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Le jour d’anniversaire

"Chaque année, le jour de notre naissance, notre mazal est fort et couronné de succès.
[Par exemple, ] Le jour du 18e anniversaire de rav Elazar ben Azarya, un miracle s'est produit et 18 rangées de cheveux blancs ont poussé sur sa tête, comme il sied à son statut [de Nassi, président du Sanhédrin].

Par conséquent, c'est une coutume de faire de son jour d'anniversaire un Yom Tov pour soi-même."

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Béra'hot 28a]
[ "Le 3e jour, jour d'anniversaire de Pharaon" (Vayéchev 40,20)]

[ainsi selon le Ben Ich 'Haï, le jour d'anniversaire d'un homme est un jour favorable, propice à sa réussite, c'est pourquoi il est considéré comme un jour de fête personnel.]

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-> Le Ben Ich 'Haï (paracha Réé - Halakha 17) enseigne également que la joie ressentie durant ce jour doit être suite aux sentiments de reconnaissance envers Hachem de nous avoir donné la possibilité de vivre afin d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah.

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-> La guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 3,8) affirme : "le jour d'anniversaire d'une personne, son mazal est renforcé".

-> La guémara (Méguila 13b) dit que le mérite de l'anniversaire de Moché Rabbénou a sauvé le peuple juif du complot diabolique d'Haman.

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-> La naissance est la façon dont D. affirme : "Tu es important".
L'anniversaire est Sa façon à Lui de te le rappeler.
[pensée 'hassidique]

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-> L'anniversaire, on célèbre le jour où nous sommes nés. Ce jour sans lequel le monde n'aurait pas pu exister sans nous. Nous avons un apport unique à y faire.
[à l'inverse, la réincarnation indique que puisque nous n'avons pas accompli notre tâche, alors nous devons être réincarné, car personne d'autre que nous ne peut la faire]

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Le mazal d'un homme brille et se révèle dans toute sa force le jour de son anniversaire.
C'est l'occasion d'établir un bilan moral, de prendre de bonnes décisions pour réparer le passé afin de préparer l'avenir.
Ce jour nous offre le pouvoir de bénir.

[Rabbi de Loubavitch]

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-> On allume une bougie de plus à chaque anniversaire afin de nous pousser à s'interroger : est-ce que tu as ajouté de la lumière à ton monde intérieur et environnant?
La bougie allumée renvoie à notre âme, que nous devons illuminer par nos actions (ex: torat or).
Nous devons également savoir apprécier ce qui illumine notre vie = savoir dire merci à nos parents, amis, à Hachem, ... [apprécier notre situation et ce que l'on a dans la vie, plutôt que d'être dans l'obscurité en se focalisant sur ce qu'on aimerait avoir!]
La bougie d'anniversaire renvoie également à la bougie qu'on allumera après notre mort en notre mémoire = ainsi la bougie de notre anniversaire doit nous faire prendre conscience que la vie passe vite!  [je fête le fait d'être encore en vie, pour réparer (téchouva) et pouvoir réaliser encore tellement de belles choses!]
[pensées issues d'un cours du rav David Touitou]

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-> Le jour de notre anniversaire est prédisposé au succès et à un bon mazal :
La guémara (Béra'hot 28a) rapporte que le jour où Rabbi El'azar ben Azaria a atteint le poste de Nassi, il était âgé de 18 ans, et il y a eu un miracle : 18 rangées de ses cheveux sont devenus blancs.
[il n'aurait pas été convenable qu'il soit à la tête des Sages (certains âgés) sans avoir des signes de vieillesse.]

La guémara emploie l'expression : "aou yoma" (ce jour-là - הָהוּא יוֹמָא) pour désigner ce jour où ce miracle se produit. Mais quel jour si particulier était-ce?

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 28a) est d'avis que la guémara utilise cette expression pour expliquer pourquoi rabbi El'azar ben Azaria méritait ce miracle précisément en ce jour : c'était celui de son anniversaire.
En effet, le jour de sa naissance, une personne a un mazal qui est fort, et c'est un moment propice où l'on peut obtenir des succès qui nous sont autrement impossibles.
Rabbi El'azar ben Azaria a mérité un miracle car c'était son anniversaire.

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-> Rabbi Tsadok haCohen est l'auteur d'un livre de 'hidouchim qui lui ont été révélés dans ses rêves.
Il y écrit (קונטרוס דברי חלומות אות ה) : "Le mazal d'une personne est le plus fort le jour de son anniversaire, et c'est le jour où il n'a rien à craindre".

"Yaakov demeura dans le pays du séjour de son père" (Vayéchev 37,1)

-> Le 'Hida affirme que le mot : "vayéchev" (demeura) nous témoigne de la grandeur de Yaakov.
Comment cela?

Ce mot (וַיֵּשֶׁב) est constitué de la 2e lettre de chacune de ses épreuves majeures :
- Yossef (יוסף) => le ו ;
- Dina (דינה) => le י ;
- Essav (עשו) => le ש ;
- Lavan (לבן) => le ב.

Malgré avoir subi de nombreuses souffrances, son état d'esprit n'en a jamais été brisé et il n'a jamais abandonné. Plutôt, il était "vayéchev, " = "il demeura" fixe dans sa confiance en Hachem.

Le 'Hida conclut : c'est par le mérite de sa confiance qu'il a été libéré de toutes ses difficultés.

