Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Moché dit : Mangez-le aujourd'hui, car c'est aujourd'hui Shabbat en l'honneur de Hachem ; aujourd'hui vous n'en trouverez pas aux champs." (Béchala'h 16, 25)

De ce verset, où il est mentionné 3 fois : "aujourd'hui" (ayom), nos Sages en déduisent l'obligation de consommer 3 repas le Shabbath : un le soir, et deux durant la journée du samedi.

Celui qui veille à prendre ces repas sera préservé de 3 grandes épreuves :

-> 1°/ Le soir, il faut se rappeler le mérite d'Its'hak, ce qui nous préservera des douleurs d'enfantement du Machia'h.
Par ailleurs, le fait de prendre ce 1er repas dans la joie, la paix et l'amour des enfants de sa maison, a pour conséquence que le 1er et le 2e jour de la semaine seront bénis.

-> 2°/ Au repas de samedi midi, il faut se souvenir du mérite d'Avraham, ce qui nous préservera du jour du Grand Jugement.
Si l'on agit de même pour ce 2e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 3e et 4e jour de la semaine seront bénis.

-> 3°/ Au repas de Min'ha (de l'après-midi), il faut se souvenir du mérite de Yaakov, ce qui nous préservera de la guerre de Gog et de Magog. En effet, lorsque viendront les 70 nations et qu'ils nous feront la guerre, c'est par le mérite de Yaakov que nous serons sauvés.
Si l'on agit de même pour ce 3e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 5e et 6e jour de la semaine seront bénis.

L'essentiel des repas de Shabbath est : d'avoir le cœur joyeux, d'apprécier ce que l'on a, et ne pas être préoccupé par les affaires de la semaine, ni sombrer dans la tristesse, et ce, même si l'on a des soucis, car Shabbat est un jour saint, il est interdit de penser à ce monde-ci.

Celui qui néglige ces 3 repas de Shabbath, sa punition sera grande.

[divré Torah selon le Midrach Méam Loez]

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" Le 6e jour, lorsqu'ils prépareront ce qu'ils auront apporté [de manne], il se trouvera le double de la récolte de chaque jour" (Béchala'h 16,5)

Selon nos Sages, de ce verset, nous apprenons qu'il faut 2 pains à chaque repas de Shabbath et des jours de fêtes.

En hébreu, le pain se dit : " lé'hem " (לחם), mot ayant une guématria de : 78.
Pour les 2 pains, on obtient 78*2 = 156, qui a la même valeur que : Yossef (יוסף).
Ainsi, ces pains effacent la faute de la vente de Yossef par les enfants d'Israël.

"Moché étendit sa main au-dessus de la mer et Hachem déplaça la mer par un vent d'est puissant toute la nuit et Il changea la mer en terre humide et les eaux se fendirent." (Béchala'h 14,21)

Au début, la mer n'a pas voulu s'ouvrir, argumentant que c'était un acte au-delà des lois de la nature.
Pourquoi l'a-t-elle finalement fait?

1°/ La mer a agi à l'image de Na'hson ben Aminadav.
Par le fait de rentrer profondément dans l'eau agitée, et ce jusqu'à ce qu'elle atteigne son nez, Na'hson est allé contre la nature humaine et son instinct naturel de préservation.
De même, la mer est allée contre sa naturalité, et s'est fendue.

-> D'une manière plus générale, le 'Hatam Sofer dit que la mer Rouge s'est ouverte par le mérite de la émouna de tout le peuple juif.
En effet, il est écrit (Mékhilta Béchala'h 3) : "[Hachem dit : ] En raison de la foi (émouna) qu'ils ont eu en Moi, ils sont méritants d'avoir la mer qui s'ouvre pour eux, puisqu'il n'ont pas dit : "Comment peut-on aller dans le désert sans aucune provision pour la route?"
A la place, ils ont eu foi et ils ont suivi Moché sans poser aucun question."

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2°/ Les Téhilim (114,3) disent : "la mer a vu, et elle a fui".
Le Yalkout Chimoni explique qu'elle a vu les ossements de Yossef, arrivant avec les juifs.
De même que Yossef est allée contre sa nature en refusant les insistances de la femme de Potiphar, de même la mer va aller contre sa naturalité et se fendre.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ainsi?

Le Sfat Emet dit que la réponse repose sur la proximité entre les mots : "néss" (miracle) et "nissayon" (épreuve), qui partagent la même racine.
[le mot "ness" peut aussi dire : un étendard]

Une épreuve a pour conséquence de nous sortir de notre paisible zone de confort, de ce qui, avec le temps, est devenu facile et naturel pour nous.
En surmontant l'épreuve, on va accomplir de grandes choses, qu'on ne se savait pas capable de faire, brandissant un étendard de nos potentialités enfouies devenues réalité.

Hachem va répondre à cela en modifiant la naturalité, en nous faisant alors un miracle.

Pendant les 10 plaies, les juifs ont été passifs, mais pendant la traversée de la mer rouge, ils ont été actifs (avançant dans la mer déchaînée), ce qui a entraîné l'ouverture miraculeuse de la mer par Hachem. [én mazal léisraël]

La guémara (Béra'hot 20a) demande : En quoi les générations précédentes, qui bénéficiaient fréquemment de miracles, sont-elles différentes de la nôtre?
Et de répondre : Les générations passées se sacrifiaient d'une façon que nous ne faisons plus.

=> Lorsque nous faisons preuve de messirout néfech, que nous sommes prêts à tout sacrifier pour agir selon la volonté de D., alors nous nous donnons les moyens d'être en situation où absolument tout devient possible (b"h).

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-> Na'hchon ben Aminadav se jeta dans les flots et accepta de faire don de sa vie au point que les eaux lui arrivèrent au visage.
Le Réchit 'Hokhma écrit à ce sujet que : "nous apprenons de cela que celui qui désire qu'Hachem accomplisse pour lui un miracle au-delà de l'ordre naturel doit faire don de soi et de ses désirs ainsi que ses tendances personnelles. Hachem se conduira alors en retour Lui aussi au-delà de l'ordre naturel".

-> Le Bné Yissa'har enseigne à ce sujet : "Celui qui désire une délivrance au-delà des limites naturelles, comme par exemple avoir des enfants alors qu'il est stérile, devra accomplir une grande mitsva qui va à l'encontre de sa tendance naturelle. Grâce à cela, il brisera tous les murs qui le séparent de la délivrance nécessaire."

Lorsque les Bné Israël arrivèrent sur les rives de la mer, celle-ci vit le cercueil de Yossef et prit la fuite.
En effet, elle vit comment Yossef surmonta vaillamment l'épreuve (de la femme de Potiphar) avec une sainteté extrême, et comment il "déchira" ses instincts naturels au-delà de toute limite. Dès lors, la mer se déchira également au-delà du naturel.
En effet, les lois naturelles se soumettent devant celui qui dépasse sa propre nature.

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte les paroles d'un rav : lorsqu'un juif surmonte une épreuve difficile et qu'il se sanctifie en brisant ses tendances naturelles pour accomplir la Volonté Divine, au même instant les portes du Ciel s'ouvrent et il peut alors demander ce qu'il désire.

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-> La mer des joncs ne voulait pas s'ouvrir devant les Hébreux, jusqu'à ce qu'elle vit le cercueil de Yossef.
Comment comprendre ce midrach affirmant que la mer Rouge ne s'est pas ouverte pour les juifs, mais lorsqu'elle vit le cercueil de Yossef? Quel rapport y a-t-il entre l'ouverture de la mer et le cercueil de Yossef?

