Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Lorsque nous sommes heureux, Hachem est heureux"

[Pélé Yoets - kin'a ]

"Vous êtes les enfants de Hachem votre D., ne vous tailladez pas le corps en l'honneur d'un mort." (Réé 14,1)

-> Selon Rachi : "Car vous êtes les fils de Hachem, et vous devez être beaux, et non entaillés et tondus."

[Chaque Juif doit toujours se voir comme le fils d’Hachem. Cette pensée le conduira à parfaire ses actions et le mènera à avoir un comportement des plus respectables.
En effet, selon nos Sages si quelqu’un commet une faute, c'est qu'il a forcément oublié sa noblesse au moment du péché. ]

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-> Le Daat Zékénim miBaalé haTossfot d'enseigner :
"Vous êtes les enfants de Hachem", et c'est la raison pour laquelle, si votre père de chair et de sang vient à mourir, "ne vous tailladez pas le corps", car vous n'êtes pas pour autant orphelins.
Vous avez toujours un Père, Qui vit et existe à jamais, béni soit Son Nom.

Mais quand l'idolâtre perd son père, il y a bien lieu pour lui de se taillader le corps car désormais, il ne lui reste plus de père, seulement des pierres et des bouts de bois qui ne lui sont d'aucun secours."

-> D'après le Sforno, il ne convient pas de s'affliger outre mesure de la perte d'un proche parent, car en tant qu'enfant de Hachem, l'homme à toujours un Père Qui veille sur lui.

-> Le Ohr ha'Haïm introduit son explication par l’image d’un homme qui a envoyé son fils dans un autre pays pour faire du commerce. Après un certain temps, le père a fait rappeler son fils de cet endroit pour qu’il revienne à la maison. Lorsque le fils rejoindra son père, il est clair qu’il ne disparaîtra que de cet autre pays où il est allé faire du commerce. Mais, en réalité il continuera à exister et même avec encore plus de bonheur puisqu’il aura rejoint son père.

Le sens de cette image est clair. Quand une âme juive vient dans ce monde pour habiter un corps, il est en fait envoyé par son Père Hachem, pour y remplir une mission. Puis, un jour Hachem rappelle cette âme pour remonter au Ciel, Le "rejoindre".

C’est sûr que cette âme laisse un vide qui crée une grande peine pour ses proches qui restent dans ce monde. Mais, en ce qui concerne l’âme en elle-même, elle a finalement rejoint son Père et elle s’en réjouit à n’en pas douter.
C’est pour cela qu’il ne faut pas pratiquer d’entailles sur son corps pour un proche disparu. Car le sentiment de peine et de deuil doit être réduit par le fait de savoir qu’il a retrouvé sa racine et son origine.

Il n'a pas disparu définitivement, il a juste changé de lieu et a rejoint son Papa Hachem. Et cela est déjà une consolation

-> Le Ramban dit que nous avons l’assurance que l’âme juive est éternelle et les morts finiront par revivre et les corps retrouveront leurs âmes.
Ainsi, fort de ce principe de foi, il ne convient pas de se faire des entailles pour un deuil puisque l’âme du défunt continue à exister pour l’éternité. De ce fait, la peine du deuil ne doit pas être extrême.

[Le Ramban dit qu'il est normal et même approprié de prendre le deuil d'un être aimé.
Avraham a pris le deuil de sa femme Sarah, et le peuple juif a pris le deuil de Moché et Aharon
Cependant, cela doit se faire en suivant les préconisations de nos Sages, car nous sommes les enfants de Hachem. ]

-> Le Ramban (Torat haAdam) donne une explication sur le phénomène de s'attrister sur la perte d'une personne aimée alors que c'est une chose inévitable de la vie.

Lorsqu'à l'origine Hachem a créé le 1er homme, Adam devait être immortel et avait une nature reflétant cela.
Après sa faute de manger du fruit interdit, il a amené la mort sur l'ensemble de l'humanité.

Bien que nous soyons devenus mortels, dans notre composition interne, nous avons toujours la réalité que l'homme doit vivre éternellement. C'est ainsi que lorsque nous constatons que notre être aimé est mort, nous plongeons dans un grand deuil puisque nous sommes confrontés au fait que cette réalité n'existe plus.

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-> Le Ibn Ezra enseigne que lorsque la Torah dit : "Vous êtes des enfants pour Hachem", elle vient renforcer notre émouna et permettre d’apaiser l’esprit de l’affligé, qui sachant qu'Hachem est son Père et que toutes Ses Intentions ne sont que pour le bien, en trouvera un certain "réconfort", même s’il ne parvient pas à saisir ce bien.

Nous sommes un peu à l’image d’un enfant dont le père fait quelque chose qu’il ne comprend pas. Il est sûr que le père sait ce qu’il fait, et il agit pour le bien. Mais son fils, dont l’esprit n'est pas encore assez mûr, ne comprend pas l’attitude de son père. C’est là qu’intervient la émouna (confiance) en Hachem. Même si nous ne comprenons pas, nous Lui faisons confiance, convaincu qu’il agit pour le bien, en tant que Père miséricordieux.

C’est pour cela que même en cas de deuil d’un proche, D. préserve, nous ne comprenons pas mais nous savons que Lui Il sait ce qu’Il fait, et Il ne fait que ce qui est bon.
Cela devrait apaiser quelque peu le cœur de l’endeuillé au point de ne pas en venir à se faire des entailles.

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+ "Vous êtes les enfants de Hachem votre D." (Réé 14,1)

-> Le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar) explique que ces mots constituent une règle de base pour tout enseignant de Torah à des enfants juifs.

Tout enseignant doit considérer en permanence qu'il enseigne la Torah aux enfants du Maître du monde.
En ayant conscience qu'ils sont : "les enfants de Hachem votre D.", l'éducateur redoublera de patience et d'attention à leur égard, comme c'est l'usage lorsqu'on enseigne au fils du roi.

-> Son maître, rav Moché Rozenstein, le Machguia'h de Lomza disait :
"L'enseignant doit savoir que s'occuper de l'instruction des enfants d'Israël est un véritable privilège.
C'est pour cela qu'il devra les entourer d'amour, et proportionnellement à l'affection qu'il leur portera, ceux-ci s'attacheront à lui et lui rendront son amour."

-> Il est écrit dans la guémara (Baba Métsia 83a) :
"Rabbi Yo'hanan ben Matia dit un jour à son fils : "Va donc engager quelques ouvriers".

Le fils alla embaucher des hommes, et se mit d'accord avec eux pour leur fournir également les repas.
Lorsqu'il rapporta cela à son père, celui-ci s'exclama : "Mon fils! Sache que même si tu leur donnais des festins semblables à ceux du roi Chlomo, tu ne serais pas pour autant quitte de ton engagement, car ils sont les fils d'Avraham, Its'hak et Yaakov. "

=> Nous voyons l'importance qu'accordaient nos Sages à chaque juif : même le plus ordinaire des ouvriers, qui ne se considère lui-même pas digne de mériter davantage qu'un peu de soupe et de croûton de pain, était considéré par Rabbi Yo'hanan ben Matia comme un prince, le fils des Patriarches.

Combien devons-nous tâcher de suivre cet exemple!
Chaque juif, quelqu’il soit, est le fils du Maître du monde, c'est plus qu'un VIP!!

[ - "Tu sais quoi j'ai vu une star internationale!" ;
- "Et ben moi, j'ai vu largement mieux : un juif! Tu te rends compte c'est le fils de Hachem!!!" ]

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-> Le Zohar dit que la téchouva est appelée : bina (בִּינָה), qui provient de : בן יה (le fils de Hachem).
Nous avons le mérite de pouvoir faire téchouva parce que nous sommes les enfants de D.
[Pri haArets - Rabbi Menachem Mendel de Vitebsk]

-> Un autre dvar Torah sur ce verset (b'h) : https://todahm.com/2015/10/24/3771

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+ "Vous êtes les enfants de Hachem votre D." (Réé 14,1)

-> Le rav Zalman Guttman (Darga Yétéra) enseigne que si nous accomplissons la volonté de D., tout en maintenant une mentalité non-juive (avec des objectifs similaires à eux!), alors en réalité nous obéissons à Hachem sans faire Sa volonté.
Hachem désire que les mitsvot changent notre caractère, façonnent nos valeurs et créent un modèle de penser nous permettant de devenir de véritables enfants de Hachem.
Celui qui accomplit la Torah avec amour et joie, est un véritable enfant de Hachem.
Mais celui qui fait les mitsvot par habitude, ou pire avec l'attitude où les mitsvot sont 613 problèmes qui se sont mis sur sa route, alors une telle personne n'est pas moins qu'un esclave, dans le sens le plus véritable du terme.