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-> Rachi : au terme d'un long exil, Yaakov espérait enfin s'installer en toute tranquillité, mais les tourments de la disparition de Yossef se sont abattus sur lui.

-> Le Kli Yakar nous enseigne que Hachem désirait raccourcir la durée pendant laquelle les juifs resteraient en exil.
A cette fin, Il commença par compter les années d'exil à partir du moment où Avraham et Its'hak se déplaceraient de place en place durant leur vie.

Ainsi, si Yaakov avait vécu tranquillement de la façon dont il le voulait, les années de sa vie n'auraient pas pu compter parmi celles de l'exil, entraînant que les juifs devraient rester davantage d'années en Egypte.
=> C'est pour cela que Yaakov a enduré les souffrances de la vente de Yossef.

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-> Comme les tsadikim craignent constamment que la faute n'ait provoqué une perte de leur part dans le monde à venir, automatiquement il leur manque quelque chose dans ce monde-ci, car la peur ne les laisse pas installés [tranquillement] dans la paix.
Ce n'était pas le cas de Yaakov, parce qu'il lui avait été donné un signe particulier : si tous ses fils étaient en vie, il lui était promis qu'il aurait le monde à venir, il n'avait donc aucune raison de s'inquiéter.
Ainsi, tant qu'un de ses fils ne mourait pas avant lui, il était en paix et sûr de son lot.

Quand il a cru que Yossef était mort, immédiatement "le malheur de Yossef l'a assailli", et il a commencé à se faire du souci pour sa part du monde à venir.
[d'après rabbi Akiva Eiger]

"Le maître échanson ne se souvient pas de Yossef, et il l'oublia" (Vayéchev 40,23)

=> S'il ne s'en souvient pas, c'est qu'il l'oublia. Que vient nous apprendre cette apparente répétition?

-> Selon Rachi, il ne s'en souvient pas = le jour où il fut libéré ; et l'oublia = par la suite.

-> Le Maharam d'Amshinov explique que : dès le moment où Yossef a fait sa demande au maître échanson, il a réalisé qu'il avait fauté en mettant sa confiance dans un être humain et non en Hachem.
Il a alors prié à D. pour que le maître oublie totalement sa demande.

C'est ce qui arriva : "il ne se souvient pas ... et il l'oublia" = à la fois le jour où il fut libéré, et à la fois après, suite à la prière de Yossef.

-> Selon le 'Hidouché haRim, on peut expliquer que le sujet de l’expression : "il l’oublia", n’est pas le maître échanson, mais plutôt Yossef.
En effet, de son côté, "le maître échanson ne se rappela pas de Yossef", et donc ne parla pas de lui à Pharaon pour le libérer de la prison.
Mais, en parallèle, Yossef aussi "l’oublia" : il oublia le maître échanson et écarta complètement de son esprit le souvenir du maître échanson et l’espoir qu’il intervienne en sa faveur pour l’aider à sortir de prison. Il n’attendait pas après lui et ne se posa jamais la question de savoir avec impatience quand interviendra-t-il pour lui.
Il retira sa confiance du maître échanson et plaça son espoir uniquement sur Hachem, conscient que seul Lui pourra le sauver.

-> Le midrach Sechel Tov (Béréchit) enseigne à ce sujet :
"il l'oublia" = en réalité, le maître échanson avait fait des nœuds à son habit afin de se rappeler de mentionner Yossef à Pharaon, mais un ange est venu et a retiré ces signes en défaisant ses nœuds.
Il est écrit dans les Téhilim (105,20) : "chala'h mélé'h vayatiréou" (Le Roi l'envoya et il l'a délié) = le Roi des rois a envoyé un ange afin de délier ses nœuds.

Dès l'instant où est arrivé son moment de sortir de prison, Hachem a dit au maître échanson : Même si tu as oublié Yossef, Je ne l'ai pas. Maintenant, je te le rappelle.

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-> Hachem dit [comme s'il s'adressait à l'échanson] : "Je ne désire pas que tu assures la libération de Yossef. C'est un tsadik, et je veille sur lui moi-même"
[Yéfé Toar]

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-> Rachi explique que Yossef resta 2 années supplémentaires en prison du fait qu'il a placé sa confiance dans le maître échanson (en lui demandant à 2 reprises de se souvenir de lui : "Que tu te souviens de moi ... parle de moi à Pharaon et fais moi sortir de cette demeure" (v.40,14)).

=> Mais en quoi était-il fautif? En effet, même si on a confiance en Hachem, il convient malgré tout d'entreprendre des démarches naturels pour obtenir ce que l'on souhaite?

En réalité, certes il faut user de voies naturelles, mais, on ne doit le faire qu'au moment où le besoin se présente. Le fait de préparer des circonstances naturelles avant que se présente le besoin exprime un manque de confiance en Hachem, qui entraîne une inquiétude qui le pousse à préparer à l'avance sa solution.
Dans son interprétation, Yossef annonça au maître échanson qu'il serait libéré dans 3 jours. Ainsi, Yossef avait encore du temps devant lui et il aurait dû attendre le 3e jour pour lui demander de l'aide.
=> Il s'y prit 2 jours trop tôt, et il en fut sanctionné et dût rester encore 2 ans supplémentaires en prison, un an pour chaque jour.
[Imré Shéfer]

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-> Lorsque Yossef interprète le rêve du maître échanson, il lui dit : "Dans 3 jours, Pharaon t'appellera à lui et te ramènera à ton poste et tu donneras la coupe de Pharaon dans sa main comme avant ... Et si tu te rappelles de moi quand tu seras heureux, rends-moi, de grâce, un service : parle à moi à Pharaon et fais-moi sortir de cette demeure" (Vayéchev 40,13-14)

-> Rabbi Akiva Eiger demande pourquoi Yossef précise : "Et tu donneras la coupe de Pharaon dans sa main comme avant", alors qu'il a déjà dit : "Il te ramènera à ton poste"?

