"Lorsque l'homme faute, il entache son âme [son ''moi'' le plus profond] et c'est cela qui le fait souffrir ...
Il existe un remède à cela, c'est la téchouva"[Rav Yéhouda Tsadka]
Catégorie : Fêtes
"Après la destruction du 1er Temple, la terre d'Israël a été en désolation, au point qu'aucun oiseau n'a volé sur ce territoire pendant 52 ans."
[guémara Yoma 54a]
+ "Une guerre âpre oppose le corps et l'âme qui sont en désaccord, et la guerre s'intensifie à chaque jour qui passe.
Une fois par an, cependant, durant le jour saint et redoutable de Yom Kippour, la paix règne entre eux et ils forment une seule entité pour servir D.
En ce jour d'une grande sainteté, où D. fait régner Sa crainte sur chaque homme, le corps s'abaisse et se plie aux aspirations de l'âme.Le corps et l'âme s'embrassent et se lient pour servir D. dans la sainteté, au point que, rapporte le midrach, le Satan lui-même dit : "Maître du monde, Tu as un peuple qui ressemble aux anges de service"
[le Téfila léMoché]
+ Selon rabbi Zoucha d’Anipoli, le mot téchouva (תשובה - repentir) est composé des initiales de 5 versets :
-> ת : "Tu seras entièrement dévoué à Hachem ton D." (Dévarim 18,13 - tamim tiyé im Hachem Eloké'ha) ;
-> ש : "Je mettrai D. en permanence devant moi" (Téhilim 16,8 - chiviti Hachem lénegdi tamid) ;
-> ו : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Vayikra 19,18 - véa'avta léréa'ha kamo'ha) ;
-> ב : "Dans toutes tes voies, connais-Le" (Michlé 3,6 - bé'hol déra'hé'ha daéou) ;
-> ה : "Marche modestement avec ton D." (Mikha 6,8 - atsénéa lé'hét im Eloé'ha).
-> "Bien que la sonnerie du Shofar à Roch Hachana soit un ordre de la Torah, elle contient aussi une allusion pour dire : Réveillez-vous, gens assoupis, de votre sommeil! Secouez-vous de votre torpeur, vous qui êtes endormis!
Examinez vos actes, faites téchouva et souvenez-vous de votre Créateur!Ceux qui oublient la vérité dans les vanités du temps et passent toute leur année à des occupations vaines, creuses et inutiles, pensez à vos âmes, réfléchissez sur votre conduite et vos actions!
Que chacun de vous abandonne sa mauvaise voie et ses pensées qui ne sont pas bonnes"
[Rambam - Hilkhot Téchouva 3,4]
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-> "Puisque l'homme est fait à partir de la poussière de la terre, il est par nature lourd et inerte. Il a besoin d'être incité pour agir.
A la guerre, les troupes sont stimulées par de la musique guerrière et le son des trompettes pour combattre leur ennemi.
A Roch Hachana, le jour du Jugement, le Shofar est l'instrument idéal pour inciter une personne à faire téchouva.
Le son cassé/saccadé de la téroua suggère le cœur d'un homme brisé par les remords.
Il rappelle également de briser/casser nos désirs matériels et de surmonter nos tentations."
[Séfer ha'Hinoukh 805]<--->
-> Le Tiféret Shlomo (Roch Hachana) enseigne :
La sonnerie du Shofar est similaire à la voix de Hachem, comme il est écrit : "D. s’élève dans les hauteurs parmi les acclamations, Hachem, au son du Shofar" (Téhilim 47,6).
Nous devons considérer comme si c'est Hachem qui est à l'origine de la sonnerie du Shofar [que nous entendons], et ce dans un but de nous inciter à faire téchouva.
-> Le Guivat Shaoul fait remarquer que les initiales de : "Avec des trompettes et le son du Shofar, sonnez!" (בחצצרות וקול שופר הריעו - ba'hatsotsrot vékol Shofar ariou), forment le mot : "Repens-toi!" (שובה - Shouva).
N'attends pas Yom Kippour pour te repentir et n'attends pas les punitions.
Repens-toi aujourd'hui!
-> Selon le Baal Chem Tov, le mot "Shofar" est lié au mot : "shippour", qui signifie "une amélioration, un perfectionnement". La sonnerie du Shofar nous dit : "Améliorer vos actions!"
Selon le midrach (Téhilim 81), la sonnerie du Shofar sert comme un appel pour réveiller les juifs à faire une introspection et à une amélioration de sa vie et de sa relation avec Hachem et les autres.
