pouvoir de prière qui est puissant.]
"L’homme Moché était le plus humble de tous les hommes de la terre" (Béahaloté'ha 12,3)
-> Rabbi Its'hak de Volozhin écrit :
"L’homme Moché était le plus humble", d’où le savons-nous ?
"de tous les hommes" = il examinait, intégrait et trouvait une belle qualité chez chacun, car un homme ne ressemble pas à un autre, ce qu’il y a de commun entre eux est que tout homme a une qualité spéciale.
Il discernait particulièrement la simplicité pure de ceux qui travaillent la terre ("de la terre").
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-> Rabbi Eliyahou Lopian enseigne :
La signification de l’humilité ne veut pas dire qu’on ne connaît pas sa propre valeur, mais au contraire il faut qu’on connaisse les forces de son âme, et en fonction de cela on n’en viendra pas à l’orgueil, la preuve en est que l’un des 13 principes de la foi est de croire d’une foi sincère que Moché notre Maître est le maître de tous les prophètes. Et Moché, comme tout homme d’Israël, doit lui aussi croire cela.
On doit donc nécessairement dire qu’il est possible que les 2 choses coexistent, d’une part être le plus humble de tous les hommes, et croire qu’on est le maître de tous les prophètes.
[cela fait penser aux paroles de rabbi Sim'ha Bounim de Peschi'ha :
"Que l'Homme ait toujours 2 poches.
Dans l'une, il inscrira : "Je ne suis que poussière et cendre."
Dans l'autre : "Le monde n'a été créé que pour moi"."
=> Au cours de notre vie à nous d'utiliser le message de la bonne poche au bon moment.
(le trop peu de confiance en soi n'est pas bon, et l'inverse aussi) ]
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-> Moché fut celui qui atteignit le plus haut niveau de proximité avec Hachem, comme il est dit : "Il n’a plus paru un Prophète en Israël comme Moché avec qui Hachem avait communiqué face à face" (Vézot haBéra'ha 34,10).
Sa plus grande performance fut pourtant celle d’avoir été le plus modeste des hommes, comme il dit : "Or cet homme Moché, était fort humble, plus qu’aucun homme qui fût sur la terre" (Béahaloté'ha 12,3).
Ces deux prouesses sont en fait dépendantes l’une de l’autre, comme l’enseigne rabbénou Tsadok Hacohen de Lublin : "L’humilité est la grandeur de l’homme lorsque son être est lié à sa source (le Divin), tandis que l’orgueil provient du corps qui est [par nature] éloigné d’Hachem". [Takanat Hachavim 13b]
Ainsi, Moché Rabbénou était tout à fait conscient de sa grandeur et de ses qualités. Il était aussi conscient du fait que ce soit précisément lui qui fut choisi pour transmettre la Torah. Cependant, il ne considérait pas cela comme étant le résultat d’un mérite personnel ou dû à sa propre personnalité. De par sa grande humilité, il voyait sa grandeur comme un cadeau d'Hachem. Il pensait, que si un autre Juif avait eu le mérite d’avoir ses qualités et que si D. s’était adressé à lui, celui-ci aurait pu atteindre un niveau encore plus grand. [Likouté Si’hot]
-> La modestie de Moché était plus significative que celle d’Avraham et celle de David. En effet, au sujet d’Avraham, il est dit : "Moi qui ne suis que poussière et cendre" (Béréchit 18,27) ; au sujet de David, il est dit : "Et moi, je suis un ver et non un homme" (Téhilim 22,7), tandis qu’au sujet de Moché [et d’Aaron], il est dit : "Que sommes-nous?" (ונחנו מה - Chémot 16,7) [La poussière, la cendre et le ver de terre peuvent être utiles dans certains cas, tandis que l’interrogation de Moché et d’Aaron exprime l’annulation la plus totale].
Ainsi, Moché était "était fort humble, plus qu’aucun Homme (HaAdam - האדם) qui fût sur la terre" = c’est-à-dire, le plus modeste des trois Justes (tsadikim) dont les premières Lettres des noms : אברהם (Avraham) דוד (David) et משה (Moché) forment le mot : Adam (אדם). [Chla haKadoch]
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[ -> b'h, voir la partie : Adam - L'essence d'un juif : https://todahm.com/2019/10/02/notre-relation-avec-la-materialite-1ere-partie ]
"Celui qui présenta le premier jour son offrande" (Nasso 7,12)
-> Le Steïpler (le rav Yaakov Kanievsky) dit qu'on est obligé de dire que la Torah vient du Ciel et a été donnée à l’époque de Moché et non qu’au cours des dernières générations quelqu’un s’est levé et a inventé la Torah. Il y a une preuve évidente dans la Torah
du fait qu’elle n’a pas été créée par des hommes.
