Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Le Shabbath est la source de toute la kédoucha (sainteté) et de toute la spiritualité.
Seul le Shabbath peut assurer le développement spirituel."

[Rabbi de Slonim - Nétivot Shalom]

Le Shabbath possède en lui la faculté de nous recharger spirituellement, (b"h) sachons en profiter autant que possible ...

[ex : Une des raisons d'attendre 8 jours pour faire la circoncision est de permettre à l'enfant de vivre au moins un Shabbath afin d'avoir suffisamment de forces pour qu'on lui fasse la mila.
La puissance du Shabbath ...

1°/ Selon le midrach (Béréchit rabba 10,9), le monde était incomplet et instable durant toute la Création jusqu'à ce que le Shabbath arrive.
De même, l’enfant n’a pas les forces pour la brit mila jusqu’à ce qu’il vive un Shabbath complet, et les 8 jours permettent de garantir cela.
Le Ohr ha’Haïm haKadoch (Vayikra 12,3) dit à ce sujet : "Shabbath amène une âme de vie au monde, donnant à l’enfant la capacité de survivre".

2°/ "[Aharon] devra revêtir [ces vêtements] pendant 7 jours [consécutifs]" (Tétsavé 29,30)
Le Méam Loez de commenter :
De même, tout Cohen Gadol qui lui succédera et qui entrera dans le Saint des saints à Yom Kippour devra porter ces 8 vêtements pendant 7 jours consécutifs comme Aharon lors de sa propre installation, [et sinon] ... il n'est pas digne d'être Cohen Gadol même s'il a été oint.

Nous apprenons de là l'importance et la valeur du Shabbath.
Bien que l'homme désigné comme Cohen Gadol ait revêtu les vêtements et reçu l'onction, il ne peut servir comme Cohen Gadol avant qu'une semaine entière, y compris un Shabbath, ait passé depuis sa nomination et la mise des vêtements sacerdotaux.
Ces 7 jours doivent être consécutifs afin que parmi eux, se trouve un Shabbath. [Réchit 'Hokhma 326]]

"Rabbi 'Hanina a dit : "Une personne ne souffre, même de la plus petite blessure à son doigt, que s'il en a été décidé ainsi dans les cieux." "

(guémara 'Houlin 7b)

Le temps suivant l’allumage des bougies & les femmes …

+ Le temps suivant l'allumage des bougies & les femmes ...

Durant les 30 minutes suivant l'allumage des bougies de 'Hanoucca, il y a une obligation de rester devant les bougies allumées, sans travailler, simplement pour raconter, chanter, et nous émerveiller.

C'est un message destiné à nous obliger de prendre le temps, de réfléchir, d'observer ce qui nous touche et nous entoure.
[Faisons une pause, et profitons-en pour mettre de la lumière dans notre vie au vu de toutes les bontés dont D. nous gratifie.]

Il faut comprendre que tout ce qui se passe appartient au domaine du merveilleux, rien n'est naturel ou banal !!

Le miracle de 'Hanoucca possède un lien direct avec une femme juive : Yéhoudith, et les femmes, grâce à leur douceur sont les plus aptes à transmettre le message de la fête.

+ A savoir :
"Le Ben Ich 'Haï dit dans ses lois sur 'Hanoucca, que les femmes qui respectent cette obligation seront sauvées de bien des malheurs qui surviendraient contre elles durant l'année."

 

Source (b"h) : compilation personnelle d'un dvar Torah du rav Mena'hem Berros

"La bouche est la plume du cœur."

[le 'Hovot Halévavot]

Le 'Hafets 'Haïm de dire :
"Le langage, plus que toute autre faculté, définit l'homme ...
La langue, par l'intermédiaire du verbe, met la personnalité au grand jour ..."

‘Hanoucca & l’importance de faire connaître le miracle …

+ 'Hanoucca & l'importance de faire connaître le miracle ...

