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Méguilat Esther – Le saviez-vous?

+ Méguilat Esther - Le saviez-vous?

1°/ Nom manquant :

=> Pourquoi le nom d'Hachem n'est-il pas mentionné dans la Meguila?

On peut citer :
-> Puisque la Megilat Esther a été canonisée comme chronique royale officielle de l'empire perse, on craignait que les idolâtres perses ne substituent le nom de leurs idoles aux endroits où le nom d'Hachem était mentionné. [Kad haKéma'h, citant le Ibn Ezra]

-> Tant qu'Amalek n'est pas totalement détruit, le nom d'Hachem est incomplet. Puisque des restes d'Amalek ont survécu au miracle de Pourim, le nom d'Hachem n'apparaît pas dans la Meguila. [Yalkout Méam Loez - Esther]

- Puisque le miracle s'est produit en exil, où la présence divine est dissimulée, il ne serait pas approprié que le nom d'Hachem soit révélé ouvertement. [Yalkout Méam Loez - Esther]

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2°/ Un festin sans musique :

La Méguila décrit en détail les meubles exquis et les beaux ustensiles qui étaient exposés lors du festin de 7 jours organisée par A'hachvéroch pour les citoyens de Shoushan.
Cependant à la lecture de la méguila, un des éléments habituels d'une festivité semble faire cruellement défaut au festin du roi : la musique.
=> Pourquoi A'hachvéroch n'a-t-il pas prévu de divertissement musical pour ses invités au festin?

1- Selon certaines opinions, de la musique était effectivement jouée lors du festin d'A'hachvéroch. Comme il est d'usage qu'un banquet royal soit accompagné de musique, il n'était pas nécessaire que la Méguila mentionne explicitement ce point.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

2- A'hachvéroch voulait satisfaire les désirs de chacun de ses invités.
Si le mobilier et le décor d'A'hachvéroch étaient objectivement agréables aux yeux de tous, les gens ont des goûts différents en matière de musique.
La musique agréable d'une personne peut être un bruit gênant chez une autre, A'hachvéroch n'a pas été en mesure de trouver un genre de musique qui serait apprécié par toutes les personnes présentes (ex: à la fois aux jeunes et aux plus âgés), il s'est donc abstenu de fournir de la musique au festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

3- Puisque A'hachvéroch voulait que les juifs assistent au festin , il a n'a pas pu fournir de musique, car il était interdit aux juifs d'écouter de la musique pendant le festin, en signe de deuil de la destruction du Temple.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

4- L'intention première du festin était de tenter les juifs de pécher. A'hachvéroch était conscient que la musique possède une puissante composante spirituelle qui réussirait à inciter les juifs à se repentir.
Il n'autorisa donc aucune musique lors du festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

Le Manot haLévi (rabbi Shlomo Alkabetz) ajoute l'observation suivante :
Nous constatons que les jeunes enfants, les infirmes et les personnes âgées sont excités par la musique, plus que le reste de la population. Cela s'explique par le fait que lorsqu'un nouveau-né entend de la musique, cela éveille dans son subconscient le souvenir des anges chantant dans le ciel, qu'il a connu récemment, avant sa naissance. Comme les infirmes et les personnes âgées sont quelque peu détachés de leur corps physique, ils sont également fortement affectés par la nature spirituelle de la musique.

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3°/ La queue de Vachti :

Nos Sages (guémara Méguila 12b) expliquent que la raison pour laquelle la reine Vachti a refusé de venir à la fête du roi pour montrer sa beauté est qu'une queue disgracieuse lui a soudainement poussé.

Il y a deux façons principales de comprendre cet événement :
- Selon certaines opinions, il faut le prendre au pied de la lettre : Vachti s'est vu pousser une queue comme celle des animaux. [Maharcha - Méguila 12b]
- D'autres soulignent que la caractéristique de tous les miracles de Pourim est qu'ils ont été accomplis de manière cachée. Si Vachti avait soudainement fait pousser une queue d'animal, cela aurait certainement été considéré comme un miracle ouvert. [rabbi Shimon Schwab]
Selon le Rachba (Pérouch haAggadot), la "tête" représente symboliquement la partie distinguée d'une entité, tandis que la "queue" représente une partie basse et insignifiante. Une "queue" peut donc également signifier un appendice étranger à son corps, comme une verrue laide et allongée.
Selon le Alchikh haKadoch, cet appendice apparaissait sur son front, ce qui implique que la nature repoussante de cette tare était due à son emplacement bien visible sur son visage.

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=> Pourquoi Vachti a-t-elle été punie en se faisant pousser une queue?

-> Le prophète Yéchayahou a prophétisé la chute de l'Empire babylonien : "Je détruirai de Babylone le nom et le reste, l'enfant et le petit-enfant " (Yéchayahou 14,22).
Nos Sages (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 418) expliquent que "petit-fils" fait référence à Vachti, la petite-fille de Névou'hadnétzar.
Vachti était donc la "queue" de la dynastie babylonienne, puisqu'avec son exécution, la famille royale babylonienne a pris fin.
['Hida - Na'hal Echkol - Esther 2,1]

-> Vachti était fière de sa lignée royale, car elle était la descendante de 3 souverains babyloniens : Névou'hadnétzar, Mérodach le mauvais et Belshatsar.
Alors que ces rois agissaient en tant que "tête" de l'empire babylonien, ils sont en réalité plus comparables à une "queue" en raison de leur comportement impitoyable et bas.
Vachti a été humiliée par la croissance d'une queue inconvenante (zanav - זָנָב), dont les lettres correspondent à la première lettre de chacun de ces souverains : בלשצר (Belshatsar), נובכדנצר (Névou'hadnétzar), plus la lettre "ז", dont la valeur numérique [7] est égale à la valeur numérique de la première lettre de ושתי (Vachti) et de אֱוִיל מרודך (évil Mérodach). [vav+ alef =7]
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

[La raison pour laquelle les règnes de Vachti et de Mérodach sont combinés est peut-être que chacun d'eux a eu un règne incomplet. Vachti a été tuée dans la fleur de l'âge et Mérodach le mauvais a été nommé roi pendant la période de 7 ans où Névou'hadnétzar est devenu fou. Après le rétablissement de la santé mentale de Névou'hadnétzar, la population a fait emprisonner le méchant Mérodach jusqu'à la mort de Névou'hadnétzar (Rachi, Yeshayahu 14:19). ]

-> Puisque Vachti obligeait les jeunes filles juives à travailler nues pendant le Shabbat comme des animaux, Hachem lui a donné une queue, une partie du corps exclusive aux animaux.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

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4°/ Un sauveur improbable :

Au cours de sa plaidoirie auprès d'A'hachvéroch pour que Vachti soit tuée, Haman dit : "Et aujourd'hui, j'en parlerai" (Esther 1,18).
Le midrach commente ce verset en disant que si cet événement s'était produit un autre jour de l'année, Haman n'aurait pas recommandé l'exécution de Vachti.
=> Pourquoi en est-il ainsi ?

-> Le rav Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dvach vol.1 drouch 3) présente la réponse suivante :
Le Rokéa'h dit que le festin de 180 jours d'Achashveroch a commencé au mois de Nissan. Par conséquent, les 180 jours se sont terminés le 3e jour de Tichri. Le roi a ensuite organisé un festin supplémentaire de 7 jours pour les habitants de Shoushan, qui s'est terminée à Yom Kippour (le 10e jour de Tichri).

Après que Haman eut décrété la destruction des juifs, ceux-ci se repentirent de leur péché d'avoir participé au festin du roi, par "le deuil, le jeûne, les pleurs, l'éloge, le sac et la cendre" (Esther 4,3).
Le midrach affirme que ces 6 expressions de repentir correspondent aux 6 jours pendant lesquels les juifs ont participé au festin du roi.
=> Pourquoi n'ont-ils assisté au festin que pendant 6 jours sur les 7 qu'il a duré?
La réponse est qu'ils n'ont pas assisté au dernier jour du festin du roi, car il tombait sur Yom Kippour.