Yossef a voulu expliquer ici au maître échanson : "Tu es convaincu que tu es en prison parce qu'il y avait une mouche dans la coupe de Pharaon. C'est pourquoi, lorsque tu sortiras enfin d'ici, tu redoubleras d'attention lorsque tu serviras Pharaon : tu rinceras la coupe plusieurs fois, tu la protégeras de toutes poussière extérieur. Mais c'est une erreur!
Tu peux continuer à te comporter "comme avant" et rincer la coupe comme d'habitude, car ta présence en prison n'est pas le résultat de ta maladresse, mais la volonté d'Hachem pour que tu puisses parler de moi à Pharaon!"

[Hachem aime tellement entendre la voix de notre cœur, que l'on se tourne vers Lui en prières, que si on ne le fait pas spontanément lorsque tout va bien, alors Il peut nous envoyer des difficultés pour nous pousser à le faire.
En ce sens, on ne prie pas pour faire disparaître une situation désagréable, mais on a une telle situation pour nous amener à prier.
De même, si on prend soin de ses vêtements et que quand même on a perdu de l'argent (ou autre) à cause d'un trou dans notre poche : c'est pas le trou qui a causé la perte de l'argent, mais le décret de D. qu'on devait perdre cet argent qui a causé un trou dans notre poche.
Absolument rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem en ce sens!]

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-> 2 années de prison ont été ajoutées à Yossef, parce qu'il avait dit : si tu te rappelles de moi, parle de moi.
=> Rabbi 'Haïm de Brisk a une fois demandé à rabbi Chimon Schkop : Qu'est-ce qui se serait passé, si Yossef avait utilisé uniquement un seul mot (ex: parle de moi)?

Rabbi Chimon Schkop répondit que si pour avoir utilisé 2 expressions, on lui avait ajouté 2 ans, il paraît logique de penser que pour une seule, on lui aurait ajouté un an ...
Cependant, rabbi 'Haïm de Brisk répliqua que cela ne marche pas comme ça. En effet, s'il avait utilisé une seulement expression, on n'aurait rien ajouté à Yossef, même pas un an, parce que l'homme a le devoir de faire des efforts.
Et dire un seul mot, il se peut que cela compte comme l'effort qu'on doit faire ... c'est seulement quand il a rajouté un 2e mot que le 1er aussi a perdu son statut d'effort obligatoire, et qu'alors on lui a ajouté 2 années d'un seul coup, en incluant la 1ere expression.

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-> b'h, cf. également "Yossef et la hichtadlout" : https://todahm.com/2018/12/25/7827

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-> Yossef n'aspirait pas à obtenir un privilège personnel. En réalité, la femme de Potiphar venait encore le harceler chaque jour (même ne prison!), et il désirait "sortir de cette demeure" afin de lui échapper.
[Méam Loez 40,14-15]

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-> "Le maître échanson ne se souvient pas de Yossef, et il l'oublia" (Vayéchev 40,23)

-> Selon le rav Israël de Chortkov (séfer Yisma'h Israël) :
Yossef n'avait confiance qu'en Hachem (en toute situation à 100%). Cependant, pendant un bref instant, il oublia de rester à ce haut niveau et demanda de l'aide au maître échanson. Immédiatement après, il regretta ce qu'il avait fait et demanda à Hachem de lui faire oublier. C'est pourquoi le maître échanson ne se souvint pas de Yossef.

"Hachem était avec Yossef, et il devint un homme qui réussissait" (Vayéchev 39,2)

La guématria du nom Yaakov (יעקב) est de 182, et correspond à 7 fois le nom Divin (7*26).
Cela fait allusion aux 7 Séfirot, les aspects de la conduite divine ('Hessed, Guévoura, Tiféret, Nétsa'h, Od, Yessod et la Mal'hout), qui correspondent à leur tour aux 7 jours de la semaine.

Lorsque Hachem dit à Yaakov : "Et voici, Je suis avec toi ; Je te garderai partout où tu iras" (Vayétsé 28,15), Il lui révèle le message suivant : "Puisque 7 de Mes Noms sont contenus dans ton nom, je vais te garder et Je serais "avec toi" pendant les 7 jours de la semaine".

En revanche, la guématria de Yossef (יוסף) est de 156, ce qui est équivalent à 6 fois le Nom de Hachem (6*26).
Cela correspond aux 6 jours de la semaine, Yossef n'ayant pas le Nom Divin pour le Shabbath.

Afin de lui fournir une protection contre la faute pendant le Shabbath, Hachem a ajouté une fois supplémentaire, Son Nom à celui de Yossef, comme le dit le verset : "Hachem était avec Yossef".

=> Une fois que cela a eu lieu : "il devint un homme" (vayéhi ich - וַיְהִי אִישׁ), et le mot ich (homme - אִישׁ) est l'acronyme de : ét yom Shabbath (le jour du Shabbath), et c'est alors : "qu'il réussissait (dans toute la semaine - matslia'h)".