3 Questions/Réponses – Paracha Réé

+ 3 Questions/Réponses – Paracha Réé :

1°/ La paracha Réé contient de nombreuses lois permettant de déterminer si un animal est cashère ou pas (v.14;3-21).
Est-ce que si une personne se doit de manger de la nourriture non cachère pour des raisons de santé, cela lui cause quand même une impureté spirituelle?

-> Rav 'Haïm Soloveitchik (cité dans Torat 'Haïm) explique que ce n'est pas la nourriture qui entraîne un dommage spirituel, mais plutôt son interdit de la manger.
Ainsi, selon son fils, rav Yits'hak Zev Soloveitchik, une personne qui doit manger de la nourriture non cashère afin de sauver sa vie, ne sera pas négativement impactée.

-> Le 'Hatam Sofer (Chout 'Hatam Sofer, Ora'h 'Haïm 1,83) et le Messé'h Hokhma (Dévarim 6,11) ne sont pas d'accord, et sont d'avis que toute nourriture non cashère a en elle des qualités spirituelles négatives qui vont automatiquement entraîner des dommages après consommation.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Or'hot Yochère 13) enseigne que s'il n'y a absolument aucun autre moyen de sauver une vie que de consommer du non-cashère, alors une personne qui en consommera sera négativement impactée, mais le mérite de la mitsva de sauver une vie va protéger cette personne de tout préjudice spirituel.

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2°/ Il est écrit : "Vous êtes les enfants de Hachem, votre D. : ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l'honneur d'un mort." (Réé 14,1)

La Torah nous interdit différentes façons de prendre le deuil d'un être aimé.
Pourquoi est-ce que la durée du deuil pour la mort d'un parent ("dans la naturalité de la vie") est plus longue (12 mois) que celle pour la perte d'un enfant (30 jours), qui est une chose anormale et traumatisante?

Le rav Yossef Sorotzkin (Méged Yossef) rapporte que cette question a été posée lorsque rav Yits'hak Hutner et rav Pin'has Teitz sont allés réconfortés le rav Yossef Dov Soloveitchik, qui avait perdu sa femme.

-> Le rav Hutner a transmis l'idée qu'avec la mort d'un parent, une personne devenait plus éloignée de sa connexion, avec le don de la Torah au mont Sinaï, et cela nécessite un deuil supplémentaire.

-> Le rav Teitz fait remarque que tout autre proche peut être "remplacé" : on peut se remarier, avoir de nouveaux enfants, ...
Les parents sont les seuls proches qui ne peuvent pas être "remplacés", et ce constat nécessite un deuil supplémentaire.

-> Le rav Soloveitchik est d'avis que la question contient la réponse.
En cas de mort anormale (non dans la naturalité des choses), nos Sages ont été préoccupés qu'une personne exagère trop son deuil si elle en avait la possibilité, et ils l'ont donc limité à une période de 30 jours.

[le côté exceptionnel, anormal de la chose peut servir de justification à l'expression d'un deuil anormalement important (non nécessaire), ce qui n'est pas le cas avec la perte d'un parent.]

-> Rav Yossef Sorotzkin suggère qu'une personne a besoin des conseils de ses parents durant toute sa vie.

Lorsqu'un parent meurt, un enfant doit chercher à se rappeler et à internaliser leurs valeurs et leurs priorités, ce qui va le guider pour le restant de sa vie.
Il le réalise en prenant le deuil et en se remémorant tout cela pendant une année, car c'est une période suffisante pour contenir l'intégralité des fêtes juives et des périodes symboliquement importantes dans la vie d'une personne.

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3°/ Que nous apprend la répétition apparente :
-> "Tout ce que je vous prescris, observez-le exactement, sans y rien ajouter, sans en retrancher rien" (Réé 13,1) ;

-> "N'ajoutez rien à ce que je vous prescris et n'en retranchez rien, de manière à observer les commandements de Hachem, votre D., tels que je vous les prescris." (Vaét'hanan 4,2)

Selon le Gaon de Vilna (Adérét Eliyahou), bien que ces 2 commandements semblent identiques, en réalité, ils sont différents :

- Dans la paracha Vaét'hanan, la Torah interdit d'ajouter ou de supprimer une des 613 mitsvot de la Torah.

- Dans la paracha Réé, la Torah interdit d'ajouter ou de supprimer un détail d'une des mitsvot, comme le fait de mettre des tsitsit sur un vêtement à 3 ou 5 côtés (au lieu de 4).

On retrouve cela dans les mots du verset : "Tout ce que je vous prescris" : pour chacune des mitsvot, "observez-le exactement, sans y rien ajouter, sans en retrancher rien".

[Sous couvert de bons sentiments, de vouloir être en phase avec son temps, ... on a tendance à vouloir mettre à jour la volonté de D., pour quelle soit en phase avec nos envies.

Cependant, venant de D., l'Unique, le Créateur du monde, la Torah est ce qui est le mieux adaptée à chaque juif, à chaque époque.
Vouloir y modifier un détail (sans l'accord de nos géants en Torah), c'est penser que la volonté divine n'est pas parfaite, et que nous, nous pensant plus intelligent que D., allons "corriger" Ses erreurs, en Lui donnant des conseils.

Hachem nous a donné Ses mitsvot avec une connaissance totale, et elles nous sont faites sur mesure : aucune retouche n'étant nécessaire (rien à retirer ou rallonger), sous peine de porter atteinte à l'intégralité de notre service divin. ]

"Le Shabbath nous offre une nouvelle perspective sur nos activités du quotidien.
La joie ressentie pendant les jours de la semaine est uniquement orientée vers ce jour saint, car sans lui, ce bonheur est vide de sens."

[Rav Chimchon Pinkous - basé sur le midrach Béréchit rabba 10,10]

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-> Notre proximité avec Hachem dans le monde à venir sera à la mesure de notre élévation pendant le Shabbath dans ce monde-ci.
[Rabbi Chlomo de Karlin]

-> Pendant Shabbath règne une lumière éclatante, issue de l'éblouissante lumière originelle qui emplissait la terre et fut mise de côté pour les tsadikim.
[Tiféret Chlomo]

La Havdala

+ La Havdala :

-> Selon le Rambam, c'est une mitsva positive de la Torah que de sanctifier le Shabbath par une expression verbale.
Ce rappel doit être fait à son début par le Kiddouch qui sanctifie le jour, et à sa fin par la Havdala qui est une déclaration de séparation.

D'après certains décisionnaires, la Havadala est une institution de nos Sages qui est évoquée implicitement dans certains versets de la Torah.
Tout le monde est d'accord, qu'elle a été rédigée par les Sages de la Grande Assemblée [à l'image des autres prières].
[le Lévouch 296,1]

-> Lorsque la Grande Assemblée a institué initialement la Havdala, la prière était uniquement prononcée pendant la Amida dans la bénédiction de : ata 'honantanou.

Lorsque les juifs ont gagné en richesses, il a été décrété que la Havdala sera récitée sur un verre de vin.
Lorsque les juifs sont devenus par la suite de nouveau pauvres, la Havdala a de nouveau été insérée dans la Amida, tout en maintenant la règle de la faire sur le vin.
[guémara Béra'hot 33a]

-> Rabbi Yo'hanan dit : Celui qui réside en Israël, celui qui éduque ses enfants à étudier la Torah, et celui qui fait la Havdala sur du vin à la sortie de Shabbath, sont assurés d'hériter leur part dans le monde à venir.
[guémara Pessa'him 113a]

-> Rabbi 'Hiya bar Abba enseigne : Quiconque récite la Havdala à toutes les sorties de Shabbath aura des enfants qui étudient la Torah.
Rabbi Yéhochoua ben Lévi dit : Il aura des enfants méritants d'être des maîtres [en Torah].
[guémara Chvouot 18a]

-> Rav Yits'hak dit : Quiconque accomplira la mitsva de la Havdala correctement, méritera d'avoir des garçons intelligents ayant le niveau d'enseigner les préceptes de la Torah, Hachem le chérira en le surnommant : "kadoch" (Saint), par contre, celui qui délaisse cette mitsva, ne connaîtra jamais le bonheur et la prospérité."
[Pirké déRabbi Eliezer - chap.20]

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-> Rabbi Tsadok [Pirké DéRabbi Elièzer] dit : "Celui qui ne fait pas la Havdala sur du vin à la sortie de Shabbath, ni ne se fait acquitter par autrui, ne verra jamais de bénédiction. Si par contre il le fait, D. l’appelle “saint” et le considère comme son joyau."
[rapporté dans la kitsour Choul'han Aroukh du rav Ich Maslia'h]

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+ L'ordre des bénédictions :

-> A ce sujet (b'h) : https://todahm.com/2016/08/22/la-havdala

-> L'ordre des bénédictions suit l'avis de Beit Hillel, qui se base sur le verset : "béssamim roch" (בְּשָׂמִים רֹאשׁ - Ki Tissa 30,23), se traduisant littéralement par : "les béssamim en 1ers".

