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L’assurance que nous serons délivrés

+ Comment savons-nous que malgré notre exil depuis des centaines d'années, nous serons un jour délivrés?

Nous allons voir une réponse du rav 'Haïm Kanievsky.

Selon nos Sages (guémara Pessa'him 54b), il existe un décret faisant qu'une personne décédée est finalement oubliée par le cœur, de telle façon qu'on ne prenne pas éternellement le deuil de ses proches.

Bien que les morts ne sont pas oubliés dans l'esprit (on peut toujours se souvenir de nos êtres chers), néanmoins, ils sont oubliés par le cœur, ce qui fait qu'à leur souvenir nous n'avons plus des larmes.

Cependant, si une personne est portée disparue, et est toujours vivante, elle n'est jamais oubliée, car il n'y a pas à son sujet un décret de D., faisant qu'elle sera oubliée par le cœur.
Par exemple, lorsque Yossef a été vendu et amené en Egypte, son père Yaakov a fait son deuil pendant 22 années.
Puisqu'il était toujours en vie, il n'était pas oublié par le cœur de son père Yaakov, qui en était inconsolable.

=> Le fait que nous sommes toujours en train de prendre le deuil du Temple, qui n'est pas oublié par notre cœur, qui nous amène toujours à le pleurer, cela nous indique qu'il n'est pas "mort" (détruit pour toujours), mais que sa perte n'est que temporaire.

Il est écrit : "Mes yeux, mes yeux ruissellent de larmes" (Eikha 1,16)
==> Nos émotions (ex: nos larmes) à l'égard du Temple démontrent qu'il n'est pas définitivement parti, qu'il est encore bien "vivant", et qu'il va nous être retourné, dès que nous serons méritants.

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-> "Les pleurs sont le signe de l’éveil aux rigueurs des nations du monde qui ont détruit le Temple, exilé et oppressé Israël, lui imposant de nouveaux et terribles décrets.
A l’avenir, ces pleurs se transformeront en pierres qui serviront à la reconstruction du Temple et seront à l’origine de la délivrance et de l’édification de Jérusalem."
[Rav Avraham Azoulaï - le grand-père du 'Hida - Or ha’Hama]

Comment lier la joie et le deuil?

+ Comment lier la joie et le deuil?

-> "Servez Hachem avec joie" (Téhilim 100,2)
-> "Lorsque le mois de Av arrive, il faut diminuer notre joie" (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 551,1)

=> Comment concilier les 2, et ce d'autant plus, le 9 Av, jour où nous servons Hachem en prenant le deuil?

Le rav Steinman de donner l'explication suivante :
L'obligation de "servir Hachem dans la joie" ne signifie pas d'être simplement joyeux, cela veut dire que nous devons servir Hachem, en faisant Ses mitsvot, et cela dans un état de joie.
Comment cela?

L'essence de faire les mitsvot est de réaliser la volonté de Hachem.
Lorsque nous faisons Sa volonté comme il le faut, nous devons ressentir une joie intrinsèque.
Ainsi, quelque soit la mitsva que nous faisons, il n'y a pas de différence : une mitsva qui est naturellement joyeuse (ex: faire les fêtes juives) ou bien une mitsva qui est très loin de la joie (ex: prendre le deuil de la perte du Temple).

Une personne peut ressentir de la peine pour la perte du Temple, et cependant au même moment ressentir un sentiment de joie intérieure par le fait qu'elle accomplit la volonté de Hachem.
Ainsi, malgré le deuil, il y a quand même un aspect de joie. Ce n'est pas contradictoire.

[La même chose s'applique lorsqu'une personne prend le deuil d'un proche. Bien qu'elle ressent une forte douleur liée à la perte d'un être cher, elle peut également ressentir un sentiment de joie, car malgré tout, elle suit les instructions de la Torah relatives au deuil, suivant ainsi la volonté de papa Hachem.]

Le Pélé Yoets explique ce concept : les étudiants du Arizal enseignent qu'il faut pleurer pendant la prière.
Cependant, de telles larmes ne sont pas contradictoires au fait de servir Hachem avec joie.

