Aux délices de la Torah

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Quelques privilèges provoqués par le don de la Torah

+ Quelques privilèges provoqués par le don de la Torah :

-> La Torah et ses commandements furent donnés à Israël car ils ne conviennent qu'à un peuple à la nature spirituelle élevée ... les autres nations n'avaient tout simplement pas les qualifications spirituelles nécessaires.

Non seulement, les autres nations refusèrent la Torah, mais leur nature même allait contre ses enseignements.
Les bénédictions données par leurs ancêtres correspondaient à leur nature profonde, mauvaise et corrompue.
C'est pourquoi Essav avait répondu qu'Its'hak l'avait béni en ces termes : "par ton épée tu vivras (Béréchit 27,40) et Ichmaël que sa bénédiction était d'être un bandit : "Sa main sera contre tout homme" (Béréchit 16,12).

Ceci indique clairement que leur nature intrinsèque était corrompue et que l'honnêteté et l'amour pour leur prochain étaient étrangères à leur personnalité.
Par contre, l'âme des juifs était aussi sainte et pure que les anges.
L’honnêteté et la justice envers autrui faisaient partie intégrante de leur nature. Leur âme avait aspiré depuis toujours à l'honnêteté et à la justice, et ils furent dignes de recevoir la Torah.
[Tiférét Israël (chap.1) - Maharal]

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-> Hachem dit à Israël : "Vous serez pour Moi un trésor particulier parmi toutes les nations" (viéyitem li ségoula mikol aamim - Yitro 19,5) = si vous acceptez la Torah, la lumière [spirituelle] de tous les anges des nations sera vôtre. Je la leur prendrai pour vous la donner.

Cette lumière ne sera pas votre seul avantage, vous en mériterez de nombreux autres par l'observance de la Torah. Je ferai de vous un royaume de Cohanim (prêtres) et une nation sainte (Yitro 19,6)".
[Chné Lou'hot haBrit]

-> "C’est toi qu’Il a choisi, Hachem, pour Lui être un peuple spécial (am ségoula) entre tous les peuples répandus sur la terre" (Réé 14,2)

Le Yalkout Chimoni de commenter :
"L’expression "c’est toi qu’Il a choisi", nous enseigne que chacun des membres du peuple juif est aimé de D., plus que tous les autres peuples de la terre."

-> La différence entre une ségoula et une réfoua, est qu'une réfoua peut être expliquée médicalement, logiquement, tandis qu'une ségoula est une chose qui n'a pas d'explication selon les lois de la science.
Hachem a promis aux juifs qu'ils seront une ségoula. Cela signifie que Hachem nous aime et nous chérit, même quand il n'y a aucune raison pour cela.
De même qu'une ségoula n'a pas forcément besoin d'avoir un sens logique (des fois c'est alambiqué), de même l'amour d'Hachem à notre égard n'a pas pas besoin d'être expliqué. C'est un fait qui ne peut pas être changé.
[de même qu'Il est éternel et infini, Son amour pour les juifs est éternel et infini.]

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2019/01/12/8102-2
-> https://todahm.com/2019/10/03/10910-2
-> https://todahm.com/2019/10/02/10766-2

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-> "Vous serez pour Moi un trésor particulier parmi toutes les nations" (viéyitem li ségoula mikol aamim - Yitro 19,5)

-> Le Arizal explique qu'après la faute d'Adam, de nombreuses étincelles d'âmes furent éparpillées sur toute la surface de la terre et furent mélangées au sein des nations du monde, qui ne sont qu'obscurité et ténèbres, comme il est écrit : "Et la terre était tohu bohu et les ténèbres régnaient sur la surface de l'abîme" (Béréchit 1,2).
Ainsi, le peuple d'Israël fut exilé aux 4 coins du monde afin d'extraire toutes les étincelles saintes qui y furent dispersées.

Nos Sages expliquent que pour libérer ces étincelles d'âmes saintes de l'obscurité, l'étude de la Torah est le moyen par excellence, comme en fait allusion le verset : "Car la mitsva est une lanterne, et la Torah une lumière" (Michlé 6,23).
De la même façon qu'un homme qui a perdu un objet a besoin de lumière pour le retrouver, il en est de même pour la lumière de la Torah qui la capacité d'extraire les étincelles des âmes qui se trouvent dans l'obscurité des nations.

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Yitro 19,5) explique que ces étincelles de sainteté n'ont pas la capacité de s'extraire seules des forces du l'impureté (klipot). C'est par le mérite du peuple d'Israël, affairé à l'étude de la Torah qu'elles seront délivrées. Ces étincelles de sainteté sont ainsi appelées "ségoula" (trésor) ... et c'est la raison pour laquelle le peuple juif fut dispersé aux 4 coins du monde afin de rechercher ce "trésor" perdu.
Ainsi, Hachem dit à Israël : "Et maintenant, si vous écoutez bien Ma voix et si vous gardez Mon alliance" = c'est-à-dire si vous êtes affairés dans l'étude de la Torah et dans le service Divin, alors "vous serez pour Moi un trésor (ségoula) parmi tous les peuples", vous pourrez ainsi rassembler le trésor que sont les étincelles saintes parmi les nations.
"Car toute la terre est à Moi" = toutes ces étincelles dispersées à travers le monde Me reviennent et Je vous enjoins de les récupérer.

C'est pourquoi Moché répondit aux anges lorsqu'il monta aux ciel pour recevoir la Torah : "Etes-vous descendu en Egypte? Avez-vous été asservis par Pharaon? Pourquoi la Torah resterait-elle parmi vous?" (guémara Shabbath 88b ; Sanhédrin 38b).
Si l'enjeu du don de la Torah est avant tout d'extraire de l'obscurité des nations les étincelles des âmes qui y sont éparpillées, si vous les anges, n'avez pas la capacité de descendre dans l'impureté des nations, à quoi vous servirait-elle?
[rav Pin'has Friedman (Shvilei Pin'has)]

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-> "Vous serez pour Moi une סְגֻלָּה Ségoula entre tous les peuples" (Yitro 19,5)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch rapporte plusieurs explications que nous pouvons résumer comme suit :
Israël, contrairement aux autres peuples a été purifié, au pied du mont Sinaï, de l’impureté du Serpent Originel (Zohama). Il est appelé "Ségoula", car il est aussi le "Mystère", le "Secret" et le "Joyau" de D. (tous ces termes qualifiant le sens de "Ségoula"), défiant toute règle de la logique et de la Nature.
En effet, lorsqu’un juif pense à faire une mitsva mais s’en trouve empêché, D. Lui octroie une récompense pour sa bonne intention. En revanche, si sa pensée de faire mal ne se concrétise pas, D. ne lui en tient pas rigueur. Ce principe est non seulement pas vrai pour les autres peuples mais, plus encore, c’est le principe inverse qui leur est appliqué.

De même, les mitsvot sont propres au peuple juif et leur sont exclusivement bénéfiques. Malgré leurs formes "d’adoration" pour le Créateur, la récompense des peuples est sans aucune mesure avec celle d’Israël.
De plus, il leur est interdit de respecter Shabbath ou d’étudier la Torah, au risque d’être condamnés à mort, alors qu’il s’agit du Service divin pour Israël.
Par ailleurs, l’étude de la Torah permet aux juifs de trier les "Etincelles de Sainteté" au sein des peuples, justifiant aussi l’appellation d’Israël de "Ségoula entre tous les peuples".

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-> "Vous serez pour moi une dynastie de Cohanim et une nation sainte. Tel est le langage que tu tiendras aux enfants d'Israël" (Yitro 19,6)

-> Rachi commente : Rien de moins ni rien de plus.

-> Sur ces mots de Rachi, le Shar Shalom de Belz commente
- "rien de moins" = personne n'est inférieur à celui qui n'étudie pas la Torah ;
- "rien de plus" = personne n'est plus important que celui qui étudie la Torah.

-> De son côté, le 'Hatam Sofer commente :
- "rien de plus" = il n'y a rien de plus grand que l'étude de la Torah. C'est le niveau [d'accomplissement] le plus élevé possible.
- "rien de moins" = personne n'est trop petit, à un niveau trop bas, pour ne pas étudier la Torah.

-> Il est écrit : "Je vous ai portés sur l'aile des aigles, Je vous ai rapprochés de Moi" (Yitro 19,4)
L'aigle est un animal non cashère, impur.
Le Sfat Emet explicite ce passage : même celui qui est à un niveau bas et impur (aigle), s'il étudie la Torah alors il sera rapproché d'Hachem.
En effet, peu importe le niveau où l'on est, l'étude de la Torah a la faculté de nous élever à de très hauts niveaux.
C'est ce qui s'est passé en Egypte : les Bné Israël étaient au 49e niveau d'impureté, et Hachem les a amené très proche de Lui jusqu'à ce qu'ils soient aptes à recevoir la Torah, qu'Il leur parle directement.

Le 'Hatam Sofer écrit : "C'est pourquoi la Torah a été donnée ... peu après la sortie d'Egypte, bien qu'ils n'y avaient pas le niveau. Cela indique que nous ne devons jamais perdre espoir d'atteindre une part dans la Torah, même si nous sommes à un niveau bas"
[en ce sens c'est pour cela que l'on se rappelle tous les jours de la sortie d'Egypte, car on doit toujours avoir espoir d'atteindre des grandeurs spirituelles, où et qui que l'on soit! ]

=> Nous devons avoir conscience du pouvoir énorme de la Torah, de la grande lumière de sainteté qu'elle contient.
Quelque soit notre niveau, en se consacrant fréquemment à son étude, la Torah va nous changer, elle va nous élever!

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-> Jusqu'au don de la Torah, les juifs étaient soumis aux forces astrologiques (mazal).
La destinée de chacun était principalement déterminée par son signe astrologique.

A partir du jour où les juifs se tinrent au mont Sinaï, ils méritèrent d'être affranchis de ces forces.
Nos Sages enseignent : "Il n'y a pas d'astrologie pour Israël" (én mazal léIsraël).
Même dans le cas où, selon les signes astrologiques, une personne devrait subir des malheurs, en observant la Torah, elle n'aura rien à craindre. Le mérite de la Torah peut transformer une destinée funeste en son contraire.
[...]

"Tu es monté en Haut, tu as capturé un prisonnier, tu as reçu des cadeaux en tant qu'Homme (Adam)" (Téhilim 68,19)
Ce verset indique que lorsque Moché monta sur le mont Sinaï, les juifs firent 3 acquisitions : la Torah, les cadeaux des anges des nations et le titre d'Homme".
=> Par la Torah, les juifs devinrent l'élément principal de l'humanité et méritèrent vraiment d'être appelés Homme (adam).