-> On a pu voir que : Yossef se trouvait en Egypte, pays de la débauche. Il était jeune et n'avait que 17 ans, âge où la pulsion est très forte. En plus, il n'était pas marié. D'autre part, la femme de Potifar a usé de tous les moyens possible pour éveiller son désir.
Et malgré tout, il a surmonté l'épreuve et s'est enfui. Par cet acte, il à l'encontre de sa nature. Par son mérite, la mer alla aussi à l'encontre de sa nature et elle s'ouvrit.

-> Le Ktav Sofer rapporte la question de savoir pourquoi les juifs n'ont pas fait la guerre aux égyptiens qui étaient derrière eux et les poursuivaient.
Pourquoi restèrent-ils bloqués devant la mer?

Il est écrit dans la paracha Ki Tetsé : "Tu ne repousseras pas l'égyptien, car tu as été étranger dans son pays" = en effet, au moment où les juifs en avaient besoin, l'Egypte a ouvert ses portes pour eux et les a accueillis. Par mesure de reconnaissance, on ne les repoussera pas.
C'est pour cela que les juifs ne pouvaient pas faire la guerre aux égyptiens par mesure de reconnaissance, et ce même s'ils étaient en véritable danger : derrière eux les égyptiens (nombreux et armés) et devant eux la mer.
=> En effet, les juifs ont appris de Yossef que le devoir de reconnaissance s'applique même en cas de danger. Comment cela?

Quand la femme de Potifar lui arracha le vêtement, Yossef s'enfuit. Le Ramban demande pourquoi il n'est pas revenu lui reprendre la partie de son vêtement de force. Il répond que comme elle était la femme de son maître qui lui comblait ses besoins, par mesure de reconnaissance, il ne pouvait pas revenir lui arracher son vêtement.
Dans cette situation également, tant qu'elle avait le tissu, elle pouvait accuser Yossef (comme elle le fit juste après), ce qui mit Yossef en danger. Et malgré tout, Yossef prit ce risque puisque par reconnaissance, il lui laissa le vêtement.

=> Quand la mer vit le cercueil de Yossef qui démontra que le devoir de reconnaissance s'applique même quand on est en danger, elle s'ouvrit pour sauver les juifs qui ne combattirent pas les égyptiens par mesure de gratitude, même si eux-aussi étaient en danger.
Puisque ce comportement était justifié, la mer dût donc s'ouvrir pour les sauver.

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-> Le Hadrach véha'Iyoun quant à lui rapporte le Midrach qui dit que la mer a été créée par Hachem le 3e jour de la Création, alors que l'homme a été créé le 6e jour.
La mer étant plus âgé que l'homme, elle ne voulait pas s'ouvrir et s'effacer devant l'homme qui est plus jeune.
Cependant, Yossef a démontré que cet argument n'est pas toujours valable. En effet, Yossef était plus jeune que ses frères et malgré tout c'était lui le roi et ses frères se sont tous prosternés devant lui.

=> Le cercueil de Yossef était la preuve que même le plus âgé peut parfois se soumettre au plus jeune. Cela neutralisa l'argument de la mer, qui s'ouvrit même si elle est plus âgée que l'homme.

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-> Le Béér Yossef explique que la mer ne voulait pas s'ouvrir pensant que le moment n'était pas arrivé, puisque l'esclavage devait durer 400 ans, et cela ne faisait que 210 ans que les juifs étaient en Egypte.
Certes les égyptiens les laissèrent partir, mais les juifs leur avaient dit qu'ils partaient servir Hachem uniquement pour 3 jours.
Les égyptiens les laissèrent donc partir à cette condition. Ils ne renoncèrent donc pas au temps d'esclavage qui leur restait, et au bout des 3 jours, les juifs devaient donc retourner en Egypte pour être définitivement libérés au bout des 400 ans.
Ainsi, la mer ne pouvait donc pas s'ouvrir pour les sauver définitivement.

Malgré tout, quand la mer vit le cercueil de Yossef, elle s'ouvrit. Car le cercueil de Yossef prouvait qu'en réalité les égyptiens savaient bien que les juifs sont partis pour toujours, et pas que pour 3 jours. Et malgré tout, même s'ils savaient cela, ils les laissèrent quand même partir.

De la sorte, même les égyptiens acceptèrent la fin définitive de l'esclavage des juifs et c'est cela qui amena la mer à s'ouvrir. En effet, le midrach dit que le cercueil de Yossef était en métal, et il était extrêmement lourd et imposant.
Les égyptiens l'avaient enfoui dans le Nil pour que le fleuve soit béni. Et avant de partir, Moché alla faire remonter le cercueil de Yossef et les juifs l'emportèrent avec eux à leur sortie, à la vue des égyptiens et de Pharaon qui les accompagnèrent hors de l'Egypte.
Or, il est évident que si la sortie n'était que pour 3 jours, avec l'intention de revenir ensuite, ils n'auraient jamais pris ce cercueil, avec tout le dérangement que cela entraînait.
=> Les égyptiens ont donc bien compris que s'ils prenaient ce cercueil c'était pour sortir définitivement. Quand la mer vit le cercueil de Yossef, qui prouvait que les égyptiens les ont libérés en toute conscience, que les juifs partaient pour toujours, alors elle s'ouvrit.

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-> La mer s'enfuit devant le cercueil de Yossef mesure pour mesure, car Yossef s'était enfui face à la femme de son maître. Sache que l'homme qui se sanctifie est plus grand que la mer, la terre et toutes les créatures qu'elle renferme, ainsi que les anges, car tous ceux-là ne sont pas soumis à l'épreuve pour servir Hachem.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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3°/ Un midrach Pliya (sur le même Téhilim 114,3) rapporte que ce qu'a vu la mer était : "la béraïta de Rabbi Ichmaël".

Quelle est-elle, sachant qu'il y a de très nombreuses béraïta en son nom?.

Le Pardès Yossef dit que cette béraïta se trouve dans la guémara Kétoubot (5b).
Rabbi Ichmaël y demande : "Pourquoi Hachem a-t-il fait la totalité de l'oreille dure, mais le lobe mou?"

La réponse donnée est que si une personne entend quelque chose de non convenable, elle a la possibilité de mettre le lobe dans l'oreille afin de ne plus rien entendre.

La mer a entendu les anges dirent : "Ceux-là (les juifs) sont des idolâtres, et ceux-là (les égyptiens) sont des idolâtres" (cf. midrach Chémot rabba 21,7 ; et Yalkout Chimoni Dévarim 928 - alalou ovdé avoda zara, alalou ovdé avoda zara).

Les anges se plaignaient que les égyptiens ne méritaient pas d'être noyés, car eux, tout comme les juifs, pratiquaient l'idolâtrie.
Ils insinuaient qu'il n'y avait pas de différence entre les 2.

Cependant, la mer a vu la béraïta de Rabbi Ichmaël, s'est souvenue de la leçon de l'oreille, et elle n'a alors pas écouté le lachon ara, ce qui a permis qu'elle s'ouvre pour les juifs.

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-> La mer vit la Baraïta (l’enseignement) de Rabbi Ichmaël (Midrache Péliah 1,52).
Dans la guémara (Sanhédrin 73a), nous trouvons une Baraïta de Rabbi Ichmaël disant qu’il faut sauver un homme qui fuit devant son ennemi, quitte à tuer le poursuivant.
En raison de cette halakha, la mer devait tout faire pour sauver les Bné Israël pourchassés par les égyptiens même si les poursuivants devaient perdre la vie.
[Avné Azel]

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4°/ Selon le Or ha'Haïm, la mer a refusé de s'ouvrir car la Torah n'avait pas encore été donnée.

