Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"éch" (le feu - אש) est un acronyme des mots : émet (la vérité - אמת), et shalom (la paix - שלום).
En revanche : "kach" (paille - קש) est un acronyme de : kina (la jalousie - קנאתי) et sin'a (la haine - שנאה).

Yaakov avait confiance qu'Essav ne pouvait pas lui faire de mal (l'ardente flamme spirituelle réduisant tout en cendre comme du feu sur de la paille).
Cependant, lorsque les juifs se querellent entre eux, Essav prend le dessus, et c'est la haine gratuite qui règne.

C'est elle qui a entraîné la destruction du Temple et l'exil du peuple par les romains, descendants d'Essav.
C'est également à cause de l'animosité qui régnait entre Yossef et ses frères que les juifs n'ont pas mérité de rester en Israël et ont dû descendre en Egypte.

[d'après le Chla haKadoch]

=> à 'Hanoucca, allumons le feu (éch) en nous et entre nous = celui de la vérité et de la paix [réduisant alors à néant la paille qu'est réellement Essav (le yétser ara)!]

"Si Yom Kippour représente le monde à venir (olam aba), alors la veille de Yom Kippour représente ce monde-ci (olam azé).

Notre besoin désespéré de manger la veille de Kippour démontre que nous devons consommer autant de Torah et de mitsvot que nous le pouvons dans ce monde-ci, car dans le monde à venir cela ne nous sera plus possible (de même que nous ne pouvons plus manger ni boire, une fois que Kippour a démarré)."

[rabbi Zev Leff]

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+ Kippour & Shema Israël :

-> Durant toute l'année, nous récitons le 2e verset du Shéma à voix basse. Pourquoi cela?

C'est parce que lorsque Moché est monté au Ciel pour recevoir la Torah, il a entendu les anges dire ce verset, et par respect pour leur sainteté, il ne l'a pas prononcé à haute voix.

Cependant, à Yom Kippour, nous disons ces mêmes mots à voix haute, afin de signifier qu'en ce jour nous sommes semblables aux anges. [Lévouch 619,2]
Mais alors, pourquoi agissons-nous ainsi le 1er soir, alors que nous venons de remplir notre estomac et notre corps de matérialité en mangeant bien plus que d'habitude (selon certains, la quantité de 2 journées en une!).
Pourquoi ne pas le faire le soir après Kippour, journée où nous avons agit à l'image des anges.

Rabbénou Elazar Abou'hatseira (Divré Elazar) répond que nous apprenons une importante leçon de vie de cette pratique : un juif doit toujours regarder vers l'avant, et non pas vers l'arrière.

A Kol Nidré (entrée de Kippour), chaque juif DESIRE être un ange, c'est son objectif ultime.
Cependant la nuit suivante, il ambitionne d'être lui-même, un être terrestre.
=> Le point principal n'est pas où nous sommes, mais vers où nous nous dirigeons.

[nous devons appliquer cette leçon de Kippour durant tout le restant de l'année En effet, peu importe le niveau que l'on a atteint par rapport à notre entourage, ce qui compte c'est d'avoir le maximum d'ambition spirituelle, et d'avancer de notre mieux vers cet objectif élevé! ]

"Yom Kippour ne commence qu'après Yom Kippour"

[nos maîtres du moussar]

[si l'on se contente de se repentir, ce n'est pas une téchouva pleinement sérieuse, jusqu'à ce que vienne le lendemain de Yom Kippour et qu'on commence à mettre en pratique ce que l'on a pris sur soi.]

Le Cohen Gadol après Kippour

+ Le Cohen Gadol après Kippour :

-> A la sortie de Yom Kippour, le Cohen Gadol ne parvenait pas chez lui avant 'hatsot (le minuit juif), et ce en raison des très nombreuses personnes voulant lui embrasser ses mains avant de rentrer à la maison.

[imaginez le Cohen Gadol qui réalise toute la journée dans le Temple un service très dense, où le moindre faux pas peut lui être mortel (au point où il était accroché à une corde, pour que l'on puisse récupérer son corps en cas de décès!).
Or, en se basant sur les horaires de cette année, cela implique que pendant une durée d'environ 5h30 après la fin de Kippour, des juifs se succédaient non-stop pour lui embrasser ses mains.
Et ce n'est qu'ensuite qu'il était libre de rentrer chez lui!]

