Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Yossef mourut âgé de 110 ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Egypte" (Vayé'hi 50,26)

-> Nos Sages (guémara Sanhedrin 11a et également Pessa'him 119a) nous enseignent que Yossef a caché 3 trésors en Egypte.
Un a été dévoilé à Kora'h, un autre à Antoninus, et le dernier reste caché pour les tsadikim dans le futur.

Cette affirmation peut être comprise littéralement, puisque Yossef a accumulé toute la richesse du monde pendant la famine, et qu'il l'a caché avant sa mort.

-> Selon le Pardès Yossef (p.360), il faut également le comprendre d'une façon allégorique.
Il y a ainsi 3 trésors : 3 "perles de sagesse", que nous pouvons glaner de la vie de Yossef.

1°/ Le 1er trésor de sagesse :

De la vie de Yossef, nous voyons que si une personne est destinée à avoir une certaine position, rien ne peut l'en empêcher.

Dans ses rêves, on a fait comprendre à Yossef qu'il serait amené à régner sur ses frères.
Bien que ces derniers ont tout fait pour empêcher cette réalisation (complotant de le tuer, puis le vendant comme esclave), rien ne pouvait entraver ce qui a été décrété du Ciel.

Ceci est une très grande leçon : Du moment où nous faisons ce que nous devons faire, nous n'avons absolument pas à être inquiété par les autres, car l'affaire est entre les "mains" de Hachem.
[en l'absence d'un décret divin en ce sens, personne ne peut nous faire quoique ce soit!]

Ce 1er trésor de Yossef a été découvert par Kora'h (cf. la guémara ci-dessus), qui suite à cela était quelqu'un d'extrêmement riche.

En plus de sa richesse, c'était également :
-> "Kora’h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l’Arche" (midrach Bamidbar rabba 18,3) ;
-> "[Kora’h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui" (midrach Bamidbar rabba 18,9) ;
-> "Aharon et Kora’h étaient égaux [en grandeur]" (midrach Bamidbar rabba 18,17).

Kora’h n’a pas admis le fait qu’il n’ait pas été choisi pour la prêtrise (Cohen Gadol), tandis que son "égal" Aharon l'a été.

En pensant être dans son bon droit (il avait d'ailleurs rallié à sa cause 250 membres distingués parmi le peuple), il voulait reprendre le pouvoir.
Mais puisque Hachem avait choisi Aharon pour être Cohen Gadol, absolument rien ne pouvait changer cela (même pas l'immense fortune, le fort soutien "politique", la grandeur de Kora'h, ...).

Aharon a été choisi, comme l'a été Yossef, et rien, ni personne ne pouvait leur enlever ce qui leur était destiné.

-> "Tu auras ce que tu es censé avoir, et personne ne peut toucher à ce qui est destiné à son prochain, et ce, même de l’épaisseur d’un seul cheveu! "
[guémara Yoma 38a]

<--------------------------------------->

2°/ Le 2e trésor de sagesse :

Yossef nous apprend qu'il ne faut pas faire de compromis dans notre pratique religieuse et dans notre croyance.

Pendant son long séjour en Egypte, bastion de l'immoralité, il a pu rester : Yossef haTsadik., une personne sainte et pure.
Bien qu'il n'a fait aucun compromis sur ses principes, il est resté le dirigeant aimé et respecté.

Ce 2e trésor a été dévoilé à l'époque de Antoninus et de Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi).
Rabbi, le compilateur de la michna, était le responsable du monde juif à l'époque, il avait une grande relation de proximité avec l'empereur romain Antoninus, puisque ce dernier se rendait secrètement chez Rabbi pour y apprendre la Torah (cf. guémara Avoda zara 11a).

A l'image de Yossef, à aucun moment Rabbi n'a fait de compromis sur ses valeurs, restant : "Rabbeinou haKadoch", et ne perdant pas pour autant le respect des personnes au pouvoir.

<--------------------------------------->

+ 3°/ Le 3e trésor de sagesse :

L'histoire de Yossef nous apprend qu'une haine entre des frères arrivera toujours un jour à son terme.

Yossef a été détesté au point où ils l'ont vendu comme esclave.
Mais à la fin, ils se sont pardonnés les uns les autres, et ont pu vivre ensemble dans la paix et l'harmonie.

Ce 3e trésor sera dévoilé aux tsadikim dans le futur.

Puisque le Temple n'est toujours pas reconstruit, c'est qu'il y a toujours de la haine gratuite.
Mais viendra un jour, où ce trésor va être au grand jour, et il y aura alors une paix véritable sur terre.

<--------------------------------------->

+ Conclusion :

-> 1ere perle de sagesse : tant qu'on réalise ce qu'on doit faire, rien ni personne ne peut s'opposer à sa réalisation, si Hachem y a donné son accord ;

-> 2e perle de sagesse : il faut toujours resté fier et fidèle à ses valeurs juives, et cela n'empêchera pas d'être apprécier, même par les personnes au pouvoir ;

-> 3e perle de sagesse : c'est l'assurance que dans le futur il y aura une paix totale entre toutes les créatures.

<------------------------------------------------------------->

+ Autre explication :

-> Rabbi Yossef Shalom Eliyashiv enseigne également que Yossef a caché 3 trésors, qui étaient en réalité des richesses spirituelles.
[rappel : Selon nos Sages (guémara Sanhedrin 11a et également Pessa'him 119a), Yossef a caché 3 trésors en Egypte : un a été dévoilé à Kora'h, un autre à Antoninus, et le dernier reste caché pour les tsadikim dans le futur.]

Pour lui, il s'agit de :

-> 1°/ la capacité de garder sa pureté et sa modestie (tsniout), à l'image de Yossef dans la très pervertie Egypte.
Ce trésor a été révélé à l'époque de Kora'h, où la femme de On Ben Pélès (chef qui s'était rallié à la cause rebelle de Kora'h), va sauver son mari en découvrant ses cheveux à l'entrée de sa tente, entraînant que même des rachaïm qui étaient venus chercher son mari pour se rebeller contre Moché (donc Hachem), ont été obligés de faire demi-tour.
=> c'est le trésor dévoilé aux partisans de Kora'h, et qui a permis à la femme de On ben Peles de sauver son mari d'une fin si tragique.