[le Ben Ich 'Haï]

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-> Rabbi Yossi dit : la Présence Divine suit et n'abandonne pas les tsadikim où qu'ils aillent.
Yossef a été conduit en Egypte, la vallée des ténèbres, mais la Présence Divine l'accompagnait.

C'est ce que dit le verset : "D. fut avec Yossef" = puisque la Présence Divine était avec lui, tout ce qu'il entreprenait réussissait.
Par exemple, s'il tenait déjà quelque chose dans sa main et que son maître le lui demandait sous une autre forme, alors l'objet se transformait afin de convenir à ce dernier.
Il est écrit : "Son maître a vu que D. était avec lui et qu'Il lui envoyait la réussite dans tout ce qu'il entreprenait (matslia'h béyado) = ce qu'il avait effectivement dans la main (yad).
De plus, il est écrit : "son maître a vu" et non "son maître a su" = il voyait de ses propres yeux les miracles qui se produisaient dans toute action et que D. accomplissait en faveur de Yossef.
[d'après le Zohar]

"Israël aimait Yossef plus que tous ses fils car il lui était un fils de la vieillesse, et il lui fit une tunique de fine laine" (Vayéchev 37,3)

-> Nos Sages (guémara Shabbath 10b) en tire la leçon suivante :
"Jamais un père ne doit faire de distinction entre ses fils, parce qu'à cause de la mesure de 2 Séla de laine pur qu'avait offerte Yaakov à Yossef de plus qu'à ses frères, ceux-ci conçurent de la jalousie pour lui, et les événements s’enchaînèrent jusqu'à ce que nos ancêtres descendirent en Egypte."

-> et également (guémara Shabbath 13) :
"Un père ne doit à aucun moment faire de distinction entre ses fils, pas même pour un bien de faible valeur, pour éviter de susciter de la jalousie entre eux."

-> Les Tossefot commente ce passage (Shabbath 10b):
"Bien qu'il ait été déjà annoncé auparavant [à Avraham] : "Ta postérité sera asservie et opprimée durant 400 ans" (Lé'h Lé'ha 15,13), l'oppression qu'elle subit aurait cependant été moindre si ces événements n'avaient pas eu lieu, de la même manière que les 400 ans décrétés débutèrent finalement dès la naissance d'Its'hak"

-> Le Maharam explique les Tossefot, en disant que tout comme le compte des 400 ans d'exil commença à la naissance d'Its'hak, ainsi l'exil décrété aurait très bien pu avoir lieu au pays de Canaan (en Israël).
Et dans ce cas, la servitude n'aurait pris corps concrètement qu'avec la dernière génération venant clore ces 400 années.

=> C'est donc bien à cause de la tunique à rayures que, par un concours de circonstances qui envoya Yossef en Egypte, l'exil débuta effectivement.

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-> Du fait que le décret d'exil ne précisait pas le lieu (il est écrit : "sur une terre qui n'est pas à eux" - Lé'h Lé'ha 15,13), et comme cet exil avait commencé sur la terre de Canaan depuis la naissance de Its'hak, il aurait dû logiquement se poursuivre sur la terre de Canaan durant les 400 années prévues.
Mais la préférence de Yaaakov et la jalousie des frères ont provoqué la transformation du décret de la terre de Canaan vers la terre d'Egypte, suite à la vente de Yossef en Egypte.
[...]

Le décret d'exil et d'oppression de Hachem à Avraham aurait dû être théorique, c'est-à-dire demeurer dans le Ciel sans se réaliser concrètement sur terre, conformément au verset (que l'on répète 12 fois à Kippour) : "Que Ta parole (dure), Hachem, se maintienne toujours dans les cieux" (léolam Hachem dévar'ha nitsav bachamaïm).
Cependant à cause de la préférence de Yaakov envers Yossef et la jalousie des frères, le décret d'exil est descendu depuis le Ciel pour se réaliser sur terre ; nos ancêtres ont donc dû descendre en Egypte.
De plus, les lettres du mot : "kin'a" (jalousie - קנאה) ont alors été réarrangées pour donner le mot : "néaka" (gémissement - נאקה) qui traduisait la dureté de cet exil.
[Ben Ich 'Haï - guémara Shabbath 10b]

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-> D'après le décret révélé à Avraham, l'exil prévu pour ses descendants aurait pu se produire ailleurs qu'en Egypte, dans un milieu moins hostile.
Cependant, du fait que les frères ont haï Yossef pour 2 sélaïm de lain, Hachem a agi mesure pour mesure en les amenant en Egypte où ils ont été haïs par les égyptiens.
[Iyoun Yaakov]

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+ Quelques raisons expliquant cette action de Yaakov :

-> Par ce geste, son intention était sans aucun doute de récompenser Yossef pour sa sagacité, puisque l'expression : "le fils de sa vieillesse", signifie selon Onkelos qu'il fut : "son fils le plus brillant".
Par ce présent, Yaakov souhaitait encourager ses autres fils à suivre l'exemple de Yossef conformément aux paroles de nos Sages : "La compétition entre les disciples amène la sagesse" (guémara Baba Batra 21a).

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Rabbi 'Hiya demande : Pour quelle raison les Sages (talmidé 'hakhamim) de Babylonie se distinguaient-ils par des habits de rabbin spéciaux?