Yom Kippour est un jour de grâce et de faveur divine, et même le Satan est impuissant pour nuire aux juifs.
En ce jour de Yom Kippour, Hachem a transformé Haman, qui était comme le Satan incarné, en un agent de la miséricorde et a mis dans son esprit l'argument illogique d'exécuter Vachti, ce qui a finalement conduit aux événements entraînant l'annulation de son décret contre les juifs ainsi que sa propre disparition.

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5°/ Mordé'haï haYéhoudi :

=> Que signifie le verset lorsqu'il qualifie Mordé'haï de "Yéhoudi" (Esther 2,5)?

On peut citer les explications suivantes :
-> Tous les juifs sont appelés Yéhoudim en référence à Yéhouda, qui a eu le courage de reconnaître sa faute dans l'épisode de Tamar (voir Targoum Yérouchalmi - Béréchit 49,8).
Il apparaît donc que c'est cette caractéristique particulière qui définit le juif. Haman a qualifié Mordé'haï de Yéhoudi car il a fait preuve d'une bravoure et d'un courage remarquables dans son refus de se soumettre à Haman.
[à l'image de Yéhouda, un juif (yéhoudi) doit être prêt à tout pour rester fidèle à la volonté d'Hachem (relayée par nos Sages de la génération), même si cela peut aller à l'encontre de sa nature humaine, de la logique ... ]

-> Le midrach (Esther rabba 6,2) dit que Mordé'haï a été appelé Yéhoudi parce qu'il a fait connaître l'unicité d'Hachem (יחידי - yé'hidi) dans le monde entier, lorsqu'il a refusé de se soumettre à Haman.
(la Torah Témima (sur ce passage) explique que les lettres hé et 'hét sont utilisées de manière interchangeable dans l'exégèse des Sages, car elles sont écrites et prononcées de manière similaire.)
[ainsi, on est appelé juif (yéhoudi) car notre but dans la vie est de faire connaître l'unicité d'Hachem. ]

-> "Nos Sages disent : ne lis pas yéhoudi/juif mais : yé'hidi (=spécial, unique)." [Midrach Rabba Esther 6,2]
=> La définition d'un juif est d'être yé'hidi (spécial). Chacun a un rôle spécifique, et des épreuves tout aussi spécifiques.
Le Rav Sim'ha Bounim de Psi'ha avait l'habitude de dire :
"Si du Ciel, on me demandait : "Veux-tu, Bounim, être Avraham avinou, c'est-à-dire changer ta place contre la sienne?"
Je répondrais : "Quel intérêt D. aurait-Il à ce que je sois Avraham avinou et que je change de rôle?
De toute façon, Tu n'auras qu'un seul Avraham avinou et qu'un seul Bounem.
Cependant, si on me donnait le mérite, dans le ciel, d'arriver au niveau d'Avraham avinou, Tu aurais, D., deux Avraham avinou ... et de cela, il y aurait lieu de réjouir."

-> La raison pour laquelle tous les juifs sont actuellement appelés Yéhoudim est que Yéhouda était la seule tribu complète qui est restée en Israël après l'exil des 10 tribus. Le reste des 10 tribus qui sont restées se sont joints à Yéhouda et ont été dorénavant aussi appelés d'après la tribu de Yéhouda.
Mordé'haï fut appelé "Ich Yéhoudi", un homme de la tribu de Yéhouda, ainsi que "Ich Yémini", un homme de la tribu de Binyamin.
L'appellation de ich signifie une personne de distinction et un leader. Mordé'haï était à l'origine le chef de la tribu de Binyamin avant leur exil d'Israël (Ich Yémini), et après l'exil, il était le chef de toute la nation juive (Ich Yéhoudi).
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

-> Mordé'haï, ainsi que tous les juifs, sont appelés Yéhoudim dans la Méguila (Esther 8,16).
Lors du recensement du peuple juif à sa sortie d'Égypte, la Torah ajoute les lettres youd et hé à chaque famille. Ces lettres (יה) épellent le nom d'Hachem et indiquent que la nation juive a maintenu sa chasteté même pendant son exil égyptien (Rachi - Pin'has 26,5).
De même, la nation juive est appelée Yéhoudim. Le terme : "yéhoudi" (יהודי) comprend les 4 lettres d'Hachem יהוה (lorsque le dernier youd rentre dans le dalét, cela forme la lettre hé), et ce pour démontrer la pureté de leur lignée même en exil.
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

[Hachem a promis qu'Il résidera parmi nous en exil. Ainsi, le nom Yéhoudi nous rappelle que quoi qu'on puisse faire (même les pires choses), on aura toujours une partie divine qui restera intacte en nous. Un juif n'est jamais seul, Hachem reste toujours avec lui. ]

-> Le fait que chaque juif possède une partie d'Hachem en lui, vient éclairer les paroles du Zohar :
- "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif" ;
- si nous avions conscience d'à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.
Rabbi Na'hman de Breslev exprime dans sa célèbre chanson : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" (im yéhoudi aya yodéa ...).
[le plus grand plaisir est le fait d'être proche d'Hachem (notre source de Vie). Ainsi plutôt que de passer notre temps à rechercher notre bonheur à l'extérieur (sans cesse attendant LA chose qui nous rendra heureux), un juif doit plutôt valoriser et se concentrer sur ce qu'il a, sur son trésor interne : son âme.
Un juif a une âme qui vient de l'intériorité d'Hachem, il a une âme beaucoup plus élevée que les non-juifs (qui ont une partie externe d'Hachem), et en ce sens chacune de nos actions (ex: parler) a un impact incroyable sur terre et au Ciel. Nous devons être fiers et responsables de cette réalité!

Ainsi, au début du récit de Pourim les juifs ont participé au festin du roi A'hachvéroch pensant trouver des honneurs et le bonheur dans la société non-juive environnante, mais à la fin de l'histoire ils se sont rendus compte que Mordé'haï (le yéhoudi) avait raison, et il y a eu beaucoup de joie et de lumière chez les juifs (réalisant à quel point en essence un juif est unique (yé'hidi) dans ce monde, faisant écho aux paroles de rabbi Na'hman : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" = cela n'est pas que de belles paroles théoriques, c'est une réalité que nous devons internaliser constamment. ]

-> Les termes "ich yéhoudi" (homme juif) ont la même valeur numérique que le nom de : Moché, soit 345 (avec le kolel), pour nous faire comprendre par allusion que Mordé'haï avait des étincelles d'âme de Moché.
['Hida - 'Homat Anakh]
[à chaque génération, les responsables spirituels ont en eux une partie de l'âme de Moché pour guider et conseiller le peuple juif. ]

-> Mordé'haï est appelé : "ich yéhoudi" (un homme juif - Esther 2,5)
Le Targoum commente : "ich yéhoudi" = quelqu'un qui prie pour son peuple.
[ alors à quel point prenons-nous soin et préoccupons-nous d'autrui (en demandant à Hachem de l'aider, de le combler du meilleur)? Prions-nous (assez) pour les autres? En effet, c'est une caractéristique qui fait de nous un juif(ve)! ]

-> A la naissance de Yéhouda, Léa fut particulièrement reconnaissante, ayant plus que sa part (Vayétsé 29,35 ). Chacun doit avoir ce même ressenti : estimer qu’il a plus que ce qu’il mérite.
En ce sens nous portons le nom de Yéhoudi (יהודי), de la racine "odaa" (הודאה), être reconnaissant pour ce que l’on a et se dire que l’on davantage que son lot.
On commence notre journée dans cet état d’esprit avec "modé ani" (מודה אני). Immédiatement au réveil, nous remercions (modé) avant même de penser (ani).
Le midrach (Béréchit rabba 14,9 ) explique que nous devons louer Hachem pour chaque respiration.
[d'après le rav Yéhochoua Alt]

[Mordé'haï avait tellement développé sa reconnaissance et ses louanges envers Hachem, qu'il ne se voyait pas être ingrat en agissant contre sa volonté malgré le danger (festin, prosterner devant Haman, ...).
Plus nous témoignons de la reconnaissance à D. (même sur les "petites" choses de la vie, ce que nous prenons pour acquis/normal), plus nous en venons à apprécier et aimer Hachem pour tout ce qu'il fait constamment pour nous.
Plus cela nous permet d'être juif (yéhoudi), c'est-à-dire d'avoir toujours Hachem qui est unique (yé'hidi) à nos yeux.

