Aux délices de la Torah

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"Vous ne profanerez pas Mon saint Nom, et Je serai sanctifié parmi les Bné Israël, Je suis Hachem qui vous rend saints" (Emor 22,32)

-> Rachi commente : "Celui qui offre volontairement de donner sa vie pour sanctifier le nom d'Hachem doit le faire en s'attendant à mourir. Celui qui offre sa vie en espérant qu'un miracle salvateur se produira ne connaîtra pas de miracle".

-> Le Maharal (Gour Aryé) commente :
Un miracle ne se produit pas pour celui qui l'attend. C'est parce qu'une telle personne ne sacrifie pas sincèrement sa vie pour la mitsva. Les miracles ne se produisent que pour ceux qui sont sincèrement prêts à tout sacrifier pour l'amour d'Hachem, comme nous le constatons, la mer Rouge ne s'est pas fendue jusqu'à ce que Na'hchon Ben Aminadav s'y jette.

Pourquoi les miracles exigent-ils un sacrifice total?
La raison en est qu'Hachem a créé le monde pour qu'il fonctionne conformément aux lois de la nature, qui ont été établies pour être constantes et sans interruption.
Les miracles, perturbations des lois de la nature, se produisent en raison de la connexion entre ce monde et le monde spirituel, un lieu qui transcende la nature. Ils deviennent possibles lorsque l'on s'élève au-dessus du matérialisme mondain de ce monde et que l'on se rapproche du monde spirituel.
Celui qui est prêt à renoncer à sa vie pour sanctifier Hachem devient un kadoch, une personne de sainteté, et s'élève au-dessus des règles de la nature, où les miracles sont possibles.
[en un sens chaque fois qu'on sacrifice notre nature humaine pour faire la volonté de D., c'est comme si on s'était tué pour Hachem ; s'élevant au-dessus de la naturalité de ce monde. ]

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=> Les miracles ne se produisent que pour un kadoch, une personne qui sanctifie le Nom d'Hachem sans s'attendre à ce qu'un miracle se produise. Cette personne transcende le monde matériel et s'élève dans le monde spirituel, qui est le royaume des miracles.

Dire du lachon ara c’est porter atteinte à tout son être

+++ Dire du lachon ara c'est porter atteinte à tout son être :

"Tous les jours où la plaie (néga) sera sur lui, il restera impur ; il est impur. Il demeurera isolé ; sa résidence sera hors du camp" (Tazria 13,46)

-> Rachi demande : "Pourquoi le métsora est-il différent des autres personnes impures en ce qu'il doit s'asseoir seul [hors du camp]?
[ La réponse est] qu'il a dit du lachon ara et a semé la division entre les hommes ... donc, lui aussi est séparé des gens."

-> Le Maharal (Nétivot Olam 9) vient nous enseigner :
Celui qui dit du lachon ara est puni de tsaraat et est renvoyé hors du camp, parce qu'il a semé la discorde et les querelles dans le monde. Il a donc perdu le droit de vivre parmi ses concitoyens juifs.

Nos Sages (Arakhin 15b) nous disent que parler du lachon ara équivaut à transgresser les 3 fautes capitales : l'idolâtrie, les relations illicites et le meurtre.
Comment la faute du lachon ara peut-elle être l'égale des 3 fautes les plus graves de la Torah?

La réponse est que chacune de ces fautes corrompt un aspect de ce qui fait de nous des êtres humains :
1°/ Un meurtrier a corrompu son âme en prenant l'âme d'un autre être humain.
2°/ Un coureur de jupons (menant à des relations interdites) a corrompu son corps physique.
3°/ Un idolâtre a corrompu son esprit par ses pensées hérétiques.

Cependant, celui qui dit du lachon ara a corrompu tout son être! En effet, la parole est l'essence même de ce qui fait l'homme. Le Targoum traduit "néfech 'haya" (littéralement, une âme vivante) par "âme parlante", car la parole nous confère notre humanité. [en ce sens, la capacité de parler est ce qui différencie les humains des animaux. ]
Celui qui commet la faute de lachon ara a porté atteinte à son humanité même.

Pourtant, tout n'est pas perdu. Nos Sages nous enseignent que celui qui dit du lachon ara peut réhabiliter sa parole corrompue en utilisant dorénavant sa capacité à parler strictement pour la pureté : en étudiant la Torah, en priant et en ne parler qu'en bien des autres.

Celui qui fait la charité (tsédaka) aux pauvres est considéré comme s'étant livré à Hachem, comme l'a dit le roi Shlomo : "Celui qui gratifie les pauvres (de ses biens) est comparable à un prêt (d'argent) à Hachem" (Michlé 19,17) ...

La Torah nous encourage à faire la charité même si nous le faisons avec des arrière-pensées, car nos Sages nous disent qu'il est permis de tester Hachem en faisant la charité. Ceci est basé sur les mots du prophète : "Testez-moi, si vous le voulez, avec ceci, dit Hachem le Seigneur des armées, si Je n'ouvrirai pas les fenêtres du Ciel et ne déverserai pas la bénédiction pour vous jusqu'à ce que vous disiez assez!" (Mala'hi 3,10).
Il est généralement interdit de tester Hachem, mais la mitsva de la tsédaka est une exception.
En accord avec cela, la guémara déclare : "Celui qui dit : "Je donne de l'argent à la charité à condition que mon fils guérisse de sa maladie" est un juste.
Néanmoins, lorsque l'argent est donné pour des motifs intéressés, il n'est pas considéré comme un sacrifice sur l'Autel. [nos possessions sont comme une partie intégrante de nous-même (certains les trouvant plus importantes que leur âme), et les donner à la tsédaka est similaire à sacrifier notre vie, comme un animal qui est apporté en korban dont on doit se projeter être à sa place. ]
[Maharal - Gour Ayré - Emor 23,22]

=> Lorsque l'on donne de l'argent aux pauvres uniquement parce qu'Hachem l'a ordonné, cela équivaut à apporter un sacrifice à Hachem.
Cependant, il est louable de faire la charité même pour des motifs personnels intéressés, et celui qui le fait est considéré comme tout à fait juste (tsadik).

Pourquoi y a-t-il peu de miracles manifestes à nos générations?

+ Pourquoi y a-t-il peu de miracles manifestes à nos générations?

-> Rabbi Yossef Dov Soloveitchik (le Beit haLévi - dans son maamar haBita'hon) écrit :
Voici la raison pour laquelle il y a peu de miracles manifestes dans les générations récentes alors que dans les générations précédentes, il y avait beaucoup de miracles évidents/dévoilés.
Lorsqu'un miracle se produit, tout le monde est contraint de reconnaître que la terre et tout ce qu'elle renferme appartiennent à Hachem,et le libre arbitre disparaît.
C'était seulement en raison des hautes qualités spirituelles et de la émouna des générations d'autrefois, et en fonction du niveau qu'elles avaient atteint dans leur service divin, un niveau où aucun doute ne pouvait plus pénétrer leur cœur quant à l'existence et l'omnipotence d'Hachem, que Hachem leur montrait ce genre de miracle évident, car le miracle ne causait aucune stimulation supplémentaire dans leur service Divin ... [le miracle bien que manifeste n'a aucune influence sur le libre arbitre]

Mais dans notre génération au bas niveau spirituel, même un petit miracle renforcera la foi (émouna) et la confiance en Hachem dans le cœur [de l'homme]. Par conséquent, si un homme voyait [un miracle] de ses yeux, cela s'opposerait au libre arbitre, parce qu'il serait obligé de croire en Hachem, ou au moins d'affermir sa foi.
C'est pour cette raison que les miracles manifestes/dévoilés ont diminué et "le bénéficiaire d'un miracle ne reconnaît pas le miracle qui lui arrive" du fait que les miracles qui se produisent à notre époque sont généralement dissimulés.

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-> Selon le rav David Sutton :
Puisqu'Hachem n'opère pas de miracles évidents pour la seule raison qu'ils nous enlèveraient l'épreuve de la émouna (foi), Hachem effectue des miracles pour celui qui a déjà surmonté cette épreuve et éprouve une foi forte en Hachem qu'il assiste à des miracles évidents ou pas.