Une personne doit lier ces 2 émotions ensemble : prier d'un œil larmoyant, mais avec un cœur plein de joie.
D'un côté, la joie d'avoir le privilège de servir D., de faire Sa volonté [et d'être face à lui dans la prière], et d'un autre côté, des larmes sincères de regret de nos mauvaises actions [et de Lui décharger toutes nos inquiétudes en étant certain que seul Hachem peut et va les résoudre].

+ "Nous sommes [à chaque instant] dans les mains de Hachem, il n'y a aucune raison de s'inquiéter.

Il nous a guidé pendant des milliers d'années, Il sait ce qui est bon pour nous et Il nous guide vers cela.
Nous ne savons pas ce qui est bon pour nous, Hachem est l'Unique qui le sait, et le mal ne vient pas du Ciel"

[le Steïpler - paroles durant la guerre de Kippour]

-> La méguila Eikha décrit en longueur les nombreux drames qui sont arrivés aux juifs, suite à la destruction du Temple.
Bien qu'en surface cela soit une terrible tragédie, en réalité sa finalité est le bien de la nation juive, car au travers la destruction du Temple, les fautes des juifs, ont été pardonnées, comme il est écrit : "Tes fautes sont expiées, fille de Tsion" (Eikha 4,22).

Nos Sages (midrach Béréchit rabba 42,3) enseignent que Hachem "a laissé éclater sa colère sur le bois et les pierres", ce qui signifie qu'au lieu de détruire les juifs pour leurs fautes, Il a redirigé Sa colère sur le Temple et a expié nos fautes par sa destruction.

-> On sait qu'un prophète ne peut avoir de prophétie que s'il est dans un état de joie (guémara Shabbath 30b).
Les mots de la méguila Eikha sont ceux d'un deuil intense, et cependant ils ont été donnés par prophétie à Yirmiyahou.
Comment est-ce possible?

Yirmiyahou a réalisé que malgré les malheurs horribles qui sont arrivés aux juifs, la destruction du Temple a été au final pour leur bien : expier leurs fautes.
En ayant conscience de cela, il a atteint un état de joie nécessaire à la prophétie, et ce même en y décrivant d'aussi terribles horreurs.

Ce concept ne s'applique pas uniquement à la destruction du Temple.
Le rav Aharon Steinman dit que toutes les souffrances dans ce monde servent d'expiation pour nos fautes, que nous soyons conscient ou pas de ces fautes.
Ainsi, chaque soucis qui nous arrive, vient avec précision de notre papa Hachem, et est au final, c'est pour notre bien.

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+ "De s'asseoir solitaire en se résignant silencieusement, lorsque Dieu le lui impose" (Eikha 3,28)

Rachi d'expliquer : Lorsqu'une tragédie s'abat sur une personne, elle doit s'asseoir en silence et l'accepter, puisque c'est un décret de Hachem.

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-> "Toutes nos souffrances et toutes nos joies proviennent du même D."
[Rabbi Yé'hiel Spéro]

Tout est pour notre bien, et ce qui change est le regard que nous portons sur ce qui nous arrive.
Lorsqu'on va enlever une dent, nettoyer un enfant, ... il va pleurer de toutes ses forces (méchant papa!), mais en réalité c'est uniquement pour son bien.
Il en est de même dans notre relation avec notre papa Hachem, qui peut tout et qui nous aime d'une façon infinie.

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+ Pourquoi est-ce que les juifs souffrent plus que toute autre nation?

On nous enseigne (guémara Yébamot 121b) que Hachem est particulièrement sévère envers les justes.
Si une personne est plus proche de Hachem, alors D. va tenir envers elle des standards plus élevés, faisant que la punition pour ses fautes est plus sévère.

Ainsi, puisque le peuple juif a atteint un niveau de proximité avec Hachem qu'aucune autre nation n'a atteint, ses fautes vont être punies plus sévèrement que toute autre nation.

Plus un père a des attentes élevées envers son enfant, plus il va être exigeant à son égard.
Nos souffrances doivent nous conduire à faire téchouva, à voir ce que l'on peut améliorer dans notre vie, à nous tourner en prières vers Hachem.
On ne doit pas les souhaiter, mais si elles sont déjà là on doit les vivre le plus positivement possible (c'est le signe que je suis proche de mon papa et qu'il voit que j'ai de grandes capacités!).

Lorsqu'un enfant fait une bêtise, son papa va par amour lui faire des réprimandes (afin qu'il s'améliore), même si cela lui est difficile sur le moment.
[A l'inverse, être insensible aux erreurs de son enfant, ce n'est pas lui rendre service pour la suite de sa vie].

