Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

3 Questions/Réponses – Paracha Matot – Massé

3 Questions/Réponses - Paracha Matot - Massé :

1°/ Un de nos principes fondamentaux est que la Torah n'est pas un livre d'histoire, mais plutôt qu'elle contient des leçons qui sont utiles pour chaque juif de chaque génération.

Dans ce cas, pourquoi la Torah décrit-elle en longueur (Massé 33,1-49) la liste des 42 étapes de campement des juifs dans le désert sur leur chemin entre l’Égypte et la terre d'Israël? Que pouvons-nous en apprendre?

-> Rabbénou Ba'hayé écrit que lorsque le machia'h viendra, les juifs n'iront pas immédiatement en Israël.
Tout d'abord, ils se réuniront tous ensemble, et ensuite ils seront menés sur le même trajet que le peuple juif a pu prendre entre l'Egypte et Israël après la sortie d'Egypte.

-> "Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre d'Hachem" (Massé 33,2) = lors de la sortie d’Egypte.
"Voici donc leurs stations et leurs départs" (Massé 33,2) = ces chemins qui seront aussi empruntés par ceux qui sortiront du dernier Exil et qui passeront par ces étapes. [Abravanel]

-> Rabbi David de Lelov (rapporté dans le Torah Tavlin) enseigne que de même que Moché a écrit dans la Torah avec détails les déplacements des juifs, de même Eliyahou haNavi est dans une démarche de noter tous les déplacements et séjours des juifs au travers notre long exil.
Ainsi, lorsque le machia'h viendra, nous aurons également un livre (ayant nos campements pendant l'exil) dans lequel nous pourrons étudier.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) dit que c'est la raison pour laquelle la liste des stations de campement dans le désert n'est pas uniquement un fait historique, car c'est également notre itinéraire futur de déplacement pour Israël.

-> Le Baal Chem Tov enseigne que ces 42 étapes, correspondent "symboliquement" à un trajet de 42 étapes que le peuple juif doit subir dans son exil avant de pouvoir bénéficier de la guéoula finale.

A l'image de nos ancêtres dans le désert parfois le chemin passe très proche d'Israël, tandis que d'autres fois, il semble s'en éloigner totalement.
Notre seule certitude est que l'on est entre de bonnes mains : celle de Hachem, Créateur de toute chose.

-> Le Tsor haMor (rabbi Avraham Sabba) qui connu l'expulsion des juifs d'Espagne, écrit :
"Pourquoi la Torah nous détaille-t-elle longuement et avec précision les 42 étapes du voyage entrepris par les Bné Israël, lorsqu'ils furent sortis d'Egypte?
Pour assurer le peuple juif au cours de ses exils à venir et lui insuffler espérance : quelle que soit la longueur de l'exil, il aura une fin".

-> Selon le Déguel Ma'hané Efraïm, la vie de chaque personne se retrouve d'une façon ou d'une autre dans ces 42 déplacements du peuple juif.
En effet, on doit tous faire face à des épreuves, et chacune provient de ce qui a pu se passer lors d'une des 42 étapes.

Il rapporte au nom de son grand-père : le Baal Chem Tov, qu'à l'image de nos ancêtres, chaque juif depuis le ventre de sa mère jusqu'à sa tombe, suit un itinéraire de "voyage" contenant 42 étapes, dont le but est de renforcer le lien avec Hachem, en développant une vraie émouna.

[Le chiffre : 42 correspond au mot : bam (en eux - בם).
A l'image de nos ancêtres, nous avons un chemin de 42 étapes permettant de nous purifier et de nous développer afin d'être "au niveau" pour recevoir la guéoula.
Cela est valable à un niveau collectif et individuel

Les lettres du : bam (בם) renvoient à la 1ere lettre :
-> du 1er mot de la Torah écrite (בְּרֵאשִׁית – Béréchit)
-> du 1er mot de la Torah orale (מאימתי – michna Béra’hot).
=> Tout au long des étapes de notre vie, nous devons étudier et vivre selon la Torah (écrite et orale).]