Le Beit haLévi nous enseigne ici un principe fascinant : plus nous croyons en la providence d'Hachem, plus nous avons de chances de la constater.
[plus nous avons la réalité de l'omniprésence d'Hachem en face de nous, moins nous sommes impactés par un miracle inhabituel, et plus Hachem peut faire de miracles dévoilés car cela n'influencera pas notre libre arbitre. ]

Lorsqu'un élève fait un examen, son professeur ne lui montre pas les réponses.
Mais une fois que l'élève a prouvé qu'il connaît parfaitement le sujet au point qu'il n'a pas besoin d'être interrogé, il n'y a plus de raison de lui cacher les réponses.
C'est exactement ce que dit Beit haLévi : Hachem dissimule les "réponses", Sa Présence, afin de tester si nous croyons fermement qu'Il est présent dans notre vie.
Une fois que nous avons atteint le niveau où nous connaissons la "réponse", et que nous sommes aussi certains de la providence d'Hachem que nous le serions s'Il avait opéré des miracles évidents, nous sommes dignes d'assister à des miracles manifestes.

comme c'était le cas de Rabbi 'Hanina ben Dossa qui dit : "Que Celui qui a ordonné à l'huile de brûler ordonne au vinaigre de brûler »74 (Taanit 25a). Ce miracle (du vinaigre qui brûlait) n'a pas du tout renforcé la foi de [Rabbi 'Hanina], parce que l'affermissement de sa foi qu'aurait causé ce miracle, il l'avait déjà atteint par lui-même, dans son service divin. Ce miracle n'a donc pas eu d'influence sur son libre arbitre?

-> Le Beit haLévi illustre cette idée par le récit (guémara Taanit 25a) de Rabbi 'Hanina ben Dossa qui rentra chez lui un vendredi soir et vit que sa fille était triste. Elle lui raconta qu'elle avait rempli par erreur les lampes de Shabbat de vinaigre au lieu d'huile, et qu'ils n'auraient donc pas de lumière le soir de Shabbat.
Rabbi 'Hanina lui affirma qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. "Celui qui a décrété que l'huile brûle, dit-il, décrétera que le vinaigre brûle!". Effectivement, le vinaigre brûla pendant tout le Shabbat!

Ce miracle s'est produit parce que Rabbi 'Hanina n'avait aucun doute que c'est Hachem qui fait brûler l'huile ; faire brûler le vinaigre n'avait rien de miraculeux ou de difficile pour Lui.
Lorsqu'un homme atteint ce niveau de foi (à 100%, sans s'en remettre à la naturalité des choses, à nos forces intrinsèques, ...), explique le Beit haLévi, il mérite des miracles parce que, pour reprendre son expression, "ce miracle n'a pas du tout renforcé [sa foi]".
Son émouna était si forte qu'il ne voyait pas de différence entre l'huile qui brûlait et le vinaigre qui brûlait.

-> Le midrach (Beréchit rabba 38,13) rapporte l'histoire d'Avraham Avinou, qui dans son enfance, fut conduit devant Nimrod parce qu'il avait totalement rejeté l'idolâtrie. Nimrod menaça Avraham de le jeter au feu s'il ne retournait pas aux idoles de son père Téra'h. Le jeune Avraham choisit de rester fidèle à sa foi et survécut par miracle aux flammes dans lesquelles il fut jeté.
Le rav Leib Bakst (Michnat Kol Aryé) pose la question suivante : comment Avraham avait-il le droit de livrer sa vie et de se laisser jeter au feu alors qu'il n'avait pas encore reçu l'ordre de livrer sa vie plutôt que de vouer un culte idolâtre?
Il répond qu'Avraham avait atteint un niveau d'émouna si élevé qu'il croyait fermement que "Celui qui a ordonné au feu de brûler peut lui ordonner de ne pas brûler" ; il avait une foi parfaite qu'il serait sauvé.
En appliquant le principe du Beit haLévi, puisqu'Avraham avait atteint un niveau de foi absolu, Hachem n'avait pas besoin de Se dissimuler. C'est pourquoi Il a permis à Avraham d'assister à un miracle manifeste.

-> Le rav David Sutton dt que selon le Beit haLévi, même à notre époque, si un homme a une foi si forte que voir un miracle évident ne renforcerait pas sa foi, comme Rabbi 'Hanina ben Dossa, Hachem pourrait faire des miracles semblables pour lui aussi !
D'ailleurs, d'après le témoignage du rav 'Haïm Soloveitchik, une trentaine de miracles extraordinaires sont arrivés à son père, le Beit haLévi.
Nous sommes certainement très loin d'un tel niveau de bita'hon, et il y a peu de chances que nous l'atteignons un jour. Mais c'est un niveau auquel nous pouvons aspirer.

Prendre le deuil de la destruction du Temple tout au long de l’année

+ Prendre le deuil de la destruction du Temple tout au long de l'année :

-> Un juif était en train de faire le birkat hamazone, et alors qu'il prononçait les mots "boné béra'hamav Yérouchalayim" (qui construit Jérusalem avec miséricorde), il fut tellement submergé par de la souffrance et des sentiments de perte liés à la destruction du Temple qu'il prit un couteau sur la table et se poignarda lui-même. À la suite de ce terrible incident, nos Sages (Choul'han Aroukh 180,5) ont institué une halakha selon laquelle tous les couteaux doivent être retirés de la table ou recouverts avant le birkat hamazone.

La question est évidente. Quelles sont les chances qu'une telle tragédie se reproduise? Probablement zéro. Dans ce cas, pourquoi nos Sages ont-ils institué cette halakha (applicable à tous les juifs dans l'histoire)?
Une explication est : Il est vrai que cela ne se reproduira pas. Mais nos Sages voulait démontrer par cela à quel point un juif peut ressentir la douleur de la destruction du Temple. Cette halakha nous dit : Regardez comment ce juif a vécu avec Jérusalem dans son cœur, et comment il a souffert si fort de sa perte, qu'il s'est tué de douleur.
[en fait c'est lui qui est dans un état normal, et nous qui sommes anormaux, comme ayant des sentiments anesthésiés face à la réalité si douloureuse de la perte du Temple. ]

La guémara (Baba Batra 60b) dit qu'après la destruction du Temple, certaines personnes ont déclaré qu'elles ne mangeraient plus jamais de viande et ne boiraient plus jamais de vin. En effet, qui peut manger de la viande, si la viande a été utilisée pour les korbanot? Qui peut boire du vin, si le vin a été utilisé pour les nessa'him (libations)?
Imaginons! Aujourd'hui, lorsque nous voyons un morceau de viande, nous voyons un goût alléchant de ce monde. Mais lorsqu'ils ont vu de la viande, ils ont vu la destruction du Temple. Quand ils ont vu le vin, ils ont vu également la destruction.
[certes nos Sages n'ont pas décrété une loi interdisant la viande et le vin, mais cela nous illustre à quel point nos ancêtres pouvaient vivre cette perte du Temple. ]

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+ Qu'en est-il de moi? :

-> Nous devrions nous demander : "Et moi? Est-ce que j'accomplis la halakha qui apparaît dans le premier siman du Choul'han Aroukh, qui stipule qu'une personne doit être métsar (souffrir) et doég (s'inquiéter) à propos de la destruction du Temple?"
Nous avons l'obligation de pleurer le Temple. Cette obligation s'applique en fait tout au long de l'année (et pour tout juif).
Bien sûr, l'obligation est plus forte pendant les 3 semaines, et encore plus pendant les 9 jours d'Av, mais elle s'applique également tout au long de l'année.
Réussissons-nous à accomplir cette obligation pour ressentir la perte de Jérusalem et du Temple?
Je suis le premier à plaider coupable. Moi aussi, je trouve cela difficile. Comment peut-on ressentir la perte de quelque chose que l'on n'a jamais vécu et que l'on ne peut même pas imaginer? Le Temple est si éloigné de nos cœurs et de nos esprits!

J'aimerais suggérer une idée pratique, et je l'espère, réalisable, qui pourrait nous aider à remplir notre obligation.
La guémara (Sanhédrin 104b) raconte l'histoire très émouvante d'une femme qui avait perdu un enfant et qui pleurait jour et nuit. Rabban Gamliel, qui vivait à proximité, l'entendit pleurer et se mit lui aussi à pleurer. Cependant, il pleura à cause de la destruction du Temple. Il pleura et pleura jusqu'à ce qu'il s'arrache littéralement les cils.
Pourquoi Rabban Gamliel pleura-t-il si intensément? Et qu'est-ce qui, en entendant cette femme pleurer sa perte, a poussé Rabban Gamliel à pleurer sur la destruction du Temple?

Je crois que Rabban Gamliel était peiné par une question très troublante : Pourquoi un juif souffre-t-il? Pourquoi un juif pleure-t-il? Pourquoi y a-t-il des souffrances du fait d'être juif? Pourquoi entendons-nous parler de tragédies Pourquoi entendons-nous parler de jeunes enfants qui luttent pour leur vie et succombent à la maladie? ...

Le midrach dit que lorsque machia'h viendra, la prière sera très différente. Il n'y aura plus dans la Amida la bénédiction de Réfaénou, où l'on prie pour une réfoua (rétablissement en bonne santé), et il n'y aura plus de bénédiction pour la parnassa (subsistance).
La prière consistera des louanges (téhila), et en des remerciements (odaa).
Alors nos bouches seront pleines de bonheur, nos langues de chants. C'est ainsi que le monde est censé être. Alors pourquoi un juif pleure-t-il? Pourquoi tant de gens ont-ils des problèmes de santé et d'éducation avec les enfants? Pourquoi y a-t-il tant de raisons de pleurer?

