Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Le travail (avoda) des 9 jours (allant jusqu'au 9 Av) est de développer notre "force d'imagination".
Un juif doit utiliser toute son imagination créative pour se représenter ce que Jérusalem et le Temple étaient pendant leurs temps glorieux.
Comment les Cohanim étaient habillés de leurs vêtements de prêtes, comment la ville étincelait de beauté et de sainteté, comment les Lévi'im chantaient leurs mélodies entraînantes, comment la terre d'Israël brillait de toute sa splendeur et magnificence.

Si on est capable dans son cerveau de se recréer une telle image, alors la pensée de la destruction du Temple va nous briser/fracasser, et nous serons alors prêts à prendre correctement le deuil de cette destruction."

[rav Nathan Meïr Wachtfogel - Lékét Réchimot]

[pour pleinement se lamenter sur Jérusalem, nous devons travailler à pleinement prendre conscience de ce que nous avons perdu ...]

Le Temple

+ Le Temple d'En-Haut :

-> La guémara ('Haguiga 12b) décrit qu'au Ciel, il a une ville céleste construite sur le modèle de la Jérusalem sur terre, et ainsi il y a un Temple, dans lequel les sacrifices sont apportés quotidiennement par l'ange Michaël.

-> Le Temple d'En-Haut n'a été créé que pour correspondre à celui d'en-bas.
En effet, Hachem aime tellement le Temple construit par les juifs, qu'Il a créé une copie En-Haut, dans le monde spirituel.

Les anges n'ayant pas de libre arbitre, le plaisir que ressent Hachem à voir les juifs peiner pour faire Sa volonté est incomparablement plus élevé.
Lorsque notre Temple a été détruit et que le service y a été interrompu, Hachem a juré de ne plus entrer dans le Temple d'En-Haut tant que celui d'en-bas ne sera pas restauré.
[midrach Tan'houma - Pékoudé 1]

-> La destruction du Temple sur terre, a entraîné une diminution du nombre de serviteurs Célestes d'Hachem, ce qui implique une réduction de l'honneur de D. également dans le Ciel.
[selon la guémara 'Haguiga 13b]

Le Maharcha commente que depuis que les chants de Louange ont cessé dans le Temple sur terre, les anges ont arrêté de chanter leurs chants (qui sont secondaires par rapport à ceux des hommes).

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+ Le Temple : l'honneur d'Hachem

-> "Comme elle se dresse magnifique, joie de toute la terre, la montagne de Sion [Jérusalem], aux flancs dirigés vers le Nord, la cité d’un Roi puissant! [Hachem]" (Téhilim 48,3)

Rabbi Avraham, le fils du Gaon de Vilna, dans son Rav Péalim, rapporte les données suivantes pour illustrer la splendeur du Temple :

-> il y avait des rideaux recouvrant chacune des 7 Portes de la Court (azzara).
Ils étaient décorés d'or et de motifs.
12 000 kikars d'or ont été filés et tissés pour élaborer ces rideaux (soit environ 550 tonnes d'or!).

-> Les récipients utilisés pour contenir le sang étaient tous réalisés en métaux précieux. Il y en avait : 650 000 en or, et 1 200 000 en argent.

-> Le Temple avait des dizaines de milliers de ménorah en or, chacune incrustée de pierres précieuses qui valait chacune une fortune.
Il y avait des tables en or, des ustensiles en or, dont certains étaient incrustés de pierres précieuses.

-> les murs (et plafond) du Heikhal étaient recouverts d'épaisses plaques d'or, sur lesquelles étaient incrustées des milliers de pierres précieuses.
[le rav El'hanan Hoberman, dit qu'il y en avait pour plus de 450 tonnes d'or (en se basant sur les commentaires de Divré haYamim I - 29,4)]
[il est à noter que le 2e Temple n'avait pas d'or sur ses murs, mais du marbre sublime laissant apparaître des vagues de l'océan. Cette beauté était exceptionnelle/inégalée au point où nos Sages (Baba Batra 4a) disent : "Celui qui n'a pas vu le Temple d'Hérode (le 2e) n'a jamais vu un édifice véritablement magnifique". ]

-> Une grande partie de ces pierres précieuses et de cet or, a été préparée par le roi David, dans l'attente de la construction du 1er Temple (survenue après sa mort).
Il y a consacré plus de 1,1 million de kikar d'or (environ 50 000 tonnes d'or!).

Par la suite, le roi Chlomo et le restant du peuple juif ont également apporté leur contribution.

=> Le Temple était un palais unique dans sa magnificence, éveillant les cœurs à la Suprême grandeur de Hachem.

Pourquoi prenons-nous le deuil de Jérusalem et du Temple?
Ce n'est tant à cause de la gloire que nous avons perdue.
Mais plutôt, nous pleurons car nous avons perdu l'opportunité d'être proches de Hachem.
De plus, nous nous lamentons pour la profanation du Nom de D. qui résulte de notre exil, et de l'état actuel de Jérusalem.

[Rabbi 'Haim Friedlander]

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-> Rabbi Mendel de Kotsk enseigne :
Durant les 3 semaines (du 17 Tamouz au 9 Av), tout celui qui recherche Hachem, le trouvera.

Le travail de cette période triste, est d'utiliser nos peines pour se connecter avec Hachem, plutôt que d'en être accablés.

Le mois de Av est appelé : "Ména'hem Av", car à ce moment notre rôle est de réconforter (ména'hem) notre Père (av) [Hachem].
Cela ne se fait pas tant par des paroles ou des actions, mais plutôt en essayant de ressentir Sa douleur.

Lorsque nous ressentons la souffrance de Hachem (tsaar haChékhina) sur la perte de Sa maison (il est SDF!), nous pouvons alors véritablement Le consoler.

Ce n'est qu'à partir du moment où nous Lui montrons à quel point nous prenons à cœur son honneur, que nous sommes concerner par Sa situation (Il est en exil, Son honneur dans ce monde est absent, et Il s'impose de ressentir nos souffrances!), alors Il désirera à nouveau reconstruire [le Temple].

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Lorsque 'Hanna, la mère du prophète Shmouël, a vidé son cœur à Hachem, lui demandant un enfant, le verset dit : "vatitpallel al Hachem" (et elle a prié SUR Hachem" - Shmouël I 1,10).

=> Pourquoi y a-t-il une utilisation inhabituelle de l'expression : "sur Hachem" (al Hachem)

C'est parce que 'Hanna ne se focalisait pas sur sa propre souffrance (celle d'une femme ne supportant plus de ne pas avoir d'enfant depuis 19 années!).
Mais plutôt, elle s'est dit à elle-même : "Si cela me fait si mal, et que Hachem m'aime tellement, alors il est certain que la peine qu'Il a à me voir souffrir est bien pire que la mienne."

C'est pourquoi, elle a supplié Hachem de lui accorder un enfant, afin que Lui n'ait plus à subir une telle souffrance. Et Il l'a écoutée.

=> Il en découle que la période des 3 semaines (17 Tamouz au 9 Av) est une période où nous devons nous lamenter sur tout ce qui ne va pas dans notre vie, et le canaliser vers notre désir de revoir le Temple construit au plus vite, puisqu'avec une Présence Divine éclatante il en découle un déversement énorme de bénédictions individuellement et collectivement.

Lorsque nos souffrances personnelles se transforment en préoccupation de l'honneur, de la douleur de D., alors à l'image de 'Hanna, elles sont agrées.
==> En ce sens, les 3 semaines sont une occasion unique de nous attacher à Hachem par nos peines recanalisées.

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-> "Prendre le deuil sur la perte du Temple est basé sur la conscience du potentiel [phénoménal] d'élévation possible grâce [à la présence] Temple."
[rav Shlomo Harkavi - Maamaré Shlomo]

-> Le rav Lévi Its'hak de Berditchev dit que si une personne ne prend pas le deuil sur la terrible destruction du Temple, alors sa pratique du judaïsme ne l'est que par habitude, ses actions n'étant pas réellement accomplies dans une optique de sans cesse se rapprocher davantage de Hachem.
En effet, si une personne aime véritablement D. et aspire à Sa proximité, alors comment peut-elle ne pas se lamenter sur la perte terrible du Temple, puisque c'est seulement en la présence du Temple que l'on peut remplir une telle aspiration.

Le Temple était un lieu où la Présence Divine résidait de façon claire et perceptible, duquel il émanait une sainteté se propageant dans tout Israël.
Il permettait de ressentir la Présence Divine, un sentiment de proximité avec Hachem qui entraînait une paix intérieure, une véritable joie et un sentiment de satisfaction/réalisation personnelle.
Il permettait de se laver totalement des conséquences de chacune de nos fautes, ...
Un simple passage au Temple transformait positivement un juif, le purifiant et le rapprochant énormément de Son papa Hachem.
=> Comment peut-on ne pas être désolés que cela ne soit plus le cas? Comment peut-on se satisfaire d'être si éloignés de D., de ne quasiment ressentir Sa Présence?

