Aux délices de la Torah

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La vie de Yaakov

+ "Souvenez-vous … ce sur quoi vous pleurez aujourd’hui, vous en rirez demain.
[...] Demain tu pleureras de ce dont tu ris aujourd'hui"

[le Gaon de Vilna – lettre adressée à sa famille]

-> "Cela aussi est pour le bien"
[guémara Taanit 21a - Na'houm Ich Gam Zou ]

-> "Ce que D. fait, c'est pour le bien"
[guémara Béra'hot 60b - Rabbi Akiva, élève de Na'houm Ich Gam Zou ]

-> "Tout homme doit bénir D. pour le mal, comme pour le bien" [Béra'hot, michna 5, chap.9]

-> "Le malheur de l'homme est qu'il a tendance à juger l'événement d'aujourd'hui (l’instantané) alors même qu'il n'est qu'un petit maillon d'un grand projet prévu par Hachem.

La lecture de ce maillon, pris isolément, est souvent à l'opposé de la lecture de ce même maillon intégré dans le projet divin global
[...]
Lorsqu'on aura une vision générale de l'ensemble des événements, avec le recul, on verra alors la droiture de D. et de ses jugements envers nous."

[Rabbi 'Haïm Chmoulévitch]

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+ La vie de Yaakov (paracha Vayétsé) :

-> Le Baal haTourim fait remarquer que la paracha Vayétsé est entièrement fermée ("stouma"), c'est-à-dire qu'elle ne comporte aucun espace blanc, ni aucune interruption.

Habituellement, les espaces blancs et interruptions (פ ou ס) ont été donnés par D. à Moché pour qu'on puisse méditer et réfléchir entre 2 paragraphes.
Leur absence dans cette paracha, vient nous enseigner qu'il faut globaliser toutes les étapes de la vie de Yaakov pour avoir une lecture juste.

Un jugement de chacun des moments pris isolément entraînerait une lecture fausse, à une interprétation en mal.

En effet, la vie de Yaakov est une suite d'épreuves.
On peut citer par exemple :
-> Son frère Essav cherchait à le tuer.
Si Essav était l'ami de Yaakov, ce dernier aurait été fortement influencé par son frère jumeau et son ascension aurait été freinée.

-> un beau-père Lavan trompeur qui ne respecte pas sa parole et qui va jusqu'à remplacer Ra'hel par Léa sous le dais nuptial.
Sans cela, Yaakov n'aurait épousé que Ra'hel et on n'aurait pas bénéficié de 12 tribus de sensibilité différente qui font la richesse du peuple juif.

-> une fille (Dina) violée.
Sans cela, la fille (de la honte) née de cette union n'aurait pas été envoyée en Egypte, et Yossef qui l'a épousée n'aurait pas trouvé de femme juive pour se marier.

-> son fils préféré Yossef qui disparaît durant 22 ans
Cela a permis de commencer l'exil prévu sans servitude ni pour Yaakov, ni pour sa famille.
Yaakov y est descendu avec les honneurs, et non enchaîné de force.

-> la séparation de Binyamin.
Yaakov s'est plaint d'être obligé d'envoyer Binyamin : "Pourquoi m'avez-vous causé ce mal en disant à cet homme que vous avez encore un frère?" (Mikets 43,6)

Rabbi Lévi commente ce verset dans le midrach rabba (91,10) :
"Jamais Yaakov n'a prononcé des mots déplacés, sans valeur, sauf ici.

D. (mécontent) dit : "Moi, je m'occupe de faire régner son fils (Yossef) et lui (Yaakov) dit : 'Pourquoi m'avez-vous causé ce mal'? "

=> On reproche à Yaakov d'avoir jugé de façon isolée un événement de sa vie, car s'il l'avait intégré dans la globalité, il aurait eu un éclairage très positif.
En effet, c'est cette séparation de Binyamin qui va par exemple lui permettre de retrouver son fils Yossef.

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A l'image d'une personne se faisant charcuter sur une table d'opération, de quelqu'un souffrant chez le dentiste, d'une femme qui accouche dans la douleur, ...
Sur le moment, une personne extérieure dira : "Mais quel assassin! Quelle violence du médecin!"

Mais avec du recul : on est sauvé de quelque chose de grave pour notre corps, on n'a plus de maux de dents, on a un enfant, ...

On accepte ce mal nécessaire, car on s'est qu'il en résultera un bien énorme!
[on le demande, et même on paie pour cela!]

=> Dans notre vie personnelle, ce qui peut nous sembler négatif aujourd'hui, prendra plus tard un caractère positif, car D. les a intégré dans une chaîne qui mène au bien ultime.

Sur le moment lorsque c'est dur, il faut savoir se dire : "Je ne comprends pas ce qu'il se passe! C'est vraiment difficile, mais si Hachem souhaite que je passe par là, Il en a ses raisons, et c'est forcément un pas de plus, nécessaire, vers mon bonheur ultime. Je comprendrai la logique des choses plus tard."

Dans la pratique, c'est cela avoir confiance en Hachem.

Parfois, nous passons dans un tunnel où il fait tout noir, mais c'est un chemin qui au final nous permet d'avancer beaucoup plus vite vers davantage de proximité avec papa Hachem.
[le kiff ultime!]

[l'épreuve est un médicament nécessaire, et la émouna est l'enveloppe sucrée qui aide à avaler cette pilule plus agréablement.]

