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Celui qui ne comprend pas le sens des ennuis qui l'ont accablé et par conséquent ne se repent pas, "se conduit avec cruauté ". Cruauté envers qui? Envers lui-même, "car il ajoute au malheur d'autres malheurs".
[Rambam - Hilkhot Taanit 81,3]

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-> "De la bouche du Supérieur n’émanent ni les maux ni les biens?" (Eikha 3,38)

-> Rachi l'interprète en ces termes :
"Tout homme devrait se lamenter sur ses péchés, car ce sont eux qui attirent le mal sur lui ... Le mal arrive à celui qui commet le mal, et le bien à celui qui fait le bien. Par conséquent, pourquoi un homme devrait-il être en colère, si ce n’est à propos de ses péchés?"

Savoir pardonner autrui

+ Savoir pardonner autrui :

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva - chap.2) enseigne :
"Il est interdit d'être cruel et de refuser d'être apaisé. On doit au contraire s'apaiser facilement, et se mettre en colère difficilement; et à l'instant où celui qui a fauté nous demande pardon, on doit lui pardonner de tout cœur, sincèrement. Même s'il nous a causé beaucoup de tort et a fauté lourdement, on ne se vengera pas, et on ne tiendra pas rancune. Telle est la conduite d'un descendant d'Israël, au cœur pur.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Michna Beroura 606,8 et Chaar Hatzioun alinéa 8 ) écrit :
"Dans le Ciel, l'homme est jugé mesure pour mesure. Il doit pardonner même si l'autre lui a causé du tort volontairement, en le défiant ; ainsi il méritera que lui soient pardonnées ses fautes intentionnelles. Celui qui dépasse son penchant mérite qu'on passe sur toutes ses fautes.
Au moment de pardonner et de renoncer, on voit le dommage énorme qui découlera de ce renoncement, ce qui rend cette action encore plus difficile à effectuer. Mais il faut savoir qu'on ne perd rien quand on renonce, bien au contraire : c'est le renoncement lui-même qui entraîne un gain, tandis qu'on perd sans cela."

-> Celui qui s'empresse de pardonner est digne de louanges, et qu'il est empreint de l'esprit de nos Sages.
[ 'Hovel Oumazik (5,10)]

-> Rabbi Chlomo Zalman Auerbach avait demandé que, lorsqu'on l'enterrerait, on ne fasse pas de discours. Seule une chose devait être dite. Son fils, Rabbi Avraham Leib de Tibériade, lut devant 300 000 personnes un texte où son père demandait que si, Dieu l'en préserve, il lui était arrivé de blesser quelqu'un, ce dernier veuille bien lui pardonner. Comment un Rav de son envergure aurait-il pu blesser quelqu'un?
Il ne se contenta pas d'une demande générale, mais précisa ce qu'il entendait par "blesser" : il se pouvait qu'on soit venu lui poser une question et qu'il n'ait pas répondu de suite...
Rabbi Chlomo Zalman Auerbach écrivait : "Je demande votre mansuétude, et que chaque personne ici présente à mon enterrement dise qu'elle pardonne à Rabbi Chlomo Zalman Auerbach, fils de Rav 'Haïm Leib."

Il ajouta à cette demande une explication qui en donnait 2 raisons :
- La première, c'était que l'on soit bon et généreux avec lui, et pas assez cruel pour ne pas lui pardonner. En effet, ces affaires allaient le poursuivre là-Haut, et il risquait de souffrir terriblement à cause de cela.
- La deuxième, c'est qu'il n'était pas avantageux de ne pas pardonner. En effet, si l'on ne pardonne pas, celui qui nous a fait du mal sera sanctionné et subira des préjudices, mais celui à cause de qui on sanctionne sera puni pour cela, si bien qu'en l'absence de pardon, tout le monde est perdant.

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+ Quelles conséquences si on en pardonne pas autrui (d'après le rav Yaakov Pozen - Adéraba) :

-> Rabbi Yaakov Galinski (vé'igadéta) nous dit que tant qu'un homme n'a pas apaisé son prochain, il ne reçoit pas de pardon sur les fautes effectuées envers D.
Voici sa source : Il est écrit dans la guémara (Yoma 85b) : "Rabbi Eléazar ben Azaria explique le verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez" (A'haré Mot 16,30) : les fautes faites envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, et les fautes faites envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour."