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-> C'est en ce sens que selon nos Sages si l'on n'est pas vraiment capable de pleurer sur la perte du Temple, alors nous devons pleurer sur notre manque de spiritualité, notre incapacité à se connecter à notre Créateur.

[nous devons nous lamenter d'être arrivés à un stade de notre vie, où la destruction de notre attachement/proximité avec Hachem, ne nous génère aucun sentiment. Nous sommes tellement pris dans notre train-train quotidien, dans notre routine de ce monde matériel, qu'il n'y a plus de place pour prendre le temps d'inclure Hachem dans notre vie.
Les 3 semaines sont ce moment de l'année où nous crions : Stop à cet état de fait! Ce n'est pas normal d'avoir la tête uniquement à nos soucis quotidiens, et d'en oublier notre relation avec notre papa Hachem!
Le mois d'Av s'appelle : "Ména'hem Av", car nous réconfortons (ména'hem) notre Père (av) en se rappelant de Lui et en revenant vers Lui.]

Allusions au 9 Av dans la Torah

+++ Allusions au 9 Av dans la Torah :

+ 1°/ Le déluge :

-> La période entre le 17 Tamouz et le 9 Av est prédisposée pour les tragédies, depuis le début de l'histoire.

Tossefot dit qu'après le Déluge, Noa'h a ouvert la fenêtre de l'Arche le 17 Tamouz.
En ce jour, Noa'h a envoyé la colombe, mais elle n'a pas trouvé de lieu où se poser.
=> Depuis, chaque année, en ce même jour, un scénario similaire se reproduit avec le peuple juif, qui est comparé à une colombe.

Le 17 Tamouz a commencé une période d'exil dans laquelle les juifs : "sont incapables de trouver un lieu pour poser leurs pieds".
[Daat Zékénim miBaalé Tossefot - Béréchit 8,3 et 9]

-> Le Malbim affirme que Noa'h a ouvert le fenêtre de l'Arche après le déluge le 10 Av.
Selon son avis, cela signifie que tout de suite après une grande destruction, commence une nouvelle ère de reconstruction et de renouvellement.

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+ 2°/ Le guid anaché :

-> Le Zohar (Vayichla'h 170a-b) écrit qu'il y a dans la Torah 365 mitsva négatives correspondant aux 365 jours de l'année solaire.

La mitsva (commandement) qui correspond au jour du 9 Av est l'interdiction de consommer du "guid anaché" (principalement le nerf sciatique)
Cette mitsva provient de l'épisode où l'ange d'Essav "vit qu’il ne pouvait le [Yaakov] vaincre et frappa au creux de sa hanche ; le creux de la hanche se luxa tandis qu’il luttait avec lui" (Vayichla’h 32,26).

Le Zohar de conclure : ceci est un fait annonciateur du 9 Av, comme jour de mauvaise augure pour les juifs, qui y tomberont dans les mains de Essav.

-> "[L'ange d'Essav] lutta avec lui [Yaakov], jusqu'au lever de l’aube" (Vayichla’h 32,25)

De même que l'ange d'Essav a pu faire mal à Yaakov mais sans parvenir à le vaincre jusqu'aux 1ers rayons de soleil (l'aube) qui l'ont guéri, de même, le soleil du machia'h brillera pour nous, et il nous guérira de toutes nos souffrances de l'exil.
[basé sur le Séfer ha'Hinoukh 3]

-> Selon le rabbi Yonathan Eibeschetz (Yaarot Dvach), puisqu'un animal a un nerf sciatique sur chacune de ses cuisses : il y en un a un qui correspond au 9 Av, et un autre qui correspond au jeûne de Guédalia, puisque la mort des tsadikim est équivalant à la destruction du Temple.

[ "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b)]

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+ 3°/ Quelques autres allusions :

-> "La colère de D. s'est enflammée ce jour-là [du 9 Av suite au rapport des explorateurs]" (Mattot 32,10)

Les mots : "Ce jour là" signifient que dans le futur le 9 Av sera un jour propice aux catastrophes (cf. guémara Sanhédrin 104b).

-> Le peuple juif a pleuré la nuit du 9 Av suite au rapport des explorateurs.
"[D. dit : ] Vous avez pleuré sans raison ; J'établirai pour vous une raison de pleurer [ce jour là] pour les générations à venir." [guémara Taanit 29a]

La Torah mentionne que les explorateurs sont allés en Israël en passant la frontière de Edom.
=> La destruction du Temple, résultante de leur faute, va se faire par les mains d'Edom (Rome).

-> Certains commentateurs rapportent que le seul personnage pour lequel la Torah rapporte son mois de mort est : Aharon.

Aharon, dont descendront tous ceux qui serviront dans le Temple par la suite, est mort durant le mois d'Av, en allusion au fait que le service du Temple prendra fin durant ce mois.

[Aharon qui représente la recherche ultime de la paix entre les juifs, symbolise l'attitude vers laquelle nous devons tendre pour reconstruire au plus vite le Temple : l'amour gratuit (aavat 'hinam) entre nous!]

"Le jour où le Temple a été détruit était un jour de joie, puisque la grande dette causée par nos péchés, qui planait sur les juifs, a finalement été payée."
[midrach Béréchit rabba 42,3]

-> La destruction du Temple a été un avantage pour Israël, puisqu'Hachem a, pour ainsi dire, laissé sortir Sa colère sur du bois et des pierre sauvant le reste d'Israël.
[midrach Eikha rabba 4,14]

[on est heureux à la conscience d'à quel point Hachem nous aime. En effet, malgré la gravité de nos fautes, Il préfère mettre Sa colère sur Sa sainte maison (le Temple), plutôt que sur nous-mêmes!]

-> Le rav Kanievsky fait ainsi remarquer que la méguilat Eikha aborde les souffrances subies par les juifs qui ont suivi la destruction du Temple, mais parle très peu de la destruction en elle-même.
La raison est que c'est uniquement ce qui en a suivi qui était véritablement mauvais : les souffrances humaines en résultant.

-> Ainsi, selon le Sfat Emet, on ne pleure pas la destruction du Temple de l'époque, mais le fait qu'il a été de nouveau détruit cette année à cause de nos fautes.

-> Selon le 'Hatam Sofer, le jour du 9 Av est considéré comme un jour de fête, au cours duquel on ne récite par le Ta'hanoun.

Selon le Né'hamat Israël, c'est parce que ce jour nous rappelle que nous retournerons dans le futur aux jours d'antan, et c'est un réconfort qui perce à travers la douleur incessante.

[Oui, nous sommes inconsolables à l'idée que nos fautes ont provoqué encore cette année la destruction du Temple, mais à l'inverse de toutes les autres nations qui ont disparu, nous sommes éternels, preuve de la réalité de la promesse divine, et grâce à notre téchouva, nous allons revivre des sommets de proximité avec Hachem, comme à l'époque du 1er Temple.

Oui, nous sommes à terre, mais en faisant des pas vers D., Il nous prendra en pitié et nous ramènera tout en haut au près de Lui pour toujours. ]

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-> Les 2 premiers Temples ont préparé le terrain et servi de fondations pour le lieu de résidence final de Hachem.
[Yichma'h Moché]

Les bases sont en place, il ne manque plus que nos mérites pour que le 3e Temple descende du Ciel.

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-> D. a 2 noms principaux : Hachem et Elokim.
Le 1er indique l'Attribut de miséricorde, et le 2e Son Attribut de rigueur.

Il est étonnant que le nom Elokim n'apparaît jamais dans la méguila Eikha.
En effet, on y retrouve uniquement Hachem, signifiant qu'Il a jugé et puni le peuple sans avoir recours à Son Attribut de stricte rigueur.

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-> Le mot hébreu pour "bonté" est : חסד.

On va utiliser la guématria appelé "otiyot néélamot" (les lettres cachées), qui consiste à garder les lettres qui sont prononcées, mais pas écrites.

On a :
- le ח soit : חת ('hét) => la lettre non dite = le ת ;
- le ס soit : סמך (samé'h) => les lettres non proponcées = מך ;
- le ד soit : דלת (dalét) => les lettres non dites = לת

Rabbénou Efraïm fait remarquer que la somme des lettres cachées du mot 'hesséd (bonté) est égale à : 890, et cela correspond aux nombres d'années entre la sortie d'Egypte et la destruction du 1er Temple.