Le Rambam dit dans ses Ala'hot 'Hanoucca (IV,12) :
"La mitsva d'allumer la bougie de 'Hanoucca est une mitsva extrêmement précieuse, ô combien précieuse!

Il est nécessaire que la personne y fasse très attention afin de faire connaître le miracle, et de se répandre en éloge à D.
De Le louer pour les miracles qu'Il a fait pour nous.

Même si une personne n'a pas de quoi manger et se trouve dans l'obligation de quémander ou aller jusqu'à vendre sa veste pour obtenir l'huile et la mèche nécessaire à l'allumage."

A l'opposé, pour les mitsvot de la Torah, la loi n'exige pas de dévouement supérieur à la moyenne :
"Celui qui n'a pas de Etrog ou d'autres objets de mitsva n'a nullement besoin de donner plus que le 5e de ce qu'il possède." (Shoul'han Arou'h 656).

Pour ce qui est de la mitsva de 'Hanoucca, le Rambam va jusqu'à exiger que même le plus pauvre parmi les pauvres vende sa seule veste pour l'accomplir.

N'y a t'il pas là une certaine exagération de la part du Rambam?
[l'allumage des bougies est une mitsva dérabbanan qui vient de la décision de nos Maîtres ou de nos prophètes, elle devrait donc nécessiter moins ou seulement autant de sacrifice qu'une mitsva de la Torah]

Ou bien, il nous faut affirmer que la mitsva de 'Hanoucca comporte une importance insoupçonnée!

Le commentateur du Rambam (le Maguid Michné) s'est appuyé sur une autre obligation de nos Maîtres, pour laquelle le Talmud exige clairement un tel sacrifice : il s'agit de l'acquisition des 4 coupes de vin pour le soir du Séder de Péssa'h :
"Même un pauvre d'Israël ne doit pas manger l'après-midi qui précède le Séder de Pessa'h.
Il ne doit pas non plus avoir moins de 4 verres de vin, même celui qui vit de la tsédaka."
(Péssa'him michna 10,1).

Commentaire du Rachbam sur cette michna :
"Et même si celui qui donne la tsédaka ne lui donne pas suffisamment, il doit s'efforcer d'acquérir ces 4 verres, au sacrifice de son honneur, en tapant aux portes ou en vendant sa veste."

Plus loin, la guémara explique qu'une telle exigence vient de ce que ces 4 coupes sont là pour citer les 4 expressions de la délivrance d'Egypte qui font toutes référence aux miracle effectués par D. en faveur de Son peuple.
==> Une nouvelle fois, nous voyons l'importance de diffuser le miracle de D.

Le miracle est ce qui accompagne l'individu et la communauté tout au long de son existence.
Ainsi, lorsque vient le moment de reconnaître et d'en prendre conscience, il ne faut pas lésiner sur les moyens ...

La nature humaine fait que nous aurions davantage tendance à ignorer les faits que D. accomplit en notre faveur. (sentiment naturel de toute puissance/non dépendance : "j'ai besoin de personne", "c'est grâce à moi que...", ...)

C'est pourquoi, le Rambam n'a pas lésiné à trancher au sujet des bougies de 'Hanoucca.

==> Le rôle du peuple juif est de toujours se rappeler et de faire savoir, que le monde est entièrement dirigé par la main de D., et tout, en réalité n'est que miracle.

Les fêtes de 'Hanoucca et de Pessa'h sont celles qui apportent le plus de données pour connaître la puissance de D., Son interventionnisme (qui ne cesse jamais), et Son attachement constant à Son peuple!

On peut remarquer que le mot : 'Hanoucca (חנוכה) possède les mêmes lettres que le mot : ha'hinou'h (l'éducation - החנוך).

'Hanoucca, c'est l'éducation (le 'hinou'h) par excellence, l'éducation qui passe par la joie, l'émerveillement, la douceur.
C'est la raison pour laquelle, cette fête, plus que toute autre, apporte beaucoup à l'inconscient, à l'esprit et au cœur de l'enfant.