-> 2°/ Yossef a transmis le dévouement pour la Torah même en exil.
A cause du difficile exil, la Torah a été en danger, et Rabbénou haKadoch (Rabbi yéhouda haNassi) est alors venu pour compiler toute la michna (Torah Orale), la sauvant de toute perte pour la postérité.
Rabbi a pu réaliser cela grâce à l'utilisation du trésor caché de Yossef, et à la bienveillance de l'empereur romain de l'époque : Antoninus.

-> 3°/ Yossef a caché la qualité de l'unité (a'hdout).
Cette mida ne pourra complètement se révéler que lorsque l'ensemble du peuple juif sera réuni, ce qui arrivera dans le futur (très bientôt b'h) avec la venue du machia'h.

"Yaakov demeura (vayéchev Yaakov) dans le pays des pérégrinations de son père, dans le pays de Canaan" (Vayéchev 37,1)

-> Il y a 112 versets dans la paracha Vayéchev.

-> Le Rokéa'h commente que cela correspond aux 112 mots du Téhilim 92, qui commence par :"Mizmor chir léyom haShabbath".

Quel est le lien entre les 2?

Le rav Mattitiahou Salomon explique que le lien entre la paracha et ce Téhilim se trouve dans les erreurs incompréhensibles contenues dans la paracha.
Par exemple, comment Yaakov peut-il témoigner du favoritisme à l'un de ses enfants (37,4)? Pourquoi a-t-il envoyé Yossef retrouver ses frères alors qu'il savait qu'ils le haïssaient (37,13)? Et comment le tsadik Yéhouda a-t-il pu avoir une rencontre avec une prostituée (38,16)?

La réponse est que c'est le déploiement du plan divin.

Ces éléments surprenants vont être le commencement de la Brit ben haBétarim, où Hachem apparut à Avraham et lui dévoila que sa descendance serait esclave quelques années plus tard en Egypte, mais qu'elle en sortirait avec plein de richesses et habiterait ensuite en terre d'Israël.

Dans ce Téhilim, on y trouve entre autre : "Car tu me combles de joie, ô Hachem, par tes hauts faits; je veux célébrer les œuvres de tes mains. Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées! L’homme dépourvu de sens ne peut savoir, le sot ne peut s’en rendre compte."

=> Ce qui se passe dans notre vie peut nous sembler surprenant, mais il fait savoir que cela fait partie du plan divin, et qu'il ne nous sert à rien de se plaindre sur le moment, car dans le monde de vérité nous dirons forcément : "Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées!

"Voici mon D., je veux lui rendre hommage, le D. de mon père, et je veux le glorifier (l'exalter)" (Béchala'h 15,2)

-> Rachi d'expliquer : "Voici mon D." :
"C'est dans sa gloire qu'Il leur est apparu et ils L'ont montré du doigt.
La servante a vu dans la Mer ce que les prophètes (eux-mêmes) n'avaient pas vu"

Ainsi, la révélation divine a été si éclatante, qu'ils ont montré D. "Lui même du doigt", et que même la servante a vu de ses propres yeux la Majesté divine, comme il est écrit :
"La servante a vu dans la mer ce que n'a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes" (midrach Mékhilta Chémot 15,2).

A priori, la servante qui a bénéficié, ce jour-là, d'une vision supérieure à celle des prophètes aurait dû atteindre un haut niveau et se transformer.
=> Pourquoi, après cette vision forte de la présence divine, est-elle restée une simple servante avec toute sa légèreté?

Elle est demeurée à son niveau antérieur car cette révélation n'est qu'un cadeau de D., elle n'a fait aucun préparatif, ni aucun effort personnel pour se rapprocher de Hachem.
Ainsi, sans investissement personnel et sans efforts sur le plan spirituel, on ne peut pas s'élever, même si on voit de façon éclatante D., car après, il n'en restera rien.

[ce qui vient facilement, part facilement!]

Nos Sages affirment: "Si quelqu'un te dit : 'Je n'ai pas fait d'efforts et j'ai réussi', ne le crois pas, mais s'il te dit : 'J'ai fait des efforts et j'ai réussi', crois-le" (guémara Méguila 6b).

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 47) enseigne que cela n'est valable que dans le domaine spirituel où les résultats sont liés aux efforts, et non pas dans le domaine matériel où les résultats sont indépendants des efforts.

En spiritualité, sans un travail assidu et des efforts, ce qu'on obtient n'est pas "à nous", et repars vite.

Dans la vie, il faut s'investir au maximum pour que nos belles potentialités se transforment en de belles réalités.
Réussir sa vie selon la Torah et ne pas faire d'efforts pour cela : c'est impossible!

<-------------------->

+ Au moment de la traversée de la Mer Rouge, il est écrit : "Israël vit la main puissante que D. avait déployée sur l'Egypte, et le peuple craignit Hachem, et ils eurent foi (ils firent confiance) en D. et en Moché son serviteur" (Béchala'h 14,31)

Par la suite, au sujet du veau d'or, Rachi commente (Ki Tissa 32,4) :
"Voici tes dieux : et il n'a pas été dit : 'Voici nos dieux'.
De là nous apprenons que le érev rav, qui étaient montés (avec nous) d'Egypte, qui s'étaient unis contre Aharon ; ce sont eux qui ont fait le (veau d'or) et ensuite ils ont entraîné Israël à les suivre."

=> Si le érev rav n'avait pas entraîné le peuple juif à faire le veau d'or, nous n'aurions pas fauté.

Le Ramban (Béchala'h 14,31) précise que l'élite d'Israël avait déjà acquis la crainte et la foi de D., mais le érev rav n'a été animé de cette crainte et de cette confiance en D. qu’après la traversée de la mer.
De plus, comme la servante, le érev rav a vu la révélation éclatant de la présence divine et a assisté au don de la Torah en entendant les 2 premiers commandements prononcés par D. lui-même.
=> Comment expliquer la chute de leur niveau, en si peu de jours, jusqu'à devenir idolâtres et entraîner le public à fauter?