=> On retrouve l'idée que la destruction du Temple est un 'hessed dissimulé de Hachem, pour lui permettre d'expier ses fautes.

-> b'h, voir également la notion que dans nos souffrances, Hachem souffre bien plus que nous : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi/

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-> Lorsque les nations du monde voient que le peuple juif est puni, elles s'en réjouissent, pensant qu'il n'est plus la nation choisie par D.
En réalité, c'est l'opposé qui est vrai. Ces décrets difficiles démontrent l'amour de Hachem pour les juifs, et sont une preuve que nous sommes, et que nous serons toujours, la nation choisie par Lui.

[on peut reconnaître un père et son fils, en voyant que le père va être beaucoup plus concerné par un enfant, en lui faisant des remarques, en le punissant, ... ce qu'il ne ferait pas avec un autre enfant.]

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-> "Il l’a appelé : moéd" (kara alaï moéd – Eikha 1,15)
A l'image des aux Yom Tov du calendrier juif, le 9 Av est appelé un : "moéd" (une convocation - מועד).

Selon le rav Gifter, cette appellation fait référence au sens : d'un moment de retrouvaille, de réunion sainte.
On se retrouve tous ensemble, unis : des fois pour des occasions joyeuses, et des fois pour des occasions tristes.
Mais l'essentiel, c'est de pouvoir se réunir pour rencontrer D.

[à l'image d'un parent qui convoque son enfant après ses mauvaises notes, son mauvais comportement, ... Il ne le fait pas par plaisir, mais c'est plutôt rempli d'amour qu'il agit ainsi, pour le bien de son enfant!]

-> Rabbi Yaakov Neiman (Darké Moussar) fait remarquer que lorsqu'un enfant retrouve son père qu'il avait perdu parmi la foule environnante, il est tellement heureux qu'il va se concentrer sur sa proximité avec son père, et il va ignorer la claque que son père va lui infliger pour s'être éloigné de lui.

De même, le 9 Av est un jour de grande proximité émotionnelle avec Hachem.
Nous savons qu'Il est avec nous en exil, qu'Il nous aime plus que tout, et que notre libération peut arriver à tout puisqu'étant entre nos mains.
[la prophétie de destruction et d'exil a déjà eu lieu, maintenant place à la reconstruction et à la réunification.
Le plus beau est devant nous b'h!!]

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-> Le Sfat Emet (5634) enseigne que le mot : "moéd" (מועד) contient la même racine que "daat" (connaissance - דעת).
Les Fêtes juives fournissent une grande opportunité aux juifs d'acquérir la connaissance du Créateur.

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-> Le rav Tsadok haCohen enseigne que la 1ere fois qu'une lettre apparaît dans la Torah, le mot la contenant nous transmet le sens profond de cette lettre.
La 1ere fois que la lettre tét (ט - valeur numérique de : 9), apparaît dans la Torah est au sein du mot : "tov" (bien - טוב).
=> Comment comprendre que le 9 Av soit un jour : "bon"?

On peut noter que le mot : tov (טוב) a une valeur numérique de : 17, et renvoie au : 17 Tamouz.
Or, les 3 semaines commencent par le 17 Tamouz, et se terminent le 9 Av!

Rav Tsi Méir Silverberg dit qu'il y a beaucoup de bonnes choses qui sont cachées dans ces jours.
Ainsi, si la tristesse nous conduit à faire téchouva, à accomplir plus de mitsvot et d'actes de bonté, ... alors c'est une bonne chose.
De même, si cette période va permettre la venue du Machia'h, alors la tristesse a atteint son objectif.

[une période difficile, un période de deuil est souvent un occasion de se remettre en question, de redéfinir ce qui doit être essentiel dans notre vie.
Par de telles larmes, on plante/se construit un magnifique avenir!]

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-> "Je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel et comme le sable du rivage de la mer" (Béréchit 22,17)

=> Pourquoi décrire le nombre des juifs par les étoiles et par le sable? Un seul des 2 n'aurait-il pas suffit?

Selon le Avodat Yissakhar, cela ne fait pas référence au nombre de personnes composant le peuple juif, mais cela nous apprend plutôt que :
-> des fois nous serons vus, comme des étoiles dans le ciel : brillants et étincelants ;
-> mais nous aurons aussi des périodes, durant lesquelles nous seront écrasés, piétinés, comme le sable de la mer.

=> Même si à cet instant précis nos actions nous amènent aux plus bas niveaux, D. nous a promis qu'à ce même instant, nous avons également la capacité de s'élever et vaincre tous nos ennemies.

Pour chacun, la vie n'est pas linéaire, il y a des hauts et des bas, des périodes où l'on est comme une étoile (tout nous réussi), et d'autre où l'on est comme du sable, qu'on piétine sans pitié.
Il faut savoir vivre avec, en sachant que c'est le même D. (Hachem) qui nous a donné ce qu'on caractérise de bien et de mal.
Les 2 nous sont utiles, et après notre mort, nous dirons pour les deux : c'était pour le bien!

Plutôt que de se plaindre, il faut aller de l'avant, en cherchant le positif, en se focalisant sur la finalité (tout est pour notre bien puisque provenant de D.).
Durant le 9 Av, on est assis par terre, se lamentant, pour mieux se tenir debout par la suite!!
[on est dans la poussière, pour mieux toujours les étoiles par la suite!]

Dans la religion juive, prendre le deuil est nécessaire et obligatoire, mais cela est bien défini par une durée, car il faut toujours aller de l'avant dans le cadre de la vie que D. nous propose.

La destruction du Temple nous enseigne que même si on est tombé au plus bas, il est encore possible d'espérer, de réparer.
La 1ere chose que nous devons faire est : de pleurer, de regretter du plus profond de nous-même notre comportement.
En effet, ce n'est qu'alors, qu'il nous est possible de nous changer, de nous améliorer
Nos larmes expriment fortement notre décision, elles deviennent la base qui va permettre d'édifier notre vie.

Il est écrit dans les Téhilim : "Ceux qui ont semé dans les larmes, dans la joie, ils récolteront"
Dans la vie, il y a un temps pour planter (c'est dur!), et un autre pour récolter.
Notre épreuve du moment est un tremplin qui va nous permettre d'atteindre des niveaux qu'on ne pourrait pas atteindre sinon.

Cette alternance de moments dits agréables, et "désagréables", vont permettre d'apprécier au mieux, de donner du goût à notre vie.
[A l'image du vélo, où l'alternance de haut et de bas de la pédale, va permettre le mouvement.]

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- > "Hachem nous aime plus qu’aucun père ne pourrait aimer son fils.
Ainsi, nous ne devons pas nous lamenter excessivement sur nos douleurs, car tout ce qui nous arrive est dans notre meilleur intérêt.
Nous ne pouvons pas toujours comprendre les plans de Hachem, mais nous devons avoir confiance en Lui, tout comme un enfant a confiance en son père, et ce même s’il ne comprend pas ses décisions."
[le Ibn Ezra - Réé 14,1]

=> Cela doit être de nos prises de conscience de la période de deuil du 9 Av.

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-> Dans le Shéma, nous déclarons : "Hachem Elokénou, Hachem é'had" (שְׁמַע יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָֽד).

Hachem (יְהוָה) représente le nom de D. dans Son attribut de miséricorde, et Elokénou (אֱלֹהֵינוּ) est celui dans Sa justice.

En apparence, il y a : "Hachem Elokénou" (la miséricorde et la justice), mais en réalité : "Hachem est l'Unique" (tout n’est que miséricorde).
C’est ce que nous déclarons au début du Shéma, ce texte central pour tout juif.

D'ailleurs, selon le Rabbi de Klausenbourg, nous nous couvrons les yeux lors de la lecture de ce passage, afin de cacher l’apparence extérieure des événements qui peut sembler très difficile, afin de mieux exprimer notre certitude que : "Tout ce que fait Hachem c’est pour le bien" [Rabbi Akiva – guémara Béra’hot 60b].

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-> "Car si je suis tombée, je me relève" (Mika 7,8 - Ki nafalti kamti)

C'est une des forces du peuple juif.
Même si on a dû lutter et tomber, nous nous relèverons toujours.
[la survie du peuple juif au travers l'histoire est un miracle phénoménal!]

Bien que non voulue, à chaque fois que je tombe et qu'ensuite je me relève, je deviens meilleur.
Bien que le fait de tomber fasse mal, c'est une nouvelle opportunité de grandir qui s'offre à moi.
Tant qu'il y a de la vie, c'est qu'on peut aller de l'avant!

[ "Le juste tombe 7 fois, et se relève ; mais les méchants sont effondrés par le malheur." (Michlé 24,16)
Le rav Hutner de préciser que ce n'est pas un tsadik qui tombe 7 fois, mais plutôt les 7 chutes qui vont permettre de transformer une personne en tsadik.
De la chute naît la grandeur!