"Tu Te souviens des événements du monde et Tu passes en revue toutes les Créatures antérieures" [Zikhronot]
Pour quelle raison, à Roch Hachana, toutes les créatures antérieures doivent-elles être passées en revue?
Pourquoi leurs actions doivent-elles, de nouveau être examinées ce jour-là?
Rabbi Aharon Kotler répond que toutes les générations sont liées les unes aux autres et forment un maillons d'une seule et même chaîne.
Les actions de ceux qui nous ont précédés ont une influence sur les nôtres.
Au moment du jugement, toute la création, depuis la Création du monde jusqu'à aujourd'hui, défile devant Hachem et Il examine et mesure l'influence des actes de toutes les générations passées sur nos propres actes.
Nous comprenons de là la responsabilité de chacun dans tout acte qu'il accomplit.
Non seulement, il est jugé pour lui-même et pour l'influence qu'il a sur son entourage, mais aussi en tant que maillon de la création pour toutes les générations à venir.
Notre influence est potentiellement infinie : un sourire, une écoute, un encouragement, un conseil, ... peuvent changer la journée/destinée d'une personne, notre attitude modèle peut inciter les autres à changer leur façon d'agir (ex: je vais à la synagogue et une autre personne se dit dans sa tête : si lui vient, alors pourquoi pas moi, si lui ne parle pas alors pourquoi pas moi aussi), ...
Imaginons que cette personne que nous avons influencé, va à son tour influencer d'autres personnes, qui vont en influencer d'autres ... au travers de l'histoire, par effet domino.
Par ailleurs, chacune de nos mitsvot, étude de Torah, bonne action va élever et influencer le peuple juif individuellement et collectivement, car nous sommes tous liés les uns aux autres (ex: le rav Israël Salanter disait qu'une personne qui fait un lachon ara à Salant, pourra avoir pour conséquence qu'une autre personne profane le Shabbath à Paris).
Le rav Yérou'ham Lévovitz dit : "De même qu'un tremblement de terre peut être ressenti dans tout le monde par un instrument suffisamment sensible, de même nos actions affectent d'une certaine façon le monde entier."
Le Ram'hal enseigne également que lorsque l'on s'élève spirituellement alors on élève avec nous le monde tout entier, et inversement.
[lorsque l'on faute, cela nous impacte négativement, ainsi que le monde entier(et inversement). Il y a ainsi une responsabilité certaine pour chacun de nos actes!]
Notre influence fait qu'autrui peut dévier du chemin sur lequel il était.
Mais une modification, même si elle est semble infine sur le moment, devient lourde de conséquences plusieurs générations passées.
=> Il faut avoir conscience que l'influence directe et indirecte que nous aurons dans ce monde va également être jugée à Roch Hachana, avec précision, par Hachem, dont le sceau est le émet.
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"Qui regarde et scrute jusqu'à la fin des générations car Tu amènes la loi du souvenir pour juger tout esprit et toute personne" [Zikhronot]
Selon le Avné Cho'ham, Hachem scrute toutes les générations à venir pour lui trouver un mérite.
En effet, même si, présentement, l'homme n'en possède pas pour bénéficier d'un verdict favorable, Hachem regarde jusqu'à la fin des générations s'il n'y a pas, dans l'avenir, de descendant digne auquel on lui permettra, dès maintenant, d'être inscrit pour la vie.
Moché a appris cela de Hachem, avant de tuer l'égyptien (Rachi sur Chémot 2,12 : "Moché a vu qu'aucun de ses descendants n'allait se convertir").
=> Le jour du Jugement, Hachem essaye de sauver une personne par le mérite de ses descendants.
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"A Roch Hachana, tous les habitants du monde passent devant Lui comme un troupeau ... Tous sont jugés ensemble"
[guémara Roch Hachana 18a]
Rabbi Sim'ha Zissel explique que certes, tous les habitants du monde passent devant Hachem l'un après l'autre et chacun est jugé seul selon ses mérites et ses fautes, pourtant "tous sont observés en une fois" pour examiner si tous méritent de souffrir du châtiment de l'autre.
Si un seul ne mérite pas les tourments qu'il subirait à cause de la punition de son prochain, le coupable est exempt du châtiment.
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"Hachem ne demande pas l’impossible à Ses créatures"
[guémara Avoda Zara 3a]
=> Chaque homme ne devra rendre des comptes que sur ce qu’il était capable de faire, pas davantage.
Un homme ne peut pas se dire : "J’étais supérieur à tous ceux que je connaissais". Quelle importance?