Rabbi Assi répond : c'est parce qu'ils n'étaient pas particulièrement versés dans la Torah.
S'ils ne se différenciaient pas en s'habillant différemment, ils n'auraient pas été respectés pour leur connaissance de la Torah.
[guémara Shabbath 145b]

Yaakov a enseigné à Yossef les secrets cachés de la Torah, et il ne voulait pas que les autres frères en deviennent jaloux.
C'est pourquoi, il a donné un habit spécial à Yossef, afin que les frères en viennent à penser que Yossef avait besoin (contrairement à eux) d'un vêtement spécial pour obtenir de la reconnaissance, car il n'était pas totalement compétent dans la Torah.

Yaakov essayait de réduire la jalousie des frères en montrant qu'il n'y avait aucune raison d'être jaloux, car ils étaient eux en réalité supérieur à Yossef.
Cependant, les frères ont vu derrière cela une relation spirituelle particulière entre leur père et Yossef, et ils l'ont davantage jalousé.

[Il est écrit dans le verset suivant (37,4) : "Ses frères virent que c'était lui que leur père aimait plus que tous ses frères, ils le prirent en haine et ils ne purent lui parler en paix".

Selon le Yichma'h Moché, lorsque les frères ont réalisé que leur père aimé davantage Yossef qu'eux, ils ont supposé que cela était ainsi car Yossef a mal parlé sur eux. Ils étaient convaincus que les intentions de Yossef étaient d'entraîner leur père à les détester, et c'est cela qui va entraîner leur haine à son égard.
Le Yichma'h Moché écrit ensuite : "Si les frères avaient parlé à Yossef, et lui avaient demandé d'expliquer pourquoi il parlait négativement sur eux, alors Yossef aurait pu expliquer que ses intentions étaient pures, ne souhaitant que leur bien ultime.
Si les frères avaient connu la raison derrière les paroles de Yossef à leur père, ils ne l'auraient pas haït."

Le Tiféret Yonathan note que si une confrontation verbale n'est pas faite (à tête reposée) avec la personne qui nous a fait du tord, alors il y aura une intensification de la haine.
[on peut voir que dans certaines familles, les membres se font la tête en général pour de petites incompréhensions qui ont pris de l'ampleur, le temps passant!]

Le Maharil Diskin enseigne que les frères n'étaient pas capables de parler en paix à Yossef, car ils pensaient qu'il les haïssait.

Le Noam Mégadim rapporte que Yossef était extrêmement modeste, n'étalant jamais sa grandeur. C'est pourquoi, ses frères en sont venus à le haïr car ils n'avaient pas conscience de ses énormes capacités puisqu'il les cachait. ]

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-> "Ses frères virent que c'est lui [Yossef] que leur père aimait, ils le haïrent et ne purent lui parler pour la paix" (v.37,4)
Nos Sages enseignent que celui qui prend congé d'un vivant doit lui dire : "Va pour la paix". Mais, s'il se sépare d'un mort, il dira : "Va en paix".
La Torah vient dire ici que les frères de Yossef le haïrent jusqu'à ne plus pouvoir lui dire les termes : "Va pour la paix", que l'on dit pour quelqu'un de vivant.
C'est ce que dit ici le verset en allusion : "Ils ne purent lui parler en lui disant : Va pour la paix".
[Gaon de Vilna]

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-> Selon le Kli Yakar, après que Réouven se fût discrédité en troublant la couche de son père Yaakov (35,22), ce dernier avait élevé son fils Yossef au rang de "premier-né" et lui avait confectionné la tunique, signe de la fonction qui serait désormais la sienne, puisque c'est au premier-né que revient la charge du service Divin qu'on accomplit revêtu d'une tunique.

-> Rachi (37,3) commente : les 4 lettres qui composent le mot passim (à rayures - פַּסִּים) préfigurent les malheurs qui atteindront Yossef : Potifar (pé), les marchands (so'harim – samé'h), les Yichmaélim (youd) et les Midyanim (mèm).

[c'est un vêtement spécial qu'il a reçu, en lien avec les épreuves spéciales qui l'attendront dans le futur!]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

C'est que la tunique [longue] atteignait la paume (pass) de sa main.
Autre explication : elle était des plus fines et des plus légères et pouvait tenir dans la paume (pass) de sa main.
Autre explication : ils ont tiré au sort ('hefissou) pour savoir lequel d'entre eux la ramènerait à son père et c'est Yéhouda qui a été désigné.
[le mot "passim" s'apparente à "payiss" (tirage au sort), car à de cette tunique, les frères tireront au sort lequel d'entre eux irait apporter la tunique ensanglantée à Yaakov. Le sort désigna Yéhouda]
[midrach Béréchit rabba 84,8]

-> Cette tunique avait de longues manches qui arrivaient jusqu'aux paumes (pass) des mains. Les manches longues, un signe de noblesse, évoquent ceux qui ne s'adonnent pas au travail manuel.
Cela renvoie au fait que Yossef restait au foyer paternel et n'allait pas travailler dans les champs.
[Méor Enaïm ; Maharzou]

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-> Yaakov a donné une même tunique à chacun des 11 frères et seule celle de Yossef se distinguait par un galon de fine laine au niveau des poignets.
Les frères n'ont donc jalousé que les 80 grammes de laine fine (2 séla'im) avec laquelle ont été confectionnées les extrémités des manches de la tunique de Yossef.
[Méromé Sadé]