La réponse à toutes ces questions très douloureuses tient en un mot : la destruction du Temple.
Chaque tragédie est une autre expression, une autre manifestation de la destruction du Temple.
La guémara (Sotah 49a) dit que depuis le jour où le Temple a été détruit, la malédiction de chaque jour est pire que celle de la veille. Chaque jour est plus difficile, plus douloureux que le jour précédent.
Chaque jour, nous voyons de nouvelles expressions de la destruction du Temple.
Rabban Gamliel a compris que le décès de l'enfant et les pleurs de la mère ne sont pas la façon dont la vie est censée se dérouler. Il a pleuré parce qu'il a reconnu une autre lamentation sur laquelle pleurer. [dont la source première réside dans la perte du Temple]

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+ Un puits sans fond :

-> La guémara ('Haguiga 5b) en décrivant la destruction du Temple, dit que nous avons été jetés du plus haut des toits dans la fosse la plus profonde.
Même si nous avons pas pleinement conscience, c'est ce que la destruction du Temple nous a fait.

Pourquoi avons-nous une telle douleur? "Qu'est-ce qu'Hachem nous a fait?" (ma zot assa Elokim lanou - Mikets 42,28). Il existe une réponse en un mot à cette question : la destruction du Temple.
Chaque souffrance est une autre manifestation de la malédiction de chaque jour qui devient pire que la précédente. C'est notre chute de plus en plus profonde dans un gouffre apparemment sans fond ...
Chaque année, nous devons crier faire les lamentations (Eikha, kinot) pour de nombreuses autres raisons (vu tous les nouveaux malheurs collectifs et individuels qui sont arrivés durant l'année écoulée).

-> Le rav Shimon Raphael Hirsch fait remarquer que le mot "אבל" (avel - le deuil) a les mêmes lettres que le mot "אבל" (aval - mais).
Je pense qu'il veut dire la chose suivante : Imaginez qu'une personne qui a perdu un enfant, que D. préserve, soit assise à la shivah et que quelqu'un lui dise : "Pourquoi pleures-tu? Tu as tant d'autres enfants merveilleux". Le père endeuillé le regarderait étrangement et dirait : "Bien sûr, j'ai des fils et des filles merveilleux, mais j'ai perdu cet enfant."
Le deuil (avel), consiste à ressentir l' "aval" (mais il manque). Lorsqu'une personne ressent l' "aval", cela éclipse toutes les bonnes choses qu'elle a dans sa vie.
Oui, nous sommes en sécurité et nous nous sentons à l'aise en France ou en Amérique, mais le "aval", le "mais", est si grand et si douloureux.
Regardez ce que nous manquons, regardez combien de Juifs souffrent. Regardez toutes les larmes, toutes les souffrances, et regardez le gouffre qui ne cesse de s'approfondir.
[le 9 Av est un jour où l'on sort la tête de la terre, qu'on réalise que tant de juifs souffrent, sont loin d'Hachem, ... et nous devons prendre le deuil pour cela, pour la grandeur et l'amour d'Hachem. ]

Si nous ne pouvons pas visualiser et pleurer sur le eikha du prophète Yirmiyahou d'il y a deux mille ans, nous pouvons pleurer sur notre destruction du Temple personnelle, sur notre "aval", sur tout ce qui nous manque, sur tout ce qui affecte le peuple juif dans ce terrible moment de perte du Temple.
La guémara nous enseigne peut-être que nous pouvons tirer une leçon de l'action de Rabban Gamliel, à savoir qu'une façon acceptable de pleurer le Beis Hamikdash est d'incorporer nos propres expériences tragiques individuelles dans le deuil du Temple.

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+ Notre destruction spirituelle :

-> Bien entendu, ce ne sont pas seulement les tragédies physiques que nous pleurons, mais aussi les tragédies spirituelles. Grâce à D., on pourrait se satisfaire en affirmant que la Torah s'épanouit comme rarement dans l'histoire juive, que les cours sont nombreux, que les yéchivot/lieux d'étude se développent, ...
Mais nous savons aussi qu'il y a un autre côté douloureux à l'histoire. Le "aval", le "mais".

La vie n'est pas censée être ainsi. La vie est censée être une longue expression de : 'holat aava ani (je suis malade d'amour pour Toi - Chir haChirim 5,8). Une personne devrait être pleine d'amour pour Hachem. Pourquoi les gens se posent-ils des questions sur la émouna? Pourquoi avons-nous toutes ces situations difficiles dans l'éducation des enfants? La liste des questions n'en finit pas de s'allonger.
La réponse à toutes ces questions tient en un mot : la destruction du Temple.
Ce qui nous manque dans la spiritualité est aussi l'expression d'un gouffre qui ne cesse de s'approfondir. Cela fait également partie de l'énorme "aval" (mais, manquement) de nos vies.
Chaque fois que nous voyons un enfant qui ne veut pas étudier, nous devrions nous écrier : "Eikhah"? Comment cela peut-il arriver ?" Ce n'est pas censé être comme ça.

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+ Un lieu de transformation :

-> Nos Sages décrivent ce qui se passait dans le Temple.
La révélation de la Chékhina y était si apparente.
La Michna (Pirké Avot 5,4) énumère 10 miracles qui ont eu lieu dans le Temple, dont certains quotidiennement. Imaginez un lieu qui défie la nature, qui représente une manifestation évidente d'Hache.

"Ki mi Tsion tétsé Torah (de Tsion sort la Torah - Yéchayahou 2,3).
Les Tossafot (Baba Batra 21a) disent que lorsque les gens arrivaient à Jérusalem et voyaient la avoda, ils en ressortaient très inspirés, transformés.
Lorsqu'ils ont vu le kvod haChékhina qui imprégnait tout le Temple, cela les transformait.
La guémara (Méguilla 14a) dit que la quantité de prophètes (néviim) que le peupel juif avait était deux fois plus importante que la quantité de personnes qui avaient quitté l'Egypte. Tel est l'effet de la vie au sein du Temple.
Le Temple était une centrale électrique, un générateur de crainte d'Hachem (yirat chamayim).
Lorsqu'une personne arrivait à Jérusalem, elle était prise d'un tel remords pour les fautes qu'elle avait pu commettre qu'elle faisait immédiatement téchouva (midrach rabba - Chémot 36).
Le Temple était une ambassade de la présence d'Hachem qui inspirait et transformait tant de personnes.

La splendeur du Temple suffit à faire fondre les cœurs les plus froids.
Le midrach (Béréchit 65,22) décrit un incident qui s'est produit avec un terrible racha, un juif nommé Yossef Méchi'ha. Lorsque les Romains conquirent le Temple, ils eurent peur d'y pénétrer. Yossef Méchi'ha se porta volontaire pour faire ce que même les Romains n'osaient pas faire. Il entra dans le Temple et en ressortit en portant la ménora.
Les Romains furent choqués par cette inconvenance. Ils lui dirent qu'il pouvait prendre n'importe quoi d'autre, mais pas la ménora. Mais il refusa d'y retourner. Ils menacèrent de le tuer, mais il resta inflexible : il ne retournerait pas dans le Temple. Ils lui infligèrent donc une mort des plus douloureuses, et il mourut al Kiddouch Hachem.
Alors qu'il mourait, il s'écria : "Malheur à moi, car j'ai irrité mon maître". Il avait fauté une fois dans le Temple, mais il ne recommencerait pas.

L'histoire est déroutante. Alors qu'il était un terrible racha, il a soudainement changé d'avis (malgré la possibilité de retourner rapidement pour y prendre des objets incroyables en or massifs, qui le mettrait à l'abri jusqu'à la fin de sa fin). Quelle est la cause de cette transformation soudaine?
Ce fut un bref moment dans le Temple, explique le rav Poniovitch. C'était tout ce qu'il fallait pour le changer. Il était entré dans cette ambassade de la sainteté et de pureté, et il était devenu une personne différente.
Pensons-y : un moment dans le Temple (même sans intention, même dans un but d'y voler un élément central comme la Ménora), cela a suffi à transformer une personne aussi racha (en quelqu'un étant prêt à mourir d'un sublime kidouch Hachem [sanctification d'Hachem], au point qu'on en parle même de nos jours! ).

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+ Un simple juif à l'époque du Temple :

-> Pouvons-nous imaginer à quoi ressemblait un juifs vivant à l'époque du Temple, la émouna qu'il avait et l'enthousiasme pour la Torah et les mitsvot avec lequel il vivait?

