Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Allons, bâtissons-nous une cité et une tour ayant son sommet au ciel, et faisons-nous un nom, de peur que nous soyons dispersés sur la surface de toute la terre." (Noa'h 11,4)

Le récit de la Tour de Babel se situe en 1996 de la Création, soit 340 années après le déluge.
Noa'h et ses enfants étaient encore vivants à l'époque, et Avraham, âgé de 48 ans, avait déjà reconnu son Créateur (Séder Olam).
Toutes les familles-nations étaient concentrées dans une région correspondant à l'Irak actuelle (Babel), et parlaient toutes la même langue, la langue sacrée (Rachi), celle avec laquelle le monde a été créé (Mizra'hi).

Nous allons voir en résumé l'explication du Rav Yonatan Eibshutz (Tiféret Yonatan, paraha Noa'h) sur la construction de cette Tour.
[pour avoir plus de détails, il faut se rapprocher du texte original du rav]

A l'époque, les personnes pensaient avoir la solution parfaite afin d'éviter un nouveau déluge mondial : quitter tout simplement la planète terre.
Le véritable but des constructeurs de la Tour était ainsi d'atteindre la lune, afin d'y vivre, car étant pour eux un lieu clairement à l'abri d'un potentiel déluge.

Il est clair que la Tour n'était pas la finalité de leur objectif, mais plutôt un moyen permettant d'accéder à la lune.

L'idée était de fabriquer une embarcation avec des voiles, positionnées de telle sorte qu'elles puissent capter les courants d'air thermiques ascendants, la propulsant vers le ciel.

Le problème jusque là était l'inévitable pression atmosphérique terrestre, qui attire l'embarcation vers le sol.
Le plan de cette génération était de contourner ces conditions atmosphériques en lançant leur embarcation depuis une hauteur à laquelle la densité de l'air est considérablement plus faible.

C'est toute l'idée de la Tour de Babel : créer une structure dont le sommet possède un air plus fin, qui ne viendra pas en opposition à l'ascension du vaisseau.

=> Selon rav Yonatan, la Tour devait servir de rampe de lancement vers la lune, pour ses astronautes en herbe.

Nos Sages appellent ces personnes des "rebelles contre Hachem".
En effet, la solution la plus simple pour éviter une future punition est de suivre la volonté de D.
Mais, souhaitant agir à leur convenance sans risquer de déluge, ils ont préféré mettre en place une stratégie, très farfelue (aller habiter sur la lune!).

Aussi ridicule que cela puisse paraître, il existe aussi des personnes de nos jours qui suivent leur exemple.

Conscient qu'une soumission totale à D. vient en opposition avec la réalisation débridée de leurs caprices et désirs, ces personnes cherchent à éviter de reconnaître le Maître de l'univers à tout prix, même s'il faut se mentir à soi-même et à autrui, en utilisant les pires bobards.

On ne recherche alors plus la vérité, mais des justifications à nos déviances.

N'oublions pas :
-> Béréchit = au commencement et à chaque instant, D. permet à toute chose d'exister (seul Lui est qualifié d'éternel) ;

-> l'homme le plus sage de toute l'histoire (le roi Salomon) a dit : "La conclusion de tout le discours, écoutons-la: "Crains Dieu et observe ses commandements; car c'est là tout l'homme." (Kohélet 12,14).

b"h, Tâchons de vivre avec cet héritage, cette façon de voir la vie, qui est toute notre force et toute notre grandeur!!

La prière : être au plus proche de papa Hachem

+ La prière : être au plus proche de papa Hachem

Le rav Shimshon Pinkous (Siddour Téfila) nous explique que la prière est un voyage au plus proche de la présence divine :

1°/ tout d'abord, nous arrivons au mont du Temple (Har haBayit) = les bénédictions du matin ;

2°/ puis, nous entrons dans la cour du Temple (la Azara) = les korbanot et les Péssouké déZimra ;

3°/ puis, au moment où nous disons comme les anges : "kadoch, kadoch, kadoch", nous faisons face au Sanctuaire (le Heichal), où il y a la ménora, le mizbéa'h (l'Autel) et la choul'han ;

4°/ Au moment de dire la amida, nous entrons dans le Saint des saints (kodech haKodachim), lieu où même la personne la plus sainte du peuple juif (le Kohen gadol) ne pouvait y entrer qu'une seule fois par an (à Yom Kippour).
Et nous, nous pouvons y entrer 3 fois par jour!!