(ex: notre yétser ara nous dit : ça va c'est la naturalité des choses, c'est le hasard, ... mais nous affirmons et apprécions que cela est 100% issu d'un décret de papa Hachem, pour notre bien ultime. )

Pourim – Le saviez-vous?

+ Pourim - Le saviez-vous?

1°/ Shabbath Shékalim puis Za'hor :

-> Au mois d'Adar, il y a 4 parachiyot (lectures spéciales de la Torah) qui sont lues après la paracha hebdomadaire chaque Shabbat. La première des "quatre parachiyot" est parachat Shékalim, qui contient le récit de l'offrande obligatoire d'un demi-shekel. Elle est suivi par la parachat Za'hor, qui rappelle la bataille d'Amalek contre Israël, et qui est lu le Shabbat précédant Pourim.
Pourquoi la paracha Shékalim précède-t-elle la paracha Za'hor?

-> Le pouvoir d'Haman de détruire les juifs s'est concrétisé lorsqu'il a offert au roi A'hachvéroch 10 000 shékalim d'argent (Esther 3,9). Cette manifestation terrestre de l'ascension d'Haman sur Israël reflète la cause céleste du pouvoir d'Amalek sur les juifs : le désir excessif d'Israël pour l'argent.
La portion de la Torah qui rappelle la bataille d'Amalek est écrite à côté de l'interdiction des faux poids et mesures, car c'est le laxisme d'Israël en matière d'honnêteté dans les questions monétaires qui a favorisé l'agression d'Amalek contre Israël.
Mordé'haï a ordonné aux juifs de ne pas porter la main sur le butin de la bataille afin de corriger ce manquement moral. [Kli Yakar Dévarim 25,13 & Chémot 30,13]

A ce sujet, le rav Michel Ber Weissmandel a fait un jour la remarque effrayante suivante à son élève, le rav Yona Furst (qui le rapporte dans son Divré Yona al haTorah vol.1) :
"Il est ironique de constater que, bien que la Shoa ait pris naissance en Allemagne, davantage de juifs allemands ont réussi à fuir la persécution nazie, et ont même pu s'échapper avec leurs biens, que les juifs d'Europe de l'Est. La raison en est que les juifs d'Allemagne étaient plus honnêtes dans leurs relations d'affaires avec les non-juifs, et que leur argent leur appartenait entièrement.
D'autre part, en raison de l'extrême pauvreté à laquelle les juifs d'Europe de l'Est étaient confrontés, ils trouvaient des justifications pour prendre l'argent qui appartenait légitimement à leurs voisins non-juifs.
C'est pourquoi, le jour de la colère, leur argent leur a été retiré afin qu'il revienne à ses propriétaires d'origine."

La guémara (Méguila 13b) déclare : "Il était clairement connu devant Celui qui a parlé et que le monde ne vienne à exister, que Haman était destiné à peser les shékalim dans le but de détruire les juifs. Par conséquent, Il [Hachem] a fait en sorte que les juifs précèdent leurs shékalim aux shékalim d'Haman".

=> La paracha Shékalim précède celle de Za'hor pour nous rappeler que lorsque la nation juive contrecarre son penchant pour la cupidité en donnant son argent à des causes louables, cela neutralise le pouvoir d'Amalek de nuire à Israël (aux juifs).
[rav Binyamin Wurzburger]

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2°/ Le jeûne d'Esther :

=> Quelle est la source de taanit Esther, ce jour de jeûne le 13e jour d'Adar?

-> Lorsque le peuple juif a combattu ses ennemis le 13e jour d'Adar, à l'époque de Mordé'haï et d'Esther, il a jeûné et imploré Hachem pour le succès de la bataille. C'est pourquoi nous jeûnons en ce jour, afin de nous rappeler comment Hachem est toujours prêt à nous sauver dans nos moments de malheur, lorsque nous nous tournons sincèrement vers Lui en jeûnant et en nous repentant. [michna Broura 686:2]

-> Le Lévouch (Ora'h 'Haïm 686) écrit : "De même que la fête de Pourim a été instituée pour rappeler les miracles qui se sont produits à l'époque, de même il convient de reprendre leur jeûne et leurs supplications à ce moment-là. En effet, est-il convenable de n'accepter que les bons/agréables [aspects de leurs expériences] et pas les mauvais?".

-> Le jeûne sert à faire taire les accusations que Satan porte contre Israël pour ses excès lors des célébrations de Pourim. [Maguid Mécharim - paracha Vayakel]

-> Avant d'accepter la Torah au mont Sinaï, les juifs jeûnaient afin de purifier leur nature physique pour les rendre dignes de recevoir la sainte Torah. [Pirké déRabbi Eliézer]
[d'ailleurs, le Tachbetz (465) écrit que la source de la coutume selon laquelle un individu jeûne le jour de son mariage provient des juifs qui jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï, qui était le mariage entre Hachem et Israël.]
Pendant les jours de Mordé'haï et d'Esther, les juifs ont ré-accepté la Torah avec amour (guémara Shabbath 88a), ainsi la fête de Pourim est également une forme de réception de la Torah (kabbalat haTorah).
Tout comme les juifs jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï pour purifier leur nature, nous jeûnons avant Pourim pour la même raison.
[Tour Barekét 686:1 (c'est un livre écrit par un élève du rav 'Haïm Vital)]

-> L'intention de ce jeûne était de s'assurer que les gens s'acquitteraient de la mitsva de la lecture de la Méguila la nuit de Pourim. En s'abstenant de manger jusqu'à ce qu'on ait entendu la Méguila, on s'appliquera à entendre la lecture de la Meguila.
[Séfer haEchkol - Hilkhot Taanit p.137]

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3°/ Plus grand que Yom Kippour :

Le Arizal écrit que la sainteté de Pourim surpasse même celle de Yom Kippour. [Yom Kippour est comparable (ne lis pas "Kippour" mais "kéPourim"), mais n'égale pas la grandeur de Pourim. ]
=> Pourquoi cela ?

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav mé'Eliyahou - vol.2) explique que c'est parce que notre motivation pour le repentir à Yom Kippour est née de la peur. Pourim est plus grande en ce sens que notre désir de proximité avec Hachem s'épanouit à partir de l'amour.
Pour la même raison, la ré-acceptation de la Torah à l'époque d'A'hachvéroch a surpassé l'acceptation initiale de la Torah au mont Sinaï. L'acceptation initiale de la Torah était le résultat d'une coercition, car les Sages disent qu'Hachem a maintenu le Sinaï au-dessus de Bné Israël comme une cuve renversée.
[selon le Maharal, cela ne doit pas être pris au sens littéral. En fait, la clarté de leur décision était si convaincante qu'elle atténuait leur choix du libre arbitre, à l'instar des anges qui sont considérés comme dépourvus de libre arbitre pour la même raison.]

Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, les juifs ont accepté la Torah par amour et par gratitude pour Hachem, ce qui est un niveau bien plus élevé.

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4°/ Matanot la'évyonim :

=> Pourquoi la mitsva de donner de l'argent à 2 personnes pauvres à Pourim est-elle appelée matanot la'évyonim (cadeaux aux pauvres)? Puisque nous sommes obligés de faire la charité aux pauvres ce jour-là, pourquoi cette obligation ne s'appelle-t-elle pas simplement : tsédaka la'évyonim (charité pour les pauvres)?

