"Elle se dépouillera de son vêtement de captive, elle demeurera dans ta maison, et pleurera son père et sa mère un mois entier" (Ki Tétsé 21,13)
-> "Un mois entier : c'est le mois d'Elloul"
[Zohar 'Hadach]
-> Le Ohr ha'Haïm explique que durant un mois, nous devons faire téchouva jusqu'à pleurer nos fautes envers notre père : il s'agit de Hachem (ben adam lamakom) ; et envers notre mère : il s'agit de tout autre juif (ben adam la'havéro).
[Pendant toute l'année, nous sommes sommes captifs par les problèmes de ce monde ; et pendant un mois, nous devons nous en défaire, pour pouvoir faire un bilan, prendre du recul, ouvrir notre cœur à Hachem, ...]
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-> Le Séfer Likoutim du Arizal ajoute que durant ce temps (v.21,12)
- la femme captive doit "raser sa tête" = se débarrasser de ses pensées négatives ;
- "se laissera pousser les ongles" = se débarrasser de tout objet volé ;
- "se dépouillera de son vêtement" = enlever le vêtement que ses fautes ont fabriqué.
[nous devons en faire de même : nous débarrasser de tout mauvais état d'esprit (manque de joie par exemple), de tout vol (par exemple : nous nous approprions des honneurs, notre richesse, notre sagesse, ... alors que cela appartient à D.), et plus globalement chaque faute va créer une séparation plus épaisse entre nous et Hachem, dont il faut se débarrasser par notre téchouva.]
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- "Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (v.10) = à cette période de l'année, pendant le mois d'Elloul, nous commençons à mener la guerre ultime contre notre yétser ara afin de nous assurer une bonne année.
- "tu verras parmi les captifs, une femme belle d'aspect" (v.11) = chaque âme juive conserve une beauté qui illumine ses alentours pendant qu'elle est en captivité d'un long exil.
- tu la désireras" (v.10) = son désir intérieur de se repentir et de restaurer l'éclat sublime de son âme.
=> Que devons-nous faire?
- "elle se rasera la tête et se laissera pousser les ongles" (v.12) = on doit retirer les ornements extérieurs de la faute (qui nous apparaît sur le moment sublime/attrayante) et se distancier de tout plaisir matériel (non nécessaire).
- "elle demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois complet" (v.13) = les 30 jours du mois d'Elloul doivent être utilisés pour pleurer des larmes de téchouva pour avoir outrager notre relation avec papa Hachem, et avec notre mère la communauté d'Israël.
Mais si cela ne marche pas, alors : "s'il se trouve que tu ne la désire pas, tu la renverras mais tu ne la vendras pas pour de l'argent" (v.14) = si on ne se repent pas et que l'on reste dans la faute, alors il faut penser à notre mort où notre belle âme nous quittera pour rien (sans que nous ayons aucun bien pour notre vie éternelle).
[le Avodat Israël - rav Israël Hopstein]
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-> "Elle se rasera la tête et se laissera pousser les ongles"
Pourquoi précisément ces deux actions là?
Nos Maîtres enseignent que Hachem a créé le corps humain de façon parfaite, hormis deux éléments qui nécessitent un entretien permanent : les cheveux et les ongles. Ils poussent et prennent de la longueur, et l'homme doit régulièrement se couper les cheveux et les ongles.
Et pourquoi Hachem en a-t-Il décidé ainsi?
C'est pour rappeler à l'homme le jour de la mort. Le Zohar (Bamidbar 126a) dit : "L'homme traverse ce monde et pense qu'il lui appartient pour toujours, et qu'il y restera éternellement".
Hachem dit : "Regarde comment tu rases les cheveux de ta tête et comment tu coupes tes ongles. De la même manière qu'ils sont éphémères, de même toi aussi tu es éphémère, et un jour viendra où toi aussi tu disparaîtras de ce monde."
[rav Barou'h Rozenblum]
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"Elle pleurera son père et sa mère" (Ki Tétsé 21,13)
Le Sifri rapporte 2 avis à ce sujet :
- Selon Rabbi Eliézer : son père et sa mère véritables ;
- Selon Rabbi Akiva : il s'agit du culte idolâtre.
Pourquoi est-il nécessaire d'offrir à cette femme un mois pour pleurer ses croyances idolâtres?