Le Gaon de Vilna a dit un jour : "Je peux imaginer comment était un des Richonim, mais je ne peux pas imaginer comment était un juif simple à l'époque du Temple".
Imaginons. [le Gaon de Vilna pouvait imaginer le niveau de : Nissim Gaon, le Rif, Rachi, les Tossafistes, Rabbénou Bé'hayé, Ibn Ezra, le Rambam, le Ramban, ... ] Mais celui d'un juif simple à l'époque du Temple, cela dépassait l'entendement du Gaon de Vilna.
Voilà ce que c'était le simple fait de vivre à l'époque du Temple, et de palper que : "Hachem est notre D., il n'y a rien d'autre que Lui" (ki Hachem ou Elokim, én od milévado - Vaét'hanan 4,35).
[ si nous avions le Temple, en un instant nous atteindrions un niveau beaucoup plus élevé que le Rambam, ... ]

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-> Le rav Wolbe a raconté que le rav Yé'hezkel Levinstein lui a un jour demandé combien de juifs avaient péri pendant l'Holocauste (Shoa).
Le rav Wolbe répondit : "Les gens disent 6 millions". Le rav Levinstein a répondu : "C'est ce que les gens disent, mais je dis que tout le peuple juif a péri dans l'Holocauste. Beaucoup ont survécu, mais s'agit-il du peuple juif? L'Holocauste a touché l'ensemble des juifs".

Lorsque j'ai entendu cela, j'ai commencé à réfléchir. Combien de juifs ont péri lors de la destruction du Temple?
Tous les juifs. Tout le peuple juif a été affecté par le la destruction du Temple ; nous avons tous été victimes de la perte du Temple.
Les problèmes physiques (ex: les problèmes de santé, les problèmes de parnassa) et les problèmes spirituels (ex: les problèmes d'éducation des enfants, le manque de désir d'étudier ou de prier) font tous partie de la destruction du Temple.
C'est peut-être la solution. Si nous ne pouvons pas nous endeuiller, attrister, sur la destruction du Temple qui a eu lieu il y a 2 000 ans, pleurons alors notre destruction personnelle, notre insuffisance en matière de Torah et de mitsvot (cette différence entre ce que j'ai fait et ce que j'aurai pu faire selon la volonté de D. ).
Pleurons sur le fait qu'au lieu de vivre en paix avec un lien profond/intense avec Hachem, nous vivons notre vie en nous sentant si éloignés de Lui.

[rav Zev Smith]

L’après-midi du 9 Av & le début de la guéoula

+ L'après-midi du 9 Av & le début de la guéoula :

-> La Guemara (Ta'anis 29a) rapporte que le Temple a été incendié le 9e jour d'Av, avant la tombée de la nuit, et qu'il a brûlé tout au long de la journée suivante.
La question évidente est la suivante : si le point culminant de la destruction a eu lieu plus tard dans la journée, comment se fait-il qu'après le 'hatsot du jour (le midi juif), les lois du deuil soient assouplies?
Par exemple, nous ne sommes obligés de nous asseoir sur le sol que jusqu'au 'hatsot. On pourrait penser qu'au contraire, au fur et à mesure que la journée avance, les lois de deuil devraient être plus strictes, puisque c'est à ce moment-là que la destruction ultime a eu lieu.

De plus, nos Sages nous disent que le machia'h naît le jour du 9 Av après 'hatsot. Pourquoi ce moment, celui où le Temple a été incendié, est-il le moment approprié pour la naissance de machia'h?

Le Bné Yissa'har souligne que les 9 jours [de Av où le deuil s'intensifient] comptent 216 heures, ce qui correspond à la valeur numérique du mot אריה (aryé - un lion).
Il y a une allusion à cela dans le verset : "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" (aryé cha'ag mi lo yira" - Amos 3,8). Pendant les 9 jours (d'Av), le temps du lion, qui ne craint pas le jugement d'Hachem?
Cependant, nous trouvons également : "comme un lion qui se cache" (ari bémistarim - Eikha 3,10). Le mot "ארי" (ari - lion) est écrit sans la lettre hé (ה - comme dans אריה), dont la valeur numérique est 5.
Ceci fait allusion au fait que le jugement douloureux des neuf jours est atténué dans ses 5 dernières heures.
Quelle est la signification particulière de cette période?

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-> Rabbi Tsadok haCohen rapporte qu'au moment de la destruction, les Kérouvim (chérubins dans le Saint des Saints du Temple) se sont retrouvés face à face.
Nos Sages nous disent que lorsque le peuple juif agissait correctement et suivait les voies de la Torah, les Kérouvim se faisaient face (comme s'enlaçant d'amour entre Hachem avec le peuple juif).
Cependant, lorsqu'ils n'agissaient pas selon les voies de la Torah, les Kérouvim se détournaient l'un de l'autre.
Si tel est le cas, pourquoi, au moment de la destruction du Temple, alors que nous imaginons que le peuple juif était à son niveau le plus bas d'observance de la Torah, les Kérouvim se faisaient-ils face les uns aux autres? Comment le moment de la destruction du Temple peut-il être un moment où le peuple juif faisait la volonté d'Hachem?

A l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif ne pouvait pas imaginer qu'Hachem détruirait le Temple. Même les autres nations du monde ne pouvaient le comprendre, comme l'indique le verset : "Les rois de la terre ne croyaient pas ... que l'adversaire ou l'ennemi pût franchir les portes de Jérusalem" (Eikha 4,12).
Ainsi, les juifs n'ont pas fait une véritable téchouva pour leurs fautes. [ça va on a le temps, la situation n'est pas si grave, de toute façon le Temple ne va jamais être détruit! ]

Cependant, au moment où le Temple a été incendié, le peuple juif a réalisé que l'inimaginable s'était produit. À ce moment-là, les juifs se sont enfin repentis en faisant une téchouva sincère.
Ce remords, bien que trop tardif pour sauver le Temple, a créé une proximité extraordinaire avec Hachem. C'est pourquoi, dans les moments qui ont suivi la destruction du Temple, les Kérouvim se faisaient face, signe qu'Hachem était satisfait de leur repentir.

Il existe une autre explication à la raison pour laquelle les Kérouvim se faisaient face à ce moment-là.
Nos Sages disent que les Kérouvim se faisant face étaient un signe de l'amour et de la proximité entre Hachem et le peuple juif. Comme nous le disons dans les prières de Pessa'h, Shavouot et Succot : "Tu nous as élevés au-dessus de toutes les langues" (véromam'tanou mikol aléchonot).
Le sens simple est que Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les autres nations du monde.
Une explication plus homilétique est qu'Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les expressions d'amour qui existent dans le monde. L'amour entre le peuple juif et Hachem est plus profond que ce que l'on peut décrire avec les descriptions physiques de l'amour utilisées dans ce monde.

Lorsque 2 amis proches se font leurs adieux, toutes les émotions et tous les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre remontent à la surface. Au moment où Hachem faisait ses adieux au peuple juif, si l'on peut dire, ce moment était l'apogée de l'amour d'Hachem pour le peuple juif. C'est pourquoi les Kérouvim étaient tournés l'un vers l'autre, afin de refléter l'extrême proximité de ce moment.
Cet amour puissant d'Hachem a généré une réponse réciproque de la part du peuple juif, qui a réagi en se repentant de ses fautes.
[ Il y a le principe : "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent" (Michlé 27,19). Ainsi, puisqu'avec la destruction Hachem se séparait de nous, alors Son "cœur" s'est enflammé pour Ses enfants adorés (les juifs), et ce qui vient du cœur va au cœur, faisant que le cœur des juifs a ressenti inconsciemment cet amour énorme d'Hachem, les incitant à faire téchouva (retourner vers D.) ]

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi, après 'hatsot de la journée du 9 Av, les lois du deuil sont assouplies. À un niveau superficiel, l'incendie du Temple était l'élément symbolisant même de la destruction (plus la journée du 9 Av avance plus le Temple est davantage détruit par le feu).
Néanmoins, alors que les briques et le mortier brûlaient, le peuple juig se repentit en assistant à la destruction et en ressentant l'amour d'Hachem pour l'être aimé qu'il quittait.
C'est ainsi que débuta la construction du 3e Temple. C'est donc un moment approprié pour la naissance du machia'h, et c'est la raison pour laquelle le deuil à ce moment-là est détendu.

[en plus de cela, les juifs ont réalisé d'un côté la gravité de leurs fautes, et d'un autre que Hachem est prêt à détruire Sa maison sur terre, à perdre Sa proximité avec Ses enfants, à souffrir en exil (D. souffre avec nos souffrances), ... Il a mis Sa "colère" sur des pierres plutôt que sur Ses enfants. Le feu brûlant le Temple témoignait du feu brûlant en Hachem d'amour pour chaque juif! ]

D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique le verset dit : "Le bâtisseur de Jérusalem est Hachem, les exclus d'Israël seront rassemblés" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness - Téhilim 147,2). Il explique que dès l'époque de la destruction du Temple, Hachem a commencé à reconstruire Jérusalem dans les Cieux, grâce au mérite du peuple juif, les exclus d'Israël [suite à la perte du Temple], se rassemblant en exil et pleurant sa destruction. Lorsqu'il sera achevée, elle descendra sur terre.