-> Le Min'hat 'Hinoukh, quant à lui, dit que chaque faute commise envers son prochain contient aussi une faute envers D., et qu'après avoir apaisé son prochain, nous avons l'obligation de la reconnaître et de nous repentir pour ce qui concerne la faute commise envers Dieu.
Mais tant que l'on n'a pas apaisé son prochain, il n'y a pas de pardon pour la part relative à D., et le repentir reste sans effet.

-> Le Rif se demande ce que ces paroles de Rabbi Éléazar Ben Azaria ajoutent à la Michna. En effet, l
Michna dit déjà que les fautes effectuées envers D. sont pardonnées à Yom Kippour, mais que les fautes effectuées envers son prochain ne sont pas pardonnées à Yom Kippour. S'il voulait dire que ceci est tiré du verset : "de toutes vos fautes devant D. vous vous purifierez", pourquoi ne pas simplement le citer?

Le Rif répond que Rabbi Éléazar Ben Azaria vient ajouter que si nous avons fauté envers notre prochain, le pardon de l'ensemble de nos fautes, même celles qui sont sans rapport avec celle-là, dépend de ce que nous apaisions celui à qui nous avons fait du mal.
Il tire cet enseignement du verset : "Car ce jour-là Il vous pardonnera, pour vous purifier de toutes vos fautes devant D.
Le dernier mot, "vous vous purifierez", vient nous dire que ce pardon promis ne sera effectif que lorsque vous vous purifierez des fautes commises envers votre prochain.

[selon cet avis du Rif,] Même si nous avons fauté envers une seule personne, une seule fois, peut-être pas gravement, et que nous ne faisons pas en sorte d'obtenir son pardon, cette légère faute, D. nous en préserve, bloque le pardon de toutes les autres !

-> En contrepartie, il pèse une responsabilité sur la victime, comme l'écrit Rabbi 'Haïm Palaggi : même si on l'a blessée, qu'on a eu tort, que l'offense est importante; même si la victime a le droit, strictement, d'en tenir rigueur, et n'est pas obligée de pardonner, elle doit avoir en tête que sa colère a pour conséquence d'empêcher l'autre d'obtenir le pardon pour toutes les autres fautes!

-> Le Choul'han Aroukh va plus loin (Ora'h 'Haim 422,1) : celui qui refuse de pardonner est appelé 'cruel', et Dieu, qui rend mesure pour mesure, risque de se montrer cruel envers lui le jour du Jugement.
En refusant de pardonner, il fait du tort à l'ensemble du peuple d'Israël, comme le dit le Tour sur le midrach : lorsque Samaël, l'ange accusateur, voit que l'assemblée d'Israël est sans fautes, le jour de Yom Kippour, il dit : "Maître du monde, il est un peuple sur Terre qui est comparable aux anges de service. De même que les anges de service ne sont entachés d'aucune faute, Israël n'est entaché d'aucune faute. De même que la paix règne parmi les anges de service, la paix règne en Israël. D. entend le témoignage de l'ange accusateur, et leur pardonne."

-> Le Lévouch écrit à ce propos que si la paix ne règne pas, le Satan aura la possibilité de porter des accusations en disant : "Maître du Monde, ceux qui se tiennent devant Toi, et Te demandent de pardonner leurs fautes, méritent que Tu Te conduises comme eux. Ils refusent de se pardonner l'un l'autre, Toi non plus, ne leur pardonne pas!"
Il en profite pour mentionner leurs fautes et ajoute : "Celui-ci a fait une petite faute envers son prochain, qui refuse de lui pardonner. A plus forte raison, les fautes qu'ils ont commises à Ton égard, qui sont immenses et innombrables, pourquoi les leur pardonner?"

-> La guémara (Shabbat 149b) écrit que celui à cause de qui l'autre est puni, n'est pas admis dans l'entourage de D. De qui la guémara parle-t-elle précisément?
De Navot le Yizrééli, que A'hav, privé d'héritage dans le Monde futur, a accusé à tort, a assassiné et dépossédé de ses biens. L'esprit de ce même Navot, lorsqu'il a voulu se venger de A'hav, a été exclu de l'entourage de D.

De même D. dit à David : "Jusqu'à quand cette faute te poursuivra-t-elle ? C'est à cause de toi que fut détruite Nov, la ville des Cohanim, que Doeg HaAdomi a été malmené, à cause de toi que Chaoul et ses trois fils sont morts. Veux-tu que J'anéantisse ta descendance, ou que Je te livre aux mains des ennemis?"
Qui est capable de comprendre une chose pareille? Est-ce la faute de David si Doeg a été jaloux de lui, a inventé une fausse accusation contre la ville de Nov, la ville des Cohanim, à cause de lui, et a excité Chaoul contre lui?