Le rav Mordé'haï Miller (Chiour léYom haShabbath) enseigne :
Le jugement humain est extrêmement influençable, chacun étant prisonnier de postulats personnels.
Du fait de cette réalité, la Torah exige que la prisonnière consacre un mois entier de sa vie à faire le deuil de ses anciennes croyances, car il est particulièrement difficile de retirer nos habitudes et affirmations (dogmes) inculqués depuis notre plus tendre enfance
=> Cette jeune femme disposait ainsi d'un mois pour procéder à un examen de conscience et à une révision de toute ses convictions initiales.
C'est la raison pour laquelle nos Sages mettent en relation ce mois de méditation avec celui d'Elloul, période consacrée à l'introspection.
A la fin de chaque année, D. nous offre ainsi la possibilité de réaliser une autocritique profonde, au cours de laquelle nous devons passer en revue l'ensemble de nos actes et toute notre conduite, afin de déraciner les mauvaises convictions profondément installées dans notre esprit.
=> A l'image de la captive qui pleure sa vie passée qu'elle abandonne à jamais pour se préparer à devenir juive, nous devons en faire de même en faisant téchouva sur le passé et en devenant alors un juif parfait.
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+ Enseignements sur la femme captive :
-> La paracha Ki Tétsé s'ouvre sur le passage de la femme captive. Quand le peuple sort en guerre et qu'il y a des captifs, un soldat qui y verrait une femme non juive et qui la désirerait, alors la Torah lui permet de la prendre pour femme.
Selon les commentateurs, le processus est le suivant. Quand ce soldat désire cette femme, il peut s'unir à elle avant même de la convertir. Puis, elle passe une période d'un mois où elle s'enlaidit. Elle se rase toute la tête et laisse pousser ses ongles. Tout cela, pour que le soldat soit repoussé par elle et l'abandonne.
Mais si même après cette période le soldat désire encore vivre avec elle, alors il la convertie et se marie avec elle.
Nos Sages s'interrogent pour savoir comment le soldat a-t-il le droit au départ de s'unir avec une non juive. Ils répondent que puisqu'à un moment de guerre, le soldat est fragilisé, si la Torah lui interdisait cette femme, il ne pourrait pas respecter cet interdit.
Ainsi, pour ne pas que le soldat vive malgré tout avec elle de façon interdite, ne pouvant pas s'en empêcher, la Torah lui autorise donc cela.
=> Mais on peut encore s'interroger. Si à la base ce mariage aurait dû être interdit, comment comprendre que du fait de l'état d'esprit du soldat, la Torah lui autorise un interdit? On ne trouve une telle chose nulle part ailleurs!
De plus, nos Sages enseignent que les soldats qui allaient en guerre devaient être de très grands tsadikim. Ils ne devaient avoir aucune faute même très légère à leur compte. De fait, comment comprendre que de tels tsadikim soient tentés par l'interdit de vivre avec une captive étrangère au point même que du fait de leur impossibilité de respecter cet interdit, la Torah doit le leur permettre?
En fait, ce sujet de la femme captive peut être interprété de façon originale, avec un éclairage très positif.
Le Zohar dit que suite à la faute d'Adam, plusieurs âmes très élevées ont été capturées par les forces de l'impureté. Ces âmes sont généralement libérées à travers la conversion. Quand un non juif se converti, son âme qui faisait partie de ces grandes âmes captives, est libérée.
Il en est de même au sujet de la femme captive dont parle notre paracha. Quand le soldat désire une femme captive, c'est en fait qu'il ressent profondément que cette femme a en elle une âme très haute, et il désire la libérer en s'unissant à elle. En effet, comme on l'a dit, ce n'était que de très grands tsadikim qui allaient en guerre. Ces hommes étaient purs de toute faute.
Bien plus, ils étaient protégés de tout mal du fait qu'ils s'occupaient de la Mitsva de combattre les ennemis d'Hachem. Et celui qui s'occupe d'une mitsva est protégé du mal. Si malgré tout cela, il désire une femme se trouvant parmi les captifs, cela est une preuve qu'en fait, une âme sainte habite cette femme.
C'est cette sainteté qui se trouve en elle que désire réellement ce soldat d'envergure spirituelle si grande. Et si la Torah lui a permis en finalité de la convertir et de vivre avec elle, c'est que par ce biais là, il va pouvoir libérer la grande âme qui est en elle.