Rien n'est davantage préférable et profitable pour impressionner l'imaginaire et susciter les émotions de l'enfant (les petites lumières, les douceurs, les jeux, les chants, les cadeaux, ...).
De cette façon, les parents peuvent mieux parvenir à transmettre la connaissance de D. et la conscience de Sa bonté infinie en notre faveur.

Source (b"h) : le "pardess Ména'hem" du rav Ména'hem Berros

Des paroles d’encouragement des Maccabi …

+ Des paroles d'encouragement des Maccabi ...

Il peut être intéressant de lire des paroles de Matitiahou et de son fils Yéhouda.

1°/ Concernant Matitiahou :

Ayant reçu l'ordre de sacrifier aux idoles, Matitiahou répondit :
"Quand tout l'univers se conformerait à l'ordre d'Antiochus, mes fils et moi-même nous resterions fidèles à D. jusqu'à notre dernier soupir!"

Comme il parlait, un juif s'avança vers l'autel pour sacrifier aux idoles.
A cette vue, Matitiahou s'élança sur l'infidèle et le tua sur place.
Il poignarda également l'envoyé du roi et détruisit l'autel.

Il parcourut alors la ville en s'écriant :
"Que tous ceux qui sont zélés pour la Torah me suivent !!"

Une petite armée se forma autour de lui et de ses fils, et, à leur tête, il alla de ville en ville détruire les autels d'idoles et restaurer les lieux de Torah.

A sa mort, il légua à ses fils les mots suivants :
"Mes fils, ayez du zèle pour la Torah et donnez votre sang pour l'alliance de vos pères.
Ceux qui mettent leur espoir en D. ne périront pas!"

2°/ Concernant son fils Yéhouda :
Il ne se laissa jamais aller au désespoir et exhorta ses troupes :
"Mes frères! Aujourd'hui, nous allons affronter notre plus grande épreuve.
Mais vous ne devez rien craindre!
En effet, ce ne furent pas nos armes qui nous permirent de vaincre nos ennemis jusqu'alors, mais notre foi en D.

Eux viennent avec chariots d'acier et se fient à leur puissance, mais nous, nous venons au Nom de D. et c'est Lui qui se battra à nos côtés."

3°/ On surnomma cette famille (Matitiahou et ses 5 fils) : les Maccabi (מכבי), acronyme de : "Qui est comme Toi, puissant, ô Hachem" (Mi kamo'ha baélim Hachem - מי כמכה באלים יהוה)

 

Source (b"h) : rav Mena'hem Berros

Passer de l’exil à la délivrance …

+ Passer de l'exil à la délivrance ...

Lorsque l'on est en exil (mot se disant en hébreu : gola - גולה), et qu'on ajoute à tout moment et en toute occasion : l'Unique, D. (symbolisé par la lettre : א : le 1), on obtient le mot : délivrance (géoula - גאולה).

Le passage de l'exil à notre délivrance est entre nos mains, et réside dans le fait de faire résider D. parmi nous.

[D'ailleurs, la lettre א, ressemble à 2 youd et un vav, qui donne une valeur numérique de 26, comme le nom de D. ... (10+10+6) ]

+ Lien avec 'Hanoucca :
Durant 'Hanoucca nous allumons 36 bougies avec 8 chamach, soit un total de 44 bougies (36+8), qui est la valeur numérique du mot : exil (gola - גולה).

"Toute personne ressent constamment des aspirations et prie : soit D., soit des forces 'naturelles' ."

[Rav Éliyahou Dessler - Mikhtav Mé'Éliyahou]

A nous d'en profiter pour les convertir en opportunités de se tourner vers D., et d'ainsi tisser des liens d'amour toujours plus solides.