[d'une certaine façon, tous les jours de l'année, en particulier pendant les 3 semaines, et surtout le 9 Av, Hachem pleure la perte du Temple et ses conséquences, et chaque juif ressent en lui cet amour d'Hachem, ce qui éveille une envie de notre part de partager avec Hachem ce douloureux constat (d'où le deuil), cela nous pousse aussi à faire téchouva et à agir de notre mieux pour provoquer au plus vite sa reconstruction sur terre. ]

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+ Le Temple en nous :

-> Hachem n'est pas seulement le bâtisseur de Jérusalem au niveau collectif, mais également au niveau individuel. Lorsqu'un individu pleure la destruction du Temple, Hachem lui donne une énorme aide Divine pour construire son propre Jérusalem, un endroit où Hachem réside, à l'intérieur de son cœur.
Nos Sages disent qu'il y a une allusion à cela dans le verset : "Et ils construiront pour Moi un lieu saint (sanctuaire - véassou li Mikdach), et Je résiderai au milieu d'eux" (Térouma 25,8).
Le verset ne dit pas "et j'y résiderai", "il" faisant référence au Mikdach (Sanctuaire). Il dit plutôt "et je résiderai au milieu d'eux" (béto'ham), c'est-à-dire dans le cœur de chaque juif.
Un moment très propice où Hachem nous accorde cette bénédiction spéciale de résider "au milieu de nous" (vécha'hanti béto'ham) a lieu à la fin de la journée du 9 Av.

La fin de cette journée du 9 Av est le point culminant de la période de 3 semaines, au cours de laquelle nous prions un total de 70 prières de Amida/moussaf (trois par jour pendant 22 jours, plus moussaf 3 fois le Shabbath et une fois le Roch 'Hodech). Ces prières représentent les 70 nations du monde.
Avec nos prières et notre avoda (service Divin), pendant cette période, nous pouvons transformer l'énergie spirituelle des 70 nations en une lumière spéciale pour le peuple juif.

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+ Talit et Téfillin pendant la Min'ha du 9 Av :

-> Le Rambam (Hilkhot Taanis) écrit que l'objectif principal d'un jour de jeûne n'est pas le sac de cendre et le jeûne, mais plutôt le repentir. En ce moment opportun, nous devrions renouveler notre dévotion à l'étude de la Torah et au guémilout 'hassadim. Comme le dit le midrach, que peut faire une personne pour être sauvée des affres de la naissance de machia'h? Il doit s'occuper à l'étude de la Torah et à la guémilout 'hassadim.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons comprendre la coutume de faire la prière de Min'ha le jour du 9 Av en portant le talit et les téfilin, ce qui ne se fait pas les autres jours de l'année.
Nos Sages mentionnent que les téfilin sont liés à Moche Rabbénou et que les tsitsit sont liés à Aharon haCohen. Lorsque la Torah aborde la mitsva des téfilin, elle déclare : "afin que la Torah d'Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9), faisant référence à la Torah de Moché Rabbénou.
L'étude de la Torah entraînera la guéoula, comme l'explique le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayé'hi 49,11) : "L'exil est allongé par la faute du bitoul Torah (perdre du temps qu'on aurait pu consacrer à étudier la Torah), et la guéoula viendra dans le mérite de Moché, qui est la force de l'étude de la Torah".
Ceci est symbolisé par les téfilin que nous portons à min'ha du 9 Av, qui est le moment où la guéoula a commencé (avec la notion de naissance du machia'h et de la construction au Ciel du 3e Temple).

Les Tsitsit, qui sont portés sur un vêtement qui entoure une personne, rappellent Aharon haCohen, au mérite duquel nous avons eu les Nuées de Gloire (Anané HaKavod) qui ont entouré le peuple juif dans le désert. Les Nuées de Gloire étaient l'acte ultime de bonté, puisqu'elles protégeaient le peuple de tout danger. Le port de notre talit, qui nous entoure de tsitsit, nous rappelle cela.

En cette période propice, alors que nous revêtons nos talit et nos téfilin pour prier la dernière prière de bein hamétsarim, nous devons saisir cette occasion pour nous renforcer et nous engager à nous améliorer dans ces 2 domaines : étudier la Torah et faire du 'hessed (actes de bonté).

[rav Tsvi Meïr Zilberberg]

Sans le Temple = on est comme un corps sans vie

+ Sans le Temple = on est comme un corps sans vie :

-> Une coutume vieille de plusieurs siècles, rapporté par nos Sages (Massé'het Sofrim - perek 18), veut que le jour du 9 Av, un séfer Torah soit posé sur le sol, enveloppé de noir.
La Torah représente la Chékhina, la Présence d'Hachem, et lorsqu'elle est posée sur le sol, on dit : "nafla atérét rochénou" (la couronne de notre tête est tombée - Eikha 5,16).
On prononce alors un éloge funèbre, comme s'il s'agissait d'un cadavre.
L'avoda (service) du 9 Av est de développer le sentiment que la perte du Temple n'appartient pas seulement au passé, mais qu'il s'agit plutôt d'une tragédie actuelle.
Le jour du 9 Av, une personne doit se sentir comme si elle était assise en présence d'une personne décédée. Ce sentiment doit durer depuis le début du 9 Av jusqu'au moment de Min'ha, lorsque nous disons Na'heim.
[chaque année où le Temple est détruit, c'est comme si sa destruction avait eu lieu en cette année. Nous ne devons pas aborder le Temple comme des pierres en ruine depuis très longtemps, mais comme si on venait d'avoir un véritable mort qui nous est proche qui vient de se passer, avec toute la tristesse que cela implique pour nous. ]

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-> Le roi Shlomo écrit : "Le coeur des sages (lev 'hakhamim) se porte vers une maison de deuil (béit ével), le coeur des fous (lev kessilim) vers une maison de joie/plaisir" (béit sim'ha)" (Kohélet 7,4).
Le Targoum explique : "beit ével" fait référence à la destruction du Temple.
Le cœur des personnes sages se concentre sur la destruction du Temple et pleure l'exil du peuple juif.
Le cœur des fous sont heureux de se réjouir, et ils ne prennent pas à cœur la douleur et le supplice du peuple juif.

Le roi Shlomo nous dit qu'il faut un "lev 'hakham" (un cœur sage), pour être capable de ressentir le deuil du Temple et la douleur de l'exil du peuple juif.
=> Quelle est cette sagesse nécessaire pour comprendre pourquoi nous portons le deuil de la destruction du Temple?

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+ Un corps en décomposition :

-> Le Gaon de Vilna brosse un tableau effrayant de ce à quoi ressemble le peuple juif sans le Temple.
Il écrit : le Temple était l'âme du peuple juif. Lorsque le Temple a été détruit, notre (partie d'âme) roua'h nous a quittés. Nous sommes devenus comme un corps sans âme, comme un cadavre, un corps sans vie.
Comme nous le disons dans les bénédictions qui suivent la haftorah : "ki hi beit 'hayénou" (car c'est la maison de notre vie).
Pour le peuple juif, le Temple était la maison de la vie. L'exil du peuple juif (suite à la destruction du Temple) en dehors de la terre d'Israël est comparable à l'enterrement d'un cadavre.
Le peuple juif parmi les non-juifs voit son corps consumé, comme un cadavre consumé par les vers.

Immédiatement après la destruction du Temple, le peuple juif disposait encore des grandes yéchivot de Bavel, Soura et Poumbédissa.
Lorsque le corps du peuple juif s'est désintégré, les yéchivot ont été détruites. Puis, comme nous avons perdu les grands talmidé 'hakhamim de la génération précédente, même les os du peuple juif ont été perdus.

L'un des disciples du Rachba, dans son séfer sur Eikha, pose la question suivante : "Quel est le sens de l'affliction? Quelle est la signification des souffrances que nous subissons le jour du 9 Av, comme ne pas manger, ne pas boire et ne pas se laver?
Quel est le lien entre l'interdiction de porter des chaussures et d'avoir des relations conjugales et la destruction du Temple?
Il répond en expliquant la définition de la mort. La mort signifie la séparation de l'âme et du corps.
L'obligation de pleurer le Temple consiste à ressentir une douleur similaire à celle que l'on ressent lorsque l'âme quitte le corps.
Une personne dont le corps est dépourvu d'âme n'éprouve aucun plaisir. Lorsque nous nous abstenons de ces plaisirs, cela nous rappelle et nous donne une idée de ce qu'est réellement la destruction du Temple.