Sauf que d'autres ont été punis à cause de lui ... Au final, même si l'autre est coupable, si nous refusons de lui pardonner, qu'à cause de nous il a des ennuis à Yom Kippour et qu'il s'ensuit pour lui des malheurs et des préjudices, la responsabilité nous en reviendra. Pourrons-nous nous pardonner de telles conséquences?
Même s'il ne s'est pas repenti, et continue à mal agir, on a intérêt à lui pardonner. C'est notre intérêt personnel, comme il est écrit dans la guémara (Roch Hachana 7a) : "Celui qui pardonne, toutes ses fautes lui sont pardonnées."

Ce principe n'est pas valable seulement pour Yom Kippour, mais pour tous les jours de l'année. Rabbi Yossi soutient que nous sommes jugés chaque jour, et que nous prions donc chaque jour pour le salut et pour la réussite; pour cette même raison, nous devons nous empresser de pardonner, et ainsi mériter le pardon de nos propres fautes et voir se réaliser nos souhaits.

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+ L'humiliation et le pardon simultanés :

-> Le 'Hida (Méirat Einayim) rapporte une histoire qu'il a entendu raconteur par l'auteur du Ohr ha'Haïm haKadoch. Elle se passa dans la ville où il vivait.
"L'un des dirigeants communautaires, qui était ministre du roi, manqua de respect à un sage. Le Rav l'appela pour l'apaiser, et commença à lui dire des paroles de conciliation. Mais l'homme répondit au Rav : 'Pourquoi vous donner ce mal? Alors que le ministre me dénigrait, je lui avais déjà pardonné. Le Zohar, en effet, nous dit que les fautes d'Israël pèsent, en quelque sorte, sur les ailes de la Providence. Or si je ne pardonne pas à cet homme qui a fauté en me manquant de respect, sa faute reste entière et fait souffrir la Providence. C'est pourquoi je me suis empressé de pardonner, pour que la faute n'ait pas le temps d'exister, de sorte que l'humiliation et le pardon ont eu lieu en même temps, et que la Providence n'a pas eu à souffrir'."

=> Le 'Hida dit : "À la lumière de cette histoire, nous comprenons pourquoi celui qui pardonne est pardonné : en pardonnant à son prochain, il évite une souffrance à la Providence, et par mesure de réciprocité, on lui pardonne ses fautes."

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+ Précision sur la notion de "pardon" :

-> Rabbi Mena'hem Stein nous enseigne : "Il faut savoir que le terme pardon (Me'hila), vient de la racine "Ma'hol" (ronde, cercle).
Pardonner vraiment, c'est repartir en arrière, comme si la blessure n'avait pas existé. Quand on a été touché profondément, en général il n'est pas possible d'effacer complètement.

-> Dans le livre HaKarmel, on rapporte au nom du Malbim que pardonner, c'est effacer la faute ou la blessure de la réalité.
Le Roi David (Téhilim 130,4), s'adresse à D. en Lui disant : "Le pardon est Ton fait, c'est pourquoi on Te révère".
Rachi explique que le pardon ne peut se trouver que chez Di. Seul le Créateur a une force telle qu'I peut laver complètement, et faire disparaître une action déjà commise, selon le principe : "Il écartera tes fautes, et tes péchés seront pardonnés" (Yéchayahou 6,7), dans le sens où la faute est écartée de la réalité.
[d'ailleurs, on ne doit pas hésiter à Hachem qu'iIl nous aide à ce qu'autrui nous pardonne ou à ce que nous pardonnons totalement autrui.

-> Selon certains, le pardon, 'Me'hila', s'apparente à un forage profond, à une galerie souterraine, qui se dit aussi "Me'hila". Il faut trouver des passages enfouis, des chemins souterrains, pour parvenir au coeur de celui qui a été blessé, afin qu'il pardonne sincèrement, le pardon superficiel des lèvres n'ayant presque aucune valeur.