Lorsque le serpent incita 'Hava à manger à manger de l'arbre de la connaissance, il couvrit Adam d'une tâche spirituelle (zohama) provenant des forces malfaisantes de l'Autre côté (Sitra a'hra).
Celle-ci demeura attachée à tous les descendants d'Adam jusqu'au don de la Torah.

Lorsqu'Israël se tint au mont Sinaï, cette tâche disparut.
Les juifs se trouvaient sous la montagne suspendue au-dessus de leur tête. Cette situation les fit considérer comme morts.
[La mort fut imposée à Adam et ses descendants, entre autres raisons, pour les purifier de cette tâche spirituelle car seule la mort à ce pouvoir.]

Cependant, les non-juifs ne s'étant jamais tenus au mont Sinaï, cette tâche reste attachée à eux.
C'est pour cela que nous récitons, dans la Haggada de Pessa'h : "S'Il nous avait conduits devant le mont Sinaï mais ne nous avait pas donné la Torah, cela nous aurait suffi (dayénou)".
[En effet, le seul fait de nous amener au mont Sinaï suffit pour effacer la tâche que le serpent avait introduite en l'homme.]
[...]

Suite au don de la Torah, si les juifs avaient suivi le droit chemin et n'avaient pas fauté, ils seraient restés immortels. Mais nos fautes nous ont fait perdre le privilège de l'immortalité ...
Les passages de la Torah concernant la mort (comme le lévirat - Dévarim 24,5 ; ou les héritages) ne furent exposés que conditionnellement, et ces commandements n'auraient alors pas été nécessaires.

A ce sujet, Hachem déclare : "J'ai dit que vous êtes des anges, tous des fils d'en-haut. Mais vous mourrez [à présent] comme Adam" (Téhilim 82,6-7).
Hachem dit à Israël : "Lorsque Je vous ai donné la Torah, Je vous aimais tant que Je voulais vous rendre spirituels et immortels comme les anges. Lorsque vous avez fauté, vous avez mérité la mort comme Adam lorsqu'il transgressa Mon commandement."

Cependant, malgré leur faute, les juifs acquirent un certain degré d'immortalité : une immortalité collective.
Dès que les juifs dirent : "nous ferons et nous écouterons", Hachem décréta que les nations ne pourraient jamais détruire le peuple d'Israël. Quoi qu'elles fassent, Israël en tant que nation demeure immortelle. [Zohar - Balak]
[...]

Lorsque Hachem se révéla à Israël pour lui donner la Torah, 600 000 anges descendirent et remirent à chaque juif 2 couronnes gravées du nom de D. ... la couronne témoignait de la noblesse des juifs ... qui ne seraient plus assujettis à quiconque parce que la Torah avait fait d'eux des rois.

Hachem leur dit : "Vous serez pour Moi un royaume de prêtes (Cohanim) et une nation sainte" (Yitro 19,6). Il est enseigné dans la michna : "Tous les juifs sont considérés comme des fils de roi" ...

Les anges remirent à chaque juif 2 couronnes, comme pour dire : "Tu es à présent supérieur à nous. Nous ne pouvons qu'écouter mais tu peux à la fois écouter et accomplir. Tu mérites donc 2 couronnes."
Selon certains commentateurs, les 600 000 anges donnèrent à chaque juif 2 couronnes.

Nos Sages enseignent qu'aux portes du Gan Eden se trouvent 600 000 anges. A la mort d'un tsadik, ils retirent le linceul dans lequel il était enterré, l'habillent de vêtements spirituels tirés des Nués de Gloire (Anané Kavod) et placent une couronne sur sa tête.
Un tsadik a donc tant de valeur qu'il mérite que 600 000 anges, pas moins, l'accueillent , l'habillent et le couronnent. En effet, dans l'autre monde, les tsadik sont bien supérieurs aux anges.

[b'h, compilation personnelle issue du Méam Loez - Yitro 20,1]

Les juifs sont considérés comme les enfants de D., dont l'âme est liée au Trône de Gloire. Par conséquent, Hachem nous parle constamment car un père ne se retient pas de parler à ses enfants.
Cependant, parce que nous sommes corrompus par nos passions, nous n'avons plus le mérite de L'entendre.

[Méam Loez - Yitro 20,1]

Le don de la Torah = le jour de notre mariage avec Hachem

+ Le don de la Torah : le jour de notre mariage avec Hachem

-> "Shavouot est considérée comme notre jour de mariage, durant lequel Hachem, le fiancé, prend le peuple juif comme Sa fiancée."
[Kédouchat Lévi]
[cf. https://todahm.com/2019/07/08/9650-2 ]

-> La révélation au mont Sinaï était comparable à un mariage faisant d'Israël une nation exclusivement liée à Hachem, comme une femme exclusivement consacrée à son mari.
[Sifté Cohen]

-> Lors du don de la Torah, les nuages représentaient la ‘houpa, et les Tables de la loi : la kétouba.
[rav Ephraïm al haTorah]

-> Selon le Radal (commentaire au Pirké déRabbi Eliézer 41), toutes les coutumes observées pour la cérémonie de mariage ont leur origine au don de la Torah.

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (41) enseigne que lorsque le peuple juif se tint au pied du mont Sinaï, au moment du don de la Torah, Moché l'accompagna sous le dais nuptial. En effet, Hachem sanctifia l'assemblée d'Israël par l'intermédiaire d'une 'houpa et de kidouchin.

-> La bague fut représentée par les 2 Tables de la Loi (lou'hot) tandis que la 'houpa fut incarnée par le mont Sinaï déraciné et placé au-dessus de la tête du peuple juif comme une cloche (voir guémara Shabbath 88a).
Ainsi, les Sages comparent Hachem à un 'hatan (jeune marié) et l'assemblée d'Israël à sa kala.

-> A propos de l'expression : "Qui sanctifie Son peuple Israël par la 'houpa et les kidouchin", la Chita Mekoubétsèt (Kétouvot 7b, citant Guilyon HaTossafot) fait remarquer : "La 'houpa fait référence à la montagne suspendue comme un tonneau, et les kidouchin représentent la Torah car [les Bné Israël] reçurent la Torah. Et c'est une belle explication."

Le Arou'h haChoul'han (Evèn Haézèr 34,4) le dit encore plus nettement : "La 'houpa et les kidouchin sont ceux du Klal Israël, mariés à D. au moment du don de la Torah. La 'houpa était le mont Sinaï, car Il a tenu la montagne en l'air au-dessus de nous comme un tonneau et nous, nous nous tenions au-dessous comme un homme se tient sous la houpa ; les kidouchin étaient le don de la Torah."

Le Aroukh haChoul'han utilise ce point pour expliquer pourquoi la 'houpa précède les kidouchin dans la bénédiction : "Qui sanctifie Son peuple Israël par la 'boupa et les kidouchin" bien qu'en pratique, l'ordre soit inversé.
L'ordre de la bénédiction, selon le Aroukh Hachoul'han, est basé sur les événements survenus au don de la Torah, lorsque la montagne fut soulevée au-dessus du peuple juif, correspondant à la 'houpa, avant que la Torah ou acte des kidouchin, leur soit donnée.

-> De son côté, le Yam chel Chlomo (Kétouvot 7b) affirme que la 'houpa était représentée non pas par la montagne suspendue en l'air, mais par la nuée qui planait sur la montagne. Il écrit : "Cette [bénédiction] renferme aussi une louange et une métaphore du Don de la Torah, car D. effectua les kidouchin avec le peuple juif (en leur donnant) la Torah ... et une nuée recouvrit la montagne comme un dais nuptial."

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-> Rabbi Baroukh Cohen dit que le 2e commandement : "Tu n’auras pas d’autres dieux" symbolise la déclaration de D. à la communauté d’Israël : "Je t’ai épousé et tu n’auras donc pas d’autres époux" (aré at mékoudéchét li).

-> Le Mégalé Amoukot enseigne : lorsqu'un homme dit à une femme "aré at mékoudéchét li" (voici que je te sanctifie pour moi), l'homme sanctifie ainsi la femme qui lui devient permise, et de manière automatique, interdite à tous les autres hommes (Kidouchin 8b ; Choul'han Aroukh Ora'h 'Haïm sim 27,1).
Ainsi, si le 'hatan ne prononce pas le mot : "pour moi" (li - לי), la kala n'est pas sanctifiée.
Lorsque les Bné Israël campèrent devant le mont Sinaï, Hachem leur dit : "Vous êtes pour Moi unique parmi toutes les nations" (viéyitem lo ségoula mikol aamim - Yitro 19,5).
En prononçant le mot "li" (pour moi), Hachem sanctifia le peuple d'Israël pour qu'il devienne unique parmi tous les peuples de la terre.

Le midrach (Vayikra rabba 2,2) affirme qu'à chaque fois qu'il est mentionné dans la Torah le mot "li" (pour moi - לי), il s'agit d'un lien éternel, aussi bien dans ce monde-ci que dans le monde futur.
Hachem sanctifia le peuple juif en prononçant le mot לי afin de faire perdurer le mariage pour toujours.
C'est le sens des paroles du roi David : "Cantique des degrés. Vers Hachem j'ai crié dans ma détresse et Il m'a répondu" (Téhilim 130,1).
Il faut comprendre le verset ainsi : dans les moments de détresse, je rappelle à Hachem qu'il nous a sanctifié par le mariage avec le mot "pour moi" (לי), et ainsi Hachem me répond.

Le Mégalé Amoukot ajoute que le mot לי fait allusion à l'union entre Hachem et l'assemblée d'Israël. En effet, la lettre "lamed" (ל) est la lettre qui a la plus grande taille parmi les 22 lettres de l'alphabet. Or, il est écrit : "Car grand est Hachem et infiniment digne de louanges" (Téhilim 96,4).
De plus, le Arizal explique que la lettre ל fait allusion au Nom d'Hachem dans sa conception. En effet, elle est constituée de 2 lettres : un kaf (כ) à sa base, et d'un vav (ו) au-dessus, qui additionnées, ont une guématria de 26, qui équivaut à la valeur numérique du Nom d'Hachem (יהוה).

A l'inverse, la lettre "youd" (י) est la plus petite des 22 lettres de l'alphabet hébraïque, elle fait allusion au peuple d'Israël comme il est dit : "Car vous êtes les moins nombreux parmi les peuples" (Vaét'hanan 7,7).