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-> Selon certains commentateurs, cette tunique n'était autre que celle donnée par Essav à Yaakov, lors de la vente de son droit d'aînesse.
A l'origine, elle appartenait à Adam, et n'était transmise qu'à un fils premier-né.
Puisque Réouven avait perdu son droit d'aînesse à la suite d'une faute mineure (cf. Vayé'hi 49,4), ce vêtement fut remis à Yossef.
[Méam Loez - Vayéchev 37,4]

-> Rabbi Yaakov haCohen (Bekhor Yaakov) explique que selon nos Sages cette tunique était recouverte de desseins de toutes sortes d'animaux, et qu'elle avait le don de protéger [des animaux sauvages] quiconque la portait, et Yaakov faisait confiance à ce pouvoir protecteur en envoyant son fils.
C'est pourquoi les frères lui ont enlevé sa tunique pour qu'il soit à la merci des serpents qui étaient dans le puits où ils l'on jeté.

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-> La tunique avait une certaine ressemblance avec l'habit du Cohen Gadol.
Or, comme à l'origine, le service sacrificiel devait être assuré par le 1er né, Yaakov pensait que le droit d'aînesse devait revenir à Yossef et lui fit cadeau d'un vêtement rappelant celui du Cohen Gadol.
[c'est après la faute du Veau d'or que ce privilège passa aux Cohanim, de la famille de Lévi]

Puisque les vêtements sacerdotaux faisaient expiation pour la faute de lachon hara, alors les frères ont dépouillé Yossef de sa tunique [au moment de le jeter dans le puits] pour qu'elle ne puisse le protéger de la faute.
[le Yédei Moché]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

-> Yaakov a fait à Yaakov une tunique rayée : passim (פסים) qui sont les mêmes lettres que : פס ים (pass yam - un tracée dans la mer), pour insinuer que cette tunique provoquera la haine des frères, [amenant la vente de Yossef, qui alla en Egypte où il surmonta l'épreuve avec la femme de Potiphar], ce qui entraînera finalement l'ouverture de la mer Rouge devant Israël, à leur sortie d'Egypte.
[en effet, le midrach (Tan'houma Vayéchev 9) sur "la mer a vue et s'est enfuie". Que vit-elle? Elle vit le cercueil de Yossef descendre vers la mer. Hachem dit : elle s'enfuira (la mer) devant celui qui s'est enfui (Yossef qui s'est enfui de la femme de son maître), comme il est dit : "Il s'enfuit et sortit dehors" Vayéchev 39,12).
De la même façon, la mer s'est enfuie de devant lui.]
[ainsi d'une certaine façon, la tunique rayée est ce qui permettra plus tard aux juifs de fuir les égyptiens en traversant la mer Rouge]
[...]

Toutefois, Tossefot (guémara Shabbath 10b) explique que si Yaakov n'avait pas donné de tunique à Yossef, nos pères seraient malgré tout descendus en Egypte. En effet, cela avait déjà été décrété par Hachem et annoncé à Avraham, comme il est écrit : "Il dit à Avram : sache que tes descendants seront étrangers dans une terre qui n'est pas eux, on les asservira et on les opprimera 400 ans".
Tossefot signale toutefois que s'il n'y avait pas eu de jalousie entre les fils de Yaakov, l'oppression et la souffrance auraient alors été moins sévères.

[...]
Le 'Hatam Sofer commente : "la tunique, donnée par Yaakov à son fils Yossef, a été faite avec le Nom haKadoch פסי'ם, qui est un Nom de protection, afin qu'aucune créature ne puisse le dominer".

De même, le Maor vaChémech écrit : "Sache que Yaakov a transmis à Yossef le Nom de 22 lettres, issu de la bénédiction des Cohanim, et particulièrement le Nom haKadoch פסי'ם, qui a la capacité de procurer la grâce et la protection.
C'est pour cela que Yaakov a confectionné une tunique "rayée" (passim - פסים) en ayant l'intention (kavana) d'unir et d'assembler les lettres du Nom haKadoch de 22 lettres".

La source de cet enseignement provient de Rabbénou Bé'hayé, qui écrit au nom du midrach :
"Il lui fit une tunique rayée" (Vayéchev 37,3) = Yaakov transmis le sod, c'est-à-dire le secret des 22 lettres ... cela signifie que Yaakov a paré Yossef de la connaissance de la sagesse du Nom Divin de 22 lettres, comme il l'avait lui-même appris de la bouche de Chem et Ever.
[ainsi d'après rabbénou Bé'hayé, on peut expliquer également la raison pour laquelle les tribus ont jalousé] Yossef par cette tunique rayée, car lorsque Yaakov l'a confectionnée pour Yossef, il lui transmit par cet acte le secret des 22 lettres qu'il avait appris de Chem et Ever.]
[...]

Le Maor vaChémech dit que la raison pour laquelle les tribus ont déshabillé Yossef lorsqu'ils l'ont vendu tient du fait qu'ils ne pouvaient absolument pas le vendre tant qu'il en était revêtu ; car en effet, ce vêtement confectionné par Yaakov son père portait des Noms kédochim (saints) qui le protégeaient de toute mauvaise chose.
[...]