-> A ce sujet le rav Moché Sternbuch enseigne : l'homme qui s'efforce d'acquérir une richesse éternelle pour le monde futur transforme sa vie ici-bas en "voyage" vers cet objectif, et toutes ses occupations seront donc orientées en ce sens.
Nos Sages (guémara Béra'hot 64a) disent : "Les érudits en Torah (talmidé 'hakhamim) n'ont pas de repos dans ce monde-ci" = car leur âme aspire ardemment à toujours s'élever et à se parfaire en vue du monde futur.
[il y a un nombre précis d'étapes à traverser dans un temps limité, nous signifiant du caractère éphémère de la vie, et de notre obligation à utiliser au mieux nos capacités, notre temps.
A nous de faire que nous pourrons être éternellement fiers de notre passage dans ce monde.]

-> "Vous ne retournerez plus sur ce chemin à nouveau" (Choftim 17,16)
Selon le rav Yossef Shaül Nathanson (le Divré Shaül), puisqu'il nous est interdit d'aller en Egypte depuis Israël en suivant ce même trajet, la Torah nous le liste en détail pour qu'on puisse éviter de le faire de nos jours.

<-------------->

-> "Les 42 emplacements des juifs dans le désert représentent le nom divin de 42 lettres (composé de la 1ere lettre des 42 mots du "ana békhoa'h").
A chacun de ces emplacements, les juifs ont mérité une lettre de ce nom divin.
Ils montaient alors sur l'échelle de la kédoucha, marche par marche.

Ceci est similaire à ce monde, où lorsqu'une personne naît, elle se trouve en bas, et sa mission est de s'élever dans l'échelle de la spiritualité marche après marche jusqu'à atteindre le Trône divin."
[Rav Tsadok haKohen de Lublin - Pri Tsadik]

-> Le rav 'Haïm Vittal fait remarquer que ce nom divin de 42 lettres provient de 7 noms de 6 lettres chacun (issus des initiales du Ana békhoa'h).
Le chiffre 6 évoque le monde matériel (les 6 jours autres que le Shabbath) et le chiffre 7 évoque le monde spirituel (allusion au Shabbath).
Ce nom permet d'opérer le passage et de s'élever du matériel au spirituel, ce qui était le but de l'entrée en Israël.
Là, dans un pays naturel et matériel, il faudra sanctifier le terrestre et l’élever pour le rendre céleste. Les Juifs reçurent la force de faire cela par les 42 étapes du désert qui inscrivirent ce Nom de 42 lettres.
Le désert fut donc le lieu de préparation pour l'entrée en terre d'Israël.

A ce sujet, on peut citer le commentaire du Ramban (Ekev 8,5) :
"Même les épreuves que D. a imposé à Son peuple dans le désert étaient un bienfait ; de la même façon qu'un père corrige son enfant pour l'éduquer et le préparer à la vie adulte, D. a éprouvé les enfants d'Israël dans le désert afin qu'ils apprécient les délices de la Terre d'Israël".

<-------------->

-> Pourquoi ces déplacements ont-ils mérité d'être inscrits dans la Torah?
Le midrach répond : "C'est parce que le désert a accueilli le peuple juif!"
Il poursuit en disant que dans le futur, Hachem va le récompenser en transformant ce désert en une végétation luxuriante, florissante, plein de fleurs, rempli d'eau, d'arbres et de toutes sortes de bonnes choses.

Le midrach conclut que si telle est la récompense du désert (qui n'a pas de libre arbitre) pour avoir "hébergé" les juifs, on peut s'imaginer quelle est la récompense pour héberger, s'occuper d'un sage en Torah.
[Séfer Otsarot haTorah]

<--------------------------------------->

2°/ La guémara (Sanhédrin 106b) enseigne que Bil'am a été tué (Matot 31,8) par le biais des 4 types de mort utilisés par le Sanhédrin : par la lapidation, par le feu, par l'épée et par la strangulation.
Comment est-il possible d'infliger les 4 en même temps?

-> Rachi (Sanhédrin 106b) rapporte qu'ils ont pendu Bil'am sur un arbre (strangulation) et qu'ils ont allumé un feu en dessous.
Ils ont ensuite coupé sa tête (mort par l'épée) et son corps est tombé par terre dans le feu (lapidation et mort par le feu).