Hachem lui a alors indiqué que l'empressement d'Israël à recevoir la Torah, l'élevait déjà à un niveau impliquant son ouverture, et ce à l'image de nos Sages tel que Rabbi Pin'has ben Yaïr (dont les eaux du fleuve se sont fendues pour le laisser passer - guémara 'Houlin 7a).

[les miracles futurs de ce type ne sont pas "étonnant", car alors la Torah a été donnée, et par son mérite tout devient envisageable!]

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-> "Les eaux s'ouvrirent" (14, 21) :

La guémara ('Houlin 7a) raconte que Rabbi Pin'has Ben Yaïr a ordonné à un fleuve de s'ouvrir pour le laisser passer accomplir la Mitsva de libérer des captifs, et effectivement ce fleuve s'ouvrit.
On peut s'interroger. Ce rav a accompli par son seul mérite un miracle similaire à celui de l'ouverture de la mer (qui se produisit par le mérite de tout Israël). Et pourtant, son miracle passe quasiment sous silence, contrairement à l'ouverture de la mer, dont tout le monde a entendu parler. Pourquoi une telle différence ?

C'est que par le mérite et la force de la Torah, il est possible d'accomplir tous les miracles.
Ainsi, l'ouverture de la mer qui s'est réalisée avant le don de la Torah, constitue un miracle extraordinaire. En effet, les Hébreux ne bénéficiaient pas encore de la grande force de la Torah.
En revanche, Rabbi Pin'has Ben Yaïr, qui disposait quant à lui du mérite de la Thora, a pu réaliser un miracle analogue, sans autant de "difficulté". Pour lui, ce n'était déjà plus une chose aussi extraordinaire.
[Ohr Ha'Haïm]

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-> La mer vit que Yossef avait gardé les 10 Commandements (midrach Tan'houma Nasso).

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 "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (Béchala'h 14,16)

-> Le Rabbi Chanoch Henoch haCohen Levine (l'Alexander Rabbi) enseigne :
"Une des grandes leçons de l'ouverture de la mer Rouge est à quel point Hachem déteste l'orgueil (gaava).
Le midrach rapporte que la mer n'a pas voulu se conformer à la demande de Moché de s'ouvrir pour les juifs.
En effet, la mer a dit à Moché : "Je ne vais pas m'ouvrir/fendre pour vous car je suis plus importante que vous, puisqu'ayant été créée le 3e jour de la Création tandis que vous ne l'avez été uniquement le 6e jour."
Lorsque Hachem a entendu la mer exprimer son attitude hautaine, Il a immédiatement demandé à Moché de : "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la".
Frappe le prétentieux et brise-le!"

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-> Le midrach (Yalkout Béchala'h) sur "l'eau était pour eux des murs" (véamayim lahem 'homa - Béchala'h 14,29) :
Au moment où les Bné Israël s'introduisirent dans la mer, l'ange Gavriel descendit avec eux, les entoura et les protégea comme un mur.
Il proclama aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté droit : "Soyez attentives à Israël, ils recevront prochainement la Torah de la Main droite d'Hachem".
Aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté gauche d'Israël, il proclama : "Veillez sur eux car prochainement, ils mettront les téfilines sur le bras gauche".
Aux eaux de la mer qui se tenaient face au peuple, il dit : "Faites attention à eux car ils accompliront à l'avenir la signature de D. sur la chair qui se trouve face à eux par la brit mila".
Aux eaux de la mer qui se tenaient derrière eux, il proclama : "Veillez sur eux, car prochainement le nœud de leurs téfilines et le coin de leurs tsitsit seront visibles dans leur dos".

-> Le Rambam (Guide des égarés) écrit : "on enlève le prépuce, dans la mitsva de la brit mila, dans le but d'affaiblir la force de l'envie distinctif telle la signature du Roi".

-> Le Ramban est en désaccord avec le Rambam et écrit : "la brit mila permet à l'homme d'avoir une alliance, et un signe distinctif telle la signature du Roi. (Tikouné Zohar 22)

A partir de ces 2 avis, les Sages ont fixé que : "Ces paroles-ci, et ces paroles-là sont les paroles du D. vivant". Ainsi, en réalité, la mitsva de la brit mila a deux buts essentiels :
- affaiblir la force corporelle qui provient du mauvais penchant, tel qu'il est écrit :"Écarte-toi du mal" (sour méra - Téhilim 34,15) ;
- ajouter de la sainteté au corps du juif, comme il est écrit dans la suite de ce Téhilim : "Fais le bien" (vaassé tov - Téhilim 34,15).

-> Le rav Pin'has Fridman enseigne :
Cependant, chez un nouveau-né de huit jours, le mauvais penchant n'exerce pas encore son emprise de façon concrète ; quant à l'acquisition de la sainteté, le nouveau-né n'a pas encore atteint l'âge de la raison, et ne comprend pas cela.
En effet, l'essentiel de la mitsva de la brit mila (circoncision) aura ses répercussions dans l'avenir. Quand le nouveau-né grandira et arrivera à l'âge de raison, alors il pourra affaiblir la force du mauvais penchant, et ajouter à son corps de la sainteté.
Ainsi lorsqu'un membre du peuple d'Israël accomplit le commandement de la brit mila, il se prépare et se projette vers l'avenir, pour faire le bien. De même, Hachem nous récompense, mesure pour mesure, et regarde uniquement l'avenir, lorsque c'est pour le bien, afin d'envoyer Sa délivrance.

D'après cela, nous pouvons comprendre l'eseignement : "Alors chantèrent Moché" (az yachir Moché - Béchala'h 15,1), le mot אז (az - alors) a une valeur numérique de 8.
Moché dit : "par le mérite de la brit mila qui nous a été donnée au 8e jour, la mer s'est fendue" (Mékhilta ; midrach Yalkout).

À leur sortie d'Égypte, la mer s'est fendue, et ce uniquement par le mérite futur qu'ils accepteraient la Torah au Mont Sinaï. S'il en est ainsi, quel mérite possédait Israël pour que Hachem regarde uniquement le bien dans l'avenir?
Le mérite de la brit mila. De la même façon que le peuple d'Israël s'inquiète d'accomplir cette mitsva pour affaiblir le futur mauvais penchant de l'enfant et lui donner les outils nécessaires pour accomplir le bien à l'avenir, ainsi mesure pour mesure, Hachem regarde leur avenir pour le bien et fend la Mer Rouge.

=> Comment l'homme peut-il mériter que l'Éternel regarde uniquement le bien qu'il réalisera à l'avenir? C'est uniquement par le mérite de la mitsva de la brit mila, celle-ci représentant une préparation et un regard tourné vers notre avenir pour réaliser le bien. C'est ainsi que Hachem agit, mesure pour mesure, et regarde vers l'avenir uniquement le bien, pour nous juger par Sa bonté.

[ "Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)
Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
-> on peut également ajouter le sens que l'on a vu juste précédemment. ]

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-> Rabbénou Bé'hayé explique également que la mer Rouge ne se fendit pas d'un seul coup dans toute sa longueur, mais seulement au rythme de la progression des Bné Israël.
Le roi David évoque cette idée : "La mer vit et s'enfuit" (Téhilim 114,3). Plus le peuple juif avançait, plus la mer se fendait sous leurs pas. En effet, plutôt que de fendre la mer d'un seul coup, Hachem la faisait reculer petit à petit devant chaque pas des Bné Israël.