[le Yaavets (Siddour Yaavets - Seder Avoda béMikdach) rapportant le témoignage d'un romain]

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-> Le Yaavets rapporte également que le lendemain de Kippour, le Cohen Gadol faisait un grand repas et il y invitait ses amis et proches.
C'était une journée de fête pour lui, car il a pu sortir en paix du Saint des saints.

Manger et boire la veille de Yom Kippour

+ Manger et boire la veille de Yom Kippour est plus important que jeûner à Yom Kippour.

La raison est qu'il est plus facile de jeûner léchem chamayim (uniquement parce Hachem nous l'a demandé, sans autre motivation), que de manger léchem chamayim.
De même, il est plus facile de servir Hachem lorsque nous ne sommes pas prisonnier de la matérialité (ce qui est le cas à Yom Kippour), que lorsque cela n'est pas le cas.

[d'après le Malbim]

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-> "Tout celui qui mange et boit la veille de Yom Kippour, est considéré comme s'il avait jeûné la veille de Yom Kippour et le jour de Kippour"
[guémara Béra'hot 8b]

[d'après certains, nous devons manger en ce jour la quantité de 2 journées normales!]

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-> Nous faisons un repas la veille de Yom Kippour pour célébrer les 2e Tables de la Loi que les juifs ont reçu le jour de Kippour.
Puisque nous ne pouvons pas manger à Yom Kippour, nous mangeons un repas la veille de Kippour.

Les juifs ont reçu les 2e Tables de la Loi (lou'hot), car ils ont fait une téchouva totale.
Afin d'accomplir une téchouva complète, nous devons être testé dans la même situation dans laquelle nous avons fauté à l'origine, et se retenir de fauter.
Au don des 1eres Lou'hot, les juifs ont fait le Veau d'or la journée qui a précédée celle où Moché est descendu du mont Sinaï.
Au don des 2e Lou'hot, le Satan a essayé de nouveau de faire fauter les juifs, avant que Moché ne descende du Sinaï avec les 2e Lou'hot.
A ce moment, les juifs ont triomphé sur le Satan (yétser ara), et ils n'ont pas fauté.
Ainsi, le repas de la veille de Yom Kippour célèbre le jour où les juifs sont parvenus à réaliser un téchouva parfaite.
[Sfat Emet]

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-> Hachem a demandé aux juifs de jeûner à Yom Kippour car Il désire qu'ils soient pardonnés de toutes leurs fautes.
Afin d'obtenir le pardon pour toutes nos fautes, nous devons tout d'abord éliminer la racine qui les a entraînée.
Toute faute prend racine dans le fait que Adam a mangé de l'arbre de la Connaissance.
Adam a été envahi du désir de manger de l'arbre interdit. Ainsi, afin de rectifier cette faute, nous ne mangeons pas ni ne buvons rien, pour déraciner le désir de se nourrir lorsque cela s'oppose avec la volonté de Hachem.
La veille de Yom Kippour, nous avons l'obligation de manger. Il ne s'agit pas de manger pour notre plaisir personnel, mais plutôt nous mangeons car c'est un ordre de D.
[Pri Tsadik]

[ainsi nous obtenons l'expiation de la racine de nos fautes, en mangeant et en ne mangeant, selon la volonté de D.]

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-> La guémara (Béra'hot 17a) enseigne que lorsque l'on jeûne avec amour et crainte de Hachem, alors cela donne de la nourriture à notre corps et à notre âme.

La veille de Kippour est la connexion entre manger et jeûner.
La veille de Kippour est censée être un "repas" qui est dans le domaine du jeûne.
["Tout celui qui mange et boit la veille de Yom Kippour, est considéré comme s'il avait jeûné la veille de Yom Kippour et le jour de Kippour" (guémara Béra'hot 8b)]

Ainsi, lorsque nous mangeons comme il le faut la veille de Kippour (non pas pour notre plaisir égoïste, mais uniquement parce que telle est la volonté de D., 100% pour la mitsva de manger la veille de Kippour), alors nous connectons toute notre nourriture de l'année entière à un niveau de jeûne le jour de Yom Kippour.
[Divré 'Haïm]

-> Le Chem miChmouel enseigne à ce sujet :
Il est connu qu'en mangeant avec la bonne intention la veille de Yom Kippour, nous pouvons réparer tout ce que nous avons pu manger durant l'année entière.
De même, prier comme il le faut à Yom Kippour permet de réparer toutes nos prières de l'année entière.