De même le Méor Enayim (Vayétsé) écrit : "Ceci est la signification de : "Le juste (tsadik) tombe 7 fois, et se relève" (Michlé 24,16) = c'est ses chutes (défaillances) qui lui permettent d'atteindre des niveaux toujours plus élevés."

Selon rabbi Tsadok Hacohen de Lublin (le Pri Tsadik) : "Ce sont justement les descentes et les difficultés que l'homme rencontre dans son Service d'Hachem qui peuvent le faire se construire spirituellement.
C'est parce qu'il tombe que quand il se relèvera, il s'élèvera encore plus. Toutes les chutes qu'il pourra rencontrer ont la capacité d'être justement des moyens de le rapprocher davantage. Encore faut-il se renforcer et ne pas en désespérer." ]

-> Le midrach Chocher Tov (Téhilim 22) fait remarquer que c'est au moment le plus sombre de la nuit, que les premières lueurs du jour apparaissent.
Il en sera de même lorsque D. nous libérera.
A ce moment, cela nous paraîtra si sombre, que nous allons commencer à désespérer de revoir un jour de la lumière, mais c'est alors que l'aube de notre géoula fera son apparition.

La douleur de la présence divine

+ La douleur de la présence divine (Chékhina) :

-> "Dans toutes leurs souffrances, il [Hachem] a souffert avec eux (les juifs) ... il les a portés et soutenus pendant toute la durée des siècles" (Yéchayahou 63,9)

-> "La présence divine, s’il est permis de s’exprimer ainsi, réside avec Israël dans les souffrances de l’exil, et elle a inscrite Sa propre délivrance pour le jour où ils seront délivrés (guémara Meguila 29a). Elle reviendra [alors] avec eux."
[Rachi - Nitsvaim 30,3]

-> De même que les juifs souffrent de l'absence d'une relation de grande proximité avec Hachem, de même, Hachem souffre de cette relation difficile, et Il est tout seul en exil, puisqu'Il s'est éloigné d'eux.
[Tikouné Zohar - tikoun 6]

-> La guémara ('Haguiga 5b) enseigne que pour Hachem, dont la compréhension dépasse la confusion de ce monde, même la chose qui nous semble la plus difficile, est un réalité un élément faisant partie de son plan, qui est pour la joie ultime.
Cependant, il y a une exception à cela : la destruction du Temple entraîne de la tristesse et des pleurs même au Ciel.

-> Hachem agit comme un endeuillé sur la douleur (de la perte) du Temple.
[midrach rabba Eikha 1,1]

-> Il n'y aura plus aucun bonheur à Hachem tant que le Temple ne sera pas reconstruit et que le juifs ne retourneront pas à leur place appropriée : la terre d'Israël.
[Yalkout Chimoni Eikha 1009]

-> Rabbi Yossi dit à Eliyahou haNavi qu'il a entendu dans les ruines de Jérusalem une voix : "divine gémissante et pleurant : "Honte aux enfants dont les fautes M'ont poussé à détruire Ma maison et à les exiler parmi les non-juifs"

Eliyahou haNavi lui a dit : "3 fois chaque jour, Hachem pleure de cette façon sur la destruction du Temple"
[guémara Béra'hot 3a]

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-> Au moment de la destruction du Temple, Hachem dit aux anges :
"Laissez-moi verser des larmes amères. N'essayez même pas de me consoler de la rupture de mon peuple. Cette tragédie est trop grande pour être consolée.

Un jour de destruction a été appelé contre "la vallée de la Vision" (une référence à Jérusalem). Les murs de Jérusalem sont abattus, et des cris résonnent.
C'est un moment pour pleurer et se lamenter"

[Yéchayahou 22,4-5 et 12 - cf.Rachi]

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-> Le midrach (rabba Eikha Pesichta 24-25) décrit qu'au moment de la destruction du Temple, Hachem s'est apprêté à prendre congé du Temple.
Il a alors serré contre Lui et embrassé les saints murs et piliers, et a sangloté : "Au revoir Mon Temple; Au revoir Mon palais Royal. Au revoir, Ma maison bien-aimée. Au revoir pour le moment, au revoir!"

Une fois le Temple détruit, Hachem a continué à pleurer : "Mon lieu de résidence ... Honte à Moi pour la perte de Ma maison.
Mes enfants, où êtes-vous? Mes Cohanim, où êtes-vous? ... Que puis-je faire pour vous maintenant?

Je vous ai averti encore et encore, mais vous n'avez pas fait téchouva!"

Les anges ont voulu entonner leur chant, mais Hachem n'a pas voulu l'écouter.
"Je ne peux pas être réconforté par vos chants maintenant. Aujourd'hui, c'est un jour de chaos et de dévastation. C'est un moment de pleurs, et non de consolation."

Hachem a alors appelé [le prophète] Yirmiyahou : "Yirmiyahou! Je suis comme un père qui a marié son seul fils, et il est mort au moment du mariage.
Comment le père peut-il prendre le deuil de cette tragédie?

Va appeler les Patriarches : Avraham, Yits'hak et Yaakov.
Va appeler : Moché.
Va les appeler depuis leur tombe. Ils sauront comment pleurer ensemble avec Moi"
[...]

Ils sont alors venus au Temple, et ils sont allés de Porte détruite en Porte détruite, se rendant compte de la destruction et ils ont pleuré : pleuré sur la punition reçue par le peuple juif, pleuré ensemble avec Hachem.

[midrach rabba Eikha Pesichta 24-25]

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-> Chaque juif doit se sentir responsable de rejoindre la douleur d'Hachem, à l'image d'un enfant qui ressent la souffrance de son père comme la sienne.
[Yessod véChorech haAvoda 9,11]

-> Nous devons chercher à imiter la façon d'agir de Hachem, en agissant en fonction de ce qu'il fait.
Ainsi, si Hachem a de la tristesse, alors nous devons également avoir de la tristesse.
S'il pleure, alors nous devons faire de même.
Lorsqu'il se lamente, c'est également un moment pour nous de se lamenter.
[Réchit 'Hokhma - Anava 6,60]

-> Le Alshich haKadoch a écrit une kina dans laquelle il dit :
"Rassemblez-vous, enfants d’Israël! Déchirez votre cœur, plutôt que vos vêtements et ressentez le tort causé par vos fautes ...
Que dit la présence divine?
Je souffre et personne ne prête attention à M'aider.

Vos fautes ont poussé Ma main contre vous. Vous souffrez maintenant de l'exil afin de pouvoir corriger ce que vous avez fait ... mais personne ne semble prendre cela à cœur ..."

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-> Rabbi Chimin bar Yo'haï dit que Hachem est constamment en train d'attendre, et de vérifier si une personne fait téchouva afin de soulager Sa souffrance et amener le machia'h.
Mais Il est déçu, encore et encore, puisqu'Il voit tous les gens aller en fonction de leur vie, prenant soin de leurs propres besoins alors que Ses besoins sont négligés.

Ils sont trop occupés à tendre vers le monde matériel pour se rendre compte des demandes du Ciel ...
C'est pourquoi, Hachem attend encore et encore, sans fin en vue ...

[Hachem nous dit: ] Je vous aime et tout ce que Je veux c'est de pouvoir vous donner.
J'aimerai pouvoir vous couvrir de Miséricorde.
Retournez vers Moi et Je pourrais revenir vers vous.
Faites téchouva et Je réparerai notre relation et Je vous consolerai"

[Tikouné Zohar - tikoun 6]

[L'introduction du Séfer 'Harédim nous rapporte que si des géants comme Rabbi Chimon bar Yo'haï ressentait la souffrance de Hachem alors qu'ils n'avaient évidemment pas de faute personnelle pouvant provoquer l'exil, combien à plus forte raison devons-nous le faire, nous qui prenons part à de telles fautes. ]

[A chaque génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit.
S'il n'y a pas de Temple, ce n'est pas qu'à cause de nos ancêtres, c'est principalement de notre faute (sinon il aurait été reconstruit!).
Ainsi, chaque année, nous refaisons subir à Hachem les mêmes souffrances, déceptions!!!

=> Comment peut-on vivre sans se soucier de la peine que l'on fait à Hachem! ]

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-> La Présence Divine se trouve en exil, comme un lion enfermé dans une cage.
[Zohar]

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-> Sur ce sujet, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi

Construction du Temple, venue du Machia’h :

++ Construction du Temple, venue du Machia'h :

+ Nécessité de le demander :

-> "En Ton secours j'espère Hachem" (Vayéhi 49,18)

Le midrach rabba (Béréchit 98,14) commente qu'afin de recevoir toute bonne chose, nous avons besoin de la désirer.
C'est que lorsque Yaakov a désiré la guéoula, il en a rapproché la réalisation de cette réalité.