-> Le rav Beniahou enseigne :
L'ange Gavriel descendit avec eux et les entoura comme une muraille. Puisque la mer ne s'ouvrit pas dans toute sa longueur, les eaux entouraient le peuple d'Israël de toutes parts.
A chaque instant, régnait le danger de voir la mer se refermer sur eux. Ainsi, durant toute la traversée à l'intérieur de la mer, l'ange Gavriel demande sans cesse aux eaux de la mer de se montrer bienveillantes envers les Bné Israël afin de les rassurer.

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+ Ce qui provoqua l'ouverture de la mer Rouge :

-> "Quand Israël sortit d'Égypte, la maison de Yaakov du milieu d’un peuple à la langue barbare. Yéhouda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire. La mer vit et s’enfuit" (Téhilim 114,1-3)

=> Qu'est-ce que "la mer vit et s’enfuit"?

On a pu voir entre autre que :
- selon le midrach, il s'agit du cercueil de Yossef que le peuple juif avait sorti d'Egypte en quittant le pays.
Par le mérite de Yossef qui décida de fuir devant la femme de Potiphar, la mer "s'enfuit" et se divisa pour laisser passer le peuple à pieds secs.
- selon Rachi, qui rapporte la guémara (Sota 37), affirmant que l'ouverture de la mer est accréditée à Yéhouda dont le descendant : Na'hchon ben Aminadav, fut le premier à entrer dans l'eau, prêt à sacrifier sa vie pour sanctifier le nom divin.
"Yéhouda devint son sanctuaire" = c’est Yéhouda qui sanctifia le Nom divin, quand Na'hchon entra dans la mer en disant : "J'y entrerai en premier".

=> On dirait donc que le même verset fait allusion à 2 raisons tout à fait différentes quant à l'ouverture de la mer. Pourquoi ces 2 actes furent-ils nécessaires pour provoquer l’ouverture de la mer?

-> Pour ce faire, il faut analyser les rôles uniques de Yossef et de Yéhouda.
Le roi David parle de 2 sortes de service (avodat) Hachem : "sour méra va'assé tov" (Eloigne-toi du mal et fais le bien - Téhilim 34,15).
Sur le plan individuel, s’éloigner du mal signifie éviter de mal agir et parvenir à surmonter ses défauts. A un niveau plus général, cela revient à combattre le mal dans le monde.
Quand on parle de "faire le bien", cela signifie accomplir des bonnes actions et développer ses qualités, tandis qu’a un niveau plus collectif, cela signifie accroître et améliorer la avodat Hachem dans le monde.

Le Chem Michmouël (Vayigach 5675) explique que Yossef concentrait sa avoda (service Divin) sur le côté "Sour méra".
Il se garda de commettre de l’adultère, refusant même de regarder les femmes égyptiennes qui venaient le voir et par la suite, il surmonta l’épreuve soumise par la femme de Potiphar.
Il fit son possible pour retirer le mal des autres également, en obligeant les égyptiens à se circoncire et en limitant ainsi leur yétser ara pour la débauche.
Quant à Yéhouda, il représente le côté "assé tov". Il était un homme d’action, assuma sa responsabilité dans l’acte qu’il commit avec Tamar, et il fut envoyé en Egypte pour préparer des maisons d’étude et paver la voie au peuple juif.

Dans le même ordre d’idées, nous savons qu’il y aura 2 machia'h qui délivreront le peuple juif, l’un descendant de Yossef et l’autre issu de la tribu de Yéhouda. On les appelle machia'h ben Yossef et machia’h ben David (David étant lui-même un descendant de Yéhouda).
Le Chem Michmouël (Vayigach 5677) écrit que le premier s’occupera de l’aspect «"sour méra" (éloigne-toi du mal) en détruisant les ennemis de la nation juive. C’est ainsi qu’il pavera la voie au machia’h ben David qui devra compléter le travail par le "assé tov" (accomplis le bien) : le rassemblement des exilés et la reconstruction du Temple.

Il fallait donc ces 2 façons de "briser sa nature" pour que le peuple ait suffisamment de mérites afin que la mer aussi agisse contre-nature : il fallait briser sa nature au niveau "sour méra" et briser sa nature au niveau "assé tov".
Yossef le fit (en utilisant l’aspect "sour méra") quand il surmonta son désir naturel et qui prit la fuite devant la femme de Potiphar. Et Yéhouda brisa sa nature par le "assé tov" quand il surmonta son désir naturel de rester en sécurité sur la terre ferme plutôt que d’entrer dans une mer déchainée, jusqu’à ce que l’eau atteigne son nez.

Une fois associés, ces 2 actes montrant des forces "surnaturelles" apportèrent assez de mérites pour que la mer agisse de manière surnaturelle et qu’elle s’ouvre.
[On peut ajouter que la mer eut elle-même une attitude qui rappelle le "sour méra" et le "assé tov" : elle permit au peuple juif de la traverser (assé tov) et empêcha les égyptiens d’en faire de même, ce qui anéantit le mal qu’ils représentaient (sour méra).

Puissions-nous tous mériter, chacun à son niveau, d’émuler Yossef et Yéhouda au niveau "sour méra" tant qu’au niveau "assé tov".
[d'après un divré Torah du rav Yéhonatan Gefen]

"Une chose est demandée de l’Homme : que son attachement à Shabbat soit si fort que même si, juste avant l’entrée de Shabbat, il a l’esprit plongé dans des affaires très importantes, lorsque Shabbat commencera, il ne devra plus avoir aucune envie de penser à son travail.

En comparaison avec la forte sainteté de Shabbat, toutes les choses de ce monde devront être sans aucune importance à ses yeux, car tous les efforts de l’Homme [pendant la semaine] sont juste une préparation vers un but et Shabbat est ce but spirituel de la Création. "

[Rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou]

"Vous prendrez un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang … et vous atteindrez le linteau" (Bo 12,22)

Rabbi Yé'hezkel de Kozmir fait le commentaire suivant :

- "Vous prendrez un bouquet d’hysope" : cela fait allusion à l’humilité, car l’hysope est une plante très basse, qui représente la modestie dans la symbolique de nos Sages.

- "Vous le tremperez dans le sang" : cela fait allusion à la qualité du don de soi, qui pousse l’homme à donner même de son sang.

=> "vous atteindrez le linteau" : Si vous prenez la qualité d’humilité (l’hysope) et que vous y associez la qualité du don de soi (le sang), alors grâce à cela, "vous atteindrez le linteau", c’est-à-dire que vous atteindrez des hauteurs spirituelles (le linteau étant la partie la plus haute de la porte).

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-> Le rav David Pinto enseigne :
Il existe un principe : il est impossible à l’homme d’avoir 2 attitudes à la fois, car à ce moment-là il ne réussira ni dans une chose ni dans l’autre.
Celui qui croit en Hachem n’a pas honte des hommes, mais celui qui craint les hommes parce qu’il a honte, c’est qu’il ne croit pas vraiment totalement en Hachem.

C’est pourquoi Hachem a ordonné aux Bné Israël de mettre le sang sur les 2 montants et le linteau, car le sang est une allusion à l’intériorité, le sang est l’âme.
Hachem voulait dire en allusion aux Bné Israël que l’essentiel du service de Hachem est qu’il vienne de l’intérieur de l’âme, du profond du cœur.
Le service de Hachem qui est extérieur n’est pas accepté, et par le fait que l’homme étudie la Torah et accomplit les mitsvot en faisant attention à ce qu’il fait, il s’ensuit qu’il aimera Hachem de tout son cœur et de toute son âme.