[En connectant ces 2 jours (la veille de Kippour, et Kippour), nous avons la possibilité de lier ce jour saint avec les autres jours de l'année, et d'alors les élever à la fois matériellement (ex: nourriture, boisson) et spirituellement (ex: prière).]

"Il y a tellement de personnes qui accomplissent des actes de bonté à travers le monde : des individus désintéressés et miséricordieux qui soutiennent les pauvres et les opprimés, qui s'occupent des veuves et des orphelins, qui sont impliqués dans chaque acte communautaire de bonté.

Mais pourquoi alors, ne s'occupent-ils pas de ceux qui ont le plus besoin de leur attention, de ceux envers lesquels ils ont le plus de responsabilité?

Pourquoi ne font-ils pas téchouva et ne s'occupent-ils pas de leur propre âme?"

[le 'Hida]

"[A Kippour,] nous devons ressentir de la joie pour le pardon de Hachem.
Plus nous avons conscience [de la quantité réelle de nos fautes et donc] de notre expiation, le plus nous aurons de joie"

[rav Yé'hezkel Levenstein - Ohr Yé'hezkel]

[plus nous réalisons à quel point nous nous sommes salis par nos trop nombreuses fautes, plus nous apprécions l'infinie miséricorde de Hachem à notre égard!
Et en partant de ce constat : la moindre des choses est d'agir, de notre mieux, en faisant Sa volonté pendant l'année à venir ...]

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-> La leçon de la téchouva est que rien n'est au-delà de la force de Hachem.
Même les fautes peuvent être transformées en mérites!
[rabbi Na'hman de Breslev - Si'hot haRan]

"Aharon [le Cohen Gadol] mettra sur les 2 boucs des [tirages au] sort : un sort pour Hachem, et un sort pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

-> A Yom Kippour, afin de s’assurer que le yétser ara n’interviendra pas, Hachem nous demande d’apporter un bouc à l’Azazel (une sorte de pot-de-vin), et ce pour corrompre le Satan afin qu’il nous laisse seul renforcer nos liens avec D."
[Ramak - dans son commentaire sur : "A La'hma Anya"]

-> Rachi décrit :
Aharon met 2 plaquettes dans une boîte.
Sur la 1ere est écrite : "l'Hachem" (pour Hachem) et sur l'autre : "la'Azazel" (pour Azazel).
Aharon qui se tient entre les 2 boucs, plonge ses 2 mains dans la boîte et en retire les plaquettes.
Il place celle qui se trouve dans sa main droite sur la tête de l'animal situé à sa droite, et celle qui se trouve dans sa main gauche, sur l'autre bouc.

-> Selon la guémara (Chvouot 13b), les 2 boucs doivent avoir le même aspect, le même poids et la même valeur.

-> La guémara (Yoma 41b) explique que pour éviter de les confondre, le Cohen Gadol attache une langue de laine rouge sur la tête du bouc pour Azazel, et un autre autour du cou du bouc pour Hachem.
Lorsque le bouc pour Azazel était précipité du haut de la falaise, la laine rouge blanchissait, signe que les fautes d'Israël avaient été pardonnées.

-> Selon Rachi, le mot Azazel est composé de : az (fort - עז) et él (puissant - אל).
Il s'agit d'un rocher haut et escarpé.

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-> Observons les lettres suivantes du mots : Azazel (עֲזָאזֵל) :
- le ע est suivi du : פ
- le ז est suivi du : ח
- le א est suivi du : ב
- le ז est suivi du : ח
- le ל est suivi du : מ

=> Ces 5 lettres : פ-ח-ב-ח-מ ont une guématria de : 138, qui est la même que : 'hamets (חמץ).

Le bouc pour Azazel est envoyé dans le désert (midbar - מדבר), et les lettres suivantes de ce mot sont : נ-ה-ג-ש; dont la valeur est de : 358, la même que le mot : na'hach (le serpent - נחש).

=> Quel est le lien entre : le 'hamets, l'Azazel, le na'hach, et le midbar?

La différence entre חמץ ('hamets) et מצה (matsa), se trouve entre la lettre ח et ה (les autres étant identiques).
La guématria du ח est de 8, celle du ה est de 5. La différence entre ces 2 lettres est de : 3.