"Ils prirent, et ils le jetèrent dans le puits. Et le puits était vide, il n'y avait pas d'eau." (Vayéchev 37,24)

Le puits ne contenait pas d'eau, mais seulement des serpents et des scorpions., nous apprend la guémara (Shabbath 22a).

Le Gaon de Vilna de dire qu'au-delà de la signification 1ere de cette explication, la guémara nous propose ici un regard approfondi sur la nature humaine.

Le prophète Yéchaya (55,1) s'exclame : "Vous qui avez soif, venez, voici de l'eau!"
La guémara (Baba Kama 82a) explique que "l'eau", c'est la Torah.

Les serpents et les scorpions symbolisent le côté le plus sombre de la nature humaine, ses tendances les plus grossières.

==> La guémara nous enseigne donc que, tout comme un puits ne peut contenir que 2 choses : soit de l'eau, soit des serpents ou des scorpions, de même une personne sans "l'eau" de la Torah pour raffiner son caractère, est rempli/fourmille "de serpents et de scorpions".

Une personne ne doit pas penser qu'elle peut être vide de Torah, tout en ayant par ailleurs d'innombrables qualités. La règle est que : s'il n’y a pas d’eau, de Torah, alors il y a naturellement des serpents et des scorpions, des défauts et des vices.

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-> Pourquoi est-ce que Réouven a proposé à ses frères de jeter Yossef dans un puits qui était à priori rempli de serpents?

Selon nos Sages, la punition pour celui qui parle du lachon ara est d'être mordu par les serpents.

Réouven voulait que ses frères constatent que bien que Yossef était dans un puits avec des serpents, les serpents ne le touchaient pas.
Il espérait qu'ainsi ses frères réaliseraient que Yossef n'avait pas commis la faute de lachon ara lorsqu'il parlait d'eux à Yaakov.

-> Pourquoi est-ce que la Torah insiste sur le fait que le puits était vide d'eau?

Il existe un serpent appelé : "arod" dont la morsure est mortelle.
Cependant, si une victime d'une morsure de ce serpent parvient à atteindre une source d'eau avant que le serpent n'y arrive, elle est sauvée et le serpent meurt instantanément.

S'il y avait de l'eau dans le puits, les frères de Yossef auraient pu se dire qu'il a été sauvé du arod grâce à l'eau présente.
Cependant, Yossef étant dans un puits sans eau, ainsi le fait d'y avoir survécu était la plus grande preuve qu'il n'avait prononcé aucun lachon ara.

[le Birkat Avraham]

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Rabbi Zalman Sorotzkin (le Oznaïm laTorah) commente :
Ce verset vient nous apprendre que le puits dans lequel a été jeté Yossef avait une qualité et un défaut :
- la qualité = il n'y avait pas d'eau dedans ;
- et le défaut = il y avait dedans des serpents et des scorpions.
On remarquer tout le respect que témoigne la Torah à de l'inerte (un puits) = en effet, la qualité est exprimée ouvertement ("il n'y avait pas d'eau"), tandis que le défaut est caché, puisque déduit de la tournure du verset.

=> Le Oznaïm laTorah en conclut :
Si cela paraît évident quand il s'agit d'un puits, à plus forte raison d'un être humain : nous devons faire son éloge clairement, et si parfois il est nécessaire de révéler un défaut, efforçons-nous de le faire par allusion.

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Le Séfer 'Hassidim signale que les initiales de : én bo (il n'y a pas dedans - אֵין בּוֹ) sont : Aval Né'hachim Vékravim Yéch Bo (mais il y a dedans des serpents et des scorpions).
[rapporté dans le Torat Bné Yissa'har]

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+ "Et ils le saisirent, et le jetèrent dans le puits. Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau."