Ensuite, nous faisons le chemin inverse :
3°/ après la amida, nous récitons Achré et Ouva léTsion = on retourne alors dans le Sanctuaire (Hekhal) ;
2°/ puis nous allons de nouveau dans la Cour (Azara) = en disant le Chir chel Yom ;
1°/ et enfin nous nous retrouvons sur le mont du Temple = en prononçant : Ein Kélo-hénou et le passage des kétoret.

C'est la fin de la prière, nous retournons à notre quotidien, mais comment ne pas garder clairement le souvenir de ce périple, de ce moment d'énorme proximité avec D.

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-> Dans le Ma'hzor Ich Matslia'h [Mazouz] (Roch Hachana), il est écrit :
[En commençant la Amida,] on s'imaginera que l'on est en train de prier à Jérusalem, dans le Temple et face au Saint des Saints.
On inclinera la tête, on baissera les yeux, on élèvera son cœur et on s'imaginera que l'on se trouve au Ciel, face à Hachem.

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-> Au moment de la Amida, la loi juive (Michna Béroura 94,7) demande que nous concentrons nos pensées vers la terre d'Israël, vers Jérusalem, vers le Temple et nous devons nous imaginer soi-même comme si l'on se tenait devant le Saint des saints, le lieu le plus saint de la terre, en face du Aron où la présence divine réside.

-> La michna béroura se base sur le verset : "Ils t'adressent leur prière dans la direction de leur pays que tu as donné à leurs pères, de la ville que tu as élue et de la maison que j'ai bâtie en ton honneur.
Du haut du ciel, ton auguste demeure, tu entendras, tu écouteras leur prière suppliante, et tu leur feras justice." [Méla'him 8, 48-49]

-> On peut noter que le matin juste après le Shéma, on dit : émet, véyatsiv, vékayam, véyachar, ... véné'hmad, véna'im.

Il y a en tout 15 mots, commençant tous par la lettre vav, en lien avec les 15 marches nécessaires afin d'accéder au Saint des saints dans le Temple.

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-> Le Baal Chem Tov enseigne que là où sont les pensées d'une personne, c'est là où elle se trouve dans son essence, dans son intériorité.

Au-delà de ce qu'on a vu, être à Jérusalem, c'est important par exemple car :
-> Selon le Maharcha (guémara Kidouchin 69a), Jérusalem est le lieu le plus élevé spirituellement sur terre, le lieu le plus proche de D., permettant à l'âme de s'envoler vers des hauteurs les plus élevées.

-> Selon le pirké dé Rabbi Eliézer (chap.35) : "Toute personne qui prie à Jérusalem est considérée comme se tenant en prière devant le Trône de gloire"

-> "Yaakov dit : Que ce lieu est redoutable! Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (Béréchit 28,17)
Rachi citant le midrach, nous précise que c'est le point d'où les prières s'élèvent vers D.

On comprend l'importance d'y diriger ses pensées, qui nous permettent dans notre essence de profiter de la force de cet endroit.

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-> Il faudra préserver un espace de 4 amot (2 mètres) autour d'une personne qui prie sa amida (surtout devant et sur ses côtés).
Selon la michna Béroua, c'est afin de ne pas la gêner, la déconcentrer, et aussi de risquer de l'empêcher de vider totalement son cœur à D., par honte d'être observée.
Selon le Tour, la présence divine réside dans cet espace, et en respect à Son égard, il sera interdit de s'y asseoir.

[ La loi juive est qu'il est interdit de s'asseoir dans les 2 mètres autour d'une personne qui fait sa amida : devant et sur ses côtés (derrière : il vaut mieux éviter).
Si l'on est en train de prier, on a le droit de s'asseoir. ]

La amida qui est le sommet de notre prière, est également le moment où l'on ressent au plus proche D.
Cela n'est pas une belle pensée, c'est une réalité, que même la loi juive prend en considération.

=> Ayons conscience de la grandeur de ce moment, de la chance que nous avons de nous présenter devant le Roi du monde, qui attend que nous mettons tous nos espoirs en Lui ...