De plus, même celui qui sert Hachem uniquement intérieurement et a honte devant les autres, son service n’est pas agréé, parce que de cette façon il enlève de lui-même la crainte de Hachem pour craindre les hommes.
C’est pourquoi les Bné Israël ont reçu l’ordre de mettre le sang, qui, comme nous l’avons dit, fait allusion à l’intériorité, sur les montants et le linteau à l’extérieur, pour nous insinuer que pour servir Hachem il faut les 2 choses, il est impossible d’en choisir une au détriment de l’autre.
C’est pourquoi le sacrifice de Pessa’h est différent de tous les autres sacrifices, puisqu’on le sacrifie avec ses entrailles.

Selon nos Sages (Pessa'him 74a) : "Comment fait-on griller le sacrifice de Pessa’h? On amène une broche de grenadier, on l’enfile dans sa bouche jusqu’au rectum et on met les entrailles à l’intérieur."
=> Pourquoi le sacrifice de Pessa’h est différent de tous les autres sacrifices (où les Cohanim enlèvent les entrailles), puisqu’on le sacrifie avec ses entrailles?

Avec ce que nous avons vu précédemment, nous pouvons répondre que c'est pour nous enseigner que pour arriver au niveau de serviteur de Hachem, l’homme doit servir son Créateur à la fois dans l’intériorité du cœur et dans l’extériorité.
["Hachem veut le cœur [notre intériorité]" (Sanhédrin 106b)]

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-> "Et vous, que personne ne sorte du seuil de sa maison jusqu’au matin" (Bo 12,22)

=> Pourquoi la Torah a-t-elle ordonné au peuple d’Israël que personne ne sorte de chez lui pendant toute cette nuit-là, jusqu’aux lueurs du matin?

Le Séfer Moussar haYahadout" explique :
Hachem a ordonné aux Bné Israël que personne ne sorte de chez lui pendant la nuit où les premiers-nés ont été frappés pour une raison toute simple : afin qu’ils ne voient pas le malheur de leurs ennemis et ne soient pas remplis d’un sentiment honteux de vengeance.

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-> [Hachem ordonna à Moché : ] "Ils prendront du sang, en recouvriront les 2 poteaux et le linteau des maisons dans lesquelles ils mangeront" (Bo 12,7)

-> [Ensuite, lorsque Moché rapporta ces ordonnances de D. au peuple, il dit : ] "Hachem passera pour frapper l'Egypte, Il verra le sang sur le linteau et sur les 2 poteaux, sautera par-dessus la porte et ne laissera pas les destructeurs entrer dans vos maisons pour frapper" (Bo 12,23)

=> Comment comprendre que Moché a modifié les paroles d'Hachem en donnant priorité au linteau plutôt qu'aux poteaux de la porte ... Pour quelle raison agit-il ainsi?

-> Le Alchikh haKadoch répond :
"Les 2 poteaux de la porte de la maison d'un juif font référence à Moché et Aharon, le poteau droit à Moché et le poteau gauche à Aharon.
Le linteau de porte transversal qui supplante ces 2 poteaux fait allusion à Hachem qui nous entoure depuis les mondes supérieurs.

Hachem souhaitait honorer Moché et Aharon avant Lui-même. C'est la raison pour laquelle Il demanda d'enduire de sang en premier les 2 poteaux qui font allusion à Moché et Aharon avant le linteau supérieur de la porte, qui Lui fait référence.
Cependant, Moché et Aharon désiraient quant à eux faire passer l'honneur d'Hachem avant leur propre honneur, c'est pourquoi ils mentionnèrent le linteau supérieur représentant Hachem avant les 2 poteaux les représentant".

-> Le Binyan Ariel explique
Hachem mentionna les 2 poteaux avant le linteau afin d'enseigner à Israël qu'ils ne peuvent pas se rapprocher de Lui sans l'intermédiaire de Moché et Aharon, les 2 piliers de la maison d'Israël.
Toutefois, Moché et Aharon, dans leur grande humilité, pensaient que le peuple d'Israël pouvait se rapprocher d'Hachem même sans leur aide. C'est pourquoi ils mentionnèrent tout d'abord le linteau qui fait allusion à Hachem plutôt que les 2 poteaux.

Le Binyan Ariel ajoute qu'ayant devancé le linteau aux 2 poteaux, Moché et Aharon méritèrent d'atteindre par eux-mêmes un rapprochement vers leurs Créateur sans précédent dans l'histoire.
Malgré cela, en réalité, il y avait une nécessité de donner priorité aux 2 poteaux avant le linteau car il était impossible de se rapprocher du Créateur sans Moché et Aharon.
Comme on peut le relever dans la Torah : "les Bné Israël allèrent et agirent comme l'avait ordonné Hachem à Moché et Aharon" (Bo 12,28).
Les Bné Israël appliquèrent donc l'ordonnance d'Hachem, ils commencèrent par les poteaux qui représentent Moché et Aharon, avant le linteau qui représente Hachem, pour enseigner aux Bné Israël qu'on ne peut pas se rapprocher d'Hachem sans l'aide des tsadikim.

[les Sages d'Israël doivent être les piliers de notre vie! ]

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"Comme au milieu de la nuit, Je sortirai au sein de l’Egypte" (Bo 11,4)

-> Rachi fait remarquer que "comme au milieu de la nuit", indique un moment approximatif et non précis, car les égyptiens en se trompant pourraient penser que la plaie n'a pas eu lieu exactement au milieu de la nuit (ex: si une montre était en avance/retard de 2-3 minutes), et alors traiter Moché de menteur.

-> Pour éviter cela, Moché devait dire : "Comme au milieu de la nuit", c'est à dire ''à peu près''.
Le rav Yossef Dov Solovétchik enseigne que de là, nous voyons combien les égyptiens étaient corrompus. Car malgré le fait qu'à ce moment là Hachem sera en train de frapper tous les aînés égyptiens et que chaque maison aura des morts, malgré ce drame terrible pour l'Egypte, il y aura encore certains qui seront en train d'examiner leurs montres et de constater (certes par erreur) que la plaie n'a pas vraiment frapper au milieu de la nuit, mais à deux ou trois minutes d'écart.
Et ces personnes trouveront alors l'audace de dire que Moché s'est trompé.
=> Combien faut-il être pervers pour avoir de telles intentions à un moment si dramatique que cela!

[Il faut faire attention à notre mauvaise foi avec Hachem, comme cette personne qui tourne en rond sans trouver de place de parking, qui demande de l'aide à Hachem, et quand elle trouve une place, elle s'exclame : "C'est bon je n'ai plus besoin de toi!"
Quitter l'Egypte, c'est sortir de notre bassesse comportementale, afin de s'élever vers de sublimes hauteurs. [où toute occasion est bonne pour grandir D. à nos yeux, et non pour le réduire]

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-> "Moché dit : Ainsi a dit Hachem : 'Au milieu de la nuit, Je sortirai au sein de l'Egypte' " (Bo11,4)

=> Pourquoi la dernière plaie qui a entraîné la délivrance, devait se produire au milieu de la nuit?

En fait, la nuit symbolise l'obscurité, qui fait référence à l'hérésie et au manque de foi en Hachem.
L'essentiel de la délivrance provient du fait que cette obscurité et ces doutes sont brisés.
Ainsi, c'est au milieu de la nuit, quand la nuit est "cassée" et "brisée", quand les doutes et l'obscurité sont annulées, que la délivrance peut surgir.
[Likouté Halakhot]

"Je vous ferai sortir de sous les souffrances de l’Egypte et vous délivrerai de sa servitude" (Vaéra 6,6)

Le terme : "Sivlot" (סבלות), que l’on traduit par : "les souffrances", peut aussi être rapproché du terme “Sovel” (סובל) qui signifie “supporter”.