-> "Lorsqu'il y aura une génération qui désirera Mon Royaume, alors elle sera immédiatement délivrée."
[midrach Yalkout Chimoni Eikha 997]

-> Le Séfer 'Harédim rapporte que puisque la destruction du Temple prend racine dans la faute des explorateurs qui ont manqué d'enthousiasme pour la terre d'Israël, afin de réparer cela nous devons témoigner un maximum d'enthousiasme pour la terre d'Israël et son Temple.

-> "Il n'y aura pas de Temple, du Royaume ultime de Hachem, et du machia'h, tant que les juifs ne le demanderont pas"
[Rachi - Ochaya 3,5]

Le Mahari (Yéchayahou 21,12) dit que nous avons déjà dépassé notre temps requis en exil, mais pour que la guéoula vienne nous devons le demander.

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne également que Hachem n'amènera pas la guéoula, même si nous en sommes méritants et que le temps est déjà arrivé, sauf si nous le demandons.

En ce sens, il conseille d'être sincère et de ressentir pleinement des émotions, lorsque dans nos 3 prières journalières nous demandons la reconstruction du Temple au plus vite.
[ce n'est que des paroles récitées avec précipitation, c'est un besoin vital : D. on ne veut pas vivre en étant loin de toi! Envoie-nous vite le machia'h!]

-> Le Ramban (Chémot 2,25) prend l'exemple des juifs esclaves en Egypte, qui ont prié et pleuré vers Hachem.
Bien qu'ils n'avaient pas les mérites pour sortir, grâce à leur prière de tout cœur, ils ont pu obtenir ce que Hachem leur avait préparé.

-> Le Sforno (Chir haChirim 2,9-15) dit que c'est la même méthode dans chaque exil.
Hachem se cache jusqu'à que nous Lui témoignons que nous ne pouvons pas exister sans Sa proximité et sa libération.

=> Hachem attend d'entendre nos voix, nos désirs d'être plus proches de Lui.

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-> La guémara (Yoma 21b) fait remarquer que le 2e Temple était nettement moins bien que le 1er, la présence divine y étant moins présente.
Pourquoi cela?

La guémara (Yoma 9b) rapporte que c'est parce que tous les juifs n'ont pas participé de tout cœur à sa reconstruction.
En effet, beaucoup ne sont pas retournés en Israël, préférant rester en exil à Bavèl.

Si tous les juifs s'étaient tous rejoints avec enthousiasme, la présence divine aurait été aussi présente que lors du 1er Temple.

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-> Lors du 2e Temple, la Présence Divine ne résidait pas parmi les juifs, mais était réfléchie du Temple d'En Haut vers le Temple d'en bas.
[Méam Loez - Vézot haBéra'ha 33,12]

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+ Que pouvons-nous faire au niveau individuel?

Le Ram'hal (Messilat Yécharim 19) répond :
"Chaque chose que fait une personne est important, et Hachem attend les prières de chacun.

Même si nos prières ne parviennent pas à reconstruire le Temple, Hachem prend beaucoup de plaisir de chacun de Ses enfants qui partage Ses désirs et prie pour la reconstruction de Sa maison.
Bien qu'il semble que nos efforts ne produisent aucun changement notable, nous ne devons pas laisser cette pensée nous en dissuader.

Chaque prière du fond du cœur est un accomplissement incomparable et nous rapproche (de D. et du Temple)."

-> De plus, chaque personne peut se construire en lui-même son propre "Temple".
Sa relation unique avec Hachem, lui permet d'être plus proche de D., comme pouvait le faire le Temple.
Par nos prières sincères, on peut amener la guéoula sur soi-même, en même temps que d’accélérer la venue de la guéoula collective.

-> "Lorsque les juifs sont revenus pour le 2e Temple, leur guéoula a été proportionnelle à leur désir pour la guéoula."
[Kouzari 2,24]

=> Plus on exprime un désir d'être proche d'Hachem, plus la reconstruction du Temple sera magnifique.

Notre Temple personnel aura une importance, une "efficacité" proportionnelle aux pleurs, à l'expression de notre désir sincère de vouloir être proche d'Hachem.

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-> Le Ibn Ezra (Téhilim 102,18) explique que Jérusalem est construite par le biais de nos prières.

-> Le Kouzari (maamar 2 ot 24) écrit que si nous avions dit les prières que nous avons déjà récitées pour le retour du Temple et de la Présence Divine à Jérusalem, avec les bonnes intentions et sentiments, alors nous aurions déjà mérité de la voir. Le problème est que nous disons ces prières comme des perroquets.

-> Le rav 'Haïm Vittal et le Imré Noam enseignent que particulièrement à notre époque (précédant la venue du machia'h), nous devons mettre un accent considérable sur le renforcement de nos prières.

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+ Prendre le deuil, s'attrister :

-> "Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit], tandis que celui qui ne s'en attriste pas, n'en profitera pas."
[guémara Taanit 30b]

-> Le Ritva (Taanit 30b) dit que cela s'applique même aux personnes mortes, qui reviendront avant les autres spécialement pour se joindre à ce moment.

Il explique que la résurrection des morts se fera en 2 étapes :
- 1ere étape : au début de l'ère messianique, qui sera réservée à ceux qui auront attendu la venue du machia'h en exile.
Puisque de leur vivant, ils attendaient impatiemment la reconstruction du Temple, ils vont mériter de voir sa reconstruction, qui aura lieu avec l'arrivée du machia'h (guémara Taanit 30b).

- 2e étape : Ceux qui ne se seront pas attristés pour le Temple, ne se lèveront pas à ce moment, mais uniquement au "Grand jour du Jugement", qui se tiendra à la fin de la période messianique.

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-> La guémara utilise le terme : "bésim'ha" (litt. dans sa joie).
Que veut-on dire par le fait que nous verrons Jérusalem "dans sa joie", plutôt que de dire : reconstruire?

Le rav 'Haïm Yossef Kofman répond que lorsque nous mériterons de voir Jérusalem reconstruite dans toute sa gloire, avec la splendeur du Temple, et la lumière de la Présence Divine, pas tout le monde aura une perception identique de cette réalité.
En effet, nos Sages nous enseignent qu'une personne qui prendra le deuil de Jérusalem d'un cœur entier, non seulement méritera de voir sa reconstruction physique, mais également elle méritera une bénédiction spéciale de pouvoir apprécier cette joie.

[ainsi, le plus nous nous lamentons sur la destruction du Temple, le plus nous ressentirons de la joie suite à sa reconstruction!
Nous pensons à tord que prendre le deuil de Jérusalem doit venir naturellement/passivement, mais en réalité, c'est un travail constant. Plus nous prenons conscience de ce qu'il nous manque à cause de cela, plus nous venons à en être attristés.
Ainsi, mesure pour mesure pour les efforts que nous déployons pour prendre à cœur la disparition du Temple, Hachem nous récompensera en nous offrons de la joie supplémentaire lors de sa reconstruction.]

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-> Le Maharal explique que l'on s'attriste lorsque l'on ressent un manque.
Plus on ressent que la perte est importe, plus notre tristesse sera grande.
Celui qui ne se lamente pas clairement, ne ressent pas qu'il lui manque quelque chose.

Une personne qui ne ressent pas le vide de Jérusalem ne ressentira pas les réjouissances lorsqu'elle sera reconstruite.
Ce n'est pas une punition, c'est uniquement qu'une telle personne n'a pas de raison d'y être inclue.

-> Hachem dit aux juifs : "Vos fautes ont entraîné la destruction de Ma maison et le fait que Mes enfants aillent en exil. Si vous témoignez de l'intérêt pour leur retour paisible, Je vous pardonnerai et vous bénirai par la paix"
[Dérekh Erets Zouta - Pérek Shalom]

-> "Tout juif qui étudie la Torah convenablement et ressent de la tristesse pour le manque d'honneur de Hachem et du peuple d'Israël, et qui est attristé sur le manque de gloire de Jérusalem, le Temple et la guéoula finale, il recevra le roua'h haKodech"
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.4]

-> "Il a été passé au travers des générations et connu pour être véridique, que toute personne qui pense régulièrement à la douleur de la présence divine en raison du fait d'être en exil, méritera la couronne de la Torah."
[Kav haYachar - chap.93]

-> Rabbi Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Chémot) rapporte que lorsqu'il était jeune, il trouvait la synagogue pleine de personnes simples (de monsieur tout le monde) qui pleuraient en lisant le tikoun 'hatsot (décrivant la présence divine en exil et priant pour la guéoula).