La senteur est appréciée par l'âme, tandis que la vision de la flamme est apprécié par le corps.
Les béssamim sont prioritaires sur la flamme.
[Yaavèts]

-> Le vin, les aromatiques/épices, la flamme et la séparation s'élèvent dans l'ordre des capacités humaines, en partant de celui qui est le grossier à celui qui est le plus subtile :

1°/ le sens du goût, que nous ressentons lorsque nous mangeons et buvons, est celui qui est le plus physique. C'est pourquoi la bénédiction sur le vin vient d'abord.

2°/ le sens de l'odorat par les senteurs peuvent être ressentie même à distance sans la nécessité de devoir toucher l'objet. Etant ainsi un sens qui est moins physique, sa bénédiction vient en 2e position.

3°/ le sens de la vue : c'est un sens encore plus raffiné, puisque nous pouvons apercevoir même les étoiles qui sont à des années lumières de nous. C'est pourquoi la 3e bénédiction porte sur la vision de la flamme.

4°/ la bénédiction de la Havdala est celle qui se situe au niveau le plus élevé.
En effet, uniquement l'intelligence humaine peut faire la distinction entre le sacré et le profane.
C'est cela qui nous donne les moyens de comprendre la sainte Torah.

[le Kaf ha'Haïm 296,3]

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+ Les odeurs : Boré miné bessamim :

-> Pourquoi faisons-nous une bénédiction sur la senteur d'aromatiques/d'épices?

A la sortie de Shabbath, au moment où la néchama yétéra (le supplément d'âme) nous quitte, un juif se sent triste et déprimé.
En respirant l'odeur agréable des bessamim, cela va élever son esprit.
[Tossafot - guémara Beitsa 33b]

-> Pendant Shabbath les feux du guéhinam sont éteints, et ils ne sont rallumés qu'à sa sortie.
La senteur des bessamim est désignée pour neutraliser l'odeur nauséabonde émanant du guéhinam.
[le Bach 296]

-> Lorsque 'Hava a fauté en mangeant du fruit interdit, 4 de ses 5 sens en ont retiré du plaisir : elle l'a vu, elle a entendu la séduction du serpent, elle a touché le fruit et elle l'a goûté.

Puisque 'Hava a réalisé la faute dans la journée du vendredi, la néchama yétéra, qui prend plaisir aux senteurs n'était pas encore arrivée.
A la sortie de Shabbath, lorsque la néchama yétéra nous quitte, nous prenons plaisir à la pensée du seul sens qui n'a pas été contaminé par la faute de 'Hava : celui de l'odorat.
[Séfer Mat'amim]

-> La néchama yétéra vient d'en-haut où elle respire les odeurs divines du Gan Eden.
Elle n'est pas heureuse d'être dans ce monde avec des odeurs nauséabondes de fautes.
Nous lui fournissons les bessamim pour rendre plus agréable son inconfort.
[Séfer Mat'amim]

-> Il en est de même au moment d'une brit mila : https://todahm.com/2020/05/23/13486

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-> A la différence des effets transitoires du Shabbath, l'impact laissé par les Yom Tov est permanent, laissant pour toujours une trace indélébile sur le corps aussi bien que l'âme d'un juif.
A l'époque du Temple, les pèlerins étaient changés pour toujours par leur visite à Jérusalem pendant les Yom Tov.
Cette différence explique pourquoi nous ne sentons pas des épices parfumées dans la Havdala à la fin d'un Yom Tov.
Les Tossafot (guémara Pessa'him 102b) suggère que la fonction des épices dans la Havdala est de compenser la perte de "l'âme supplémentaire" qui nous quitte à la fin du Shabbath.
Cependant, l'âme supplémentaire accordée à un Yom Tov ne nous quitte jamais même après la fin de la fête.
[Sfat Emet - Emor 5647]

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+ La flamme : Boré méoré ha'esh :

-> Lorsque Adam fut créé, il y avait la lumière du jour pendant 36 heures de suite : 12 heures le vendredi (depuis l'heure de sa création en ce jour), 12 heures pour la nuit du vendredi soir, et 12 heures pour le Shabbath.

Lorsque le soleil s'est couché à la sortie de Shabbath, Adam en a été terrifié.
Banni du Gan Eden, il pensait qu'il faisait face à des dangers mortels invisibles à ses yeux (puisqu'il faisait nuit noire!).

Mais Hachem a fourni à Adam un instinct de survie, et il a frotté des pierres ensemble qui ont alors créé un feu, lui apportant de la lumière et de la chaleur.
A ce moment, Adam a récité une bénédiction sur le feu : "Boré méoré a'esh" (Qui créé les lumières du feu).
[midrach Béréchit rabba 11,2]

-> Le Lévouch dit que la raison principale pour laquelle nous disons la bénédiction : "Boré méoré a'esh" à la sortie de Shabbath, est pour se souvenir de la lumière originelle que Hachem a créé le 1er jour de la Création, comme il est dit : "D. dit : Que la lumière soit" (Béréchit 1,3).

Selon le Divré Yoël, parmi toutes les créations originelles, nous ne faisons de bénédiction uniquement sur le feu, car les autres créations vont bénéficier également aux réchaïm.
Quant à lui, le feu représente la lumière du 1er jour de la Création qui a été cachée dans la Torah, pour que ne puisse en profiter que les tsadikim qui étudient la Torah en l'honneur d'Hachem.

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-> La Havdala doit être récitée avec des chants traditionnels, puisque nous disons : "Au revoir!" à notre invité le Shabbath.

Un invité important est escorté jusqu'à la porte et renvoyé sur sa route avec des chansons, comme il est dit : "Je t'aurais reconduit avec allégresse, avec des chants, au son du tambourin et de la harpe!" (Vayétsé 31,27). "
[le Yaavets]

-> "A l'issue de chaque Shabbath, le machia'h et Eliyahou haNavi siègent sous l'arbre de la vie pour retranscrire les mérites du peuple juif qui respecte le Shabbath, c'est alors que Hachem s'associe à eux et appose son sceau en signe de consentement."
[midrach Ruth - chap.5]

[Nous avons l'habitude de dire à plusieurs reprises : Eliyahou haNavi za'hour létov! ]
[il y a une coutume (au nom du Arizal) de réciter à la sortie de Shabbath la phrase : Eliyahou Hanavi Zakhour Létov (אליהו הנביא זכור לטוב - le prophète Eliyahou qu’il soit mentionné pour le Bien), car celle-ci totalise la valeur numérique de 400, correspondant aux 400 forces d’impureté d’Essav qui seront soumises au machia’h lors de la Guéoula annoncée par Eliahou Hanavi. ]

-> Eliyahou haNavi est préposé pour noter à la fin de Shabbath toutes les mitsvot de chaque juif faites à Shabbath. C'est au Gan Eden, installé sous l'Arbre de Vie (ets 'haïm), qu'Eliyahou écrit chacune des mitsvot de chaque juif faite à Shabbath, c'est pour cette raison que nous mentionnons Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath, au moment de la havdala.
De plus, lorsque Eliyahou haNavi inscrit les mérites du peuple d'Israël, il en tire une satisfaction proportionnelle à la qualité et à la quantité des mitsvot accomplies ce Shabbath, et il éprouve pour chaque personne un amour lié à ces mérites.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kétouvot 61a]

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-> Il est enseigné : "Ils ont l'assurance, Israël, que Eliyahou haNavi ne viendra pas les veilles de Shabbath ou veilles de fêtes pour ne pas les déranger dans leur préparatifs" (guémara Erouvin 43b).
On apprend de là qu'à partir de la sortie de Shabbath débute le moment de sa possible venue, c'est pourquoi nous mentionnons Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath.

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+ Mentionner Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath :

-> Le Tour (Ora’h ‘haim 295) écrit qu’à la sortie de Shabbat, on a la coutume de mentionner Eliyahou haNavi.

-> Le Baal haManhig (Hilkhot Shabbat 71) en explique la raison : c’est parce qu’il sera celui en charge d'annoncer la guéoula (la rédemption/délivrance), et la guémara (Erouvin 43b) affirme qu’Eliyahou ne viendra pas érev Shabbat ou érev Yom Tov (pour ne pas en perturber les préparatifs notamment). Ainsi prions nous, une fois Shabbat écoulé et que le machia’h est de nouveau susceptible de se dévoiler, qu’il vienne et nous annonce la rédemption.

-> Le Arou'h haChoulkhan suggère que puisque Chabbat est "méén olam aba" , un avant-goût du monde futur (guémara Béra'hot 57b), il est porteur de grande joie. La tristesse ressentie à son départ doit être jugulée. Chanter des chants avec des mots inspirants, remplis d’espoir pour la rédemption, atteint cet objectif.