-> Le rav Nathan Wachtfogel (Kovets Si'hot - vol.4) répond que tout ce qui concerne la fête de Pourim est lié à des sujets qui sont cachés.
La fête de Pourim tire son nom de la loterie d'Haman (pour). De même qu'une loterie est au-delà de tout raisonnement naturel, la fête entière est enveloppée d'une manière cachée et transcendante.
Il en va de même pour la mitsva de matanot la'évyonim. Si nous pénétrons dans l'essence cachée de chaque juif, nous constaterons qu'il n'existe pas d'étiquettes distinctives de riche et de pauvre, puisque tous les juifs sont essentiellement égaux (chacun ayant en lui une sublime partie Divine).
Nous offrons donc des cadeaux de manière respectueuse, comme il convient à un juif pour son prochain bien-aimé.

[Pourim où l'on fête la vraie nature/intériorité des choses, nous ne faisons pas de la charité, mais nous donnons un cadeau aux pauvres. Certes, ils sont en apparence nécessiteux, mais cela reste de sublimes personnes, ayant comme tout juif une magnifique âme divine, et nous devons leur témoigner l'honneur qui leur est dû, sans les traiter de haut ou avec mépris. ]

Combattre Amalek par notre étincelle divine interne

+ Combattre Amalek par notre étincelle divine interne :

-> La lutte contre Amalek exige bien plus que l'unité (a'hdout). La bataille sacrée contre ceux qui veulent nous détruire physiquement et spirituellement ne peut être menée que si nous revenons à nous-mêmes, à l'étincelle divine pure qui reste ancrée en chacun de nous. Cette étincelle n'a pas été affectée par les influences étrangères du monde qui nous entoure.
Les commandements de la Torah "souviens-toi de ce qu'Amalek t'a fait" (za'hot ét acher assa lé'ha Amalek), et plus ensuite "n'oublie pas" (lo tiska'h), sont en réalité des supplications divines : reviens à toi-même. Retrouvez cette étincelle divine en vous qui sait intuitivement ce qui est juste.

De même que nous avons instinctivement le sens de l'auto-préservation et que nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter de mettre notre vie en danger, de même, dans les recoins les plus profonds de tout juif, il y a une répulsion profonde d'Amalek.
Non seulement il y a la connaissance intellectuelle (yédia) du mal causé par Amalek, mais il y a aussi "zé'hira", un sentiment émotionnel intérieur qui ne peut jamais être oublié (htiska'h).
Si nous tolérons même Amalek, c'est parce que nous n'avons pas encore atteint ce noyau intérieur. C'est parce que nous sommes souvent limités par les exigences du côté matériel de nous-mêmes, connu sous le nom de néfech.

À l'époque du miracle de Pourim, le peuple juif s'est élevé au-dessus de ces contraintes. Comme le raconte la Méguila : "ils se sont tenus au-dessus (al) de leur néfech" (laamod al nafchan - Esther 8,11), pénétrant ainsi dans leur for intérieur alors qu'ils se préparaient à combattre Amalek.
[Sfat Emet - Pourim 5631]

Un juif = quelqu’un qui prie pour son peuple

+ Mordé'haï est appelé : "ich yéhoudi" (un homme juif - Esther 2,5)

-> Le Targoum commente : "ich yéhoudi" = quelqu'un qui prie pour son peuple.

[ alors à quel point prenons-nous soin et préoccupons-nous d'autrui (en demandant à Hachem de l'aider, de le combler du meilleur)? Prions-nous (assez) pour les autres?
En effet, c'est une caractéristique qui fait de nous un juif(ve)! ]

"Il était le tuteur d'Hadassa c'est-à-dire d'Esther, fille de son oncle, qui n'avait plus ni père ni mère. Cette jeune fille était belle de taille et belle de visage. À la mort de son père et de sa mère, Mordé'haï l'avait adoptée comme sa fille" (Esther 2,7)

-> À propos de notre verset, il a été enseigné au nom de Rabbi Meir : tu ne dois pas lire dans l'Ecriture que Mordé'haï l'avait adoptée comme sa fille (lébat - לבת) mais plutôt comprendre qu'il la prise pour maison (lébayit - לבית) ce qui signifie qu'il l'a prise pour épouse." [guémara Méguila 13a]

-> "Esther se conformait aux instructions de Mordé'haï" (Esther 2,20)
Rabbi Yirmia enseigne qu'Esther montrait son sang de nida aux Sages. Raba bar Lima ajoute au nom de Rav qu'Esther allait s'immerger dans les eaux du mikvé après avoir eu des relations intimes forcées avec A'hachvéroch afin de pouvoir se retrouver aux côtés de Mordé'haï par la suite. [guémara Méguila 13b]
Rachi explique qu'elle agissait ainsi afin d'être toujours dans un état de propreté et ne pas dégoûter Mordé'haï après sa relation avec A'hachvéroch.

-> Lorsque Mordé'haï lui demanda de risquer sa vie en se présentant devant A'hachvéroch afin d'intervenir en faveur du peuple d'Israël, Esther lui répondit ainsi : "Va rassembler tous les juifs présents à Chouchan et jeûnez à mon intention. Ne mangez ni ne buvez pendant 3 jours, ni jour ni nuit et moi aussi avec mes servantes, je jeûnerais de la même façon. Ensuite je me présenterai au roi et si je dois périr, je périrais!" (Esther 4,16).

Rabbi Aba explique la déclaration d'Esther : "Chaque jour jusqu'à présent, mes relations avec le roi avaient lieu contre mon gré. Mais à présent, tu me demandes d'aller à sa rencontre et ceci est considéré comme si je consentais à cette relation!" C'est la raison pour laquelle Esther déclara à deux reprises: « Si je dois périr, je périrais!" (Esther 4,16).
Le guémara (Méguila 15a ; Sota 2a) explique : "De la même façon que j'ai perdu mes parents car je suis orpheline de père et de mère, ainsi je vais te perdre car une femme mariée qui a une relation intime volontairement avec un autre homme devient interdite à son mari pour toujours."

=> Comment Esther qui fait partie des 7 prophétesses d'Israël (cf. guémara Méguila 14a) transgressa-t-telle a priori un interdit fondamental de la Torah?

-> D'après la loi, lorsqu'une femme mariée a une relation extraconjugale, elle devient interdite pour toujours à son époux (Sota 2a). Ceci est applicable lorsque la femme est consentante.
Toutefois, lorsqu'une femme a une relation forcée, elle ne devient pas interdite à son époux. [cf. Méguila 15a ; Kétouvot 51b]

Jusqu'à présent Esther était convoquée par le roi et se retrouvait dans un cas de force majeure car le roi pouvait la faire exécuter à tout moment si elle refusait d'accomplir sa volonté tout comme il fit exécuter Vachti. [Sifté 'Hakhamim]
Ainsi, les Sages du Talmud expliquent qu'Esther était comparable au sol de la terre durant l'intimité avec le roi. (guémara Sanhédrin 74b).
Rachi explique qu'elle ne tirait aucun profit, aucun plaisir. Seul le roi en tirait satisfaction. Dans un cas comme celui-là, le Nom d'Hachem n'est pas profané et par conséquent il est inutile de mourir pour sanctifier son Nom.

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+ Que dit le Zohar sur la relation entre Esther et A'hachvéroch?

-> Rabbi Chimon Bar Yo'haï enseigne dans le Zohar (Ki Tétsé 276a ; Zohar 'Hadach 41b ; Tikouné Zohar 21,58a) :
"La femme est comparée à la terre et la terre incarne la Présence divine qui est appelée "terre" comme cela fut dit à propos d'Esther : "Esther était comparable à la terre" cela signifie qu'elle était ,le réceptacle - Merkava de la Chékhina - qui est appelé "la terre". Ainsi, tout celui qui médit et colporte un mauvais nom à l'égard d'une jeune fille vierge d'Israël est comme s'il colportait un mauvais Nom à la Présence divine.
Ainsi, celui qui fait un mauvais Nom à Esther en disant qu'elle a été souillée par A'hachvéroch est comme s'il faisait un mauvais Nom à la Présence divine car elle a malgré tout mérité d'accueillir la Chékhina (Présence Divine) qui est appelé la prophétie comme il est écrit : "Esther se revêtit de sa parure de la royauté" (Esther 5,1).