-> Le Maharcha (Sanhédrin 106b) n'est pas d'accord avec cette explication car le feu et la lapidation se produisent une fois qu'il est mort, puisque sa tête a déjà été coupée.
De plus, la mort par le feu doit se faire par le biais d'un morceau de plomb brûlant placé dans la bouche, ce qui est différent de l'explication apportée par Rachi.

Le Maharcha suggère que : ils ont d'abord jeté des pierres sur Bil'am, mais pas au point de le tuer.
Ensuite, ils ont placé un morceau de plomb brûlant dans sa bouche, mais pas suffisamment pour le tuer.
Puis, ils l'ont étranglé tout en le laissant en vie, pour finalement le tuer en coupant sa tête par l'épée.

-> Le rav Aharon Leïb Steinman (Ayélét haChakhar) remet en question le Maharcha en disant qu'il n'a alors été tué véritablement que par l'épée.

-> Le rav Meir haLévi Aboulafia (le Yad Rama) explique que Bil'am a été tué par 4 personnes, chacune lui infligeant au même moment un type de mort.

<--------------------------------------->

3°/ Quelle lettre de l'alphabet n'est pas présente dans les noms des 42 lieux de campement du peuple juif durant les 40 années dans le désert? Pourquoi cela?

Seule la lettre zaïn (ז) n'y apparaît pas.

Cela fait allusion :
-> au fait que le peuple juif n'a jamais voyagé le 7e jour : Shabbath ;

-> au fait que les juifs n'ont n'ont pas utilisé d'arme traditionnelle durant les 40 années dans le désert, Hachem les protégeant miraculeusement de toute menace.
Le mot : זַיִן (zaïn) signifie : une arme, en lien avec l'omission de la lettre du même nom : "zaïn".

<--------------------------------------->

+ Petit Bonus :

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Taima déKra) fait remarquer que dans la partie décrivant les lois des villes de refuge (Massé 35,6-34), le mot : "rotséa'h" (l'assassin, le meurtrier) apparaît 17 fois.
Il enseigne que c'est une allusion aux 17 meurtriers que nous retrouvons dans tout le Tana'h.

Par exemple, on peut citer : Kayin qui a tué Hevel (Béréchit 4,8) ; Avimélé'h ben Guidéon qui a tué ses 7 frères (Shoftim 9,5) ; Shaül qui a ordonné à Doèg de tuer les habitants de Nov, la ville des Cohanim (Shmouël I 22,16-19) ; (Shmouël II 1,5-10) ; (Shmouël II 4,5-6) ; ...

-> b'h, d'autres éléments intéressants sur les villes de refuge : https://todahm.com/2015/08/10/3593-2

"Moché parla aux chefs des enfants d'Israël en disant ... si un homme fait un vœu" (Matot 30,2-3)

Le sujet des vœux dont parle le début de la paracha de Matot a une particularité que l'on trouve que dans ce passage. En effet, alors que dans toutes les autres mitsvot, la Torah dit que Moché les a transmises aux enfants d'Israël, en revanche concernant les lois des vœux, la Torah dit que Moché les a transmises aux chefs des tribus, et ne précise pas qu'il les a communiqués également au reste du peuple.
=> Ainsi, on peut se demander pourquoi le passage des vœux comporte une telle différence?

-> D'après le sens simple, Rachi explique que la Torah voulait ici honorer particulièrement les chefs de tribu, qui sont les hommes les plus Sages du peuple, pour faire allusion au fait que ces hommes ont un rôle à jouer dans ce contexte.
En effet, si une personne fait un vœu, il aura la possibilité de l'annuler, sous certaines conditions, par l'intermédiaire d'un Sage.

=> Ainsi, la Torah dit que Moché a enseigné les lois des vœux aux chefs de tribu, qui sont ces Sages, pour indiquer qu'ils ont justement la force de maintenir ou annuler les vœux, qui sont donc livrés entre les mains des Sages d'Israël et dépendent d'eux.