-> Le Aboudraham écrit que la raison pour laquelle Eliyahou est associé à la sortie de Shabbat est dans le fait que nos Sages (Shabbath 118b) connectent l’observance du Shabbat à la libération et à la guéoula.
C’est donc seulement à l’issue de ce saint jour que nous implorons Hachem : "Nous avons fidèlement observé ton Shabbat, tel que Tu nous l’as ordonné. Maintenant, s’il te plaît, par ce mérite, envoie-nous Eliyahou haNavi."

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-> Le Maharil (fin d’ Hilkhot Chabbat) cite une Tossefta selon laquelle chaque à la sortie de Shabbat, Eliyahou s’assoit sous le Ets Ha’haim, l’arbre de la vie dans le Gan Eden, et consigne les mérites de tous ceux qui ont observé Shabbat.

-> On peut citer quelques liens entre Eliyahou haNavi et la sortie de Shabbat :
1°/ La sortie de Shabbat est un temps de petite mort puisque notre néchama yétéra (le supplément d'âme reçu en ce jour) nous quitte (guémara Beitsa 16a).
Eliyahou est celui qui va annoncer la guéoula, un temps d’éternité, de résurrection des morts. Cela sied parfaitement avec Eliyahou qui ne mourut pas comme on le rappelle à son sujet dans un des chants du Mélave Malka : "l’homme qui ne goûta pas le goût de la mort ni de l’inhumation" (איש שלא טעם טעם מיתה וקבורה - voir Méla'him 2,2-11).
Cela correspond bien aussi avec la sortie de Shabbat où l’on nourrit le Louz, l’os qui ne peut pas pourrir et qui sera à l’origine de la résurrection (voir michna Broura 300:2).

2°/ La brit mila est réalisée le 8e jour où est présent Eliyahou, le mala'h habrit (ange de l'alliance - Mala'hi 3,1). Le début du 8e jour depuis le début de la création (soit dimanche) est le temps de la sortie de Shabbat (la veille au soir).

3°/ Eliyahou vécut dans ce monde qu’il quitta vivant dans un tourbillon de feu et devint un mala'h (ange). De même qu’il subit une transformation, on peut comprendre qu’il assiste aux brit mila, où l’enfant subit lui aussi un changement, étant purifié par le retrait de l’excroissance de sa chair.
De même, la sortie de Shabbat opère le passage entre le Shabbat et la semaine. Eliyahou élève la personne après Shabbat quand elle connaît un certain déclin spirituel.

4°/ Eliyahou est porteur de bonnes nouvelles (comme nous le disons dans le Bircat Hamazon : "hara'haman ou yichla'h lanou ét Eliyahou haNavi za'hour létov ouyivacher lanou béchorot tovot véné'hamot -> Que le Miséricordieux nous envoie Eliyahou haNavi, de mémoire bénie, pour qu’il nous délivre de bonnes nouvelles, des délivrances et des consolations).
Dans le zémer Elyahou Hanavi que l’on chante durant le Mélavé Malka, nous disons également: איש פקיד על כל בשורות טובות = l’homme préposé aux bonnes nouvelles.
=> A la sortie de Shabbat, beaucoup connaissent un certain abattement puis sont revigorés par le Mélave Malka, lié à Eliyahou.

[après un boost de spiritualité à Shabbath, on peut risque de redescendre (le retour à la réalité de la vie quotidienne peut faire mal, nous rendre triste, avoir un peu de désespoir ... Ainsi, au moment de retrouver notre vie de tous les jours on n'oublie pas que Eliyahou haNavi peut arriver à tout instant pour nous annoncer la guéoula, et en ce sens cela nous remobilise pour qu'on donne le meilleur de nous-même dans la semaine à venir.)]

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-> b'h, Sur le sujet de la Havdala, voir également un dvar Torah sur : Pourquoi regardons-nous nos ongles durant la havdala? : https://todahm.com/2016/04/25/pourquoi-regardons-nous-nos-ongles-durant-la-havdala

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-> Dans le Zohar (Béréchit p.17), rabbi Chimon bar Yo'haï dit que chaque samedi soir un ange de destruction associé à la médisance quitte le purgatoire et tente de dominer le peuple juif lorsqu'il dit dans la prière du soir : "l'oeuvre de nos mains subsistera pour nous" (Téhilim 90,17 - vihi noam Hachem ... oumaassé yadénou konénéou).

Cet ange essaie à tout prix de se mêler aux juifs et d'introduire parmi eux le mauvais œil.
Cependant, lorsqu'ils récitent la Havdala en observant strictement toutes ses règles, l'ange les quitte pour retourner à la résidence de Kora'h et de son clan dans l'abîme.
[Méam Loez - Yitro 20,8]

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+ Pourquoi la coutume est que les femmes ne boivent pas du vin de la Havdala?

-> 'Hava pressa du raison (fruit interdit) pour que Adam en consomme, occasionnant ainsi la faute originelle, c'est pourquoi elle reçut en punition le sang des menstruations.
La punition prit cette forme suite à l'impureté que provoqua en elle le serpent. Et du fait de la consommation de vin engendra la période de Nida (la séparation entre Adam et 'Hava), les femmes n'ont pas à boire du vin de la Havdala (de séparation).
[le Chla haKadoch - traité Shabbath, chapitre Torat Ohr]

[selon certains de nos Sages : mieux vaut pour la femme ne pas goûter au vin de la Havdala, car cela pourrait éveiller l'attention des accusateurs contre elle.]

-> Si les femmes buvaient du vin de Havdala, elles auraient des accouchements très difficiles.
[des Sages de Jérusalem - répondant à une question de rabbi Chem Tov Gaguine]

Pourquoi manger du poisson à Shabbath?

+ Pourquoi manger du poisson à Shabbath?

-> Comment une personne peut prendre plaisir à Shabbath?
Rav Yéhouda répond : en mangeant un grand poisson.
[guémara Shabbath 118a]

-> Selon le Baal haTanya, la Torah ne nous ordonne pas de manger du poisson à Shabbath ; c'est un embellissement de la mitsva de prendre plaisir à Shabbath.
[Choulh'an Arou'h haRav 242,4]

-> "Il est bien de manger du poisson lors des 3 repas de Shabbath, à moins qu'on ne l'apprécie pas."
[Michna Broura 242,2]

-> Les repas de Shabbath sont comparés à la manne descendant dans le désert, et nos Sages disent qu'elle avait le goût de tout aliment qu'on pouvait imaginer, à l'exception du poisson.
Pour compenser cette saveur alors inaccessible, nous faisons un effort d'en manger à Shabbath.
[Taamé haMinhaguim]

-> La valeur numérique de : dag (poisson - דג) est de 7, mettant en avant la signification de le manger le 7e jour de la semaine, à Shabbath.
[Oneg Shabbath]

-> Shabbath est un jour destiné à des objectifs spirituels : prier, étudier la Torah, faire des mitsvot.
En ce sens, le moins nous passons de temps à dormir, le mieux c'est.

En mangeant du poisson, qui ne ferme jamais les yeux et même continue parfois à nager pendant son sommeil, nous nous rappelons de ne pas perdre les heures si précieuses de Shabbath en dormant [voir pire en tuant le temps, disant du lachon ara, ...].
[oul'Acher Amar]

[les poissons ne peuvent vivre que dans l'eau, qui représente la Torah. Or, Shabbath n'a été donné que pour l'étude de la Torah.
Manger du poisson est bien un rappel en ce sens. ]

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-> Le Rama de Pano enseigne : quelqu’un qui délaisse l’étude de la Torah finit par se réincarner en poisson ; en effet, il est écrit : "Il expira et fut rassemblé à son peuple" (Béréchit 49,33), et à propos des poissons nous trouvons : "Faut-il leur rassembler tous les poissons de la mer?" (Bamidbar 11,22).
Et le Shabbat, toutes ces réincarnations trouvent leur réparation.
Donc quelqu’un qui mange un poisson, ce qui est une chose matérielle faisant partie du repas de Shabbat en l’honneur du saint Shabbat, fait un tikoun (réparation) à ce poisson, qui est dans sa racine une réincarnation spirituelle."
[rapporté par le rav David Pinto (la voie à suivre n°616)]

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-> La guémara (Baba Batra 75a) rapporte que dans le monde futur, Hachem fera un festin pour les tsadikim.
Le menu consistera en de la chair du poisson Léviathan, de la viande d'un bœuf sauvage (le chor habor) et du vin ayant été mis de côté depuis les 6 jours de la Création.