Leur nature profonde n'a pas été modifié, car ils n'ont pas fait d'efforts personnels pour accéder à ce niveau qui leur a été donné "sur un plateau" par D., et à la 1ere épreuve, lorsque Moché a tardé à descendre, ils ont perdu cette confiance et ont fait le veau d'or.

=> Malgré leur prise de conscience élevée de la grandeur d'Hachem, ils sont demeurés comme ils l'étaient auparavant (érev rav), car leur élévation ne fut pas le fruit d'un labeur.

<------------------------>

+ "Et les eaux leur furent une muraille, à leur droite et à leur gauche" (Béchala'h 14,29)

-> Le midrah Mékhilta fait remarquer que le mot : 'homa (muraille - חמה) est écrit sans la lettre vav, et peut se lire : 'héma (colère - חמה) : les eaux de la mer Rouge étaient en colère contre les Bnei Israël qui transportaient l'idole de Mikha lors de leur traversée.

-> "Rav Yéhouda fils de Ilaï a dit : 'L'idolâtrie (l'idole de Mikha) a traversée la mer avec le peuple d'Israël, et (pourtant) la mer s'est ouverte devant eux'. "
[midrach Yalkout Chimoni - Choftim 74]

Mikha a vu de ses propres yeux, comme tout le peuple d'Israël, la révélation de la gloire divine lors de la traversée de la mer, il assiste à ce miracle exceptionnel et pourtant il continue à faire confiance à cette idole qu'il transporte avec lui.

Plus que cela, pendant la révélation divine au mont Sinaï, le jour du don de la Torah, l'idole est encore avec Mikha, lequel pourtant entend de ses propres oreilles les 2 commandements de la "bouche de Hachem" Lui-même, et notamment le second commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi, tu ne feras point d'idole" (Yitro 3,4).

=> Comment comprendre qu'à ces 2 moments de révélation divine intense (traversée de la mer Rouge et au don de la Torah), Mikha n'abandonne pas son idolâtrie et ne rejette pas l'idole qui l'accompagne?

Cela n'a pas modifié la nature profonde de Mikha, car cette proximité de la présence divine qu'il a vécu n'a pas été le fruit d'efforts et d'un travail spirituel personnel.
Ces révélations ne l'ont pas transformé, il est demeuré idolâtre comme il l'a toujours été, avec son idole qui l'accompagnera partout.

<------------>

+ Pour aller plus loin :

Rabbi Nathan (guémara Sanhédrin 103b) enseigne que les fumées des sacrifices (korbanot) qui montaient de l'autel établi à Chilo se mélangeaient avec celles des sacrifices idolâtres offerts à l'idole de Mikha.

Rachi (guémara Sanhédrin 103b) donne 2 explications à l'idole qui accompagnait Mikha :
-> 1°/ c'était la plaque sur laquelle Moché avait écrit le Nom divin ineffable, avant de la jeter dans le Nil afin de faire remonter le cercueil de Yaakov pour le ramener en Israël. Mais Mikha était venu la prendre discrètement, alors que son utilisation était interdite.

-> 2°/ ou bien c'était une statuette (idole) que Mikha avait confectionné en Egypte.

<---------------------------------->

+ "Il ne s'est pas levé en Israël un prophète tel que Moché" (Vézot haBéra'ha 34,10)

Le midrach rabba dit : "mais il s'en était levé chez les nations, et qui est-il? Bil'am".

Ainsi, Bil'am a profité d'un don de prophétie égal à celui de Moché, mais il est cependant resté avec ses 3 vices : un œil malveillant avec lequel il portait un regard envieux et haineux sur le monde, un orgueil démesuré et une grande cupidité (Pirké Avot 5,19).

De plus, il a dépassé toutes les barrières de l'immoralité jusqu'à cohabiter régulièrement avec son ânesse.

=> Comment comprendre alors le décalage entre le niveau élevé de Bil'am et la bassesse de son comportements?

C'est que son niveau de prophétie et sa connaissance approfondie de Hachem lui ont été donné par le Ciel, il n'a fourni aucun investissement ni aucun effort personnel pour y accéder, contrairement aux prophètes d'Israël, c'est pourquoi il est resté le même, sans avoir le pouvoir de se transformer positivement.

Paracha Béchala'h : le terme "az"

Cette paracha relate le miracle de la traversée de la mer Rouge, suivi du chant que les juifs ont entonné à cette occasion, et qui commence par les mots : "Alors (אז) chantera Moché avec les enfants d’Israël".

Dans le midrach, nos Sages expliquent le verset : "Ton Trône s’est affermi depuis alors (מאז – MéAz)", en disant qu’avant la traversée de la mer, la Royauté d’Hachem n’était pas installée, et qu'elle s’est “assise” par l’ouverture de la mer.

Le Midrach illustre cela en disant qu’avant ce miracle, Hachem était comparé à un roi debout, et qu'Il s’est assis sur Son Trône par la traversée de la mer.
C’est cela le sens du verset : "Ton Trône s’est affermi depuis Az (alors)", allusion au "Az Yachir (alors chantera…)".

Que signifie le fait que Hachem peut "s’asseoir" grâce à ce miracle, contrairement à avant?
Pourquoi ce changement est précisément en allusion par le mot "Az (אז)"?

Avant l’ouverture de la mer, on pouvait encore penser que le monde existait et qu'il avait une autonomie propre, D. étant au-dessus, comme ayant pris ses distances.
Ainsi, Hachem paraissait être “debout”, comme si le monde pouvait s’opposer à Lui.

En revanche, au cours de la traversée de la mer, il est apparu clairement que rien n’a d’existence propre, que Hachem n’a besoin de lutter contre personne, car à tout moment rien ne peut être fait, ni ne peut exister sans son accord.
C'est alors, qu'Il a pu "s’asseoir".