Les épreuves sont là pour nous rapprocher d’Hachem

+ Les épreuves sont là pour nous rapprocher d'Hachem :

-> A chaque fois qu'un juif trouve son chemin barré devant lui, ce n'est que pour qu'il regarde En-Haut et qu'il soumette son coeur à son Père Céleste.
[Sfat Emet - Massé 5661]

-> En vérité, toutes les épreuves qui accablent les Bné Israël n'ont pour seul but que de les rapprocher d'Hachem, et pas seulement de les punir, comme il est dit : לא אלוקים קרובים (lo Elokim kérovim - litt. "c'est pour lui (pour ce peuple : les Bné Israël) qu'il (y a) Elokim (la rigueur Divine), pour qu'ils soient proches" - Vaét'hanan 4,7).
Et comme il est dit également (Isaïe 63, 9) : בכל צרתם לו צר (bé'hol tsaré'ém lo tsar - litt. "Dans toutes leurs épreuves, c'est pour Lui (pour nous rapprocher de Lui) qu'il (le peuple juif) subit l'épreuve").
Et l'épreuve elle-même est une délivrance pour les Bné Israël.
[Sfat Emet - Vaét'hanan 5666]

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-> Le Nétsiv (Méromé Sadé sur 'Haguiga 5b) explique ce que la guémara enseigne sur le verset : "Et Moi, Je voilerai Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18) : Rav Yossef dit : "Sa main s'est levée sur nous, comme il est dit : ‘De l'ombre de Ma main Je t'ai recouvert’ (Yéchayahou 51,16)".
Le Nétsiv commente que l'intention de Rav Yossef est d’expliquer que Hachem ne voile pas Sa face devant Israël sans ne plus les regarder. Il est certain que dans toutes les circonstances, Hachem nous dirige.
Mais le thème du voilement de la face Divine consiste dans le fait que "Sa main s'est levée sur nous" = D. a placé Sa main comme séparation afin de nous cacher la manière dont Il nous dirige.
C’est ce thème qui est exprimé dans le verset rapporté par Rav Yossef : "De l'ombre de ma main Je t'ai recouvert", comme quelque chose qui est caché du regard. Mais il est certain que Hachem continue à nous regarder et à nous diriger avec miséricorde.

Tout le but de ce voilement est uniquement de nous éprouver afin de nous éveiller au repentir (téchouva - tachouv hé = revenir vers Hachem).

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-> Celui qui possède la émouna n'a aucune question, et celui qui ne la possède pas, toutes les réponses ne lui serviront à rien, car D. qui est le Maître de tout ce qui se passe dans le monde, est la réponse à toutes les questions.
['Hafets 'Haïm]

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Personne ne comprend rien à la manière dont Hachem dirige le monde car celle-ci est insondable. Dès lors, comment l'homme pourrait-il avoir des questions sur Sa manière de diriger les événements puisqu'il ne peut en saisir la véritable finalité?
Il ne lui incombe que de placer sa confiance dans son Créateur.

[ainsi, dans nos périodes de troubles où l'on est tenté de tout voir en noir, il ne nous reste plus qu'à se jeter dans les bras de notre papa Hachem, confiant à 100% qu'Il gère tout pour le mieux ultime. ]

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-> b'h, voir également : 3Tu seras intègre avec Hachem ton D." : https://todahm.com/2022/09/28/37256

Rav Houna dit au nom de Rabbi Elazar : "Dans la voie qu'un homme veut suivre, le Ciel l'y conduit".
[guémara Makot 10b]

-> Le Maharcha nous explique :
Il aurait été plus normal que Rav Houna affirme : "Sur le chemin qu'un homme veut prendre, Hachem l'y conduit!" avec le singulier "moli'h oto", puisque c'est Hachem (ou le Ciel) qui conduit cet homme sur le chemin qu'il désire. Pourquoi alors Rav Houna a-t-il utilisé le pluriel : "moli'hin oto" (ils l'y conduisent)?

Rav Houna a voulu faire allusion au fait qu'une bonne pensée ou une bonne parole ou une bonne action, crée un Ange (mala'h) du côté du bien, et inversement, une mauvaise pensée, une mauvaise parole ou une mauvaise action crée un Ange du côté du mal.
Ainsi, après que l'homme, doté d'un libre-arbitre, ait choisi le bien ou le mal, Hachem donne ordre à ces Anges, créés par cet homme, de le conduire dans le chemin qu'il a choisi. C'est pourquoi, il est écrit : ils l'y conduisent (moli'hin oto) au pluriel.