Afin de nous donner un avant goût du monde à venir (jour qui est entièrement Shabbath), nous consommons ces 3 choses qui seront servis pendant le grand festin futur : du poisson, de la viande et du vin.
[le Matté Moché]

-> Puisque le poisson vit sous l'eau, ils n'ont pas de lien avec ce monde.
Shabbath étant un semblant du monde à venir, il est de même détaché de ce monde.
Il convient ainsi de manger du poisson en ce jour.
['Hachava léTova]

-> Contrairement aux animaux, le poisson ne produit pas de son.
En mangeant du poisson, nous nous rappelons d'agir comme eux en nous retenant de paroles inutiles et légères, en ce jour si spécial.
[Imré Yéhouda - Chéla'h]

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+ "Les cieux sont à D. tandis que la terre ferme fut octroyée à l'homme" (Téhilim 115,16)

Rabbi Baroukh Leff enseigne que ce n'est que la terre ferme qui fut donnée aux hommes ; l'eau ne nécessite pas d'être développée ultérieurement.
Les mers ne font partie que du domaine divin, et sont déjà parfaites.
Par conséquent, les poissons qui sont en son sein n'ont pas besoin de ché'hita (abattage rituel), et peuvent être consommés directement après avoir été tirés de l'eau.

Les animaux nécessitent encore une action humaine afin de les amener à leur niveau de perfection, ce qui n'est pas nécessaire pour les poissons.

Etant 2 mondes séparés, ils ne doivent jamais être mangés ensemble.

En ce sens, le Ari zal enseigne qu'une personne qui est un vrai tsadik, laisse une vie quasi parfaite ne nécessitant quasiment plus de réparation.
Ainsi, Hachem fait revenir brièvement dans notre monde son âme quasi parfaite sous la forme d'un poisson, qui ont eux aussi une forme parfaite.

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+ "De tout ce qui était sur la terre sèche, périt" (Noa'h 7,22)

-> Malgré le fait que les eaux du déluge étaient bouillantes (guémara Sanhédrin 108b), les poissons ne sont pas morts (guémara Zéva'him 113b).

Les poissons ont été les 1eres créatures vivantes que D. a créé.
Ils sont apparus le 5e jour, avant les oiseaux (qui ont aussi été créés en ce même jour), et avant les autres animaux et les hommes (qui ont été créés le 6e jour).
C'est en considération de cette qualité qu'ils n'ont pas été détruits.

D'ailleurs, la coutume de commencer par manger du poisson à Shabbath peut venir de ce fait qu'ils ont été créés avant les volailles (oiseaux) et les animaux.

-> Le Torat Yé'hiel dit qu'ils ont été récompensés d'être mangés le Shabbath, pour avoir été la seule espèce qui n'a pas fauté durant la génération de Noa'h.

-> Le Ramban (Béréchit 9,3) rapporte qu'après le déluge, Noa'h a reçu la permission de manger de la chair animale, car les animaux ont été sauvés grâce à lui.
Mais puisque les poissons ne sont pas morts pendant le déluge, Noa'h n'a pas été autorisé à les consommer.

Selon le Pardess Yossef (Noa'h), ce n'est qu'après le don de la Torah, qui a eu lieu un Shabbath, que la permission de manger des poissons a été accordée.

D'ailleurs, certains rabbanim 'hassidiques n'en mangeaient pas le restant de la semaine, car c'est un plat de fête réservé au Shabbath.

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-> Pourquoi les poissons conviennent-ils si bien aux repas du Shabbat?
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique : ""Tout ce qui peuplait le sol expira", et non les poissons de la mer. Ceci peut expliquer pourquoi précisément les poissons ont été choisis pour orner la table du Chabbat : pour nous enseigner que le feu du guéhinam n’a pas d’emprise sur le jour saint, de même que les poissons échappèrent au feu du déluge, qui anéantit le monde par des eaux bouillantes."

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-> La guémara (Béra'hot 20a) rapporte que le fait qu'ils soient complètement enveloppés par l'eau protectrice garantit également de ne pas souffrir du ayin ara (mauvais œil).
Confinés dans leur domaine sûr et isolé, ils sont hors d'atteinte de toute la négativité du milieu extérieur.

-> Shabbath est l'occasion de prendre conscience et de renforcer notre souhait d'éviter de nous exposer à l'influence négative du monde matériel, pour davantage se concentrer sur notre spiritualité, et ce en étant remplis de sainteté.

=> En ce jour dédié à une grande proximité avec Hachem (néchama supplémentaire), nous prenons conscience de la requête de papa Hachem : kédochim tiyou (soyez kadoch!).

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+ "D. bénit le 7e jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour Il se reposa de l'oeuvre entière qu'Il avait produite et organisée" (Béréchit 2,3)

-> Rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov (Bné Yissa'har) enseigne :
Il est de coutume de manger du poisson pendant Shabbath, à cause des 3 bénédictions que D. a prononcées au moment de la Création :
1°/ la 1ere bénédiction a été donnée aux poisson lorsque D. leur a dit : "Croissez et multipliez! Remplissez les eaux" (Béréchit 1,22) ;
2°/ la 2e bénédiction a été octroyée à l'homme : "Croissez et multipliez! Remplissez la terre" (Béréchit 1,28) ;
3°/ la 3e bénédiction a été conférée au Shabbath, selon les mots : "D. bénit le 7e jour et le proclama saint" (Béréchit 2,3).

=> Ainsi, en consommant du poisson pendant le Shabbath, nous avons le mérite que les 3 bénédictions données à l'homme, au Shabbath et au poisson, se réalisent à travers nous.

-> Les Kabbalistes retrouvent cette idée à travers les mots du roi David : "Dans de vertes prairies (déché), Il me fait camper", où le mot : "déché" correspond aux initiales des mots : daguim (poissons), Shabbat et adam (homme), allusion à cette combinaison magique garantissant une triple bénédiction, à laquelle renvoie la fin du verset : "Il me conduit au bord d’eaux paisibles" (Téhilim 23,2).

Le 3e repas de Shabbath

+ Le 3e repas de Shabbath :

-> Selon la kabbale, le moment du 3e repas de Shabbath est dénommé : "Raava Déraavin" (le temps de faveur des faveurs), c'est la période durant laquelle Hachem est disposé avec le plus de bonté envers le peuple juif.

-> Le 'Hozé de Lublin fait remarquer que les 2 premiers repas sont consommés à des horaires habituelles auxquelles nous avons faim.
Le 3e repas a lieu à un moment où souvent nous n'aurions jamais mangé à nouveau si ce n'était pas pour accomplir la mitsva.
Ainsi, c'est le seul repas qui permet d'attester que nous le faisons parce que Hachem nous l'ordonne, et non pas notre ventre.

Par cela, le 3e repas a le pouvoir de sanctifier les 2 repas précédents, et c'est comme si les 3 repas étaient consommés par un seul esprit de dévouement.
[Divré Emet]

-> Les 3 repas de Shabbath font allusion aux 3 Patriarches : Avraham, Yits'hak et Yaakov.

Yaakov, symbole du 3e repas, englobe ses ascendants : Avraham et Yits'hak.
Ainsi, le 3e repas comprend les 2 repas précédents.

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+ Un temps de faveur des faveurs :

-> Hachem a commencé à créer le monde à la sortie de Shabbath.
L'instant juste avant qu'Il commence à créer était le dernier moment de Shabbath.
Ainsi, la volonté divine de créer le monde a surgi un instant avant le début des 6 jours de la semaine, qui est le moment où l'on mange le 3e repas.

C'est un temps de déversement de faveurs, car c'est là que s'est éveillé la volonté divine de créer le monde dans un acte de suprême bonté.
[le Maor vaChémech - Likoutim]

-> Le Divré Chmouel (sur Mikets 43,25) commente en disant que Yaakov a demandé à ses enfants de partager spécifiquement leur 3e repas de Shabbath avec Yossef, car c'est un moment de "raava déraavin", que cela aiderait certainement, et ce fait le cas.

-> Puisque le 3e repas est un temps de faveur des faveurs, une prière pour la subsistance sera certainement répondue.
De plus, c'est au cours de ce repas que le comportement d'une personne est déterminé, c'est pourquoi c'est un moment opportun pour prier pour être humble et soumis (à la volonté de D.).
[Imré Pin'has - page 114]

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+ Le point culminant de Shabbath :

-> Selon le Azi zal, au moment de la 3e Séouda, les juifs sont invités à s'asseoir à la table de Hachem : "pour voir la splendeur de la présence divine".

-> Le 3e repas est le moment où Hachem s'unit avec le peuple juif et nous devenons un avec la présence divine.
[Tséma'h David - Shabbath]

-> Le Maguid de Kozhnitz dit qu'à ce moment chaque juif a le statut de : "Tsadikim qui sont assis au Gan Eden, portant les couronnes qu'ils ont obtenus avec les mitsvot qu'ils ont réalisé, profitant de la splendeur de la sainte présence divine" (guémara Béra'hot 17a).

-> Nos Sages enseignent que le 3e repas est un moment très adapté pour faire téchouva, car c'est un temps où l'âme d'une personne est (particulièrement) liée à Hachem.