-> Selon une autre opinion, il y avait 2 puits. [C'est pourquoi les frères dirent : "Jetons-le dans un des [2] puits" (Vayéchev 37,20)].
Plus tard, le mur qui les séparait tomba, et ils ne formèrent plus qu'une et même fosse.
L'un de ces puits était pleins de pierres, et l'autre de serpents.
[...]
Le verset : "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau" ... = le mot "vide"] désigne les frères, car ils ne bénéficiaient pas de l'eau de la Torah. Ils ignoraient qu'un verset de la Torah énoncerait : "Celui qui aura enlevé un homme et l'aura vendu ... sera mis à mort" (Chémot 21,16).
S'ils avaient eu connaissance de cette loi, ils n'auraient jamais agi de la sorte.

Dans la Torah, le terme "vayiKa'houhou" (et ils le saisirent - וַיִּקָּחֻהוּ) est écrit sans la lettre "vav". [Comme la Torah ne comporte pas de voyelles, on peut également lire : "vayika'héhou" = et ils le prit]. Ceci sous-entend que seul un des frères jeta Yossef dans le puits, agissant au nom de tous les autres. Il s'agissait de Chimon.
[Plus tard, Yossef demandera que Chimon reste comme gage, alors que ses frères iront chercher Binyamin - cf. Mikets 42,24]
[Méam Loez - Vayéchev 37,24]

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"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s’affairait à créer la lumière du machia’h."
[midrach Béréchit rabba 85,1]

-> Après que les tribus aient jeté Yossef dans un puits, ils l'en ressortirent pour le vendre.
Suite à cela, Réouven, qui était alors absent lors de la vente, revint pour sortir Yossef du puits et le ramener à son père, mais, il ne l'y trouva plus. Alors, il s'écria : "L'enfant n'est plus là, et moi où irai-je?" (Vayéchev 37,30).
Rachi (v.37,29) commente sur : "Réouven revint à au puits et voyant que Yossef n'y était plus, il déchira ses vêtements" : Il n’avait pas assisté à la vente, car c’était à son tour, ce jour-là, d’aller servir son père. Autre explication : Il était occupé, couvert d’un sac, à jeûner pour avoir mis le désordre dans la couche de son père.

Le midrach explique : "Où irai-je à cause de ma faute avec Bil'a?" = Réouven relia la disparition de Yossef avec sa faute avec Bil'a.
[Suite à la mort de Ra'hél, Yaakov a mis sa couche dans la tente de Bil'a. Réouven dont la mère est Léa, a pris parti pour sa mère en disant : "Si la sœur de ma mère a été la rivale de ma mère, faut-il que la servante de la sœur de ma mère soit aussi la rivale de ma mère? C’est alors qu’il s’est levé et a déplacé sa couche [celle de Yaakov, dans la tente de sa mère]" (guémara Shabbath 55b)]

=> Mais quel est le rapport entre la disparition de Yossef du puits et sa faute avec Bil'a?

-> Le midrach explique que Réouven sauva Yossef parce que quand il entendit que Yossef rêva de 11 étoiles qui se
prosternèrent devant lui, il en déduisit que lui aussi fait partie des étoiles. Malgré sa faute, il n'a donc pas été écarté des tribus. En gratitude vis à vis de Yossef qui lui fit réaliser une telle chose, il décida de le sauver.
Mais, à présent qu'il revint près du puits et que Yossef avait disparu, il pensa qu'il était mort et donc que le rêve de Yossef n'était pas un vrai rêve prophétique. Or, si ce rêve n'est pas authentique, si c'est un rêve futile, alors toute la preuve qu'il fait encore partie des tribus, des 11 étoiles, n'est plus valable.
=> C'est pourquoi, la disparition de Yossef lui raviva son inquiétude de ne pas avoir été pardonné de sa faute, et d'être écarté des tribus.

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-> Le Sfat Emet explique que quand quelqu'un commet une faute, il doit s'attacher à un tsadik qui est irréprochable au niveau de cette faute, et cela contribuera à sa réparation.
En effet, quand quelqu'un s'attache et même s'efface devant un tsadik, il bénéficie par cela de la perfection et du travail de ce tsadik.