La force de reconnaître : « j’ai fauté »

+ La force de reconnaître : "j'ai fauté" :

"Bilaam dit à l'ange d'Hachem : j'ai péché" (Balak 22,34)

-> Il ressort de ce passage de la Torah une preuve établie que celui qui confesse ses fautes même s'il n'est pas sincère, sera épargné des souffrances et des accusations. Comme cela est rapporté dans le midrach (Bamidbar rabba 20,13) sur : "Bilaam dit à l'ange d'Hachem : j'ai péché". Bilaam était un grand racha dénué de bonnes actions et savait parfaitement que face au repentir, la punition ne peut se tenir.
Tout celui qui a péché et qui dit : "j'ai péché", ôte la permission à l'ange de le frapper.

Pour appuyer cet enseignement du midrach, voici ce qui est écrit dans le Zohar haKadoch : "Un homme doit devancer le Satan en exprimant ses fautes ce qui empêchera ce dernier de porter des accusations contre lui" (Zohar ח"ג רלא).
Ce tut le cas de Bilaam dont la confession était uniquement motivée par la crainte du châtiment et non par un quelconque repentir.
=> S'il en est ainsi concernant un racha, à plus forte raison pour le juif qui est le fils bien-aimé du Créateur et qui lorsqu'il exprime juste ses fautes, même s'il ne ressent pas encore la force du repentir sincère le bouleverser, se crée indéniablement un bouclier qui le préserve des souffrances et des accusateurs.

La téchouva par crainte et la téchouva par amour

+ La téchouva par crainte et la téchouva par amour :

-> "Quiconque accomplit une mitsva en ce monde verra son acte marcher devant lui dans le monde à venir, comme il est écrit : "Ta vertu marchera devant toi, et derrière toi la majesté d'Hachem fermera la marche" (Yéchayahou 58,8).
Quiconque commet une avéra (faute) en ce monde verra son méfait collé à lui et l'accompagner au jour du jugement."
[guémara Avoda Zara 5a]

-> La guémara (Yoma 86b) nous enseigne que par un repentir par crainte (ex: des punitions), les fautes volontaires sont transformées en fautes involontaires.
La guémara ajoute que par un repentir sincère, motivé par l'amour d'Hachem, on transforme les fautes volontaires en mérites.

=> Comment comprendre la logique sous-jacente à cette transformation de fautes volontaires en fautes involontaires?

-> Le midrach (Yalkout Chimoni נחום - rémez תקסא) analyse le verset suivant : "Hachem est bon pour tous, Sa pitié s'étend à toutes Ses créatures" (Téhilim 145,9). Le midrach explique : "Hachem est bon pour tous". Vraiment pour tous? L'Ecriture poursuit : "Sa pitié s'étend à toutes Ses créatures".

-> Le Hida interprète ce Midrach en s'appuyant sur la michna suivante : "Celui qui accomplit une mitsva acquiert un défenseur et celui qui commet une transgression acquiert un accusateur" (Pirké Avot 4,11) En d'autres termes, en réalisant une mitsva, nous créons un ange positif qui proclame les vertus de l'homme. À l'inverse, lorsque nous commettons une transgression, nous créons un ange accusateur qui expose nos méfaits.
Lorsqu'une personne se repentit par crainte, Hachem met fin à l'existence des accusateurs nés des transgressions commises. Cependant, puisqu'Hachem est bienveillant envers toutes Ses créatures, n'aurait-Il pas dû prendre en pitié cet ange et l'épargner?
Hachem ne fait preuve de miséricorde qu'envers "Ses créatures", celles qu'Il a lui-même créées. Mais l'accusateur, généré par les fautes de l'homme, n'est pas une de "Ses créatures".
Par conséquent, Hachem n'a pas pitié de lui et le fait disparaître du monde.

-> Le Arougat haBossem explique que cette manière d'agir, le Créateur ne l'accomplit que dans le cas du repentir par crainte car cette forme de repentir n'a pas le pouvoir de transformer les transgressions en mérites. Mais si le repentir est motivé par l'amour du Créateur, les accusateurs [anges de destruction] continuent d'exister car les transgressions sont transformées en mérites et les anges accusateurs en anges de bonté.
Ainsi, il se trouve que lorsqu'une personne se repentit par crainte, c'est comme si elle tuait l'accusateur par inadvertance et c'est précisément la raison pour laquelle nos Sages ont dit qu'à la suite du repentir par crainte, les transgressions volontaires deviennent des fautes par inadvertance, des transgressions involontaires. En effet, un homme qui se repentit par crainte devra apporter une réparation pour avoir mis fin à l'existence des accusateurs alors qu'il aurait pu les transformer en anges de miséricorde