D'ailleurs, rabbi Kalonymus Kalmish Shapiro disait que le 3e repas est le Yom Kippour hebdomadaire.

-> Observant 2 hommes discutant l'un l'autre pendant la période du 3e repas, le rabbi de Satmar les a réprimandé : "Vous êtes en train de perdre les minutes les plus précieuses de toute la semaine en commérages!"

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-> Le 'Hida rapporte avoir vu un manuscrit de rabbi 'Haïm Vital citant rav 'Haï Gaon, affirmant qu'il y a une tradition testée et approuvée qu'une personne qui prolonge le 3e repas sera couronnée de succès pendant la semaine à venir.

-> Le 'Hafets 'Haïm donnait un cours de Torah à une communauté, et une fois l'heure de la fin de Shabbath dépassée, il sentit une impatience grandissante dans l'assemblée : faisons arvit au plus vite, Shabbath est terminé!

Il a dit : "Qui peut dire que dans sa famille, il n'a pas un ancêtre qui est en enfer?

La règle est que l'on remet les personnes à souffrir en enfer, qu'une fois que le dernier minyan de sa ville fait sortir Shabbath (récitant le "ouva létsion" dans la prière de arvit).

Etes-vous impatient d'amener au plus vite les atroces souffrances de l'enfer sur vos ancêtres, en voulant faire sortir au plus vite Shabbath?"

L’importance de la Torah

+ L'importance de la Torah
Magnifique discours funèbre du rav Chlomo Bravde en l'honneur du Steïpler :

"Le rav 'Haïm de Volozhin écrit dans le Néfech ha'Haïm (Portique 4), que non seulement l'existence du monde dépend de l'étude de la Torah, comme on le voit dans la prophétie : "Si ce n'était Mon alliance jour et nuit, J'aurais interrompu le cycle du ciel et de la terre" (Yirmiya 33,25), mais même les conditions régissant le monde dépendent de la qualité de cette étude.

Si nous voyons que des fléaux frappent l'humanité, que les tourments succèdent aux calamités, c'est assurément le manque d'assiduité dans l'étude qui est la cause.
Car le flux de bienfaits répandu sur le monde depuis les Cieux est directement fonction du nombre d'heures consacrées à l'étude de la Torah.

Il en résulte que si l'ensemble du peuple juif se vouait à la Torah, en y engageant toutes ses forces et ses facultés, le monde ne connaîtrait que bienfaits et sérénité, et serait épargné de bien des malheurs.

Le rav 'Haïm de Volozhin illustre cette idée par une parabole : imaginons qu'un juif sans le sou éprouve des difficultés à marier sa fille. Mais voilà qu'on propose à cet homme de réaliser une transaction, dont les éventuels bénéfices pourraient le sortir d'affaire. Au même moment, dans un autre coin du monde, un juif assis dans le Bet Hamidrach interrompt son étude pendant quelques instants.
Il se pourrait que par la faute de ce dernier, l'affaire du premier ne puisse être conclue!

Et telle est bien la réalité : à cause de quelques minutes d'interruption dans l'étude de la Torah, une famille entière se retrouve dans le besoin, empêchant une jeune fille de se marier dignement parce que son père n'est pas en mesure de régler ses dettes.
Quelle formidable responsabilité!!

En gardant cette image à l'esprit, chacun s'efforcera de mettre à profit chaque minute qu'il peut consacrer à l'étude de la Torah, en sachant que par ce mérite, il aidera peut-être, quelque part dans le monde, une famille en difficulté ou une femme en proie aux douleurs de l'accouchement.
Peut-être que le par le mérite de ces quelques instants d'étude, cette dernière aura droit à une bonne délivrance, et son enfant viendra au monde sain et sauf!

En réalisant l'impact de chaque mot de Torah qu'il prononce, un homme las et fatigué redoublera d'ardeur dans son étude, faisant fi des difficultés, conscient qu'une vie sera peut-être sauvée par son mérite.
En effet, comment peut-on aller dormir, lorsqu'on sait l'impact de nos efforts personnels sur le monde entier?

Le rav 'Haïm de Volozhin révèle également qu'il ne fait aucun doute que si l'humanité entière cessait un instant d'étudier la Torah, serait-ce pendant une fraction de seconde, le monde reviendrait au néant.

Lorsqu'un homme se penche sur son livre d'étude, il doit se dire que, peut-être à ce moment précis, il est la seule personne au monde se vouant à la Torah.
Autrement dit, peut-être que ce moment d'étude est ce qui permet au monde de subsister!
Ceci constitue, d'une part, un mérite formidable, et d'autre part, une immense responsabilité.
[...]

Dans les temps futurs, Hachem dessillera nos yeux, fera jaillir la Vérité absolue et offrira alors à ces hommes, par le mérite desquels l'humanité à subsisté, une récompense incommensurable.

Comment peut-on ne pas s'émouvoir, en prenant conscience de tous les formidables mérites que peut offrir une seule minute d'étude?
Et inversement, qui peut imaginer quels terribles désastres sont peut-être dus à quelques minutes d'interruption dans l'étude de la Torah?"

[On nous montrera tout ce que notre étude de Torah a permis de faire dans le monde : le nombre de mariages, de naissances, de réfoua chéléma, de téchouva, de personnes heureuses, ... qui ont eu lieu grâce à nous!
On nous montrera également tout ce que nous aurions pu apporter ou éviter au monde, si nous avions davantage étudié la Torah.

En effet, pour permettre la présence d'un libre arbitre on ne peut pas se rendre compte de l'impact phénoménal de notre étude de la Torah, et tout ne nous sera dévoilé qu'à la fin de notre vie.]

"Le 8e jour, on circoncira la chair de son excroissance" (Tazria 12,3)

Ce verset enseigne qu'à l'âge de 8 jours, on fera la circoncision à un garçon.
Quelle est la signification de ces 8 jours?

-> 1°/ La guémara (Nidda 31b) dit que c'est afin que les invités ne se réjouissent pas, alors que les parents sont tristes.
Pourquoi seraient-ils tristes?

C'est parce que la femme est impure (tamé) durant les 7 premiers jours suivant la naissance, et que le mari et la femme ne peuvent ainsi pas avoir de contact physique.
Lorsque le 8e jour arrive tout le monde peut être pleinement joyeux.

[Précision: à cette époque la femme était interdite durant seulement 7 jours après l'accouchement d'un garçon].

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-> 2°/ Le midrach (Dévarim rabba 6,1) rapporte que Hachem attend jusqu'à ce jour car il a de la miséricorde pour l'enfant, et Il souhaite que le bébé puisse avoir la force pour supporter la circoncision.

Selon le Rambam (Moré Névou'him 3,49) : "Toute être vivant est extrêmement faible les 7 premiers jours suivant la naissance, presque comme s'ils étaient encore dans le ventre de leur mère.
Ils ne peuvent pas être comptés parmi ceux qui profite de la lumière du monde jusqu'à leur 8e jour."

Le Rambam précise également qu'en faisant la brit mila au plus tôt (sans mettre sa vie en danger), cela empêche que les parents soient trop attachés à l'enfant, et il leur est ainsi plus facile de la faire.

En ce sens, le Rambam (Guide des égarés) écrit :
Au moment de la naissance, les sentiments d’amour et d’affection des parents envers le bébé n’ont pas encore pris toute leur force. L’amour d’un père ou d’une mère pour leur bébé n’est pas le même quand il a un jour que leur amour pour lui quand il a un an, et même cet amour n’est pas semblable à celui qu’ils lui porteront quand il aura six ans. C’est-à-dire que plus l’enfant grandit, plus leur amour envers lui grandit aussi.
C’est pourquoi si la mitsva de la circoncision était reportée à l’âge de deux ou trois ans, par exemple, il y aurait lieu de craindre qu’on ne l’annule à cause de la pitié et de l’amour du père pour son fils.

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-> 3°/ Le Zohar (3:44a) et le midrach (Vayikra rabba 27,10) expliquent que l'enfant durant la brit mila, a le statut d'un sacrifice (korban), et la halakha est qu'on ne peut pas apporter un korban tant que l'animal n'a pas vécu au moins 7 jours et traversé tout un Shabbath.
Il en est de même pour un bébé pour qu'il puisse être amené comme un korban.

Il est écrit : "lorsqu'un taureau, un mouton, ou une chèvre naîtra ... à partir du 8e jour et au-delà, il sera agréé comme offrande" (Emor 22,27)

Rabbénou Bé'hayé (Lé'h Lé'ha 17,13) commente : "La mila est similaire à l'offrande (korban) ... et elle doit également être réalisée le 8e jour".

Selon le Yalkout Chimoni (Lé'h Lé'ha 81), l'enfant est comparable à un korban min'ha.

A ce sujet le Likouté Yéhouda dit : "Lorsqu'un père amène son fils pour qu'on lui fasse la mila, c'est comme s'il avait offert une offrande (korban) par laquelle la miséricorde de Hachem se réveille sur le monde entier."