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+ L'âme et le cœur :

-> La Chékhina dans le Temple est comparable à l'âme dans le corps. Tout comme l'âme donne à une personne la capacité de parler, la présence de la Chékhina dans le Temple a révélé au peuple juif les désirs d'Hachem, comme il est dit :"et les paroles d'Hachem [sortent] de Jérusalem" (oudévar Hachem miYérouchalaim - Yéchayahou 2,3).
En outre, l'âme donne à une personne la capacité de sentir ; de même, la Chékhina dans le Temple a permis aux sacrifices d'avoir "un arôme satisfaisant pour Hachem" (réa'h ni'hoakh l'Hachem - Vayikra 1,9), c'est-à-dire d'être acceptées.
Lorsque la Chékhina était dans le Mikdach (le Saint), il est dit : "Et Tu écouteras du Ciel" (véata tichma min achamayim - Divré haYamim 6,25). Ceci est comparable à l'âme qui donne à une personne la capacité d'entendre.
Tout comme un corps perd ses capacités lorsque son âme s'en va à la mort, lorsque la Chékhina nous a quittés à l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif a perdu ces connexions célestes.

Il est écrit : "c'est si amer, car cela atteint jusqu'à ton coeur" (Yirmiyahou 4,18).
Le midrach dit que
"ton coeur" (libé'h) est le Temple, qui est le coeur du peuple juif, comme le dit le verset : "mes yeux et mon coeur seront là tous les jours" (Méla'him I 9,3).
Le cœur d'une personne est la source de sa vie ; de même, le Temple est comparé au cœur du peuple juif.

Le Temple n'est pas seulement comparé au cœur, il est également assimilé au cou.
Le verset : "Comme Migdal David (le Temple) est votre cou" (Chir haChirim 4,4). Le midrach dit que le Temple est comparé à un cou, parce que lorsque le peuple juif avait le Temple, il était plus haut que les autres nations, comme un cou tendu élève la tête vers le haut.
La Torah (Vayigach 45,14) raconte que Binyamin et Yossef tombèrent l'un sur le cou de l'autre et pleurèrent. Le midrach explique qu'ils ont pleuré la destruction du 1er et du 2e Temple, le cou du peuple juif.
Le lieu de la ché'hita (l'abattage rituel casher) se trouve sur le cou de l'animal, car le cou est le lieu de la vie. De même, lorsque le Temple a été détruit, le peuple d'Israël a perdu la vie.
[par rapport à tout ce que nous apportait spirituellement et matériellement le Temple, nous sommes comme morts en comparaison. ]

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+ La punition pour l'absence de deuil :

-> Une guémara dans Guittin raconte qu'il y avait une ville avec de grands Tsadikim qui étaient capables de résister à de fortes tentations. Cependant, la ville fut détruite. La guémara se demande pourquoi Hachem les a punis s'il y avait là des gens si justes (tsadik).
La guémara répond : parce qu'ils n'ont pas pleuré pour Jérusalem.

Le rav Yaakov Emden (le Yaabets) explique cette guémara dans son siddour. Il écrit ce qui suit : "Si le peuple juif devait rectifier toutes ses fautes, mais qu'il lui en restait une, celle de ne pas avoir pleuré Jérusalem de manière appropriée, ce serait une raison suffisante pour qu'ils reste en exil. À mes yeux, c'est la raison la plus claire, la plus révélée et la plus forte pour toutes les persécutions extrêmement terribles qui ont eu lieu tout au long de l'exil dans tous les endroits où nous avons été dispersés.
L'étendue de nos problèmes est effrayante. Nous avons été constamment persécutés par les non-juifs, malgré notre petitesse et notre misère".
Il s'agit là d'un langage très puissant.

Le peuple juif connaît des difficultés, des persécutions et des décrets difficiles. Pourquoi cela?
Le rav Yaakov Emden poursuit : "Parce que le cœur du peuple juif est dépourvu du sentiment de vide (que nous laisse la perte du Temple). Le deuil a quitté nos cœurs parce que nous sommes heureux et satisfaits. Nous avons oublié Jérusalem et sa perte ne touche pas nos cœurs ; par conséquent, nous avons été oubliés, comme une personne décédée est oubliée après quelques générations.
Quiconque cherche la vérité admettra que c'est exact. Cela est particulièrement évident en ce jour amer du 9 Av. Qui pleure et qui gémit au plus profond de son cœur à propos de la destruction du Temple Combien de larmes sont versées à ce sujet?
Il va sans dire que les autres jours, nous ne nous souvenons pas non plus du Temple".
Le rav Yaakov Emden conclut en expliquant que c'est la raison pour laquelle la ville des tsadikim a été détruite, car un endroit qui ne pleure pas la destruction du Temple mérite d'être détruit lui-même.

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[le 9 Av ont pleure sur l'ensemble des malheurs que le peuple juif a pu connaître, car tous prennent racine dans la perte du Temple. Nous devons avoir en tête que plus nous pleurerons sincèrement cette année, le moins nous aurons à pleurer sur de nouveaux malheurs (collectif et individuel) aux 9 Av à venir.
Par ailleurs, le 9 Av nous remet en phase avec la Vérité. Souvent nous avons tout ce qu'il faut pour être heureux dans notre vie, mais on se focalise sur une chose qui pourrait nous manquer, et nous nous attristons, plutôt que d'apprécier ce que l'on a et remercier Hachem pour cela.
Ainsi, le 9 Av nous apprend qu'il y a un moment limité pour pleurer (le restant on doit être joyeux et confiant en Hachem) et qu'on doit plutôt s'attrister sur de vraies choses : savoir que Hachem n'a pas de maison (Temple), que Sa grandeur est actuellement profanée, les pertes dues à l'absence du Temple, ... ]

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+ Le but de l'humanité :

-> Lorsque rav Yonathan Eibshitz explique les bénédictions de la Amida, nous avons un aperçu de ce que Jérusalem et le Temple signifiaient pour les grands juifs. Dans son livre Yaarot Dvach, il donne une longue explication de tous les bénédiction de la Amida, mais en ce qui concerne "véli Yérouchalayim Ir'ha" et "Et Tséma'h", il dit :
"Il n'y a pas besoin d'une longue explication, parce que l'on doit crier sans cesse pour la reconstruction de Jérusalem et le retour de la royauté de la maison du roi David. Le but de l'humanité est de construire Jérusalem et le royauté de la Maison de David (beit David), et si nous ne les avons pas, alors pourquoi devrions-nous vivre?
Jérusalem est le siège d'Hachem. Les anges d'en-Haut récitent sans arrêt des lamentations pleines de larmes sur la destruction de Jérusalem, tous les jours et toutes les nuits. Si les anges pleurent Jérusalem, comment ne pas pleurer la profanation du Nom d'Hachem par la destruction de Jérusalem et de la Royauté de David (malkhout beit David)?

Chaque personne doit se dire : "Maître du monde, je donne mon âme pour l'amour de Ton Saint Nom, et si je ne suis pas digne de voir Tsion construit et la Malkhout Beit David restaurée, je mourrai afin de sanctifier Ton Nom, et je ne la verrai pas.
S'il te plaît, construis Jérusalem et restaure la royauté de la maison du roi David , afin que Ton Nom soit sanctifié. Aie pitié de Tes enfants bien-aimés qui souffrent énormément en exil et qui sanctifient Ton nom en public".
Puisque nos fautes ont causé la destruction de notre magnifique Temple et de la Malkhuout Beit David, tout le monde sait à quel point nous manquons de bonté à cause de cela et comment nous sommes passés de la vie à la mort, et cela sera inversé lorsque Hachem réalisera le retour à Sion."
[Ici termine les paroles du rav Eibshitz. ]
Il n'est donc pas nécessaire d'expliquer longuement ces bénédictions.
Tout le monde sait ce qu'ils signifient et ce que nous sommes censés ressentir en les prononçant.

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Si notre situation est si difficile, c'est parce que nous sommes si loin d'Hachem.
La source de subsistance et de salut du peuple juif est le Temple et lorsque nous ne l'avons pas, "la malédiction de chaque jour est plus sévère que celle du jour précédent" (guémara Sotah 49a).
Plus nous nous coupons de notre source de vie, plus notre situation est grave. La vie nous manque et c'est pourquoi, chaque année, c'est comme si un cadavre se trouvait devant nous.
[comme nous l'avons vu, chaque année sans le Temple c'est comme s'il était détruit actuellement devant nos yeux, mais en plus de cela chaque année qui passe c'est 365 jours de malheur plus sévère les uns des autres que nous subissons. ]
Cela nous oblige à nous lamenter et à faire l'éloge de ce corps en disant : "nafla atérét rochénou" (la couronne sur notre tête est tombée).

[d'après un dvar Torah du rav Asher David May ]

Une Torah de bonté et de vérité

+ Une Torah de bonté et de vérité :

"Une Torah de feu" (éch dat - Vézot haBéra'ha 33,2)

-> Rachi explique que les mots de la Torah sont un feu noir sur un fond de feu blanc.