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+ "Bonus" lié à la téchouva :

-> Le Zohar (Tikouké Zohar 62 - daf 94b) enseigne :
"Hachem D. appela l'homme [Adam] et lui dit : où es-tu?" (Béréchit 3,9)
La lettre ה (hé) est la dernière lettre du Nom divin (יהוה) est une allusion à la sainteté de la Présence divine et c'est le sens des paroles d'Hachem à travers l'emploi du terme : "où es-tu?" (ayéka - איכה).
Le mot איכה est composé des mêmes lettres que : איך ה (ékh hé) ce qui signifie : איך = "comment" as-tu pu endommager la lettre ה qui est la Présence divine?".

-> Le Mégalé Amoukot explique d'après ceci un des 3 avis des Sages de la guémara (Béra'hot 40a) sur la source de l'arbre de la connaissance : Rabbi Yéhouda a enseigné qu'il s'agissait du blé ('hita - חטה).
L'allusion se trouve dans le mot même : חטה (blé) est constitué des mêmes lettres que "חט ה" ('hét hé) qui signifie fauter envers la faute ה pour nous révéler que la faute d'Adam endommagea la lettre ה qui est la Présence Divine et qui éclaire constamment au-dessus de la tête de l'homme.

-> En ce sens, le mot "téchouva" (תשובה) est constitué des mêmes lettres que : "tachouv hé" (תשוב ה) qui signifie "réinstaure la lettre ה".
[la téchouva permet de restaurer la Présence divine au-dessus, que la faute commise a pu éloigner. ]

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-> Le Beit Efraim (dans introduction au Chéélot Outechouvot) discute longuement de la supériorité du repentir provenant de l'amour (techoura méahava) sur le repentir mû par la crainte.
Le Beit Efraïm remarque que nos Sages (midrach Vayikra rabba 30,7) désignent le premier jour de Souccot comme "le début du compte des fautes". Il l'explique d'après le commentaire du Gaon de Vilna (Chénot Eliyahou) sur la Michna (Pirké Avot 3,1) : "Sache devant Qui tu devras rendre "din ve'hèchbon" [littéralement : un jugement et un compte]". Le Gaon de Vilna explique que l'expression "din ve'hèchbon" indique que l'homme est d'abord jugé pour les fautes qu'il a commises, puis puni pour le compte du temps qu'il a passé à commettre ces fautes au lieu de l'utiliser pour accomplir des mitsvot.
Ainsi, même si un homme n'est pas puni pour les fautes qu'il a commises, il peut être considéré comme négligent d'avoir gaspillé du temps qui aurait pu être utilisé pour de bonnes choses.
Souccot est une époque de "techouva provenant de l'amour", et nos Sages disent (guémara Yoma 86a) que lorsqu'un homme fait téchouva de cette manière, même les fautes volontaires qu'il a commises sont excusées en ce qui concerne "le compte des fautes" (soit le jugement divin pour la perte de temps qui aurait pu être convenablement utilisé), car elles ont été transformées en une source de mérite ; il ne sera donc pas tenu coupable pour ce temps-là.

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-> b'h, voir également : 4°/ La téchouva par amour : https://todahm.com/2021/12/21/la-techouva-quelques-beaux-enseignements

-> voir aussi : La grandeur de faire téchouva par amour : https://todahm.com/2019/09/30/la-grandeur-de-faire-techouva-par-amour

Hachem se réjouit [énormément] lorsque nous nous renforçons pour faire Sa volonté.
[Yessod véChorech haAvoda]

"Ecoutez, vous qui êtes loin, ce que j'ai fait, et vous qui êtes près, connaissez mes exploits" (Yéchayahou 33,13)

Rachi commente :
- "vous qui êtes loin" = il s'agit de ceux qui croient en Hachem et qui font Sa volonté depuis leur jeunesse ;
- "vous qui êtes près" = il s'agit des baalé téchouva, ceux qui se sont rapprochés d'Hachem maintenant.

[ => Il en découle que si l'on fait constamment des efforts, de notre mieux, pour se rapprocher d'Hachem nous sommes alors considérés comme plus proches de Lui que ceux qui font toute leur vie durant Sa volonté uniquement par routine.

En effet, un des outils les plus puissants du yétser ara est l'habitude, afin par exemple d'affaiblir notre intention (kavana) dans nos bénédictions et prières.
Nous devons toujours être des baalé téchouva, considérant ce qu'on a fait comme pouvant être encore améliorer. Même si c'est une avancée de centimètre par centimètre, cela a une valeur infinie aux yeux d'Hachem.
L'essentiel étant d'entretenir ce feu interne d'amour pour Hachem, cette fraîcheur de vouloir faire Sa volonté, ... (le "et maintenant" de la téchouva!) ]

"Quiconque faute et a honte de son acte est pardonné de toutes ses fautes"
[Rav - guémara Béra'hot 12b]

-> Le Torat ’Hessed affirme, en citant le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) qu’une seule attitude équivaut vraiment, selon tous les avis, à l’expiation d’un Korban
Preuve en est, quand le roi Chaoul eut honte d’évoquer Nov, la ville de Cohanim qu’il avait anéantie, et que le défunt prophète Chmouël lui apparut (Chmouël I - chap.28), ce dernier lui annonça qu’il mourrait le lendemain et qu’il serait "avec lui", c’est-à-dire aux côtés de Chmouël dans le Olam Haba. Cela montre bien que sa faute lui fut pardonnée, parce qu’il en avait honte.

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) rapporte une autre guémara (Baba Métsia 58b) qui enseigne que le fait d’humilier quelqu’un revient à le tuer, parce que son sang quitte sa face et son visage blanchit.
De même, quand un individu a honte de ses propres fautes, il vit la même sensation, et est en un sens, considéré comme s’il avait été tué. Puisque la mort expie toutes les fautes, cette personne est lavée de tous ses péchés, comme si elle était morte. [le Ben Ich 'Haï ajoute que l’individu doit aussi faire téchouva, c’est-à-dire suivre le processus habituel de repentir]
Il est évident que de cette façon, l’expiation de la honte équivaut à l’expiation d’un Korban (sacrifice) qui sert à réaliser que l’on aurait mérité la mort.
[le Ramban (Vayikra 1,9) affirme que l’individu aurait dû mourir à cause de sa faute et l’animal [offert en sacrifice] le "remplace" ; ce processus sert d'expiation pour les fautes de l’homme.]

-> Le Torat ’Hessed précise qu’il ne s’agit évidemment pas d’une honte superficielle, n’importe qui peut être embarrassé par un mauvais comportement. On parle d’une honte qui implique une profonde réalisation du dommage causé par la faute, de la nécessité de se repentir.
Le Chaaré Téchouva (chaar 1,22) explique que celui qui faute ressent la même honte que celui qui est humilié en public. Un tel niveau ne peut être atteint que si l’on réalise vraiment son erreur et que l’on prend conscience que les bienfaits prodigués par Hachem furent transformés en rébellion de notre part.
[plus on s'imagine que Hachem est en face de nous, qu'Il a conscience de la moindre de nos pensées, actions, ... plus on a honte d'agir ainsi en contraste total avec Sa bonté constante envers nous]

-> Le rabbi Yéhonathan Gefen ajoute :
Il s’agit, bien sûr, d’un très haut niveau, très difficile à atteindre. Qui plus est, il y a un risque, dans les générations actuelles, que cette honte productive soit remplacée par un sentiment de culpabilité et de désespoir qui aura des conséquences négatives.
Toutefois, nous apprenons que le fait de réaliser les dommages causés par la faute et d’avoir honte de s’être éloigné du Créateur, peut servir de vecteur à l’expiation des fautes et à l’amélioration de soi.

[on doit avoir des moments dans la journées réservés où l'on fait notre introspection. On prend conscience de la gravité d'avoir fauté, d'à quel point on perd et on abîme à se comporter ainsi, d'à quel point on se révolte envers papa Hachem à agir contre Sa volonté, ...
On doit en être bouleversé de honte jusque dans les profondeurs de notre être. [processus de téchouva et de prières]
Une fois ce moment terminé, on retourne à la vie avec le sourire et plein d'espoir que Hachem nous pardonne et nous aide à ne plus retomber dans la faute, mais au contraire qu'on puisse lui faire plaisir par nos actions. ]

Hachem est très honoré par le fait que des gens éloignés se rapprochent du service de D., car il s'agit là de l'essentiel de la gloire de D., quand ceux qui sont très éloignés se rapprochent de Lui.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan - Torah 59,1]