Aux délices de la Torah

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Le Michkan : Hachem nous aime!

+ Le Michkan : Hachem nous aime!

-> Nous allons voir, b'h, au travers des exemples de la Ménora et des clochettes de la robe du Cohen Gadol, à quel point Hachem nous témoigne de Son amour.

1°/ La Ménora :

+ "Dans le Ohel Moed, à l'extérieur de la cloison de tissu qui dissimule [l'Arche du] Témoignagne (édout), Aharon et ses fils allumeront la [Ménora] du soir au matin devant Hachem. C'est une loi éternelle pour leurs générations de la part des enfants d'Israël" (Tétsavé 27,21)

-> Hachem a ordonné que la Ménora soit placé hors du Saint des saints pour montrer que Hachem, source de la lumière pour le monde entier, n'a pas besoin de notre lumière ...

Lors de la fabrication du Michkan, Hachem dit aux juifs : "Je désire que vous Me dédommagiez pour que vous ne vous sentiez pas redevables de la faveur que Je vous ai accordée".
[à l'image d'un voyant qui accompagne un aveugle pour le guider le long de son trajet, et qui à la fin lui demande d'allumer une lumière pour lui permettre de diminuer son sentiment de redevabilité.]

En observant ce commandement, nous ne remboursons D. en aucune façon car Il n'a pas besoin de la lumière d'aucune de Ses créatures.
C'est plutôt un moyen d'élever Israël, [de rendre importants les juifs] aux yeux des nations qui diront : "Voyez à quel point D. aime Israël! Après avoir tant fait pour eux, Il ne veut pas leur laisser de dette envers Lui".

=> Cela faisait paraître les juifs égaux à D., pour ainsi dire, en Le faisant profiter de leur lumière. Mais la réelle raison du commandement de la Ménora était de montrer le grand amour qu'Il leur portait.

De plus, Hachem ordonna aux juifs de faire a Ménora car la lumière que nous allumons dans le Temple nous permet de mériter celle du monde futur.
Les nations seront dans l'obscurité alors qu'Israël profitera d'une lumière intense.
Ainsi, D. dit au prophète : "Les ténèbres couvriront la terre et le brouillard, les nations mais D. brillera sur toi et Sa gloire se dévoilera sur toi" (Yéchayahou 60,2).

[Méam Loez]

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2°/ Les clochettes de la robe du Cohen Gadol :

+ "Aharon la portera pour accomplir le service Divin et son tintement sera entendu lorsqu'il entre dans le Sanctuaire devant Hachem et lorsqu'il en sort afin qu'il ne meure pas" (Tétsavé 28,35)

Selon le Ramban, Hachem ordonna de placer des clochettes sur la robe bien qu'il soit inhabituel de suspendre des clochettes à des vêtements.
Grâce à elles, les anges allaient percevoir leur tintement lorsque le Cohen Gadol se préparerait à entrer dans le Saint des saints et quitteraient le sanctuaire intérieur.

Lorsque le Cohen Gadol entrait dans le Saint des saints [à Yom Kippour] pour implorer le pardon en faveur des juifs, ni hommes ni ange n'était autorisé à s'y trouver.
Il est écrit : "Aucun homme (adam) ne se trouvera dans le Ohel Moéd (Tente d'assignation) lorsque'il viendra expier dans le sanctuaire" (A'haré Mot 16,17).
Le mot "homme" (adam) désigne également les anges qui ont un visage humain (Yé'hezkel 1,10).
Ces anges ne sont pas même autorisés à rester dans le sanctuaire extérieur lorsque le Cohen Gadol pénètre dans le Saint des saints.

Il est vrai que même sans le son des clochettes, les anges auraient perçu l'entrée du Cohen Gadol. Cependant, leur tintement servait de signal afin que les anges quittent les lieux.
Cela ressemble au cas d'un proche ami du roi venu parler au souverain en privé. Dès ce moment-là, tous les serviteurs qui entourent le roi le quittent pour laisser son ami converser à sa guise avec lui.

Les clochettes tintaient également lorsque le Cohen Gadol quittait le Saint des saints. C'était le signal que la conversation était terminée et que les anges pouvaient revenir.
[le Cohen Gadol venait en tant que représentant de chaque juif!
Les clochettes témoignent du fait que nous sommes les enfants chéris de papa Hachem, au point qu'Il demande à tous les anges de sortir pour se retrouver en tête à tête avec nous! Rien ne lui ai plus cher/aimé que nous!!]

Les clochettes nous enseignent qu'un homme désirant entrer chez un ami ne doit pas pénétrer dans sa maison subitement sans prévenir, à plus forte raison dans un palais royal.

Lorsque le Cohen Gadol pénétrait dans le Saint des saints, les clochettes avaient la même fonction que des coups frappés à une porte, fût-elle ouverte.
[selon Rabbénou Bé'hayé, les clochettes signalaient que le Cohen Gadol demandait la permission d'entrer, et ainsi les anges ne chercheraient pas à lui faire de mal, comme le mettre à mort.]

[cela nous arrive également à chacun d'entre nous, le vendredi soir.
En effet, le rav Pinkous enseigne que nous terminons le chant de : "Shalom Alé’hem", par : "bétsété’hem léShalom (allez en paix!)" = nous demandons aux 2 anges qui nous ont raccompagné de la synagogue, de nous laisser seul en tête à tête avec notre papa Hachem!
En effet, le Zohar écrit : "La Présence Divine ne quitte jamais un juif pendant Shabbath, [et] un Yom Tov" = quoiqu'on ai pu faire (en bien ou mal), notre papa Hachem nous aimera toujours infiniment, et ainsi Il désire nous voir personnellement autant que possible.
En ce sens, chaque semaine nous avons Shabbath, ce moment incroyable de proximité avec Lui, où même les anges sont mis à la porte!]

Les clochettes permettaient également aux juifs de savoir si le Cohen Gadol était, ou n'était plus, en vie.
Si le Cohen Gadol était un hérétique qui ne croyait pas en les enseignements des sages, il mourait en pénétrant dans le Saint des saints.
Par conséquent, si les juifs n'entendaient plus le son des clochettes, ils savaient que l'hérésie du Cohen avait causé sa mort ...
Tant qu'on entendait le tintement, on savait que le Cohen était en vie.

Questions/Réponses – paracha Tétsavé

+ Questions/Réponses - paracha Tétsavé :

1°/ La guémara (Yoma 9b) enseigne que le 1er Temple a été détruit à cause des fautes de l’idolâtrie, du meurtre et des relations interdites.

=> Puisque la guémara (Zéva'him 88b) enseigne que l'Ephod (אפד) expie la faute de l’idolâtrie, comment le Temple a-t-il pu être détruit pour une faute dont l'Ephod permettait un pardon total?

-> Le Maharcha (Zéva'him 88b) affirme que les vêtements des Cohanim ne pardonnaient que les fautes qui étaient réalisées accidentellement.
Le Temple a été détruit par des actes intentionnels d'idolâtrie, qui ne sont pas expiés par le Ephod.

-> Le rav Arié Leib Tzintz (Mélo haOmer) répond que l'idolâtrie est différente de toutes les autres fautes, dans le sens où la guémara (Kiddouchin 40a) enseigne que Hachem ne punit pas une personne pour avoir pensée à une faute tant qu'elle ne l'a pas effectivement réalisée, à l'exception de l'idolâtrie pour laquelle Hachem punit une personne déjà pour le simple fait d'avoir pensée à adorer une idole.
L'Ephod pardonnait uniquement les mauvaises pensées d'idolâtrie, mais pas l'acte en lui même, et c'est pour cela que le Temple a été détruit.

[ainsi le rav Tzintz enseigne que l’Ephod des Cohanim faisait pardonner uniquement l’intention de l’idolâtrie. Une fois les pensées traduites en actes, cependant, l’expiation n’était plus procurée par cet habit. C’est ainsi que l’idolâtrie non pardonnée a finalement causé la destruction du premier Temple.
De son côté le Kli Yakar explique : en règle générale, l’intention d’accomplir une mauvaise action n’est pas prise en compte par le Ciel tant qu’elle ne s’est pas réalisée. Mais dans le domaine de l’idolâtrie, la pensée (ma'hchava) est assimilée à un acte (maassé), car en l’occurrence, l’essentiel de la faute réside dans la pensée, dans le manque de foi en D. qui se traduit, accessoirement, par des actes.]

-> Le Mérafsin Igri cite l'avis des Tossafot (Sanhedrin 37b), selon lequel l'Ephod ne pardonnait les fautes que pour ceux qui se repentaient de leurs fautes.
Cependant, avant la destruction du Temple, de nombreux juifs s'engageaient fréquemment dans l'idolâtrie sans faire téchouva sur leurs fautes.
C'est pourquoi l'Ephod ne pouvait faire expiation.

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2°/ Rachi (v.28,30) nous explique le Cohen Gadol avait la capacité de poser des questions à Hachem par le biais des Ourim véToumim qui se trouvait dans le Pectoral ('Hochen).
Certaines lettres du nom des tribus gravées sur le Pectoral s'illuminaient formant ainsi la réponse à la question posée.

=> Est-ce que les lettres brillaient en même temps ou bien successivement?

-> Le Ramban écrit que cela se passait en même temps, nécessitant l'inspiration Divine pour assembler correctement les lettres et pour comprendre la réponse.

-> Le rav Saadia Gaon n'est pas d'accord et affirme que les lettres apparaissaient l'une après l'autre afin qu'il n'y ait aucune place au doute ou à une mauvaise interprétation.

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=> Est-ce que les Ourim véToumim pouvait servir à répondre aux questions juridiques difficiles, qui nécessitaient une solution?

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Tétsavé 28,15) écrit qu'il était [techniquement] possible de recevoir les solutions des disputes juridiques complexes par le biais des Ourim véToumim.

Rachi (guémara Erouvin 45a) écrit que le Cohen n'avait pas la capacité d'agir ainsi, puisqu'une fois que la Torah a été donnée aux hommes, ce n'est plus au Ciel de décider ses lois (cf. guémara Baba Métsia 59b), et ce même si les hommes peuvent arriver à se tromper.

-> Le rav Aharon Leib Steinman (Ayélét haCha'har 28,15) est d'avis que les Ourim véToumim ne rendaient pas des décisions judiciaires, mais ils pouvaient clarifier les faits d'un cas, comme par exemple révéler qui était en train de mentir.

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-> "Aharon portera ainsi le destin des enfants d’Israël" (28,30)
Comment le pectoral jugeait-il ?