-> Le Maharal (Gour Aryé) explique :
Le feu noir et blanc de la Torah correspondent à ses 2 caractéristiques principales : le 'hessed (bonté) et le émet (vérité). La Torah est vérité, mais elle est aussi bonté, comme l'a dit le roi Shlomo : "Torah de 'hessed sur sa langue" (Michlé 31,26).
La couleur blanche symbolise le 'hessed et la bonté. Le guémara (Sota 14a) affirme que la Torah commence par le 'hessed : "Hachem fit pour Adam et sa femme des vêtements de cuir, et Il les habilla" (Béréchit 3,21.) De même, la Torah se termine par du 'hessed : "Il enterra [Moché] dans une vallée" (Dévarim 4,6).
Ce n'est pas un hasard si la Torah commence et se termine par du 'hessed (acte de bonté). L'essence de la Torah est la bonté, car la Torah nous amène dans le monde à Venir, qui est pure bonté. Même lorsque la Torah préconise de punir un fauteur, c'est pour le plus grand bien de bannir le mal du monde.

Mais la Torah n'est pas seulement bonne. Elle est aussi émet, la vérité pure. La vérité de la Torah est indiquée par un feu noir.
La couleur noire symbolise la vérité, car c'est une couleur franche qui se détache sur le fond blanc de la Torah. La vérité de la Torah est claire et apparente pour tous, même pour les non-juifs, comme il est dit : "C'est votre sagesse et votre intelligence aux yeux des gens qui entendront toutes ces lois, et ils diront : "cette grande nation est un peuple sage et intelligent" (Dévarim 4,6).
Il est vrai que certaines mitsvot, telles que les 'houkim, ne sont pas facilement compréhensibles. Néanmoins, la Torah est le dépositaire d'une sagesse si incomparable que toute personne exposée à sa lumière sera forcée de reconnaître ses vérités inhérentes, même si certaines de ses parties ne sont pas aussi faciles à comprendre.

Un jugement décrété par Hachem à l'encontre des nations (non-juives) est ferme et ne sera pas annulé, car elles n'ont personne qui puisse annuler le décret.
En revanche, lorsqu'un jugement est prononcé à l'encontre du peuple juif, il ne bénéficie d'aucun "soutien", car les justes (tsadikim) parmi eux peuvent l'annuler.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Balak 23,18 ]

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=> Alors que les décrets divins contre les nations non juives sont définitifs, les justes peuvent annuler les décrets divins contre le peuple juif.

-> Hachem dit : "Qui Me gouverne? Les tsadikim ; J'émets un décret [sévère] et le tsadik l'annule".
[guémara Moed Katan 16b ]

Ainsi, un tsadik a la capacité de contraindre Hachem à faire sa volonté, pour ainsi dire.
[cela témoigne d'à quel point Hachem nous aime et a confiance en nous! ]

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-> "Tu prendras une décision, et elle sera accomplie pour toi" (Iyov 22,28) = "Tu décides d'en bas, et Hachem accomplit ta parole d'en-Haut" [guémara Taanit 23a]

Les justes (tsadikim) font en sorte que Hachem se revête, pour ainsi dire, dans le tsadik, et ainsi, comme le tsadik le veut, il en sera ainsi.
Telle est la signification profonde du verset : "Une prière de Moché, un homme de D." (Téhilim 90,1).
Grâce à la prière de Moché, pour ainsi dire, D. s'est trouvé "dans l'homme", c'est-à-dire dans Moché, pour accomplir Sa volonté.
Comme il est dit :"Il avait l'intention de les détruire (le peuple juif), et Il l'aurait fait si Moché, Son élu, ne s'était tenu devant Lui sur la brèche pour apaiser Sa colère et l'empêcher de détruire (Téhilim 90,1 ; midrach Chémot rabba 41,7).
Telle est donc l'idée sous-jacente de l'expression "un homme de D." = la Divinité s'est revêtue dans l'homme.

Mais cela ne se produit que lorsque les tsadikim prient pour qu'on accorde de la bonté aux juifs.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Balak 23,19 ]

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-> Lorsque Hachem accorde des bénédictions, elles ne peuvent être retirées.
Alors que les malédictions divines, Hachem peut se rétracter, puisque le tsadik peut annuler un décret nuisible, faisant une permutation de lettres de : "calamité/souffrance" (tsara - צרה) en "souhaitable" (rétsé - רצה).
Mais tout ce qui sort de la bouche de Dieu pour le bien ne peut être retiré, comme on le sait (guémara Béra'hot 7a).
[...]

Lorsque Hachem émet un décret [difficile], un tsadik peut l'annuler (guémara Moed Katan 16a).
Quelle est la signification du verset : "que Ton trône soit établi avec bonté, que Tu t'y assoies en toute vérité" (véyikon bé'hessed kissé'ha vétéchev alav bé'émet - dans la prière de ouNétané Tokef, dans cha'harit et moussaf de Roch Hachana et Yom Kippour)?

Lorsque Hachem établit Son trône avec bonté, et suscite Sa miséricorde et Sa bonté pour le peuple juif, on peut vraiment dire que D. est assis sur Son trône de bonté, car le tsadik ne peut pas, dans ce cas, annuler Son décret.
Cependant, lorsque D. émet un décret difficile, un tsadik peut annuler le décret difficile, et D. doit se lever de son trône de jugement et s'asseoir sur le trône de la compassion.
Ainsi, dans ce scénario, Hachem n'était pas assis de manière catégorique sur le trône du jugement.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Balak 23,20 ]

=> Pour les juifs, les bénédictions sont irréversibles, à l'inverse des malédictions.

Le mois d’Elloul

+ Le mois d'Elloul :

-> Les jours d'Elloul sont appelés "yémé ratson", jours de faveur Divine.
Le Bné Yissa'har ('Hodech Ellul - maamar 1,9) écrit que pendant cette période, les portes du Ciel
sont grandes ouvertes pour accepter tous nos prières.
Une personne peut alors accomplir par ses prières, en peu de temps, ce qui impliquerait généralement un plus grand effort et prendrait beaucoup plus de temps pendant le reste de l'année.

-> Le Shaar haMélé'h (chaar 1, perek 5) écrit que la guémara (Béra'hot 60a) dit que pendant les 40 premiers jours après la conception, nous pouvons prier pour le sexe du bébé. Il est possible que le bébé soit censé être un garçon et que, grâce à nos prières, il devienne une fille, ou vice versa.
De même, les 40 jours entre Roch 'Hodech Elloul et Yom Kippour marquent le début de la nouvelle année. C'est à ce moment-là que tout se décide. Si, à D. ne plaise, quelque chose de négatif a été décrété, cela peut être changé par la prière.

-> De nombreux tsadikim et guédolim, tels que le rav Its'hak Chaver (Chaar bat Rabim 4,63), nous ont exhortés à "ne pas perdre une seconde de ces jours d'Elloul, car ils peuvent nous élever aux plus hauts niveaux de proximité avec notre Créateur".

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-> Le Alter de Kelm écrit : "Certaines périodes de l'année sont propices à la croissance spirituelle, et le mois d'Elloul en fait partie.
C'est pourquoi, pendant ces jours, nous devrions utiliser cette occasion en or pour renforcer les fondamentaux, ce qui nous apportera le succès dans d'autres domaines de la religion.
Quels sont ces fondements à renforcer?
Intérioriser le fait que tout ce qui arrive dans la vie ne vient que d'Hachem (akol bidé chamayim)."

Le Alter de Kelm écrit plus loin : "Nous devons renforcer la croyance fondamentale que tout ce qu'Hachem fait est le meilleur pour nous, même si cela ne semble pas être le cas."

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=> Dans toutes les situations de la vie, la clé est d'être conscient des opportunités qui nous sont offertes et d'en tirer parti. Le mois d'Elloul est propice à la spiritualité. Tout ce que nous faisons compte davantage. Nos prières sont plus facilement acceptées.
Ce qui peut nécessiter des dizaines de prières pendant le reste de l'année peut être accompli aujourd'hui avec beaucoup moins. Notre étude de la Torah a plus de valeur, nos mitsvot ont plus de valeur.

Hachem veut que nous soyons proches de Lui. Nous devons utiliser l'opportunité qui nous est offerte pendant le glorieux mois d'Eloul et profiter de Sa miséricorde inépuisable.
[...]

Parfois, nous entendons des gens dire : "Je sais que c'est une période si importante de l'année, mais je ne le sens pas! Je n'ai pas envie d'en faire plus. Je ne sens aucune différence dans mes prières. En fait, je me sens moins haut spirituellement parlant".