Le rav Shalom de Belz enseigne :
Il est vrai que les tribus ont réussi à retirer la tunique de Yossef, et ensuite ils l'ont remise à Yaakov leur père, comme il est écrit : "Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un chevreau, trempèrent la tunique dans son sang ... et l'apportèrent à leur père" (Vayéchev 37,31-32).
Grâce à cela, Yaakov reçut, par le retour de la tunique de son fils, une force supplémentaire qui va lui permettre d'influencer Yossef et déverser sur lui de la kédoucha (sainteté), quel que soit l'endroit où il se trouve, lui permettant ainsi de faire face à n'importe quelle épreuve en Egypte.

Si la tunique n'avait pas été rendue à Yaakov, il est possible qu'il n'ait pas pu puiser de la force pour accomplir cela.
C'est pour cela que sera fait allusion à l'épreuve de Yossef dans les paroles de Yaakov : "Il l'a reconnue et dit : c'est la tunique de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré! Déchiqueté, déchiqueté est Yossef" (Vayéchev 37,33).

Rachi explique qu'une étincelle de l'esprit Divin entra en lui et il vit, par prophétie, la femme de Potiphar avec lui.
Dans sa grande sainteté, il a puisé en lui et déversé de la force à son fils Yossef, lui permettant de faire face à n'importe quelle épreuve, où qu'il soit, ainsi que nous l'ont enseigné nos Sages : "La femme de son maître leva ses yeux sur Yossef ... elle le saisit par son vêtement en disant : viens près de moi" (Vayéchev 39,7-12), la guémara (Souca 36b) explique : "Au même moment est apparue, à la fenêtre, l'image de son père".
Elle lui donna de la force et déversa sur lui la sainteté des Noms Divins qui lui permettront de vaincre son penchant et se maintenir dans sa sainteté.

Le Chla haKadoch enseigne que la tunique rayée, conçue par Yaakov pour son fils Yossef, avait l'aspect de כתנות אור (une tunique de lumière) dont Adam était vêtu, avant la faute de l'Arbre de la connaissance ...

Il est écrit dans le Zohar que Yaakov est la réincarnation d'Adam.
Le Arizal explique, d'après le Zohar, que Yaakov était la réparation (tikoun) d'Adam, et voici son langage : "Sache que Yaakov était à la ressemblance d'Adam, car en effet, Yaakov avait le même visage qu'Adam" (Chaar haPessoukim - Vayigach).
De plus, il est également écrit dans le Zohar (Toldot 142), que par la grandeur de sa sainteté, Yaakov mérita de revêtir une "tunique de lumière".
[...]

Le Agra déKala explique que la tunique de lumière dont était vêtu Adam avait les caractéristiques de la tunique portée par les Cohanim : "Il semblerait qu'il y ait là une allusion au fait qu'Adam était tel un Cohen vêtu des habits de prêtrise, ces derniers n'étant rien d'autre que la tunique de lumière qu'ils avaient avant la faute".

Après la faute, ils se vêtirent non plus de "vêtement de lumière (כתנות אור) en "vêtement de peau" (כתנות עור), et à ce moment-là, "ils surent qu'ils étaient nus" (Béréchit 3,7) = c'est-à-dire qu'ils firent privés de leurs habits de Cohanim. A cette époque, le monde entier était comme le Temple.
De plus, Aharon le Cohen gadol réalisa la réparation à travers ses habits de prêtrise (Cohen), car ceux-ci étaient à la ressemblance de la tunique de lumière d'Adam.

Il ressort de ceci que la tunique transmise par Yaakov à Yossef symbolisait la sainteté des habits de la prêtrise qu'Adam revêtait avant la faute.
[rabbi Pin'has Friedman]

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"[Yossef] lui était un fils de la vieillesse (ben zékounim ou - בֶן-זְקֻנִים הוּא)" (Vayéchev 37,4)

-> Rachi apporte 3 réponses :
1°/ Yaakov avait eu Yossef à un âge avancé, et c'est pourquoi il lui portait une si vive affection.
[Selon le Gour Aryé, Binyamin était certes plus jeune, puisque né 8 ans après Yossef, mais Yossef s'était déjà profondément attaché au 1er fils de Ra'hel.]

2°/ Le Targoum Onqelos traduit par : "un fils intelligent".
[Le mot זקן (zaken - une personne âgée) est la contraction de : זה שקנה חכמה (celui qui a acquis la sagesse - zé chékana 'hochma)]

Yaakov a transmis à Yossef tout ce qu'il avait appris à la yéchiva de Chem et Ever, où il avait séjourné pendant 14 ans.
[Ils ont évolué dans un environnement corrompu : Chèm a vécu pendant la génération du déluge, et Ever a été le contemporain des bâtisseurs de la tour de Babel. C'est pourquoi, en lui transmettant leurs enseignements, Yaakov l'a armé pour affronter l'Egypte, lieu corrompu et perverti par excellence. ]

3°/ Il avait les mêmes traits de visage (ziv iqounin), un visage semblable à celui de son père.

-> Le Baal haTourim fait remarquer que : zékounim (זְקֻנִים) est l'acronyme des 5 traités de michna que Yaakov a enseigné à Yossef : Zéraïm (זרעים), Kodachim (קדשים), Nachim (נשים), Yéchou'ot (Nézikin) et Moéd (מועד).
[Précision : La guémara (Shabat 31a) traduit le terme : yéchouot (secours et libération) par : Nézikin.]