<--->

-> Le 'Hatam Sofer suggère que les lois concernant les vœux ont été dites spécifiquement aux chefs, car les personnages politiques font souvent des promesses sans l'intention de les réaliser.
=> La Torah dit que les chefs/dirigeants doivent particulièrement faire attention à respecter leur parole car ils servent de modèles pour le restant de la nation.
[Les gens vont se dire alors : si même nos responsables n'accordent aucune valeur aux mots, alors pourquoi devrais-je en faire autrement!]

-> De même, le Oznaïm laTorah dit que souvent un chef a tendance à promettre monts et merveilles, de sorte à conquérir l'opinion publique, pour pouvoir justement être choisi par le peuple. Cependant, il arrive souvent qu'après son élection, le chef oublie ses promesses et ne respecte pas tous ses vœux.
=> C'est pourquoi, la Torah prend le soin d'enseigner les lois des vœux et la nécessité de les respecter particulièrement aux chefs des tribus, comme pour signifier que les chefs doivent veiller à respecter scrupuleusement les promesses qu'ils ont fait au peuple, et ne doivent pas ignorer tout ce qu'ils ont fait croire au peuple, même une fois qu'ils sont montés au pouvoir.

<--->

-> Le Maor vaChémech rapporte un enseignement du midrash sur le verset : "Hachem
ton D. tu craindras, c'est Lui que tu serviras et en Son Nom tu jureras" = Nos
Sages disent que seul un homme qui craint Hachem et qui Le sert, aura le droit de faire un vœu et de jurer en Son Nom. Et ces grands niveaux spirituels se retrouvent essentiellement auprès des grands d'Israël, les chefs de tribus.
Ainsi, ce sont particulièrement ces derniers, les hommes les plus pieux du peuple, qui craignent Hachem et Le servent de toutes leurs forces, qui auront le droit de faire des vœux.
C'est pourquoi, Moché transmet les lois des vœux à ces chefs de tribus.

<--->

-> Selon le Taam véDaat (rabbi Moché Sternbuch), à travers le passage des vœux, la Torah veut nous apprendre l'importance et l'impact de la parole.
Formuler une parole de vœu n'est pas anodin et cela engage l'homme.

C'est pourquoi, l'homme doit s'habituer à parler le moins possible et à raccourcir au maximum son discours, car l'augmentation de paroles peut entraîner des fautes.
Pour toutes les autres mitsvot, Hachem communiquait à Moché les lois de façon concise, et Moché les détaillait au peuple. Mais, par rapport aux lois des vœux, où Moché voulait enseigner l'importance de la parole et la nécessité de parler de façon concise, pour ce faire, Moché transmit ces lois de la façon la plus concise, tel qu'il les reçut d'Hachem, sans les détailler.

C'est pourquoi, il les enseigna aux chefs de tribus, car seuls eux étaient à même de comprendre le message même dans sa concision, et d'en déduire les détails et le développement.
=> Ainsi, Moché les chargea de détailler ces lois au peuple. Mais Moché, quant à lui, ne voulait pas développer les lois des vœux pour les mettre au niveau du peuple, car pour bien marquer le fait que l'homme doive réduire ses propos, il voulait communiquer les lois des vœux de la façon la plus concise, tel qu'il les a reçues d'Hachem. Il chargea les chefs de tribus de les développer et les détailler pour le peuple.

"Je suis Hachem qui réside à l’intérieur des enfants d’Israël" (Massé 35,34)

Selon Rachi : "La présence divine (Hachem) siège parmi eux, même lorsqu'ils sont impurs"

Pourquoi est-il écrit que D. réside "à l'intérieur" des juifs, et non plus simplement : "parmi" les juifs?

Le Ktav Sofer donne la réponse suivante.

En réalité, même lorsqu'un juif faute et se se rend impur par ses fautes, malgré tout au fond de son cœur, il continue à ne souhaiter que réaliser la volonté d’Hachem.
En effet, l’ambition la plus profonde de chaque juif, qui ne peut s’éteindre par aucune faute ni aucune impureté, reste de réaliser la volonté d’Hachem.

C’est pourquoi, D. réside avec les juifs "même quand ils sont impurs", car toute impureté ne peut toucher que la partie externe du cœur du juif, mais l’intériorité du cœur reste toujours pure. Et c’est là qu’Hachem continue à résider.