-> La guémara (Guittin 57a) rapporte qu'un nombre élevé de grands tsadkim vivant à Kfar Sachanyah, ont été tués.
De quelle faute ont été coupables ces tsadikim pour mériter une telle punition?

La guémara répond : c'est parce qu'ils ne s'attristaient pas sur la destruction de Jérusalem.

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-> Le Yaabets (Siddour beit Yaakov) enseigne :
"A mon avis, (le fait de ne pas s'attrister sur la destruction de Jérusalem) est la raison la plus évidente pour les persécutions constantes qui dévastent régulièrement les communautés juive au travers l'exil.
Nous devenons confortable et nous en oublions que notre véritable maison a été détruite et que c'est une raison pour nous lamenter.

Alors, Hachem nous envoie les non-juifs pour renouveler le goût amer de l'exil dans nos bouches."

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-> A la suite du 2e Temple, un groupe de juifs s'est interdit de manger de la viande et de boire du vin pendant toute l'année.
Ils disaient : "Comment pouvons-nous manger de la viande maintenant que l'Auterl (mizbéa'h) n'a plus de viande à consommer? Comment pouvons-nous boire du vin alors que nous ne versons plus de vin dans le Temple?"

Les Sages n'ont pas approuvé leur comportement, les décourageant d'agir ainsi, car selon eux ces restrictions étaient trop difficiles à suivre par le peuple tout entier.
[guémara Baba Métsia 60b]

Les Sages ont donc limité cette pratique dans le temps.

-> Au moment du birkat haMazone nous devons recouvrir les couteaux, car nos Sages ont peur que par le simple rappel de la destruction du Temple nous en venions à nous tuer de douleur.

-> "Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service!
Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies!" (Téhilim 137,5-6)

-> Nos Sages ont institué des rappels durant l'année : à son mariage un jeune marié va mettre des cendres sur son front en se dirigeant vers la 'Houpa ; nous cassons un verre pour se souvenir de cette destruction, ...

Au sommet d'une construction personnelle, d'une joie, nous n'oublions pas que Jérusalem doit être reconstruire.

-> Par ailleurs, sur le mur faisant face à l'entrée de notre habitation, nos Sages ont demandé de laisser un souvenir de la destruction du Temple, pour s'en rappeler à chaque fois que l'on rentre.

Cette mitsva consiste à laisser un carré sans peinture (ou papier peint) en gardant le plâtre apparent, sur une largeur de 48cm et une longueur de 48cm. (Choul'han Aroukh 560,1)

Le rav 'Haïm Falaji écrit que ceux qui la respectent selon la loi juive, leur maison sera protégé ainsi que leurs habitants.

Si l'on achète une habitation ayant déjà les murs peints ou tapissés, on pourra les laisser sans devoir gratter la peinture ou enlever le papier peint, mais il sera bon de le faire pour respecter cette mitsva de souvenir du 'horban.

-> A la vue des ruines du Temple, nous devons déchirer notre vêtement, à l'image de quelqu'un qui de perdre un proche parent.
[Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 561,2]

-> Lors d'un banquet, nous devons laisser sur la table un coin vide sur lequel on ne disposera pas de mets, en souvenir du Temple (Choul'han Aroukh 560,2).
Le Shabbath cela n'est pas nécessaire.

-> Les femmes ne se pareront pas de tous leurs bijoux à la fois, et ce, afin que leur joie ne soit pas entière. (Choul'han Aroukh)

-> Normalement nous de devrions plus écouter de la musique avec instruments, sauf à l'occasion d'un mariage ou autre moment de joie, de mitsva.
A notre générations, les décisionnaires ont écrit que puisque l'on manque beaucoup de paix intérieure, et comme de nombreuses personnes souffrent de tristesse, de dépression ou de stress, la musique n'est plus tout à fait une source de joie, mais plutôt de calme et de guérison.
De plus, de nombreux chants permettent de renforcer l'homme dans le service de D., rendant permis le fait de les écouter.

L’impact du Temple sur les juifs

+ L'impact du Temple sur les juifs :

-> Au Temple, la sainteté et la présence divine étaient évidentes, comme palpables.
La crainte de D. y était inévitable.
[le Radak - Téhilim 68,36]

-> Le Temple injectait une conscience de Hachem dans leurs veines.
[Yaabetz - Pirké Avot 5,23]

-> Par le simple fait de marcher dans le Temple, on ressentait une montée de sainteté en nous.

La loi juive demande d'être pieds nus dans l'enceinte du Temple (azara), et le contact physique avec le sol sacré les remplissaient d'une compréhension spirituelle.
Cela les amenaient à un niveau de roua'h haKodech (inspiration divine).
[Rabbi Yonathan Eybeschütz - Yaarot Dévach - drouch 11]

-> Le midrach rabba (Béréchit 65,22) rapporte l'exemple de Yossef Méchita.
Lorsque le 2e Temple a été détruit, les non-juifs ont demandé à ce que le 1er qui entrerait dans le lieu saint pour piller le Temple soit un Juif [ce fut sûrement dans l’intention de rabaisser encore davantage le peuple juif].

Après avoir endossé cette responsabilité, un homme du nom de Yossef Méchita (qui était resté loin de ses racines et faisait partie des soldats non-juifs) pénétra ainsi dans le Temple et en ressortit en emportant avec lui la magnifique Ménora.

Les non-Juifs voulurent garder ce trésor, et lui demandèrent alors d'entrer à nouveau afin de dérober d’autres trésors qu'il pourrait garder pour lui. Mais cette fois-ci, l’homme refusa et déclara : "J’ai déjà mis une fois mon Créateur en colère, pourquoi recommencerais-je ?"

Les non-Juifs essayèrent de le soudoyer en lui proposant beaucoup d’argent, un poste important, ... ; puis, ils le menacèrent de le torturer, et enfin de le faire mourir. Mais Yossef Méchita s'obstina.
Les non-Juifs l’exécutèrent après lui avoir fait subir de terribles souffrances en le découpant avec une scie à bois.

Tandis qu’il rendait l’âme, Yossef Méchita hurlait, mais ce n’était pas à cause de la douleur.
Voilà ce qu’il criait : "Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur ! Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur !"

Comment expliquer une transformation si complète?

Selon le rav de Poniovitch, c'est parce qu'il a pu faire quelques pas dans le Temple, ce qui a suffit à changer tout son système de valeur, au point d'être prêt à mourir pour Hachem (kidouch Hachem).

=> Si une personne qui était très loin de D. (au point d'être prête à y entrer pour y voler des objets sacrés, ce que même les envahisseurs n'osaient alors pas faire), avait la possibilité d'être prête à tout pour faire la volonté de D., on peut se rendre compte du pouvoir incroyable du simple fait de marcher dans le Temple.

Lorsque les juifs venaient au Temps pour les fêtes, ils faisaient entrer en eux de la sainteté qui allait les accompagner pendant toute l'année, afin d'agir d'une manière très élevée et proche de Hachem.

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+ La prophétie :

-> Le Temple était un générateur de prophétie, qui est le niveau le plus élevé d'attachement à Hachem.

Les Portes du Ciel se trouvait (ouvertes) là-bas, et c'était ainsi l'endroit où il était le plus facile de devenir proche de D.
[Rabbénou Bé'hayé - Kad haKéma'h - Avèl 4]

-> Le Ran (drachot haRan 8) appelle le Temple : "la maison faite pour amener un déversement de prophétie et de sagesse".

-> A Souccot, le "temps de notre joie", pendant 'hol haMoéd, il y avait une fête incroyable autour de la libation de l'eau.

Le midrach rabba (Béréchit 70,8) dit que la grande joie n'était pas en lien avec l'eau, mais plutôt du fait de puiser du roua'h haKodech.
C'était un moment où tous les participants pouvaient énormément être élevés au point de recevoir le roua'h haKodech (qui correspond au plus grand niveau d'attachement avec Hachem).

Selon la guémara (Yérouchalmi Soucca 5,1), le prophète Yona a pu atteindre le roua'h haKodech, uniquement en rejoignant la fête de "Sim'ha Beit haChoéva".

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+ La sagesse :

-> Les habitants de Jérusalem, de par leur proximité avec le Temple, avaient par exemple une sagesse légendaire.

Le midrach rabba (Eikha 1,4) rapporte que si un habitant de Jérusalem voyageait à l'étranger, il était accueilli avec beaucoup d'enthousiasme.
Les habitants de cette ville lui offrait un magnifique fauteuil et se réunissaient tous autour de lui, dans l'attente avide d'entendre de sa bouche des perles de sagesse.
Et ils n'en étaient jamais déçus.