Ainsi, dans notre vie, nos souffrances sont une manière de dire : papa Hachem est là, au plus proche de moi, Il s'occupe à chaque instant de moi (pour mon bien ultime), Il ne m'oublie pas, contrairement aux autres nations, dont Il est plus distant et qui ne sont pas réprimandées.

Cas de la venue du machia’h le 9 Av

+ Que se passe-t-il si le Machia'h arrive pendant la journée du 9 Av?
Est-ce que l'on doit s'arrêter de jeûner, ou bien est-ce que l'on doit continuer jusqu'à la fin?

Rav 'Haïm Kanievsky donne la réponse suivante.
Nous trouvons dans la michna (Taanit 3,9) une question similaire.
Si la communauté juive a déclaré un jeûne afin de prier pour la fin d'une sécheresse, et qu'il commence à pleuvoir en plein milieu, la règle est :
-> s'il a commencé à pleuvoir avant le milieu juif de la journée ('hatsot), alors on arrête immédiatement de jeûner et l'on observe le restant de la journée comme un jour de fête.
-> s'il a commencé à pleuvoir après le milieu de la journée, on continue à jeûner jusqu'à la fin.

Il en est de même pour le 9 Av : si le Machia'h arrive avant le milieu de la journée, nous devons arrêter de jeûner, sinon nous devons le faire jusqu'à la fin.

Selon le Rambam (Hilkhot Taaniyot 5,1), le 9 Av a 2 objectifs : être un jour de deuil, et également être un jour de repentir (téchouva).
Une fois que le Machia'h arrive, il n'y aura plus de place au deuil.
En effet, imaginons qu'on est en deuil pour la perte d'un être cher, et que cette même personne décédée revient à la vie, il est évident que notre deuil n'a plus lieu d'être.

Cependant, l'aspect de devoir se repentir est toujours nécessaire.

=> Ainsi, nous continuerons à jeûner, sans deuil, dans un état d'esprit de téchouva et de se rapprocher de Hachem.

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+ Bénédictions à réciter :

Rav 'Haïm Kanievsky dit que lorsque le Machia'h viendra, il nous faudra réciter plusieurs bénédictions.

1°/ La bénédiction de "Shéé'hiyanou" : remercier D. de nous avoir laissé en vie pour vivre un tel moment.

Le Shoul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 225,2) statue que l'on doit dire "Shéé'hiyanou" lorsque l'on rencontre un ami que l'on n'a pas vu depuis au moins 30 jours.
Mais on ne doit pas réciter de bénédiction dans le cas où on ne l'a jamais rencontré par le passé (ex : on devient très bon ami par le biais d'une correspondance).
La michna Béroura note que la 1ere fois que l'on voit son enfant, on doit quand même faire cette bénédiction de "Shéé'hiyanou", car nous ressentons alors une joie énorme.

=> Il en sera de même lors de la venue du Machia'h, même si nous ne l'avons encore jamais vu par le passé, nous aurons alors une joie sans limite, et nous devrons alors réciter cette bénédiction.

2°/ Lorsque nous verrons les personnes décédées revivre, nous ressentirons une grande joie en les voyant, et nous réciterons alors la bénédiction de "Shéé'hiyanou", et également la bénédiction de "mé'hayé amétim" (qui fait revivre les morts), afin de remercier Hachem de les avoir ramener à la vie.

3°/ Nous réciterons également la bénédiction de "shé'halak mikévodo lébassar vadam" (qui a distribué de Son honneur aux êtres humains), que nous disons à la vue d'un roi juif, puisque le Machia'h sera notre roi.

4°/ Nous dirons également la bénédiction de "shé'halak mé'ho'hmato liréav" (qui a distribué de Sa sagesse à ceux qui Le craignent), qui nous disons à la vue d'un grand sage en Torah, ce que sera évidement le Machia'h.
Nous dirons également cette bénédiction lorsque nous verrons la résurrection des géants en Torah de chaque génération.

5-6°/ Le Rav 'Haïm Kanievsky a dit que selon le Lev 'Haïm, il faudra également dire la bénédiction "gaal Israël" (qui a délivré Isarël), et que selon la Knessét haGédolah, il faudra réciter aussi le Hallel.