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+ Une autre explication faisant que cette paracha a la particularité d'être entièrement fermée :

-> Selon le Sfat Emet, cela fait allusion à l’idée suivante : bien que Yaakov a quitté physiquement la terre d’Israël (de Béer Chéva à 'Haran), il n’a jamais coupé ses liens émotionnels avec elle.
Son cœur et son esprit sont restés en Israël de son départ à son retour.
Ses yeux sont toujours restés concentrés sur le futur, moment où il y retournera.
Ainsi, cette paracha ne contient pas de sauts de paragraphe.

Chaque personne rencontre des difficultés dans sa vie, mais nous devons nous rappeler qu'il s'agit de tests d'Hachem, qui ne met jamais personne à l'épreuve au-delà de ses capacités.
Lorsqu'une personne rencontre une certaine difficulté dans sa vie, c'est [qu'Hachem a jugé] qu'elle est capable de la surmonter.
Selon le Sifté Tsadik (Vayé'hi 14) : "Les ténèbres ne s'abattent pas sur une personne s'il n'y a pas un moyen de les éclairer".
[ "La charge supportée par un chameau est proportionnelle à sa force" (guémara Sota 13b). ]

Lorsqu'une personne rencontre une certaine difficulté sur son chemin, c'est un signe certain qu'elle a la force intérieure nécessaire pour la surmonter.
[...]

Certains expliquent que c'est la signification des mots de Barou'h Shé'amar : "barou'h gozér ou'mékayem" (béni soit Celui qui décrète et maintient). Lorsque Hachem impose un décret sévère à quelqu'un, Il lui donne également la force de le supporter, de se maintenir debout.
[rabbi David Abou'hatséra]

"A propos de celui qui se retient de regarder le mal et ferme les yeux, Hachem dit : 'Celui-là m’appartient.' "

[midrach rabba rapporté par le Pélé Yoets - entrée Regard]

"Face à la 'Hanouccia, demandez une seule chose : 'Je veux voir le bien qui se trouve dans chaque personne. Donne-moi un bon œil. Je veux voir le bien qui est en moi, voir le bien qui est dans mes épreuves.' "

[le 'Hida haKadoch]

La jalousie envers autrui

+ La jalousie envers autrui :

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1ere partie - drouch 5) explique la différence entre une faute envers son prochain (avéra ben adam la'makom) et une faute envers Hachem (avéra ben adam la'makom) en disant que lorsqu'on commet une faute contre Hachem, il est facile de regretter et de faire téchouva, mais lorsque l'on fait une faute envers son prochain, c'est beaucoup plus difficile.

Pour preuve, il note que si quelqu'un vient voir un Rav et lui dit qu'il a trouvé dans sa maison de la nourriture taréf (non cashère) ou du 'hametz à Pessa'h, et que le Rav lui dit qu'il doit s'en débarrasser immédiatement, il obéira à la décision, même s'il s'agit d'une perte monétaire importante. Il remerciera même le Rav de lui avoir évité une transgression.
Cependant, si une personne emmène son prochain à un din Torah et que les Dayanim décident qu'il doit payer 100 euros, elle n'appréciera pas cette décision et détestera les juges pour l'avoir fait payer.
Une personne n'est pas aussi bouleversée par le fait que de l'argent soit perdu que par le fait que de l'argent soit donné à son prochain, car elle deviendra jalouse de son prochain et lui en voudra pour l'argent.

Les Baalé Moussar écrivent que tel était l'état d'esprit d'Essav. Il ne se souciait pas vraiment des bénédictions qu'il avait perdus, et il aurait été satisfait de la bénédiction qu'il avait reçue de "vivre par l'épée" (Toldot 27,40). Mais : "Essav prit Yaakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée" (Toldot 27,41) = La seule raison pour laquelle il était contrarié était que Yaakov avait pris les bénédictions et qu'il était jaloux de lui.

On raconte que deux marchands vinrent un jour voir le rav 'Haïm Soloveitchik, le rav de Brisk, pour un din Torah. Après qu'ils eurent tous deux exposé leurs revendications, le rav de Brisk trancha en faveur de l'un d'entre eux, et l'autre marchand se mit en colère et cria que la décision était erronée.
Le rav de Brisk resta ferme et ordonna à l'homme de suivre sa décision. Après le départ de l'homme, rav 'Haïm demanda aux personnes présentes dans la salle : "Comment se fait-il que lorsqu'un rav décide qu'une vache valant des milliers de dollars est taréf, la décision est acceptée sans discussion, mais que lorsqu'un rav rend une décision contre quelqu'un dans un din Torah, même s'il ne s'agit que d'une petite somme d'argent, la décision n'est pas acceptée et la partie perdante pleure et se plaint?"

Personne n'ayant donné de réponse, le rav de Brisk dit : Je vais vous l'expliquer. La midda de la jalousie obscurcit l'esprit d'une personne. Une personne est prête à perdre des milliers de dollars tant que personne d'autre ne reçoit cet argent. Mais si quelqu'un d'autre prend son argent, il ne peut pas le supporter.

Il a utilisé cette idée pour expliquer le verset (Béréchit 4,6) qui dit qu'Hachem a demandé à Kayin : "Pourquoi es-tu contrarié?" Quelle était la question? Kayin était contrarié parce qu'Hachem n'avait pas accepté son korban. Que demandait Hachem?
La réponse est qu'Hachem demandait à Kayin s'il était vraiment contrarié que son offrande ait été rejetée, ou s'il était contrarié parce que celle de Hevel avait été acceptée.