Or, la faute de Réouven concernait la sainteté de la vie conjugale, puisqu'il se mêla de l'intimité de son père.
Pour réparer sa faute, Réouven décida de s'attacher à Yossef, qui était déjà réputé pour se sanctifier à ce niveau-là. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fut justement éprouvé, plus tard, avec la femme de Potifar, pour mettre à jour sa sainteté et son éloignement de cette faute.
=> Ainsi, en s'attachant à Yossef, Réouven espérait bénéficier de sa sainteté et ainsi, cela contribuera à réparer sa faute. Cependant, quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu, il comprit qu'il ne pourrait pas profiter de sa perfection et craignit donc ne plus pouvoir réellement se nettoyer de sa faute.

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-> Le Birkat Pérets explique que quand quelqu'un commet une faute, son repentir consiste à prendre justement le contre-pied de cette faute. Ainsi par exemple, celui qui a profané le Nom d'Hachem, pour se repentir, il devra multiplier les actes où il sanctifiera Son Nom.

Quand Réouven troubla l'intimité et s’immisça dans la vie conjugale de son père, cela provoqua une grande peine et une grande contrariété à Yaacov. Réouven qui en avait conscience, pensa que sa réparation devait être d'entraîner à contrario une grande joie et une satisfaction importante à celui-ci.
Et quand on jeta Yossef dans le puits, Réouven imagina la douleur que son père ressentira en pensant que son cher fils est mort. En parallèle, Réouven savait quelle joie ressentirait son père s'il lui restitue Yossef : il en sera immensément heureux.
=> Par cette joie qu'il lui permettra de ressentir, Réouven pensa réparer la peine qu'il lui provoqua par sa faute.
Mais quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu et qu'il ne pourrait donc plus le rapporter à son père, cela réactiva son inquiétude par rapport à sa faute, car il avait raté une excellente occasion de réparer son acte, en restituant Yossef à son père, avec toute la joie qui en aurait suivi.

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-> Le Panim Yafot fait remarquer que Réouven avait moins de 20 ans quand il commit sa faute. Or, nos Sages enseignent que le Tribunal Céleste ne punit pas quelqu'un qui a moins de 20 ans, ce qui rassura Réouven.
Malgré tout, celui-ci avait quand même un doute, car il se dit que peut-être que les hommes pieux et servant Hachem peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans. Et que ce sont les gens simples qui ne sont punis qu'à partir de 20 ans.

Quand Yossef fut jeté dans la fosse qui contenait, selon nos Sages des serpents et des scorpions, Réouven pensait que Yossef sera épargné. En effet, même si lui aussi avait fauté en rapportant des médisances sur ses frères à leur père, malgré tout il n'avait alors que 17 ans.
Ainsi, puisqu'il avait moins de 20 ans, Réouven pensait que Yossef allait être épargné par le Ciel.
En effet, ses grands mérites justifiaient qu'il bénéficie d'un miracle. De plus, Hachem ne lui tiendrait pas rigueur pour sa faute, car il avait moins de 20 ans.

Mais quand à son retour près du puits, Réouven ne trouva pas Yossef, il pensa que les serpents l'avaient dévoré. Il en conclut que Yossef avait été puni pour sa faute même s'il avait moins de 20 ans. C'est donc bien que les tsadikim peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans.
=> Cela réveilla son inquiétude par rapport à sa propre faute avec Bil'a, car même s'il avait lui aussi moins de 20 ans, il serait quand même considéré comme fautif par le Ciel.

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-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37,21)

Quand Réouven vit que ses frères allaient tuer Yossef, il s'interposa et proposa de le jeter dans un puits plutôt que de le tuer. Son intention était de revenir par la suite le sortir du puits et le ramener à son père. Sur ce verset, le midrach enseigne que si Réouven savait que la Torah allait écrire à son propos : "Il le sauva de leurs mains", il l'aurait accompagné à son père sur ses épaules.
=> Ce midrach paraît étonnant. Réouven cherchait-il à obtenir les éloges de la Torah? Est-ce pour cela qu'il se serait encore plus empressé de sauver son frère? Mais cela manque d'authenticité!