Le rav Kanievsky de conclure : "Que nous puissions mériter bientôt de voir ce que nous ferons [à l'arrivée du Machia'h]".

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+ Lors de la venue du Machia'h nous aurons besoin d'une vache rousse afin de nous purifier.
On a demandé au rav Steinman, si une vache qui est née rousse suite à une manipulation génétique est valable en tant que vache rousse (para adouma).

Il a répondu :
"Probablement, cela est valable, car la loi juive demande uniquement qu'elle soit entièrement rousse et qu'elle n'ai pas de tâches ...
Cependant, cela ne sera pas nécessaire, car lorsque le Machia'h viendra, Hachem nous fournira une vache rousse, de la même façon qu'Il nous donnera tous les autres objets dont nous aurons besoin, ce qui comprend bien entendu le Temple.
Nous n'aurons pas à préparer la vache nous-même."

"Tout le monde affirme que nous sommes arrivés à l'ère prémessianique ...
Dans ce cas, beaucoup [d'efforts] sont requis car il faut se préparer pour devenir digne de mériter ces temps.
Il faut acquérir la crainte [la connaissance] de D., aspirer à une vie spirituelle, s'attacher aux bons traits de caractères (midot) ; alors, on sera digne de recevoir ce que les jours du machia'h auront à nous offrir ..."

[Rav Yé'hezkel Levenstein]

-> "Notre vie est-elle suffisamment imprégnée de l'esprit du judaïsme? S'inspire-t-elle assez largement de la pensée de la Torah? [...]
Avons-nous posé les bases pouvant constituer le cadre idéal pour ériger un Temple de D. parmi nous?"

[Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch]

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-> "[Durant notre vie], Ne pas assister à la construction du Temple, c’est comme assister à sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1)

Ainsi, cette année (si le machia'h ne vient pas), on doit s'imaginer qu'en ce 9 Av, toutes les télévisions du monde, les journaux, ... ont fait comme une : "La splendeur du monde : le Temple, vient d'être détruit!"

On doit être très attristé par cette perte subie, mais on doit surtout effectuer une analyse de soi-même à aujourd'hui : Qu'est-ce qui dans mon comportement a bien pu entraîner la destruction du Temple cette année? Comment vais-je pouvoir m'améliorer pour participer à sa construction au plus vite?

C'est ainsi que dans les 3 Haftarot qui précédent le 9 Av, le prophète Yéchayahou ne se lamente pas sur la destruction du Temple, mais sur ses causes.

Si on pense sincèrement que le Machia'h arrive, alors il n'y a plus le temps d'attendre (de remettre à demain), il faut faire téchouva et agir au mieux selon la volonté de D.

Par un tel état d'esprit dans nos actions au quotidien, nous crions à Hachem : Reconstruit Ton Temple! Car en son absence, Ton éloignement qui en résulte nous est trop dur à supporter! Reviens pleinement parmi nous!! HM on t'aime et on veut encore plus te ressentir/percevoir!!!

"Depuis que le Temple a été détruit, les Bné Israël qui ont une confiance (totale) en D., ont disparu"

[guémara Sotah 48a]

La guémara donne un exemple :
"Quiconque a du pain dans son panier et qui se dit : 'Qu'allons-nous manger demain?' fait partie des gens de peu de foi."
[guémara Sotah 48b]

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=> On peut s'interroger sur la raison pour laquelle on dit de cet homme qu'il a peu d'émouna.
Hachem lui a-t-il promis qu'il aurait de quoi manger le lendemain, pour qu'on puisse exiger de lui d'être confiant?

Le réel problème est que cet homme s'inquiète du lendemain et pas du jour-même. Pourquoi?
Hachem lui a-t-il promis quoi que ce soit pour aujourd'hui?
Non. Mais l'homme est confiant qu'aujourd'hui il pourra manger le pain qu'il possède actuellement dans son panier et qu'il peut donc s'arranger sans Hachem. C'est en cela qu'il a peu d'émouna.

On peut aussi expliquer selon le moussar : lorsque l'homme demande "que mangerons-nous demain?", cela n'exprime pas seulement une inquiétude, mais se traduit aussi, en pratique, par une hichtadlout de sa part.