-> Le midrach rabba (Eikha 1,4-13) rapporte des récits montrant que les habitants de Athènes étaient grandement impressionnés par l'intelligence et l'esprit aiguisé des habitants de Jérusalem.

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-> "Comme D. a assombri la fille de Sion dans Sa colère" (Eikha 2,1)
Selon une interprétation, l'obscurcissement de Sion représente l'assombrissement de l'intellect.
Les habitants de Jérusalem étaient célèbres pour leur sagesse mais après la destruction du Temple, leur discernement a été obscurci.

La guémara ('Haguiga 56) raconte l'épisode suivant : rabbi Yéhouda haNassi, qui a rédigé la michna, était en train d'étudier le livre d'Eikha. Lorsqu'il est arrivé au verset : "Il a précipité la gloire du ciel jusqu'à terre" (Eikha 2,1), il fut si bouleversé que le rouleau de parchemin lui est tombé des mains.
Il s'est exclamé : "D'un toit élevé à une fosse profonde!"

[il faut s'imaginer la perte du Temple comme passer du ciel à la terre, d'un toit élevé [ex: en spiritualité] à une fosse profonde. La perte est énorme pour les juifs!]

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+ Les prophètes à l'époque du Temple :

-> La guémara (Méguila 14a) nous enseigne qu'au travers toute l'histoire du peuple juif, il y a eu 1 200 000 prophètes.

-> Selon la guémara (Sotah 48b), au début du 1er Temple, la prophétie était quelque chose de très répandue, mais avec le temps elle est devenue de plus en plus rare, jusqu'au point d'être entièrement perdue peu après la construction du 2e Temple.

-> Le Ramban (Vayikra 26,11) décrit que lorsqu'un tsadik était malade, il allait rendre visite à un prophète.

A cette époque, les médecins n'avaient la visite "que" par les personnes ordinaires du peuple.
L'élite avait la capacité de traiter leur maladie à la source.
En effet, le prophète leur disait qu'elle était la faute à l'origine de la maladie, et il suffisait alors de faire téchouva pour être guéri.

-> Un prophète avait la possibilité de tout savoir sur la vie d'une personne, y qui compris tous ses secrets.
[guémara Yoma 75a]

=> Un des impacts de l'existence du Temple est la présence de nombreux prophètes, qui vont donner des conseils de vie aux juifs, afin de pouvoir constamment être à un niveau de grande proximité avec Hachem.

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+ Le Cohen Gadol :

-> Le Cohen Gadol était considéré comme le responsable de la génération.

Selon nos Sages, il devait influencer les juifs à faire téchouva par le biais de ses prières.
D'ailleurs, si un juif était puni en raison de ses fautes, dans une certaine mesure, le Cohen Gadol en était également tenu pour responsable.
En effet, ses prières n'ont pas dû être assez fortes pour pouvoir l'amener à faire téchouva.
[guémara Makot 11a et Maharcha]

-> En tant que responsable de tous les juifs, c'est lui qui était en charge d'obtenir le pardon pour les fautes de tous les juifs, le jour de Kippour.
Afin de lui permettre de faire cela, Hachem lui révélait les fautes des personnes.
C'est ainsi qu'au moment de faire la confession des fautes (vidouï) de tous les juifs, il savait avec précision les fautes sur lesquelles demander pardon à D.

Grâce à cette connaissance de chacun, il donnait aussi des conseils (et encouragement) à chaque juif pour qu'il puisse améliorer son service divin.

[Gaon de Vilna - Michlé 27,9]

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+ Le pouvoir d'expiation :

-> La guémara (Yoma 39b) nous enseigne que le Temple était appelé : "Lévanon", mot ayant comme racine : "lavan" (blanc), une allusion au fait qu'il blanchissait et nettoyait les fautes des juifs.

-> Le Gaon de Vilna (Chir haChirim 1,17) explique que même si une personne fait téchouva, elle ne peut pas se débarrasser totalement de sa faute.
Par contre, après avoir apporté un sacrifice (korban), il ne reste absolument rien.

-> Les fautes pesaient lourdement dans le cœur des gens, et ils attendaient avec impatience leur voyage à Jérusalem, où ils auraient alors l'occasion de se débarrasser de ce fardeau spirituel.

Lorsqu'ils avaient la possibilité de rendre visite au Temple, ils y offraient les sacrifices nécessaires, et ils marchaient ensuite en étant plein de joie et de paix, libre comme un oiseau.
[midrach Yalkout Chimoni Téhilim 755 - pérek 48]

-> Le Ari zal (Likouté Torah Vayakel 38,8) rapporte un fait intéressant.
La puissance du pardon par le biais d'un sacrifie pouvait être plus forte si l'on avait un Cohen méritant.

Le Cohen regardait le visage du juif (ou son reflet dans le kior si c'était une femme), afin de voir la nature de la faute faite.
Le Cohen avait la faculté de voir les intentions et les motivations, et ce qui a pu être abîmé par la faute.
Suite à cela, il pouvait apporter le sacrifice avec les pensées appropriées afin de restaurer la personne dans son état d'avant la faute.

-> "Aucune personne n'est jamais restée à Jérusalem et n'a gardé une faute sur elle.
Le korban Tamid du matin pardonnait pour tout ce qui avait pu se produire pendant la nuit précédente, et le Tamid de l'après-midi, sur ce qui a pu se passer pendant la journée"
[midrach rabba Bamidbar 21,21]

-> La guémara (Yoma 67a) rapporte que le jour de Kippour, il était possible de voir le moment où le pardon demandé par le Cohen Gadol, était accepté par Hachem.
En effet, un morceau de laine rouge accroché dans le Temple, passait alors au blanc neige.

[Les âmes de tous les juifs redevenaient alors blanches comme neige].

=> Le fait d'être toujours "blanc", permettait de bénéficier d'une proximité incroyable avec Hachem.

Cette possibilité de pouvoir facilement se laver de nos fautes, nous permettait d'éviter de devoir beaucoup souffrir comme moyen de réparer nos fautes.

=> En plus d'un éloignement avec Hachem, la destruction du Temple a causé qu'au lieu d'apporter un simple sacrifice, nous devons apporter des souffrances (tous nos malheurs proviennent de cela!).

"La destruction du Temple a été comme la mort pour les juifs.
L'âme du peuple d'Israël leur a été arrachée, les laissant comme un corps sans vie. "

[le Gaon de Vilna - Sifra déTsniouta - Lilout 9]

En effet, à la différence des autres êtres vivants (où seul le cœur doit battre), pour un juif le fait d'être vivant se retrouve principalement dans sa capacité à se connecter avec Hachem.
Or, le Temple représente la forme la plus élevée et la plus pure de connexion avec Hachem, la source de toute vie.

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-> Lors des 3 semaines menant au 9 Av 1492, à l'époque du rav Don Its'hak Abarbanel, il y a eu plus de 100 000 juifs qui ont choisi de quitter l'Espagne plutôt que de se convertir.
Bien que normalement durant cette période des 3 semaines, il nous est interdit de jouer de la musique, nos Sages de cette génération ont alors décrété une permission spéciale de pouvoir jouer des instruments afin d'élever les esprits abattus de ces juifs expulsés, de leur redonner de l'espérance et de la confiance en Hachem.
Mais, en agissant ainsi nos Sages voulaient également enseigner à ces juifs que nous ne pleurons pas sur un changement de lieu d'exil, nous pleurons uniquement sur notre départ de Jérusalem.

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Au cœur de la vie juive, nous trouvons le pouvoir de la prière et la force de l'étude de la Torah.
Nous allons voir b'h, ce que nous y avons perdu avec la destruction du Temple.

+ La prière :

-> "[Hachem dit : ] Ma maison sera dénommée : Maison des prières" (Yéchayahou 56,7)

-> Yaakov a déclaré : "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (Vayétsé 28,17)

Le Targoum Yonathan commente : "ce n'est pas un lieu ordinaire, c'est un lieu convenable pour la prière".

Rachi explique : "c'est la porte des cieux, c'est-à-dire le point d'où les prières s'élèvent vers D."

-> "[Le Temple est ] le lien entre la terre et le Ciel, une route directe, entièrement dégagée pour que les prières s'élèvent"
[Ets Yossef - Béréchit rabba 69,7]

-> Lorsque le roi Chlomo a terminé la construction du Temple, il a prié Hachem : "Que Tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette maison, sur ce lieu dont tu as dit: "Mon nom y régnera", et que tu entendes les prières, ... les supplications de ton serviteur et de ton peuple Israël, proférées en ce lieu ; du haut du ciel où tu résides, tu les écouteras et tu pardonneras." (Méla'him I 8,29-30)

-> Le Maharcha (guémara Baba Métsia 59a) rapporte que si un juif n'avait pas la possibilité d'aller au Temple, il était quand même leur solution à leurs problèmes puisqu'il permettait à toutes les prières de passer.
Ce qui explique pourquoi nous nous tournons (encore aujourd'hui) vers le Temple lorsque nous prions (guémara Béra'hot 30a).