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-> Rav Eliezer dit que la meilleure midda est d'avoir un "ayin tova" (Pirké Avot 2,12).

-> Rabbénou Yona explique que cela signifie le trait de générosité.
La raison pour laquelle il s'agit d'une si bonne midda est qu'une personne généreuse qui a un "bon œil" et voit le bien chez les autres sera digne d'acquérir toutes les autres bonnes middot.

"La téchouva, le retour vers Hachem, non seulement expie les fautes, mais encore transforme l'homme en une réalité différente : il devient un homme nouveau, il n'est plus le même."

[Le 'Hafets 'Haïm]

"J'ai fait un séjour auprès de Lavan" (Vayichla'h 32,5)

-> Rachi donne 2 explications sur "j'ai fait un séjour" (garti) :

1°/ ce mot est en lien avec "gèr" (un étranger).
Yaakov voulait dire à Essav : "Je ne suis devenu ni un prince, ni un notable, mais je suis resté un simple étranger. Tu n'as donc pas besoin de me haïr à cause de la bénédiction que mon père m'a donné ("Sois un chef pour tes frères" - Toldot 27,29), puisqu'elle ne s'est pas réalisée"

2°/ La valeur numérique de 'garti' (גרתי) est la même que : tariyag (תריג), soit 613.
Yaakov insinuait ceci : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

-> Pourquoi Rachi a-t-il besoin de rapporter 2 explications? De plus quel est l’intérêt de dire à Essav qu’il a respecté les 613 mitsvot?

Le Noam Elimelekh donne la réponse suivante :
En fait, Yaakov a demandé aux anges qu'il a envoyés chez Essav, que quand il lui dira qu’il n’est resté qu’étranger et qu’il ne doit donc pas le haïr (1ère explication de Rachi), en même temps ils se tourneront vers Hachem et par le même mot (Garti), ils Lui adresseront un message selon lequel Yaakov a respecté les 613 mitsvot (2ème explication de Rachi) et qu’il mérite Son aide.

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-> "J’ai guerroyé" (tagri - תגרי) contre Lavan (je suis donc un homme de guerre duquel tu devrais avoir peur) [Baal Hatourim].

-> Lavan désigne le yétser ara. Yaakov a contraint son yétser ara à servir Hachem.
C’est l’allusion contenu dans les termes : עִם-לָבָן גַּרְתִּי (J’ai résidé dans le Service Divin avec ‘Lavan לבן ’ [l’impie נבל Naval - le yétser ara])" [Noam Elimélékh].

-> Yaakov voulait retirer du cœur d’Essav toute forme de jalousie et de haine. Il voulait lui indiquer que la bénédiction qu’il reçut de son père ne s’était pas réalisée.
Ainsi, lui dévoila-t-il qu’il avait accompli les "613 mitsvot" chez Lavan tout en lui envoyant de nombreux cadeaux. Il voulait ainsi lui signifier que sa Torah n’était pas Lichma (désintéressée), puisqu’il avait pu s’enrichir ; Essav n’avait donc pas à s’inquiéter, car seule la Torah Lichma pouvait rendre invincible Yaakov et lui assurer la bénédiction de son père.
[Maor Vachémech]

-> "Garti גַּרְתִּי (J’ai séjourné)" = c’est-à-dire, explique Rachi : "Je suis resté étranger גֵּר (Guer)», car pour Yaakov la réalité matérielle (le Monde de Lavan) n’est que superficielle. Mieux encore, on ne peut conférer de
véritable existence à ce Monde que par l’accomplissement des mitsvot (GaRTI = TaRIaG = 613).
Enfin, c’est par l’intermédiaire de l’accomplissement des "613 mitsvot" que l’on récupère les "étincelles de sainteté", cachées dans la matière, et considérées comme Guérim (convertis)
[Sfat Emet]

-> Rachi commente : "Tout en séjournant chez Lavan le racha, j’ai continué d’observer les 613 תַרְיָג Commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples". Yaakov s’est plaint : J’ai certes observé les "613 mitsvot" mais je n’ai pas appris de Lavan à accomplir les Commandements avec un enthousiasme et un dévouement semblable au sien lorsqu’il commet ses mauvaises actions.
[rabbi Meïr Shapiro de Lublin]

-> Yaakov craignait qu’Essav ne soit protégé par le mérite de la mitsva de résider en Erets Israël (Midrach).
Yaakov demanda donc que l’on dise à Essav: Il est vrai que toi tu as accompli la mitsva d’habiter en terre d'Israël mais moi, "J’ai séjourné chez Lavan" : J’ai constamment lutté contre Lavan pour éduquer mes enfants dans le respect du judaïsme authentique.
Contrairement à toi, je n’ai pas accompli une seule Mitsva mais "j’ai observé les 613 תַרְיָג Commandements".
J’ai implanté en mes enfants la Connaissance de D. et le désir d’observer toutes les mistvot de la Torah.
Il ne faut donc pas me reprocher d’avoir délaissé la mitsva d’habiter en terre d'Israël.
[Avné Ezel]

-> Yaakov a voulu transmettre à son frère le message suivant: "Ne croit pas Essav que nous allons disparaître en Galout (exil), et en particulier dans l’Exil d’Edom. Au contraire, tant que nous n’avons pas réparé nos fautes, l’Exil (Garti גַּרְתִּי – ‘je suis étranger’), et les mitsvot (Tariag – תַרְיָג 613) sont notre survie.
[Divré Yoël]

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-> Yaakov fait comprendre à son frère Essav : Le mot mitsva (מצוה) a la même guématria que le mot : mal'akhim (des anges - מלאכים), parce que du fait que j'ai observé les 613 mitsvot en me donnant du mal, je suis certain que tu ne peux rien contre moi.