Les 3 de plus que possède le 'hamets sont : "la jalousie, la concupiscence et les honneurs qui excluent l’homme du monde" (Pirké Avot 4,21 - Rabbi El’azar haKappar), et nous devons tout faire pour nous en débarrasser.
En effet, de même que nous ne devons pas posséder une miette de 'hamets, de même nous ne devons pas laisser se développer en nous ces 3 traits, même un tout petit peu, car ils sont très nuisibles.

On a vu que :
Azazel -> 'hamets
midbar -> na'hach (le serpent, qui symbolise la tentation au mal, le yétser ara)

=> Ainsi, il convient d'envoyer le bouc à l'Azazel (rocher élevé) dans le désert, un lieu faisant allusion au yétser ara que nous détruisons/tuons [à l'image du 'hamets à Pessa'h].

['Hatam Sofer]

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-> Les mots : חמץ et מצה sont pratiquement identiques, à l'exception des lettres : ח et ה.
La différence entre ces 2 lettres est un tout petit trait, à l'image de la différence entre le 'hamets et la matsa qui se joue à quelques instants de trop où la pâte a pu lever.

Nous utilisons la même farine et la même eau pour les 2, la différente se joue ensuite lorsque le levain va se développer.

=> La levée du levain symbolise l'orgueil (Je sais mieux que Hachem!), et lorsque l'on élimine le 'hamets à Pessa'h, on doit également retirer l'orgueil qui est en nous.

['Hida]

[A l'origine, les boucs sont exactement identique (même aspect, même poids, même valeur), mais ensuite l'un d'eux va suivre le chemin qui mène vers les hauteurs (Azazel = un rocher élevé et escarpé), matérialisant son orgueil débordante.
La finalité est que la chute sera d'autant plus haute, plus terrible.
A l'inverse, l'autre bouc, sacrifie sa volonté pour celle de Hachem, et méritera de vivre!

Selon le rabbi Yaakov Schechter, le Cohen Gadol envoyait dans le désert le bouc (sé'ir) laAzazel, pour servir de réparation à la faute d'Adam.
En effet, Adam savait que l'unique chose que Hachem attendait de lui était de ne pas manger du fruit de l'arbre de la Connaissance (ets hadaat). Cependant, il n'a pas suivi la volonté de D.
Cette faute a pour origine l'orgueil.

Azazel -> 'hamets = ce bouc représentant l'orgueil, le fait de se croire supérieur à tout même Hachem (az él - Je suis fort et puissant!) ;

midbar -> le serpent (na'hach) = le désert qui symbolise les tentations de fauter du serpent, qu'on envoie à la mort, puisque seul la volonté de D. nous intéresse!
On fait croire à notre yétser ara qu'on lui donne au moins aussi bien (voir mieux : un beau rocher élevé!) qu'à notre yétser atov, mais en réalité ce pot-de-vin l'est uniquement pour l'envoyer à la mort, et ce afin qu'il nous laisse tranquille! ]

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-> Le Méam Loez (v.16,21-22) enseigne :
Hachem a distribué le monde à 70 anges, nommés chacun responsable d'une nation.
Le procureur général, responsable d'eux tous est : Samaël.
Le jour du jugement est Roch Hachana. Ce jour-là, des décrets sont scellés contre toutes les nations : la vie ou la mort de chacun est décidée.
Par contre, le jugement des juifs est différé à Yom Kippour.

L'ami du roi est Israël. Lorsque les juifs ont fauté toute l'année, Hachem leur inflige des malheurs, des maladies et autres tourments, et compte cela comme une "amende" réparant leurs fautes.
Au jour du jugement, Hachem élabore un plan pour empêcher le procureur de dénoncer les juifs. Il envoie à chacun de Ses anges responsables une prime mais ne donne pas au Satan sa part ce jour-là. Il attend Yom Kippour.

Quand arrive Yom Kippour, Hachem remet sa part à Samaël sous la forme d'un bouc envoyé à Azazel. Les juifs l'expédient dans le désert, un lieu de démons (chédim) où règne Samaël.
En conséquence, à Yom Kippour, Samaël ne peut dénoncer les juifs et doit se comporter comme s'il était leur ami.