-> "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?" (Vaét'hanan 4,7)
Ainsi, la prière est la plus grande preuve de notre proximité avec D.

Le Yérouchalmi rapporte que les non-juifs servent des idoles qui sont proches d'eux, au sein même de leur maison, mais cependant leurs dieux ne les écoutent pas et ne font rien pour eux.
Leurs dieux semblent extrêmement proches d'eux, mais ils n'ont aucun lien avec eux.
A l'inverse, lorsque les juifs prient il semble que Hachem est très loin, dans le Ciel tandis que nous sommes sur terre, mais en réalité Hachem est extrêmement proche.
Hachem place Ses "oreilles" juste à côté de notre bouche pour entendre nos prières. De plus, Il a une affection et un amour infinis à notre égard (plus qu'aucun parent ne pourra avoir envers ses enfants).

-> "Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère" (Téhilim 81,10)
Le rabbi Mendel de Kotzk explique que l'on ne doit pas penser que Hachem est comme un étranger (zar) qui n'est pas intéressé par nos prières, et qui est distant de nous. Mais nous devons plutôt être persuadés qu'Il désire beaucoup les entendre et qu'Il y répondra.

-> "ou yikraéni : avi ata, éli vétsour yéchouati" (Téhilim 89,27)
Le Yessod haAvoda explique :
- "ou yikraéni : avi ata" = lorsqu'une personne crie [intérieurement] : Papa à l'aide! (avi ata) ;
- "éli vétsour yéchouati" = alors Hachem lui amène le salut, la délivrance (yéchoua).
["Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?"]

-> "Je cacherai assurément Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18)

Le Ibn Ezra explique : lorsque Hachem cache Sa face c'est une allusion au fait qu'Il ne répond plus à nos prières
Nous avons détruit tout le pouvoir de la prière avec la destruction du Temple.

-> Selon la guémara (Béra'hot 32b), le prophète Yé'hezkiel a reçu une prophétie spécifique afin d'avertir les juifs que lorsque le Temple sera perdu, le canal direct pour les prières sera également détruit.

Comme il est écrit dans Eikha : "En vain je crie et appelle au secours, il ferme tout accès à ma prière" (v.3,8) ou bien encore : "Tu t'es entouré de nuages, pour empêcher les prières de passer"(v.3,44).

La guémara (Béra'hot 32b) enseigne que les Portes du Ciel ont été fermées à ce moment là, comme si un mur a été érigé pour nous séparer de Hachem, qui nous refuse alors toute proximité avec Lui.

-> "Ce qui pouvait être réalisé par 1 seule prière à l'époque du Temple, ne peut s'accomplir de nos jours qu'avec de nombreuses prières et avec beaucoup de miséricorde divine"
[Maharcha - guémara Baba Métsia 59a]

La prière est évidement toujours indispensable et vitale (si on ne demande pas à D., on ne peut pas avoir), mais sans le Temple nous devons fournir des efforts beaucoup plus nombreux pour espérer qu'elles soient acceptées.

Avec le Temple, on ouvrait la bouche et l'on recevait une pluie de bénédictions.

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+ L'étude de la Torah :

-> Le midrach rabba (Kohélet 11,12) décrit la Torah que nous avons aujourd'hui comme "vide" (néant) en comparaison avec la Torah qu'il y aura au temps du machia'h.

-> Après la destruction du Temple, les secrets de la Torah ont été perdus du public, et jusqu'à l'arrivée du machia'h, ils ne peuvent être enseignés qu'en privé.
La Torah a été perdue à tous les niveaux.
[Gaon de Vilna - Chir haChirim 8,1]

-> La guémara ('Haguiga 5b), se basant sur les paroles de Yirmiyahou (v.13,17), rapportent les 3 larmes qu'a pu avoir Hachem suite à la destruction du Temple.

La 1ere larme portait sur la perte du 1er Temple ; la 2e larme sur la perte du 2e Temple, et la 3e larme était sur l'exil qui a causé une perturbation dans l'étude de la Torah.

-> Chaque nuit, un cri de douleur éclate au Ciel pour chacune de ces pertes.
[guémara Béra'hot 3a]

=> De même que la perte du Temple est toujours palpable, de même l'affaiblissement dans l'étude de la Torah est constamment perçue comme une tragédie.
C'est un désastre dont il est approprié de prendre le deuil chaque jour.

[moins de Torah, c'est moins de bénédictions, c'est moins de connaissance, de lien avec Hachem (puisqu'en nous donnant la Torah, D. nous a donné une partie de Lui-même), ]

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-> La michna Broura (fin du siman 580) rapporte que suite à la destruction du Temple, le contrôle de la Torah a été pris par les forces du mal (klipot), et d'écrire : "Pour chaque juif, cela est une raison appropriée pour pleurer. Toute personne qui a un lien avec la Torah doit en être émue aux larmes."

-> Le Gaon de Vilna enseigne que depuis la destruction du Temple, la capacité de faire des 'hidouchim, de trouver de nouvelles approches dans la Torah a été perdue.

Il explique que nous pouvons au mieux espérer obtenir d'autres idées concernant ce qui a pu déjà être dit, mais nous ne pouvons plus rien apporter de nouveau.
A l'époque du Temple, cependant, la Torah était florissante et chaque personne ajoutait sa part de nouveautés à la Torah.

-> La michna (Sotah 49a) affirme que peu de temps avant la destruction du 2e Temple, l'honneur de la Torah a cessé d'être.
Jusqu'alors tout le monde restait debout pendant tout le temps où il étudiait la Torah afin de l'honorer.

[cela s'est terminé en même temps que la mort de Rabban Gamliel, 20 ans avant la perte du Temple]

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-> La destruction du Temple a entraîné la fin du Sanhédrin qui avait la capacité de statuer sur l'unique version correcte de la Torah. (Tossefta Sanhedrin 7,1)

La guémara (Sanhedrin 86b) enseigne la loi de : "zakèn mamré", faisant que toute personne s'opposant à la décision du Sanhédrin méritait la peine de mort.

=> Il y avait ainsi une unité totale dans la loi juive.

-> La guémara (Sanhedrin 88b), ainsi que Rachi (Baba Métsia 33b) rapportent l'idée que la destruction du Temple a apporté une obscurité dans la Torah, puisque c'est à partir de ce moment que sont apparus les désaccords dans la loi juive (makhlokét).

=> Avant la perte du Temple, la Torah était magnifique, brillante de clarté par un feu uni de la Torah.

-> Il est écrit : "Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts" (Eikha 3,6)

La guémara (Sanhedrin 24a - Rachi) commente que ce verset fait référence à l'étude de la Torah à Bavél (et ensuite), où ils argumentaient constamment sans arriver à une clarification finale.

C'est l'obscurité de la mort puisqu'il manque une clarification totale : la clarté de la Torah.

=> Hachem pleure le fait que la clarté de la Torah soit aux mains d'une élite, et que la quasi-totalité du peuple juif est comme une bougie sur le point de s'éteindre.

[le midrach Tan'houma rapporte qu'à la génération du roi David, il y avait une capacité à voir l'ensemble des arguments pour chaque point de loi juive.

En perdant le Temple, on a perdu un énorme proximité avec Hachem et Sa Torah, et la baisse de niveau dans l'étude de la Torah a été terrible (au point que D. pleure cela tous les jours!).

De plus, sans la Torah pour nous protéger et purifier, nous sommes aux mains de notre yétser ara et autres ennemis de ce monde, ce qui est la source de nos tragédies.]

"Consolez, consolez mon peuple, dit votre D." (נַחֲמוּ נַחֲמוּ עַמִּי - Yéchayahou 40,1 - Haftara suivant le 9 Av)

Si l'objectif de ce verset était de consoler le peuple juif, il aurait dû être écrit : נַחֲמוּ נַחֲמוּ לעַמִּי.
Le Kéhilat Yaakov enseigne qu'en réalité, c'est à nous de consoler Hachem.

En effet, si le peuple juif a fait téchouva suite à la destruction du Temple (période du 9 Av), alors Hachem est consolé.
Cela n'aura pas été inutile!

[1er "Consolez" : pour de pas avoir détruit le Temple et exiler les juifs pour "rien" ;
2e "Consolez" : pour pouvoir enfin arrêter d'amener des souffrances sur Son peuple afin qu'ils se réveillent et reviennent vers Lui.]