[chaque mitsva créé un ange qui vient nous défendre, et plus notre réalisation de la mitsva est de qualité (avec de l'intention, de la joie, faite la loi juive le demande, ...), plus l'ange a une apparence qui est complète. Ainsi, les anges relatifs aux mitsvot qu'a pu faire Yaakov témoignent de la perfection des 613 mitsvot ("im Lavan garti") qu'il a pu accomplir!]

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+ Comment est-ce que Yaakov a-t-il pu accomplir toutes les mitsvot chez Lavan?
Certaines ne peuvent pas y être réalisées.
Par exemple : les mitsvot liées à l'agriculture en Israël (Yaakov étant en dehors du pays), le respect des parents (ayant quitté ses parents), celles liées au Temple (qui n'était alors pas construit), ...

-> Selon la guémara (Ména'hot 110a), si nous étudions les parties de la Torah discutant des korbanot, cela nous est considéré comme si nous avions amené des sacrifices.

Cette idée s'est appliquée à Yaakov : ayant étudié toute la Torah, qui discute de toutes les mitsvot, il a ainsi été considéré comme ayant accompli l'ensemble des 613 mitsvot.
[le Divré David]

De façon similaire, le 'Hida (Pné David) explique : Yaakov étudiait ce que dit la Torah pour chaque mitsva, or l'étude est considéré comme un acte, étant donné qu'il était prête à accomplir, il ne manquait que la réalité.
"J'ai observé les 613 mitsvot" = cela signifie : j'ai observé pour voir quand j'aurais l'occasion de faire chaque mitsva, afin de pouvoir alors l'accomplir. J'ai également appris les règles générales, les détails et les secrets de tout ce qui les concerne, et cela m'a été compté comme l'acte lui-même.

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-> On a pu voir que selon la 2e explication de Rachi, Yaakov insinuait à Essav : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé les 613 commandements de D., et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

"et je n'ai pas suivi ses voies corrompues" se dit dans le verset : vélo lamadti mimaashav ara'im.
Le Arougat haBossem enseigne que nous pouvons également comprendre les paroles de Yaakov ainsi :
J'ai vécu auprès de Lavan et j'ai gardé les 613 mitsvot.
Néanmoins, j'ai peur d'Essav, du yétser ara, car "vélo lamadti" : je n'ai pas étudié assez de Torah, et ce en raison de "mimaashav ara'im" : des mauvais actes de Lavan.
En effet, Lavan trompait sans cesse Yaakov, ce qui impliquait que Yaakov travaillait plus longtemps et plus durement, qu'il n'avait pas un instant de répit, et il ne pouvait plus se consacrer à l'étude de la Torah comme il le désirait ...
Si ce n'était la malhonnêteté de Lavan, Yaakov aurait pu se dévouer à l'étude de la Torah, et il n'aurait pas eu besoin de tant s'humilier devant Essav, car lorsque la voix de Yaakov est entendue alors les mains d'Essav n'ont aucun pouvoir ...

-> Essav dit en son cœur : Puissent les jours de deuil de mon père approcher et je tuerai mon frère Yaakov" (Toldot 27,41)
Le Kli Yakar explique : "Un endeuillé ne doit pas étudier la Torah ... Essav dit qu'il souhaitait tuer Yaakov lorsque ce dernier serait en deuil pour son père, car alors il ne serait pas en train d'étudier la Torah. Puisque la Torah ne le protégera pas, il serait alors capable de le tuer."

Le Beit Israël précise que bien qu'un endeuillé peut étudier les lois liées au deuil, ce que Yaakov pouvait sûrement faire, mais cependant cela est une étude de Torah sans joie, et une telle Torah n'est pas suffisante pour protéger d'Essav.
En effet, ce n'est que lorsque nous étudions avec joie et d'un cœur heureux que nous sommes protégés de l'influence d'Essav et du yétser ara.

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-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que Rachi utilise : "shamarti" (j'ai observé), alors que le mot qui aurait été ici le plus approprié est : "kiyamti" (j'ai réalisé).

Que vient nous apprendre l'utilisation de ce terme?

Le mot : "shamarti", peut signifier également : "J'ai attendu".
Par exemple : "shamar ét adavar", que Rachi commente : "Yaakov a attendu [avec impatience] en espérant que [le rêve de Yossef] se réaliserait" (Vayéchev 37,11).

Le 'Hatam Sofer de dire que Yaakov a réalisé toutes les mitsvot qu'ils pouvaient faire chez Lavan, et pour les autres, il attendait avec une grande impatience de pouvoir les accomplir.
Par exemple, il était impatient de revenir en Israël afin d'honorer ses parents et afin d'accompdilir les mitsvot liées à cette terre.

=> Yaakov a prévenu son frère, que par son désir intense (shamar) de faire toutes les mitsvot, il était crédité du mérite des 613 mitsvot.

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Cet enseignement du 'Hatam Sofer, donne une nouvelle compréhension d'un : "shomer Shabbath".