Samaël prend donc la défense des juifs :
"Maître du monde! Tu possèdes une nation qui ressemble aux anges!
Comme les anges marchent pieds nus, ils sont pieds nus eux aussi aujourd'hui [Yom Kippour]. [interdiction de porter des chaussures en cuir]
Comme les anges ne mangent ni ne boivent, ils ne mangent et ne boivent pas aujourd'hui.
Comme les anges sont debout et non assis, Israël est debout aujourd'hui toute la journée.
De même que la paix règne parmi les anges, la paix règne parmi les juifs. Il n'y a chez eux ni querelle ni dispute.
Comme les anges sont purs de tout péché, Israël est pur de tout péché."

Lorsque Hachem entend le procureur louer Israël, Il approuve ses paroles et pardonne les fautes des juifs.
Le verset suivant y fait allusion : "Ce jour-là, Essav retourna vers Séïr" (Béréchit 33,16).
Essav désigne l'ange Samaël et Séïr (bouc en hébreu) représente le bouc envoyé à Azazel.
Lorsque Essav (Samaël) voit le bouc envoyé dans le désert, il l'y rejoint et ne dénonce plus Israël.
[...]

Le bouc désigné pour Hachem est égorgé et son sang est aspergé dans le Saint des saints.
De même, la place des descendants de Yaakov leur est réservée dans le sanctuaire du monde futur. Ils y goûteront l'éclat de la Présence Divine.

Le bouc pour Azazel fait allusion à Essav. Comme ce bouc est envoyé dans le désert et projeté d'une montagne pour être démembré, Essav sera effacé du monde.
Il tombera de sa grandeur, comme il est écrit : "Il ne restera rien de la maison d'Essav, car D. a parlé" (Ovadia 1,18).
Essav ne bénéficiera d'aucune place au monde futur.

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-> "Aharon tirera au sort pour les deux boucs, un lot sera pour Hachem et un lot pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

=> Pourquoi l'expiation de Kippour devait-elle se réaliser par des offrandes que l'on aura tiré au sort?

En fait, les gens pensent souvent que quand on effectue un tirage au sort, le résultat est le fruit du hasard. Le sort est un moyen de déterminer qui aura quoi de façon fortuite.
La Torah veut nous enseigner, par le fait qu'elle demande de tirer au sort les boucs, que même ce qui peut nous paraître hasardeux, comme le tirage au sort, est uniquement l'expression de la Providence Divine.
Par cela, on se pénétrera de la conscience et de la foi capitale pour un juif, que le hasard n'existe pas, mais que tout vient d'Hachem et émane de Sa Volonté.
Or, toutes les fautes proviennent d'une foi imparfaite. Ainsi, c'est en renforçant notre foi et notre conscience que tout vient d'Hachem, que l'origine de toutes les fautes sera éliminée. L'expiation des fautes pourra alors intervenir.

[rabbi Nathan de Breslev - Likouté Halakhot]

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-> Rav Saadia Gaon explique la raison pour laquelle D. ordonne de tirer au sort lequel des 2 boucs sera choisi pour Hachem et lequel sera envoyé dans le désert :
Hachem désire par cela nous enseigner un grand principe d’émouna dans tous les évènements de l’existence : tout provient du Ciel, et même le choix du bouc qui est destiné à être envoyé à Azazel, cela aussi c’est Hachem qui l’a décrété, et cela aussi est dans les mains de la Providence qui régit le destin de Ses créatures dans les moindres détails.
C’est pour cela que le ‘choix’ du bouc pour Azazel est effectué par un tirage au sort, afin qu’aucune intervention humaine n’y soit mêlée et qu’il soit clairement établi que sa désignation est le fait d’un décret Divin supérieur.
Partant de là, l’homme en tirera une leçon pour toute son existence.

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+ Un leçon d'éducation aux parents :

-> Rabbi Moché Mordé'haï Epstein enseigne :
"Quand tous les juifs venaient au Temple à Yom Kippour pour accepter le joug du Royaume des Cieux pour eux et leurs enfants, on leur enseignait en cette occasion un chapitre de l’éducation des enfants d’Israël.
Deux boucs se tenaient l’un à côté de l’autre dans la Tente d’Assignation, tout à fait semblables par leur prix, leur aspect, leur couleur et leur taille. Mais l’un est le lot de Hachem, c’est pourquoi on le fait entrer dans le Saint des Saints, l’endroit le plus sacré, alors que l’autre est le lot d’Azazel, on l’emmène dans un pays désolé et désertique, pour qu’il se rompe les os.
Deux amis qui se ressemblent, et qui ont un destin tellement différent!