Nos Sages nous enseignent que celui qui fait des efforts pour le lendemain ne le fait pas à cause du commandement de la hichtadlout et de l'obligation de ne pas compter sur le miracle, car si tel était le cas il lui aurait suffi de se préoccuper du jour-même.
Là, il s'efforce parce que, selon lui, la hichtadlout lui apporte la parnassa.
C'est pourquoi il est considéré comme faible en émouna.
[rav Yaakov Israël Pozen]

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-> Durant la période du 2e Temple, les juifs étudiaient la Torah et faisaient du 'hessed. Pourquoi fut-il détruit?
"Parce qu'il y avait de la haine gratuite". Et la haine prend sa source dans le manque de bita'hon.
L'homme croit que l'autre lui cause préjudice, lui fait du mal et peut le ruiner ; de ce fait, il le jalouse et le hait.
C'est donc le manque de bita'hon qui mena à la destruction du second Temple.
[rav Yaakov Israël Pozen]

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+ A noter :

Il est intéressant de constater que le mot : "souci" se dit en hébreu : 'déagua' (דאגה).
Ce mot est composé de chacune des 5 premières lettres de l'alphabet, sauf qu'il manque la lettre 'bét' (ב), qui est l'initiale du mot : "bita'hon" (בטחון), comme pour dire : c'est le manque de confiance en D. qui fait que l'homme se soucie exagérément du lendemain.

Appréhender l’absence du Temple

+ Appréhender l'absence du Temple :
-> Comment comprendre ce que représente notre vie sans le Temple?
Le 'Hafets 'Haïm rapporte la métaphore suivante : imaginons que demain matin, à notre réveil, nous découvrons que le soleil ne s'est pas levé.
Nous ignorons la valeur du Temple, car sa destruction a eu lieu il y a très longtemps et notre situation actuelle nous convient.
 
Le Gaon de Vilna affirmait qu'il pouvait avoir une infime notion de ce qu'étaient les Tanaïm (Sages de la michna) et les Amoraïm (Sages du Talmud), alors qu'il ne pouvait pas se représenter ce qu'était un juif simple au temps du Temple : ce juif se levait le matin sans aucune faute, car toutes ses fautes étaient effacées chaque jour lors de l'offrande perpétuelle : le korban tamid (midrach rabba - chap.21).
De là, le Gaon de Vilna tirait l'enseignement de la perte incommensurable du Temple.

"Pourquoi [le Temple] s'appelle-t-il 'Lévanone'? Parce qu'il blanchit (lavane) les fautes d'Israël."

[guémara Yoma 39b]

Pour le prix d'un sacrifice, il était possible d'effacer toute trace du péché, d'être totalement pur!

"Rabbi 'Hana dit au nom de Rabbi Chimon 'Hassida : 'Tout jeûne auxquels ne participent pas des pécheurs d'Israël n'est pas un (véritable) jeûne, car le galbanum ('helbona) a une mauvaise odeur et pourtant elle est comptée parme les (onze) composants de l'encens (kétorét)'. "
[guémra Kéritout 6b]

Ainsi, lorsque les justes (tsadikim) et les non justes (réchaïm) jeûnent ensemble, cette association (ce klal) confère une puissance d'efficacité à ce jeûne public : c'est une condition pour être exaucés.

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L'ensemble des personnes présent à une prière s'appelle le : tsibour, dont les initiales renvoient à : tsadikim, bénonim et réchaïm.

Prier n'est pas une réunion d'élites, mais c'est une union de tout le peuple ensemble vers un but unique.

-> b'h, voir également : http://todahm.com/2017/09/27/5662-2

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-> Tout jeûne qui n'inclut pas les fauteurs n'est pas agréé par Hachem.
En effet, D. ne veut pas que les réchaïm soient détruits mais qu'ils se repentent.
Il leur donne donc une chance et leur accorde du temps pour changer leurs voies.
Lorsque les réchaïm se repentent, le nom Divin est grandi et sanctifié dans le monde.
Leur jeûne est donc très précieux aux yeux de D.
[rabbénou Bé'hayé]

Nous apprenons cela du fait que Hachem ordonna d'incorporer le galbanum à l'encens malgré son odeur désagréable. Si la personne qui mélange l'encens omet le galbanum, elle mérite la mort.