=> C’est bien ce que dit le verset : "Car Je suis Hachem qui réside à l’intérieur des enfants d’Israël", car l’intérieur du cœur des juifs reste toujours pur, malgré toutes les impuretés. Hachem peut donc toujours continuer d’y résider.

Les campements

+ Les campements - Paracha Massé

Dans la paracha Massé (Bamidbar 33), la Torah relate les différents campements du peuple juif dans le désert après la faute des explorateurs.

Rabbénou Yoël enseigne qu'ils ont été nommés en souvenir de ce qui s'est passé au don de la Torah :

-> Har Shafèr (שָׁפֶר) : c'est une allusion au Shofar qui y a été entendu.
De plus, les lettres de Shofar (שופר) peuvent être réarrangées en שׂוֹרֵף (shoréf) : brûlant, faisant référence au mont Sinaï qui était alors en flamme (cf.Dévarim 4,11).

Le mot Shofar (שפר) peut aussi se lire Shéfèr (שפר), car on y a donné de magnifiques paroles (Imré Shéfèr) de Torah.

-> 'Hadara (חֲרָדָה) : c'est une allusion au verset : "La montagne entière tremblait" (וַיֶּחֱרַד כָּל-הָהָר - Yitro 19,18).

-> Bémakéélot (מַקְהֵלֹת) : c'est une référence à la grande unité, sur laquelle le verset dit : "Dans vos groupes, Bénissez D.!" (בְּמַקְהֵלוֹת, בָּרְכוּ אֱלֹהִים - Téhilim 68,27).

-> Ta'hat (תָחַת) : c'est une allusion à : "Ils se tirent au pied de la montagne" (וַיִּתְיַצְּבוּ, בְּתַחְתִּית הָהָר - Yitro 19,17).

-> Tara'h (תָרַח) : c'est une référence à la bonne odeur des mitsvot et de la Torah (réa'h mitsvot véTorah).
De plus, la guémara (Shabbath 88b) rapporte que chaque Commandement donné au mont Sinaï, était accompagné par de beaux parfums.

-> Mikta (מִתְקָה) : en allusion aux paroles de Torah qui sont : "métoukim midvach" (plus doux que le miel - מְתוּקִים מִדְּבַשׁ - Téhilim 19,11).

=> Bien que le don de la Torah était loin dans le temps et en distance, le peuple s'en est souvenu nostalgiquement, en le gardant fraîchement en mémoire et s'en inspirant pour servir Hachem au mieux.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava et campèrent à 'Hatsérot" (Massé 33,17)

Rabbi Yits'hak de Vorka fait remarquer que ce verset nous enseigne que pour vaincre le yétser ara en nous, il faut toujours se rappeler que ce monde est temporaire, qu'il doit être mis à profit pour préparer notre monde à venir.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava" : comment peut-on enterrer (likvor) son envie (taava) et soumettre son yétser ara?

En se rappelant que ce n'est qu'une cour ('hatser -> 'hatsérot) devant une maison, qu'un couloir menant au palais (résidence principale).

Le rabbi de Vorka disait qu'en ayant cela à l'esprit, nous pouvons vaincre le yétser ara, qui à la venue du macchia'h sera égorgé.
[Pourquoi donner de l'importance à une réalité qui n'est pas éternelle à l'inverse de Hachem?]

=> Nous devons toujours méditer sur le fait que ce monde est passager et qu’on s’en séparera un jour pour se rendre dans le monde éternel, où la seule monnaie en cours proviendra de nos mitsvot accomplies dans ce monde.
Par cette réflexion, nous aurons conscience de l’essentiel et on pourra s’écarter et même “enterrer”(kivrot) les désirs (taava) et ne pas se laisser distraire.
[comme souhaite le yétser ara : "Tes paupières sont lourdes! Fait dodo dans ce monde!"].

<--->

+ Autre "formulation" de l'explication de Rabbi Yits'hak de Vorka :

-> "Kivrot Hataava" signifie littéralement : "l'enterrement du désir".
L'homme doit savoir qu'il ne doit pas chercher à assouvir tous ses désirs dans ce monde, car celui qui court après tous les plaisirs, ces envies finiront par l'enterrer.
C'est pourquoi, l'homme doit voyager de Kivrot Hataava = il faut quitter et abandonner l'idée de satisfaire tous ses désirs, pour pas finir par être enterré par eux.