Cela nous enseigne que si seulement nous faisons de l’enfant un lot pour Hachem, que nous l’installons pour étudier la Torah dans le Saint des Saints du Beit HaMidrach, alors il sera saint pour Hachem.
Mais si ce n’est pas cela son destin, alors il deviendra un lot pour Azazel. Tout dépend du début de l’éducation.
Et bien qu’il soit possible que l’inclinaison ou la déviation soient très légères, on en voit les résultats dans tout le déroulement de la vie, qui séparera les deux amis semblables."

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-> Il est écrit dans notre paracha (A'haré Mot) à propos du service de Yom Kippour : "De la part de la Communauté des Bné Israël, II (Aharon) prendra 2 boucs pour l’expiation ... Et II prendra les 2 boucs et les présentera devant Hachem, à l’entrée de la Tente d’assignation. Aaron tirera au sort pour les deux boucs : un sera pour Hachem, et un pour Azazel. Aharon devra offrir le bouc que le sort aura désigné pour Hachem, et le traiter comme expiatoire ; et le bouc que le sort aura désigné pour Azazel (le bouc émissaire) devra être placé, vivant, devant Hachem, pour servir à l’expiation, pour être envoyé à Azazel dans le désert (précipité du sommet d’une montagne abrupte – Rachi)" (A'haré Mot 16,5-10).

=> Il ressort de ce texte que les 2 boucs avaient comme finalité commune l’expiation des fautes du peuple juif. Toutefois, un immense abîme séparait ces deux boucs : le premier, que le sort désignait pour Hachem, était offert par le Cohen Gadol sur l’Autel, son sang aspergé dans le Saint des Saints (voir A'haré Mot 16,15). A contrario, le second, que le sort désignait pour Azazel, n’était pas offert dans le Temple, mais envoyé, via un émissaire, pour être précipité du sommet de la montagne (voir A'haré Mot 16,21).

-> Le Méchekh ‘Hokhma explique que les fautes commises vis-à-vis d’Hachem, réveillent la faute du Veau d’Or (délit permanent du peuple juif envers D.), tandis que les fautes entre l’homme et son prochain, réveillent la faute de la vente de Yossef par ses frères (délit permanent de l’homme envers son prochain).
Ainsi, explique-t-il, que D. a séparé les expiations du Peuple en 2 boucs, car le bouc pour Hachem avait pour finalité d’expier les fautes entre l’homme et son Créateur (d’où le caractère sacré de son rituel), alors que le bouc destiné à Azazel avait pour finalité d’expier les fautes commises entre l’homme et son prochain (d’où le caractère profane de son rituel).

Nous pouvons maintenant comprendre les enseignements de 2 michnayot se rapportant aux boucs d’expiation :
1°/ "Pour les fautes graves ou légères, volontaires ou inconscientes, connues et inconnues, positives et
négatives, celles punissables de retranchement et celles punissables de mort par le Beth Din, pour toutes ces fautes, le bouc émissaire (pour Azazel) apporte expiation" (michna Chevouot 1,6).
= cet enseignement laisse entendre que le bouc pour Azazel apporte l’expiation pour toutes les fautes et pas uniquement celles commises entre l’homme et son prochain, comme stipulé par le Méchekh ‘Hokhma. Ceci n’est en rien une contradiction, car, nous explique Rabbi ‘Haïm Vital ; l’orgueil, source de toutes les fautes commises envers autrui, est également la source des fautes commises envers Hachem [voir Chaaré Kédoucha 2,4].

2°/ "Les deux boucs du jour de Kippour, l’obligation de principe à leur sujet est qu’ils soient pareils par leur teinte, par leur taille, par leur valeur, et qu’ils soient achetés ensemble" (michna Yoma 1,6).
= Il ressort de cette Michna que les 2 boucs devaient être identiques, car au fond, il n’y a pas de différence entre les fautes commises envers Hachem (expiées par le bouc pour D.) et celles commises envers autrui (expiées par le bouc pour Azazel).
A ce propos, on peut remarquer [au nom du rav de Komarna - Zohar ‘Haï, Chemot], que la valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.
[b'h, d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - A'haré Mot 5782]

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-> Au moment où l’on sacrifiait le bouc destiné à Hachem, le 2e bouc était encore vivant (A'haré Mot 16,8), et il n’était ‘envoyé’ à Azazel qu’après l’achèvement de tout le service des Kétoret (les encens) dans le Saint des Saints, de l’aspersion du sang du taureau et du bouc.
Dès lors, il pouvait lui sembler que son sort était bien meilleur que celui de son compagnon qui avait été sacrifié, tandis que lui était demeuré en vie, la preuve est qu’on le faisait même sortir du Temple vivant!
Mais en réalité, que s’avérait-il finalement?
Son compagnon qu’il considérait comme si malchanceux avait mérité d’être sacrifié en l’honneur d’Hachem et son sang d’être introduit dans le Saint des Saints. Alors que lui, était envoyé à Azazel (il était alors jeté dans un précipice et tous ses membres se brisaient avant qu’il finisse par s’écraser au sol).