Le verset se comprend alors : "Je vous ferai sortir de sous le fait de supporter l’Egypte".
En effet, tant que les juifs supportaient l’esclavage d’Egypte, ils ne pouvaient pas en être libérés.

C'est uniquement en les faisant sortir de cette situation ("Je vous ferai sortir"), que les juifs ne pourront alors plus supporter le fait d'être en exil, et c'est alors que Hachem les délivrera ("Je vous délivrerai").

Tant que les juifs supportent l’exil, ils ne peuvent pas en sortir.
=> Il faut en venir à ne plus supporter notre situation d'être en exil, pour qu'intervienne la délivrance.

[le ‘Hidouché Harim]

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-> Le rabbi Bounim de Pschisha disait : le mot sivlot ("souffrances") est de la même famille que savlanout (patience).
Le pire des exils est l’exil que l’on a cessé de ressentir, et à l’esclavage duquel on s’est habitué.
"Je vous ferai sortir des souffrances de l’Egypte" = si vous en êtes arrivés au point que vous supportez l’exil avec patience, que vous vous êtes habitués à la souffrance, et que cela ne vous dérange plus tellement, parce que vous pensez qu’il n’y a pas de meilleure situation, il est interdit de tarder, et l’heure est arrivée de vous en faire sortir.

-> Le ‘Hidouché haRim enseigne à ce sujet :
"A quoi est-ce que cela ressemble?
A un fils de roi qui ne s’est pas bien comporté, et contre qui son père a été rempli de colère.
Pour le punir de sa vie de dissipation, son père l’a envoyé chez des mendiants, pour qu’il sente le goût de la pauvreté. Le fils du roi est resté avec les mendiants jusqu’à devenir comme l’un d’entre eux, et à oublier son origine.
Un jour, le roi son père a été pris de pitié et lui a envoyé demander ce qui lui manquait et ce qu’il désirait.
Le fils du roi a répondu avec joie qu’il désirait une nouvelle besace de mendiant, car la sienne était usée.

Le ‘Hidouché HaRim terminait en disant : "Nous aussi, les juifs, nous nous sommes tellement enfoncés dans l’exil que souvent nous ne concevons pas autre chose que de demander une "nouvelle besace", et c’est seulement quand nous serons sauvés que nous sentirons et saurons qu’il y a des choses plus élevées qui nous manquaient dans notre exil amer."

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Cela est également valable dans notre exil actuel.
Nous devons sortir l'exil qui est en nous (en nous désolant et en demandant à Hachem de changer cette situation), car ce n'est qu'alors que la délivrance pourra venir.

[même si grâce à D., les conditions de vie en gualout (ex: en France) sont très agréables, nous ne pouvons jamais être pleinement satisfait car cela reste l'exil, une impossibilité d'être totalement unis avec papa Hachem]

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-> Lorsque nous sommes révoltés par nos fautes, alors c'est le début de la guéoula.
L'exil signifie accepter les fautes, et le commencement de la délivrance vient à partir du moment où nous n'acceptons pas les fautes.
[le Sfat Emet]

Le grand-père du Sfat Emet, le 'Hidouché haRim, dit que lorsque les gens vivent en exil, ils commencent à accepter les fautes et la manière de voir la vie des non-juifs.
Ils commencent à penser qu'une faute occasionnelle est ok.
Ils ne sont pas bouleversés lorsqu'ils fautent occasionnellement
Cet état d'esprit était dominant en Egypte, et Hachem a promis : "Je ferai en sorte que vous ne supporterez plus les fautes et les manières de vivre égyptiennes."

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-> "Le véritable exil, c'est le confort en exil, ce qui dissipe en nous la conscience de l'exil."
[Rabbi Dov de Sokhatchov]

-> "Le principe de l'exil d'Egypte, c'était l'accoutumance.
Un exil n'est véritable que lorsqu'on s'y habitue."
[Rabbi Its'hak Meïr de Gour]

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"Je suis Hachem et Je vous ferai sortir ... Je vous sauverai ... Je vous délivrerai ..." (Vaéra 6,6)
"Je vous prendrai pour Moi comme peuple et Je serai pour vous un D., et vous saurez que je suis Hachem votre D., qui vous a fait sortir d'Egypte." (Vaéra 6,7)

-> Ces 4 expressions de la délivrance correspondent aux 4 exils que les juifs ont subi.
Concernant le dernier exil, celui d'Edom, le verset utilise l'expression : "Je vous prendrai pour Moi comme peuple", ce qui implique "prendre" de force, car cet exil sera le plus difficile.
[Baal haTourim]

-> Les 3 premières expressions de délivrance apparaissent dans un même verset (v.6), et la 4e dans un autre (v.7).
Cela fait allusion au fait que le 4e exil sera différent de tous les autres. En effet, bien qu'il soit le plus difficile de tous, lorsque Hachem nous en délivrera, alors cela sera une délivrance éternelle.
[Malbouch léShabbath véYom Tov]

-> Le rabbi de Loubavitch (Rabbi Ména'hem Mendel Schneerson) affirme que ces expressions de délivrance (liant le passée et l'à venir) nous indiquent que depuis la sortie d'Egypte, le peuple juif approche doucement, mais surement, de la délivrance finale.
[à chaque instant, la probabilité de venue du machia'h est encore plus forte, alimentant notre impatience!]

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-> Rachi (guémara Pessa'him 99b) dit que les 4 coupes de vin que nous buvons pendant le Séder de Pessa'h correspondent à ces 4 expressions de libération mentionnées dans la Torah.

-> Pourquoi particulièrement sur du vin?
Le rav Shlomo Zalman Auerbach note que chaque nouveau verre de vin ne consiste pas uniquement à obtenir davantage quantitativement de ce que l'on a déjà pu prendre (comme avec l'eau, un jus), mais c'est surtout augmenter qualitativement notre joie, notre bonheur.
Ainsi, si l'on aurait bu 4 verres de jus de pomme, cela n'aurait pas mis en évidence que chaque expression de délivrance possède un niveau plus élevé de liberté et de joie, comme peut le faire le vin dont les effets se font davantage sentir à chaque verre bu.

Par ailleurs, le vin est réalisé à partir de raisins, dont la bénédiction est classique et similaire à celle de tous les autres fruits provenant d'un arbre.
Cependant, lorsque les raisins auront été soumis à la bonne dose de pression provoquant la sortie du jus, et qu'ensuite on le laissera à fermenter dans un environnement approprié, on obtiendra alors du vin et non du vinaigre.
=> C'est pour cela, que le vin est la métaphore parfaite pour les juifs en Egypte. Les égyptiens les ont constamment pressurisés, opprimés, mais cela faisait partie de la volonté Divine pour les purifier (kour habarzel) et leur permettre d'atteindre leur réelle grandeur.

L'Egypte : "Mitsraïm", peut également être lu : "métsarim". Ce terme signifie : limites, restrictions.
En Egypte, les juifs avaient le choix entre soit succomber à leurs épreuves devenant du vinaigre, soit s'élever et maximiser leur potentiel en vieillissant bien comme le vin.
[l'idée est qu'avec du recul, nos moments les plus difficiles deviendront nos meilleurs moments de la vie, car ils auront permis de mettre à jour dans la réalité notre grandeur qui étaient latente en nous. Sur le moment on a l'impression d'être écrasés, piétinés, mais le résultat est un être (vin) de grande qualité, et non quelqu'un qui a mal tourné (vinaigre).
On lèvera bien haut ces coupes de la victoire sur notre yétser ara, signe que nous avons pu librement libérer nos capacités grandioses dans la vie réelle, et notre joie, notre fierté sera à son comble.]