De la sorte, on campera à "Hatserot" signifiant "les cours" = L'homme prendra conscience que ce monde est à l'image d'une cour (l'accessoire, transitoire), qui mène au palais, qui est le monde futur (l'essentiel, la finalité, éternel).
Quand on voyagera et que l'on s'éloignera de la recherche de tous les plaisirs, on campera et on comprendra que ce monde n'est pas l'essentiel et n'est qu'un passage.
Ce n'est qu'une cour où on doit se préparer à entrer, après sa vie sur terre, dans le palais qui est le monde futur.

<----------------->

-> Quand la volonté et le désir pour une chose quelle qu’elle soit règnent sur l’homme, il ne peut plus distinguer ce qu’il fait et ce qu’il doit faire de façon claire, parce que son intelligence est obscurcie. C’est seulement quand le désir l’a quitté qu’il ouvre les yeux et se dit : "Comment n’ai-je pas pensé à cela avant?"

Rabbi El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim) dit :
En ce qui concerne la foi et la religion, il est impossible de connaître la vérité, à moins d’être libre de tous les désirs de ce monde, et des gens comme cela ne se trouvent chez aucun peuple.
Or même quand on est corrompu par une toute petite chose, cette corruption aveugle l’intelligence et on ne peut pas arriver à la vérité, à plus forte raison quand le cadeau corrupteur est tout ce monde-ci.
Et même si ceux qui sont loin de la foi sont la majorité dans le monde, il n’y a pas à faire attention à eux ou à se laisser troubler.
Cela ressemble à quelqu’un qui passe devant un cabaret où se trouvent cent ivrognes qui se roulent par terre, et qui demandent : "Tu es un seul homme et nous nous sommes cent, pourquoi ne fais-tu pas comme nous?"
C’est la même chose, les gens du monde sont ivres de leurs désirs, et leur intelligence est obscurcie au point qu’ils ne peuvent plus discerner la vérité.

<----------->

-> La recherche de la sainteté doit s'exercer dans tous les domaines : l'étude de la Torah, la parole, la nourriture, les rapports sexuels, car il faut être saint pour pouvoir s'attacher au D. saint.
On peut retrouver ces 4 domaines dans le nom de la paracha kédochim (saints) - קדש'ם :
- קול = la voix = l'étude de la Torah ;
- דבור = la parole = on doit parler sans colère, ni orgueil, ... ;
- שתיה = la boisson (qui inclue la nourriture) = juste ce qu'il faut pour nourir son corps ;
- ידיעה = connaissance (terme renvoyant à la sexualité = connaître la femme).

Par ailleurs, l'interdiction de "se tourner vers les idoles" fait allusion aux passions physiques, assimilables à l'idolâtrie, ainsi qu'à la cupidité.
Le mot תאוה (= passion - taava) = permet de former : אל) תפנו אל האלילים ואלוהי) (Ne vous tournez pas vers les idoles et d'autres divinités).

==> Plus on s'éloigne de ces choses-là, plus on gagne en sainteté.
[Abir Yaakov - Pitou'hé 'Hotam]

<----------->

-> b'h, également sur cela : https://todahm.com/2015/08/10/3599-2
-> voir aussi : https://todahm.com/2020/12/27/29913

"Toute chose qui va au feu, vous le ferez passer au feu et il sera purifié" (Matot 32,23)

-> Selon le 'Hida, il y a 2 types de feu : celui du yétser ara qui brûle en nous, nous poussant à la faute ; et le feu de la Torah : un feu de sainteté et de pureté.

Nos Sages (guémara Kiddoushin 30b) rapportent les paroles de Hachem : "J'ai créé le yétser ara et J'ai créé la Torah comme antidote".
C'est ainsi que la seule façon de se défendre face au yétser ara est par l'étude de la Torah.

Selon le 'Hida, le verset fait allusion à cela : "Toute chose qui va au feu" du yétser ara, "vous le ferez passer au feu" de la Torah, "et il sera purifié".