Cela constitue une parabole de ce qui se déroule dans le monde : tout ce qui semble mauvais à une personne ne l’est pas forcément et tout ce qui lui semble bien ne se révèle pas l’être réellement.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

"Car en ce jour, Il leur pardonnera" (A'haré Mot 16,30)

-> Selon Rabbi Yéhouda HaNassi, le jour de Yom Kippour expie les fautes de tous les hommes, autant ceux qui se repentent que ceux qui ne le font pas (guémara Yoma 85).

=> Comment comprendre que même sans repentir, il puisse y avoir une expiation?

Le jour de Kippour, Hachem enlève l'impact de la faute à tout juif, même à celui qui ne s'est pas repenti.
Certes, la faute n'est pardonnée qu’à celui qui se repent (annulation des punitions afférentes pour avoir fauté, voir transformation en mérites, s'il y a une téchouva par amour!), et celui qui ne s’est pas repenti ne sera pas expié.
Cependant, selon Rabbi Yéhouda Hanassi, on enlèvera malgré tout le poids et l’impact des fautes à tout juif.

En effet, quand quelqu’un veut se repentir, s’il a commis beaucoup de fautes, leur poids rendra difficile le repentir.
D'autant que la faute entraîne la faute.
C’est pourquoi, à Kippour, Hachem enlève le poids des fautes et brise le cercle vicieux de la faute à tout le monde pour que si au cours de l’année à venir un homme souhaite se repentir, il ne sera pas gêné par le poids des fautes de l’année passée.

Ainsi, Hachem allège chaque juif de la lourdeur des fautes pour faciliter le repentir futur. Mais en revanche, pour faire disparaître totalement la faute, seul la téchouva pourra permettre cela.

[Rabbi Ména'hem Mendel de Kotsk]

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-> La guémara (Kétoubot 103b) rapporte qu'au cours de l'enterrement de Rabbi Yéhouda haNassi, une Voix Divine a proclamé : "Tout celui qui est présent à l'enterrement de Rabbi (Yéhouda haNassi) est destiné à la vie dans le monde à venir".

=> Pourquoi est-ce que nous ne trouvons pas un événement similaire chez d'autres grands tsadikim?

Le rav Its'hak El'hanan Spektor répond par la guémara (Yoma 85b) qui contient une dispute entre Rabbi (Yéhouda haNassi) et d'autres rabbanim sur le pardon des fautes à Kippour.
Les Sages maintiennent que Yom Kippour n'est efficace que s'il y a eu un processus de téchouva de la personne, tandis que Rabbi (Yéhouda haNassi) est d'avis que la sainteté propre à ce jour suffit à amener l'expiation et le pardon des fautes (vis-à-vis de D.).

Rachi ('Houkat 20,1) enseigne : "De même que les offrandes procurent l’expiation, de même la mort des tsadikim procure-t-elle l’expiation."
[c'est à l'image de Kippour : il faut apporter l'offrande = faire téchouva, et c'est alors que la mort du tsadik peut entraîner une expiation totale.]

=> Bien que la loi juive est décidée selon la majorité des Sages, par respect pour l'opinion de Rabbi (Yéhouda haNassi), sa mort a été traité selon son opinion personnelle, et c'est pourquoi tous ceux présents ont reçu une expiation totale par leur simple présence, même s'ils n'avaient pas fait téchouva.

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-> Yom Kippour opère une réparation des fautes commises devant Hachem.
Cependant pour celles où l'on a nuit à notre prochain, Hachem n'accorde pas un pardon automatique, et il est nécessaire d'aller voir autrui pour obtenir son pardon.