Toute cette notion est en allusion dans le terme : "אז (Alors)", qui ouvre le chant de la mer (la chirat hayam).
Ce mot est composé de la lettre Alef (א) au dessus de la lettre Zaïn (ז).
Le Zaïn, de valeur numérique 7, évoque l’ensemble du monde créé en 7 jours, qui n’a aucune indépendance, car le Alef (de valeur 1), qui fait allusion à Hachem (qui est Un), le dirige et le mène là où Il le souhaite.

Ainsi, le terme אז (Az) fait allusion au Alef qui chevauche le Zaïn. Hachem dirigeen permanence le monde et le mène là où Il veut.

Ce monde n’a en lui-même aucune autonomie, et c’est ce qui s’est révélé lors de l’ouverture de la mer.
Les juifs ont alors compris que le monde (le 7, le Zaïn) n’est qu’un char, dirigé par Hachem (le Un, le Alef).
C'est alors, que la Royauté Divine a pu s’installer, le Roi s’est "assis".

On a perçu cette profonde vérité que rien ne peut s’opposer à la volonté Divine.
Hachem n’a donc pas besoin de se tenir “debout”, prêt à lutter, car il n’y a pas de lutte : tout est annulé devant Lui.
Dès lors, Il s’est “assis”.

<---------->

"Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)

1°/ Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
[d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous nous rappelons si souvent de la sortie d'Egypte : toute situation (même très difficile) est forcément pour notre bien, et à l'image de nos ancêtres qui ont été libérés à la seconde où leur esclavage devait prendre fin, nous serons libérés de nos soucis actuels à la seconde même où Hachem l'a fixé.]

Pourquoi est-ce que l'idée de la résurrection des morts apparaît ici en allusion dans la Torah?
Le rabbi de Belz explique qu'au moment où tout le peuple allait chanter la Chirat haYam, il y avait au fond d'eux un mélange de 2 sentiments : d'un côté, une énorme joie de pouvoir remercier Hachem pour la sortie grandiose d'Egypte, et d'un autre côté, il y avait une profonde tristesse d'avoir perdu de nombreux proches durant la plaie des ténèbres (où 80% du peuple y est mort!).
Il y avait un goût amer de ne pas pouvoir partager ce sublime moment avec ces êtres disparus.

Le rabbi de Belz enseigne que lorsque Moché a suggéré aux juifs de chanter des louanges à Hachem, ils lui ont répondu : "Comment peux-tu penser que nous sommes capables de chanter? Les 4/5e du peuple juif sont manquants!"
Moché leur a alors répondu que ce chant qu'il souhaitait qu'ils entonnent, fait allusion à la résurrection future, moment où tous les juifs seront réunis de nouveau avec leurs proches décédés.
Cette prise de conscience a consolé le peuple, les égayant, au point qu'il ont pu chanter la Chirat haYam d'un cœur joyeux.

[ne vous attristez pas des morts, car nous allons tous se retrouver pour l'éternité après la résurrection des morts, et alors nous chanterons ensemble à Hachem!]

<--->

-> Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu'à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

<--->

-> Le cantique [de la mer] contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé’hayé]

<----------------->

2°/ Pourquoi l'utilisation du singulier ("chantera" (yachir), au lieu de : "Moché et les enfants d'Israël chanteront (yachirou)")?

Le verset précédant se termine par : "ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur". Si les juifs ont cru en Hachem, c'est évident qu'ils crurent également en Son serviteur Moché! Comment expliquer cela?

Le Kédouchat Lévi explique qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint des niveaux très élevés de prophétie, au point que le midrach (Mékhilta - Chémot 15,2) commente qu'une simple "servante a vu dans la mer ce que n’a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes".
Ainsi à ce moment, les juifs ont pris conscience de la grandeur d'Hachem (comme cela a pu déjà être le cas lors des autres plaies), mais surtout ils ont eu une nouvelle révélation : ils ont découvert la grandeur phénoménale que peut atteindre tout juif, même le plus simple en apparence.
=> Ils ont cru en Hachem, et également en leur capacité à tendre vers Moché Son serviteur.

De même, l'utilisation du singulier : "chantera", s'explique par le fait que Moché et la nation juive se sont unis en une seule unité. Les juifs se sont identifiés à Moché, car ils croyaient en eux même!
[A leur yeux, Moché n'était plus une sorte de divinité humaine aux pouvoirs surhumain. Non, car en réalité, chaque juif peut arriver à agir d'une façon très élevée, quasi-divine. Moché est un être humain juif qui a utilisé ses potentialités internes au maximum! Ce vers quoi nous devons tous tendre.]

De plus, les juifs ont alors réalisé que Hachem aime chacun de Ses enfants comme si c'était Son enfant unique, et ainsi : "Je suis aussi important aux yeux de Hachem que Moché rabbénou!"
Cette conscience de combien nous sommes chacun précieux aux yeux de D., d'à quel point Il est toujours présent à nos côtés pour nous soutenir, pour répondre à nos prières, est la base d'une émouna saine et d'une appréciation du cadeau de la vie que nous accorde Hachem.
[D. a mis en nous une partie Divine : l'âme, faisant que nous Lui sommes liés et que nous avons des capacités pour s'élever Divinement haut.]

<------------------------------------->

"Et tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

Hachem créa le monde par le biais de 10 paroles créatrices, qui sont constamment présentes dans le monde, et ce sont elles qui le font exister à chaque instant.

Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, ce qui fait qu'on a facilement tendance à oublier que c’est Hachem qui permet au monde d'exister.
D'ailleurs, on peut même en venir à imaginer (plus ou moins consciemment) que le monde se tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Thora : "Tout le peuple vit les voix", c'est-à-dire qu'ils virent clairement ces paroles Divines, et ils purent ainsi prendre conscience de façon tangible et claire, que seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un seul instant.