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-> Il existe une autre raison pour laquelle un jeûne ne rassemblant que des tradikim n'est pas accepté : les jeûnes sont décrétés à cause des malheurs qui s'abattent sur le monde.
Or ceux-ci ne surviennent qu'à cause des mauvaises actions des réchaïm.
Si seuls les tsadikim jeûnent et laissent les réchaïm commettre leurs fautes, à quoi cela sert-il?
Par contre, si les réchaïm sont inclus dans le jeûne communautaire et se repentent, Hachem a pitié du monde.

De plus, si le racha se trouve auprès du tsadik, les qualités de ce dernier seront d'autant plus visibles.
D'autre part, si le tsadik n'a auprès de lui que des personne supérieures à lui, on s'apercevra des qualités qui lui font défaut.
"Il n'y a pas de tsadik dans le monde qui fasse le bien et ne faute jamais" (Kohélét 7,20).
Par contre, quant une bonne personne se trouve aux côtés d'une mauvaise personne, ses mérites sont d'autant plus visibles.
[Méam Loez - Ki Tissa 30,36]

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-> Le Maté Moché fait remarquer une allusion à la nécessité de donner de la tsédaka particulièrement le jour d'un jeûne. Le mot "taanit" (jeûne - תענית) forme les lettres de : tét ani (תת עני - donner au pauvre).

Cela fait référence à la parole de nos Sages : "La récompense principale d’un jour de jeûne est déterminée par le montant de tsédaka donné" (guémara Béra’hot 6b). »

En jeûnant, nous minimisons notre matérialité pour laisser davantage s’exprimer notre spiritualité.
Par ailleurs, nous pouvons également y ressentir la mitsva de : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

De même, qu’il ne nous est pas agréable de devoir nous priver de nourriture, par le fait de devoir jeûner, on peut se rendre compte de la souffrance de nos frères qui sont dans cette situation au quotidien.

Aimer son prochain comme soi-même, c’est vivre son vécu, pour mieux comprendre, ressentir sa douleur physique et psychologique.
Comment alors ne pas donner à la tsédaka, alors que nos frères en sont contraints à quasiment jeûner tous les jours, faute de moyens suffisants?

"Il arrivera un jour où les juifs de Berlin penseront qu'ils vivent à Jérusalem.
A ce moment, il y aura des horreurs indescriptibles."

[le Méchéch Chochma - paracha Bé'houkotaï]

Ces paroles ont été écrites environ 40 ans avant la 2e guerre mondiale.

Le Méchéch Chochma fait remarquer que lorsqu'on arrive dans un pays, on se sent étranger, puis, petit à petit, on s'y sent de plus en plus à l'aise, jusqu'à s'y sentir chez soi.
C'est alors, que les persécutions commencent, jusqu'à finalement nous exclure de cette terre.

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-> Durant la période des croisades (1095-1291), beaucoup de juifs ont été tués dans les villes allemandes de Worms, de Mayence et de Spire.
Chacune de ces villes a subi de terribles tragédies, mais c'est à Worms, que les souffrances ont été les plus importantes.

Rav Yéchiel Halperin (Séder haDorot) fait remarquer que Worms est une des communautés les plus anciennes en dehors d'Israël, et elle a commencé par se développer lorsqu'un groupe de juifs s'y est installé après la destruction du 1er Temple.

Lorsqu'on a annoncé, à cette communauté, que le 2e Temple allait être reconstruit, leur réponse a été : "Vous restez où vous êtes dans la grande Jérusalem, pendant que nous restons ici dans notre petite Jérusalem".

Ils en sont arrivés à oublier où se situe leur véritable maison.

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-> Rabbi Yaakov dit : "Ce monde est comme une antichambre du Monde Futur ; prépare-toi dans l’antichambre, de sorte que tu puisses pénétrer dans la salle de réception." (Pirké Avot 4,16)

Le Nétivot Shalom explique que le problème est que les gens pensent que ce monde est la salle de réception.
En effet, on dépense des sommes folles afin de décorer et faire que le couloir semble beau, alors que la salle de réception, qui est l'essentiel, est totalement négligée ...

On est que de court passage dans ce monde (notre résidence fixe future est construite, au fur et à mesure, en fonction de nos efforts pour une vie selon la Torah).
On doit se sentir encore plus étranger en dehors de notre terre d'Israël ...

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-> b'h, divré Torah similaire : http://todahm.com/2018/05/30/6452