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-> Lorsqu'elle prie, une personne doit se tourner vers le mur.
Le mot : "mur" (kotel - כותל) fait allusion à l'unification des 2 noms Divins : Tétragramme et Elokim.
Le Tétragramme (יהוה) a une guématria de : 26, soit : כו, tandis que les lettres תל ont la même valeur que 5 fois le nom Elokim (אלהים).
Lorsqu'elle prie, une personne doit avoir à l'esprit d'unir complètement ces 2 Noms, et d'adoucir les décrets difficiles (allusion à Elokim : attribut Divin de Justice) avec de la miséricorde/bonté (allusion au Tétragramme).
[Béér Mayim 'Haïm - Bé'houkotaï]

Importance de remercier D.

+ Importance de remercier D.

-> "Lorsque nous reconnaissons que Hachem est l'Unique qui peut nous sauver, et que nous apprécions le bien qu'Il fait pour nous, nous permettons aux conduits de bénédictions d'en-Haut de continuer à nous donner des bontés"

[le Chla haKadoch - guémara Pessa'him 161]

-> "D. nous comble de tout ce qu'il y a de mieux pour nous, et quelle est notre part à faire?
Il nous faut le bénir et le remercier (apprécier ce bien)"
[le Alshich - Thilim 3,9]

-> "Qu’ils rendent grâce à D. pour sa bonté, pour ses miracles en faveur des hommes!" (Téhilim 107,8)

-> Le 'Hida commente le Téhilim (118,1) :
" "Rendez hommage à D." (Hodou lachem ki tov) = lorsque nous remercions D. pour le bien qu'il nous fait, alors nous permettons à ce bien de nous être donner continuellement ... "car il est bon, car sa grâce est éternelle" (ki léolam 'hachdo)".

+ "Qu'est-ce qu'une grande ville?
Un lieu qui compte 10 hommes étudiant la Torah à temps plein (avré'him) dans une maison d'étude (beit midrach) ; une ville qui en a moins est considérée comme un village"

[guémara Méguila 5a]

 

Dans la prière du matin, nous disons concernant ceux qui sont disciples de D. : "Ne lis pas "mes enfants" ; mais "mes bâtisseurs" " (guémara Béra'hot 64a - al tikré banaï'h éla bonaï'h).

=> Ainsi, l'importance d'une ville est fonction de ses avré'him.

Il y a plus de 60 ans, le Rav Yossef Kahaneman (rav de Poniovitch) disait à ce sujet :
"Ainsi, Moscou est seulement un village qui a un million de petites maisons.
Et Radin (ville du 'Hafets 'Haïm, ayant alors moins de 10 000 habitants) est une métropole.
Tel Aviv n'est rien qu'un grand village, et chaque rue de Bné Brak est une ville!!"

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+ Quelle est la plus belle ville au monde?

-> "Dix mesures de beauté sont descendues dans le monde.
9 ont été données à Jérusalem, et 1 pour le restant du monde"
[guémara Kiddouchin 49b]

-> "Tout celui qui n'a pas vu Jérusalem dans sa gloire n'a jamais vu de belle ville de sa vie"
[guémara Soucca 51b]

-> "Comme elle se dresse magnifique, joie de toute la terre, la montagne de Sion"
[Téhilim 48,2]

La tristesse ou la déprime n'avaient pas leur place à Jérusalem ("joie de toute la terre").
C'est ainsi, que toute personne qui devait analyser ses affaires financières, sortait de la ville où il y avait un endroit spécial pour cela : "le rocher des calculs" (kipa chél 'hechbonot - midrach Chémot rabba 2,3).
Une fois l'angoisse passée, elle pouvait de nouveau retourner à Jérusalem, où tout n'est que joie.
-> Suite à la destruction du Temple, il est dit : "Est-ce là la ville qu'on appelait un centre de beauté, les délices de toute la terre?" (Eikha 2,15)

-> Quelle était cette beauté de Jérusalem?
Qu'aucune personne qui avait fauté, n'y habitait.
Le sacrifice tamid du matin réparé les fautes de la nuit, et le sacrifice tamid de l'après-midi réparé les fautes du jour.
[midrach Téhilim 48]

=> N'oublions pas que Jérusalem est très largement la plus belle et la plus grande ville au monde.

"Trois choses allongent la vie d'une personne, et l'une d'entre elles est le fait de prier lentement."