Ce qui est important, c’est de se demander : "Est-ce que je fais vraiment tout ce que je peux faire?"
Au Ciel, peu importe combien un homme a réalisé, ce qui compte, c’est comment chacun a utilisé ses capacités.
"Toute année qui commence dans la pauvreté [de l'égo] finira dans la richesse"
[guémara Roch Hachana 16b]
-> Le maître de rabbi Israël Salanter, rabbi Yossef Zoundel de Salant, commentait en disant qu'il faut réciter nos prières dans l'humilité et la joie.
-> Rabbi Leib 'Hassman (Ohr Yahel) enseigne que le principe de base de notre conduite à Roch Hachana, dans notre prière et nos supplications, est que nous devons exceller dans le métier de mendiants, et plus un homme s'humiliera, plus il sera digne de louanges, comme nos Sages l'on dit : "Plus l'homme s'abaisse, plus son esprit est grand" (guémara Roch Hachana 26b).
A Roch Hachana, plus on abaisse notre égo afin d'y laisser la place au règne de Hachem sur nous, plus nos Sages nous garantissent une bonne année.
Dans la joie, faisons-nous sincèrement petit afin de permettre que Hachem soit grand à nos yeux, et alors Hachem fera de nous de grandes personnes!
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-> Si les enfants d'Israël se sentent véritablement pauvres en début d'année, leur cœur est alors brisé, et depuis le Ciel, on aura pitié d'eux pour les sortir de cet état de pauvreté et les "enrichir".
[Tossefot]
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-> "Lorsqu'un juif reconnaît que son seul espoir réside en D., qu'il s'en remet uniquement à Lui, alors cette dépendance vis-à-vis de son Créateur lui donne le mérite que ses requêtes soient agréées."
[Rav Chlomo Levinstein]
[annuler tout égo pour ne plus pouvoir se reposer que sur papa Hachem! ]
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-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer : "D'où (méayin - מאין) viendra mon aide?" (Téhilim 121,1).
Mon aide viendra de : אין (ayin - rien). [מ : signifiant : de]
Si je me considère comme rien, si je reconnais mon manque de valeur, c'est de là que viendra mon aide de Hachem.
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Rabbi Its'hak dit : Toute année qui débute dans la pauvreté finira dans la richesse, d'après le verset : "[Les yeux de Hachem, ton D., sont fixés (sur le pays)] depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" (Ekev 11,12), c'est une fin (d'année) qui annonce autre chose.
[guémara Roch Hachana 16b]
-> "Depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" :
Le mot : méréchit (depuis le début - מֵרֵשִׁית), écrit sans la lettre : א entre les lettres ר et ש, dérive du mot : רש (rach : pauvre) ; c'est une allusion au fait que la pauvreté règne en début d'année.
Le mot : a'harit (la fin - אַחֲרִית) dérive du mot : a'her (autre - אחר) pour faire allusion au fait que la fin de l'année sera autre qu'au début, donc sera meilleure.
[Maharcha]
En effet, le Malbim (sur Michlé 23,18) enseigne :
Le mot : a'harit est écrit dans le verset : "Car assurément il y a un avenir (a'harit - אַחֲרִית) et ton espoir ne sera point anéanti" (Michlé 23,18), indique un bonheur et une meilleure situation qui viendront à la fin, après une phase difficile.
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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'expression "Depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" fait allusion au mot : marad (se rebeller - מרד) formé des lettres : ד מ ר qui précèdent, dans l'alphabet, les lettres : ה נ ש du mot : שנה (chana : année).
Ainsi, en début d'année, l'homme est chargé de nombreuses fautes résultat de sa rébellion.
L'expression "jusqu'à la fin de l'année" fait allusion par contre, aux lettres : ו ס ת qui suivent les lettres : ה נ ש du mot : chana (année).
Or, la guématria des 3 lettres réunies : ו ס ת est de : 466, la même que la valeur numérique de : gal zé'hout (une vague de mérite - גל זכות) de guématria de : 466.
=> Ainsi, en fin d'année, une vague de mérite l'enveloppera et sa situation s'améliorera grâce au conseil de ses : kélayot (reins - כליות) de même valeur numérique : 466.
A Roch Hachana : joie ou pas joie?
+ "[A Roch Hachana,] Il faut être dans la joie comme la population d'un pays le jour du couronnement de son roi.