Ce n'est pas seulement une personne qui observe les lois relatives à ce jour, c'est surtout un état d'esprit où l'on attend avec grande impatience son arrivée, et ce à tout moment de la semaine.

Il ne suffit pas d'être un bon juif techniquement, il faut aussi y mettre son cœur, au point d'attendre avec impatience l'accomplissement des mitsvot, la volonté de Hachem.
[shomer mitsvot]

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-> "J'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues" (Rachi - Vayichla'h 32,5)

Si Yaakov a observé les 613 mitsvot, c'est évident qu'il n'a pas suivi les voies de Lavan.
Pourquoi cette répétition de Rachi?

Une personne peut accomplir toutes les mitsvot de la Torah, mais peut en même temps baigner dans la culture non-juive environnante.
Certes, nous devons avoir une technicité extérieure juive, mais nous devons surtout avoir un état d'esprit, une vécu intérieur juif.
Il ne faut pas être un non-juif, qui s'habille en juif (des mitsvot en apparence)

A l'image de Yaakov, on doit se sentir étranger (guèr), comme de passage dans ce monde et ne pas donner une importance essentielle à la matérialité, comme si nous allions vivre pour l'éternité.
Il faut se sentir guèr, dans le sens où nous aspirons à la terre d'Israël, à l'époque de la venue du machia'h où nous pourrons alors pleinement accomplir toutes les mitsvot et bénéficier d'une énorme proximité avec Hachem.
A l'inverse, nous ne devons pas être étranger aux mitsvot, mais les aimer et les rechercher avidement d'un cœur entier.

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-> D'une façon similaire, le rav Mikaël Mouyal enseigne :
Le Service d'Hachem, ce n'est pas seulement l'accomplissement pratique des mitsvot, uniquement dans des actes. C'est aussi tout un état d'esprit et de ressentie. Servir Hachem, c'est tout d'abord savoir que l'essentiel du but d'un homme sur terre est de se rapprocher de Lui. Ce n'est pas de se plaire dans ce monde en recherchant confort, plaisir et honneurs. Un juif doit savoir que la seule occupation qui ait une véritable importance, c'est le service d'Hachem. Tout le reste est insignifiant en comparaison.
De plus, il s'agit aussi de savoir que Hachem est le Seul Dirigeant. Aucun événement sur terre ne vient par hasard, ni de façon naturelle, ou en conséquence de l'effort de l'homme. Tous ces paramètres ne sont là que pour masquer le miracle. Hachem "habille" Ses miracles par une apparence naturelle, mais en réalité, Seule Sa Volonté ne se réalise.
D'autre part, servir Hachem c'est aussi accomplir les mitsvot dans le but de s'attacher à Hachem et chercher à Lui faire plaisir de tous les moyens possibles. Il ne s'agit pas de se contenter d'accomplir les mitsvot pour s'acquitter de son devoir et avoir bonne conscience, ne rien avoir à se reprocher.
Le service d'Hachem exige de la profondeur, de l'amour et de la crainte d'Hachem et rechercher les mitsvot comme on se précipiterait au devant d'un trésor. Tout cet état d'esprit fait partie intégrante du Service d'Hachem.

Malheureusement, la vision du monde des non juifs, représentée par Lavan, va à l'encontre de toute cette approche. Ainsi, un juif peut tout à fait accomplir toutes les mitsvot dans le détail de la Halakha. Et en même temps, vivre avec l'état d'esprit et la vision de vie de Lavan et des peuples qui l'entourent.
Aussi, Yaakov a trouvé nécessaire de préciser qu'en plus d'avoir respecté les mitsvot, il a aussi réussi à se préserver de l'influence de Lavan ... "Je n'ai pas appris de ses mauvais comportements".

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-> Yaakov se plaint de ce que même en ayant habité avec Lavan, et ayant vu la "dévotion" et la "ferveur" qu'il mettait à commettre toutes les fautes possibles, il n'a pas appris de lui les mitsvot avec un enthousiasme semblable.

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-> Le rabbin Rav Zouché (cité dans Torat haRemez) cite également le Rachi selon lequel Yaakov a dit qu'il avait observé les 613 mitsvot et demande pourquoi il est nécessaire de dire cela.
Quelqu'un pourrait-il penser que Yaakov n'a pas observé toutes les mitsvot?

Il répond en citant une explication donnée au nom des élèves du Baal Chem Tov sur le verset : "De mes ennemis, je suis devenu sage en ce qui concerne Tes mitsvot" (Téhilim 119,98).
Ils expliquent que des ennemis de la Torah, on peut apprendre à servir Hachem. Nous pouvons voir comment ils courent après leurs désirs terrestres avec enthousiasme et excitation, et apprendre que nous devrions avoir la même quantité d'enthousiasme pour servir Hachem.
De plus, lorsque nous voyons les mauvaises choses qu'ils font, nous pouvons apprendre comment ne pas agir.

Yaakov, cependant, était à un tel niveau de spiritualité qu'il comprenait tout cela par lui-même. Il savait comment servir Hachem correctement et n'avait pas besoin d'apprendre des leçons de sources extérieures. Il n'avait pas besoin de voir les voies de Lavan pour comprendre les voies d'Hachem.

Le verset nous dit que Yaakov a vécu avec Lavan mais qu'il n'a pas eu besoin d'apprendre quoi que ce soit de lui parce qu'il était capable de tout voir à partir des mitsvot de la Torah elles-mêmes.