Pour tous ces messages, nos Sages nous ont demandé de représenter ces 4 expressions de libérations par du vin.

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-> Esclaves en Egypte, les juifs sont arrivés au 49e niveau d'impureté (sur un total de 50), et nos Sages affirment même qu'ils servaient des idoles avec les égyptiens.
Cependant, selon le Zohar le peuple juif a quand même gardé les lois de pureté familiale (taharat hamichpa'ha). Ils n'ont jamais transgressé les interdictions relatives à l'immoralité.

Par l'observation de ces lois, ils ont pu avoir la capacité de faire sortir les étincelles de sainteté d'Egypte (réalisant alors leur mission dans ce pays).
Cependant, cela ne leur était pas suffisant pour mériter la libération, puisqu'il était nécessaire que Hachem leur donne les mitsvot de la brit mila et du korban Pessa'h, leur fournissant assez de mérites pour être libérés.
[Ahavat David]

"Je vous prendrai pour peuple… Et vous saurai que Je suis Hachem votre D." (Vaéra 6, 7)

Personne ne peut concevoir Hachem par la pensée, tellement Il est élevé.
Malgré tout, Il nous a donné Sa Torah, et par elle, c’est-à-dire en la saisissant et en la comprenant, nous pouvons parvenir également à "saisir" Hachem.

C'est ainsi, que connaître et percevoir Hachem, n'est possible qu'à travers la Torah.

On trouve en allusion dans le verset :
- "Je vous prendrai pour peuple" : cela fait référence au don de la Torah ;
- "et vous saurai que Je suis Hachem" : c’est uniquement par elle, que l’on peut prétendre "saisir" et connaître la réalité Divine.

[le Kedouchat Lévi]

"Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

Que signifie le terme : 'hamouchim ?

Cela implique :
-> selon Rachi : que les 4/5e des juifs sont morts pendant la plaie des ténèbres, et que seulement 1/5e est sorti d'Egypte ;

-> selon le Targoum Yonathan ben Ouziel : que chaque famille a quitté l'Egypte avec 5 enfants ;

-> selon le Targoum Yérouchalmi : les juifs étaient armés, pas par des armes, mais par des bonnes actions (maasim tovim).

Rabbi Yossef de Salant (Béér Yossef) dit qu'il n'y a pas de contradiction entre ces différentes explications.

Durant la plaie de l'obscurité, Hachem a tué les juifs qui n'avaient vraiment aucune envie de sortir d'Egypte, cependant Il n'a pas touché aux enfants innocents (ceux ayant moins de 20 ans, puisque non punissables par le Tribunal Céleste - cf. Rachi - 'Hayé Sarah 23,1).
C'est ainsi, que 4/5e des adultes sont morts, laissant un nombre très important d'orphelins, qui ont été adoptés par les familles survivantes (les 1/5e restants).

Le Targoum Yonathan ne doit pas être pris littéralement, mais comme signifiant que chaque famille était proportionnellement constituée d'un enfant originel, plus 4 autres fraîchement orphelins qu'ils ont adopté.
Cela est en accord avec la guémara (Méguila 13a), statuant que toute personne qui a élevé un(e) orphelin(e) dans sa maison, la Torah considère comme si elle lui avait donné naissance.

Tout ceci, explique également l'avis du Targoum Yérouchalmi.
En effet, en prenant la responsabilité de plusieurs enfants orphelins, les juifs ont acquis de nombreuses bonnes actions.
De plus, le fait d'avoir agit ainsi sachant qu'il y avait devant eux un futur incertain et précaire dans le désert, a ajouté encore plus de valeur à ce qu'ils ont fait.

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-> Dans la paracha Chémot, on a pu voir b'h ( https://todahm.com/2019/01/12/8063 ), que le nombre moyen d'enfant par famille juive était de : 54 enfants.
Chaque famille ayant accueillie les 4/5e des enfants du peuple juif (leurs parents étant morts), cela correspond à une adoption moyenne de 216 enfants par famille (4*54).

Alors que les juifs allaient partir dans l'inconnu risqué du désert, sans nourriture, ni boisson, ... ils ont fait preuve de leur énorme confiance en Hachem en étant prêts à y aller avec une moyenne de 270 enfants par famille juive (54 à eux + les 216 adoptés).

Cela donne une nouvelle appréciation des paroles de Yirmiyahou (2,2) : " Ainsi parle Hachem : Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte."

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-> "Ce n'est pas l'épée qui leur faisait défaut, mais le cœur ... Il leur manquait encore la conviction de pouvoir s'en remettre entièrement à D. en toutes circonstances"

[Rav Shimshon Raphaël Hirsch]

=> Le mot 'hamouchim est traduit par "armés", et il est employé ici pour témoigner du niveau de émouna du peuple, au moment de la sortie d'Egypte.

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+ 'Les enfants d'Israël partirent bien armés du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

-> Quelles sortes d'armes portaient-ils?
Le 'Hozé de Lublin (Zikaron Zot 53) répond :
Une fois qu'un miracle est survenu, la "porte" de ce miracle a été ouverte, de sorte qu'il peut être provoqué à nouveau sans beaucoup d'efforts quand le besoin s'en fait sentir.
C'est ainsi que le miracle de la sortie d'Egypte était l'arme avec laquelle les juifs quittèrent l'Egypte. Ce miracle devait les sauver encore et encore de tous leurs futurs oppresseurs.

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-> "Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte".
Le terme : 'hamouchim (חֲמֻשִׁים) est écrit sans vav. [Puisqu'il n'y a pas de voyelles dans la Torah, on peut lire aussi : 'hamichim, qui veut dire : 50.]
C'est grâce à la Torah, qui allait être donnée 50 jours plus tard, que les juifs purent quitter l'Egypte.
Sans le mérite de la Torah, ils n'auraient jamais mérité ces grands miracles.
[rabbénou Bé'hayé]

Une bénédiction pour Essav

+++ Une bénédiction pour Essav :

"Its'hak répondit et dit à Essav : "Voici, maître je l'ai établi sur toi, et tous ses proches, je les lui ai donnés comme serviteurs ; de céréales et de vin, je l'ai pourvu, et pour toi, dès lors, que ferai-je, mon fils?" " (Toldot 27,37)

-> Rachi explique qu'il était inutile de donner une bénédiction à Essav à ce moment-là, car Its'hak a fait de Yaakov le maître d'Essav. Tout ce qu'un esclave acquiert appartient à son maître.

=> Étant donné que tout ce qu'il recevrait serait donné à Yaakov, pourquoi Essav a-t-il continué à demander une bénédiction? De même, pourquoi Its'hak a-t-il finalement acquiescé aux supplications d'Essav s'il n'y avait aucun but à cela?

La réponse est que si un esclave obtient un objet qui ne convient pas à son maître, il reste en possession de l'esclave. Essav recherchait une bénédiction qui était contraire au mode de vie de Yaakov, et qui ne pouvait être donnée à Yaakov. Its'hak accéda à sa demande et bénit Essav en disant : "la graisse de la terre sera ta résidence" (Toldot 27,39).
Les descendants de Yaakov devaient recevoir la terre sainte d'Israël. Ils ne s'intéresseraient pas à une terre impure, aussi fertile soit-elle. Avec cette bénédiction, Essav reçut la terre d'Italya de Yavan, la future terre de ses descendants.
Its'hak bénit également Essav en lui donnant la "bénédiction" suivante : "Tu vivras par l'épée" (Toldot 27,40). Yaakov s'efforce de vivre par la paix et la vérité et non par l'épée.