[Néféch Ha'haïm]

<------------------------------------->

-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer Rouge] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

-> La guémara (Sanhédrin 91b) enseigne : "De quel Texte de la Torah peut-on déduire la Résurrection des Morts? Il est écrit : "Az Yachir Moché" (alors Moché et les Enfants d’Israël chanteront l’hymne suivant à Hachem - Béchala'h 15,1). Il n’est pas dit : ‘ont chanté’ mais ‘chanteront’. D’ici, nous avons une indication de la Résurrection des Morts dans la Torah".
[l’emploi du futur suggère que Moché et sa génération se relèveront et chanteront de nouveau le Cantique de la Mer – on peut noter que le mot "Az" (אָז - Alors) indique le temps du dévoilement du règne de D. (א – Un) sur la Nature (ז – Sept) - Kli Yakar (Chémini)].

=> Quel est le sens de la récitation du Cantique de la Mer dans les temps futurs?

Il est à rappeler tout d’abord que la Délivrance d’Egypte fait allusion à toutes les Délivrances d’Israël. Pour cela, on peut rapporter :
- Le Arizal (Likouté Torah - Ki Tetsé) enseigne : "L’Exil égyptien inclut en lui les 4 autres Exils : Babel, Perse, Grèce, Rome."
- Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 4) explique que c’est la raison pour laquelle 4 expressions de la Délivrance ont été mentionnées : "Je vous ferai sortir, Je vous délivrerai, Je vous affranchirai, Je vous adopterai" (Vaéra
6,6-7) [en référence aux 4 Exils].

Plus particulièrement, la Délivrance des temps messianiques sera à l’image de la Délivrance d’Egypte, tout en étant plus grandiose. En effet, il est écrit : "Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges [lors de la Délivrance finale]" (Mi'ha 7,15).
De plus, le midrach (Chémot rabba 23,15) commente : "‘C’est mon D. et je L’embellirais’ = Hachem a dit à Israël : dans ce Monde, vous avez dit devant Moi une seule fois : ‘C’est mon D.’. Mais, dans le futur, vous le direz deux fois, ainsi qu’il est dit : ‘On dira en ce jour : Voici notre D. en qui nous avons mis notre confiance pour être secourus. Voici Hachem en qui nous espérions’ (Yéchayahou 25,9)."

-> Rabbénou Bé’hayé (Kad Hakéma‘h - Ner ‘Hanoucca) écrit :
"Nous avons une Tradition : la future Délivrance ressemblera à celle d’Egypte. De même qu’il y eut la Déchirure de la Mer des Joncs lors de la Délivrance d’Egypte, de même il est dit au sujet de la future Délivrance : ‘Et Hachem imprimera l’anathème au Golfe égyptien ; de Sa main, de Son souffle impétueux, Il frappera le grand fleuve’ (Yéchayahou 11,15). Il est écrit aussi: ‘Et ce sera une chaussée pour le reste de Son Peuple, échappé à l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël le jour où il sortit du pays d’Egypte’ (verset 16).
Cela atteste le fait que lors de la future Délivrance, Hachem tracera au sein de la mer un chemin comme cela fut le cas lors de la Sortie d’Egypte."

=> Ainsi, comprenons-nous maintenant les paroles du Zohar : "Celui qui récite chaque jour la Chira avec concentration, méritera de la réciter dans l’avenir", c’est-à-dire qu’il méritera de vivre la Délivrance finale au cours de laquelle, seront revécus les évènements de la Sortie d’Egypte, y compris la récitation du "Cantique de la Mer" par Moché Rabbénou et l’ensemble du peuple juif.

Les téfilines

"Ce sera un signe sur ta main et des joyaux entre tes yeux " (Bo 13,16)

Cela fait référence aux téfilin, qui ont 4 compartiments dans ceux de la tête, et un seul compartiment dans ceux du bras.

Le Roch donne une belle explication à ce sujet :

-> Tant que l'on est dans la réflexion et l'analyse (la tête), chacun a le droit de donner son avis et son opinion (d'où la présence de différents compartiments : il y a ceux qui pensent que ..., ceux qui pensent que ...).

-> En revanche, lorsque l'on est passé à l'action et à la pratique (le bras), on doit alors obligatoirement se réunir pour suivre l'opinion de la loi juive (la halakha).
On ne peut plus dire que chacun va agir selon son avis, cela est une faute (il n'y a qu'un seul compartiment).

<--->

-> On peut accepter qu'il y ait une différence d'avis (au niveau de la tête), mais on ne peut pas accepter qu'il y ait une séparation entre les cœurs (les téfilin du bras sont tournés vers le cœur).
Cela signifie que bien que l'on ait des idées différentes, tout cela ne doit pas affecter les sentiments. Dans le cœur, nous sommes obligés d'être unis, de s'apprécier (tu aimeras ton prochain comme toi-même! = on doit tendre vers une fusion des cœurs : ressentir ses joies, peines, ...).

De même que nous trouvons normal d'avoir chacun un visage différent, de même nous devons respecter le fait que chacun a des avis différents, et tout le monde possède une part de Vérité.
[c'est par l'union des différentes facettes de la Torah, c'est grâce aux débats/confrontations comme le principe de la 'havrouta, que nous pouvons parvenir à la Vérité.]

Il faut faire attention à ne pas laisser rentrer dans notre cœur, nos différences d'opinions, en venant à avoir du mépris, à détester autrui.

[il y a plusieurs compartiments dans le bras qui représente l'action (ce monde), et un seul dans le celui de la tête (monde à venir).
Ainsi, certes il y a plusieurs façons de servir Hachem dans ce monde, mais dans celui à venir nous serons tous unis autour de D., profitant de Sa proximité, en fonction de nos mérites.
Par ailleurs, dans ce monde matériel chaque juif semble une entité distincte (plein de corps en apparence totalement indépendants), mais en réalité spirituellement parlant nous sommes tous unis, provenant d'une seule âme Divine.]

<------------->

-> Le Rosh nous enseigne :
Les passages (Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 ; Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21) écrits dans les téfilin de la main sont réunis dans un seul parchemin. En revanche, dans les téfilin de la tête, ces passages sont placés dans quatre compartiments différents. Pourquoi cette différences?