D'après cela, on peut comprendre un enseignement de nos Sages. D'un côté, la Torah dit que cette captive est une "femme de belle apparence". D'autre part, le midrash dit qu'elle peut même être laide, puisque le verset dit au soldat : "Et que tu la désires", même si elle est laide.
Si c'est ainsi, on peut se demander pourquoi la Torah dit au départ qu'elle est belle, si par la suite elle inclut même une femme laide?
Mais d'après ce que l'on a dit, on comprend que quand la Torah a dit qu'elle est belle, elle parle ici de la beauté de son âme, et non de son corps. Et pour ne pas que l'on croit que l'on parle de la beauté physique, c'est pourquoi la Torah précise : "Et que tu la désires", pour inclure même une femme laide. Car la femme captive dont on parle est belle intérieurement, même si elle peut être laide extérieurement et physiquement.
=> D'après cela, on peut se demander pourquoi la Torah permet au soldat de s'unir à elle une première fois même avant de la convertir, du fait que si on la lui interdisait il ne pourrait pas respecter l'interdit?
Mais d'après ce qui a été expliqué, il ne devrait pas y avoir du tout d'interdit puisque cette union permet au soldat d'accomplir une grande mitsva de libérer une âme précieuse!
De plus, pourquoi faut-il en 2e temps laisser une période d'un mois où cette femme va s'enlaidir, comme pour dissuader le soldat. Mais si le but de ce mariage est de libérer une grande âme, pourquoi faut-il essayer de dissuader le soldat? Au contraire. Qu'il se marie avec elle de suite, pour réaliser cette si grande réparation !
En fait, certes le soldat voit en cette femme le dépositaire d'une grande âme. Il ressent donc qu'il est une grande mitsva de l'épouser pour libérer cette part de sainteté. Seulement, le mauvais penchant se glisse et se cache dans toutes les situations. Ainsi, il est possible qu'en réalité le mauvais penchant se dissimule derrière cela et persuade le soldat qu'il y a là une grande Mitsva de libérer une sainte âme, alors que réellement il n'en est pas vraiment ainsi.
Le penchant est très performant pour faire passer une faute pour une mitsva.
Avant de laisser le soldat se marier avec la femme captive, la Torah cherche donc d'abord à faire passer un test pour vérifier que son désir émane uniquement d'une source pure de réparer l'âme contenue en elle, et qu'il ne s'agit pas d'un coup du mauvais penchant qui éveille simplement le désir d'un homme pour une femme interdite, et déguisant le tout dans une apparence de mitsva.
C'est pourquoi, la Torah demande à la captive de s'enlaidir pendant un mois, pour annuler et supprimer toute la part du mauvais penchant qui pourrait se cacher pour éveiller le désir du soldat pour la beauté féminine.
En dégradant sa beauté, l'attirance physique éveillée par le penchant pourra être neutralisée. Et si malgré tout, après cela le soldat souhaite encore vivre avec cette femme, cela est la preuve que son désir est vraiment pur, car il aura alors été vérifié que ce n'est pas le mauvais penchant qui en est à l'origine.
Si après ce mois, le soldat désire encore cette femme, le test aura vérifié qu'elle détient réellement une grande âme et que c'est elle que le soldat désire libérer. Son désir émane bien du domaine de la sainteté.
Alors, la Torah lui recommande de la convertir et il pourra se marier avec elle. Seulement, ce test-là c'est la deuxième étape. Mais avant tout cela, dans un premier temps, dès que le soldat a vu la femme captive et la désire, la Torah lui autorise d'emblée une première union avec elle. Et c'est à ce sujet que nos Sages disent qu'on la lui a permise pour ne pas qu'il la prenne de façon interdite. Car au moment où il est sorti faire la guerre contre les ennemis d'Hachem, le soldat n'est pas assez posé pour vérifier l'origine réel de son désir.
Son désir de libérer une âme captive brûle tellement en lui que même si on ne lui permet pas l'union avec cette femme qui lui permettra selon lui de réaliser cette réparation, il ne pourra pas se contenir et ce désir intense de réparation le poussera malgré tout à s'unir à elle.
C'est pourquoi la Torah lui permet la première union, car elle émane finalement d'un désir sacré. Mais ensuite, il faudra passer le test pour vérifier posément la réelle nature de ce désir, avant de le laisser la convertir et l'épouser, comme on l'a expliqué.
[Basé sur le Darach Moché, d'après le Ohr Ha'Haïm]