"On ne doit pas sous-estimer même la plus petite chose que nous faisons pour Hachem.
Ce que nous pensons être petit, est [en réalité] énorme à Ses yeux."

['Hovot haLévavot - Chaar 'Hechbon haNéfech]

-> Par exemple, le midrach au début de la paracha Béhaaloté'ha rapporte :
Pourquoi Hachem a-t-il besoin que nous allumons les petites lumières de la Ménora dans le Temple?

La raison est qu'Il nous aime tellement, au point de nous dire : "Toute la lumière que J'ai, n'est rien en comparaison de la vôtre.
Je veux utiliser uniquement votre lumière!"

=> Les petites actions que nous faisons pour Hachem, Lui sont extrêmement précieuses.

<-------------------->

-> Le 'Hafets 'Haïm écrit (Chaar haTévouna - chap.10) que notre monde est comme une goutte (d'eau) dans un sceau comparé aux mondes supérieurs.

-> La guémara (Avoda Zara 3b) rapporte que le royaume Céleste comporte 18 000 mondes, et qu'il y a des millions d'anges chantant des louanges à Hachem.

-> Le Tana déBé Eliyahou (chap.31) enseigne que du matin au soir les anges Célestes proclament : "kadoch, kadoch, kadoch Hachem tséva'ot", et que la nuit ils disent : "barou'h kévod Hachem mimékomo’’.

Cependant, selon le 'Hafets 'Haïm, Hachem éprouve plus de satisfaction avec les prières d'un seul juif qu'Il n'en a si l'on cumule l'ensemble des millions d'anges Célestes.

D. nous demande : "Fais-moi entendre ta voix" (Chir haChirim 2,14 - achmi'ini ét kolé'h).
Il désire nos simples mots, qui Lui sont extrêmement précieux.

"Ce n'est pas la vérité qui est dure à accepter, c'est le mensonge qui est dur à lâcher"

[le Sabba de Kelm]

"Dans la vie il n'y a pas de murs, il n'y a que des marches, si on ne le voit pas c'est parce qu'on baisse les yeux."

[Rabbi 'Haïm Vittal]

"[Pin'has] vint ... et le fléau fut arrêté d'au-dessus des enfants d'Israël. Ceux qui avaient péri dans le fléau furent [au nombre de] 24 000." (Balak 25,8-9)

Les Tossafot (guémara Avoda Zara 4b) rapportent que Bil'am avait la capacité de nous maudire durant la seconde chaque jour durant laquelle Hachem se met en colère, en prononçant le mot : kalèm (détruis-les!).

Même si (grâce à D.), il a échoué à nous maudire, il a réussi à générer un fléau faisant 24 000 victimes parmi les juifs.

On trouve une allusion à cela dans le mot : "kalèm" (כלם) en multipliant chacune de ses lettres : 20 (כ) fois 30 (ל) fois 40 (מ), on obtient : 24 000.

<------------>

-> "Il (Hachem) fait sentir Sa colère chaque jour" (Téhilim 7,12)

La guémara (Béra'hot 7a) commente : Comment savons-nous que cette colère ne dure qu'un instant?
Parce qu'il est écrit : "Car Sa colère ne dure qu'un instant" (Téhilim 30,6).
Cet instant dure : 1/58888 ième d'une heure, et aucune créature vivante n'a été capable de déterminer cet instant de façon rigoureusement précise à l'exception de Bil'am, qui tenta de profiter de cette fraction de seconde pour maudire les juifs.

<------------>

-> Le midrach (Tan'houma - Tsav 1) rapporte que Bil'am offrit de nombreux sacrifices pour détourner la bienveillance de D. des enfants d'Israël, et la diriger vers les non-juifs.
Mais D. rejeta d'emblée ses avances, déclarant : "Hachem prendra-t-Il plaisir à des hécatombes de béliers, à des torrents d'huile par myriades? (Mikha 6,7). Tu te leurres Bil'am! Je ne peux accepter de sacrifices de la part des nations, car j'ai conclu une alliance inébranlable avec Israël et leur ai promis de n'accepter avec bienveillance que leurs seuls sacrifices."