Lorsque l’une des tribus fautait, la pierre sur laquelle son nom était gravé prenait un aspect de cuivre.
Le cohen la voyait et apprenait ainsi que la transgression provenait de cette tribu. On organisait alors des tirages au sort pour identifier le fauteur et on le jugeait.
[Midrach haGadol]

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-> L’auteur du Haktav Véhakabala fait remarquer que les lettres du mot ‘hochen (pectoral - חֹשֶׁן) sont les mêmes que celles du mot na’hach (divination - נחש), placées dans un autre ordre.
Tandis que la divination consiste à révéler des choses cachées à l’aide de forces impures, par le biais du ‘hochen on les révélait en s’appuyant sur les forces de sainteté.
En consultant les ourim vétoumim, le Cohen obtenait un éclairage du Ciel.

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-> Le Ramban (28,30) note que les Ourim véToumim étaient si saints que les détails concernant leur conception ne sont pas mentionnés dans la Torah, ils sont restés secrets et connus uniquement de Moché.
Ils ont été produits à la fois par Hachem ou par Moché.

-> Ourim [d'après le mot "or", signifiant : lumière], parce qu'il éclaircissait et expliquait à Israël les choses cachées.
Toumim [d'après le mot "tam", signifiant : parfait] parce que son message était parfait : toute chose prédite par les Ourim et Toumim se réalisait.
[Méam Loez - Tétsavé 28,30 (rapportant la guémara Yoma 73)]

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-> Comment consulte-t-on (les Ourim véToumim)?
Le consultant tourne son visage vers le Cohen consulté et ce dernier tourne son visage vers la Présence Divine ...
On ne doit pas énoncer sa demande ni à voix haute ni par la simple pensée, mais à voix basse ...
Bien que les décrets transmis par les Prophètes peuvent être annulés, ceux transmis par les Ourim et Toumim sont irrévocables ...
Selon rabbi Yo'hanan, les lettres de la réponse se mettaient en relief.
Selon Réch Lakich, elles se rapprochaient (pour former des mots) ...
On ne consulte les Ourim et Toumim que par l'intermédiaire du Cohen animé d'un esprit de sainteté (roua'h hakodech) et sur qui la Présence Divine repose ...
Le Cohen aidait (par son mérite) les Ourim et Toumim à répondre à la question.
[selon Rachi, s'il n'est pas digne les lettres ne délivrent aucune réponse à la question posée.]
[guémara Yoma 73a-b]

[La révélation à travers les Ourim et Toumim est d'un niveau inférieur à la prophétie (névoua), mais d'un niveau supérieur à la Voix Céleste (bat kol), qui elle a perduré durant la période du 2e Temple.
En revanche, le verdict prononcé par les Ourim et Toumim est irrévocable, alors que les paroles prophétiques prononcées par un prophète peuvent être révoquées.
(rav Lumbroso)]

-> Défaut de lecture du message : l'exemple de 'Hanna qui consulte Eli :
[ "Hanna parlait en son cœur et remuait ses lèvres" (Chmouel I 1,13) ]
'Hanna, dans sa détresse de femme privée d'enfant, vint consulter Eli le Cohen Gadol pour qu'il interroge les Ourim véToumim afin de savoir si elle pourra enfanter.
Lorsque les 4 lettres : ה כ ר ש de son pectoral s'illuminèrent, Eli lui a donné la réponse erronée : tu es "chikora" (saoule - שכרה), car il la croyait ivre.
'Hanna déçue par l'interprétation du Cohen Gadol Eli, lui dit : "Non, Monsieur, je ne suis qu'une femme affligée ; je n'ai bu ni vin ni liqueur" (Chmouel I 1,15).

C'est parce qu'Eli n'a pas ressenti l'amertume et la souffrance profonde de 'Hanna, qu'il n'a pas su lire la véritable réponse des Ourim véToumim qui était en fait : "kéchéra" (apte - כשרה) ou "kéSarah" (comme Sarah - כשרה), c'est-à-dire qu'elle était apte à enfanter et elle sera exaucée comme son ancêtre Sarah l'avait été.
Si le Cohen Gadol Eli avait mieux ressenti l'affliction de 'Hanna et s'était associée à sa peine intense, il n'aurait pas confondu l'émotion de 'Hanna dans sa prière et l'ivresse, et il aurait su lire le véritable message délivré par les Ourim et Toumim.
[rabbi 'Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 51)]

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-> "Tu ajouteras au Pectoral du jugement (‘Hochen Michpat) les Ourim et les Toumim, pour qu’ils soient sur la poitrine d’Aaron lorsqu’il se présentera devant Hachem" (Tétsavé 28,30).

Rachi précise [au nom de la guemara] : "Les Ourim et les Toumim étaient constitués par le Nom divin écrit en toutes lettres, qu’il [le Cohen Gadol] portait dans les replis du Pectoral, grâce à quoi il rendait claires (Méir – qui s’apparente à Ourim de la racine אור – Or Lumière) et vraies (Métamem – qui s’apparente à Toumim de la racine תמים – Tamim Intègre) ses paroles".
Les noms des Tribus étaient gravés sur les pierres du Pectoral. Lorsque le Cohen Gadol posait une question aux Ourim et Toumim, certaines lettres de ces noms s’éclairaient.
La Michna (Yoma 7,5) enseigne : "Le Cohen Gadol officie revêtu de 8 vêtements, alors qu’un simple Cohen officie revêtu des 4 vêtements suivants : la tunique, le caleçon, la tiare et la ceinture. Le Cohen Gadol porte en plus : le pectoral, l’Efod, le manteau et la plaque frontale. On consulte les Ourim et Toumim quand il est revêtu des 8 vêtements. On ne les consulte que pour un Roi, pour le Beth Din ou pour une personne dont dépend la communauté".
Les Ourim et Toumim correspondaient à deux groupes de noms divins. En se concentrant sur les noms des Ourim, s’éclairaient aux yeux du Cohen Gadol les lettres correspondant à la réponse à la question posée. Mais pour mettre les lettres en bon ordre et connaître la vraie réponse, il lui fallait avoir l’inspiration divine et se concentrer sur les noms des Toumim. Car en effet, sans les Toumim, il n’était pas possible de connaître la signification des lettres éclairées car on pouvait se tromper et assembler les lettres dans un ordre inexact.   [Ramban]

-> Rachi rapporte : "qu’à l’époque du deuxième Temple, le Pectoral était présent, car il ne se pouvait pas que le Cohen Gadol pût officier sans porter l’ensemble des vêtements sacerdotaux, mais il ne contenait pas le Nom divin".

Ainsi, les Ourim et Toumim vont-ils désigner le temps de la venue du Machia’h comme l’indique le Rambam à la fin de son Michné Thora [Hilkhot Méla'him 12,3] : "A l’époque du Roi machia’h, lorsque sera installé Son Royaume et que tout Israël se sera rassemblé autour de lui, tous seront classés par lui selon leur généalogie, par l’esprit saint qui reposera sur lui ... C’est par la famille de Lévi qu’il commencera et dira “celui-ci se rattache à la famille des Cohen, celui-ci à Lévi” et il renverra ceux qui n’en ont pas l’origine, en tant que simples Israélites. N’est-il pas dit : “le gouverneur leur dit ... jusqu’à ce que s’élève un Cohen à la fonction des Ourim et des Toumim” (Ezra 2,63)
[En réponse à des Cohanim cherchant à être admis à la prêtrise, Né’hamiya déclare qu’ils ne seront pas réhabilités avant le rétablissement des Ourim et Toumim à l’époque du machia’h]."

A noter que le mot חשֶֹׁן ‘Hochen (Pectoral) a la même valeur numérique que משיח Machia’h [358].

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3°/ "Voici les vêtements qu'ils feront : un pectoral ('hochen) et un Ephod, une robe (mé'il) et une tunique (kétonét) à mailles, un turban (mitsnéfét) et une ceinture (avnét).
Il feront des vêtements de sainteté pour Aharon ton frère et pour ses fils, pour qu'ils officient pour Moi" (Tétsavé 28,4)

Pour arriver au total des 8 vêtements que portait le Cohen Gadol, on doit y ajouter : la plaque frontale (tsits - 28,36) et les caleçons de lin (v.28,42).

=> Quels impacts avaient-ils sur l'ensemble du peuple juif?

Selon la guémara (Zéva'him 88b ; ainsi que Arakhin 16a), ces 8 habits servaient chacun à apporter l'expiation pour des fautes des juifs.

C'est ainsi que :
-> la tunique = elle expie pour le meurtre.
C'est en allusion dans les actions des frères de Yossef qui ont trempé sa tunique dans le sang et prétendu qu'il avait été tué.

-> les caleçons de lin = ils expient pour l'immoralité sexuelle.
Ils couvraient la "nudité de la chair" (v.28,42) du corps du Cohen.

-> le turban = il expie l'orgueil.
Il se met sur la partie la plus haute du corps du Cohen, et représente ainsi l'arrogance/l'orgueil.

-> la ceinture = elle expie pour les pensées immorales.
Elle était attachée juste sous le cœur, lieu de dépôt des pensées.

-> le Pectoral = il expie pour les décisions inexactes rendues par les tribunaux rabbiniques.
Dans la Torah, il est appelé : "un Pectoral de jugement" ('hochen michpat - v.28,15).
[Le Tsél haEda note que la guématria de : 'hochen michpat (חֹשֶׁן מִשְׁפָּט), est de : 787, qui est la même que les mots : "cela expie les déformations de la justice" (zé mé'haper al killoul haDin).]

-> l'Ephod = il expie pour le culte de l'idolâtrie.
Le mot "Ephod" en araméen est : "dou af" (double colère), renvoyant au fait que ce fait est unique car non seulement l'acte est puni mais également la pensée.

-> la robe = elle expie le lachon ara.
Elle avait des clochettes à sa bordure inférieure qui faisaient du bruit, à l'image du bruit du lachon ara.

-> la plaque frontale = elle expie l'effronterie.

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-> Rachi (guémara Arakhin 16) enseigne que la section concernant les vêtement est liée à celle des sacrifices apportés durant les jours d'installation des Cohanim.
[En effet, on a "Telle est la loi de l'holocauste, de l'offrande de farine ..." (Vayikra 7,37), et immédiatement après Hachem dit à Moché : "Prends Aharon et ses fils avec lui et les vêtements" (Vayikra 8,2).]

=> Ceci nous apprend que comme les sacrifices, les vêtements des Cohanim font expiation.

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-> La mort des tsadikim, tout autant que les vêtements sacrés, procure l'expiation des fautes d'Israël.
[Rabbi El'azar - guémara Moed Katan 28a]

[Le Troumat haDéchen commente : le départ d'une femme tsadéket procure également le pardon de la génération.]

-> Le Rif (dans Ein Yaakov) commente :
Il ne faut pas croire que le simple port de ces vêtements sacrés par le Cohen Gadol pourrait effacer les fautes (citées ci-dessus) commises par tout fauteur ; il n'en est rien.
Cependant, ces vêtements sacrés ont le pouvoir d'empêcher une accusation du Ciel, à cause de ces fautes, dans le cas où une de ces fautes ferait pencher la "balance" du Jugement du côté de la culpabilité.
La mort d'un tsadik a ce même effet sur les fauteurs de la génération.

-> "Tu feras des vêtements sacrés pour Aharon ton frère, pour l’honneur et la majesté" (Tétsavé 28,2)
La ségoula des vêtements sacrés des Cohanim était de racheter les fautes des juifs, comme le dit la guémara (Yoma 72b) : "si ce n'était les vêtements des Cohanim, il ne resterait aucun Sarid (survivant/personne restante) dans le peuple Israël".
Le Maharcha explique : les vêtements des Cohanim procure un grand sauvetage au Klal Israël grâce à la kappara qu'ils leur apportent.

Apparemment, cela semble vouloir dire qu’à l’époque du Temple, les vêtements rachetaient les fautes des Bné Israël qui avaient été commises par inadvertance ou ignorance, mais le livre "Otsar Hayédiyot" mentionne que Rabbi Eliakim de Mayence, qui vivait à l’époque de Rachi, a écrit explicitement que sans les vêtements sacerdotaux qui étaient restés, et se trouvaient encore à Rome, il ne serait rien resté d’Israël, c’est-à-dire que les vêtements sacerdotaux continuent à racheter les fautes des juifs jusqu’à aujourd’hui.

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-> "Et voici les vêtements qu’ils feront : un ‘hoshen et un ephod (Tétsavé 28,4)

Rachi commente sur le "Ephod" : Je n’ai pas entendu et je n’ai pas trouvé dans la Braïta à quoi il ressemblait.
Et mon cœur me dit qu’il est attaché par derrière, qu’il a largeur du dos d’un homme, comme une espèce de chasuble que portent les femmes nobles quand elles vont à cheval."

=> Que signifie "Mon cœur me dit", et pourquoi la comparaison est-elle "que portent les femmes nobles quand elles vont à cheval"?

On raconte que Rachi sortit un jour du beit hamidrach et rencontra une femme noble qui venait en face de lui, montant un cheval. Il était difficile à Rachi de comprendre comment il était possible que ses yeux saints et si attentifs rencontrent un spectacle aussi scandaleux.
Ensuite, quand il travailla à expliquer la forme du ephod, et ne trouva rien à ce sujet dans la Braïta, cet incident lui revint en mémoire, et il dit : "Mon cœur me dit" que ce n’est pas pour rien que Hachem m’a donné cette épreuve de voir des femmes à cheval. C’est pour m’enseigner la nature du ephod, et me montrer sa forme.
[Torat haParacha]

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-> Le Cohen Gadol avait des habits uniques : le éphod (אֵפוֹד), le manteau (mé'il - מְעִיל), le Pectoral ('hochen - חֹשֶׁן) et le tsits (ציץ).
Les acronymes de ces termes forment le mot : אמחץ (em'hats) qui signifie "écraser", car c'est par le mérite des vêtements du Cohen Gadol qu'Israël écrase ses ennemis.
[rapporté dans le Tsror ha'Haïm]

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4°/ A l'image d'un tsitsit sur un tricot de corps, il y avait :
- la tunique (kétonét) portée directement sur la peau ;
- et dessus la robe (Mé'il), qui était ouverte sur les côtés (cf. guémara Zéva'him 88b et le commentaire de Rachi) et qui était sans manche (cf. Rambam Hilkhot haMikdach 9,3).

=> Ainsi, pourquoi le Cohen Gadol ne portait-il pas de tsitsit aux coins de son Mé'il?

-> Le Min'hat 'Hinoukh (99,4), cite la guémara ('Houlin 136a) qui établit qu'on est obligé de mettre un tsitsit sur un vêtement qui nous appartient, et qu'on est exempté d'en mettre sur un qu'on a pu emprunter.
Puisque les habits du Cohen Gadol étaient saints et ne lui appartenaient pas, le Mé'il en était donc dispensé.

-> Le Dovév Mécharim répond que la Torah qualifie les habits du Cohen Gadol de : "des vêtements de sainteté" (bigdé kodéch - Tétsavé 28,2). Puisque de tels habits n'étaient portés que dans un but de lui donner de l'honneur et de la gloire, ils n'étaient pas considérés comme des vêtements habituels, et ils étaient donc exemptés de tsitsit.

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+ "Ce sera sur Aharon pour servir" (Tétsavé 28,35)

La Torah dit que les vêtements des Cohanim venaient : "Pour l’honneur et la beauté/splendeur" "lé'havod oultiférét - v.28,2 ; v.28,40 ...).
Il pourrait alors exister le risque que le Cohen qui les porte en ressente un certain plaisir personnel d’être honoré par ces habits.
C’est pour éviter cette déviation que la Torah précise que ces vêtements seront : "sur Aharon pour servir" = il ne les portera que pour réaliser le Service d’Hachem, pour la Gloire du Créateur. Mais il ne devra surtout pas en ressentir la moindre intention intéressée, pour son profit personnel.
[Noam Elimélé'h]

[Toute capacité/ressource que nous avons, ne provient que de Hachem, et ce afin d'être utilisée pour faire Sa volonté.]

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-> "Tu feras des vêtements sacrés à ton frère Aharon pour l’honneur et la majesté" (28,2)

C’est seulement pour celui qui est comme ton frère Aharon que ces vêtements seront un honneur et une majesté.
Ils ne vont pas à n’importe qui, et ne sont pas glorieux pour n’importe qui.
Il arrive qu’on porte des vêtements sacrés en s’efforçant qu’ils soient d’un beau tissu, bien taillés et bien cousus dans toute la mesure du possible, car celui qui les porte n’a à se glorifier de rien d’autre qu’eux.
On trouve déjà cette idée dans la guémara (Shabbat 145a): "Pourquoi les talmidei ‘hakhamim de Babylone sont-ils distingués? Parce qu’ils ne sont pas des bnei Torah".
Rachi explique: parce qu’ils ne sont pas des bnei Torah, on ne les respecte pas à cause de la Torah, on leur fait de beaux vêtements pour qu’on les respecte à cause des beaux vêtements.

Il est également dit dans le Zohar (Béaaloté'ha 152b) : les sots, quand ils voient quelqu’un qui porte un vêtement qui leur paraît beau, ne regardent plus pour voir ce qui se trouve en-dessous.

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-> b'h, également : https://todahm.com/2019/04/16/8766-2

"Quiconque dit du lachon hara voit ses fautes grandir jusqu'au ciel, comme il est dit : "Leur bouche s’attaque au ciel, leur langue promène ses ravages sur la terre" (Téhilim 73,9)."

[selon Reich Lakich - guémara Arakhin 15b]

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-> Un juif doit se dire :
"Hachem a eu pitié de moi et m'a donné une âme sainte provenant d'un lieu saint sous le Trône de Gloire et non aux autres nations.
Hachem m'a aussi donné un joyau précieux, la sainte Torah, et ne l'a pas donné aux anges qui la demandaient, mais Il préféra l'accorder à l'humanité.
Comment pourrais-je ne pas apprécier ce joyau et ne pas l'étudier?
Comment puis-je le négliger pour parler de choses banales et me perdre en bavardages non seulement inutiles mais susceptibles de causer de graves dommages? ..."
[...]

-> "Leur bouche est dirigée contre les cieux et leur langue parcourt la terre" (Téhilim 73,9)
Une langue qui médit sur terre peut causer de lourds dommage en haut.
[...]

Celui qui médit de son prochain écarte la Présence Divine d'Israël et lui fait dire : "Moi et lui ne pouvons vivre dans le même monde".
[...]

Un homme qui dit du mal d'un autre est répugnant aux yeux de D.
Hachem dit à l'ange responsable du Guéhinam : "Moi, en haut, Je punirai cet homme. Je lui ferai contracter des maladies pénibles. Toi, en bas [au Guéhinam], tu le puniras après sa mort en le brûlant avec des braises ardentes".

La médisance est si grave que Hachem n'a pourvu aucune partie du corps autant que la langue de protections contre la faute.
Il a placé devant elle une barrière de chair (les lèvres) et à l'intérieur de la bouche une barrière d'os (les dents). Toutes ces précautions ont pour but d'empêcher la langue de fauter.

"Que gagneras-tu et quel bénéfice auras-tu, langue trompeuse?" (Téhilim 120,3).

[compilation personnelle issue du Méam Loez - Tétsavé 28,39]

"Quant à toi, ordonne (tétsavé) aux enfants d’Israël, et ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure, pressée (katit) pour l’éclairage, afin d’allumer la lampe perpétuellement" (Tétsavé 27,20)

-> Le 1er Temple a duré 410 ans, et le 2e : 420 ans.
Ainsi, la Ménora a été allumée tous les jours pendant 830 ans.

Il y a une allusion à cela dans le verset.
Le mot : "katit" (pressée - כָּתִית) est composé des lettres kaf et taf (כת = valeur de 420) et des lettres youd et kaf (ית = qui valent 410).
Ainsi, l’huile doit être "katit" (pressée), pendant les 830 ans de l’existence des 2 Temples (420+410).

La suite du verset est : "afin d’allumer la lampe perpétuellement" (léaalot nér tamid) = cela concerne le 3e Temple, où les bougies vont y être allumées pour toujours/perpétuellement.

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=> Quel est le message que Moché veut transmettre aux générations futures via ce verset?

-> "Ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure" = l’huile d’olive ne se mélange pas avec d’autres liquides, elle a une tendance naturelle à se séparer et à monter vers le haut.
=> Ceci doit nous rappeler que les juifs sont spécifiques/différents et qu'ils ne doivent pas se mélanger et s’assimiler aux autres.
Ils doivent aspirer à s’élever spirituellement vers D. (vers haut) et non vers la superficialité, la matérialité (vers le bas).

En ce sens, le Sfat Emet écrit :
"Le Midrach enseigne que le peuple juif est comparé à l'huile d'olive. En effet, de même que l'huile d'olive ne se mélange pas avec les autres liquides et reste toujours en hauteur, ainsi le peuple juif ne se mélange pas avec les autres nations, et garde une certaine hauteur par rapport à eux.
Mais on peut ajouter que même quand on essaie de remuer et de mélanger l'huile avec un liquide, elle reprendra sa particularité et se séparera de nouveau de ce liquide.
Il en est de même pour les juifs, même quand ils essaient de se mélanger et souhaitent se fondre parmi les nations, ils n'y arriveront pas. Tôt ou tard, on leur rappellera, ou même ils se rappelleront de leur différence avec les autres autres. Le peuple Juif a en lui ce potentiel intérieur de ne pas pouvoir se mélanger."

-> "pressée (katit) pour l’éclairage (lamaor)" = le maor représente la lumière de la Torah (comme il est écrit : "car une mitsva est une bougie, et la Torah est la lumière (or)" - Michlé 6,23).
=> Si l’on veut réussir dans l’étude de la Torah, il faut s’écraser (se "presser"), s’y investir au maximum de nos possibilités, comme l’on dit nos Sages (guémara Meguila 6b) : "Si quelque’un dit : "j’ai peiné, et j’ai réussi", crois-le!" (yagati oumatzati ta’amin - יגעתי ומצאתי תאמן).

-> Le 'Hatam Sofer fait un commentaire similaire :
"Si un homme te dit : "j'ai fait des efforts et je n'ai pas obtenu de résultats [dans mon étude]", ne le crois pas." (guémara Méguila 6b)
= Pour la subsistance matérielle, on ne doit que prier à Hachem, et faire les efforts minimum nécessaires.
Cependant, dans notre lien avec la Torah, on doit "presser l'olive", travailler aussi durement que nous le pouvons, de toutes nos forces pour acquérir la sainte Torah.
(malheureusement on a tendance à faire l'inverse!)]

-> "afin d’allumer la bougie (nér) perpétuellement" = la bougie (nér) représente l’âme du juif ("l’âme de l’homme est une bougie (nér) de D." - Michlé 20:27)
=> Le but du juif dans ce monde est d'élever sans cesse son âme ( = maintenir "allumer la bougie (nér) [de son âme] perpétuellement", malgré le fait que le yétser ara fait souffler un vent pour l’éteindre …).

-> Rabbi Yaakov Yossef Guinez (Haré baChamayim) fait le même développement et conclut :
Le mot katit (concassé) évoque le fait de se donner beaucoup de mal et de fatiguer son corps par des mortifications.
Mais c’est seulement si c’est fait "lamaor", pour le luminaire, que cela sert à quelque chose, c’est-à-dire qu’on méritera la grande lumière de la Torah.
Si l’on se "concasse" pour autre chose, par exemple pour gagner sa vie, cela est inutile, rien ne sert de se donner beaucoup de mal, car cela dépend uniquement de Hachem.

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-> "Afin d’allumer la lampe perpétuellement"

Rachi commente : On allumait jusqu'à ce que la flamme monte d’elle-même.

Nos Sages expliquent que cela symbolise l'obligation des parents et des rabbanim dans l'éducation des enfants en terme de Torah.
Leur objectif doit être de suffisamment les inspirer, pour que cela entraîne la flamme dans l'âme de leurs enfants/élèves, de brûler par elle-même.
Il ne suffit pas de chauffer pour se donner bonne conscience, mais il faut plutôt s'adapter à l'unicité de la personne et s'assurer qu'un feu interne éternel y brûle.

[le feu a la particularité d'allumer d'autres feux sans rien perdre de sa superbe, de même lorsque l'on a un feu de Torah en nous, qui nous permet d'en faire de même autour de nous ...]

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+ "Quant à toi, ordonne (tétsavé) aux enfants d’Israël, et ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure, pressée pour l’éclairage, afin d’allumer la lampe perpétuellement" (Tétsavé 27,20)

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
- "l'huile d’olive" (chémen zayit) = symbolise l'étude de la Torah ;
- "pure" (za'h) = cette étude doit être pure, lichma (désintéressée)
- "pressée pour l’éclairage" (katit lamaor) = représente notre empressement à se sacrifier par amour pour l'étude de la Torah (ex: j'ai envie de me laisser aller, mais en l'honneur de la Torah je vais étudier!).

-> Seule l'huile d'allumage devait être pressée plutôt que pilée, car elle devait être parfaitement pure, sans résidus ni sédiments d'olive.
Et même si de telles impuretés auraient pu être filtrées ensuite, le verset indique que cette huile devait être d'emblée parfaitement pure.
On l'obtenait en pressant légèrement chaque olive, juste assez pour en extraire une seule goutte d'huile. On pouvait alors broyer les olives dans la meule et employer le reste de l'huile pour les sacrifices (seule la 1ere goutte pouvant servir comme l'huile pour la Ménora).
[basé sur le Rachi]

-> "Ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure, pressée pour l’éclairage"
= Lorsque quelqu'un dit des mots sévères de réprimande, cela doit être dans l'unique objectif d'illuminer et d'élever son prochain juif, et jamais pour lui causer la moindre humiliation ou le casser, que D. préserve."
[Rabbi Ména'hem Mendel de Vorka]

[cela est en allusion dans le fait que l'huile d'olive devait être pressée que légèrement, uniquement pour en extraire une seule goutte, sans générer de résidus.
De même, notre réprimande doit se concentrer sur un point important (une goutte à la fois!) et être exprimée avec beaucoup de douceur (pressée que légèrement), sans nullement le blesser émotionnellement (pas de résidu).]

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-> Yirmiyahou (11,16) compare le peuple juif à un olivier : "Hachem t'avait dénommé : "olivier verdoyant, remarquable par la beauté de son fruit""

Le midrach (rabba 36,1) explique l'image du processus pour extraire l'huile des olives : les juifs doivent être attaqués à de nombreuses reprises par les nations du monde, avant qu'ils en viennent à faire téchouva, et à ce moment Hachem leur répond.

Le Chem miChmouël (sur Tétsavé 27,20) développe cette idée :
Il est vrai que les juifs font téchouva lorsqu'ils sont menacés par les autres nations.
Cependant, l'huile se trouve cachée dans l'olive, et les pierres utilisées pour le broyage ne vont que mettre à jour ce qui a toujours été présent à l'intérieur.

De même, le peuple juif est réellement pur et méritant.
Le fait que les juifs se laissent aller à ressembler aux nations parmi lesquelles ils vivent, va entraîner que leur splendeur va être cacher.
L'oppression des autres nations va mettre à jour la réelle beauté du peuple juif, ce qu'ils ont toujours été [dissimulé au fond d'eux-même].

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-> Le midrach (rabba 36,61) commente que l'huile par nature ne se mélange avec aucun autre liquide mais flotte à la surface. De même les juifs ne se mélangent pas aux nations du monde.

Certains commentateurs voient en cela une allusion au repentir, possible pour chaque juif où qu'il se trouve, se fût-il éloigné à l'extrême et eût-il l'impression d'être tombé très bas.
Dès l'instant où il le décide, il est en mesure de remonter à la surface, car l'âme juive ne se mélange pas à l'impureté ce qui lui permet en permanence de revenir entièrement à Hachem.

L'allusion va plus loin : même s'il est "concassé", s'il est abattu par le poids de ses fautes et de ses échecs, il doit être convaincu qu'en un instant, il peut se repentir au point d'être un "luminaire" et d'éclairer l'ensemble du monde.

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-> "Ils prendront vers toi de l'huile d'olive pure" (Tétsavé 27,20)

-> Le midrach explique que la Torah enjoint d'allumer la Ménorah avec de l'huile d'olive. Parce que le peuple juif est comparé à l'olive. Tout comme l'olive livre son huile après avoir été pressée, compressée, écrasée, les enfants d'Israël aussi reviennent vers Hachem quand ils subissent des difficultés dans la vie.
Mais on peut s'interroger. Apparemment, ce n'est pas une gloire pour Israël, que de dire qu'ils reviennent vers Hachem après des souffrances?

-> Le Tiféret Chmouel explique qu'en fait, il s'agit bien d'une éloge faite au peuple juif d'être comparé à l'olive.
L'homme n'aime ni être contrarié ni rencontrer des difficultés. Lorsqu'une épreuve se présente à lui, sa réaction première est de se plaindre ou de s'énerver. Il peut aussi s'attrister et perdre le goût à la vie, D. Préserve.
Ces sentiments de colère ou de tristesse viennent du fait que l'homme désire que les choses fonctionnent comme il le souhaite. Chaque difficulté, chaque occasion où les choses ne fonctionnent pas comme il le veut, l'homme est atteint dans son désir de maîtriser le cours de sa vie.
D'où les réactions négatives qui pourraient s'expliquer par son ego qui a été contrarié. Dans les situations d'épreuve, l'homme ressent que sa volonté n'est pas respectée, et qu'il n'est plus maître de la situation. Ce qui déclenche en lui une réaction de révolte. "Pourquoi les choses ne vont pas comme je le veux?"

Mais le peuple juif a une capacité qui fait son éloge. Du fait de son attachement intrinsèque à Hachem, le juif a le désir de servir Hachem et de se plier devant Lui, d'accepter Sa Volonté même si elle va à l'encontre de la sienne. Cette capacité est le propre du peuple juif.
Et c'est de là qu'il puise la force de se repentir profondément et de revenir vers Hachem quand il traverse des difficultés. Au-delà de la tendance naturelle à se révolter et se plaindre, il pourra chercher au plus profond de lui, s'il en fait la démarche, la force d'accepter la Volonté Divine. Il saura tirer profit de ces épreuves pour "briser" son coeur devant Son Créateur et revenir vers Lui, conscient dans son for intérieur, qu'Il est Juste.
Cet attachement intrinsèque à Hachem fait tout l'éloge du peuple d'Israël, car il témoigne de son lien particulier avec Hachem. Il révèle ainsi que son amour pour Hachem est plus fort que son ego et son amour de soi.

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-> "Et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël de prendre pour toi une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence." (Chémot 27, 20)

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1126) écrit :
"Lorsque les juifs étudient la Michna, qui est une partie de la Torah, toutes leurs âmes s’unissent les unes aux autres. En effet, le mot néchama, lui aussi assimilable au mot chémen du verset (ci-dessus), peut également être rapproché du mot michna.
Quant au terme tétsavé, il fait allusion au terme tsavta (compagnie), connotant alors l’idée selon laquelle, lorsque le peuple juif étudie la Torah de manière solidaire, il crée un lien entre toutes les âmes qui le constituent et permet ainsi Hachem de faire résider Sa présence en son sein."

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1022) enseigne :
"Il est intéressant de remarquer que si l’on décompose le mot zayit (olive - זית), on obtient d’une part les lettres zayin-youd et d’autre part la lettre tav.
Ces premières lettres ont la même valeur numérique que le mot tov (bien), qui se réfère toujours à la Torah.
Quant à la lettre tav, de valeur numérique 400, elle correspond aux 400 puissances impures se trouvant dans le monde, qui perdent leur pouvoir et leur influence lorsque nous nous regroupons (tsavta) pour étudier la Michna et la Torah. Cette étude possède en effet le pouvoir de lier les âmes du peuple juif, tout en "pilant" les forces de l’impureté."

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=> Pourquoi est-ce que la Torah nous ordonne d'allumer la Ménorah spécifiquement avec de l'huile d'olive?

La Ménorah est une allusion à la Torah (guémara Ména'hot 89a).
Le Zohar dit que l'olivier est unique parmi les arbres fruitier, dans le fait d'avoir des olives pendant toute l'année.

De même qu'il a des olives durant toutes les saisons de l'année, de même la lumière de la Torah doit être allumée à toute saison (qu'il fasse très chaud ou bien très froid, qu'il y a un vent fort, de la neige, ... [qu'on ai envie ou pas, que nous traversons une période difficile ou pas de notre vie, ...]).

La guémara dit qu'il n'y a qu'une seul avoda qu'il est permis de faire pendant la nuit dans le Temple, et c'est l'allumage de la Ménorah.
De même, la nuit n'a été créée qu'afin qu'on y étudie la Torah.

=> La Torah se doit d'être d'être étudier de jour comme de nuit, et ce quel que soit le temps.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Ména'hot 89a]

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-> Nos Sages (guémara Horayot 13b) nous enseignent que le fait de manger régulièrement des olives entraîne l'oubli de notre étude de la Torah.

Rabbi Yo'hanan y affirme que de même que manger une olive fait oublier notre étude de la Torah, de même consommer de l'huile d'olive restaure notre étude de la Torah.

[c'est pourquoi le rav Yossef 'Haïm Zonenfeld recommande de manger une olive avec de l'huile d'olive, pour empêcher ses effets négatifs]

- "Quant à toi, ordonne (tétsavé) aux enfants d’Israël" = puisque toi Moché, tu es en train d'enseigner au peuple, ils risquent d'oublier leur Torah ;
- du coup : "et ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure" = qu'ils prennent de l'huile d'olive pure afin de combattre l'oubli.
[Yalkout Haourim - ילקוט האורים]

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-> "Ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure".

Dans le traité Horayot (13), Rabbi Yo’hanan dit: "De même que l’olive fait oublier l’étude de 70 ans, l’huile d’olive donne le souvenir de l’étude de 70 ans."

Le mot zayit (olive 6 זית) a la valeur numérique de 417.
Le mot chemen (huile - שמן) a la valeur numérique de 390.
Si l’on soustrait l’huile de l’olive, il reste 27, ce qui est la valeur numérique du mot zakh (pur - זך).
C’est une allusion à la Torah qui est écrite avec 27 lettres.
En enlevant l’huile de l’olive et en la buvant, on aura l’esprit "pur" pour comprendre la Torah qui est écrite avec 27 lettres.
[Yichma’h Moché]

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-> On peut affirmer de ce verset que l'allumage des bougies de Shabbath vient de la Torah.
En effet, la guématria de : "tétsavé" (תְּצַוֶּה) est la même que : "nachim tsiva" (נשים צוה - les femmes ont été ordonnées).
[Rabbénou Yoël]

"[Il y aura] 6 de leurs noms [de fils de Yaakov] sur une pierre et les 6 noms restants sur la 2e pierre, dans l'ordre de leur naissance ... Tu placeras les 2 pierres sur les épaulettes de l'Ephod en tant que pierres de rappel pour les fils d'Israël. Aharon portera leurs noms devant Hachem sur ses 2 épaules comme rappel" (Tétsavé 28,10-12)

-> Les 2 pierres serties dans 2 montures d'or devaient être placées sur chacun des 2 épaulettes de l'Ephod. Aharon devait porter les noms des 12 tribus comme rappel.
Ainsi, lorsque Aharon accomplissait le service à Yom Kippour, Hachem "regardait" ces noms et se souvenait du mérite des fils de Yaakov, et alors Il prenait en pitié leurs descendants. [Sifté Cohen]

Peu avant sa mort, Yaakov appela ses fils pour s'assurer qu'ils étaient unis dans la voie de D. et que leur foi était parfaite.
A sa question, ils répondirent : "Ecoute Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un" (Shéma Israël ..; - Dévarim 6,4).

Ils s'adressèrent à leur père par son nom : Israël, et lui dirent :
"Ecoute Israël, de même qu'il n'y a aucune pensée répréhensible dans ton cœur, ainsi notre cœur n'a aucun doute vis-à-vis de Hachem. Nous croyons de tout cœur que Hachem est notre D. et Maître, qu'Il est Un et que Son Nom est Un."

Yaakov répondit alors : "Béni soit le nom de la gloire de Son royaume à jamais" (barou'h chém kévod mal'houto ...).
[...]

Lorsque le Cohen Gadol accomplit le service revêtu des vêtements sacerdotaux, le mérite des fils de Yaakov joue en faveur des juifs. [Yéffé Toar]

Les initiales des mots du verset : "6 de leurs noms sur" (chicha michémotam al - שִׁשָּׁה מִשְּׁמֹתָם עַל), forment en hébreu : "Shéma" (שמע). [Baal haTourim]
Les noms [des fils de Yaakov] se trouvaient sur les pierres, pour rappeler le verset : "Shéma Israël", mots par lesquels ils avaient accepté le joug, l'Unicité de Hachem.

Sur chacune des pierres figuraient 6 noms [des tribus] de 25 lettres en tout, allusion aux 2 versets suivants :
-> "Shéma Israël Hachem Elokénou Hachem é'had" ("Ecoute Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un" - שְׁמַע יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָד) ;
-> "Barou'h Chem kévod mal'houto léolam vaéd" (וְאָהַבְתָּ אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ בְּכָל לְבָבְךָ - "Béni soit le nom de la gloire de Son royaume à jamais").

=> En considérant ces versets, nous voyons que chacun est composé de 6 mots et de 25 lettres [comme les 6 noms des fils de Yaakov gravés sur les pierres].
Ces 2 versets constituent le fondement de notre foi en Hachem.
[le verset "barou'h chém ..." ne contient que 24 lettres, mais le verset représente l'unité ajouté à la somme totale faisant un total de 25 - selon le Alshich haKadoch & le Sifté Cohen]

-> "Tu prendras deux pierres de choham, sur lesquelles tu graveras les noms des fils d'Israël" (v.28,9)

Ces "2 pierres" (appelées : pierres de chohan = avné chohan) font allusion aux 2 Tables sur lesquelles étaient gravés les 10 Commandements.
Les lettres du mot "choham" (שֹׁהַם) forment dans un ordre différent : "Moché".
Il s'agissait donc des pierres de Moché, c'est-à-dire des 2 Tables de la Loi (lou'hot).

"Sur ces pierres tu graveras (littéralement : "tu ouvriras" - pita'hta - פִתַּחְתָּ) les noms des enfants d'Israël = Ceci fait allusion aux mérites des juifs qui ouvrent les livres de la Torah et les étudient.
Si les livres ne sont pas ouverts et se couvrent de poussière sur leurs étagères, leur mérite est inexistant.
=> Le privilège du Cohen Gadol d'entrer dans le Michkan et d'accomplir le service Divin est donc dû au dévouement des juifs à l'étude de la Torah. [Alshich haKadoch]

[compilation issue du Méam Loez - Tétsavé 28,12]

"Ainsi que les 7 suivantes (véet chéva anéarot) que devait lui fournir la maison du roi" (Méguilat Esther 2,9)

-> Lorsque Esther fut amenée au palais avec toutes les autres prétendantes pour remplacer Vachti, elle a trouvé faveur auprès de Hégaï, le gardien des femmes, qui lui a alors mis 7 jeunes femmes à sa disposition pour s'occuper d'elle.

Le Nétivot haMichpat (Méguilat Chtarim) explique que bien qu'Esther a refusé de révéler son identité/origine, elle a reçu miraculeusement ces 7 femmes qui étaient toutes juives, et c'était un signe de Hachem lui montrant que bien qu'elle semble abandonnée dans le palais du roi, Il ne l'oubliait pas.

Le Targoum écrit que ces femmes faisaient le maximum pour qu'elle puisse manger casher.
De plus, le midrach enseigne que si Mordé'haï s'asseyait aux portes du palais tous les jours, c'était pour s'assurer que Esther ne mangera aucun aliment non casher.

=> Pourquoi ses servantes et Mordé'haï étaient-ils aussi vigilants concernant la cacherout, plus que sur toute autre mitsva?

Le Gaon de Vilna écrit que les juifs de cette génération ont commis 2 fautes qui les menaçaient d'anéantissement.
Il s'agit :
- du fait d'être allés au festin d'A'hachvéroch et d'y avoir mangés des aliments non-cashers ;
- et également le fait qu'ils se sont prosternés devant une statue à l'époque de Névou'hadnezzar.
[cf. "vous vous prosternerez pour adorer la statue d'or érigée par le roi Nabuchodonosor. Quiconque s'abstiendra de se prosterner pour adorer sera, sur l'heure même, jeté dans la fournaise ardente" (Daniel 3,5-12)]

Puisqu'il y avait 2 fautes à rectifier, il y avait 2 sauveteurs dans la méguila : Esther et Mordé'haï.
Mordé'haï a réparé la faute de s'être prosterné devant la statue en refusant de se prosterner devant Haman, tandis que Esther a rectifié la faute de manger au festin d'A'hachvéroch en mangeant toujours strictement casher.

=> On comprend ainsi mieux pourquoi ils étaient aussi vigilants à lui permettre de manger casher, afin qu'elle puisse accomplir son rôle avec succès.

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+ La statue :

La guémara (Méguila 12a) rapporte qu'à l'époque de Nabuchodonosor, les juifs se sont prosternés devant la statue, la servant extérieurement, mais dans leur cœur ils sont restés fidèles à Hachem.

Rabbi Chimon bar Yo'haï d'y conclure : "Eux n'avaient servi l'idole qu'en apparence (par crainte et non par conviction) [à l'époque de Nabuchodonosor], aussi Hachem menaça les juifs qu'en apparence (afin qu'ils aient peur et qu'ils se repentent) [à l'époque de Pourim"] "

=> Dans quelles circonstances les juifs se sont-ils prosternés devant l'idole de Névou'hanétsar? Pourquoi le décret d'extermination a-t-il eu lieu plusieurs années après?

-> Le midrach (Chir haChirim 7,8) rapporte :
Le livre de Daniel (chap.3) rapporte que le roi Nabuchodonosor (Névou'hanétsar) fit ériger une statue d'or, haute de 30 mètres et large de 3 mètres, dans la plaine de Doura, dans la province de Babylone.
Il ordonna à 23 représentants de chaque peuple du royaume de se prosterner devant la statue, sinon ils seraient jetés dans une fournaise.
Parmi les juifs, 20 d'entre eux se prosternèrent, mais 3 d'entre eux refusèrent de se prosterner : 'Hanania, Mikhaël et Azaria qui furent envoyés dans une fournaise surchauffée et en sortirent miraculeusement indemnes.
Ainsi, dans cette guémara, rabbi Chimon bar Yo'haï attribue à ces 20 juifs qui se sont prosternés dans la vallée de Doura, la cause du décret pris par Haman contre tous les juifs.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Pourquoi n'ont-ils été sanctionnés que plusieurs dizaines d'années après?
C'est parce que lorsqu'ils s'étaient prosternés devant l'idole, le Ciel a été indulgent et n'a pas pris de sanction, car il y avait la menace d'être jetés dans la fournaise en cas de refus et ils étaient sous la contrainte (état de oness).
Mais lorsqu'à l'époque d'A'hachvéroch, ils ont participé avec plaisir au festin sans y être contraints, ils ont montré qu'ils se seraient quand même prosternés devant la statue d'or du roi Nabuchodonosor (Névou'hanétsar), même sans menace.
Le Ciel a alors réexaminé leur attitude dans la vallée de Doura avec sévérité et a suscité le projet d'Haman pour sanctionner la prosternation des juifs devant la statue d'or.

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+ Le festin :

-> Mordé'haï et les membres du Sanhédrin ont demandé aux juifs de ne pas participer à ce festin, mais ces derniers n'ont pas tenu compte de cet avertissement et ont été qualifiés de : "mam'rim" (rebelles - ממרים).
[rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach)]

-> Même s'ils ont mangé de la nourriture cashere, leur participation constituait une faute de profanation du Nom Divin ('Hilloul Hachem).
En effet, le roi A'hachvéroch, après 3 ans de règne, pensait, par un calcul erroné, que les 70 ans d'exil des juifs venaient de s'écouler sans que les juifs ne soient délivrés, selon les prophéties annoncées.
Il se réjouit donc de voir l'espoir des juifs frustré et il pensa que le Temple ne sera jamais plus reconstruit ; c'est pourquoi il organisa ce festin.
Ainsi, tous les juifs qui assistèrent à ces festivités dirent du 'hilloul Hachem, car c'est comme s'ils se réjouissaient de la destruction du Temple.
[le Rif - dans Ein Yaakov]

-> Les juifs de Suse (la capitale), qui ont participé à ce banquet, auraient pu justifier leur présence par un devoir de respect envers le roi et la crainte de représailles en cas de refus.
Cependant, la guémara (Méguila 12a) ne dit pas [qu'il y a eu un décret d'extermination] : "parce qu'ils ont mangé", mais dit plutôt : "parce qu'ils ont profité (néénou)".
Ainsi, ils ont pris plaisir à ce festin au lieu de s'attrister et c'est là essentiellement leur grave faute qui a conduit au décret d'Haman.
[Pir'hé Lévanon]

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=> Quelle est la véritable cause du décret d'anéantissement? Le manque de confiance envers nos Sages!

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou tome.1,p.76-77) enseigne :
Mordé'haï avait interdit aux juifs de participer au banquet offert par A'hachvéroch, mais ils ne l'écoutèrent pas, objectant qu'ils risquaient la mort en cas de refus d'y assister, et ils participèrent au banquet.
Neuf ans plus tard, Haman accède aux plus hautes fonctions de l'état, et alors que le roi a ordonné à tout le monde de se prosterner, Mordé'haï refuse.
Pourtant, se prosterner devant Haman n'était pas un acte réel d'idolâtrie, mais une vague similitude.
Il est possible que Mordé'haï ait pris cette décision, tout en mettant sa vie en danger, pour protéger le peuple et lui faire prendre conscience de la gravité de transgresser toute prohibition liée à l'idolâtrie, afin de réparer 2 erreurs :
- avoir bu du vin fabriqué par des non-juifs lors du banquet ;
- et s'être prosterné devant la statue érigée par Névou'hanétsar.

De nombreux juifs s'indignèrent de l'attitude de Mord'haï qui à leurs yeux, mettait tout le peuple en danger.
Lorsqu'Haman publia le décret d'anéantissement des juifs, il était évident pour eux, du fait qu'après le festin il ne s'était rien passé durant 9 ans, que c'était le refus de Mordé'haï de se plier à l'exigence d'Haman qui était la véritable cause de ce terrible décret.
De plus, leur hostilité envers Mordé'haï était renforcée par le fait qu'après la publication du décret, Esther elle-même a invité à 2 reprises Haman à un banquet en présence du roi.

Cependant, contrairement aux apparences exploitées par le yétser ara, c'est le fait de ne pas accorder sa confiance aux sages, représentées par Mordé'haï, et le refus de s'effacer devant eux qui est la véritable cause du décret.
Mais, après le décret d'anéantissement, ils suivirent l'appel de Mordé'haï au jeûne, à la prière et à la téchouva au lieu de lui en vouloir.
Ce retour à la confiance en nos sages est à l'origine du miracle qui se produisit en leur faveur et de leur délivrance.

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[Le rav Soloveitchik, se basant sur le midrach Tan’houma (début de Noa’h) enseigne que lorsque les juifs ont proclamé : "naasé vénichma", il s’agissait uniquement de la Torah Écrite, et c’est pourquoi Hachem a dû suspendre le mont Sinaï pour qu’ils en viennent à accepter la Torah Orale.
C'est ainsi que Pourim est le jour du don de la Torah Orale. [l'enseignement oral transmis de Sage en Sage!]
=> Cela vient conforter le fait qu'à Pourim, nous fêtons l’importance de faire confiance à nos Sages de la génération, même si nous ne comprenons pas leurs conseils, à l’image du fait que l’on aurait dû écouter Mordé’haï avant (ex: ne pas se rendre au festin, ...), et que notre sauvetage est venu de l’avoir ensuite écouté (en jeûnant, en priant, en faisant téchouva à Hachem!).]

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-> Selon le 'Hatam Sofer (guémara Méguila 14a), le roi A'hachvéroch a invité les juifs au festin qu'il avait organisé dans un but de les élever sur le plan social, et ce pour mieux les assimiler.
A l'inverse de Haman qui voulait nous éliminer physiquement, A'hachvéroch désirait notre mort "spirituelle", la perte de notre identité et de notre foi par l'assimilation, et ce afin de nous faire perdre tous nos mérites protecteurs.

Or, on peut rapporter que :
- Rabbi Akiva dit : Le peuple juif est comparé à un oiseau. De même que l’oiseau ne peut voler sans ses ailes, ainsi le peuple juif ne peut rien faire sans Ses Anciens (en sagesse - nos Sages)"
[midrach Vayikra rabba 11,8]

- La guémara (Nédarim 40a) enseigne : "Si les jeunes vous disent de construire tandis que les Anciens (nos Sages) vous conseillent de détruire, écoutez donc le conseil des Anciens et ignorez les jeunes … Car la "construction" des jeunes est destruction, alors que la "destruction" des Anciens est en réalité très constructive."

=> Il en découle l'importance d'évoluer dans notre vie selon la vision de nos Sages, et non en s'assimilant parmi les nations (être comme les autres, comme par exemple : regarde comment j'ai réussi dans ma vie professionnelle (même le roi m'invite à son festin!).
Le plus important c'est d'être invité éternellement au festin du Roi des rois (Hachem) dans le monde à venir, avec ceux qui ont été justes dans ce monde, qui ont fait de leur mieux la volonté de nos Sages (donc de D.), selon leurs capacités.

"Tu feras une plaque frontale (tsits - צִּיץ) en or pur et tu y graveras, gravé comme un sceau : "Saint pour Hachem (קֹדֶשׁ לַיהוָה)"." (Tétsavé 28,36)

-> Le Ohr ha'Haïm explique sur la plaque frontale il y avait gravé ces 2 mots :
- "Saint" (kodéch - קֹדֶשׁ) = allusion au peuple d'Israël qui est appelé saint par Yirmiyahou (2,3 - "kodéch Israël l'Hachem" - קֹדֶשׁ יִשְׂרָאֵל לַיהוָה) ;
- "pour Hachem" (לַיהוָה) = sous-entend que ce peuple est entièrement dévoué à D. et à Son service.
C'est une raison suffisante pour que D. accepte des offrandes qui, normalement, ne seraient pas aptes à être apportées sur l'Autel.
[ainsi, la plaque frontale permettait d'agréer les offrandes offertes en état d'impureté]

-> Les juifs sont appelés : "saints".
En effet, bien qu'ils puissent fauter, et qu'ils puissent être effrontés, leur véritable volonté est de suivre la volonté de Hachem.
C'est pourquoi le mot : "kodéch" (saint - קֹדֶשׁ) était inscrit sur le tsits en référence au peuple d'Israël, et cela indiquait que les juifs auraient toujours l'opportunité d'être acceptés par Hachem (לַיהוָה).
[Béer Moché]

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-> Selon la guémara (Arakhin 16a), la plaques frontale (le tsits) expie les actions de ceux qui sont effrontés.

-> Tous ceux qui sont effrontés et qui n'ont pas honte, n'ont pas de part à la fois dans ce monde et dans celui à venir.

Si un juif qui avait été effronté regardait la plaque frontale du Cohen Gadol (tsits), alors son cœur se cassait et il en venait à examiner ses actions passées afin de corriger ses fautes.

D'une façon miraculeuse, le nom de Hachem (יהוָה) inscrit sur le tsits était fortement illuminé.
La crainte de D. entrait chez celui qui regardait le tsits, et il s'humiliait devant Hachem.
Cela lui permettait d'expier ses fautes.
[Zohar 2,218]

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-> Une personne qui est effronté n'a pas de crainte du Ciel.

Il est écrit : "Le principe de la sagesse, c’est la crainte de Hachem" (réchit 'hokhma yir'at Hachem - Téhilim 111,10), et également : "sans crainte [de Dieu], point de sagesse" (Pirké Avot 3,17).
Ainsi, avoir de la crainte de Hachem et le fait d'être humble correspondent au trait de caractère le plus important qu'une personne doit posséder.

Le mot : "tsits" (צִּיץ) a la même guématria (190) que : "kéts" (la fin - קץ).
Le tsits (sur lequel il était inscrit : קֹדֶשׁ לַיהוָה), qui nous rappelle la présence de Hachem, est "la fin" de tous les traits de caractère (midot), puisque sans cette mida les autres sont sans valeur.
[Sifté Cohen]

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-> Le tsits était sur : "un cordon de laine bleu azur (té'hélet)" (v.37), en allusion au fait que : le bleu azur est similaire à l'océan, qui est lui-même similaire au Ciel, et ce dernier est similaire au Trône Divin de Gloire (guémara Sotah 17b).

Il est écrit : "Sous Ses pieds [à Hachem], il y avait quelque chose de semblable à une brique de saphir" (Michpatim 24,10)
C'est une référence à l'humilité, nous enseignant qu'une personne doit se faire petite, être pour ainsi dire sous les pieds d'Hachem, pour pouvoir être proche de Lui.
[le Noda biYéhouda]

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-> "Et eux prendront l'or et l'azur" (Tétsavé 28,5)

-> Il est écrit dans le Zohar que le té'hélét (l'azur) a la capacité d'annuler la force des accusateurs et c'est une des raisons pour lesquelles le ciel est de couleur azur.
Le Zohar explique que lorsque l'on observe du feu, les flammes sont constituées de plusieurs couleurs : certaines flammes sont rouges, d'autres sont blanches, d'autres encore ont la couleur de l'or tandis qu'au plus près de la source de la flamme, le feu est de couleur azur.
Lorsque nous voulons faire fondre du métal, il faut atteindre une haute température élevée, au point où il devient azur.
De même, c'est par la force de la couleur azur que nous anéantissons toutes les forces accusatrices.
C'est le secret de la couleur azur des habits du Cohen Gadol qui avaient la capacité de détruire les accusateurs d'Israël.
[Dorech Tsion]

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-> L'effronterie peut être parfois un bon trait de caractère.
En effet, c'est l'effronterie des juifs qui leur donne les forces de surmonter les pressions qui les éloignent de la Torah.
[Ainsi, on ne devra pas avoir honte ni être gêné de faire les mitsvot, même si l'entourage nous est hostile ou se moque de nous. Nous s'armerons d'audace et s'entêterons dans le Service d'Hachem.]

Cependant, l'effronterie qui est mal dirigée peut être hautement destructrice, comme il est écrit : "L’effronté [qui n'accomplit pas la volonté de D.] est voué au Guehinam" (Pirké Avot 5,20).

En inscrivant sur le tsits : קֹדֶשׁ לַיהוָה, nous proclamons que notre effronterie sera utilisée pour sanctifier le Nom de Hachem, et pas pour notre profit.
['Hatam Sofer]

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-> "Tu y graveras [sur le tsits], gravé comme un sceau (pitou'hé 'hotam) : "Consacré à Hachem (קֹדֶשׁ לַיהוָה)"." (Tétsavé 28,36)

Le mot : "sceau" se dit : 'hotam (חֹתָם), et ses lettres sont l'acronyme de : 'hayé (la vie - חיה), té'hiya (la résurrection [des morts] - תחיה), matar (la pluie - מטר).

Or, nos Sages (guémara Taanit 2a) affirment : "Il y a 3 clés que D. n’a donné à personne d’autre que Lui-même, et il s'agit : de la clé de la vie (donner naissance à un enfant), de la clé de la pluie, et de la clé de la résurrection.
=> Ces 3 choses sont : קֹדֶשׁ לַיהוָה (sacré/consacré à Hachem - kodéch l'Hachem)!

[le Gaon de Vilna]

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+ "[La plaque frontale] sera sur son front en permanence" (Tétsavé 28,38)

-> Selon Rachi :
Il est impossible de comprendre que Aharon ait littéralement eu l'obligation de le porter en permanence, puisqu'il n'avait pas le droit de porter son costume quand il n'accomplissait pas le service.

-> Les opinions (guémara Yoma 7b) sont partagées sur le sens de cette expression :

- selon un avis, la plaque frontale obtenait toujours l'expiation, même quand elle ne se trouvait pas sur le front du Cohen Gadol.
- selon un autre, elle ne pouvait apporter l'expiation que lorsque le Cohen Gadol la portait et celui-ci se devait alors d'être en permanence conscient de la porter, il devait donc la palper fréquemment de sa main.

=> Selon le rav Nathan Scherman, ces 2 opinions nous enseignent qu'on ne doit jamais considérer la sainteté comme acquise, et qu'il faut continuellement en avoir conscience.
D'autre part, lorsque nous assumons nos responsabilités, ses effets subsistent même quand nous nous adonnons à nos activités profanes.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2018/08/08/6913

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-> "Tu feras une plaque d’or pur, sur laquelle tu graveras, comme sur un sceau : "Consacré à Hashem" " (Tétsavé 28,36)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Il y a une allusion dans ce Tsits (la plaque d’or) que portait le Cohen Gadol, à toutes les âmes d’Israel qui étaient dans Adam Harishon avant la faute. Il y avait 1000 âmes principales.

[voir Sha’ar Haguilgoulim Hakdamah 38,10 partsoufim, Zou’n débriah, Aba véIma et Zou’n déyétsirah et dé’assiah, chacun composé de 10 séfirot klaliot, elles-mêmes composées de 10 séfirot pratiot]

Au moment de la faute, se sont détachées 90 âmes d’Adam pour ne pas fauter du tout et sont remontées, 90 c’est la guématria de Tsadik, la première lettre de Tsits. 10 âmes sont restées en Adam, même après la faute, 10 c’est la guématria de Youd, le deuxième lettre de Tsits. Pour finir il reste les 900 âmes qui sont tombées sous l’emprise des forces du mal, 900 c’est la guématria de Tsadik Sofit, la dernière lettre de Tsits.
On voit ici comment dans ce Tsits étaient rassemblées toutes les âmes du klal Israel. Le Cohen Gadol devait le porter sur le front pour nous montrer que l’idée première, la pensée originelle de la création du monde entier était justement pour ces âmes là, celles d’Israel. Et la dernière lettre, le Tsadik Sofit était plus grande que les autres, pour nous enseigner que la Guéoula (la grandeur) dépend de la réparation de ces 900 âmes que nous réparons et faisons remonter grâce à nos mitsvot et nos prières.

Une autre allusion que l’on voit dans ce Tsits, est dans le fait qu’il faut qu’il aille d’une oreille à l’autre. Car, comme on a dit le Tsits représente la guéoula par la perfection et la réparation des âmes d’Israel, et cette réparation passe par l’étude de la loi orale, qui est représenté par l’oreille, car elle s’enseigne de bouche à oreille.
Une autre indication sur la manière d’amener la guéoula, se trouve dans l’endroit où il fallait positionner ce Tsits, sur le front. Car le front en hébreu se dit Métsa’h, et s’écrit Mèm, Tsadik et ‘Heth. Si on prend les lettres de l’alphabet qui se trouvent après elles, on obtient Noun, Kouf et Tèth, qui forment le mot Katan.
C’est pour nous enseigner que la guéoula viendra grâce aux gens qui se font petits et humbles, et on voit aussi qu’il faut mettre le Tsits en dessous de la Mitsnéfet
(le couvre-chef du Cohen) car si on prend les lettres qui sont dans l’alphabet avant celles de Misnéfeth on obtient Am Shafal, un peuple bas et humble.

"Fais lui un pantalon en lin pour recouvrir la chair de sa nudité" (Tétsavé 29,42)

Le Cohen devait aussi porter une tunique. Or, celle-ci descendait jusqu’au bas de ses pieds, et recouvrait donc toute sa nudité.
=> Quelle était donc la raison d’être du pantalon que la Torah considère venir couvrir la nudité, si la tunique jouait déjà pleinement ce rôle?

Cela nous apprend que la pudeur ne vient pas uniquement pour couvrir la nudité vis-à-vis de l’extérieur.
Selon la Torah, la pudeur c’est aussi pour soi, même quand on est seul et que personne nous voit.
D'ailleurs, c'est cela l’essentiel même de la pudeur, car elle est alors intrinsèque, indépendante du regard des autres. C’est la pudeur pour elle-même.

C’est pourquoi, même si la tunique recouvrait la nudité vis à vis de l’extérieur, la Torah demande de porter ce pantalon pour se recouvrir pour soi-même.
Cela constitue la pudeur pour elle-même, et ce même si personne ne peut voir cette nudité, qui est déjà couverte.

[Rabbi Moché Sternbuch - Taam Vadaat]

"Et voici ce que tu offriras sur l'Autel : 2 moutons dans leur première année, chaque jour, continuellement.
Le 1er mouton tu offriras le matin, et le 2e mouton, tu offriras l'après-midi" (Tétsavé 29,38-39)

-> Le verset utilise le terme : "aé'had" (le premier - הָאֶחָד) en parlant du sacrifice du matin, car la guématria de ce mot est de : 18.
Cela correspond au nombre de bénédictions dans la Amida, qui a été instituée à la place des sacrifices quotidiens.
[Baal haTourim]

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-> "Chaque jour, continuellement" (layom tamid).

Le commentaire du Choul'han Arou'h par le Rema :
- débute par : "Je fixe constamment (tamid - תָמִיד) mes regards sur Hachem" (Téhilim 16,8) ;
- et se termine par : "Les jours du pauvre sont tous mauvais; mais qui a le cœur content est constamment (tamid - תָמִיד) en fête" (Michlé 15,15).

=> Cela nous enseigne qu'un juif doit toujours avoir dans son cœur ces 2 "tamid" : la crainte de D. qui se trouve constamment face à nous, et la joie permanente provenant d'une confiance totale en Hachem.

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+ " Tu feras un Autel (mizbéa'h) où faire monter l'encens en fumée" (Tétsavé 30,1)

-> Le Rav Pinkous explique que tous les objets du Michkan symbolisent le travail spirituel pour servir Hachem.
C'est ainsi que l'Arche symbolise l’étude de la Torah, la Ménorah représente l’acquisition de la Sagesse, la Table fait allusion à la retenue dans les plaisirs (car c’est sur la table que l’on mange), l’Autel des sacrifices est une allusion au fait de sacrifier son animalité, ...