De plus, Its'hak a conditionné les bénédictions de Yaakov, comme l'indique Rachi : "Lorsqu'ils transgressent la Torah, tu as la possibilité d'être peiné au sujet de la bénédiction, et tu rejetteras son joug de ton cou" (Toldot 27,40).

Yaakov et ses descendants ne reçoivent les bénédictions que lorsqu'ils s'emploient à accomplir la volonté d'Hachem, comme nous le disent nos Sages : "Lorsque la voix de Yaakov se fait entendre dans les salles de prière, les mains ne sont pas celles d'Eisav" (midrach Béréchit rabba 65,20).
Cependant, lorsqu'ils abandonnent la Torah, à Dieu ne plaise, les bénédictions leur sont retirées et données à Essav à la place.
Avec une telle réalité, Yaakov ne serait plus le maître d'Essav, ce qui permettrait à Essav de s'approprier les bénédictions qui ont été données à Yaakov.

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=> Its'hak a fait de Yaakov le maître d'Essav, et par conséquent, tout ce qu'Essav a acquis appartiendra à Yaakov. Néanmoins, Essav supplia Its'hak de lui accorder une bénédiction contraire au mode de vie de Yaakov, car cette bénédiction resterait en sa possession. De plus, les bénédictions de Its'hak à Yaakov ne lui ont été données qu'à la condition qu'il reste vertueux, et chaque fois que ce ne serait pas le cas, Essav conserverait ses propres bénédictions.

Yaakov et Essav : 2 opposés

+++ Yaakov et Essav : 2 opposés

"Its'hak dit à Yaakov : "Approche, je te prie, que je te hâte, mon fils , es-tu vraiment mon fils Essav, ou non?" (Toldot 27,21)

-> Rachi commente que Its'hak s'est méfié de la personne qui se tenait devant lui. Il pensait que Yaakov (et non Essav) était présent parce qu'il n'était pas habituel pour Essav de mentionner le nom d'Hachem.

Si Essav n'avait pas l'habitude de mentionner le nom d'Hachem, pourquoi Its'hak l'a-t-il favorisé (par rapport à son frère, en voulant par exemple lui donner ses bénédictions)?
La réponse est que Its'hak a jugé Essav favorablement, concluant que sa réticence à mentionner le nom d'Hachem était due à sa grande crainte du Ciel. Parce que Its'hak servait Hachem avec crainte, il appréciait grandement cette caractéristique chez Essav et l'aimait pour cela.
[ Yaakov dit à Lavan : "Et la crainte d'Its'hak était avec moi" (Vayétsé 31,42) ]
En revanche, Yaakov a servi Hachem par amour, et à ce titre, le nom d'Hachem était constamment sur ses lèvres. Servir Hachem avec amour est plus important que de Le servir avec crainte, mais Its'hak a favorisé Essav parce qu'il s'identifiait à la manière dont Essav servait Hachem (par la crainte).

Si Its'hak avait une si haute opinion d'Essav, pourquoi avait-il besoin de l'avertir de vérifier son couteau d'abattage? Essav lui donnerait-il à manger de la viande provenant d'un animal mal abattu?
De plus, Its'hak a même averti Essav de ne piéger que les animaux sans propriétaire, afin qu'il ne soit pas nourri avec des biens volés. Cela est difficile à comprendre. Après tout, le vol est interdit même aux non-juifs. Pourquoi Its'hak soupçonnerait-il Essav de cela?

La réponse est que Its'hak était préoccupé par la hâte d'Essav à accomplir la mitsva d'honorer son père.
Il craignait que le zèle d'Essav ne l'amène à relâcher ses exigences généralement élevées, en vérifiant son couteau (d'abattage) à la hâte ou en piégeant un animal trouvé errant près d'une ville (Rachi - Toldot 27,3).
Nos Sages (Baba Kama 79b) interdisent de piéger un animal, même sur un terrain public, s'il se trouve à proximité d'une ville. Ils craignaient qu'un tel animal ne soit la propriété d'un particulier.
Its'hak craignait qu'Essav ne considère qu'il est permis de transgresser une interdiction rabbinique afin d'accomplir la mitsva d'honorer son père le plus rapidement possible.

La crainte d'Essav d'être trop pressé dans sa quête d'honorer son père révèle l'ampleur de l'engagement d'Essav vis-à-vis de cette mitsva. Le midrach (Béréchit rabba 65,16) cite Rabbi Shimon ben Gamliel, qui dit : "Personne n'a mieux servi son père qu'Essav. Toute ma vie, j'ai servi mon père, mais je l'ai servi en portant des vêtements souillés, et lorsque je sortais au marché, je portais des vêtements propres. Essav, lui, a servi son père en portant des vêtements royaux."

Malgré l'estime que lui porte Its'hak, nous savons qu'Essav était en réalité une personne racha. Comment expliquer son dévouement à la mitsva d'honorer ses parents?
La réponse est que même les réchaïm peuvent être diligents en ce qui concerne les mitsvot qui semblent raisonnables. En fait, ils peuvent même être plus diligents que les juifs pratiquants, parce qu'ils appliquent toute leur attention à ces mitsvot particulières.
En revanche, les juifs pratiquants doivent se concentrer sur les nombreuses mitsvot de la Torah, y compris celles qui n'ont pas de raison d'être évidente ('houkim). Il n'y a pas de mitsva plus logique que celle qui consiste à honorer les parents, qui nous ont mis au monde et nous ont élevés.

Ainsi, bien qu'Essav n'ait pas été la personne juste que Its'hak pensait qu'il était, il était toujours diligent à l'excès dans l'accomplissement de la mitsva d'honorer son père, et il était prêt à transgresser d'autres mitsvot dans son zèle pour accomplir celle-ci.
[Maharal - Gour Aryé - Toldot 27,3]

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=> Its'hak a servi Hachem avec crainte, et il a perçu qu'Essav servait Hachem de la même manière. C'est pourquoi il l'a préféré à Yaakov et a tenté de lui donner les bénédictions.
Il avertit Essav de ne pas transgresser les interdictions de vol et de névéla (un animal mort sans avoir été abattu) parce qu'il craint qu'il ne transgresse ces interdictions par inadvertance dans son zèle à servir son père.

"Avraham s'avança et dit : "Vas-tu anéantir le tsadik avec le racha?" (Vayéra 18,23)

-> Le rav Sim'ha Bounim de Peshischa (Kol Sim'ha - Vayéra 18,19) observe que la requête d'Avraham en faveur des réchaïm de Sodome, aussi dramatique et inspirante qu'elle ait été, semble avoir été un exercice futile. Il a proposé que son accomplissement durable soit d'établir la position du tsadik comme celui qui peut défier et opposer son veto à la volonté du Ciel, pour ainsi dire.

Le Imré Emet suggère que la prière d'Avraham portera ses fruits dans un avenir lointain, lorsque Hachem restaurera et repeuplera les terres désolées de Sodome, comme l'a prédit le prophète Yé'hezkel.
[ "Et J'assurerai leur retour de captivité, le retour de Sodome et de ses filles et le retour de Samarie et de ses filles, et le retour de tes captifs au milieu d'elles" (Yé'hezkel 16,53) ]