-> Le Divré Yé'hezkel explique qu'en fait, suite à ce qui s'est passé avec Bil'a, Yaakov avait un peu repoussé Réouven et ne se comportait plus avec lui aussi chaleureusement qu'avant. Or, à présent, si Réouven restitue Yossef, le fils bien-aimé de son père, il est clair que Yaakov se montrera extrêmement reconnaissant vis-à-vis de
lui et recommencera de nouveau à le rapprocher et lui témoigner de la bienveillance comme avant. C'est justement cela que Réouven craignait.
En effet, ce qu'il cherchait à présent à faire, c'est de sauver Yossef. Il s'agissait là d'accomplir cette très grande mitsva. Et il voulait la réaliser avec le plus d'authenticité et avec l'intention la plus pure et la plus désintéressée possible. Et il craignait qu'au fond de lui, dans son subconscient, il ne cherche aussi un peu à récupérer l'amour et la considération de son père. Mais alors, sa mitsva de sauver Yossef ne serait pas la plus pure, car se mélangerait dans cet acte son intérêt personnel.

C'est pourquoi, il se méfia de trop s'empresser, soupçonnant que le zèle supplémentaire proviendrait de cet intérêt. Mais s'il savait que la Torah témoignerait sur lui qu'il le sauva des mains de ses frères, puisque la Torah est une Torah de vérité, cela signifierait donc qu'en vérité, sa seule intention était bien de le sauver. Et dans ce cas, il aurait était assuré qu'après avoir scruté son coeur, Hachem avait bien perçu la pureté totale de son acte. Il ne cherchait en rien son intérêt. Et de ce fait, il n'aurait plus hésité à se dépêcher et aurait porté son frère sur ses épaules pour le ramener à son père.

=> Nous apprenons de là qu'un homme doit constamment s'efforcer d'être le plus honnête avec soi-même. Et même, il convient de se suspecter de peut-être chercher un intérêt personnel dans notre comportement, ce qui l'entacherait de l'intérieur. Même quand on accomplit une mitsva, ne soyons pas trop emballé et convaincu de la perfection de notre acte. Car peut-être qu'au fond, plus que la mitsva, c'est notre intérêt que l'on cherche.
Aussi, l'homme doit tendre le plus possible à la pureté de son intention, de se concentrer essentiellement sur la réalisation de la Volonté d'Hachem.

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+ Lien entre Réouven et les lumières de 'Hanoucca :

-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37, 21).
Cela est étonnant car celui-ci conseilla à ses frères de jeter Yossef dans un puits rempli tout de même de serpents et de scorpions. Même si l’on suppose que Réouven ignorait la présence des serpents et des scorpions, pourquoi la Torah attribue-t-elle malgré tout le sauvetage de Yossef à Réouven plutôt qu’à Yéhouda, car en définitive c’est le conseil de Yéhouda qui a maintenu Yossef en vie?

En réalité, le conseil de Réouven de jeter Yossef au puits, était porteur d’une certitude d’un point de vue spirituel, car aucun danger spirituel n’existait dans le puits. Même s’il y avait tout de même un danger d’un point de vue physique, ce danger restait incertain.
De plus, ce danger n’était que temporaire puisque Réouven avait envisagé cette solution seulement afin de calmer les esprits et de revenir plus tard au puits pour sauver définitivement son frère, et le ramener à son père. Par contre, Yéhouda a réellement exposé Yossef à un danger certain d’un point de vue spirituel, car il conseilla de le vendre à des Yichmaëlim qui voyageaient en Egypte, qui était le pays le plus imprégné de débauche.
C’est pour cette raison que la Torah attribue le sauvetage de Yossef à Réouven qui le sauva d’un danger spirituel certain et concret, et non à Yéhouda qui le sauva physiquement, mais qui l’exposa de façon certaine au pire des dangers.