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-> "Im Lavan garti" (j'ai vécu avec Lavan - עִם לָבָן גַּרְתִּי) : les dernières lettres ont une guématria de 100, pour nous enseigner que Yaakov a veillé à prononcer 100 bénédictions par jour.

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-> Rachi : "J'ai habité avec Lavan, j'ai observé 613 mitsvot, et je n'ai pas appris de ses mauvaises actions".

=> Le Beit Its'hak demande : Yaakov fait passer à Essav un message disant qu'il a observé 613 mitsvot avec abnégation. Est-ce qu'Essav est le Grand rabbin? En quel sens lui fait-il part de cette information?

Il répond : Rachi dit que Yaakov s'était préparé à 3 choses : offrir des cadeaux, prier ou se battre.
Le cadeau signifie : Je veux trouver grâce à tes yeux. Je ne suis pas intéressé à combattre, j'ai des bœufs et des ânes et je peux t'en donner.
Mais Yaakov lui annonce : J'ai observé 613 mitsvot, et là-dessus je ne céderai rien, même pour trouver grâce à tes yeux. Si la paix dépend du fait que je cesse d'observer les mitsvot, alors il n'y aura pas de paix.

-> Le rabbi Moché Feinstein répond de manière similaire : Yaakov a dit en préambule à Essav : Je suis quelqu'un qui observe les mitsvot, si tu veux faire la paix avec moi à cette condition, c'est parfait, mais si pour toi la paix veut dire que nous fusionnons, il n'en est pas question.

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-> Quelle importance cela avait-il aux yeux d'Essav?
Le message indiquant son respect des 613 mitsvot étaient destiné aux anges, qui devaient l'apporter à l'ange gardien d'Essav. Ces anges devaient également prier D. qu'il protège Yaakov de son frère.
[...]

Yaakov envoya des anges pour une raison supplémentaire. Dans la paracha Toldot, on peut voir que Its'hak devint aveugle parce que les anges avaient pleuré quand il se trouvait attaché sur l'autel [de la Akéda Its'hak] et que leurs larmes étaient tombées dans ses yeux.
Essav n'aurait pu revendiquer les bénédictions sans cet incident. Yaakov aurait pu dire : "Si D. ne désirait pas que je reçoive les bénédictions, pourquoi a-t-il provoqué la cécité d'Its'hak?"
Mais Essav disposait d'un autre argument de poids : "Pourquoi m'as-tu devancé en apportant la nourriture à notre père? Alors que c'est à moi qu'il l'avait demandée!"
[C'est pourquoi] Yaakov envoya des anges au-devant de l'ange gardien d'Essav. Il s'agissait des mêmes anges qui avaient pleuré lors de la Akéda.
[Méam Loez - Vayétsé 32,5-6]

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-> "20 ans que je [Yaakov] suis avec toi [Lavan] ... j'étais le jour la chaleur torride me consumait, et le gel pendant la nuit" (Vayétsé 31,38-40)

-> Le Divré 'Haïm demande : pourquoi Yaakov n'est-il pas entré dans la maison de Lavan, et ainsi être protégé des éléments gênants : du grand chaud, du grand froid.

Il répond : Yaakov n'entrait jamais dans la maison de Lavan.
Certes il a travaillé pour Lavan pendant 20 années, certes il était son beau fils, mais il préférait souffrir plutôt que d'entrer dans la maison de Lavan, comme précaution pour ne pas être influencé par Lavan.

[on apprend de là l'importance de maintenir une distance de sécurité spirituelle avec les mauvaises influences, aucun que possible]

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-> "[Yaakov] nomma l'endroit El Beit El, car c'est là que D. s'était révélé à lui tandis qu'il fuyait devant son frère" (Vayichla'h 35,7)

Le verset souligne que Hachem s'est révélé à Yaakov lorsqu'il fuyait son frère Essav.
Le Beit Israël apprend de là qu'à chaque fois que nous fuyons le yétser ara et les mauvaises influences, alors nous méritons que Hachem se révèle à nous.

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+ "J'ai séjourné auprès de Lavan ... j'ai acquis bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes" (Vayichl'ah 32,5-6)

-> Selon le Atéret Tsvi, Yaakov fait comprendre en allusion à Essav qu'il ne devrait pas essayer de lui nuire, car sinon il en sortira gagnant.
C'est ainsi que Lavan l'a beaucoup harcelé, et en conséquence des tourments il a obtenu une immense richesse : bœufs et ânes, menu bétail, ...
"Ainsi, si Essav, tu me déteste véritablement, il serait plus intelligent de ne pas me causer d'ennuis, car je ne ferai que gagner de mes soucis".

-> Une personne doit toujours être parmi ceux qui sont poursuivis (persécutés), et non parmi ceux qui poursuivent (persécutent).
[Rabbi Abahou - guémara Baba Kama 93a]

Cette règle est tellement forte que nos Sages (midrach Vayikra rabba 27,5) affirment que même si un tsadik pourchasse un racha, Hachem portera assistance au racha, par le fait que c’est lui qui est persécuté.
[ainsi on a beau avoir de très bonnes raisons, mais le fait de persécuter quelqu'un va mettre Hachem du côté opposé!]

=> Yaakov disait à Essav, plus tu fais de moi un persécuté, plus j'aurai Hachem de mon côté qui viendra m'aider et me couvrir de bénédictions. Alors, si vraiment tu me détestes, je te conseille de ne pas m'attaquer.