En effet, la paracha Nasso raconte l’offrande des 12 chefs de tribus : Celui qui a offert le 1er jour, le 2e jour, le 3e jour, et ainsi de suite.
Si c’était un homme qui avait écrit cela, se serait-il donné la peine de réécrire la même chose exactement 12 fois?
Il se serait contenté de décrire le déroulement de l’offrande, qui avait offert quel sacrifice et comment, et c’est tout.
Ce n’est pas autre chose qu’un témoignage fiable que la Torah a été donnée du Ciel, par la main de Moché.
Pourquoi désespérer?
On demanda au Rav Nathan Meïr Vakhtfoïgel comment faire lorsqu'on se sent en proie à des sentiments de désespoir à l'approche de Roch Hachana.
Le Rav s'étonna : "Désespoir? Mais il est écrit que l'on ne juge l'homme que selon ses actes du moments présent! Si au même moment, il est Tsadik, il méritera tout le Bien du monde, il n'y a donc aucune raison de désespérer!"
[Léket Réchimot]
Les 2 niveaux de téchouva
"Réouven, tu es mon aîné, ma force et les prémices de ma vigueur ; le premier en dignité, le premier en puissance. Impétueux comme l’eau, tu ne seras plus en première place ! Car tu es monté sur le lit paternel, tu as profané Celui Qui réside au-dessus de ma couche." (Vayé'hi 49,3-4)
-> Le Livre de Beréchit se termine par les bénédictions que Yaakov donna à ses fils ; certaines de ces "bénédictions" apparaissent en réalité comme de fortes réprimandes.
C’est le cas de Réouven, l’aîné des 12 tribus ; Yaakov lui reproche l’impétuosité qu’il manifesta en déplaçant la couche de son père. [cf. Vayichla’h 35,22 pour le récit de cet incident]
Les commentateurs expliquent qu’en tant que fils aîné, Réouven aurait dû bénéficier de privilèges spéciaux tels que la malkhout (royauté), la kehouna (sacerdoce) et le droit d’aînesse (double part réservée au premier-né). Or, en raison de son attitude impulsive, Yaakov lui retira ces 3 avantages.
Cette sévère sanction semble difficile à comprendre ; nos Sages (cf. guémara Sota 7b) font l’éloge de Réouven qui a fait techouva de sa faute.
En effet, Rachi (Vayéchev, 37,29) note que Réouven n’était pas présent lors de la vente de Yossef, parce qu’il jeûnait et s’isolait, vêtu de toile à sac, parce qu’il avait délocalisé le lit de son père. La vente se déroula plusieurs années après l’incident en question, et Réouven se repentait continuellement sur son méfait.
=> Après une téchouva si sincère de la part de Réouven, pourquoi Yaacov n’accepta pas ses regrets, pourquoi cette faute eut-elle encore des conséquences fâcheuses?
La clé pour répondre à cette question semble figurer dans les Hilkhot Techouva du Rambam. Après une analyse profonde sur la façon dont il faut se repentir de ses fautes, le Rambam ajoute qu’il existe un autre aspect fondamental concernant la téchouva.
Le Rambam (Hilkhot Techouva 7,3) écrit : "Et ne crois pas que la techouva n’est nécessaire que pour les actes, comme l’immoralité, le vol, ...
De la même manière que l’on doit se repentir pour ces actions, il faut sonder ses défauts et s’en défaire ; il s’agit par exemple de la colère, de la haine, de la jalousie ... Et ses fautes sont plus nuisibles que celles qui sont accompagnées d’un acte, parce que quand une personne en est imprégnée, il lui est très difficile de s’en débarrasser."
Nous apprenons de ce Rambam qu’en plus du repentir concernant les mauvaises actions, nous devons faire téchouva sur les traits de caractère (midot).
De plus, le Rambam note qu’il est plus laborieux de se repentir des mauvais traits de caractère que des mauvaises actions.