-> Rabbénou Bé'hayé (Tazria 12,3) écrit également que la circoncision est similaire à un Korban. De même, que lors du sacrifice le sang de l'animal se repend, de même lors de la brit mila le sang du bébé va se répandre.
De même qu'un animal ne peut pas être apporté avant qu'il ne soit âgé d'au moins 8 jours, de même pour l'enfant.
Le repas après la brit mila est en allusion à la consommation du Korban après qu'il n'ai été sacrifié.
De même que l'expiation est pleinement atteinte qu'une fois que le sacrifice est mangé par ses propriétaires et les Cohanim, de même la finalisation d'une brit mila a lieu au moment du repas qui la suit.

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-> 4°/ Le Tsror haMor et le Ohr ha'Haïm lient cette idée au midrach (Béréchit rabba 10,9), selon lequel le monde était incomplet et instable durant toute la Création jusqu'à ce que le Shabbath arrive.
De même, l'enfant n'a pas les forces pour la brit mila jusqu'à ce qu'il vive un Shabbath complet, et les 8 jours permettent de garantir cela.

Pour citer le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayikra 12,3) : "Shabbath amène une âme de vie au monde, donnant à l'enfant la capacité de survivre".

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+ Pas de circoncision sans Shabbath :

-> " 'Lorsqu'un bœuf ou un mouton ou un bouc nait], il restera avec sa mère pendant 7 jours [et depuis le 8e jour, il sera accepté comme sacrifice consumé à D.]' (Emor 22,27).
Rabbi Yehochoua de Sikhnin [dit] au nom de Rabbi Lévi [qu'on peut expliquer cette loi par une parabole : ] un roi entra dans un pays et fit proclamer : 'Tous les invités qui sont là ne doivent pas venir me voir avant d'avoir vu la reine'.
De même, D. dit aux Bné Israël : 'Mes enfants, n'offrez pas de sacrifice devant Moi avant qu'un Shabbat ait passé, car il n'existe pas 7 jours sans un Shabbat et pas de circoncision sans un Shabbat' "
[Pessikta déRav Kahana 9,10 ; un enseignement semblable figure dans le midrach Vayikra Rabba 27,10]

-> Le Zohar (Tazria 44a) dit à propos de la brit mila : "Chaque homme doit offrir son fils en sacrifice à D. avec joie et de tout coeur afin de le conduire sous les ailes de la Chékhina ... Ce sacrifice ressemble au sacrifice d'un animal, car tous deux sont offerts après 8 jours, comme le dit le verset : 'Depuis le 8e jour il sera accepté' (Emor 22,27). Qu'est-ce qui le rendra acceptable? Le Shabbat qui est passé sur lui".

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
"il n'existe pas de circoncision sans un Shabbat". Selon ce midrach, la mila ne peut pas avoir lieu avant le 8e jour de l'enfant parce que Hachem déclare : "Qu'ils ne viennent pas Me voir avant d'avoir vu la Reine", ce qui signifie qu'un enfant doit avoir expérimenté un Shabbat avant d'être circoncis.
Mais si c'est le cas, demande le Chem MiChmouel (Emor 5653), pourquoi la circoncision a-t-elle lieu le 8e jour de sa vie? Pourquoi la Torah n'a-t-elle pas décrété que la brit mila est effectuée dimanche, juste après le premier Shabbat de la vie de l'enfant?

Le Chem MiChmouel répond que "Shabbat doit être accompagné des 6 jours de travail". Partout où la Torah mentionne le Shabbat, elle mentionne les 6 jours de la semaine, comme dans les versets : "Pendant 6 jours tu travailleras et accompliras tout ton travail, et le 7e jour est un Shabbat pour l'Eternel ton D." (Yitro 20,9-10 et Vaét'hanan 5,13-14).
Le Chem miChmouel en explique la raison : "Le Shabbat relie les jours de travail à leur racine ; par les jours de travail et le Shabbat qui les accompagne, nous accueillons la Reine".
On ne peut pas se lier à Hachem par la brit mila avant que tous les jours de la semaine prennent racine et soient élevés par le Shabbat. C'est seulement quand les jours de la semaine sont enracinés dans le Shabbat que nous sommes capables d'accomplir la mila qui nous lie à D.

D'après notre discussion, nous pouvons ajouter une raison supplémentaire à cela. Le but du Shabbat est d'élever et de sanctifier la dimension matérielle des 6 jours de la semaine. En tant que tel, le Shabbat atteint sa perfection en conjonction avec les 6 jours de la semaine qu'il imprègne de sainteté et d'élévation.

Sur l'enseignement : "Il n'existe pas de circoncision sans un Shabbat", le rav Eliyahou Desslev (Mikhtav méEliyahou (Vol.1) explique pourquoi on effectue la circoncision même le Shabbat.
Alors que le Shabbat sanctifie le physique en l'imprégnant de spiritualité, la circoncision enlève les forces physiques et brise les passions de l'homme. Eradiquer le vice (essence même de la mitsva de mila) a préséance sur sanctifier le physique, le but du Shabbat.
[Le Mikhtav méEliyahou explique longuement cette idée et ajoute qu'il serait très dangereux pour l'homme d'essayer d'amener la sainteté dans le monde matériel avant de s'être libéré de l'emprise du désir. Le yétsèr ara pourrait lui faire croire qu'en honorant le Shabbat, il sanctifie le physique alors qu'en réalité, il ne fait rien d'autre qu'assouvir ses désirs.]

La différence entre la mila et le Shabbat peut aussi expliquer pourquoi la Torah demande qu'aucune mila n'ait lieu avant que l'enfant ait vécu un Shabbat. En effet, il ne suffit pas de s'efforcer d'éliminer cette tendance vers le matériel, mais s'efforcer d'atteindre le but du Shabbat et de sanctifier le monde physique.
Bien que la mila puisse être effectuée le Shabbat (se libérer des tendances physiques étant le plus important), le passage d'un Shabbat est une condition préalable à la mila parce qu'une forme d'avoda ne suffit pas sans l'autre. Il reste nécessaire de travailler pour introduire la sainteté dans le monde physique.

Ceci pourrait aussi expliquer pourquoi un animal ne peut être offert en sacrifice avant qu'un Shabbat et 6 jours de semaine ne se soient écoulés depuis sa naissance. Un animal est un être physique ; pour qu'il soit digne de servir d'offrande, il doit avoir connu un Shabbat, et les 6 jours de travail, afin d'être purifié.
Nous déclarons dans nos prières que D. a "établi le Shabbat" afin d'imprégner de sainteté les 6 jours de la semaine, et a "désiré ses sacrifices", car c'est par le Shabat que les animaux offerts en sacrifice sont "désirés" et acceptés par Hachem.

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-> 5°/ Le Maharal (Tiféret Israël - chap.2) dit que la brit mila le 8e jour se rapporte à la symbolique des chiffres 7 et 8.

Le "7" représente l'ordre naturel de ce monde (ex: les 6 jours de la Création, plus 1 jour de repos, faisant une semaine de 7 jours), tandis que le chiffre "8" représente ce qui est au-delà de la nature et qui est relatif au miracle, au surnaturel.

La brit mila est réalisée sur une partie du corps utilisée pour les plaisirs physiques, et en la faisant le 8e jour, cela signifie que la mission d'un juif est de prendre cette matérialité et de l'élever à un niveau de vie spirituel.

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-> 6°/ Le Taz (Yoré Déa 265,13) apporte une raison pratique.

La guémara Nidda (30b) enseigne qu'un ange enseigne toute la Torah dans le ventre de la mère, mais qu'au moment de naître un ange vient et le frappe sur sa bouche et il en oublie alors toute la Torah.

La brit mila a lieu le 8e jour afin de permettre à l'enfant de prendre le deuil pendant 7 jours (comme une période de chiva) pour toute cette Torah qu'il a perdu en naissant.

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-> 7°/ Rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld rapporte le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 617,4) disant que jusqu'au 8e jour suivant la naissance d'un enfant, une femme a le statut d'un malade.
En attendant 8 jour, on évite au père d'avoir 2 "malades" dans sa maison le jour de la brit mila.

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-> 8°/ Le Sforno répond en se basant sur une sougya de la guémara Nidda.
Il commente que le 8e jour, tout sang impur de la mère qui a servi à nourrir l'enfant dans son ventre, a été absorbé. L'enfant est alors prêt pour la sainte circoncision.

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-> 9°/ Selon le Méam Loéz (Téhilim 6,1), avant la circoncision, l'humanité avait déjà les 7 mitsvot des Bnei Noa'h.
Lorsque Avrahama reçu cette mitsva, c'est devenue la 8e mitsva.