Il se trouve donc que lorsque nous unissons la la lettre ל qui fait allusion au Maître du monde avec la lettre י qui fait allusion au peuple d'Israël, nous obtenons לי qui fait allusion à l'union entre Hachem et l'assemblée d'Israël pour l'éternité.

-> Nous pouvons remarquer que dans la majorité des mitsvot de la Torah ordonnées par Hachem, les mots utilisés sont : "vayédaber Hachem él Moché lémor ... dabér él Bné Israël véamarta aléhem (ואמרת אלהם)" (Hachem parla à Moché en disant : parle aux Bné Israël et tu leur diras).
=> La Torah aurait pu mentionner uniquement "parle aux Bné Israël". Pourquoi est-il aussi écrit : "et tu leur diras"?

véamarta aléhem (ואמרת אלהם) : cette expression contient en allusion dans chacun de ses lettres : "aré at mékoudéchét li" (voici que je te sanctifie pour moi (הרי את מקודשת לי), les premières lettres forment le mot : "aléhem" (leur).
Le Mégalé Amoukot explique : ceci afin d'enseigner à Israël que les obligations sont mutuelles, comme dans un mariage à proprement parler. En effet, Hachem doit leur procurer du pain et des habits tel un 'hatan.
Israël, comparé à la kala, devra à son tour accomplir ses obligations envers son 'hatan que sont les mitsvot de la Torah.

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-> L'allégorie compare la relation entre Hachem et le peuple d'Israël à un mariage entre un homme et une femme.
Ainsi, lorsque Hachem leur dit : "Tu n'auras pas d'autres dieux que Moi" (Yitro 20,2), le Créateur interdit le peuple juif à tout autre culte car Il les sanctifia pour Le servir exclusivement.

Or, il est rapporté dans le midrach de Rabbi Néhouria ben Hakana que les mains de l'homme sont constituées de 10 doigts qui correspondent aux 10 commandements. [midrach Yalkout Réouveni Béréchit]
De ce fait, il convient donc de sanctifier la femme par le 2e doigt de sa main qui correspond au second commandement de la Torah : "Tu n'auras pas d'autres dieux que Moi".
Effectivement, lorsque l'homme sanctifie une femme sous la 'houpa, il lui dépose la bague sur le 2e doigt de la main, l'index, en lui déclarant : "Tu es sanctifiée pour moi".
Ainsi, elle deviendra automatiquement interdite à toute autre personne.

Ainsi, la kala qui se tient à la droite du 'hatan présente l'index de la main droite qui correspondent au 2e des 10 commandements qui étaient sur le côté droit des tables de la Loi.
[Bichouroun Mélé'h]

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-> Le mariage [du peuple juif avec Hachem] s'est déroulé au mont Sinaï, et une des raisons pour lesquelles Hachem s'est marié à nous tout de suite après l'esclavage en Egypte est car Il voulait spécifiquement que nous devenions les siens immédiatement après avoir atteint le 49e niveau d'impureté.
Hachem voulait nous montrer que Son amour pour nous est inconditionnel. Même lorsque nous sommes au niveau le plus bas, nous sommes toujours adorés aux yeux d'Hachem.

[Maharal]

-> Le rav David Ashear commente : ainsi, lorsqu'un juif faute et qu'il doit être puni, cela ne veut pas dire que Hachem l'aime moins. La personne a besoin d'une expiation pour pouvoir redevenir pure, mais même pendant la punition, l'amour d'Hachem pour lui ne change pas. Hachem a un amour inconditionnel pour nous et nous sommes censés avoir un amour inconditionnel pour lui.

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-> "Au 3e mois de la sortie des enfants d'Israël du pays d'Égypte, le jour même, ils arrivèrent au désert de Sinaï. Partis de Refidim, ils entrèrent dans le désert de Sinaï et y campèrent, Israël y campa en face de la montagne." (Yitro 19,1-2)

-> Au 3e mois :
selon ce que l'on sait de l'amour que D. a pour le peuple d'Israël et son profond désir de nous donner, en fiancée, Sa sainte Torah, il convient de se demander pourquoi D. a tardé, jusqu'au troisième mois après notre sortie d'Égypte, afin nous donner la Torah.
Le signe d'amour d'un fiancé envers sa fiancée pour la demander en mariage est justement de ne pas tarder.
Hachem donne une raison valable : ce n'est pas un manque de désir, mais uniquement un temps qu'il fallait afin de préparer le 'Hatan (le fiancé).

Les Bné Israël n'étaient pas aptes à recevoir la sainte Torah, ayant vécu un grand nombre d'années sur une terre impure au sein d'un peuple impur ils étaient comme une femme impure parmi eux.
Il fallu qu'ils comptent sept semaines de purification, comme une femme impure qui, avant de se purifier dans un mikvé, doit compter sept jours de pureté.
La preuve : que dès qu'ils ont achevé cette période de préparation, le jour même où ils sont partis, ils sont arrivés devant le Mont Sinaï. C'est ce que le verset précise ce jour même.

J'ai constaté à travers le comportement de D. envers nous la grandeur de l'amour qu'il a pour le peuple d'Israël.
Effectivement, pourquoi D. a-t-il tant rallongé le chemin des Bné Israël « en les faisant trainer » jusqu'au troisième mois aprés leur sortie d'Egypte?

Cela vient nous prouver combien Hachem était impatient de nous donner la Torah. Il n'a pas voulu les amener devant le Mont Sinaï et les faire attendre 3 mois avant de célébrer le mariage.
Ainsi, Il a choisi de les laisser tout ce temps loin de la 'Houpa, (le dais nuptial) afin qu'ils deviennent purs pour recevoir la Torah.
Par contre, dès que le peuple d'Israël (la fiancée) fut prêt à entrer sous la 'Houpa, et sans plus attendre, Il les a amenés, devant le Mont Sinaï.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

-> Ils ont quitté Réfidim :
Puisque ce jour-là était si désiré, espéré et attendu par le Créateur, pour la Torah, pour les mondes supérieurs et celui du bas, depuis la création du monde, tous attendaient ce moment avec impatience. Quand les Bné Israël vont-ils se présenter au mont Sinaï?
C'est pour cela que dès qu'ils sont arrivés là-bas, D. n'a pas pu contenir sa joie et immédiatement, il décrit dans sa Torah ce jour même sont arrivés les enfants d'Israël!

Ce jour-là, est arrivé le peuple tant aimé et désiré à la rencontre d'Hachem, et ils se sont attachés à Celui qui les aime si profondément; et qui Lui-même, est si aimé et désiré par ce saint peuple.
Et se sont réjouis le Ciel et la Terre!
C'était tout le but de la création, et son plus profond désir, et ce à quoi elle aspirait. Ensuite, la Torah raconte les détails de leur voyage.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> C’est seulement lorsque D. a vu l’amour du peuple juif et son profond désir de s’unir à Lui, qu’Il a commencé à leur donné la Torah.
[Pessikta Rabba 21]

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-> [Juste avant le don de la Torah,] Moché parcourut le camp en réveillant le peuple et en annonçant : "Le moment est venu d'amener la fiancée sous le dais nuptial".
Le verset y fait allusion : "Moché amena le peuple hors du camp à la rencontre de Hachem" (Yitro 19,17).
=> Israël était comparable à une fiancée et Moché aux demoiselles d'honneur qui la conduisent vers son fiancé.

Dans Son humilité infinie, Hachem alla à la rencontra d'Israël et le précéda jusqu'au pied de la montagne, ainsi que le verset y fait allusion : "Hachem, Tu sortis devant Ton peuple" (Téhilim 68,8).
=> Au moment de donner la Torah, Hachem honora Son peuple en avançant, si l'on peut dire, à sa rencontre.
[...]

Quand la Torah a été donnée, Israël devint une nation entièrement vouée à Hachem.
=> Israël était désormais comme une femme mariée qui ne peut connaître d'autres hommes.
"Tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi" (Yitro 20,3) = les dieux étrangers sont interdits à Israël comme les hommes étrangers à une femme mariée.

Hachem nous promit également de ne jamais nous abandonner pour une autre nation.
Lorsqu'un homme signe un contrat de mariage (kétouba), il s'engage à ne pas divorcer de sa femme contre son gré.
=> De la même façon, Hachem promit de ne jamais rompre Son alliance avec Israël.

Lorsque nos Sages comparent Israël et Hachem à des époux, cela n'est certainement pas à prendre littéralement. L'idée est utilisée allégoriquement pour évoquer l'amour profond que D. éprouve envers Israël.

Dans le midrach, rabbi 'Hiya haGadol expliqua pourquoi la Torah fut donnée le 3e mois de la sortie d'Egypte. En effet, selon la loi juive, une femme qui se convertit, une prisonnière libérée ou une esclave affranchie n'est pas autorisée à se marier avant les 3 mois qui suivent sa conversion ou sa libération. [guémara Yébamot 34b]

En Egypte, les juifs étaient prisonniers et esclaves. Lors de la sortie d'Egypte, ils devinrent semblables à des convertis.
Le don de la Torah (comparable à un mariage par lequel Israël devint, si l'on peut dire, l'épouse de D.) exigeait une période d'attente de 3 mois.
Pendant cet intervalle, les juifs se purifièrent totalement de l'impureté dont ils s'étaient souillés en Egypte. Cela ressemblait au cas d'un converti, d'une prisonnière ou d'une esclave affranchie, tenue d'attendre 3 mois avant de se marier afin que ses enfants légitimes ne soient pas confondus avec les autres.
La Torah ne pouvait être donnée immédiatement après la sortie d'Egypte car les juifs étaient encore souillés par les mauvaises actions commises en imitant les égyptiens.

Si, dans le cas d'une femme, la période d'attente est de 3 mois entiers (soit 90 jours), la Torah fut donnée 49 jours seulement après la sortie d'Egypte.
En effet, bien que la situation fût comparable dans l'allégorie, elle n'était pas rigoureusement semblable.
Cependant, on peut tout de même dire qu'il y avait 3 mois d'intervalle : Nissan, Iyar et Sivan.
["Le 3e mois de la sortie des juifs du pays d'Egypte" - Yitro 19,1
Nos Sages expliquent également que puisque les juifs venaient d'un pays impur et étaient comme une femme nida, ils devaient compter 7 semaines de purification (7 semaines entre Pessa'h et Shavouot) comparable aux 7 jours de la pureté de la femme.]
[...]

Il est écrit littéralement que les juifs se tinrent : "sous la montagne" (Yitro 19,17 - béta'htit ha'ar).
Le mont Sinaï fut déraciné et resta suspendu en l'air au-dessus de la tête des juifs.
La montagne scintillait comme du pur cristal.
Les juifs se trouvèrent alors réellement "sous la montagne".

Le mont Sinaï ressemblait à un dais nuptial.
La révélation au Sinaï ressemblait à un mariage lors duquel Hachem prit Israël comme épouse et en fit Son peuple.
Le ciel et la terre constituaient les 2 témoins, la Torah faisait office de contrat de mariage (kétouba) avec pour dais nuptial ('houpa), le mont Sinaï.

[Le Yalkout Chimoni rapporte que] le mont Sinaï s'élargit considérablement. En effet, Hachem enjoignit la montagne de s'étendre afin que [tout] le peuple entier puisse se tenir dans son ombre.
Un miracle semblable se produira, lors de la rédemption finale, lorsque tout Israël se rassemblera à Jérusalem.
Hachem dira à la ville de s'étendre.
[...]

La guémara (Béra'hot 6b) enseigne que la Torah fut donné par 5 sons (kolot) mentionnés dans la Torah : "il y eut des sons (kolot)" (v.19,16) [le pluriel indique qu'il y en avait deux] ; "il y eut un très fort son (kol) d'une corne de bélier" (v.19,16) ; "il y eut le son (kol) de la corne de bélier qui augmentait beaucoup en intensité" (v.19,19) , ce qui fait 4.
Enfin, le verset : "Moché parlait et Hachem répondait par une voix (kol)" (v.19,19).

[Selon cette même guémara,] Si l'on assiste à un repas de mariage sans réjouir les mariés, on commet la faute de négliger les 5 sons par lesquels Hachem bénit Israël mentionnés dans le verset : "Le son de joie (kol sasson), le son d'allégresse (kol sim'ha), la voix du marié (kol 'hatan), la voix de la mariée (kol kala), la voix de ceux qui disent (kol omrim) : "Remerciez D."" (Yirmiyahou 33,11).

A l'inverse, celui qui réjouit les nouveaux mariés mérite la Torah qui fut donnée par 5 sons.

[Selon le Abarbanel, ] il s'agit là d'une récompense appropriée : le don de la Torah ressemblait véritablement à un mariage, et à ce moment là, Israël atteignit une relation unique avec Hachem, comme une mariée avec son époux.

[b'h, compilation personnelle issue du Méam Loez - Yitro 20,1]

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-> Lorsque la Présence Divine reposait parmi les juifs, dans le Michkan, dans le 1er et 2e Temple, la situation était semblable à une union conjugale.
Le jour où la Présence Divine pénétra dans le Michkan était comparable à un jour de noces.
[Méam Loez - Pékoudé 40,38]

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-> "Hachem parla en ces termes à Moché, dans le désert du Sinaï (midbar Sinaï), dans la Tente d’Assignation (Ohel Moéd), le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d’Egypte" (Bamidbar 1,1).
=> Pourquoi la Thora précise-t-elle par 2 fois le lieu où Hachem a parlé à Moché : "dans le désert du Sinaï" et "dans la Tente d’Assignation"?

-> Le Kli Yakar donne l'explication suivante :
les 2 expressions ("dans le désert du Sinaï» et "dans la Tente d’Assignation") correspondent aux 2 unions avec D. que vécurent les Bné Israël : le Don de la Thora ("dans le désert du Sinaï") considéré comme les "Fiançailles", et l’inauguration du Michkan ("dans la Tente d’Assignation") considérée comme le "Mariage" (la Chékhina résida véritablement au sein du peuple juif lorsqu’ils furent comptés le premier jour du mois d’Iyar. Soit 30 jours après l’inauguration du Michkan [le 1er Nissan], car prit fin alors le temps du mariage, "durant30 jours la mariée est appelée Kala" (voir Rachi sur la Michna Yoma 8,1), et commença celui de la fixation de la Résidence divine).

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-> "La Torah que Moché vous a prescrite est un héritage (moracha) pour l'assemblée de Yaakov" (Vézot haBéra'ha 33,4)

Rabbi 'Hiya (guémara Pessa'him 49b) commente : "Ne lis pas moracha (héritage), mais méorassa (fiancée)."

Le Haflaa (sur guémara Kétoubot 7b) commente : "ainsi les fiançailles (kidouchin) et le mariage ('houppa) entre Hachem et l'assemblée d'Israël, qui ont scellé une union indéfectible, ont tous 2 eu lieu lorsqu'on s'est tenu devant Hachem au mont Sinaï."

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-> "Ils se tinrent debout au bas de la montagne" (Chémot 19,17)
Rabbi Avdimi bar 'Hama bar 'Hassa apprend que Hachem renversa sur l'assemblée d'Israël la montagne comme une coupole.
Puis Hachem leur dit : "Si vous acceptez la Torah, c'est bien, sinon là sera votre tombe!" [guémara Shabbath 88a]

-> Le Torah Ohr enseigne :
A la sortie d'Egypte, l'assemblée d'Israël n'avait pas un niveau spirituel élevé.
Cependant, l'amour qu'Hachem a dispensé à Ses enfants leur a communiqué réciproquement, un élan d'amour envers Hachem jusqu'à déclarer : "Naassé véNichma" et avoir mérité de recevoir la Torah.
Alors, Hachem a manifesté Sa satisfaction et Son amour intense en renversant sur eux la montagne (har) afin de les entourer dans toutes les directions.
En effet, la montagne symbolise l'amour et l'affection d'Hachem pour Ses enfants, puisqu'Avraham est appelé "har", lui dont tout le service Divin était l'amour porté à son prochain.

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-> "Il donna à Moché, lorsqu'il eut achevé de parler avec lui sur le Mont Sinaï, les 2 Tables de la Loi" (Ki Tissa 31,18)

Rachi commente que :
"[Dans la Torah] le mot : kékaloto (כְּכַלֹּתוֹ - lorsqu'il eut achevé) est écrit sans vav (ככלותו), et peut donc être lu : kékalato ("comme sa nouvelle épouse") : La Torah lui a été remise en cadeau, comme l’épouse à l’époux (guémara Nedarim 38a). Car il ne pouvait pas, dans un temps aussi limité, l’étudier dans tous ses détails.
Autre explication : De même que la fiancée, [le jour du mariage], est parée des 24 ornements énumérés dans le livre de Yechayahou (v.3,18 et suivants), de même l’homme érudit doit-il être instruit dans les 24 livres de la Torah."

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-> Il est écrit dans le midrach Chokher Tov (119,97) :
"Le roi Chlomo dit : "La Torah est comparable à une brebis d'amour" (Michlé 5,19), et elle est pleine de grâce.
Tous ceux qui s'approchent d'elle se mettent à l'aimer et Hachem dit au peuple d'Israël : Pourquoi vous égarez-vous avec des filles étrangères ; c'est justement pour cela que Je vous ai donné Ma Fille : la Torah."

-> Le midrach Chémot (rabba 41,6) écrit :
"Tout celui qui dit des paroles de Torah qui ne sont pas agréables et désirables pour ceux qui les entendent comme une fiancée aux yeux de son fiancé, il ferait mieux de ne pas les dire.
D'où apprend-on cela? Car lorsqu'Hachem a donné la Torah au peuple d'Israël, elle était agréable et désirable comme une fiancée (kalla) pour son fiancé ('hatan)."

-> "Si tu t'éloignes de la Torah même un seul jour, alors elle s'éloignera de toi 2 jours.
Cela ressemble à 2 personnes qui se sont croisées et ont continué leur chemin pendant une journée entière. A la fin de la journée, elles se trouvent éloignées à 2 jours de distance."
[guémara Béra'hot Yérouchalmi 9,5]
[d'une certaine façon cela représente un couple qui doit marcher ensemble dans la même direction]

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-> Rabbi 'Hanina ben Aguil demanda à Rabbi 'Hiya ben Abba : "Pourquoi (dans le Commandement relatif au respect des parents) n'est-il pas dit : "tov" dans les 1eres Tables de la Loi (rapportées dans la paracha Yitro), alors que ce mot "tov" figure dans les seconde Tables (rapportée dans la paracha Vaét'hanan)?" ...
Rabbi Tan'houm dit ... le mot "tov est absent des 1eres Tables, car elles finiront par être brisées.
Objection : même si elles seront finalement brisées, en quoi cela justifierait-il l'absence du mot "tov" dans ces Tables (lou'hot)?
Rav Achi répond : si le mot "tov" était écrit dans les 1eres Tables, le bonheur aurait disparu de ce monde, qu'Hachem nous en préserve.
[guémara Baba Kama 54b et 55a]

-> La Pisskata Zoutrata (Dévarim 5,11) écrit :
"Pour justifier l'absence du mot "tov" (טוב), donc l'absence de la lettre ט (tét) dans les 1eres Tables de la Loi, on peut citer la parabole suivante : un roi a volontairement écrit un contrat de mariage inapte (passoul) afin que dans l'hypothèse où cette femme lui serait infidèle, elle ne soit pas considérée comme une femme mariée et échappera ainsi à la sanction.
De même ici, Hachem a fait écrire les 1ere Lou'hot (contrat de mariage entre Hachem et les Bné Israël) sans la lettre ט (tét), les rendant ainsi inaptes, et c'est comme si les "fiançailles" des Bné Israël n'avaient jamais eu lieu.
Ainsi, les Bné Israël ont été épargnés d'une destruction après la faute du Veau d'or."

-> Le 'Hatam Sofer fait un commentaire avec une idée similaire :
Il est écrit : "Souviens-toi ... de Tes serviteurs à qui Tu as juré par Toi-même" (Ki Tissa 32,13).
Moché dit à Hachem qu'Il avait fait serment à Ses serviteurs : Avraham, Its'hak et Yaakov, en jurant sur la Torah qui contient toutes les 22 lettres de l'alphabet, en allusion à la guématria du mot [du verset] : "ba'h" (par Toi même - בך) : 22.
Donc l'absence d'une seule lettre, la lettre ט (tét), dans les 1eres Tables de la Loi, est en faveur des Bné Israël qui ne devraient pas être sanctionnés à la suite de la faute du Veau d'or, grâce à cette lettre manquante.

Le roi David fait aussi cette même allusion dans le verset : "Certes (akh - אך), D. est bon pour Israël"(Téhilim 73,1), où le mot אך de guématria 21, fait allusion aux 21 lettres (au lieu de 22, car la lettre ט (tét) est absente dans les premières Tables de la Loi brisées).
Ainsi, la brisure des Tables de la Loi (contrat de mariage entre Hachem et les Bné Israël) ne fera pas cesser les bienfaits d'Hachem envers Israël. [ce qui témoigne de l'infini bonté, amour, d'Hachem à notre égard, et qui nous a choisi en nous donnant la Torah!]

-> Rabbi Yhochoua ben Lévi dit : "Voir la lettre ט (tét) dans un rêve constitue un bon présage" (guémara Baba Kama 55a).
Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik 4,57) explique cela :
"Au début de la 1ere paracha (Béréchit), la lettre ט (tét) n'est employée pour la 1ere fois qu'à la 121e lettre dans le mot : "tov" (טוב). Du fait qu'elle est mentionnée la 1ere fois pour le bien, cela est une preuve qu'elle est toujours associée au bien, même si parfois cette lettre ט (tét) apparaît ailleurs dans des mots qui correspondent au contraire du bien.
De façon plus générale, la première fois où une lettre, un mot ou une notion apparaît dans la Torah, c'est là sa racine, c'est là sa réalité essentielle".

[A Shavouot, Hachem nous donne le plus grand (tov) = la possibilité d'être toujours plus proche de Lui, par le biais de la Torah!]

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-> A Shavouot, nous sommes capable de détourner notre regard des distractions de la vie quotidienne pour rencontrer de nouveaux le regard plein d'amour d'Hachem [à notre égard].
[rabbi Nathan de Breslev]

[la Torah ne doit pas être vue comme une série de contraintes, mais plutôt comme le signe ultime de l'amour d'Hachem à notre égard, en nous donnant ce qu'Il a de plus cher : Lui-même!]

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Lorsque nous (les juifs) avons reçu la Torah, Hachem a dit : "En ce jour, tu es devenus le peuple!"
Avec la Torah il y a un peuple, sans Torah il n'y a pas de peuple, et selon rabbénou Saadia Gaon : "Notre peuple n'est un peuple uniquement lorsqu'il se trouve dans la Torah" ...
Puisque Hachem nous a mariés avec la Torah, si un homme n'étudie pas la Torah, la jeune mariée va se plaindre auprès de son père, Hachem : "Avec qui m'as-tu mariée? Mon mari n'est jamais à la maison, il ne m'adresse jamais la parole!" ...
Rabbi Chimon ben Lakich a dit : "celui qui prononce des paroles de Torah, qui ne sont pas exquises à ceux qui les entendent, comme est chère une nouvelle mariée à son époux, il aurait été préférable qu'il ne les prononce pas. Car lorsque Hachem a donné la Torah à Israël, elle leur était aussi chère qu'une jeune épouse pour son époux" (midrach Chémot rabba 41,5).

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-> Le midrach (Tané déBé Eliyahou 17) enseigne :
Puisqu'Israël accepta le joug de la royauté divine dans la joie en déclarant : "Tout ce que Hachem dira, nous ferons et nous écouterons", immédiatement Hachem dit à Moché : "Parle aux Bné Israël ... Ils me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" (Térouma 25,8).

=> Tout comme le jeune marié qui amène son épouse dans leur nouvelle demeure, dans laquelle ils vont se découvrir et s'unir, Hachem désira édifier le Sanctuaire afin de faire résider Sa présence et déverser sur l'assemblée d'Israël Sa bonté infinie.
[d'après le Tsor ha'Haïm - Térouma]

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-> Au don de la Torah, les juifs se sont mariés avec Hachem.
Par conséquent, selon le Tachbetz (Katan 466-67), de nombreuses coutumes du mariage juif proviennent de cette expérience :
- par exemple, la coutume d'avoir des jongleurs de feu à la fête, découle du tonnerre et de la foudre qui ont accompagné le don de la Torah au mont Sinaï.
- de plus, de même que le nom d'Hachem est mentionné 14 fois dans les 10 Commandements (Asséret haDibrot), de même le nom d'Hachem est mentionné à 14 reprises dans les Chéva Bra'hot qui sont récitées sous la 'houppa.

- selon le Pri Mégadim (Michbétsot Zahav), le fait que le 'hatan brise un verre sous la 'houppa, est afin de rappeler la faute du Veau d'or, dont la résultante a été que les 1eres Lou'hot ont été brisées.

=> Pourquoi souhaitons-nous gâcher le moment joyeux du mariage par cette pensée si sérieuse?

-> Rabbi Yoël Teitelbaum répond qu’un des effets secondaires de la brisure des Lou'hot a été que cela a provoqué que les juifs oublient la Torah qu'ils étudient (guémara Erouvin 54a). [sans cela on oublierait jamais aucune parole de Torah que nous apprendrions]
Nous cassons le verre sous la 'houppa pour fournir une leçon au 'hatan et à la kalla : le moyen de réussir à construire une maison de paix et d'amour est en acquérant le trait de l'oubli.
Lorsque chaque membre du couple choisit d'oublier les offenses que son conjoint peut lui faire, alors leur vie à tous les deux sera remplie de bonheur.

[on casse le verre au mariage pour rappeler que la faute du Veau d'or a brisé les Lou'hot et donc entraîné l'oubli de la Torah. Cela enseigne au couple que cette capacité d'oublier est une arme (évidemment si nécessaire on discute à froid de ce qu'il est important de changer dans le couple), mais à l'inverse on doit faire un travail à se focaliser sur les qualités, sur les choses positives de son conjoint, pour la/le rendre sublime à nos yeux.
Or la tendance naturelle est inverse, on se focalise, on garde en tête le négatif de l'autre, et on prend pour acquis/normal, ce qu'il peut faire de bien.
De même, on doit aller contre notre nature pour garder en mémoire la Torah que nous étudions. ]

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+ Comme un 'hatan salue sa kalla :
-> Lorsque les mondes ont été unis et que les barrières entre Hachem et le peuple juif se sont effondrées, au moment du don de la Torah, Hachem n'a pas attendu que Sa nation bien-aimée vienne à lui.
Plutôt Il est allé la saluer [en signe d'amour] comme un 'hatan va saluer sa kalla (Mékhilta Yitro bé'hodech 3).
De plus, Son amour pour eux était si grand qu'Il a décidé de se faire une résidence permanente dans ce monde inférieur (Michkan), afin de pouvoir toujours rester avec eux.
[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov - 2e discours matan Torah]

"Je [Hachem] vous ai porté sur des ailes d'aigles" (Yitro 19,4)

-> Rachi explique que contrairement aux autres oiseaux, l'aigle porte ses petits sur lui.
En effet, il se dit que si des chasseurs lui lancent des flèches, il est préférable que ces flèches entrent en lui plutôt que sur ses petits.
Ainsi, les égyptiens lançaient des flèches et des projectiles de pierre, et c’est la nuée qui les recevait.

=> Plus profondément, quelle comparaison y a-t-il entre cette attitude de l'aigle et Hachem?

Nos Sages disent qu'avant l'ouverture de la mer, les anges accusèrent les juifs en affirmant : "Les juifs ne sont pas mieux que les égyptiens, tous deux ont commis l'idolâtrie. Ainsi, pourquoi est-ce que Tu sauves les juifs et Tu anéantis les égyptiens?"

Cette question accusatrice est comparée à une ''flèche'', que les anges tirèrent à l'encontre des juifs.
Certes Hachem n'avait pas réellement de réponse satisfaisante à cette question. Mais cependant, Il était prêt à assumer une question sans réponse, plutôt que de causer du
tord à Son Peuple.

=> Lui aussi, à l'image de l'aigle, a dit : "Il est préférable que la flèche entre en Moi", Je suis prêt à supporter cette objection sans réponse, "plutôt que la flèche entre en Mes Enfants" : le peuple juif, et ne leur cause du tord.

['Hidouché haRim]

"Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

-> Nos Sages disent que le Shabbat n'est pas qu'un simple jour, c'est aussi une entité spirituelle d'une très grande élévation. Cette réalité spirituelle est la fiancée du peuple juif.
[ex : la guémara (Shabbath 119a) rapporte qu’à l’entrée du Shabbath, rav Yanaï chantonnait : "Viens, fiancée, viens, fiancée!" (bo’i kala, bo’i kala! – c’est d’ailleurs devenu la conclusion du lé’ha dodi).]

Si le Shabbat, c'est le 7e jour de la semaine, c'est parce que c'est en ce jour (le samedi), que se réalise le mariage entre le peuple juif et sa fiancée, le Shabbat.
Par ailleurs, nos Maîtres affirment qu'il est interdit de se marier avec une femme avant de l'avoir vu au préalable.

C'est pourquoi la guémara dit que chaque jour de la semaine, on doit penser au Shabbat.
Ainsi, si on trouve au marché un beau poisson ou un beau fruit, on doit le réserver pour le Shabbat.
Le fait de penser et de préparer le Shabbat au cours des jours de la semaine, cela constitue le fait de voir sa fiancée avant le jour du mariage. Et c'est cela qui nous permettra de procéder au mariage quand viendra le samedi, jour du mariage.
[en hébreu au lieu d'appeler les jours : lundi, mardi, ..., on les appelle en fonction du Shabbath : 1er jour (yom richon), 2e jour (yom chéni), ...]

=> Cela est en allusion dans le verset : "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" = en se souvenant du Shabbat tout au long de la semaine, cela est considéré comme le fait de rencontrer sa ''fiancée'' avant le mariage.
Et cela nous permettra de "le sanctifier", c'est-à-dire de pouvoir procéder au mariage (appelé ''sanctification (Kidouchin)''), quand viendra le moment : le 7e jour de la semaine.

[le Imré Shéfer]

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-> "Souviens-toi du jour de Chabat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

A propos de ce souvenir dont parle le verset, Abrabanel explique que la nature de l’homme veut qu’il oublie les lois du Shabbat.
Pendant toute la semaine, il s’occupe de diverses travaux qui lui sont interdits le jour du Chabat. L’habitude l’amènera certainement à l’oubli du Shabbat.
C’est pourquoi le verset a estimé nécessaire d’éveiller la force du souvenir pour qu’il se rappelle le jour du Shabbat et s’abstienne de faire des travaux.

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+ Lien entre Shabbath & respect des parents :

-> La 4e mitsva consiste à se souvenir du Shabbat (Yitro 20,8-11) et la 5e est celle d’honorer ses parents (Yitro 20,12). Leur juxtaposition peut sembler insignifiante, mais ce n’est pas la seule fois dans la Torah que ces 2 mitsvot "dissociées" sont accolées. Dans la paracha Kedochim (19,3), ces 2 mitsvot sont mentionnées dans le même verset : "Un homme craindra sa mère et son père ; et Mes Chabbatot vous garderez – Je suis Hachem votre D."

-> Sur ce verset, nos Sages expliquent que bien que l’on doive honorer et révérer ses parents, l’obligation ne va pas jusqu’à leur obéir s’ils demandent d’enfreindre le Shabbat ou toute autre mitsva de la Torah. [Rachi - Kedochim 19,3]

-> Le rav Yaakov Kamenetsky propose une autre interprétation quant à la juxtaposition de ces 2 mitsvot.
Lors d'un vol en avion des Etats-Unis vers Israël, le Rabbi Yaakov Kamenetsky était accompagné de son fils le Rabbi Avraham Kamenetsky et par une de ses petites-filles.
Durant tout le voyage, son fils et sa petite-fille sont venus très régulièrement voir si Rabbi Yaakov avait besoin de quelque chose.

Le voisin de Rabbi Yaakov n'a pu se retenir de lui demander : "Rabbi, je vois rarement mes petits-enfants, et pour sûr je ne bénéficie pas d'un tel type de relation avec eux.
Je ne pense pas que je recevrai un jour de telles marques d'amour de la part de mon fils ou de mes petits-enfants.
S'il vous plaît, Rabbi, quel est votre secret pour une telle proximité dans votre famille?"

Rabbi Yaakov lui a répondu :
"Pour ceux qui croit en Darwin et sa théorie de l'évolution, chaque nouvelle génération est plus raffinée et développée que ses prédécesseurs.
Pourquoi, alors, un jeune devrait honorer une personne âgée?

Cependant, selon notre tradition, chaque génération antérieure est plus proche de la révélation au mont Sinaï et donc à la source de notre spécificité/particularité en tant que peuple.
Mon fils et mes petits-enfants me regardent car c'est au travers de moi qu'ils ont une connexion avec notre peuple."

=> Shabbat témoigne de notre croyance en la création du monde par Hachem en 6 jours et en Son "repos" le 7e jour.
Une fois que l’on reconnaît cette vérité, on en viendra automatiquement à réaliser que chaque génération est plus proche de la Création que nous et est donc digne de respect. C’est le rapport entre ces 2 mitsvot : toutes deux émanent de la même conviction à propos de la création du monde par Hachem.

L’explication de rav Kamenetsky peut ainsi nous servir à expliquer pourquoi nos Sages choisirent précisément le Shabbat pour nous enseigner que le respect des parents n’outrepasse pas les autres mitsvot de la Torah.

Celui qui honore ses parents montre son lien avec les générations antérieures et donc sa croyance en la création du monde et il pourra respecter également le Shabbat qui représente la commémoration suprême de la Création.

Cette façon de considérer les personnes âgées et, plus généralement, le passé est très contrastée avec la perception laïque du monde. Celle-ci met l’accent sur le progrès et sur son importance, ce qui implique souvent une dépréciation du patrimoine culturel. La Torah quant à elle insiste sur l’adhésion aux valeurs transmises depuis le Don de la Torah. Elle aborde les changements du monde moderne en fonction de ces valeurs et non l’inverse.
Ainsi, bien qu’il y ait souvent eu de nouvelles approches et des mouvements "innovateurs" dans l’histoire de notre peuple, ils restèrent toujours dans le contexte des valeurs du don de la Torah.

"Le lendemain, Moché s'assit pour juger le peuple ; le peuple était debout autour de Moché du matin au soir" (Yitro 18,13)

=> Les juifs se trouvaient dans le désert et n'étaient engagés dans aucune entreprise commerciale. Tous leurs besoins étaient assurés.
Ainsi, quels cas pouvaient-ils bien avoir à soumettre à Moché?

Les juifs avaient recueilli une quantité importante de trésors sur la rive de la mer Rouge après la mort des égyptiens.
Les gens qui se trouvaient le plus près du rivage ramassèrent la plus grande partie de ce trésor et choisirent les plus beaux objets.
Ceux qui se trouvaient plus loin reçurent moins, tandis que d'autres ne ramassèrent rien du tout.

La répartition de ce trésor faisait à présent l'objet de vives controverses.
Naturellement, ceux qui possédaient le plus voulaient garder ce qu'ils avaient pris. D'autres voulaient que tout fût partagé équitablement.
D'autres encore pensaient que cet argent devait servir de dédommagement et voulaient qu'ils soit partagé en fonction de la souffrance et des pertes de chacun en Egypte
.
=> C'était un litige très important que Moché devait arbitrer pour le peuple entier.

[Panéa'h Raza - rapporté par le Méam Loez - Yitro 18,13]

"Quand on coupe une branche d'un arbre, une voix va d'un bout du monde à l'autre, mais elle ne s'entend pas."

[Pirké déRabbi Eliézer - chap.34]

=> Tou biChvat (le nouvel an des arbres) constitue pour un juif l'occasion de porter un regard sur le monde végétal, qui nous paraît à nous être "inerte", alors que nos Sages nous révèlent qu'il a des sentiments et même parfois exprime de la douleur.

Nous devons en tirer une grande humilité : ce que nous percevons du monde, ce qui s'y déroule réellement nous dépasse totalement : tout est entièrement dans les mains de papa Hachem.
A partir de ce constat, comment ne pas suivre avec joie la volonté de D., comme unique GPS nous permettant d'avancer sur le bon chemin de notre vie.

-> Dans le midrach (rabba Bamidbar 3), il est rapporté :
"Il y avait un palmier qui était à 'Hamatan, et qui ne donnait pas de fruits. On l'a greffé, et il ne donnait toujours pas de fruits.
Rabbi Tan'houma a dit : "Il voit un palmier dattier de Jéricho et le désire en son cœur".
On en a amené, on l'a greffé avec, et immédiatement il a donné des fruits."

[Plus on a conscience de notre petitesse, plus on permet à Hachem d'avoir une grande place dans notre cœur, plus on lui permet d'être grand à nos yeux!

Par ailleurs, on a tendance à se moquer, à parler d'autrui en se persuadant que cela n'est rien! (à l'image d'un arbre qui reçoit des rafales de vent, mais qui reste stoïque!)
Mais si nous prenons conscience que même l'inerte a des sentiments, alors à combien plus forte raison devons-nous faire attention à l'extrême à l'honneur et à la susceptibilité de notre prochain!]

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-> Que peut-on apprendre de l'arbre?

1°/ L'arbre n'est vivant que lorsqu'il est relié à ses racines. Quand il est détaché, il se flétrit.
De même l'homme, qui est comparé à un arbre, ne tire sa vie (une vie riche de sens) que lorsqu'il est relié par ses actes à son Créateur.

2°/ Sans eau, l'arbre se flétrit et ne peut pas vivre.
C'est une allusion à l'homme, qui sans eau se flétrit et ne peut pas vivre.
[ "L’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b – én mayim ella Torah]

3°/ Si l'arbre a de nombreuses racines, le vent ne peut pas le déraciner. Mais s'il a peu de racines, le vent le déracine.
De même, l'homme quand il est fortement enraciné dans sa foi, rien ne peut le détourner de servir Hachem. Mais si les racines de sa foi sont faibles, n'importe quoi le dérange dans son service de Hachem. [Yaavets - Pirké Avot 3,7]

4°/ L'écorce des fruits de l'arbre se forme avant le fruit.
De même, le mauvais penchant vient en l'homme avant le bon penchant. Malgré tout, il faut jeter l'écorce et ne manger que le fruit.

5°/ S'il y a une égratignure sur le noyau, cela va ensuite devenir un défaut voyant de l'arbre qui aura poussé à partir de ce noyau.
De même dans l'éducation des enfants, une petite déviation dans la petite enfance se transformera en un grand défaut à l'âge adulte.

6°/ Le tronc de l'arbre ne se renouvelle pas tous les ans, mais reste fixe ; les fruits, eux se renouvellent tous les ans.
C'est une allusion à la Torah qui est éternelle et existe perpétuellement, mais en qui on découvre tous les ans de nouveaux trésors de douceur et de charme.

[issu du Séfer Ziv haMinhaguim ]

"La prière consiste dans le fait que la sagesse supérieur [Hachem] a établi que les créatures doivent recevoir l'abondance de Lui.
Il faut que ce soit elles qui se tournent vers Lui, se rapprochent de Lui et recherchent Sa proximité.
Il leur accorde un épanchement d'abondance en fonction de leur éveil vers Lui, et sans cet éveil elles ne le reçoivent pas.

Hachem désire que les créatures aient une abondance de bien en tout temps, et Il leur a préparé ce service [la prière] tous les jours, [puisque] de cette façon Il leur accordera une abondance de réussite et de bénédiction."

[Ram'hal - Déré'h Hachem]

"L'homme doit savoir que pour chaque mitsva qu'il fait en ce monde, une semence spirituelle est créée, d'où fleurira sa part dans le monde à venir, ce qui sera extrêmement plaisant à son âme."

[Za’hor léMyriam – chap.22 ]

"Yitro, prince de Midian, beau-père de Moché, entendit tout ce que D. avait fait à Moché et à Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d'Egypte" (Yitro 18,1)

-> Rachi : Qu'a-t-il entendu qui l'ait incité à venir?
Le passage de la mer Rouge et la guerre de Amalek.

=> Pourquoi n'est-il pas venu directement après les incroyables miracles liés à la mer Rouge, attendant d'entendre la guerre contre Amalek pour se décider à rejoindre Moché?
Comment comprendre qu'une bataille l'a plus impressionné que ce qui s'est passé à la mer Rouge?

-> Rabbi Eliyahou Lopian explique que toutes les nations du monde ont eu connaissance des miracles incroyables qui se sont passés en Egypte, puis à la mer Rouge, et pourtant elles n'ont rien changé au quotidien : la vie continuait comme auparavant.
Il y avait une exception : Amalek, qui était si bouleversé à l'idée qu'un Etre supérieur soit en charge de leur vie, qu'ils étaient prêt à lui mener combat à tout prix.

Yitro, grand prête de Midian, était un expert de toutes les religions. En effet, il avait une telle soif de vérité, qu'il les avait essayé absolument toutes (cf. Rachi v.18,11).
Puisqu'il avait une recherche de vérité sincère (et non pas uniquement pour satisfaire ses désirs personnels), D. l'assista dans sa démarche.
Après la mer Rouge, Yitro était heureux de connaître la vérité (le D. d'Israël est l'Unique et Vrai D.!), mais cependant il a continué à vivre comme avant.

"Yitro entendit tout ce que D. avait fait " : Après la bataille d'Amalek, il a réalisé que face aux miracles de Hachem, il y avait 2 réactions :
- celle de toutes les nations = elles n'ont pas entendu : l'information n'a fait que passer dans leur tête, et la vie a ensuite continué comme si rien ne s'était passé.
- chez Amalek et chez Yitro = ils ont entendu, ils ont pris conscience du message derrière les miracles incroyables : il y a une Force Suprême qui dirige et contrôle tout.

Yitro a compris que face à ce choc : soit on agit comme Amalek (plutôt mourir que de devoir soumettre nos envies à celle d'un D.), soit accepter et devenir juif.
C'est pour cela qu'il est parti tout de suite rejoindre les rangs du peuple d'Israël, pour ne pas risquer de suivre l'exemple d'Amalek.

=> Il en est de même dans notre relation avec la Vérité : soit on la laisse nous passer au-dessus de la tête (mes capteurs sont éteints), soit comme Amalek je développe une attitude anti-Hachem pour me permettre de justifier de faire ce que j'ai envie, ou soit j'arrive à capter ces moments de Vérité afin d'en profiter pour faire des changements concrets et réels dans ma vie.

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-> Rabbi Yéhouda Zev Segal explique que Yitro a été très impacté par l'écoute de ce qui s'est passé à la mer Rouge. Cependant, il pensait qu'il n'était pas nécessaire de faire quelque chose, gardant cette sublime inspiration.

Au sujet de la bataille contre Amalek, il est écrit : "Lorsque Moché levait sa main, Israël prenait le dessus et lorsqu'il baissait sa main, Amalek prenait le dessus" (Yitro 17,11).
La michna (Roch Hachana 3,8) explique : "Lorsqu'Israël regardait vers le Ciel et soumettait son cœur à son Père céleste, il avait le dessus ; lorsqu'il ne le faisait pas, il avait le dessous.".

Yitro a été choqué d'entendre que dans cette bataille qui s'est déroulée sur une seule journée, il était possible d'être inspiré par les mains de Moché au point de mériter la victoire, et qu'un bref moment après, lorsque les mains étaient baissés l'inspiration était partie au point qu'ils perdaient tout.

=> Cela a enseigné à Yitro qu'il n'était pas suffisant de ressentir une élévation suite aux miracles de la mer Rouge, puisque ces sentiments n'allaient pas rester, sauf s'il faisait un acte concret pour les rendre permanents, et c'est ce qu'il a fait en rejoignant les juifs et en se convertissant.

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-> "Yitro, le prêtre de Midiane, le beau-père de Moché, entendit" (Yitro 18,1)

=> Puisque ce verset relate que Yitro est venu se rapprocher du peuple d'Israël et se convertir, pourquoi rappeler ses origines en tant que prêtre de Midiane?

En fait, nos Sages disent que lorsque le peuple d'Israël est dans une phase de réussite et de grandeur, alors on n'accepte pas de convertis. En effet, on craint que la personne ne cherche à se joindre à Israël par intérêt pour accéder à leur grandeur, et pas sincèrement.
Or, à cette époque, les Hébreux étaient en phase de grande réussite, après tous les merveilleux miracles qu'Hachem a réalisés pour eux. Comment a-t-on donc pu accepter la conversion de Yitro?
C'est pour répondre à cette question que la Torah précise qu'Yitro était le prêtre de Midiane. Il était donc lui aussi un homme important et très honorable. De fait, il n'avait pas de raison de rechercher la grandeur en se convertissant. C'est pourquoi, on a donc pu malgré tout accepter qu'il se convertisse.
[Apiryon]

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-> Le Divré Israël explique que la victoire des juifs sur Amalek (symbolisé par Moché levant ses mains) a fait comprendre à Yitro l'importance de s'attacher à des tsadikim, d'avoir son rav, pour gagner sa lutte contre notre yétser ara, le Amalek en nous.

-> Yitro était prêt à quitter tout son confort, sa très haute position dans la société, ... pour aller dans le désert, qui symbolise l'humilité.
En effet, c'est uniquement lorsque l'on a tout vidé (ex: notre égo, nos désirs matériels), qu'il n'y a plus rien faisant écran entre nous et D., que l'on peut alors totalement soumettre sa volonté à celle d'Hachem, et il est possible de pleinement acquérir la Torah.
C'est ce que fit Yitro, et c'est une leçon pour nous tous. [dans sa quête de Vérité, il était prêt à tout quitter]
[adapté du Pri Tsadik - Rabbi Tsadok haCohen]

-> Par exemple, le Noam Mégadim commente : "Tu n'auras par d'autres D.", en le rapprochant de : "On ne doit pas être gêné face à ceux qui se moquent de nous lorsque l'on réalise la volonté de D. (Rama - Ora'h 'Haïm 1).

En effet, cela signifie qu'à nos yeux nous avons d'autres divinités que Hachem, puisque l'on se soumet à l'autorité du regard d'autres personnes, d'intérêts personnels, oubliant l'espace d'un instant que D. est au-dessus de tout.

[le désert représente le fait qu'il n'y a personne, ni aucune tentation : uniquement nous et D. (le roi David s'exclame : Je mets Hachem devant moi tout le temps - Shiviti Hachem lénegdi tamid)]

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+ "Yitro ... entendit tout ce que D. avait fait"

-> Le Maskil léDavid apporte l'explication suivante.
Hachem a provoqué Amalek contre les juifs suite à des mauvaises actions de leur part.
Mais alors, si les juifs étaient fautifs, pourquoi Hachem leur a accordé la victoire de cette guerre?

De ce raisonnement, Yitro a déduit que forcément, le peuple d'Israël bénéficiait de la faveur Divine, à l’image d’un père pour son fils, même s’il le trouve coupable et qu’il le punit, finalement il le prend en pitié et l’épargne.

=> Ainsi, si le peuple juif est tel un fils pour Hachem, s’il est particulièrement aimé par Hachem, même s’il faute, alors effectivement, Yitro a conclu qu’il convient de s’attacher à ce peuple : il est donc venu rejoindre le peuple d’Israël (spécialement après l'épisode de Amalek).

-> Le 'Hatam Sofer explique que Yitro se culpabilisait et considérait qu’il avait commis une faute d’avoir été un conseiller de Pharaon.
Certes, il ne disait rien de mal contre les juifs, mais nos Sages affirment que celui qui se joint à un racha sera puni comme celui-ci.
Ainsi, Yitro s’en voulait donc d’avoir été, pendant une certaine période, conseiller de Pharaon.

Bien que depuis longtemps il avait regretté ce manquement et s’était déjà repenti, malgré tout, après avoir entendu le miracle de l’ouverture de la mer Rouge, il comprit que Hachem procède mesure pour mesure.
Les égyptiens furent punis par Hachem selon leurs perversités (subissant chacun une mort proportionnelle aux souffrances qu'ils ont pu faire subir), et furent engloutis dans la mer pour avoir jeté les enfants mâles dans le Nil.

De là, Yitro comprit que son repentir devait être à l’image de son manquement et il décida qu’à présent, il serait un bon conseiller pour les juifs, quand ils en auraient besoin.
Cependant, il pensait qu’il pouvait rester chez lui et attendre que les juifs viennent le consulter pour les conseiller. Il ne se voyait pas dans l’obligation d’aller, lui-même, vers eux.

Mais lorsqu'il entendit qu’Amalek vint faire la guerre contre Israël et que, comme le disent nos Sages, il parcourut pour cela 400 Parsa (environ 1700 km), ce qui représente une distance énorme. Alors il se dit que si pour le mal, Amalek est prêt à venir de si loin, combien plus pour le bien des juifs, lui aussi devait venir vers le peuple.

-> Le Ktav Sofer (fils du 'Hatam Sofer), apporte l’éclairage suivant. Il dit que Yitro souhaitait rejoindre le peuple juif depuis longtemps, mais il craignait d’être mal reçu, en tant qu’ancien prêtre idolâtre.
Par mesure de reconnaissance vis-à-vis de lui, pour avoir hébergé Moché dans un moment difficile pour lui, et lui avoir donné sa fille en mariage, certainement les juifs l’accueilleraient bien.
Cependant, il voulait être sûr que le peuple d’Israël avait bien cette qualité de reconnaissance avant de venir les rejoindre.

Quand il entendit le miracle de l’ouverture de la mer, il se demanda pourquoi Hachem a-t-il eu besoin de faire un tel miracle. Pourquoi les juifs n’ont-ils pas tout simplement fait la guerre aux égyptiens ?

La réponse est que les égyptiens ont accueilli dans leur pays les juifs, et simplement pour cela ils ne pouvaient pas leur faire de mal, malgré toutes les souffrances qu’ils leur ont imposées.

De là, Yitro déduisit que le peuple d’Israël est très reconnaissant. Mais malgré tout, il n’en fut pas complètement sûr, car peut-être que les juifs ne pouvaient pas simplement faire la guerre aux égyptiens du fait de leur faiblesse et de leur fragilité dues au fait qu’ils étaient des anciens esclaves.

Ainsi,lorsque Yitro vit comment les juifs ont fait, malgré tout, la guerre contre Amalek et ont eu la victoire, de là il déduisit que les juifs n’ont pas peur de faire la guerre.
S’ils n’ont pas combattu les égyptiens, c’est donc bien du fait de leur sentiment de gratitude envers eux.

=> Yitro conclut de cette association entre l’ouverture de la mer et la guerre contre Amalek, que les juifs ont cette qualité de reconnaissance, alors il se sentit prêt à venir rejoindre le peuple d’Israël, sûr qu’il sera bien accueilli.

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-> Rachi explique sur les mots "Yitro entendit" : Qu’a-t-il entendu pour venir? L’ouverture de la mer Rouge et la guerre contre Amalek.

-> Le Béer Yossef enseigne :
Les nations furent très remuées par les miracles de la sortie d’Égypte, comme il est écrit dans le Chant de la Mer : "Alors les chefs d’Édom tremblèrent, les vaillants de Moav furent saisis de terreur, tous les habitants de Canaan, consternés" (Béchala'h 15,15).