Le Gaon de Vilna (Even Chléma) précise que chaque faute résulte d’une mida négative ; donc, quand quelqu’un transgresse un interdit, il fait preuve d’un mauvais trait de caractère.
Ainsi, chaque faute nécessite 2 niveaux de téchouva : l’un pour l’acte et l’autre pour la mida qui en est à l’origine.
=> Il semble que Réouven se soit repenti de l’acte lui-même, mais qu’il n’ait pas réussi à effacer complètement le mauvais trait de caractère qui l’entraîna à faillir.
Cette réponse est cautionnée par l’explication du rav ‘Haïm Chmoulewitz (Si’hot Moussar - maamar 53) concernant la réprimande que Yaakov adressa à Réouven. Sur la base du commentaire de Rachi, il souligne que Yaakov critiquait particulièrement la précipitation de Réouven qui l’entraîna à déplacer le lit de Yaakov, plutôt que la faute même. C’est cette irréflexion qui fit démériter Réouven de la royauté et du sacerdoce.
Le rav Chmoulewitz ajoute l’exemple d’un illustre personnage biblique qui se repentit de la faute commise, mais pas du trait de caractère (mida) incarné par l’action : le roi Chaoul se vit retirer la royauté parce qu’il ne respecta pas l’ordre d’Hachem d’anéantir Amalek. Le prophète Chmouel lui reprocha d’avoir cédé aux instances des gens qui l’incitèrent à avoir pitié d’Amalek : c’était preuve d’une modestie déplacée, c’est-à-dire qu’il n’était pas assez ferme et fort de caractère pour défendre ses propres convictions.
Après la longue réprimande de Chmouel, Chaoul avoua son erreur et se repentit.
=> Dans ce cas, pourquoi lui retira-t-on la royauté?
Le rav Chmoulewitz explique qu’il ne fit techouva que sur la faute, mais qu’il n’éradiqua pas le trait de caractère négatif. Cette mauvaise modestie l’empêcha d’être un véritable roi.
Les exemples de Réouven et de Chaoul sont très pertinents dans nos vies, dans le monde contemporain.
Il est très louable de vouloir se repentir sincèrement sur les fautes passées, mais si l’on ne détecte pas le trait de caractère (mida) qui se cache derrière notre mauvais comportement et qui est l’origine de nos fautes, on ne pourra pas éviter de trébucher à nouveau.
Le reproche adressé à Réouven nous enseigne également que le fait de ne pas améliorer ses midot a une autre grave conséquence sur la réussite spirituelle.
Réouven était destiné à la grandeur : il était censé représenter la malkhout (la royauté) et la kéhouna (le sacerdoce) dans le peuple d'Israël, mais son impétuosité l’empêcha de réaliser son plein potentiel dans ces domaines.
Nous en déduisons que les mauvais traits de caractère ne nous entraînent pas seulement à fauter, mais ils font aussi obstacle à notre élévation spirituelle.
Entreprendre la tâche difficile d’améliorer notre caractère demande beaucoup de réflexion et de discussion, mais la première étape doit être de repérer la mida qui nous freine.
Il se peut que plusieurs défauts nous portent préjudice, mais il y a souvent un trait de caractère (mida) principal qui est la base de plusieurs mauvais comportements et il est l’élément clé qui nous empêche de réaliser notre plein potentiel.
On peut, pour essayer de localiser et de comprendre ce trait de caractère destructeur, discuter avec son rav ou son ami, ou bien étudier des livres de moussar qui évoquent ces diverses traits de caractère. Une fois que la personne apprend à mieux s’analyser et se connaître, elle peut commencer à parfaire ses qualités de manière efficace et sincère.
Le mois d’Eloul est généralement une période propice à la téchouva et au perfectionnement de soi. Cependant, si l’on ne travaille sur soi que pendant un mois par an, on ne réussira jamais à vraiment se parfaire.
La seule façon d’éviter la faute et de retirer les obstacles qui nous empêchent de grandir est de travailler constamment sur le perfectionnement personnel, de manière profonde et sincère.
[d'après le rav Yéhonathan Gefen]
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-> Après la mort de Ra'hél, Yaakov choisissait son lit chaque nuit en fonction de celui au-dessus duquel résidait la Présence Divine, mais sa couche permanente se trouvait dans la tente de Bil'a, la servante de Ra'hel.