En effet, par la sonnerie du Shofar, nous proclamons la royauté de Hachem sur tous les mondes"
[Kéter Roch - 104]
Cependant, il est écrit : "Dans la Torah, toutes les fêtes sont appelées "mikraé kodech" (convocations saintes), sauf Roch Hachana et Kippour, parce qu'étant des jours redoutables de jugement, ce ne sont pas des temps de joie" (Zohar - Emor).
=> Comment comprendre alors, l'apparente contradiction avec ce qui précède?
Le Rav Réouven Melamed répond qu'à Roch Hachana, qui est un jour de jugement, il y a lieu d'être dans un état d'esprit sérieux et non de se sentir particulièrement joyeux.
Mais, pendant la sonnerie du Shofar qui est le moment ultime de la proclamation du règne de D., nous devons nous réjouir du principe même de Sa royauté et il nous faut ressentir le bonheur de participer à Son couronnement.
-> Le Ram'hal explique que si l'honneur de D. est révélé dans le monde, tout le reste suit, car le peuple juif sera le peuple le plus élevé des nations et il méritera l'abondance!
Ainsi, notre profond désir de voir Hachem pleinement couronné dans ce monde, surpasse tous nos besoins personnels, qui en deviennent alors secondaires, puisque qu'ils seront comblés en conséquence de la proclamation de Sa royauté.
=> la sonnerie du Shofar doit être un moment de grande joie!
+ "Si on veut réaliser la portée de Roch Hachana, on n'a qu'à réfléchir sur le passé, se remémorer tous les événements de l'année qui s'achève : combien de souffrances sont descendues dans le monde.
Tout ceci a été décidé à Roch Hachana dernier!Cela nous aidera à comprendre combien nous devons avoir peur du jour du jugement présent."
[paroles du père du rav Dessler à son fils - Mikhtav méEliyahou]
Le rav Kanievsky dit que dans notre génération, on doit se remémorer toutes les bonnes choses qui nous sont arrivées pendant l'année passée, et prendre conscience que c'est en ce jour de jugement que tout va être décidé pour l'année à venir.
Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana?
+ Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana? :
1°/ La guémara (Roch Hachana 32b) rapporte les paroles de Hachem : "Est-il possible que le Roi soit assis sur le Trône de Justice avec le Livre de la Vie et de la Mort ouverts devant Lui, et qu'Israël chante des hymnes de louange?"
Le Rambam (Pirouch haMishnayot) écrit : "Le Hallel n'est pas récité à Roch Hachana et à Kippour, car c'est des jours de service, d'humilité, de peur, de crainte d'Hachem, pour s'enfuir et courir vers Lui, à faire téchouva, dire des supplications, requêtes et le pardon.
Et pour tout cela, la joie et la gaieté ne sont pas appropriées."
[Selon le 'Hatam Sofer, il est évident qu'on doit être joyeux à Roch Hachana, puisque c'est un yom tov. Cependant cette joie doit être contenue et quelque peu annulée, car Roch Hachana et également un jour d'immense crainte.]
2°/ Le 'Hatam Sofer nous transmet un enseignement très beau :
"Nous avons comme tradition qu'à Roch Hachana et à Yom Kippour, les âmes de nos parents décédés viennent prier avec nous.
Nous savons que les morts ne peuvent pas chanter de louanges à Hachem, comme il est dit : "Ce ne sont pas les morts qui loueront Hachem" (lo amétim yéalélou ya - Téhilim 115,17).
En raison du fait que les âmes des morts prient avec nous, nous ne chantons pas le Hallel afin de ne pas les embarrasser."
3°/ Le 'Hatam Sofer rapporte une autre explication.
Au moment de la traversée de la Mer, les juifs ont émis un chant (chira) car D. les a sauvé lorsqu'Il a vu que : "Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béaaloté'ha 14,31).
Puisqu'ils ont été sauvé par leur propre mérite, ils leur étaient approprié de chanter des louanges de Hachem.
Cependant, à Roch Hachana nous espérons être jugés favorablement par le mérite de nos ancêtres, et non du nôtre. Il n'est ainsi pas approprié de réciter joyeusement le Hallel.
4°/ Puisque nous sommes confiants dans le fait que Hachem va nous inscrire pour une bonne année, pourquoi ne récitons pas le Hallel à Roch Hachana?
Le Ktav Sofer répond à sa question de la manière suivante.
Il est probable que nous soyons jugés favorablement par la mort d'un tsadik pendant cette année, puisque la mort des tsadikim expie les fautes des juifs (guémara Moed Katan 28a).
Cependant, nos Sages nous enseignent que la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
=> Face à une tragédie si importante, comment pouvons-nous réciter le Hallel?
[ On peut également rapporter que :
- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)]