[guémara Béra'hot 54b]

-> Dans sa jeunesse, le 'Hatam Sofer a répondu à un ami critiquant sa longue prière au détriment de l'étude de la Torah :

"La guémara enseigne qu'une personne qui prie lentement aura ses jours et ses années allongés, ainsi en réalité, je gagne du temps en agissant de cette façon.
De plus, une bonne prière amène plus d'aide de D. dans l'étude."

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-> "Lorsque l'homme prononce lentement et avec ferveur les mots de sa prière, il ressent une proximité avec D. ...
Ceci provient de la pitié divine qui éclaire son âme à ce moment précis."

[Rabbi Na'hman de Breslev]

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-> "Quatre choses nécessitent d'être renforcés régulièrement, et l'une d'elles est la prière"
[guémara Béra'hot 32]

Rachi souligne que cette mitsva exige de l'homme des efforts renouvelés.

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-> "Une prière sans kavana est comme un corps sans âme"
['Hovot haLévavot]

-> Le Rokéa'h enseigne qu'il faut dire les mots de la prière en faisant aussi attention que si l'on comptait de l'argent, se concentrant intensément et en étant vigilant à ne pas précipiter ses mots.

Choisir ses difficultés

+ Choisir ses difficultés...

-> "Il n'existe aucun homme qui n'ai pas vécu des souffrances, bien heureux celui dont ses souffrances viennent au travers de son étude de la Torah"
[midrach Béréchit Rabba 92,1]

-> "Tous les êtres humains ont été créés pour peiner, bien heureux sont ceux qui peuvent peiner dans la Torah"
[guémara Sanhedrin 99b]

-> "Toute personne est destinée à vivre des difficultés dans ce monde.
Il vaut mieux que ses difficultés résident dans le fait qu'il soit dur d'étudier la Torah pendant des heures ou dans de prier pendant une longue durée, plutôt que de vivre des souffrances physiques.
[...]
Et le plus important est que les difficultés qu'une personne va vivre durant une longue étude de Torah ou prière, vont au final être remplacées par un plaisir spirituel intense et un sentiment de satisfaction qu'aucun plaisir physique ne peut égaler"

[Rabbi Moché Wolfson]

+ "Les instants les plus heureux de mon existence ont été ceux durant lesquels je récitais la amida, ces occasions de parler à D., de déverser mon cœur devant Lui et de Lui soumettre toutes mes demandes."

[le rav Chakh]

-> "Combien est heureux l'homme, qui a la possibilité de parler avec D., de se tourner vers Lui pour toutes ses demandes et de déverser devant Lui tout son cœur."
[le 'Hafets 'Haïm]

-> "Quelle merveilleuse opportunité que de pouvoir déverser ses soucis devant le Maître du monde, comme si on se confiait à un ami!"
[le 'Hazon Ich]

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+ "Hachem est la source de vie et de tout bien.
Si tu pries, tu te lies à tout le bien du monde.
S'en détacher, c'est la destruction : maladies, douleurs et autres tragédies.

Pourquoi ne savons-nous pas le faire par nous-même, sans en avoir reçu l'ordre [de D.]?

Car nous sommes semblables à un nourrisson, qui ne perçoit pas la réalité telle qu'elle est ...
C'est pourquoi, dans Sa bonté infinie à notre égard, Hachem nous contraint à prier, afin que nous méritions tout le bien du monde."

[rav Pinkous - Néfech Chimchon]

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-> "Sous l'effet de nos innombrables tracas liés aux vanités de ce monde, nous avons perdu notre sensibilité, notre capacité d'estimer à sa juste valeur l'immense mérite dont nous jouissons en ayant un lien constant avec le Créateur du monde, à travers l'accomplissement de Ses mitsvot, les bénédictions qui s'y rattachent, ainsi que les prières.
[...]
Si un homme réalise qu'il n'est qu'un amas de terre et qu'il a pourtant le mérite de parler à D., comme s'il faisait partie des légions céleste, ne serait-il pas juste que ses yeux laissent échapper des larmes de joie, qu'il s'incline devant Lui et prenne sur lui d'accomplir Sa Torah de toute son âme et de toutes ses forces."

[le 'Hafets 'Haïm - Chem Olam - 2e partie - chap.11]

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-> Le midrach (paracha Béchala'h) rapporte que lors de la prière tous les juifs sont égaux aux yeux de D.
Le juif le plus éloigné, s'il prie avec une véritable ferveur, peut être agréé dans sa demande comme le plus grand des rabbins.

Pour preuve, nous voyons dans les Téhilim que la même expression est utilisée pour le plus grand des prophétes, Moché rabbénou : "Téfila leMoché", que pour le malheureux : "Téfila Léani".

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-> La guémara ('Houlin 60b) enseigne que D. éprouve un grand plaisir à écouter les prières du peuple juif, surtout de nos jours alors que le Temple est détruit, et que nous n'avons plus de sacrifices ni d'autel.
Et plus particulièrement les prières de ces dernières générations, celles précédant le Machia'h, où le principal service de D. se déroule lors de la prière (le Tanya au nom de Rav 'Haïm Vittal).

C'est par l'intermédiaire de la prière que D. fait résider sa présence sur son peuple (Maalot haMidot), et c'est grâce à elle qu'Il annule les mauvais décrets (guémara Béra'hot 10a).

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-> Le Néfech ha'Haïm écrit que si l'on réfléchissait un tant soit peu, on se rendrait compte que la amida, a été instituée par 120 Sages, parmi lesquels se trouvaient également un certain nombre de prophètes.
Outre l'esprit divin qui les animait, ceux-ci possédaient une maîtrise parfaite des secrets de la Création et de la Torah.

D. a créé le monde par 10 paroles, et étant à l'image de D., lorsque nous prononçons les mots de nos prières, agencés par 120 de nos Sages, l'impact est phénoménal!!

D'ailleurs, la grandeur, la force du peuple juif est dans cette faculté à influencer le monde par sa prière :
"Où est le peuple assez grand pour avoir des divinités accessibles, comme Hachem, notre D., l'est pour nous toutes les fois où nous L'invoquons?"
[Dévarim - Vaét'hanan 4,7]

"Tu feras un éclairage à l'arche" (Noa'h 6,16)

Quelle est la nature de cet éclairage?

Le midrach rabba (chap.31) propose une réponse :
-> Selon Rabbi Aba ben Kahana, c'est une fenêtre.
-> Selon Rabbi Lévi, c'est une perle.

Rabbi Pin'has, au nom de Rabbi Lévi dit que pendant les 12 mois où Noa'h a résidé dans l'arche, il n'avait besoin ni de la lumière du soleil pendant la journée, ni de celle de la lune pendant la nuit, mais il avait une perle, et il la suspendait.

Lorsqu'elle était foncée, il savait qu'il faisait jour.
Lorsqu'elle était brillante, il savait qu'il faisait nuit.

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-> Le Méam Loez (Noa'h 6,16) enseigne :
Hachem dit à Noa'h : "Descend vers la rivière de Pi'hon (qui est l'un des 4 fleuves du Gan Eden), et là tu trouveras une pierre lumineuse. Place-la dans l'Arche et elle l'éclairera."
Cette précaution était nécessaire car durant les 12 mois du Déluge, le soleil ne brilla pas et le monde resta plongé dans les ténèbres.
D. ordonna donc à Noa'h de suspendre cette pierre au milieu de l'Arche et d'installer des miroirs permettant de réfléchir sa lumière sur les 3 ponts. Il n'avait alors pas besoin de la transporter pour s'occuper des animaux.

Lorsque cette pierre brillait, Noa'h savait que la nuit était tombée. Lorsque sa luminosité diminuait, il comprenait que le jour s'était levé, car la lumière du soleil atténue la brillance des objets.
[selon cette interprétation, "tsohar" (éclairage) = se rapporte à cette pierre]

Une autre opinion affirme que le soleil brilla pendant le Déluge, et que ce "tsohar" (éclairage) est effectivement une fenêtre. Cette dernière était faite d'un verre épais et solide permettant à la lumière de pénétrer, sans pour autant être endommagée par les fortes pluies.
Grâce à cette fenêtre, les occupants de l'Arche distinguait le jour et la nuit ... placée à son sommet, elle pouvait éclairer toute l'Arche.

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-> Selon la guémara (Yérouchalmi Pessa'him 1,1), il y avait en plus de la pierre principale fixée sur le toit de l'Arche, d'autres pierres pour éclairer l'Arche, placées dans différentes parties.
[Noa'h avait besoin de savoir si on était le jour ou la nuit, car certains animaux doivent être nourris de jour et d'autres de nuit]

-> Selon le Tiférét Yonathan (Noa'h 8,22), les luminaires sont restés immobiles de sortes que la moitié du globe terrestre demeurait dans l'ombre tandis que la terre d'Israël et les régions environnantes étaient éclairés.
Noa'h, qui n'était pas très éloigné du pays d'Israël a pu profiter de cette clarté.

-> Selon les Tossefot, bien que les luminaires (soleil, lune) n'aient pas éclairé la terre durant le Déluge, cela ne concernait pas l'Arche. Pour Noa'h, les constellations sont restées visibles et elles lui servaient à déterminer le jour et la nuit.

-> Selon le Ibn Ezra, Noa'h avait par prophétie la notion du temps qui passait.

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Rabbi Yaïr 'Haïm Bacharach (un des grands rabbins du 17e siècle) dit à propos de ce midrach qu'il en va de même d'un homme riche :

-> Si les perles (son argent) lui semblent foncées et qu'il n'en perçoit pas la valeur, cela veut dire qu'il fait jour, qu'il voit la vérité et qu'il va sur le droit chemin.
[la richesse n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'un outil parmi d'autres permettant d'accomplir l'essentiel : faire la volonté de D.]

-> Mais si ses perles sont brillantes à ses yeux, cela veut dire qu'il fait nuit, qu'il cherche dans l'ombre et qu'il a perdu son chemin dans la vie.

[Puisqu'on n'est jamais rassasié en richesse, on sera perpétuellement en situation de manque, en mettant toutes ses forces dans cette poursuite, délaissant notre véritable mission dans ce monde.]

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-> Dans le langage de la michna, le mot : "Téva" (Arche) signifie également : une parole, un mot.
C'est le sens de la phrase : "Tu feras une fenêtre à la Téva" = fais de la lumière pour chaque parole de la Torah, que chaque mot de la Torah et de prière qui sort de ta bouche éclaire.
[lorsque l'on prie/étudie avec joie, concentration, ... l'impact est démultiplié!]

-> On raconte qu'un jour, on montra du Ciel au Arizal, qu'il y avait une personne dans telle ville qui avait mieux prié que lui pendant les jours de fête de Tichri.
Le Arizal alla trouver cette personne qui lui expliqua :
"Rabbi! Je ne connais même pas tout l'alphabet, mais seulement jusqu'au youd.
Quand je suis arrivé à la synagogue et que j'ai vu tout le monde prier avec concentration, mon cœur s'est brisé en moi, et j'ai dit : "Aleph, beit, guimel, dalét, hé, vav, zaïn, 'hét, tét, youd. Maître du monde, fais de cela des mots, unis-les et de toutes mes forces, et j'ai recommencé."

=> Les paroles de ce juif avaient fait plus dans le Ciel que toutes les prières du Arizal!
[on voit d'ici la puissance du fait d'ouvrir une fenêtre dans notre cœur, de faire une ouverture dans notre Téva personnelle (moi je!) par le fait de ressentir intérieurement notre dépendance totale en Hachem!]

"D. dit à Noa'h : Ceci [l'arc-en-ciel] est le signe de l'alliance que J'ai établie entre Moi et toute chair se trouvant sur la terre" (Noa'h 9,17)

-> Le Sforno de commenter : "Quand tu le vois, il doit te rappeler le Déluge et tu dois t'efforcer d'exhorter tes semblables au repentir"

L'arc-en-ciel est un signe de réprimande de D. à notre égard, afin que l'on améliore nos actions.
Alors, pourquoi a-t-il des couleurs aussi variées et belles?
N'aurait-il pas été plus logique qu'il soit tout noir?

On apprend de là que même s'il peut être nécessaire de faire une réprimande, elle doit être faite avec plein d'amour, d'une façon douce, et non avec de la colère, un sentiment de déception, ...

Ainsi, D. nous demande de nous repentir en utilisant les belles couleurs de l'arc-en-ciel, et non par le feu et le souffre.

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-> Hachem dit dans la paracha Noa'h : "Rappelez-vous quand Je suis "en colère" contre vous, un arc-en-ciel apparait dans le ciel".
Hachem aurait pu faire apparaitre un arc-en-ciel tout noir et bien flippant mais Il a pourtant choisi de le faire en couleur et splendide esthétiquement. Pour t'apprendre une chose : même quand tu fais un reproches ou tu t'énerves sur quelqu'un, fais ça de la plus belle façon possible.
[rapporté sur FB par Binyamin Benhamou]

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-> Le Sforno explique que lorsque les personnes vertueuses voient l’arc-en-ciel, elles sont motivées à prier et à se repentir. Ils font tout pour apaiser la colère divine.

Rav Yissa'har Frand explique : "Hachem prodigue au monde un bienfait exceptionnel. Il envoie à l’humanité un message indiquant Sa colère. Hachem n’a pas besoin de rappel, c’est nous qui en avons besoin. En voyant un arc-en-ciel, nous sommes supposés comprendre qu’Hachem est courroucé, au point que sans cette fameuse promesse, Il aurait à nouveau détruit le monde. C’est pourquoi nous devons nous hâter de nous repentir".

[c'est comme si papa Hachem nous disait : par ton comportement, par tes fautes, tu as fais que le monde soit obscure. S'il te plaît, Mon fils adoré, fait téchouva et rend toutes ses couleurs, toute sa magnificence à Ma Création!
(si le monde semble si noir, si rempli de mauvaises choses, c'est à cause de nos mauvaises actions. Alors faisons téchouva, et rendons-lui toutes ses couleurs!)]

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-> Pourquoi Hachem a créé l’arc-en-ciel si joli s’il ne faut pas le regarder pour jouir de sa beauté? Pourquoi n’a-t-il une apparence effrayante, ou au moins neutre?
Bien que l’arc-en-ciel soit une preuve de la Midat Hadin d’Hachem (Son attribut de justice), sa grâce indique que même la sévérité de D. provient de Son amour à notre égard. L’arc-en-ciel nous rappelle donc que par amour envers Son peuple, Hachem souhaite qu’il se repente et qu’il se rapproche de Lui.
[rav Yéhonathan Gefen]

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-> Le Ramban rapporte la guémara (Haguiga 16a) affirmant qu’il ne convient pas de regarder fixement un arc-en-ciel et celui qui agit de la sorte mériterait d’être éradiqué du monde.
=> Qu’y a-t-il de mal à observer un arc-en-ciel? N’est-ce pas effectivement un magnifique phénomène de la nature? De plus, dans le Vidouï du Rav Amram Gaon, l’une des fautes sur lesquelles il faut faire téchouva et réciter le Vidouï (avouer ses fautes) est celle d’avoir "observé l’arc-en-ciel". Quel problème y a-t-il à le faire?
[La guémara explique que cela ressemble au fait de regarder la Présence Divine (chékhina)]

-> Rav Sim’ha Zissel explique que notre réaction naturelle, en voyant un arc-en-ciel, est de trouver cela joli. On en admire les couleurs, la forme, les effets, ...
Or, comme le souligne le Rav Yissa'har Frand : "Analysons cette audace! D. est furieux. Il place un arc dans le ciel pour nous véhiculer un message que nous devons prendre très au sérieux, pour que nous fassions téchouva et que nous implorions Sa miséricorde. Mais comment réagissons-nous? En disant : "Oh ! C’est beau !" Quelle insolence!"

Rav Sim’ha Zissel compare cette situation à un père qui est en colère contre son enfant et lève sa main pour le frapper (à notre génération il faut éviter autant que possible de frapper un enfant).
Le père est furieux et son mécontentement envers l’enfant est manifeste. Ce dernier le regarde et est amusé par l’expression du visage du parent. Une telle réaction énervera le père davantage. Notre admiration et notre plaisir à regarder la beauté de l’arc-en-ciel ressemblent à la réaction de cet enfant.

Toutefois, Rav Sim’ha Zissel exprime son désaccord avec un commentaire du Michna Béroura (Siman 229,1), estimant que celui qui voit un arc-en-ciel ne doit pas raconter ceci à son prochain, car ce serait considéré comme lui annoncer une mauvaise nouvelle : la colère d’Hachem à notre égard.
Rav Sim’ha Zissel ne comprend pas la logique de ce raisonnement : si quelqu’un voit un arc-en-ciel, cela doit l’inciter à se repentir et à entrainer d’autres personnes à en faire de même.
Au contraire, il faut avertir le plus de gens possible, pour qu’eux aussi fassent téchouva.

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-> "Mon arc, je l'ai donné dans le nuage. Il sera signe d'alliance entre moi et entre la terre" (Noa'h 39,13)

-> Après le déluge, Hachm jura qu'Il n'amènerait plus de déluge sur le monde et Il caractérisa le signe de cette alliance par l'arc-en-ciel. Hachem jura (Noa'h 9,15) : "Je me souviendrai de mon alliance entre Moi et entre vous".
La guémara enseigne que l’apparition de l'arc-en-ciel témoigne d’une grande accusation dans le ciel. Sa présence a pour but de réveiller l’homme au repentir, en lui rappelant la promesse d’Hachem de ne plus détruire le monde malgré le mauvais comportement de ses habitants.
Mais pourquoi Hachem a t’IL précisément choisit ce signe de l'arc-en-ciel comme témoignage?

En principe, lorsqu’un homme tire une flèche avec un arc, la partie arrondie de l’arc se trouve dans le sens de la trajectoire de la flèche. Or lorsque l'arc-en-ciel apparaît dans le ciel, sa position indique une trajectoire de flèche partant de la terre vers le ciel!
En fait, Hachem signifie par là au peuple juif et à l’humanité toute entière que cette ‘flèche’ (la destruction du monde) qu’IL serai en droit d’envoyer vers le monde, retournera finalement au ciel du fait de Sa promesse faite à Noa’h et ses fils.
Par ailleurs, il est remarquable que l’arc-en-ciel commence par la couleur rouge (la plus haute) qui symbolise en kabbala la rigueur pour redescendre jusqu’au violet qui symbolise la bonté.
Hachem disant par là au monde que lorsque l’attribut de rigueur pèse sur le monde, IL annule cette rigueur et la transforme en bonté.
[d'après un dvar Torah du rav Zamir Cohen]

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-> Lorsqu’il apparaît, nous le regardons sans nous y attarder (Choul‘han ‘Aroukh) pour pouvoir prononcer la bénédiction de circonstance, tout en évitant de le montrer aux autres (‘Hayé Adam).

La bénédiction est : Barou'h ata Hachem élokénou, mélé'h aolam, zo'hér abérit vénééman bivrito, vékayam bémaamaro.
[Ora'h 'Haïm 229,1]

-> Durant les générations du roi 'Hizkiya et de Rabbi Chimon bar Yo‘haï, aucun arc-en-ciel n’a été vu, car elles n'en avaient pas besoin.

"Le salaire est en proportion de la peine" (Pirké Avot 5,23)

-> "Il est préférable pour un individu d'acquérir une chose par de la souffrance (des difficultés), que 100 choses qu'il reçoit sans peiner pour cela"
[Avot déRabbi Nathan 3,6]

Le 'Hafets 'Haïm a créé un Kollel Kodchim à Radin, dont les membres apprenaient à fond les lois concernant le service dans le Temple.
Un des membres de ce Kollel n'était pas rapide à comprendre les concepts et avançait lentement.

Après 1 heure d'étude, il voulait abandonner.
Totalement frustré, il dit : "Regardez, celui qui est assis à côté de moi a déjà étudié 4 pages, tandis que j'en suis toujours à la 1ere page!"

Le 'Hafets 'Haïm lui a répondu : "Qu'est-ce que tu es chanceux!
C'est incroyable tout ce que tu as fait!
En une heure, tu as étudié 101 pages!!
[...]
Ton ami en est à la 4e page, car il peut apprendre plus rapidement que toi, tandis que tu trouves cela difficile.
[...]
Une chose acquise avec difficulté, souffrance est meilleure que 100 acquises facilement.
Il est peut être à la 4e page (daf hé), mais tu en es à la 101e page (daf kouf bét)!!"

=> Quelle claque! Que les apparences sont trompeuses!!

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-> "D. rémunère chaque homme selon ses actes" (Téhilim 62,13)

Si l'on a des facilités, il ne faut pas se laisser aller en disant : "C'est bon! Je suis le meilleur, et de loin! Je peux me permettre de ralentir ..."
Si l'on a des difficultés, il ne faut pas abandonner en disant : "C'est pas fait pour moi! Laissons la Torah à ceux dont D. en a donner les moyens!"

Nous devons tous étudier la Torah, et faire de notre mieux en fonction de nos capacités.
Une personne peut nous sembler brillante, mais qui sait, si par nos efforts, on n'est pas en réalité très loin devant elle, en terme d'étude de Torah.