À présent, écoutez mes explications Sages d'Israël, le roi [A'hachvéroch] n'a jamais touché Esther!
Écoutez mes paroles, Sages de la Michna : la Présence divine résida sur Esther afin d'accomplir sa vengeance contre Haman qui était le réceptacle des forces obscures, Merkava du mauvais penchant,ס"מ, et Zérech son épouse qui était le réceptacle du mauvais penchant féminin, (לילית).
Après que la Présence divine se soit incarnée dans Esther, cette dernière put dominer le roi et les forces du mal et c'est ainsi que le destin s'est inversé et que les juifs réussirent à soumettre les forces du mal en tuant tous leurs ennemis.
Après que la Chékhina résidât à l'intérieur d'Esther, il fut strictement impossible de dire que le roi eut une relation intime avec elle. C'est la raison pour laquelle elle est appelée Esther (ce qui signifie : caché/dissimulé) car elle renfermait en elle la Chékhina qui était dissimulée et formait son abri comme il est écrit : "C'est Toi qui est mon abri" (ata séter li - אַתָּה סֵתֶר לִי - Téhilim 32,7).

C'est-à-dire que la Présence divine la préserva et la cacha du roi afin qu'il ne la voie pas et lui dévoila à sa place sa doublure (c'est-à-dire que la partie négative d'Esther lui fut retirée et apparaissait devant le roi, d'une parfaite ressemblance et c'est avec elle que le roi eu des relations intimes tandis que Esther resta pure). Elle pouvait ainsi retourner dans les bras de Mordé'haï qui était son mari sans avoir été souillée."
[l'homme est composé de 2 forces opposés : une partie positive et une partie négative. Il est possible pour l'homme de les dissocier durant son vivant, comme l'explique le Arizal à propos d'Esther qui envoya sa doublure, son "ched" (son côté négatif, son démon) à sa place pour s'unir avec A'hachvéroch]

-> Le Arizal (Ets 'Haïm - chaar 49) explique qu'Esther laissa sa doublure avoir des relations avec le roi, il s'agit de sa klipat noga qui est la partie négative et que l'on appelle : "ched".
[depuis la faute d'Adam, l'homme comprend cette klipa noga. Le but de la vie sur terre est de pouvoir dissocier la partie positive de la partie négative à travers l'accomplissement de la Torah et des mitsvot.]
En effet, il est rapporté dans le Zohar (Ki Tétsé 276a) que Mordé'haï connaissait le [secret du Nom Divin] Chem Haméforach et avait appris à Esther comment procéder pour soumettre son mauvais penchant afin que ce dernier prenne son apparence et se rende chez le roi.
C'est de cette union avec la doublure d'Esther que naîtra Darius. Et de ce fait, il est considéré comme le fils d'Esther à part entière et c'est la raison pour laquelle il était à moitié bon et à moitié mauvais.
D'un côté, il avait le statut de non juif et de l'autre il donna la permission de reconstruire le Temple.

[ainsi, Mordé'haï qui connaissait le Chem Haméforach, l'utilisa pour soumettre le démon d'Esther (sa partie négative) et l'envoyer au roi. C'est la raison pour laquelle les Sages (Zohar Vaéra 28a) nous ont transmis un enseignement terrifiant à savoir qu'un homme doit parler avec son épouse avant une relation intime car peut-être que cette dernière a été échangée avec sa doublure à cause de mauvaises pensées, car les klipot (écorces du mal) ont la possibilité de se matérialiser et de s'unir avec les hommes.]

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-> voir un exemple concret de cela dans le récit de la Méguila : https://todahm.com/2018/03/05/6195-2

Lorsque le peuple juif a vaincu Amalek dans le désert, Hachem a dit à Moché : "Ecris ce mémorial dans le livre, et mets-le dans les oreilles de Yéhochoua" (Béchala'h 17,14).
Nos Sages (guémara Méguila 7a) disent que "le livre" se réfère à la Méguilat Esther. Ainsi, Moché a reçu l'ordre de mettre l'histoire de la Méguilat Esther dans les "oreilles de Yéhochoua", en d'autres termes, de lui chuchoter discrètement à l'oreille.
Pourquoi cela devait-il se faire discrètement?

Puisque les gens de l'époque de Mordé'haï et d'Esther avaient fauté et avaient besoin de se repentir avant de pouvoir être sauvés, s'ils avaient connu l'issue de l'histoire à l'avance, parce que Moché l'aurait racontée à voix haute à Yéhochoua, ils n'auraient pas eu peur d'Haman et ils n'auraient jamais fait téchouva.
[Yisma'h Moché]

Le mérite du Shabbath nous a sauvés à Pourim

+++ Le mérite du Shabbath nous a sauvés à Pourim :

"Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin, il ordonna ... d'amener devant le roi la reine Vachti couronnée de la couronne royale" (Esther 1,10-11)

-> Rachi (guémara Méguila 12b) explique que cet événement eut lieu le jour du Shabbat.

-> Le 'Hatam Sofer (Méguilat Esther - dibour é'had) enseigne :
"Il me semble que l'évènement essentiel du miracle de Pourim se trouve au début de la Méguila, lors du festin au cours duquel Vachti sera condamnée à être exécutée.
En effet, que Hachem ait écouté nos prières et nos cris de souffrance ne peut pas être considéré comme un si grand miracle car même les habitants de Ninive virent leurs prières acceptées lorsqu'ils se sont repentis. Alors, pourquoi celles d'Israël ne le seraient-elles pas? Et même lorsque la situation s'inversa complétement en faveur des juifs et qu'ils dominèrent ainsi leurs ennemis, cela ne constitue pas réellement un miracle qui dépasse les lois de la nature. Le roi A'hachvéroch aimait la reine et rien ne laissait présupposer un tel drame.
C'est pourquoi le fondement sur lequel le miracle de Pourim repose le décret de mort de la reine Vachti qui fut réellement une décision complètement surnaturelle. Le roi avait déjà organisé 186 jours de festin au cours desquels il se réjouit mais le 187eme et dernier jour, il perdit la raison.
La reine Vachti elle aussi perdit la raison ce jour-là en proférant en public des paroles hostiles au roi.
Ces événements ne répondaient pas aux lois de la nature mais étaient dirigés par la Providence divine pour préparer les futurs miracles.

Au moment de l'exécution de la reine Vachti, le comportement du peuple d'Israël n'était pas irréprochable. En effet, en festoyant auprès du roi A'hachvéroch l'impie, ils ne pouvaient pas bénéficier d'un miracle mais bien pire encore, ils auraient pu être condamnés à l'extermination que D. nous en préserve.
Cependant, alors même qu'ils s'étaient rebellés contre l'Eternel, le Maître du monde les prit en pitié et prépara malgré tout le grand miracle ... Car même lorsqu'ils se pervertissent, les enfants d'Israël sont précieux pour Hachem."

[l'exécution de Vachti démontre l'amour inconditionnel d'Hachem pour Ses enfants (les juifs) même lorsqu'ils ne se comportent pas comme ils le devraient. Cela est en accord avec l'avis de Rabbi Méïr que les juifs sont appelés "fils" d'Hachem quelque soit leur comportement (guémara Kidouchin 36a).]

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=> Le 187ème et dernier jour du festin tomba un Shabbat. L'exécution de la reine Vachti, miracle de tous les miracles de Pourim (selon le 'Hatam Sofer) eut lieu ce jour-là. Quel est l'enjeu de l'exécution de la reine Vachti précisément le jour du Shabbat?