Nous devons réaliser que ce n'est pas le moment où Hachem nous donne nécessairement des dons spirituels gratuits. Il est tout à fait normal de ne pas ressentir un surplus de spiritualité. Il est même possible d'en ressentir moins. Ce n'est pas ce qui importe. Ce qu'il est important de savoir, c'est que tout ce que nous faisons maintenant a beaucoup plus de valeur. Hachem est si proche de nous. Si nous ressentons de la résistance, cela signifie simplement que l'opportunité est plus grande.
[rav David Ashear]

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-> Le Shabbat précédant un nouveau mois, nous annonçons généralement Roch 'Hodech à la synagogue et prions pour que le mois soit rempli de bénédictions. Pourtant, lors de la paracha Nitsavim, qui est lue le dernier Shabbat de l'année juive et qui est également un Shabbat avant Roch 'Hodech, nous n'annonçons pas le nouveau mois (voir Magen Avraham - Ora'h 'Haïm 417:1).

Le Baal Shem Tov (séfer Kéter Chem Tov) en explique la raison : Ce Shabbath, Hachem Lui-même annonce et bénit le nouveau mois pour nous à travers les mots de la Torah, et c'est cette bénédiction qui nous donne la capacité de bénir les 11 autres mois également.
Où Hachem annonce-t-il et bénit-il Roch 'Hodech (Elloul)?

Le verset : "atém nitsavim ayom" (Nitsavim 29,9) = vous vous tenez aujourd'hui, vous tous, devant Hachem, votre D.
Le mot "ayom" (aujourd'hui) fait référence à Roch Hachana, qui est également Roch 'Hodech Tichri, comme l'indique le Targoum (dans Iyov 1,6).
Hachem dit : "atèm nitsavim" = vous serez en mesure de résister au jugement de Roch Hachana. C'est la plus grande bénédiction.
[rav David Ashear]

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-> L'un des aspects de la avoda du mois d'Elloul consiste à se rappeler qu'Hachem nous aime tellement qu'Il acceptera même la plus petite parcelle de téchouva de notre part.
Nous ne devrions pas nous retenir du repentir parce que nous ne pouvons pas devenir complétement parfaits (le tout ou rien), car Hachem nous dit : "Ouvre-Moi une ouverture de téchouva grande comme le chas d'une aiguille, et Moi [alors] Je te ferai une ouverture telle que des charrues et des bœufs pourront rentrer à l'intérieur" (Midrash Shir HaShirim 5,3-6).

Le midrach s'interroge : Des carrosses remplies de quoi?
Et de répondre : "Pleins d'aide et d'assistance divine et de bénédictions spirituelles sans fin!"

Le Rabbi de Kotsk nous explique au sujet du fait que l’on attend de nous qu’un petit trou de la taille d’une aiguille : "Mais, ce doit être un début approfondi. Il peut être infime en proportion, mais doit pénétrer totalement la personnalité.".
[A l’image de l’aiguille qui fait, certes un tout petit trou en taille, mais qui est très pénétrant en profondeur.]

-> De son côté le rav Yaakov Feitman remarque qu'en Elloul l'essentiel n'est pas de pleurer de douleur sur nos fautes passées, mais plutôt de verser des larmes de joie d'avoir le privilège de servir Hachem.
Même si nous n'étions pas parfaits auparavant, le mois d'Elloul lui-même à la force de nous remettre sur le bon chemin (non seulement à faire de nous de nouvelle créature suite à notre téchouva, mais également plus nous exprimons des ambitions/désirs spirituelles, plus nous pouvons recevoir de ressources et bénédictions pour y parvenir).

-> Le rav 'Hatzkel Lévenstein dit à ses disciples qu'il vivait constamment avec et par la conscience qu'Hachem l'aidait à s'élever au niveau supérieur, et qu'Hachem souriait à ses efforts et le soutenait à chaque étape pour devenir le juif idéal.
[Elloul est un moment où l'on doit mettre des sentiments dans notre avodat Hachem, dans notre relation avec Lui (un Père aimant, qui veut notre bien, qui apprécie le moindre effort que l'on fait pour Sa volonté, ...). ]

-> Le Baal HaTanya enseigne qu'il fut un temps où il était facile de passer de la tristesse à la joie. Mais à son époque, il a compris que ce n'était plus le cas, et il a donc insisté sur l'essentialité d'être dans la joie.
Bien qu'il soit toujours nécessaire d'assigner une période de temps pour s'attrister sur nos fautes, cela devrait également être abordé avec la joie de savoir que nos fautes peuvent être éradiqués et qu'Hachem est désireux d'accepter notre téchouva.
[le mois d'Elloul est une période d'intense téchouva, ce qui implique de sortir les poubelles de ce qui ne sent pas bon en nous. Le risque est d'en sortir déprimé (je suis nul, je ne vaux rien), nous empêchant alors d'avoir de l'eambition spirituelle. D'où l'importance d'avoir un temps très limité pour s'attrister sur nos fautes, pour pleurer sur quelque une demande à Hachem, et ensuite d'être dans la joie, confiant et heureux d'avoir un papa Hachem si énorme, si miséricordieux, si aimant envers nous.
Par notre joie, nous témoignons de notre confiance dans le pouvoir de la téchouva (et non notre inconscience)]

-> Le Bné Yissa'har (maamaré 'Hodech Elloul 1,2) enseigne que pendant le mois d'Elloul, notre téchouva doit se faire dans la joie.
Quelle bonne nouvelle de savoir que quelque soit les bêtises qu'on a pu faire auparavant, le pardon nous attend, Hachem est là les bras grand ouvert (les fautes créant une distanciation/séparation avec Hachem, que le repentir répare).

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-> Le rav Israël Salanter passait tout le mois d'Eloul dans un état de grande crainte.
Quelqu'un lui a même demandé directement : "Rabbi, de quoi avez-vous si peur? Pensez-vous que le mois d'Eloul est un ours?"
Il lui répondit : "Elloul est bien plus effrayant qu'un ours. Le roi David a dit à Shaoul : "Ton serviteur a tué même le lion et l'ours' (I Shmouel 17,36), mais il a néanmoins témoigné à son propre sujet : 'Ma chair a tremblé de peur de Toi et j'ai craint Tes jugements'" (Téhilim 119:120).

-> Le rav Itzélé de Peterbourg ('Hokhmat haMatspoun) avait l'habitude de dire, il y a plus d'un siècle, que pour nous, les préparatifs de Roch Hachana devraient en fait commencer à Roch 'Hodesh Shevat.
Il semblait vouloir dire par là que si, dans le passé, un mois de préparation suffisait, il nous fallait aujourd'hui une demi-année pour nous préparer au jugement. En effet, dans les yéchiva de Novardok, la coutume était qu'à partir de l'été, ils annonçaient : "Cinq mois avant Elloul ... trois mois avant Elloul".
Ainsi, même si nous n'avons pas leur niveau d'exigence, on doit passer notre Elloul en sachant et réalisant les moments précieux qui nous attendent.

-> Le rav Its'hak Ausband souligne que pendant le mois d'Elloul, nous récitons le téhilim : "léDavid Hachem ori" (Téhilim 27), qui nous rappelle à plusieurs reprises que nous n'avons rien à craindre (puisqu'Hachem est là!). Le but est de nous libérer de toutes les autres crainte du monde afin de pouvoir nous concentrer sur la crainte du Ciel, dont nous avons si profondément besoin pendant ces jours cruciaux.
Elloul est donc un répit de nos préoccupations et de nos soucis matériels, afin que nous puissions satisfaire des besoins éternels sans avoir à nous préoccuper de simples inquiétudes matérialistes.

-> Le mois d'Elloul comporte deux éléments distincts. Nous devons faire téchouva et profiter de chaque instant. Mais nous sommes presque dans le palais du Roi, dans lequel nous entrerons à Roch Hachana (rav Nathan Wachtfogel - Léket Rechimot - Roch Hachana).
=> Elloul est une synthèse de 2 approches : la crainte et l'amour d'Hachem, qui nous aide à redécouvrir notre lien avec Hachem.

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-> L'Alter de Kelm (Kitvé Yamim Noraïm) enseigne que la principale avoda du mois d'Elloul consiste à sortir de l'état d'esprit décrit par le prophète (Yéchayahou 29,13-14) : "Ce peuple ... m'a honoré de sa bouche et de ses lèvres, mais il a éloigné son cœur de Moi".
Il explique qu'il s'agit là du danger de la routine, qui consiste à s'habituer à une situation sans se rendre compte qu'elle peut ou doit changer (durant l'année on suit machinalement son train-train quotidien).
Comme les choses peuvent changer radicalement en un instant, nous devons anticiper l'arrivée imminente d'une nouvelle année et nous revitaliser spirituellement pour repartir de l'avant.

[notre yétser ara ne veut pas qu'on prenne le temps de se poser sur notre vie, de tout remettre à plan, ... pour nous éviter de faire téchouva, d'avoir davantage conscience de ce qui est essentiel (ne pas se perdre dans le futile), reprendre de meilleures habitudes et objectifs de vie, ...
On ne peut pas changer du tout au tout, mais on peut demander pardon et de l'aide à Hachem, et faire de notre mieux pas à pas. ]