[Sifra - guémara Yoma 85b]

[Nos Sages disent qu'autrui c'est du feu.
En effet, D. est tellement rempli de miséricorde qu'il est très simple d'obtenir Son pardon (même pour nos fautes oubliées, inconscientes). Cependant avec autrui, c'est tellement plus compliqué (lorsqu'un humain est blessé, il est très difficile de le faire revenir à l'état initial!).]

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+ "Car en ce jour [de Kippour], Il vous accordera l'expiation pour vous purifier, de tous vos péchés devant D. vous vous purifierez" (A'haré Mot 16,30)

-> L'expression "devant D." indique qu'un repentir intérieur sincère est nécessaire, car les pensées du cœur de l'homme ne sont révélées à personne si ce n'est à D. Lui-même.
[Kli Yakar]

-> "devant D. vous vous purifierez" = le pécheur doit se repentir ; "pour vous purifier" = cela fait référence au fait que D. nous donne une purification complète et sans douleur.
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - chaar 4]

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-> "Si un homme faute et répète ce péché, il le considère comme permis" (guémara Yoma 86b)

Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique qu'en répétant sa transgression, la perception de la gravité de son acte s'émousse et sa résistance pour ne pas le reproduire s'affaiblit.
Ainsi, un pécheur doit "purifier son cœur" afin de le ramener à un état où il considérera les actes interdits selon leur véritable gravité, comme il les considérait avant sa faute.

Rabbénou Yona (sur Pirké Avot 1,4) transmet l'idée que lorsque des paroles de remontrance entrent dans notre cœur, le yétser ara incite à les oublier et à les rejeter.
Notre travail est de les entendre, d'éveiller son âme, et de les garder à l'esprit jusqu'à ce qu'elles passe de notre cœur à notre esprit.

=> Pour qu'une téchouva soit complète, il faut pleinement intérioriser la réprimande, au point qu'elle s'assimile totalement en nous.

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-> "Car en ce jour il vous sera pardonné pour vous purifier de tous vos péchés, devant Hachem vous vous purifierez (Kédochim 16,30)

Rabbi Akiva a dit : "Heureux êtes-vous, Israël, devant Qui vous purifiez-vous, et Qui vous purifie, votre Père des Cieux, ainsi qu’il est dit : "devant Hachem vous vous purifierez"." (michna à la fin de Yoma).

Le Ohel Yaakov enseigne :
Quand un médecin soigne un malade, il fait tout ce qui est nécessaire pour le guérir, sans prêter beaucoup d’attention à la souffrance du malade.
Mais si le médecin soigne son propre enfant, il cherche des moyens de diminuer autant que possible la souffrance engendrée par les soins médicaux.
Hachem, en tant que Père d’Israël, cherche également des moyens pour que le rachat des fautes ne s’accompagne pas d’épreuves trop dures, c’est pourquoi Il nous a donné un jour saint, Yom Kippour, où toutes les fautes sont pardonnées.
=> Etant donné que "Qui vous purifie, votre Père des Cieux", alors Il nous a donné un moyen de guérison facile.

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-> "Car en ce jour il vous sera pardonné"

Rabbi Schmelke de Nikolsbourg donne l’exemple suivant :
Un fils de roi s’était révolté contre son père, et l’un des officiers le dénonçait constamment.
Un jour, le dénonciateur sortit de la ville. Immédiatement, le fils courut chez son père et se mit à pleurer en affirmant qu’il regrettait ses fautes et voulait revenir à lui.
Le père eut tout de suite pitié de lui.
De même, le jour de Kippour, le Satan n’a pas le droit d’accuser, et quiconque le désire peut venir vers le roi.

"Il réside avec eux à l'intérieur de leurs impuretés" (A'haré Mot 16,16)

-> Dans la Torah, "leurs impuretés" s'écrit : "toum'otam" (טמאתם).
Les lettres qui sont à l’intérieur de ce mot sont les lettres : "מ-א-ת", qui constituent le mot : "אמת" (émét - la vérité).

Ainsi, quand le verset dit que Hachem se trouve à l’intérieur de leurs impuretés, cela fait allusion au mot "vérité".
Quand, au sein même de leurs impuretés et de leurs fautes, les juifs prennent conscience de la vérité, en admettant leurs fautes et en reconnaissant qu’ils se sont rabaissés et éloignés de D., alors Hachem voit leur honnêteté et par la force de cette vérité, Il réside parmi eux.

[Rabbi Yaakov 'Hizkia Greenwald - le Vayaguéd Yaakov]