En fait, l’homme est constitué de 5 sens.
La vue, l’ouïe, l’odorat et le goût, sont 4 sens contenus dans la tête (les yeux, les oreilles, le nez et la bouche). En revanche, le toucher est le sens associé à la main.
Les téfilin ont pour vocation de soumettre tous les sens à Hachem, pour accepter l’Autorité Divine au point de ne pas profiter du monde par aucun sens, de façon non voulue par Hachem.
=> C’est pourquoi, les téfilin de la tête contiennent 4 compartiments en allusion aux 4 sens situés dans la tête, et les téfilin de la main contiennent un seul compartiment, allusion au sens du toucher situé dans la main.

<------------->

-> Dans le Séfer Kaftor véPéra'h, il est écrit :
Les téfilines du bras sont en face du coeur quie est en rapport avec Hachem : Un et Unique dans Son monde. [il y a sur le bras 1 compartiment]
Ceux de la tête sont face aux 4 éléments utilisés pour la création de l'homme (le feu, l'eau, le vent et la terre). [d'où les 4 compartiments sur la terre]

<------------->

-> "Qu'est-il écrit dans les téfilin du Maître du monde?
Rav 'Hiya bar Avin répond : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur la terre" (mi 'hamokha Israël, goï é'had baarets - Divré haYamim I 17,21)."
[guémara Béra'hot 6a]

D'une certaine façon, les téfilin de Hachem Lui permettent de renforcer Son attachement avec Son peuple bien-aimé. Parallèlement, en mettant nos téfilin nous lions davantage D. à notre vie, à nous-même.
=> Ils symbolisent l'amour ardent et permanent, qui règne entre Hachem et nous!!

-> A ce sujet, rabbi Guttman affirme : lorsque nous mettons nos téfilin nous devons réfléchir à ce que nous pouvons faire pour Hachem, et en conséquence Hachem, mesure pour mesure, va également mettre Ses téfilin et cela va éveiller Son désir de faire quelque chose pour nous, aussi bien au niveau individuel que collectif.

-> La michna Broura cite l'avis du Magen Avraham, que si les téfilin d'une personne tombe à terre sans être dans la boîte de protection, la coutume est de jeûner en expiation. Ceci témoigne de leur sainteté.

Un jour, après avoir observé un juif ignorant ramasser et embrasser ses téfilin qui étaient tombé au sol, Rabbi Its'hak de Berditechev a déclaré : "Maître du monde! Regarde comment un juif simple honore et chérit ses téfilin. Pourquoi ne relèves-Tu pas TES téfilin opprimés : Ta nation Israël! (cf. ce qui est écrit dans Ses téfilin)
Ils sont allongés sur le sol dans la honte et sans le moindre respect depuis 18 siècles. Ramasse-les avec Ta main forte et embrasse les. Pourquoi Tes téfilin doivent-ils être moins bien traités que les téfilin de Ton peuple?"

<------------->

+ Est-ce que les juifs ont pu réaliser la mitsva des téfilin pendant les 40 années dans le désert?
En effet, pour que cette mitsva soit valable, il est nécessaire d'avoir les 4 passages de la Torah qui y sont inclus, or 2 passages ne vont être enseignés par Moché que durant la dernière année dans le désert (Dévarim).
[Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 -----> Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21]

-> Selon le Rachba (commentaire sur guémara Ména'hot 37a), après leur sortie d'Egypte les juifs possédaient uniquement 2 passages des téfilin sur 4, mais Moché leur a enseigné oralement les 2 autres passages afin qu'ils puissent les mettre par écrit. Cela leur a permis de porter les téfilin pendant les 40 années dans le désert.
Le rav Guédalia Schorr ajoute l'idée que les 4 portions qui sont présentes dans les téfilin, ne sont pas écrites en tant que copies d'une section apparaissant dans la Torah, mais ce sont des passages que nous avons l'obligation d'écrire dans nos téfilin, et il se trouve qu'ils sont également présents dans la Torah. Ceci explique pourquoi le peuple juif avait le droit de les y écrire avant d'avoir reçu la Torah, comportement ces mêmes passages.

-> Le rav de Brisk n'est pas d'accord, et pour lui ces 4 passages des téfilin ne sont simplement que des copies de passages provenant de la Torah. [s'il n'y a pas de Torah, il ne peut y avoir ces sections!]
Le Panim Yafot (ainsi que le Raavan) écrit que les juifs n'ont pas porté les téfilin dans le désert, et ce jusqu'à recevoir les 2 passages manquants (durant la dernière année dans le désert).

-> Selon le Malbim, la réponse à cette question dépend de la discussion dans la guémara (Guitin 60a), entre Rav Yo'hanan et Reich Lakich, à savoir si la Torah a été donnée aux juifs en une seule fois à la fin de la vie de Moché, ou bien par des segments partiels au fur et à mesure de leur séjour dans le désert.

<------------->

"Ce sera en signe sur ton bras et en ornement entre tes yeux, car c'est d'une main puissante que Hachem nous a fait sortir d'Egypte" (Bo 13,16)

Habituellement : "ton bras" (yadé'ha) s'écrit : ידך , mais ici il apparaît différemment : ידכה, ce que nos Sages (Ménah'ot 37a) expliquent par : "la main faible" (יד כהה - yad kéa).
C'est pour cette raison que nous plaçons les téfilin sur notre main dite "faible" (la gauche pour un droitier).

[Rabbénou Bé'hayé fait remarquer qu'on a : ידכה, au lieu de l'habituel : ידך. La différence réside dans l'ajout de la lettre : hé (ה), qui renvoie au total de 5 compartiments où se logent les parchemins : 4 dans celui de la tête, et 1 dans celui de la main]

=> Comment concilier que la mitsva des téfilin est un souvenir du fait que c'est "d'une main puissante (בְּחֹזֶק יָד) que Hachem nous a fait sortir d'Egypte", avec notre obligation de les mettre sur "la main faible" (יד כהה)?