-> Le 'Hida (Roch David - Emor) enseigne :
Il est écrit : "un ben Noah (un non-juif) qui observe le Shabbat est passible de mort" (guémara Sanhédrin 58b).
En effet, le Shabbat est le sceptre du roi car durant Shabbat, Hachem se repose de tous les travaux qu'Il réalisa les 6 jours précédents et nous avons déjà reçu comme enseignement que celui qui utilise le sceptre du roi est condamnable à mort pour s'être rebellé contre la royauté (guémara Sanhédrin 22a).
En revanche, les Bné Israël sont les enfants d'Hachem comme il est écrit : "Vous êtes des fils pour Hachem votre D." (Réé 15,1).
Ainsi, Hachem en leur donnant la mitsva de Shabbat leur permit d'utiliser le sceptre royal de leur père.
Quant aux non-juifs, ils ont le statut de serviteurs pour lesquels Hachem est un roi qui règne sur eux comme il est écrit : "D. règne sur les peuples" (Téhilim 47,9). Par conséquent, il leur est interdit d'utiliser le sceptre du roi et c'est la raison pour laquelle un non-juif qui observe le Shabbat est condamnable à mort pour s'être rebellé contre la royauté.

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
À présent, nous comprenons pourquoi Hachem, par l'exécution de la reine qui eut lieu le Shabbat, a initié la future délivrance et préparé les miracles de Pourim.
En effet, notre Père céleste qui nous aime inconditionnellement, offre à Ses enfants et à aucune autre créature le présent le plus précieux qu'est le Shabbat, source de la plus haute bonté divine ('hessed) , où les klipot n'ont pas d'emprises, pour les sauver des pires décrets en leur permettant d'accéder au sceptre royal même lorsqu'ils n'accomplissent pas sa volonté, car ils sont, et ils seront pour toujours Ses enfants bien-aimés.
[Hachem dit à Moché : "J'ai un cadeau merveilleux dans Mon trésor et Shabbat est son nom, et Je veux le donner au peuple juif, va et informe-les de cela." [guémara Shabbath 10b]

[le Séfer ha'Hinoukh dit que nous juxtaposons le Shabbath Za'hor (victoire sur Amalek) avec Pourim (victoire sur Haman) pour donner de la force aux juifs dans leur guerre contre leurs ennemis qui sont les descendants d'Amalek.
D'une certaine façon on peut dire que Shabbath est le moment où l'on a le temps d'apprécier notre situation de "fils" d'Hachem, d'être des juifs. Et par cette joie, fierté, cette émouna, alors nous avons davantage de puissance pour vaincre Amalek. (Hachem voyant à Shabbath notre véritable envie d'être proche de Lui (ex: en chantant, en étudiant à Shabbath), alors Il nous aide à l'être).]

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-> Rachi (Esther 1,12) explique que la reine Vachti refusa de se présenter devant le roi car elle était atteinte de la lèpre. Cette racha faisait travailler les filles d'Israël dévêtues durant Shabbat transgressant de ce fait son observance. Ainsi, le roi demanda, mesure pour mesure par Providence divine, qu'elle se présente à la cours nue durant Shabbat.

-> Il est écrit dans le Méam Loez (Méguilat Esther 1,1) :
Les juifs furent soumis au pouvoir de ce roi cruel [A'hachvéroch] pour avoir transgressé le Shabbath.
Le livre de Né'hémia (13,15-21) relate que les juifs gardaient souvent leurs magasins ouverts le vendredi soir après l'arrivée du Shabbath. Pour les punir, D. donna à A'hachvéroch une puissance plus grande qu'il ne le méritait et lui permit d'opprimer brutalement Israël.

-> Nos Sages (guémara méguila 13a) nous rapportent que la reine Esther a donné à chacune de ses 7 plus proches servantes, le nom d'un des 7 jours de la semaine.
Chaque servante devait venir le jour de la semaine correspondant à son nom, afin de permettre à Esther de se rappeler de la venue du Shabbath.[afin que son stratagème reste secret/discret, elle les a appelé de façon allusive, et non pas directement : yom richon, yom chéni, ...
Ainsi :
-> le 1er jour = c'était : 'houlata ( = début des jours 'hol)
-> le 2e jour = rékiyata (de rakiya = allusion à la création du firmament en ce jour)
-> le 3e jour = guénounita ( = les plantes)
-> le 4e jour = néoritou ( = la lumière)
-> le 5e jour = rou'hachita ( = les animaux)
-> le 6e jour = 'hourfita
-> le 7e jour : la servante qui était pour elle le signe que Shabbath allait arriver, avait pour nom : "ragou'ita" (de ragou'a = paisible, car il faut être paisible à Shabbath).
=> Esther, malgré ses obligations de reine n'a jamais profané le Shabbath.

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+ "Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin, il ordonna ... d'amener devant le roi la reine Vachti couronnée de la couronne royale" (Esther 1,10-11)

-> Le Yétev Panim explique ce verset de la façon suivante :
"Le 7e jour" est le jour du Shabbat , "comme le cœur du roi était en liesse", il s'agit de Hachem, le Roi de tous les rois, "par le vin" il s'agit du kidouch que réalisent les enfants d'Israël durant Shabbat.
Par ce mérite, le Maître de l'univers agença les événements de l'histoire pour qu'A'hachvéroch convie la reine Vachti à son festin et la fasse exécuter à cause de son refus.

-> Le Manot haLévi rapporte que bien que les juifs eussent participé au festin toute la semaine, ils restèrent tous chez eux le Shabbath de peur de profaner par inadvertance ce jour saint. C'est par ce mérite qu'ils furent sauvés.

-> Le Shvilé Pin'has enseigne :
Le miracle de Pourim eut lieu par le mérite du vin lorsqu'Israël sanctifia le Shabbat par le kidouch.
Le miracle débuta par l'exécution de Vachti. Ensuite, c'est Haman le racha qui demanda l'extermination du peuple juif après avoir été à l'origine de l'exécution de Vachti. Cet incident permit à Esther de monter sur le trône et de sauver les enfants d'Israël du décret d'extermination.
Ainsi, nos Sages (Méguila 7b) ont-ils institué en souvenir de ce miracle, l'obligation de s'enivrer le jour de Pourim avec du vin : "jusqu'à confondre entre "maudit soit Haman" (arour Haman) et "béni soit Mordé'hai" (barou'h Mordé'haï)".
L'enjeu est de réaliser et de comprendre au plus profond de notre cœur que durant le miracle de Pourim, il n'y avait aucune différence entre Mordé'haï qui œuvra pour sauver le peuple juif et Haman qui, sans le savoir, œuvra également pour sauver le peuple

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-> La sanctification du Shabbat avec du vin a été instituée pour réparer la faute d'Adam qui fauta avec du vin.
Comme il est rapporté dans la guémara (Béra'hot 40a ; Sanhédrin 70a) : "Quel était l'arbre qu'a consommé Adam? Rabbi Méïr enseigne que c'était la vigne car il n'y a rien d'autre qui cause malheur autant que le vin comme il est écrit : "Noah but du vin puis s'enivrera" (Noa'h 9,21).
Ceci est également l'avis du Zohar (Térouma 156a).

Le Ben Ich 'Haï (Halakhot 2e année Bamidbar) explique que la raison pour laquelle nous sanctifions le Shabbat sur du vin est de réparer la faute de l'arbre de la connaissance.
Le Ben Ich 'Haï le déduit de l'enseignement du Sifté Cohen qui rapporte les mots du midrach : "si Adam Harichon avait attendu jusqu'à Shabbat, l'arbre de la connaissance leur aurait été permis à la consommation" = c'est-à-dire que s'il avait attendu jusqu'à Shabbat, il aurait pu le sanctifier en faisant le kidouch avec l'arbre de la connaissance.