Mais, lorsqu’Amalek attaqua, il atténua la crainte révérencielle que le monde avait envers le peuple juif. Les nations ne considéraient alors plus les juifs comme invincibles, et leur respect pour D. s’estompa.
Nos Sages utilisent, à ce sujet, la parabole d’une baignoire d’eau bouillante dans laquelle personne n’ose plonger. Soudain, quelqu’un y entre et se brûle, mais il refroidit l’eau (Rachi - Ki Tétsé 25,18).
Amalek perdit la bataille, mais il connut néanmoins certains moments de gloire, et ce combat, plus ou moins ordinaire, atténua les conséquences des prodiges de la sortie d’Égypte. Ainsi, l’attaque d’Amalek eut l’effet inverse des miracles.

=> En quoi cela incita-t-il Yitro à se convertir?
Le Béer Yossef poursuit : la considération première d’Yitro fut les répercussions de la guerre contre Amalek sur le Nom d’Hachem dans le monde. Si Amalek n’avait pas attaqué à ce moment, Yitro se serait peut-être contenté d’être un Ben Noa’h (Hachem a enjoint Noa’h et ses descendants d’accomplir 7 mitsvot) et de considérer les juifs avec respect ; il aurait certainement fait en sorte que son entourage agisse également ainsi.
Or, après cette attaque, Yitro ressentit le besoin de s’unir publiquement au peuple juif pour montrer que les nations devaient continuer de craindre et de respecter les juifs. Il était une personnalité très connue de par le monde et il réalisa que son voyage vers le désert depuis Midiane ne passerait pas inaperçu.
Nos Sages affirment qu’il voulut à tout prix publier son adhésion au judaïsme (Rachi - Yitro 18,6).
Le midrach rapporte qu’Hachem, Lui-même, dit à Moché que les aspirations de Yitro étaient réellement nobles.
Le Béer Yossef explique que la pureté de ses intentions était manifeste par son désir de contrecarrer les desseins ignobles d’Amalek.

Le Zohar (Zohar 2;69a) enseigne : "Lorsque Yitro, grand prêtre idolâtre dit : "Je reconnais à présent qu’Hachem est plus puissant que tous les autres dieux" (Yitro 18,11), l’honneur d'Hachem grandit et s’éleva au-dessus de tout. Du fait que [Yitro] se mit au service d'Hachem tout le monde se distancia immédiatement de l’idolâtrie [car les gens] réalisèrent qu’elle ne contenait aucune vérité. Le Nom d'Hachem fut alors sanctifié à travers le monde. » [5]

Ainsi, par son attitude il a réussi à sanctifier le Nom d’Hachem au sein des nations.

-> Cela nous apprend qu'il ne suffit pas de réfléchir à sa relation personnelle avec Hachem, mais que nous devons également nous soucier des conséquences que nos actions peuvent avoir sur les autres.

Le rav ‘Haïm de Volozhin écrit à ce propos, que nous disons, dans la amida de Roch Hachana, qu’Hachem juge "maassé ich oupékoudato". "Maassé ich" évoque les actions de la personne, mais à quoi se réfère "pékoudato"?

Il explique que chacun a une sphère d’influence qui touche les membres de sa famille, ses élèves ainsi que toute personne qui le côtoie. La façon qu’il a d’influer sur son entourage, par le biais de ses actions, est appelée "pékoudato" et l’individu est également jugé sur cela.
Si, en observant son comportement, d’autres personnes perfectionnent leur avodat Hachem, alors il sera largement récompensé, mais si c’est l’inverse qui se produit, il sera condamné pour la part qu’il aura dans leurs fautes (avérot), autant que pour ses propres fautes.

Le rav Yéhonathan Gefen commente : les actions de la personne ne se font pas en vase clos, nous sommes constamment observés par les autres, et par conséquent, nous devons constamment être conscients des éventuelles répercussions de nos actes, même quand nous ne communiquons pas directement avec une autre personne. Yitro comprit ceci et agit en fonction, c’est un modèle pour nous tous. [au point d'avoir une paracha portant son nom]

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-> "Ils se tinrent debout au bas de la montagne" (Yitro 19,17)
Rabbi Avdimi bar ‘Hama bar ‘Hassa apprend que Hachem renversa sur l’assemblée d’Israël la montagne comme une coupole.
Puis Hachem leur dit : "Si vous acceptez la Torah, c’est bien, sinon là sera votre tombe!" [guémara Shabbath 88a]

-> Rabbi Yéhouda dit : Un jour viendra où Hachem fera venir le yétser ara et l’égorgera en présence des tsadikim et des réchaïm.
Le yétser ara apparaîtra aux tsadikim comme une haute montagne, et aux réchaïm comme un cheveu.
[guémara Soucca 52a]
[ => ainsi la montagne peut représenter le yétser ara]

-> Rabbi Moché Mordé'haï de Lelov dit qu'au moment du don de la Torah les Bné Israël ont atteint un niveau où ils étaient débarrassés de leur yétser ara.
Hachem leur a donc rendu ensuite leur yétser ara, ce qui est symbolisé par la montagne (allusion au yétser ara) qu'Il renversa sur eux.
Hachem ne manque pas d'anges au Ciel, qui le servent à la perfection.
Hachem attend que les juifs surmontent leur yétser ara en toutes circonstances, et cela lui procure un plaisir énorme.

Le rabbi Its'hak de Vork explique qu'au début Yitro pensait qu'il n'était pas méritant de recevoir la Torah, car il savait qu'il ne pourrait pas observer toutes les lois de la Torah.
Mais lorsqu'il a entendu la guerre contre Amalek (qui représente la guerre contre notre yétser ara), c'est-à-dire que Hachem désire que l'on combatte le yétser ara, alors il est venu.
Il a compris que l'essentiel n'est pas de servir Hachem à la perfection (comme un ange), mais plutôt du mieux que l'on peut (du haut de nos forces et faiblesses!).
[Hachem désire davantage nos combats à nos succès]

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-> Le Sar Shalom de Belz enseigne :
Selon le midrach, après l'ouverture de la mer Rouge, Amalek a parcouru 400 parsot (environ 1700 km) sans s'arrêter pour rejoindre les juifs.
Pourquoi Amalek n'a-t-il pas fait une pause au milieu de ce très long trajet?

Après qu'ils aient entendu les énormes miracles que Hachem a accompli à la mer Rouge, ils devaient avancer sans réfléchir. En effet, s'ils auraient fait une pause durant leur trajet, ils auraient pu en venir à réfléchir et auraient pu en venir à faire demi-tour.
Ainsi, Amalek est allé vite, en investissant toutes ses forces, ne se permettant pas une seconde de penser aux miracles d'Hachem.

Lorsque Yitro a compris le plan d'Amalek (il est venu si vite!), il a réalisé qu'il devait également se hâter de rejoindre les juifs dans le désert.
En effet, s'il aurait attendu, alors l'impact de la mer Rouge sur lui aurait refroidi, et il n'aurait jamais rejoint la nation juive.

[on voit de là que la capacité de non réflexion peut être un plus et un moins.
D'un côté le yétser ara nous laisse tellement occupé pour que nous n'avons pas le temps de réfléchir au sens de notre vie. D'un autre côté, parfois il ne faut pas réfléchir pour ne pas laisser le yétser ara nous refroidir nos bonnes intentions.]

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"Yitro le prêtre de Midiane entendit" (Yitro 18,1)

-> Yitro était parfaitement conscient que s'il ne venait pas immédiatement rejoindre Moché et les Bné Israël, le Satan aurait affaibli son empressement, retardant son élan au lendemain puis à la semaine suivante jusqu'à lui faire perdre définitivement cette opportunité unique.
C'est la raison pour laquelle il abandonna tout, instantanément et ne donna aucune possibilité au mauvais penchant d'avoir une emprise sur lui.
Il en est ainsi pour chaque juif, qui par son éveil de repentir et de bonnes actions, désire ardemment revenir vers son Créateur. Dans la majorité des cas, cette personne se dit : avec l'aide de D., demain, car aujourd'hui c'est trop compliqué! C'est alors que le mauvais penchant intervint et le freine sans que cet homme n'y prête attention.
C'est à ce sujet que nos Maître nous ont enseigné : "Sors faire la guerre contre Amalek, demain". [Rachi - guémara Yoma 52b]

Le combat que le mauvais penchant, que l'on appelle Amalek, mène contre l'homme peut se résumer en un mot : "Demain!"
Ainsi, notre réponse doit être sans équivoque "Moi, c'est aujourd'hui!"
Et ce combat est sans fin, tout au long de la vie de l'homme.
Ceci corrobore le verset de notre paracha : "Tu les sacrifieras aujourd'hui et demain" (Yitro 19,10). En effet, le mauvais penchant argumente ainsi : "Ecoute-moi, seulement aujourd'hui, et demain tu pourras commencer à te sanctifier et suivre la voie d'Hachem".
L'homme devra répondre aux mauvais penchant : "Je me sanctifierai en accomplissant les mitsvot et en étudiant la Torah dès aujourd'hui ainsi que demain et chaque jour de ma vie".
[Tsor ha'Haïm - Yitro]

[d'une certaine façon on doit dire au yétser ara : "tu as raison je vais t'écouter, mais là je suis occupé, repasse demain!"]

-> à ce sujet, également : https://todahm.com/2019/07/01/11104-2

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-> "Yitro entendit tout ce que Elokim fit à Moché et à Israël son peuple, car Hachem sortit Israël d'Egypte" (Yitro 18,1)

=> On peut se demander pourquoi Yitro a-t-il reproché à Moché d'être assis alors que le peuple était debout devant lui? Finalement, Moché les jugeait, s'investissait pour eux, leur enseignait la Torah, les guidait dans leurs affaires. Il méritait pour cela le respect et la gratitude de l'élève pour son Maître qui se tient debout devant lui. Alors pourquoi lui a-t-il reproché d’être méprisant envers le peuple?

-> C'est à cette question que vient répondre la fin du verset : " ''Du matin jusqu'au soir'', pour dire que celui qui juge le peuple est considéré comme associé d'Hachem". C’est en permettant à Moché de les juger, que le peuple lui faisait accéder au mérite de devenir l'associé d'Hachem, mérite qui n'a pas d’égal.
Ainsi, par respect pour le peuple qui lui permettait cette élévation, Moché ne pouvait pas exprimer du mépris à leur endroit, assis comme un roi, alors qu'ils étaient eux, debout. Il en ressort que la deuxième partie de ce verset, apporte un éclairage sur la première partie du verset.
[Imré Shefer]