-> Rabbi Moché Bick explique que cela vient nous enseigne que Hachem est la seule puissance de ce monde. Il est l'Unique qui est Fort et Puissant, Il fait tout dans le monde.
Si nous mettions nos téfilin sur notre main "forte" (à droite pour un droitier), alors nous en viendrons à penser à tord que : "ma force et la puissance de ma main m’ont assuré ce succès" (ko'hi véotsem yadi assa li - Ekev 8,17).
Pour se rappeler ("ce sera un signe sur ton bras") que tout nous vient de Hachem, nous mettons nos téfilin sur notre main "faible".

-> Rabbi Guttman fait remarquer que :
- les téfilin du bras sont pour NOUS un signe, nous rappelant la "main forte" de D., et renvoyant au fait que notre main est "faible". Nous devons donc mettre toute notre confiance en Hachem, car Lui seul peut faire changer les choses.
- les téfilin de la tête sont un signe pour les AUTRES, pour qu'ils voient la sainteté des juifs et qu'ils nous craignent.
A propos de ces téfilin, il est dit : "alors tous les peuples de la terre verront que le Nom de Hachem est proclamé sur toi et ils te craindront" (Ki Tavo 28,10).
Nous portons le Nom Divin sur notre tête, et le monde entier en a peur.
[encore une fois, nous arrivons à la conclusion que notre force nous provient de notre proximité avec papa Hachem]

<----------------------------->

-> Le Séfer Atéret Zékénim rapporte que les téfilines sont uniquement noirs, qui est la seule couleur qui ne peut se mélanger aux autres couleurs.
En effet, au sujet de Hachem, il est écrit : "Parce que Moi, Hachem, Je ne change pas".

<--->

-> Le Or'hot 'Haïm explique qu'il y a 3 coutures à chacun des 4 côtés des téfilines, parce que cela fait un total de 12 coutures, en rapport avec les 12 tribus d'Israël.

<--->

-> Pourquoi faut-il mettre un poil de veau?

Le veau évoque les forces de l'impureté, or dans le Zohar (Pékoudé 237b) il est enseigné :
"Viens et regarde, Hachem a donné une place aux forces impures pour diriger en ce monde certains domaines, elles ont aussi le pouvoir d'endommager.
C'est pour cela que nous devons nous comporter de manière respectueuse avec ces forces, de peur qu'elles ne portent d'accusation contre nous.
C'est pourquoi nous avons un principe fondamental, nous devons lui faire une petite place à l'intérieur de notre kédoucha.
[nous lui faisons un petit cadeau, pour qu'elle nous laisse tranquille, à l'image du bouc que nous lui offrions le jour de Kippour (séir laAzazel)]
Ainsi, il faut mettre discrètement sur la base des téfilines un poil de veau qui sorte vers l'extérieur et soit visible."

[Le Zohar affirme que l'épaisseur d'un fil ne rend pas impur l'endroit car ce n'est pas une quantité suffisante.]

<----------------------------->

-> Le Arizal (Chaar haKavanot) explique que les forces d'impureté de Pharaon sont concentrées dans la nuque.
Les lettres du mot "nuque" (aoref - הערף) sont les mêmes que celles qui forment le mot : Pharaon (פרעה).

-> Le rav Yaniv Yaakov commente :
Plus précisément, le Daat (l'intellect) est matérialisé par le cervelet (le petit cerveau central), diffuse les informations contenues dans les pensées de l'homme à tout le reste du corps.
Les forces d'impureté égyptiennes étaient concentrées au niveau de la nuque afin de stopper le flux d'abondance généré par le cerveau sur les autres membres du corps et de tuer ainsi spirituellement le peuple d'Israël.

La mitsva des téfilines par exemple régénère ce flux d'abondance.
C'est le sans du verset : "Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux" (Bo 13,16). Quel lien y a-t-il entre la mitsva des téfilines à la sortie d'Egypte?
Nous mettons les téfilines de la tête près du cerveau, et celles du bras contre le cerveau qui symbolisent le corps, afin d'unir la tête et le corps.
Or, c'est précisément ce que Pharaon et les égyptiens voulurent tant séparer. Ainsi, nous accomplissons cette mitsva en souvenir et par reconnaissance pour Hachem qui nous délivra d'Egypte.
[...]

De la même façon que l'homme est en vie par la liaison de 2 parties essentielles que sont al tête et le corps, le peuple d'Israël est une entité vivante car il est constitué de 2 parties : la tête représentée par les tsadikim (les Sages et les dirigeants de la génération), et le corps représenté par le peuple d'Israël.
Les dirigeants du peuple juif désignés par le titre de Rabbi qui signifie : "chefs des enfants d'Israël" (רבי - roch Bné Israël) influencent le peuple juif par les enseignements et les décisions qu'ils propagent au sein du peuple.
[d'une certaine façon les téfilines matérialisent notre attachement à nos Sages, qui sont nos ailes pour s'élever au mieux vers Hachem!]
[...]
C'est le sens des paroles du Arizal, à propos des lettres du mot Pharaon (פרעה) qui sont les mêmes que celles du mot nuque (aoref - הערף). Il incarne la force d'impureté (klipa) et recherche à réaliser une séparation entre la tête (les dirigeants d'Israël) et le corps (le peuple d'Israël).

<------------->

-> Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre tes yeux, que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte. (Bo 13,16)

-> "Et tu les mettras en signe sur ton bras" :
Nos Sages ont enseigné sur ton bras, on interprète sur ton bras faible (יד כהה) qui est le bras gauche de chacun d'entre nous (voir guémara Ména'hot 37) et il me semble que l'on peut en donner la raison, car le Maître du monde a pour vertu, deux nuances : une que l'on surnomme "main grande" et l'autre "main puissante".