Considérant ce geste comme une insulte à l'égard de sa mère Léa, Réouven a déplacé le lit de son père pour l'installer dans la tente de Léa.
[voir guémara Shabbath 55b avec Rachi et Maharcha ; midrach Béréchit rabba 98]
-> D'après certaines opinions, la réprimande de Yaakov ne porte pas tant sur l'acte de Réouven mais sur la hâte avec laquelle il a pris sa décision.
Le manque de réflexion et de patience de Réouven ont contrarié Yaakov.
D'après cette opinion, comme tout le monde commet de fautes et que personne n'est parfait, c'est surtout pour ses mauvais traits de caractère qui l'entraînent à commettre des fautes et à les répéter qu'il faut réprimander l'individu.
[rav Yossef Deutsch]
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-> Yaakov dit à Chimon et Lévi :
"Maudit soit votre emportement car il est violent, et votre courroux, car il est implacable. Vous vous laissez dominer par vos impulsions, et en particulier, par votre colère. C'est ce qui vous a conduits à des gestes aussi malheureux. Ni l'un ni l'autre ne pourrez remplacer Réouven et assumer la royauté, car votre colère impétueuse s'oppose à la patience que doit posséder un monarque pour bien gouverner. Je maudis cette colère dans l'espoir qu'elle diminuera et que vous parviendrez à vous en libérer ..."
[rav Yossef Deutsch]
-> Selon le Yalkout midrach Témani, cité par Torah Chéléma, lorsque cette malédiction est sortie de la bouche de Yaakov, la terre a tremblé et les anges de service se sont écriés : "De grands malheurs vont survenir parce que Yaakov ne bénit pas ses enfants!"
Mais une voix céleste (bat kol), a proclamé : "Ne désespérez pas! C'est le mauvais trait de caractère qui est maudit, et non la personne!"
[cela illustre également la nécessité de travailler nos fautes à la racine : le trait de caractère principal qui en est la cause! ]
"S'ils (les nations du monde) étaient sages ils auraient saisi cela, ils auraient compris leur fin" (Haazinou 32,29)
=> Quel est le sens de ce verset? Et qu'auraient dû saisir les nations du monde s'ils étaient sages?
En fait, les nations du monde ont eu l'occasion de remarquer que le peuple d'Israël a été exilé et a été "livré" entre leurs mains. De la sorte, les juifs ont souffert pendant l'exil de façon surnaturelle, au-delà de toute logique.
En analysant cela, les nations auraient dû en déduire qu'assurément leurs souffrances leur sont dues à leurs fautes. Car sinon, naturellement, aucune raison ne pourrait justifier de telles souffrances.
Si les nations étaient sages, ils auraient donc dû saisir que les fautes et les mauvaises actions entraînent les tourments. Et en conséquence de cela, "ils auraient compris leur fin" = ils auraient compris qu'eux aussi, ils finiront aussi par être punis. Car si la faute provoque le malheur, il est donc évident que toute leur méchanceté finira par se retourner contre eux. Leur fin sera donc amer.
[Sforno]
"Le Rocher de ton engendrement tu l'as oublié, et tu as oublié le D. Qui t'a enfanté" (Haazinou 32,18)
-> Ce verset se traduit littéralement : "Le Rocher de ton engendrement c'est l'oubli […]".
En effet, Hachem a créé l'oubli en l'homme depuis sa naissance. En cela, Il lui a fait un grand bienfait, car ainsi l'homme peut oublier ses malheurs et ses soucis. Sans l'oubli, la vie aurait été impossible.
Mais l'homme prend ce bienfait d'Hachem et l'utilise à l'encontre de son Créateur : "tu as oublié le D. Qui t'a enfanté", tu as utilisé l'oubli qu'Hachem a mis en toi pour ton bien et tu l'as utilisé pour oublier Hachem.
['Hidouché haRim]
La crainte de la punition = base de toute élévation spirituelle
Mais si tu n'écoutes pas la voix d'Hachem, ton D. : si tu n'as pas soin d'observer tous ses préceptes et ses lois que je te recommande en ce jour, toutes ces malédictions se réaliseront contre toi (Ki Tavo 28,15)
-> La Paracha de Ki Tavo parle essentiellement des bénédictions et des malédictions qu'Hachem prévoit pour ceux qui obéissent et ceux qui désobéissent aux mitsvot de la Torah. Ce thème de récompense et punition est assez présent dans la Torah. Si la Torah insiste beaucoup sur le sujet des punitions pour les fautes, c'est qu'elle souhaite que nous nous en imprégnons et que nous en venons à servir Hachem de par la crainte de la sanction.