Tout cela représente un travail ardu et difficile, et l'on risque alors de se dire qu’on ne voit pas le bonheur et le plaisir que cela apporte. A quoi bon de s’adonner à un tel travail!

C’est pourquoi l’Autel des encens est cité tout à la fin (de la paracha Térouma et Tétsavé décrivant le contenu du Michkan et les habits du Cohen Gadol), car les encens diffusent une très bonne et agréable odeur.
=> La Torah vient nous dire qu’à la fin du travail spirituel, l’homme en viendra à ressentir un profond plaisir et un bonheur indescriptible.
Après tous les ustensiles, après tous les efforts, vient la récompense : les encens, représentant le plaisir qui est réservé à celui qui s’adonne à ce travail.

-> Le Mé Hachiloa’h explique que le mot Ketoret (encens) vient de l’araméen signifiant : "attachement".
En effet, par les encens, on reliait et on attachait toute la création avec le Créateur. On proclamait par cela que : "Tout vient du Ciel".

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-> "L’un des agneaux, tu l’offriras le matin, et le second agneau, tu l’offriras vers le soir" (Tétsavé 29,39)

Le Ben Ich ’Haï explique (Chana Richona, Pin’has) pourquoi il fallait apporter en sacrifice un holocauste perpétuel le matin et le soir : celui du matin expiait les péchés commis la nuit et celui du soir, ceux de la journée.
De plus, du fait que l’animal apporté en sacrifice perpétuel était acheté avec l’argent de la communauté, il possédait le pouvoir d’expier les fautes du peuple entier.
Le Ben Ich ’Haï ajoute que le terme : "olat" (holocauste) peut être rapproché du terme tolaa (vers), parce qu’il existe des mauvais anges, correspondant aux puissances impures, qui ressemblent à un ver cherchant à dévorer et à ronger tout ce qui se trouve sur son passage ; en apportant l’holocauste perpétuel, on affaiblissait ces anges et les empêchait de nous porter atteinte spirituellement.

Hachem a créé un équilibre entre les forces du Mal et celles du Bien. Ainsi, de même qu’il existe un mauvais ange nommé tolaa, il existe également un ange pur surnommé ainsi, dont la mission consiste à empêcher son adversaire de remplir la sienne, en affaiblissant son pouvoir.
Or, l’apport de l’holocauste perpétuel transmettait au tolaa pur la force de lutter contre le tolaa impur, comme le laisse entendre la phrase de l’Eternel : "Ne crains rien, vermisseau de Yaakov." (Yéchayahou 41, 14).

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+ "Le premier agneau tu le feras (en sacrifice) le matin, et le deuxième agneau tu l'offriras l'après-midi" (Tétsavé 29,39)

=> Dans la Torah, la nuit précède le jour, c'est-à-dire que le jour commence la nuit qui précède. Ainsi, pourquoi ici, le premier sacrifice se réalise le matin et non le soir qui précède?

Le Midbar Kadech l'explique de façon allusive.
L'agneau symbolise le repentir, quand l'homme décide de maîtriser ses envies. En effet, le mot : "Kévess" (agneau - כבש) a la même racine que le verbe ''maîtriser, dominer'' (לכבוש - likhvoch), allusion au repentir, qui impose à l'homme de se dominer et de maîtriser ses désirs.
Le verset dit : "Le premier agneau (כבש), tu le feras le matin", allusion à la jeunesse. Car le repentir le plus enviable et le plus élevé, c'est celui qui se fait quand on est encore jeune.
Mais, celui qui n'a pas fait cela, pourra encore se repentir quand il sera plus âgé. "Le deuxième agneau", le deuxième niveau de repentir, "tu l'offriras l'après-midi", même quand tu auras pris de l'âge. Ce repentir aussi sera agréé. Il n'est jamais trop tard pour revenir vers Hachem.

Pourim & Prières

+ Pourim & Prières :

-> Selon le rav Karelenstein, de même que Yom Kippour est un jour particulièrement propice à la prière (elles y sont facilement acceptées), de même pour Pourim (ké-Pourim = Kippour).

-> Le Choul'han Aroukh (siman 494) écrit qu'à Pourim nous devons donner quelque chose à tout celui qui ouvre ses mains pour nous demander de la tsédaka.

Selon nos Sages, c'est une allusion au fait qu'à Pourim lorsque l'on demande quelque chose à Hachem, Il nous l'accordera.
[de même que l'on donne à tous sans regarder, de même D. nous exaucera peu importante que l'on soit méritant ou pas.]

-> "Le roi (amélé'h) dit à Esther ... : "Fais connaître ta demande (ma chéélaté'h) ... et elle te sera accordée (vétinatén la'h)" (Méguilat Esther 7,2)

Selon le midrach (Esther rabba 3,10), dans la méguila lorsqu'il apparaît uniquement : "le roi" (mélé'h), alors cela fait référence à Hachem.
=> Ainsi, ce verset est une allusion au fait que D . nous dit : "En ce jour, quoique vous puissiez demander, Je le ferai".

-> Le 'Hidouché haRim enseigne : "Pourim est un temps propice pour tout (zman ratson lakol) ... puisque tout le monde peut agir avec Hachem [par la prière] d'une telle façon qu'Il réalisera toutes les demandes de notre cœur pour le bien (kol mich'alot libénou létova)".

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-> "Mon D., j’appelle de jour et Tu ne réponds pas, de nuit, et il n’est pas de trêve pour moi" (Téhilim 22,3)

Selon la guémara (méguila 4a), c'est une des sources pour l'obligation de lire la Méguila à la fois la nuit et à la fois durant le jour.
Rachi (sur cette guémara) commente : "c'est en souvenir du miracle, car ils ont crié jour et nuit au moment de leurs difficultés".

=> Un objectif essentiel de la lecture de la Méguila est de nous rappeler que par nos prières sincères (cris du cœur) à Hachem, nous avons la possibilité d'être sauvés de toute mauvaise choses (même un décret d'extermination!).

[en mettant l'accent sur nos prières à Pourim, nous matérialisation cette conscience que le miracle a été permis par les prières!]

-> Le Maharal développe également ce sujet, et écrit (introduction au Ohr 'Hadach) : "Le miracle a eu lieu pendant les jours de Haman, car Hachem a écouté leurs prières."

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-> "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons" (Vaét'hanan 4,7)

Le Maharal (Ohr 'Hadach p.68) commente : "La réussite d'Israël et sa délivrance l'ont été par le biais de la force de la prière, grâce à laquelle ils ont vaincu Amalek, comme il est dit : "la voix est la voix de Yaakov" = alors les mains de Essav ne peuvent dominer [le peuple juif]."

[Haman est un descendant de Amalek, d'où notre joie à Pourim d'exhiber fièrement notre arme : la prière!
[Les Amalek de nos jours] veulent nous détruire par des armes toujours plus perfectionnées, mais nous faisant parler notre cœur, et alors on est assuré d'en sortir vainqueurs!]

Le Rambam, à la fin de sa liste des 613 mitsvot, mentionne la mitsva de la lecture de la méguila, et écrit que nous la lisons afin de nous rappeler à quel point Hachem a été proche de nous lorsque nous l'avons appelé, et également pour enseigner aux générations futures la véracité des paroles de la Torah : "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons".

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-> "Mordé'haï ayant eu connaissance de tout ce qui s'était passé [il vient d'avoir conscience des plans de Haman], déchira ses vêtements, se couvrit d'un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers (vayits'ak tséaka gédola oumara - וַיִּזְעַק זְעָקָה גְדוֹלָה וּמָרָה)" (Esther 4,1)

-> Lorsque Essav pris conscience que Yaakov lui avait pris la bénédiction du premier-né : "il poussa des cris bruyants et douloureux (vayits'ak tséaka gédola oumara - וַיִּצְעַק צְעָקָה גְּדֹלָה וּמָרָה) et il dit à son père "Moi aussi bénis-moi, mon père!" (Toldot 27,34).

=> Le midrach fait remarquer la similitude entre le cri poussé par Essav et celui de Mordé'haï.
Il explique que le cri de Essav a généré un mérite à Essav, et que ce mérite était une des raisons expliquant les difficultés des juifs à l'époque de Pourim.
Ce mérite a été vaincu lorsque Mordé'haï a crié pour défendre le peuple juif.

=> La prière est "le cri du cœur", et Pourim est l'illustration de son impact : même lorsqu'un racha prie pour de mauvaises raisons, cela génère un mérite, et à plus forte raison lorsque l'on prie pour de bons motifs.

[Pourim est la preuve que la prière de toute personne (même le plus grand des racha) produit un impact!
Conscient de cela, notre yétser ara cherche à nous faire oublier cette réalité!]

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+ "Mordé'haï, fils de Yaïr, fils de Chimi, fils de Kich" (Méguilat Esther 2,5)

-> La guémara (Méguila 12b) vient nous expliquer :
- "fils de Yaïr = cela nous enseigne que Mordé'haï illuminait les yeux des juifs par le biais de ses prières (méïr éné'hem chel Israël bétéfilato) ;
- "fils de Chimi" = cela indique que Hachem écoutait ses prières/supplications (chama él téfilato) ;
- "fils de Kich" = cela fait allusion au fait que Mordé'haï frappait aux portes de la miséricorde (hikich al dalté ra'hamim).

-> Le Maharcha explique que le peuple juif a pu être sauvé grâce aux prières de Mordé'haï.

-> La guémara ('Houlin 139b) demande où est-ce que Mordé'haï (מרדכי) se trouve en allusion dans la Torah.

On le trouve dans la paracha Ki Tissa (30,23) dans la liste des épices qui sont utilisées dans la création de l'huile d'onction : "myrrhe pure" (mor déror - מָר דְּרוֹר), et Onkelos le traduit en : (méra da'hya - מירא דכיא).

La Torah répète à de nombreuses reprises, à sujet des offrandes : "une odeur agréable à Hachem" (réa'h ni'hoa'h l'Hachem).
De nos jours où nous n'avons plus les sacrifices, à la place nous avons la prière (le service du cœur).
=> Le Gaon de Vilna explique que Mordé'haï est comparé à du "myrrhe, en allusion à sa prière qui produisait une odeur agréable à Hachem, et qui a conduit au sauvetage de tout le peuple juif.

[le Maharal (Ohr 'Hadach) fait remarquer que les mots précédents : "mor déror" sont "béssamim roch" (aromates de [premier] choix), qui fait allusion aux "bessamim" de l'encens (kétoret). Or, les kétorét symbolisent le service Divin et la prière faits dans la pureté.]