La "main grande" fait appelle à la bonté d'Hachem. La "main forte", la main puissante fait allusion au côté rigoureux qui punit celui qui agit mal, au moment de la sortie d'Egypte des enfants d'Israël, il a étendu sa main puissante afin de frapper ses ennemis des 10 plaies.
C'est pour cela que D. nous demande de poser les téfilines sur le bras gauche (faible) en souvenir de la main puissante par laquelle Il nous a fait sortir d'Égypte. C'est à cela que fait allusion le verset car c'est avec une main forte que je t'ai fait sortir de là-bas.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Pour que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils ... et vous saurez que Je suis Hachem" (Bo 10,2)

Puisque le verset commence par dire : "Pour que tu racontes aux oreilles de ton fils", on se serait attendu qu’il finisse par dire : "Et ils sauront que Je suis Hachem", à savoir ton fils et le fils de ton fils (et non : "et vous saurez que")!

De là nous apprenons que quand on enseigne la Torah et qu’on la transmet aux enfants, en plus du fait qu’on leur transmet du savoir, cela permet aussi à l’enseignant de renforcer sa connaissance et son ressenti de la présence d’Hachem.

Par le fait que vous racontiez à vos enfants, non seulement de cette façon ils sauront, mais aussi cela vous permettra à vous également de savoir avec encore plus de force.

Enseigner construit non seulement les enfants, mais aussi les enseignants.

[rav Shalom de Belz]

<--------------->

-> Rav ‘Hanina dit : "J’ai beaucoup appris de mes maîtres et encore plus de mes collègues, mais le plus que j’ai appris, c’est de mes élèves." (guémara Taanit 7a)

=> Il ne faut pas penser que l'on "perd" son temps à enseigner des choses que l'on connaît, car d'une certaine façon nos élèves sont indirectement des maîtres.

Au-delà de nous renforcer, l'enseignement est comme une graine que l'on plante et qui un jour où l'autre se développera, donnant de beaux fruits.

<----------->

-> "Pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils"

On peut l’expliquer d’après l’enseignement de nos Sages selon lequel par la mitsva de la circoncision, les Bné Israël sont sortis d’Egypte avant le moment prévu.
La valeur numérique des dernières lettres de "Bin'ha Ouven Bin'ha" (ton fils et le fils de ton fils - בִנְךָ וּבֶן בִּנְךָ) est la même que celle de "hamilah" (la circoncision - המילה).
[Bné Yissa'har]

"Lève-toi tôt le matin et tiens-toi debout devant Pharaon" (Vaéra 9,13)

Est-ce que l'on se tient autrement que "debout" devant un monarque? Qu'est-ce que cela vient nous apprendre?

Du fait de sa grande humilité, Moché avait l'habitude de plier sa tête devant tout homme, pour le saluer.

Ici, Hachem dit à Moché que quand il se présentera à Pharaon, il ne devra pas se courber devant lui, pour ne lui témoigner aucun signe de soumission, aussi infime soit-il.
Le verset fait allusion à cela en disant : "Tiens-toi debout devant Pharaon", sans aucunement te plier devant lui, comme tu le fais devant tout homme.

[le Or ha’Haïm haKadoch]

=> Moché était tellement humble qu'Hachem Lui-même est venu lui demander de ne pas témoigner d'honneur à Pharaon.

"Moché prit les ossements de Yossef avec lui " (Bo 13,19)

Pourquoi le verset précise-t-il : "Avec lui" ?
Ces termes semblent apparemment inutiles, car s'il les a pris, c'est forcément "avec lui"!

En réalité, lorsqu'une personne accomplit une mitsva, le gain que cela lui rapporte va l'accompagner pour l'éternité (dans ce monde et celui à venir).
Cela est en opposition avec les gains matériels (comme l'or et l'argent), qui ne nous accompagnerons pas et ne nous apporteront plus rien après notre mort.

=> La Torah veut nous enseigner que Moché a réalisé une grande mitsva en prenant les ossements de Yossef, et qu'elle est vraiment "avec lui", l'accompagnant pour toujours, contrairement aux biens matériels, qui ne sont pas que très temporairement avec l’homme.

[le Kli Yakar]

<--------------------->

-> La guémara (Sotah 9b) enseigne qu'en récompense pour s'être occupé des os de Yossef, Moché a mérité que Hachem, Lui-même, l'enterre après sa mort.

-> Dans ce monde, il est très facile de se laisser absorber par le matérialisme.
Le yétser ara ne manque pas d'excuses, déguisant même parfois cela en une mitsva : je vais travailler à fond comme cela j'étudierai mieux plus tard ..., je vais travailler à fond comme cela mon fils pourra étudier ...
Et le temps passe, passe, sans que nous n'amassions de richesses spirituelles : nous sommes alors éternellement pauvres!

Le yétser ara réussit son objectif premier : nous faire partir de ce monde avec le moins de spiritualité possible.
=> De notre verset, on doit sans cesse se demander : qu'est-ce que je prends "avec moi" pour m'accompagner dans l'éternité, tout le reste n'étant alors que secondaire.

[ce monde pour accumuler les richesses spirituelles, le monde futur pour en profiter, et la matérialité n'étant qu'un moyen pouvant aider à y parvenir. ]

"L'homme possède tout, lorsqu'il se confie à Hachem"

[le Saba de Novardok - Rabbi Yosef Yozel Horowitz -> 1848-1919]

"Quand Pharaon vous dira : faites-vous (la'hèm) un prodige" (Vaéra 7,9)

Logiquement, Pharaon aurait dû dire : "Faites-NOUS un prodige" !
Pourquoi un tel emploi?

La différence entre un prodige réalisé par de la sorcellerie et un miracle réalisé par Hachem, est que le sorcier connaît à l’avance tout les secrets de son tour (sachant que ce n'est que mensonge et il n'en est pas impressionné), tandis que celui qui réalise un miracle reste toujours émerveillé par la grandeur d’Hachem (découvrant sur le moment ce qu'Il fait et en étant impressionné).

Ainsi, Pharaon dira à Moché et à Aharon : "Faites-VOUS un prodige" = réalisez une merveille qui sera une source d’étonnement pour vous aussi, et non pas uniquement pour les égyptiens, cela sera alors une véritable preuve que ce signe est d’origine Divine, et non pas l’effet de la sorcellerie.

[le Noam Elimélé'h]