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-> 10°/ Le Yessod Yits'hak fait remarquer qu'au moment de la brit mila le bébé a vécu 180 heures.
En effet : 7 jours * 24h + 12h (la nuit du 8e jour) = 180 heures.

Yits'hak qui est la 1ere personne à être circoncis le 8e jour, a vécu 180 années.

[Le Gaon de Vilna (commentaire sur Michlé 31,1) écrit que lorsque notre âme montera au Ciel, on nous donnera 180 jours (non stop), afin d’exposer publiquement la Torah que l’on aura appris durant notre vie.
Et même plus que cela, on aura les âmes des tsadikim du Gan Eden, qui vont aussi venir nous voir et nous écouter, et lorsque l’on va dire de "bonnes choses", elles vont prier pour nous.

=> La brit mila, le 8e jour, rappelle à ce nouvel homme son objectif dans ce monde matériel!]

[Le midrach (Tan'houma - Tétsavé) écrit que l'on attend le 8e jour, car Its'hak a fait sa brit mila le 8e jour.]

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-> 11°/ D'un point de vue médical, un enfant a un pouvoir coagulant fort de son sang à partir du 8e jour, lui assurant d'être prêt pour la brit mila.

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-> "Donne une part à 7 et aussi à 8" (Kohélet 11,2)
Ce verset signifie que si un homme "donne une part à 7" en respectant scrupuleusement les 7 jours d'impureté menstruelle (les lois de nidda), alors Hachem lui donnera "une part à 8" = il aura un fils qu'il fera entrer dans l'alliance d'Avraham à 8 jours.
[respecter les lois de nidda, c'est mériter d'avoir des garçons et de les circoncire le 8e jour après sa naissance (brit mila).]
[Méam Loez - Tazria 12,1-5]

La douleur de la présence divine

+ La douleur de la présence divine (Chékhina) :

-> "Dans toutes leurs souffrances, il [Hachem] a souffert avec eux (les juifs) ... il les a portés et soutenus pendant toute la durée des siècles" (Yéchayahou 63,9)

-> "La présence divine, s’il est permis de s’exprimer ainsi, réside avec Israël dans les souffrances de l’exil, et elle a inscrite Sa propre délivrance pour le jour où ils seront délivrés (guémara Meguila 29a). Elle reviendra [alors] avec eux."
[Rachi - Nitsvaim 30,3]

-> De même que les juifs souffrent de l'absence d'une relation de grande proximité avec Hachem, de même, Hachem souffre de cette relation difficile, et Il est tout seul en exil, puisqu'Il s'est éloigné d'eux.
[Tikouné Zohar - tikoun 6]

-> La guémara ('Haguiga 5b) enseigne que pour Hachem, dont la compréhension dépasse la confusion de ce monde, même la chose qui nous semble la plus difficile, est un réalité un élément faisant partie de son plan, qui est pour la joie ultime.
Cependant, il y a une exception à cela : la destruction du Temple entraîne de la tristesse et des pleurs même au Ciel.

-> Hachem agit comme un endeuillé sur la douleur (de la perte) du Temple.
[midrach rabba Eikha 1,1]

-> Il n'y aura plus aucun bonheur à Hachem tant que le Temple ne sera pas reconstruit et que le juifs ne retourneront pas à leur place appropriée : la terre d'Israël.
[Yalkout Chimoni Eikha 1009]

-> Rabbi Yossi dit à Eliyahou haNavi qu'il a entendu dans les ruines de Jérusalem une voix : "divine gémissante et pleurant : "Honte aux enfants dont les fautes M'ont poussé à détruire Ma maison et à les exiler parmi les non-juifs"

Eliyahou haNavi lui a dit : "3 fois chaque jour, Hachem pleure de cette façon sur la destruction du Temple"
[guémara Béra'hot 3a]

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-> Au moment de la destruction du Temple, Hachem dit aux anges :
"Laissez-moi verser des larmes amères. N'essayez même pas de me consoler de la rupture de mon peuple. Cette tragédie est trop grande pour être consolée.

Un jour de destruction a été appelé contre "la vallée de la Vision" (une référence à Jérusalem). Les murs de Jérusalem sont abattus, et des cris résonnent.
C'est un moment pour pleurer et se lamenter"

[Yéchayahou 22,4-5 et 12 - cf.Rachi]

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-> Le midrach (rabba Eikha Pesichta 24-25) décrit qu'au moment de la destruction du Temple, Hachem s'est apprêté à prendre congé du Temple.
Il a alors serré contre Lui et embrassé les saints murs et piliers, et a sangloté : "Au revoir Mon Temple; Au revoir Mon palais Royal. Au revoir, Ma maison bien-aimée. Au revoir pour le moment, au revoir!"

Une fois le Temple détruit, Hachem a continué à pleurer : "Mon lieu de résidence ... Honte à Moi pour la perte de Ma maison.
Mes enfants, où êtes-vous? Mes Cohanim, où êtes-vous? ... Que puis-je faire pour vous maintenant?

Je vous ai averti encore et encore, mais vous n'avez pas fait téchouva!"

Les anges ont voulu entonner leur chant, mais Hachem n'a pas voulu l'écouter.
"Je ne peux pas être réconforté par vos chants maintenant. Aujourd'hui, c'est un jour de chaos et de dévastation. C'est un moment de pleurs, et non de consolation."

Hachem a alors appelé [le prophète] Yirmiyahou : "Yirmiyahou! Je suis comme un père qui a marié son seul fils, et il est mort au moment du mariage.
Comment le père peut-il prendre le deuil de cette tragédie?

Va appeler les Patriarches : Avraham, Yits'hak et Yaakov.
Va appeler : Moché.
Va les appeler depuis leur tombe. Ils sauront comment pleurer ensemble avec Moi"
[...]

Ils sont alors venus au Temple, et ils sont allés de Porte détruite en Porte détruite, se rendant compte de la destruction et ils ont pleuré : pleuré sur la punition reçue par le peuple juif, pleuré ensemble avec Hachem.

[midrach rabba Eikha Pesichta 24-25]

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-> Chaque juif doit se sentir responsable de rejoindre la douleur d'Hachem, à l'image d'un enfant qui ressent la souffrance de son père comme la sienne.
[Yessod véChorech haAvoda 9,11]

-> Nous devons chercher à imiter la façon d'agir de Hachem, en agissant en fonction de ce qu'il fait.
Ainsi, si Hachem a de la tristesse, alors nous devons également avoir de la tristesse.
S'il pleure, alors nous devons faire de même.
Lorsqu'il se lamente, c'est également un moment pour nous de se lamenter.
[Réchit 'Hokhma - Anava 6,60]

-> Le Alshich haKadoch a écrit une kina dans laquelle il dit :
"Rassemblez-vous, enfants d’Israël! Déchirez votre cœur, plutôt que vos vêtements et ressentez le tort causé par vos fautes ...
Que dit la présence divine?
Je souffre et personne ne prête attention à M'aider.

Vos fautes ont poussé Ma main contre vous. Vous souffrez maintenant de l'exil afin de pouvoir corriger ce que vous avez fait ... mais personne ne semble prendre cela à cœur ..."

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-> Rabbi Chimin bar Yo'haï dit que Hachem est constamment en train d'attendre, et de vérifier si une personne fait téchouva afin de soulager Sa souffrance et amener le machia'h.
Mais Il est déçu, encore et encore, puisqu'Il voit tous les gens aller en fonction de leur vie, prenant soin de leurs propres besoins alors que Ses besoins sont négligés.

Ils sont trop occupés à tendre vers le monde matériel pour se rendre compte des demandes du Ciel ...
C'est pourquoi, Hachem attend encore et encore, sans fin en vue ...

[Hachem nous dit: ] Je vous aime et tout ce que Je veux c'est de pouvoir vous donner.
J'aimerai pouvoir vous couvrir de Miséricorde.
Retournez vers Moi et Je pourrais revenir vers vous.
Faites téchouva et Je réparerai notre relation et Je vous consolerai"

[Tikouné Zohar - tikoun 6]

[L'introduction du Séfer 'Harédim nous rapporte que si des géants comme Rabbi Chimon bar Yo'haï ressentait la souffrance de Hachem alors qu'ils n'avaient évidemment pas de faute personnelle pouvant provoquer l'exil, combien à plus forte raison devons-nous le faire, nous qui prenons part à de telles fautes. ]

[A chaque génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit.
S'il n'y a pas de Temple, ce n'est pas qu'à cause de nos ancêtres, c'est principalement de notre faute (sinon il aurait été reconstruit!).
Ainsi, chaque année, nous refaisons subir à Hachem les mêmes souffrances, déceptions!!!

=> Comment peut-on vivre sans se soucier de la peine que l'on fait à Hachem! ]

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-> La Présence Divine se trouve en exil, comme un lion enfermé dans une cage.
[Zohar]

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-> Sur ce sujet, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi