Aux délices de la Torah

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Israël, les pierres sont lourdes

+ Israël, les pierres sont lourdes :

-> La guémara (Kétoubot 112a) relate les pratiques auxquelles se livraient les grands Amoraïm pour démontrer leur amour pour la terre d'Israël.
Par exemple, Rabbi 'Hanina réparait les routes de la terre d'Israël. Rachi explique qu'il s'assurait que les routes étaient lisses et sans obstacles.

Tossafot, cependant, a une version différente du texte. Selon cette version, chaque fois que Rabbi 'Hanina se rendait en terre d'Israël, il soulevait les pierres le long de la route pour déterminer s'il était encore en dehors d'Israël ('hous laarets) ou s'il était déjà arrivé en terre d'Israël.
Si les pierres étaient légères, il savait qu'il n'était pas encore en terre d'Israël, mais si les pierres étaient lourdes, il considérait que c'était le signe qu'il était enfin arrivé en terre d'Israël.

-> Le Maharal (dans 'Hidouché Aggadot) offre une explication légèrement obscure à cette curieuse méthode de navigation. Il écrit qu'étant donné que le niveau de matérialité (gachmiout) en terre d'Israël est faible, les objets y sont plus lourds que des objets similaires en dehors d'Israël.

Le Maharal écrit que c'est la raison pour laquelle la Torah appelle les pierres de la terre d'Israël "pierres de fer" (avanéa barzel - Ekev 8,9).
La guémara (Taanit 4a) explique que ce verset fait référence aux érudits de la Torah de la terre d'Israël, qui sont "aussi durs que le fer".
Le Maharal explique que ce n'est pas parce qu'ils ont de mauvais traits de caractère. C'est plutôt parce qu'ils sont éloignés du matérialisme et qu'ils sont aussi lourds que le fer. Le Maharal dit que c'est l'un des effets de la sainteté de la terre d'Israël.

-> Le rav 'Haïm David Saperstein (auteur de Yadav Emouna et élève du rav Moché Shapira) apporte des éclaircissements supplémentaires aux propos du Maharal.
Dans la langue hébraïque, le mot pour "honneur" (כבד - kavod) et celui pour "lourd" (כבד - kavéd) ont la même racine.
Le lien entre ces deux mots est que quelque chose qui est respecté et chargé de valeur peut être décrit comme "lourd", ce qui signifie qu'il ne peut pas être facilement mis de côté.
En revanche, lorsqu'une chose n'est pas importante et n'a pas de grande valeur, elle ne "pèse pas lourd" et peut être facilement piétinée ou rejetée.
C'est pourquoi les érudits de la Torah sont considérés comme aussi "lourds" que des "pierres de fer". Ils ont une grande valeur et un grand mérite, ils ont donc un grand poids.

Rabbi 'Hanina était à un niveau si élevé qu'il était capable de sentir, en soulevant une pierre, s'il s'agissait ou non d'une pierre de grand poids. Il pouvait sentir si elle était remplie de la sainteté de la terre d'Israël et donc précieuse et "lourde", ou si elle était "légère", c'est-à-dire vide de toute sainteté ou valeur.

Partager les peines et les joies du peuple, de la Terre sainte et de Jérusalem

+ Partager les peines et les joies du peuple, de la Terre sainte et de Jérusalem :

-> Lors de la destruction du Temple, quand le peuple d'Israël fut exilé de son pays à cause de ses fautes, Hachem se retira dans les hauteurs, pour ne pas voir le Temple détruit et Son peuple en exil.
A ce moment-là, la Chékhina partit en exil avec les Bné Israël.
Lorsque Hachem redescendit, Il vit le Temple brûlé et le peuple en exil. Il demanda des nouvelles de la "reine", la Chékhina (présence de D. dans ce monde), et voilà qu'elle était partie en exil.
Alors, "Hachem, le D. des armées, invita en ce jour à pleurer, à se lamenter, à se raser la tête et à ceindre un cilice" (Yécha'ya 22,12).

Et à propos de la Chékhina aussi, il est dit : "Pleure, comme une vierge ceinte d'un cilice pleure l'époux de sa jeunesse" (Yoel 1,8) qui n'est plus là, car il s'est éloigné et séparé d'elle.
Même le ciel et la terre se sont affligés, puisqu'il est écrit : "Je revêts les cieux d'un crêpe et Je les drape d'un sombre cilice" (Yéchayahou 50,3).
Les anges en firent autant, car il est dit : "Voilà les braves guerriers qui se lamentent dans les rues, les anges de paix qui pleurent amèrement" (Yéchayahou 33,7).

De même, pour le soleil et la lune, dont la lumière fut assombrie, comme il est dit : "Le soleil sera obscurci dès son lever, la lune ne jettera plus de clarté" (Yéchayahou 13,10).
Tous les êtres Supérieurs et inférieurs pleurèrent. Pourquoi?
Parce que les forces du mal régnaient sur les Bné Israël et sur la Terre sainte. Puisque la royauté céleste a été rabaissée tandis que la royauté scélérate s'est renforcée, chacun doit prendre le deuil et se sentir rabaissé avec elle.
Celui qui le fait se réjouira avec elle lorsque la royauté céleste se relèvera et que le monde entier sera en liesse, comme il est dit : "Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l'allégresse à cause d'elle, vous qui l'aimez! Prenez part à sa joie, vous tous qui étiez en deuil à son sujet! (Yéchayahou 66,10).
[Zohar - Vayigach 210a ]

Dans la guémara (Yoma 86b), Rabbi Yossé bar Yéhouda déclare : Quand un homme commet une faute une, deux ou trois fois, on lui pardonne ; mais pas la quatrième fois.
En effet, il y a trois séparations devant la Chékhina. Des anges se trouvant dans chacune d'elle "bloquent" la faute et obtiennent son absolution avant qu'elle ne parvienne à Hachem.
Mais la quatrième fois, la faute arrive jusqu'à Lui et il est impardonnable, comme il ressort du verset dénonçant "le peuple qui M'irrite toujours (à plusieurs reprises, jusqu'à ce que la faute parvienne), devant Ma face" (Yéchayahou 65,3).
[Daat Zékénim Baalé haTossafot - Nitsavim 30,2 ]

La prière ne dépend que des efforts qui y sont mis afin d'attacher profondément les pensées du cœur aux mots de la prière.
Et cela pour que son cœur soit proche des paroles prononcées.
Grâce à cette concentration, la Royauté divine se dévoilera en anéantissant le pouvoir des réchaïm.
Cela apportera l'abondance et une richesse infinie.
[rabbi Na'hman de Breslev]

-> Selon l'Admour haZaken, on est tenu de prier avec feu afin de brûler et nettoyer le mal qui se trouve en nous, mal provenant des fautes que nous commettons et qui font séparation avec Hachem.

-> En s'efforçant de prier avec ferveur, l'homme refroidit son yétser ara et se purifie par chaque lettre et mot prononcés avec concentration.
[rabbi Zoucha d'Anipoli]

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-> "Ce moment [de la prière] sera pour lui le cœur de son temps et son fruit".
De même que le cœur fait circuler le sang vers tous les membres du corps et le fait vivre, la prière doit insuffler une vitalité spirituelle au temps, à la journée de l'homme.
Elle est aussi son fruit, c'est-à-dire qu'elle est le fruit de sa préparation.
[d'après le Kouzari]

Selon Rabbi 'Hiya, tous les membres du calomniateur (motsi chem ra) deviennent impurs. Il est mis en quarantaine parce que les paroles qu'il a prononcées s'élèvent et font descendre sur lui un vent d'impureté ; s'il se rend impur par sa conduite, il reçoit aussi une impureté d'en Haut.
[Zohar - Métsora 53a]

Le regret

+ L'une des principales étapes de la téchouva : le regret

-> L'essentiel du repentir, c'est le regret d'avoir commis des méfaits.
Le repenti se demande comment il a pu souiller son âme en idolâtrant son mauvais penchant, en échangeant le monde éternel contre un monde éphémère et en se conduisant comme un animal, comme un insensé. Il sent avoir perdu tout droit à l'existence, après avoir utilisé à mauvais escient la sagesse que le Créateur lui avait accordée pour Le connaître, Le craindre et dominer ses instincts.
Puisqu'il a agi sans réfléchir et en faisant totalement abstraction du Maître de l'univers, il se considère encore moins qu'un animal, car "un bœuf connaît son possesseur, un âne la crèche de son maître" (Yéchayahou 1,4).
[...]

L'une des principales composantes du repentir, c'est la profonde affliction d'avoir désobéi au Créateur et au Bienfaiteur, et non un simple sentiment de tristesse, comme celui que l'on éprouve lors de la perte d'une petite somme d'argent.
Un tel repentir atteint un très haut niveau.
[...]

Provenant de la pureté de l'âme, qui émane des mondes supérieurs, la tristesse d'avoir commis une faute est agréée autant que de lourdes souffrances physiques, car un roi accorde plus facilement la grâce à ses gens, proches de lui, qu'à ceux qui sont vils et éloignés.
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva 2,4]

"Quand tu feras le dénombrement (כִּי תִשָּׂא אֶת-רֹאש Ki Tissa Et Roch) [littéralement : "Quand tu lèveras la tête»] des Bné Israël ... pour racheter leur âme" (Ki Tissa 30,12-15)

=> Pourquoi ‘compter’ (les Bné Israël) se dit-il littéralement ‘lever la tête’?

1°/ Le mot תִשָּׂא (Tissa) a ici le sens de ‘recevoir’… Quand tu voudras ‘recevoir’ le total de leur compte, pour savoir combien ils sont, ne les dénombre pas ‘par tête’, mais chacun donnera un demi-Shékel.

2°/ Lorsqu’on compte des individus et qu’on les organise en un groupe uni, ils s’élèvent et deviennent plus importants. Le particulier qui n’est pas dénombré manque de valeur et n’a pas d’influence sur la vie communautaire.
En revanche, le particulier compté et organisé devient un membre à part entière de la communauté à un impact sur le groupe. C’est la raison pour laquelle la Thora désigne le dénombrement par l’expression : "élever la tête".
[Avné Azel]

3°/ "Moché a dit à Hachem : ‘Souverain du Monde, comment élever le front d’Israël?’
‘Quand tu feras le dénombrement’ (Quand tu lèveras la tête) [l’argent de la tsédaka], lui répondit le Seigneur"
[Baba Bathra 10b – voir Baal Hatourim].

4°/ Le verset vient nous enseigner qu’Hachem demanda à Moché d’élever la "tête" des Bné Israël, c’est-à-dire d’élever leur niveau spirituel. Il fallait réorienter leurs priorités: les préoccupations matérielles ne devaient plus être le centre de leurs attentions.
[Mayan Hachavoua]

5°/ Il y a dans ce verset l’allusion que le tsadik doit parfois quitter ce Monde avant son terme ("Quand tu lèveras la tête" signifie : "Quand Tu feras mourir [le tsadik]", comme il est dit à propos du maître-panetier : "Trois jours encore et Pharaon te fera trancher la têteָ יִשָּׂא פַרְעֹה אֶת- ראשְׁך (Issa Paro Et Rochékha) et attacher à un gibet… -Béréchit 40,19), afin de racheter de la faute sa génération (Pour racheter leur âme).  [Ohr ha’haïm haKadoch]
Aussi, le Alchikh enseigne-t-il : "Quand tu voudras nommer un dirigeant pour les Bné Israël, nomme celui qui est prêt à se donner entièrement et à sacrifier sa vie pour le peuple juif".

6°/ Chaque juif doit constamment se rappeler ses défauts, savoir qu’il n’a pas atteint la perfection et n’a encore rien accompli. Cette pensée le conduira à s’élever de plus en plus. "Quand tu feras le dénombrement כִּי תִשָּׂא אֶת-ראֹש [littéralement : "Quand tu lèveras la tête"] des Bné Israël" = si tu veux élever les Enfants d’Israël dans la voie du judaïsme, apprends-leur à «dénombrer (Lifkoudéhem לִפְקֻדֵיהֶם )» leurs défauts et ce qui leur manque (Nifkad נִפקָד).
[Ohr Pné Moché]

7°/ Compter les Béné Israël c’est leur donner une importance, comme l’enseigne la guémara (Bétsa 3b) : "Une chose qui se compte ne s’annule pas".
Puisque le Peuple Juif constitue un seul corps dont la tête est Moché (ceci est vrai dans chaque génération), le compte des Béné Israël confère alors une élévation à leur "tête" (Moché).
Aussi, le midrach (Tan’houma Ki Tissa 3) enseigne-t-il : "Moché enseigna la Torah à tous les membres d’Israël et les éduqua aux mitsvot. Il leur donna l’ordre des sections hebdomadaires de la Torah qu’ils liront chaque Shabbath, chaque premiers jours du mois et à chacune des fêtes. Eux mentionneront Moché à l’occasion de chaque paracha.
Au sujet de la paracha de Shékalim (début de Ki Tissa), Moché dit : ‘Maître du monde, quand je décèderai, on ne me mentionnera plus’. Hachem lui répondit: ‘Par ta vie! De même que tu es bien là aujourd’hui, que tu leur donnes la Paracha de Chékalim et que tu relèves (Zokef) leurs têtes, il en sera ainsi chaque année quand les Enfants d’Israël liront devant Moi la paracha de Shékalim, comme si tu te tenais toi-même à ce moment et que tu relevais leurs têtes’. D’où le savons-nous? Du fait qu’il est écrit: ‘Ki Tissa Et Roch Béné Israël’ [Quand tu procèderas au dénombrement des Enfants d’Israël]. Il n’est pas dit ‘Tissa’ [Dénombre], mais ‘Ki Tissa’ [sous-entendu au futur]."

"Car c'est un peuple à la nuque raide (am kessé oréf ou), tu leur pardonneras" (Ki Tissa 34,9)

=> Comment comprendre ce verset ? En quoi le fait d'avoir la nuque raide, d'être entêtés et de n'écouter personne, devrait justifier qu'Hachem leur pardonne leurs fautes ? Cela paraît incompréhensible!

-> En fait, ce défaut que Moché a pointé, celui de l'entêtement et de la raideur, constitue justement la plus belle qualité du peuple juif. Ce peuple qu'Hachem aime tant, Il acceptera volontiers de lui pardonner toutes les fautes.
En effet, Hachem souhaite avoir un peuple qui acceptera Sa Royauté, Le serve, et accomplisse toutes Ses mitsvots. Or, le monde dans lequel l'homme vit est hostile à tout cela. Le monde comporte tellement d'épreuves.
D'une part, il y a toutes les tentations qui détournent le coeur du Chemin de Hachem. D'autre part, il y a toutes les difficultés qui compliquent énormément le Service Divin telles que la jalousie des nations, les problèmes de subsistance, le jugement des autres qui peuvent dédaigner celui qui se conforme à la pratique de la Torah. Sans compter le fait que devoir accomplir 613 mitsvot demande un courage exemplaire.
Mais qui pourrait se conformer à une telle mission? Qui pourrait surmonter toutes ces épreuves, ces tentations, ces difficultés?

Cela requiert une force, une détermination et un entêtement à toute épreuve! Il faut parfois déployer une énergie et un courage pour aller contre vents et marées, contre tout son environnement. Ne se laisser impressionner par aucune difficulté, ne s'émouvoir d'aucune humiliation, ne s'arrêter devant aucune appréhension.
Hachem a choisi le peuple juif pour cette mission, car Il sait que seul ce peuple a cette force. Il est prêt à avancer peu importe les doutes et les difficultés. Même quand le bon sens, la logique et les règles de la nature imposent qu'il faudrait raisonnablement renoncer, le voilà encore en train d'espérer, et de continuer dans sa voie. L'entêtement qui est le propre du peuple juif , garantit la réussite de ce défi si ambitieux et si difficile que d'être le peuple d'Hachem. Et suivre cette voie, peu importe les circonstances. C'est pour cela qu'Hachem l'a choisi.
Certes, cette qualité mène aussi à ses plus gros problèmes : le voilà en train de faire un veau d'or, ou se "révolter" contre son Créateur. Mais malgré tout, cette force-là, quand elle est bien utilisée, c'est celle qui lui donne la force de réussir dans tous ses projets, et qui assure qu'il pourra rester fidèle à Hachem, même contre toute logique.

"Tu rempliras la main de Aharon et la main de ses enfants" (Tétsavé 29,9)

=> Ce verset traite de l'inauguration et de l'introduction de Aharon entouré de ses enfants pour servir dans le Michkan. Pourquoi la Torah qualifie-t-elle cette inauguration avec la métaphore de "remplir les mains"?

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) répond :
Les plaisirs physiques et matériels sont simples à obtenir. Les plaisirs spirituels en revanche, demandent bien plus d'efforts et de temps pour être appréciés. Mais la qualité du plaisir spirituel est inégalable à celle des plaisirs matériels.
D'une part, le plaisir matériel, ne profite qu'au corps. Il est plus limité dans son intensité et entraîne souvent déception, insatisfaction et frustration. Selon l'adage, si l'homme a acquis cent, il voudra 200.
D'autre part, le plaisir matériel ne profite qu'à la personne qui l'obtient. Seul, celui qui mange une belle pomme pourra en apprécier la saveur. Ce plaisir alimente l'Ego de l'homme et l'enferme sur lui-même. En revanche, le plaisir spirituel, celui de s'améliorer dans sa personnalité, rapproche l'homme de Hachem qui est Infini.
A chaque fois qu'un homme sera en contact avec l'infini, il éprouvera ce plaisir, et ne ressentira pas de manque.

Par conséquent, "remplir les mains de l'homme avec les plaisirs spirituels" sera un réel plaisir éprouvé.
Lorsque Moché s’est apprêté à introduire les Cohanim dans leur fonction, celle de servir Hachem et de s'approcher de Lui, Hachem a dit : "Tu rempliras les mains..." Pour bien insister sur cet acte : le Service Divin est la seule chose qui remplit les mains de plaisirs pour ceux qui s'y engagent. Même si il faut fournir des efforts, et que le ressenti de ce plaisir n'est pas immédiat, il faudra apprendre à être patient, et attendre le temps pour se désaccoutumer de l'attachement aux plaisirs matériels.

"Tu placeras... la Ménora face à la table, sur le côté sud" (Térouma 26,35)

=> Pourquoi la Torah trouve-t-elle nécessaire de créer un lien entre la Ménora et la table? Pourquoi ne se contente-t-elle pas d'indiquer simplement l'emplacement de la Ménora, en disant : "Tu placeras la Ménora sur le côté sud"?

En fait nos Sages nous apprennent que la Ménora est le vecteur de la sagesse, alors que la Table est celui de la richesse.
Ainsi, l'homme qui s'investit dans ses occupations matérielles et s'attelle à s'enrichir, pourrait penser que dans le temps qu'il consacre à son travail, il peut suspendre momentanément son lien avec la Torah. Pendant la temps du travail, il est au travail. Quand viendra le temps de s'occuper de ses devoirs religieux, il s'y consacrera alors. Il y a un temps pour tout.
Aussi, pour éviter cet écueil, la Torah prend soin de nous apprendre que la Ménora devait être placée face à la table. La sagesse de la Torah ne doit pas rayonner que dans les moments réservés à la spiritualité. Elle a aussi pour vocation d'éclairer l'homme même dans le temps où il se consacre à ses occupations matérielles. Le Service Divin est une affaire à temps plein. Chaque activité du juif devrait être dirigée selon la Volonté Divine.

Cela s'exprime tout d'abord par le fait qu'il devra veiller à respecter toutes les lois relatives au travail. Les lois liées à l'honnêteté (s'éloigner de tout vol ou mensonge), ainsi que les lois relatives au respect d'autrui, que l'on devra s'efforcer de préserver même en matière de commerce. Le fait de chercher à s'enrichir ne permet en rien de manquer de respect à son prochain d'une quelconque façon que ce soit.
Également, on oubliera pas les lois de bienfaisance, en réservant une part de notre salaire pour la charité.
Il devra aussi être éclairé de la lumière de la sagesse de la Torah pendant son temps de travail. Dès que cela lui sera possible, il cherchera toute occasion pour étudier un texte de Torah, ou même y méditer pendant qu'il s'affaire à son travail. L'un n'empêche pas l'autre. C'est d'ailleurs le sens de la Michna : "Belle est la Torah avec un métier". La Torah étant évidemment prioritaire sur le métier, on se serait plutôt attendu à entendre : "Beau est le métier avec la Torah", positionnant par là la Torah comme la base!
Mais nos Maîtres ont voulu suggéré que non seulement l'étude de la Torah est importante pendant les moments réservés à l'étude. Mais qu'en plus, cet étude est ô combien belle quand elle est réalisée "avec un métier", c'est-à-dire au moment même où on est occupé par sa profession. Même dans ce moment, on tâchera de rester connecté avec la Torah.
Si un homme se comporte ainsi et éclaire ses occupations matérielles par la lumière de la Torah, cela attirera vers lui la Bénédiction Divine, Qui lui accordera la réussite dans ses affaires.
[rav Mikaël Mouyal]