-> Le Mékoubal rabbi Arié (auteur du Divré Esther) écrit :
"Le décret de Haman trouvait sa source dans la faute originelle (qui entraîne le mélange du bien et du mal dans toute la Création), la consommation de l'arbre de la connaissance, à cause de leur participation au festin. Nos Sages de mémoire bénie nous ont enseigné que le serpent contamina 'Hava qui fut ainsi souillée par le mal. Le mal n'avait plus d'emprise lorsqu'Israël se tint au mont Sinaï (guémara Shabbath 146a). Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, la souillure du serpent se réveilla ... parce qu'ils participèrent au festin ... ainsi Israël devait de nouveau accepter la Torah."

-> Le Shvilé Pin'has enseigne :
"Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin" (Esther 1,10) = il s'agit du jour du Shabbat et de la réjouissance du Maître de l'univers lorsque son peuple sanctifie le soir de Shabbat avec du vin.
Ceci va permettre de réparer la faute d'Adam haRichon qui but le raisin pressé servi par son épouse à son insu avant le soir du Shabbat.
Puisque les Bné Israël accomplissent le kidouch le vendredi soir, ils effacent ainsi les accusations de Haman qui voulait éveiller la faute de l'arbre de la connaissance du bien du mal.

Et c'est le sens de l'enseignement de Rava : "L'homme a le devoir de s'enivrer le jour de Pourim jusqu'à confondre entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordékhai" (guémara Méguila 7b) = en buvant du vin le jour de Pourim, et en confondant entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordékhai", nous réparons au Nom du ciel cette fois-ci ce mélange de bien et mal qui se produisit lors de la consommation de l'arbre de la connaissance et réparons par ce biais la faute originelle.
[ainsi chaque Pourim nous nous rapprochons de la réparation ultime, nous faisant mériter alors la Délivrance finale. ]

Rabba a dit: "... Entre le Service du Temple et la lecture de la Méguila, la lecture de la Méguila a la priorité ... Entre l’étude de la Torah et la lecture de la Méguila, la lecture de la Méguila est prioritaire".
[guémara Méguila 3a]

Pourim – Omission du Hallel

+ Pourim - Omission du Hallel (selon le Sfat Emet) :

-> La guémara (Méguila 14a) note que le Hallel n'est pas récité à Pourim.
Pourtant, elle stipule également que la lecture de la Méguila équivaut à la récitation du Hallel. Cette contradiction apparente peut être résolue en rappelant que le Hallel n'est récité qu'à l'occasion de l'ouverture des portes intérieures du ciel. [voir : https://todahm.com/2022/05/18/le-hallel ]
Le miracle de Pourim, qui s'est produit dans le contexte d'événements naturels, lorsque le nom d'Hachem a été sanctifié dans ce monde, ne répond généralement pas à ces critères.
Cependant, en lisant la Méguila, nous ne célébrons pas seulement l'impact du miracle de Pourim sur terre, mais nous ressentons également son impact céleste.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

-> Par ailleurs, le Hallel est récité dans les occasions où l'impact est principalement interne (ressenti dans les recoins de l'âme juive). À Pourim, cependant, nous ressentons la joie à l'extérieur comme à l'intérieur. Non seulement au Ciel, mais aussi sur terre, les juifs sentent que Pourim est un moment joyeux.
[Sfat Emet - Pourim 5644]

Unité & miracle de Pourim

+ Unité & miracle de Pourim (selon le Sfat Emet) :

-> Lorsqu'Esther est informée du plan d'Haman, elle insiste [à Mordé'haï] : "va, rassemble tous les juifs" (knos ét kol aYéhoudim Esther 4,16). Elle ne demande pas seulement qu'ils jeûnent en son nom, mais qu'ils le fassent dans une atmosphère d'unité totale.

Lors de la bataille contre Amalek, le 13 Adar, le peuple juif s'est rassemblé "pour s'organiser et se défendre (léhikaél vélaamod al nafcham - Esther 8,11), en tant que peuple uni.
En fait, si le rassemblement dans un but sacré n'était pas nouveau pour le peuple juif, il l'avait déjà fait à l'époque du don de la Torah, ce rassemblement était unique à un égard. Il s'est fait totalement de leur propre initiative. Alors qu'au moment du don de la Torah, Moché avait reçu l'ordre de "rassembler le peuple" (hakhel ét aam - Vaét'hanan 4,10), ici [à Pourim] ils ont assumé cette charge par eux-mêmes, comme il est dit : "ils se sont organisés eux-mêmes" (nik'alou - Esther 9,2).

La manière dont nos ancêtres ont accepté la Torah témoigne à nouveau de leur volonté d'unité.
Dans la forme écrite de la Méguila, on a : קימו וקבל (Esther 9,27 - bien que lisons וקבל comme s'il y avait : וקבלו - vékibélou), on peut lire : "ils ont accompli (קימו - kiyémou) et il a accepté" (écrit comme le singulier קבל - kibél) la Torah, et cela démontre que les juifs [à Pourim] sont devenus une nation, unie par la Torah.

L'importance primordiale de l'unité dans la lutte contre Amalek peut être appréciée si l'on considère l'argument d'ouverture d'Haman dans son plaidoyer pour éliminer les juifs : "Il y a un certain peuple dispersé (מְפֻזָּר - méfouzar) et disséminé (מְפֹרָד - méforad) parmi les peuples" (Esther 3,8).
Alors que מְפֻזָּר,le fait d'être physiquement dispersé dans les territoires éloignés d'A'hachvéroch, n'était pas nécessairement mauvais (et a même pu être bénéfique en tant que moyen de répandre le Nom d'Hachem dans la Diaspora et en tant que moyen de susciter des étincelles de sainteté et de les attirer vers la Torah), מְפֹרָד qui implique la dissension et la fragmentation est définitivement néfaste.
Même si nous sommes dispersés (מְפֻזָּר), nous n'osons pas devenir מְפֹרָד.

En exil, plus que partout ailleurs, il est impératif que le peuple juif soit uni.
En exil, nous ferions bien d'imiter l'exemple de notre ancêtre Yaakov qui s'est embarqué pour le 1er exil (Égypte) en tant que "chiv'im néféch" (70 âmes), et non pas "chiv'im néfachot" (70 âmes) (cf. Béréchit 46,27). [néféch est au singulier malgré un nombre de 70, pour souligner l'unité entre les âmes des juifs allant en Egypte]
[...]

Non seulement ce premier Pourim, mais chaque Pourim, nous accentuons le thème de l'unité en participant à la mitsva de michloa'h manot, l'envoi de cadeau à notre prochain, un moyen particulièrement efficace d'encourager l'amour de son prochain juif (aavat Israël).
Par extension, michloa'h manot ne se réfère pas seulement à l'octroi de cadeaux matériels, mais aussi au partage de nos connaissances de la Torah avec autrui.
[...]

Le second Temple, dont la construction avait commencé avant l'histoire de Pourim, mais n'a été reprise qu'après, reposait sur l'existence de l'unité (a'hdout). Il n'est donc pas surprenant que le Temple ait finalement été détruit à cause de la haine gratuite (sin'at 'hinam), l'antithèse même du message de Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

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-> Pour corroborer la relation entre l'unité juive (a'hdout) et le second Temple, considérons la raison principale de sa destruction finale : la haine gratuite (aavat 'hinam). Le second Temple a été fondé sur les piliers de la "aavat Israël" (amour entre les juifs) et ne pouvait exister que tant que cette vertu restait en vigueur.