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-> "J'ai fait un séjour (garti) auprès de Lavan" (Vayichla'h 32,5)

-> Une explication de Rachi est : La valeur numérique de 'garti' (גרתי) est la même que : tariyag (תריג), soit 613.
Yaakov insinuait ceci : "Bien que "j'ai fait un séjour auprès de Lavan", j'ai observé (shamarti) les 613 commandements de D. (mitsvot), et je n'ai pas suivi ses voies corrompues".

-> Rabbi 'Haïm Vital (Chaaré Kédochim) dit que par l'intermédiaire des mitsvot positives, l'homme nourrit ses 248 membres de vitalité, tandis que par l'intermédiaire des 365 mitsvot négatives, l'homme nourrit ses 365 nerfs de vitalité.
Il se trouve donc que lorsque l'homme accomplit 613 mitsvot, il préserve et sauvegarde son corps.
Nos Sages (guémara Shabbath 49a) enseignent : "L'assemblée d'Israël est comparée à une colombe. De même que les ailes de la colombe la protègent, de même les Bné Israël sont protégés par les mitsvot qu'ils accomplissent".

=> C'est le sens des paroles de Yaakov à son frère Essav : "Tu ne peux pas m'atteindre car j'accomplis les 613 mitsvot qui me protègent, de plus je les ai observés dans la difficulté et dans l'épreuve car j'ai séjourné chez Lavan durant 20 ans" [ce qui en accroît bien davantage la valeur et la force de protection].

"Un homme lutta avec lui [Yaakov], jusqu'au lever de l'aube" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi explique : "il lutta" (וַיֵּאָבֵק), de 2 façons :

1°/ ce verbe se traduit par : "il souleva de la poussière", du mot avak ("poussière").
Car ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds.

2°/ ce verbe signifie : "il s’enlaça (dans un corps à corps)", comme en araméen : "après s’être attaché (avikou)" (Sanhèdrin 63b) ou bien : "il s’y fixa (véavik) comme avec un nœud" (Mena‘hot 42a).
Lorsque 2 personnes luttent à qui fera tomber l’autre, elles s’enlacent et se serrent dans les bras l’une de l’autre.

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-> Le 'Hatam Sofer dit que ces 2 explications correspondent aux 2 moyens qu'utilisent les goyim pour nous faire du mal.

Parfois, elles cherchent à faire du mal au peuple juif en utilisant une attaque physique, en cherchant à nous réduire en poussière.
A d'autres moments, les goyim vont chercher à nous nuire en nous enlaçant, afin que nous renonçons à notre sainteté, et que nous nous assimilions.
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-> "Sauve-moi, je t’en prie, des mains de mon frère, des mains d’Essav" (Vayichla'h 32,12)
=> Pourquoi cette redondance quand il parle d’Essav? Yaacov aurait dû dire "Sauve-moi des mains d’Essav", ou bien « Sauve-moi des mains de mon frère ». Pourquoi les deux éléments sont-ils nécessaires?

-> Le Beit haLévi explique que Yaakov redoutait deux dangers différents présentés par Essav. L’un en tant qu’Essav qui agit comme un ennemi et qui menace donc sa survie physique. Et l’autre était qu’Essav se comporte fraternellement à l’égard de Yaakov.
En quoi son amabilité est-elle nuisible? Yaakov ne voulait pas qu’Essav influence négativement les membres de sa famille à travers des relations amicales.

Pourquoi Essav est-il dénommé : "frère" et également "Essav"?
Car les juifs en exil devront affronter ces 2 faces d'Essav.
Dans certains exils, les nations nous traitent comme Essav, en voulant nous tuer.
Et dans d'autres, les nations viennent vers nous comme "frère", cherchant à nous attirer vers lui afin que nous nous assimilions.

-> "Yaacov eut peur et était anxieux" (Vayichla'h 32,8)
=> À quoi font référence ces deux expressions similaires?
Le Beit haLévi écrit que Yaakov craignait de la possibilité qu’Essav le tue et était bouleversé du risque d’une proximité avec Essav.

La menace représentée par Essav était donc autant, si ce n’est pas plus, sur le plan spirituel que physique.
Le Beit haLévi poursuit son développement et montre que le danger était très subtil et ne portait pas sur un éloignement total d’Hachem et de la Torah de la part de Yaakov et de ses descendants.
Quand les 2 frères se rencontrèrent, le cœur d’Essav s’adoucit et il proposa à Yaakov de faire la route ensemble. Le Midrach (midrach Béréchit Rabba 78,14) élabore sur l’offre d’Essav : "Essav lui dit [à Yaakov] qu’il devait créer un partenariat entre les 2 mondes : le Olam Hazé et le Olam Habae.
Le Beit haLévi précise qu’Essav proposait qu’ils s’unissent et que chacun transige modérément sur son mode de vie. Essav était prêt à subventionner les établissements de Torah et en échange Yaakov devait renoncer quelque peu à son centre d’intérêt (la spiritualité), et s’impliquer davantage dans les activités mondaines.
Ainsi, Essav ne souhaitait pas déraciner complètement Yaakov de la Torah, mais uniquement affadir sa piété et sa dévotion dans son service d'Hachem.

-> Dans la réponse de Yaakov, nous pouvons constater qu’il perçut la menace spirituelle, plus subtile et dommageable représentée par Essav. Il lui dit : "J’ai habité chez Lavan, le mauvais, et j’ai gardé les 613 Mitsvot et je n’ai pas appris de ses mauvais comportements". (Rachi - Vayichla'h 32,5).