=> Mais cela est étonnant. En effet, apparemment ce niveau ne semble pas être le plus louable.
Servir Hachem pour ne pas être puni est un culte intéressé, où l'homme recherche son bien-être. Il eut mieux fallu que notre service d'Hachem soit basé sur la crainte devant la Grandeur d'Hachem. On aurait plutôt dû encourager l'homme à méditer sur la Grandeur Infinie d'Hachem, Sa Bonté sans limite... Et ainsi, on aurait accompli les mitsvot pour ne pas se retrouver manquant devant la Perfection Divine.
A l'image de celui qui se présente devant un grand roi, qui chercherait à se trouver propre et dans sa meilleure posture.
Ainsi, pourquoi la Torah donne-t-elle la primeur à la crainte de la punition, qui est moins élevée?
La réponse à cette question est que certes la crainte devant la Majesté Divine est la plus haute. Mais on ne peut l'acquérir sans avoir intégré au préalable la crainte de la punition.
Celle-ci doit être la base et la fondation de tout le service d'Hachem. Certes ce n'est pas le plus haut niveau, mais aucun niveau plus haut ne pourra être atteint sans avoir posé cette crainte-là. C'est pour cela que la Torah
insiste tant dessus. Car elle est la base de toute élévation spirituelle.
=> Mais pourquoi en est-il ainsi ?
En fait, l'homme est composé d'un corps et d'une âme. L'âme n'aspire qu'à s'approcher d'Hachem. Mais le corps, du fait de sa matérialité et de sa recherche du bien-être et des plaisirs physiques, empêche l'âme de s'exprimer et de pousser l'homme vers le chemin de la proximité avec Hachem.
Tout éloignement et infraction de la Torah ne sont dus qu'au fait de la matérialité et du mauvais penchant, qui se résument en la recherche de satisfaction physique. C'est cela qui éloigne l'homme d'Hachem.
Et tant que la voix du corps retentit, celle de l'âme est étouffée.
Ainsi, avant tout, l'homme ne peut commencer à s'élever vers Hachem que s'il arrive à raffiner le corps et à neutraliser les tendances qui l'empêtrent dans la matérialité. Et c'est pour atteindre cet objectif que la Torah demande à l'homme de travailler de toute urgence la crainte de la punition. C'est cette crainte qui aura la force de repousser les tendances du mauvais penchant. En effet, le corps ne comprend que le langage de la satisfaction et est sans cesse à la recherche du bien-être et du plaisir. S'il arrive donc à intégrer avec grande conviction que la faute vient contre son intérêt, car elle lui entraînera tôt ou tard les souffrances de la punition, il sera alors en mesure de repousser les tentations et les désirs du corps et du mauvais penchant.
Et une fois que la dimension grossièrement matérielle est repoussée, la voix de l'âme pourra se faire entendre. Dès lors, l'homme pourra commencer à évoluer dans le processus spirituel de rapprochement avec Hachem. Et tous les niveaux les plus élevés pourront progressivement être atteints.
Mais sans avoir dompté au préalable le corps par la crainte de la punition, il n'est pas encore envisageable d'accéder sainement aux niveaux plus élevés. Il en ressort bien que la base doit être la crainte de la punition, car c'est elle qui permet de réprimer le mauvais penchant en vue d'épanouir l'âme qui conduira alors l'homme pour se rapprocher d'Hachem.
Mais il y a encore un autre aspect des choses. En lisant notre paracha (Ki Tavo), on se rendra compte que les châtiments prévus pour les fautes sont d'une ampleur incroyable. 98 terribles malédictions sont prévues.
Bien plus, nos Sages nous enseignent que les punitions qu'Hachem envoie à l'homme dans ce monde pour ses fautes, sont insignifiantes par rapport à ce que devrait être la véritable sanction pour les transgressions de la Torah.
Ainsi, même les très sévères punitions énoncées dans notre paracha ne sont pas à la hauteur de ce qui devrait réellement arriver pour avoir fauté.
En méditant simplement à ceci, l'homme comprendra la gravité de la faute. Car si le péché entraîne de si dures conséquences, c'est qu'à l'évidence la faute est en elle-même redoutable.