En allant plus loin, nous suggérons que les dissensions entre les juifs ne sont pas simplement dues à des différences internes, mais qu'elles sont le résultat final de notre écart par rapport aux normes de la Torah.
La participation au banquet d'A'hachvéroch, un milieu certainement inapproprié pour le peuple juif, peut avoir engendré des discordes internes. En fait, le terme "aavat 'hinam" peut se référer non seulement à la maladie de la haine gratuite, mais aussi à sa cause sous-jacente, le désir de vivre une vie "libre", libre de tout engagement envers la Torah et les mitsvot (cf. Rachi, Béaaloté'ha 11,5 - 'hinam min amitsvot)
[Sfat Emet - Pourim 5649,5652,5661]

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-> La cause de la discorde qui régnait au sein du peuple juif au moment de l'attaque verbale d'Haman ("il y a un certain peuple dispersé et disséminé parmi les peuples" - Esther 3,8) est peut-être en raison une faute majeure qui s'est produite, comme le raconte la Meguila.
En participant et en appréciant le banquet d'A'hachvéroch, qui impliquait une association avec des réchaïm et un mauvais type d'unité, les juif n'ont pas été en mesure de s'unir entre eux.

Le meilleur antidote au fait de collaborer/s'associer avec Amalek (et d'autres réchaïm) [comme au festin] est la haine que nous adressent nos anciens amis. Lorsque Haman et ses acolytes ont tenté de nous exterminer, nous nous sommes rendu compte que, malgré leur participation avec nous au banquet d'A'hachvéroch, ils n'étaient guère nos amis.
Une fois qu'Israël a rompu toute association avec le mal, il est devenu possible de s'unir à nouveau. La relation entre la faute et la discorde est implicite dans le terme "sin'at 'hinam" (שנאת חנם), la haine qui découle d'une vie vide, dépourvue de mitsvot.

Pour illustrer notre nouvel engagement en faveur de l'unité, nous lisons la Méguila, chaque fois que possible en groupe (en minyan), comme le dit la Méguila (9,28) "michpa'ha oumichpa'ha, plutôt que seuls.
[Sfat Emet - Pourim 5653]

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-> En toute équité pour le peuple juif, il est également possible d'interpréter le verset : "méfouzar ouméforad" d'une manière plus salutaire.
Bien qu'ils soient dispersés dans de nombreuses provinces, et fortement tentés de s'assimiler, ils refusent de céder à ces pressions et restent distincts de la population non-juive.
[Sfat Emet - Pourim 5652]

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-> Considérons les nombreuses récompenses qui découlent de l'unité juive.
Tout d'abord, le renouvellement de la relation à la Torah. Au mont Sinaï et à toutes les autres occasions où les juifs se sont rassemblés autour de la Torah, l'unité était une condition préalable essentielle. Comme Hachem le dit à Moshé : "rassemble le peuple auprès de Moi et Je lui ferai entendre Mes paroles" (Vaét'hanan 4,10).
Tout comme l'unité était essentielle pour le don de la Torah (cf. Rachi - Yitro 19,2), l'unité est également une condition préalable au renouvellement de la Torah au moment du miracle de Pourim.

Le célèbre dicton rabbinique : "véaavta léréa'ha kamokha zé klal gadol baTorah" peut être interprété de la manière suivante = le fait que tu aimeras ton prochain comme toi-même est une importante condition préalable pour acquérir une compréhension de la Torah.

Une autre récompense étroitement liée à l'unité juive est la croissance spirituelle.
Si nous nous rappelons que le terme "néfech" (נפש) fait toujours référence aux pulsions instinctives animales de l'homme, tandis que "roua'h"(רוח) représente un niveau plus élevé, nous pouvons déduire la récompense de l'unité des mots "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16).
Ainsi, [les juifs à Pourim] en se rassemblant et en s'unifiant (נִקְהֲלוּ), ils se sont élevés au-dessus du נפש et ont atteint [en récompense de leur unité] le niveau du רוח.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

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-> Si l'unité juive est essentielle pour l'acquisition de la loi écrite (Torah chébi'htav), elle l'est encore plus pour la maîtrise de la loi orale (Torah chébéal pé).
Le pouvoir de nos Sages de proposer et d'interpréter la loi orale dépend directement de l'acquisition de traits de caractère exemplaires (midot tovot) par le peuple juif.
L'existence même du second Temple, durant lequel l'étude de la loi orale s'est épanouie, dépendait de l'unité juive.

La relation entre la Torah (en particulier la loi orale) et l'unité (a'hdout) peut être mieux appréciée si nous nous rappelons que différents érudits jouissent de différents domaines d'expertise. Ce n'est qu'en coopérant et en fusionnant les différents domaines de connaissance, et ceci est conditionné par l'unité, que la Loi orale peut être véritablement maîtrisée.
[Sfat Emet - Pourim 5638, 5661]

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-> Dans le même ordre d'idées, nous pouvons interpréter le verset: "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16), à savoir qu'à la suite du rassemblement, le peuple juif a acquis une nouvelle âme collective (néfech akollel).
Une fois en possession de cette identité commune, le peuple juif était prêt pour sa rédemption.
Le roi David note : "Hachem sauve l'âme de ses serviteurs" (podé Hachem néfech [נֶפֶשׁ] avadav - Téhilim 34,23). Si les serviteurs d'Hachem peuvent s'unir pour former une âme collective (נֶפֶשׁ), alors Hachem les sauvera.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

-> -> "laamod al nafchan" - Esther 8,11
En se rassemblant et en s'unifiant, le peuple juif a pu découvrir (amod) son âme collective (nafchan), connue sous le nom de : néfech akollel.
Contrairement aux non-juifs qui sont décrits comme possédant de nombreuses âmes divergentes (cf. Vayichla'h 36,6 - nafchot béto - décrivant la famille d'Esav avec néfech [âme] au pluriel), l'âme juive est une âme collective.
En décrivant notre entrée en Égypte, la Torah déclare "béchiv'im néfech" (avec 70 âme(s) - Ekev 10,22), en utilisant le mot singulier néfech comme preuve de notre unité (alors qu'ils étaient 70 personnes physiquement, il n'y avait qu'une seule âme! ).

L'un des moyens les plus efficaces de trouver l'âme unifiée du peuple juif est de suivre le dirigeant de la Torah de cette génération qui, grâce à son approche unique, a su créer un environnement propice à l'épanouissement de l'individu et de la communauté.
Sous la direction et le leadership de Mordé'haï qui était connu comme "ich yéhoudi" (le midrach interprète "ich yéhoudi" comme "ich yé'hidi" - homme unique), il était l'unique juif qui personnifiait leur âme collective, le peuple juif a redécouvert son âme.

Dans cette optique, nous pouvons tirer une signification supplémentaire au verset : "Hachem sauve l'âme (la vie) de ses serviteurs, et tous ceux qui se réfugient en Lui ne seront pas condamnés" (Tehillim 34:23) = Hachem rachète l'âme de Son serviteur (par exemple, Mordé'haï, le leader de chaque génération), et ceux qui se confient en lui = qui suivent cette âme inspirée qui incarne l'unité, ne commettront pas de péché.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

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-> La manière la plus efficace d'atteindre l'objectif insaisissable de l'unité juive est peut-être de commencer par se confronter à soi-même.
[Il faut prendre conscience] de l'étincelle divine intérieure (nékouda apénimit) latente dans chaque âme juive. En suscitant d'abord cette étincelle, puis en réalisant que tous les juifs partagent cette étincelle sacrée, on arrive facilement à la conclusion que nous sommes tous semblables et qu'il ne nous reste plus qu'à nous unir.
Avec cette perspective, nous pourrons peut-être mieux comprendre : "véaavta léréa'ha kamokha" (tu aimeras ton prochain comme toi-même) = parce qu'il est comme toi, partageant la même étincelle divine.
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Dans cet esprit, nous pouvons tirer une signification supplémentaire du verset : נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם
Ils [les juifs] se sont rassemblés pour combattre Amalek en retrouvant leurs âmes, et par ce processus sont devenus unifiés.
[Sfat Emet - Pourim 5631]

[les juifs sont infiniment plus forts lorsqu'ils sont unis, qu'une addition cumulée/isolée des forces de chaque juif. En plus de cela, papa Hachem apprécie tellement que Ses enfants soient unis qu'Il nous aide alors avec largesse indépendamment de nos mérites.]