A ‘Hanoucca, les ‘Hachmonaïm se sont battus avec don de soi (messirout néfech) pour défendre leur spiritualité (la Torah), menacée d’anéantissement par les Grecs, et non leur identité physique. Leur identité spirituelle avait beaucoup plus de signification pour eux que leur identité physique, tout comme Réouven.
C'est pourquoi sur le verset : "Les mandragores (doudaïm) répandent leur parfum, et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices" (Chir haChirim 7,14), le midrach (Yalkout Réouvéni Vayetsé) enseigne : "Les mandragores ont donné leur parfum = il s’agit de Réouven ; et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices = Il s’agit des bougies de ‘Hanoucca". [les mandragores citées ici désignent Réouven, car il en avait un jour cueilli pour sa mère Léa (voir Vayétsé 30,14-16)]
Ainsi, le midrach met en rapport Réouven (qui sauva Yossef du danger spirituel) avec les bougies de ‘Hanoucca, symbole de la victoire spirituelle de la Torah sur l’obscurantisme des Grecs.
On peut noter que les mandragores que donna Réouven à sa mère Léa furent cédées à Ra’hel en échange d’une nuit passée avec Yaakov (voir Béréchit 30, 14-18). L’union qui s’en suivit donna naissance à Yissa'har, "le pilier de Torah", symbolisé par la Ménora du Temple, objet du miracle de ‘Hanoucca.
[Kol Yéhouda]

"Comment puis-je faire ce grand mal, je fauterai vis-à-vis d’Hachem" (Vayéchev 39,9)

On peut se demander pourquoi Yossef a-t-il dit à la femme de Potiphar que : "Je fauterai". En effet, elle aussi allait fauter, et il aurait donc dû dire : "Nous fauterons".

En fait, Yossef voulait tellement s’éloigner de cette femme pour ne pas fauter avec elle qu’il s’efforça de ne pas s’inclure avec elle même par la parole.
Il ne souhaitait donc pas "s’isoler" avec elle même par des mots, en disant : "Nous fauterons".
C’est pourquoi, il se sépara d’elle radicalement et dit : "Je fauterai", moi seul, car je suis séparé de toi, même par la parole.
[Rabbi Bounam de Pchis'ha]

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-> Dans sa démarche de se protéger de la faute, Yosseph s'efforça de ne pas exprimer une parole qui l'unira avec cette femme même au niveau de la parole. S'il avait dit : "Nous fauterons", au pluriel, déjà par cette parole il se serait déjà "uni" avec elle. C'est pourquoi, il employa le singulier : "Je fauterai", moi et pas nous. Car il voulait se séparer et s'éloigner d'elle, même déjà au niveau de sa parole. En effet, la parole et les mots qu'on emploie ont une influence et un impact au niveau de son inconscient. Et, sans le savoir, cet impact pourra générer des comportements ou des attirances qu'on ne recherche pas, mais qui nous auront été provoqué par la suggestion d'une formule qu'on aurait employé.
Yossef craignait que s'il associait la femme de Potifar à lui à travers sa parole, cela suggérerait déjà un lien entre lui et elle et créerait une certaine proximité qui risquerait déjà de déboucher à la faute, D. préserve. Yossef souhaitait se prémunir de la faute de toutes ses forces. Aussi, il prit soin de créer une distanciation avec elle, même dans son langage.

=> Cela nous apprend combien la parole a de force. Une simple parole banale peut avoir de lourdes répercussions dans le psychique d'un individu, sans même qu'il ne s'en rende compte. Combien doit-on veiller à soigner son langage et se prémunir de toute suggestion susceptible d'agir sur l'inconscient et générer une déviance morale que l'on voudrait éviter.