Alors, par ce processus, l'homme passera de la peur de la punition à la peur de la faute elle-même. Il redoutera de commettre un acte qui engendre de tels effets, plus à cause de l'effet, mais désormais à cause de la conscience de ce que constitue la faute elle-même.
Il ne voudra pas se salir par de tels actes.
L'homme qui cherchera à se rapprocher d'Hachem, ce qui est la démarche la plus louable, saura que si la punition est si spectaculaire, c'est bien que la faute est tout au moins autant redoutable. De toute évidence, elle entrave donc le cheminement vers le perfectionnement de soi et vers la proximité avec Hachem.
La gravité de la punition éclairera donc l'homme sur la gravité de l'acte, et l'homme finira par s'éloigner de cet acte, non pas pour ne pas être puni, mais pour ne pas coller à son être de telles salissures qui l'écarteront d'Hachem.
De cette façon, on comprend autrement pourquoi la crainte de la faute est la base. Car c'est elle qui mènera à la conscience de la gravité de la faute, et ce n'est que par cela que l'homme saura s'écarter de la faute comme on s'écarte du feu, pour préserver cette pureté qui lui permettra de s'élever spirituellement.
Tout cela nous permettra de comprendre le méfait de celui qui faute parce qu'il n'a pas peur de la punition. En effet, un homme peut aussi fauter par faiblesse, poussé par ses pulsions. Une telle personne peut être consciente des punitions qu'entraîne la faute, mais il n'est pas encore assez fort et maître de soi pour maîtriser ses pulsions. Cet individu est moins répréhensible que celui qui faute sans scrupule, faisant totalement abstraction de la crainte de la punition.
La Torah nous apporte la preuve de la gravité d'une telle situation. En effet, la Torah parle dans la paracha de Nitsavim de celui qui se dit : "La paix sera sur moi", c'est-à-dire qu'il se leurre à penser que la punition ne l'atteindra pas, à son propos la Torah tranche : "Hachem ne voudra pas lui pardonner". C'est à dire que le fait de fauter sans craindre la punition est une chose tellement répréhensible, que cela entraîne qu'Hachem ne voudra même pas lui pardonner ses fautes. Et même si un jour il souhaite se repentir, ce sera très dur pour lui d'y arriver puisque si Hachem ne veut pas lui pardonner, Il ne l'aidera donc pas dans son repentir, car le repentir amène le pardon. Ainsi, ne pas vouloir pardonner revient donc à ne pas désirer le repentir.
Seulement, dans le prophète Yé'hezkel, Hachem dit : "Je jure que Je ne désire pas la mort du racha mais qu'il
se repente et qu'il vive". Il en ressort qu'en général, Hachem désire que le racha se repente, pour lui pardonner ses fautes. Mais celui qui se dérobe de la peur de la sanction et qui se dit "la paix sera sur moi" et "rien de mal ne m'arrivera", persistant de ce fait dans sa mauvaise voie, pour une telle personne, ni on veut lui pardonner, ni on désire son repentir.
Cela montre bien sa gravité même par rapport aux autres réchaïm. Et tout cela, uniquement parce qu'il ne craint pas la punition!
[Basé sur le Michnat Rabbi Aharon - du rabbi Aharon Kotler]
Vous garderez les paroles de cette alliance et vous les ferez pour que vous réussissiez tout ce que vous ferez (Ki Tavo 29,8)
-> Ce verset fait allusion au fait que celui qui garde son alliance, c'est-à-dire la sainteté de sa Mila (circoncision), en veillant à ne pas la profaner par tout ce qui se rapproche de l'impudicité, alors toutes les mitsvot qu'il réalisera auront une valeur encore plus grande et leur impact aura toute sa force.
Si "vous garderez les parole de cette alliance", allusion à l'alliance de la Mila, alors "vous réussirez tout ce que vous ferez", toutes les mitsvot que vous ferez sera alors une vraie réussite. Car l'un des piliers de toute la Torah, c'est de préserver son alliance, en gardant la sainteté de ses pensées, de ses yeux, de son corps ..., pour ne pas profaner son alliance (de la Mila) par tout type d'impudicité.
En veillant à cela, on élève et on renforce la valeur de toutes ses Mitsvot.
[Guinzé haMélé'h]