Le rav Its'hak Hutner souligne une redondance dans la dernière partie du message de Yaakov, qui semble superflue. S’il a observé toutes les Mmtsvot, il semble évident qu’il n’ait pas reproduit les mauvais comportements de Lavan!
En réalité, il est possible de garder les mitsvot même sous l’influence d’un personnage comme Lavan, en ayant des valeurs qui ne sont pas basées sur la Torah, mais sur le monde extérieur. Ainsi, Yaakov disait à Essav que Lavan n’avait pas du tout réussi à "édulcorer" son service d'Hachem. Aussi, il prévenait implicitement Essav qu’il ne parviendrait pas non plus à l’influencer.

-> Le rav Yehonathan Gefen ajoute :
Pour résumer, Essav ne menaçait pas seulement Yaakov d’une destruction physique, ni même d’un détachement total de la Torah. Il proposait "juste" d’affaiblir un peu son service divin, en infiltrant certaines valeurs extérieures à la Torah.
Le refus catégorique de Yaakov nous enseigne que de la même manière que nous devons nous efforcer de respecter toutes les mitsvot, nous devons également tenter de vivre selon des vertus parfaitement conformes à la Torah.

Cette leçon est particulièrement pertinente aujourd’hui, alors que la société occidentale menace tellement l’idéologie juive et la pratique des mitsvot. Chacun est confronté à un défi d’un niveau différent ...
De plus, souvent les valeurs prônées par la Torah prennent une seconde place dès qu’il s’agit de gagner de l’argent et de réussir dans les affaires ...

[notre yétser ara (Essav) nous fait croire qu'en diminuant légèrement notre pratique religieuse, il nous permettra de gagner bien davantage. Nous devons être vigilants à toujours mener notre vie selon les valeurs de Yaakov (représenté par nos Sages actuels), et non Essav (les valeurs de la société environnante, le tout le monde fait ça, ...).]

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-> Le Avnei Ezer trouve une 3e allusion à cette réalité, dans notre paracha.
La guémara ('Houlin 91a) enseigne que "l'homme" qui a combattu Yaakov, est apparu parfois comme un érudit en Torah (talmid 'hakham) ou parfois sous la forme d'un non-juif.

Le Avnei Ezer explique que cela représente les 2 moyens du yétser ara ou d'Essav, pour nous aborder.

Parfois, il va ouvertement essayer de nous faire trébucher et nous voler notre sainteté, tandis que d'autres fois, il va nous convaincre à trouver une explication rationnelle à notre comportement (frère, c'est pour ton bien!), au point qu'à nos yeux le mauvais devienne bon.

[on veut tous faire du bien (même les plus grands dictateurs), mais c'est seulement ce qui l'est en accord avec notre Torah, nos Sages, qui peut être considéré comme véritablement bon.

C'est pourquoi, le yétser ara essaie de se faire passer pour un rav reconnu : un érudit en Torah, et ce afin de nous proposer sa marchandise : sa définition du bien à lui.]

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-> "Vayar'ou otanou amitsrim" (Ki Tavo 26,6)

La traduction la plus fréquente est : 'Les égyptiens nous ont maltraités".

Cependant, le Alshich et ainsi que le 'Hatam Sofer remarquent que "vayar'ou" est lié au mot "ré'out", qui signifie : amical.

Les égyptiens savaient que l'amitié avec les juifs, en nous laissant rejoignent leur société est également une façon de :"nous maltraiter".

En effet, cela va avoir pour conséquence une attitude contraire à la Torah, qui va détruire notre spiritualité interne, éteindre notre attachement à Hachem, et conduire à une assimilation.

-> "Les égyptiens nous rendirent mauvais (vayaréou otanou hamitsrim) et nous affligèrent" (Ki Tavo 26,6)
Les égyptiens voulaient sciemment faire fauter les juifs pour les dépouiller de la protection Divine dont ces derniers jouissaient.
En effet, ils savaient que les juifs étaient invulnérables tant qu'ils observaient les lois de D.  [bénéficiant alors de sublimes mérites!]

[Kli 'Hemda (Bo) ; Kli Yakar (Chémot) - rapporté dans le Méam Loez Bo 10,1-2]

"la terre est devenue sèche" (yavcha aarets - Noa'h 8,14)

-> La valeur numérique de "yavcha aarets" (יָבְשָׁה הָאָרֶץ - la terre est devenue sèche) est de : 613.
La leçon à tirer de cela est que c'est par le mérite des 613 mitsvot, que les juifs étaient destinés à recevoir dans le futur, que la terre s'est asséchée.
[Nétsa'h Israël]

"2 à 2 ils vinrent vers Noa'h dans l'arche" (Noa'h 7,9)

-> Le midrach nous dit que ce verset fait allusion aux jours durant lesquels nous lisons le Hallel en entier, en dehors d'Israël.
Rabbi Shimshon d'Ostropoli explique :
2 (שְׁנַיִם) = les 2 premiers jours de Pessa'h ;
à 2 (שְׁנַיִם) = les 2 jours de Shavouot ;
ils vinrent (baou - בָּאוּ) = mot ayant une valeur de 9 = les 9 jours de Souccot ;
vers Noa'h (él Noa'h - אֶל נֹחַ) = valeur numérique de 89 = la guématria de 'Hanoucca (חנוכה).
[Likouté Bessamim]