Le Imré Emet demande : il existe également le traité de Taharot (pureté). Pourquoi est-ce que Yaakov ne l'a pas enseigné à son fils?
Il répond que ce traité sur la pureté, ne peut être acquis qu'à partir du moment où une personne a personnellement lutté, s'est donné du mal pour étudier Taharot, et cela ne peut pas se transmettre seulement comme une connaissance de père en fils.

Le Lévouch Yossef dit que l'ordre de Taharot parle de pureté, et il est exigé de l'homme un grand travail pour en arriver à la sainteté quand il étudie Taharot, autrement toute son étude ne lui servira à rien.
C'est pourquoi il n'est pas insinué que Yaakov a étudié l'ordre de Taharot avec Yossef.

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"Ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

=> Au regard des événements, les frères semblent témoigner d'une terrible cruauté envers leur frère innocent?
Nous allons voir qu'une lecture simple des événements donne un sens erroné.

-> Le Sforno affirme que les frères de Yossef étaient d'authentiques tsadikim, sans quoi jamais leur nom n'aurait été gravé sur le Pectoral que portait le Cohen Gadol lors de son service dans le Temple de Jérusalem.

En réalité, la sentence de mort qu'ils avaient décrétée contre Yossef résultait d'un principe clair de la loi juive : "Celui qui cherche à te tuer, tue-le en premier!" (guémara Sanhédrin 72a).
Les frères prononcèrent le verdict après avoir délibéré sur la question de manière rigoureuse, qui leur conduit à établir que Yossef était coupable de vouloir intenter à leur vie en dénonçant sans cesse leurs agissements.

Cependant par la suite, bien qu'il s'avéra qu'ils s'étaient trompés, il reste néanmoins vrai qu'un "juge ne peut établir de verdict que selon ce que ses yeux lui montrent".
Il en a été de même :
- avec le prophète Chmouël qui possédait un pouvoir de deviner ce qui est caché, et pourtant Hachem lui déclara : "L'homme ne voit que les apparences" (Chmouël I 16,7), et de ce fait, on ne peut pas tenir rigueur à un homme pour une erreur de jugement.
- il est écrit : "Les plateaux, les balances exactes [du jugement] sont l'oeuvre de D." (midrach Béréchit rabba 84,7)"
[on ne peut rien reprocher aux juges qui font de leur mieux. Une erreur éventuelle fait partie des plans divins.]

-> Le fait qu'aussitôt après la vente : "ils s'assirent pour manger du pain" (v.25), traduit la sérénité totale avec laquelle ils prirent leur décision.
Le Sforno d'ajouter : "cette décision ne constituait à leur yeux nullement un méfait, ni une faute, sinon ils ne se seraient pas installés juste après pour prendre un repas, car aucun tsadik digne de ce nom n'aurait osé manger après avoir commis une faute ...
C'est parce qu'ils considéraient Yossef comme un "assassin potentiel", que tout un chacun était autorisé à mettre à mort".

-> Le Sforno ajoute également que lorsque Yossef est devenu roi en Egypte, il commença à tourmenter ses frères, ces derniers se dirent alors : "En vérité, nous sommes punis à cause de notre frère. Nous avons vu son désespoir lorsqu'il nous criait grâce, et nous sommes demeurés sourds" (Mikets 42,21).
=> Ils ne manifestèrent aucun regret quant à la vente proprement dite, mais seulement pour leur manque de sensibilité face à la détresse de leur frère.

-> Nos Sages affirment même que ce repas qui a suivi la vente de Yossef constitua un mérite remarquable : "grâce auquel tous les habitants du monde furent nourris pendant les années de famine ...
La faute des tribus est un mérite pour le monde, elle est un espoir pour le monde!"
[midrach Béréchit rabba 84,17]

En effet, l'idée est que tous les événements proviennent du Ciel, comme il est écrit : "D. l'a combiné pour le bien afin qu'il arrivât ce qui arrive aujourd'hui : un peuple nombreux a été sauvé" (Vayé'hi 50,20).
Le Sforno de commenter : "Vous avez seulement été Ses émissaires! Vous pensiez à tort que j'étais votre ennemi, mais ce que vous avez ainsi fait involontairement, D. l'a transformé en bien."

De même, le midrach (Béréchit rabba 85,1) rapporte :
"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s'affairait à créer la lumière du machia'h."

=> Le processus de la guéoula débuta dès la vente de Yossef, pendant que chacun était absorbé par ses tracas personnels.
Ce qui peut apparaître en apparence comme des malheurs, ne l'est pas en vérité, au contraire ce n'est qu'un moyen nécessaire pour aboutir à un bonheur resplendissant.
[d'où la notion de : "elle est un espoir pour le monde!" ]

-> De plus, après avoir vendu Yossef aux Ismaélites : "les frères promulguèrent une sentence d'excommunication et une malédiction à quiconque révélerait la vente, et ils y associèrent Hachem" (cf. Rachi Vayéchev 37,33).
=> S'ils n'ont pas hésité à associer Hachem, c'est que la légitimité de leur acte ne faisait aucun doute à leurs yeux.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/03/23/12823-2

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+ Conclusion :

---> Pour les frères de Yossef :
D'un côté leur démarche était légitime, et leur jalousie n'influença en rien leur sentence, qui était parfaitement juste selon leur vision des faits.
Cependant, on leur tint rigueur de ce minuscule sentiment de jalousie qui était en eux, et ce au regard de leur très haut niveau spirituel.

---> Pour Yossef :
D'un côté, son attitude envers ses frères était exempte de toute haine : son unique désir était de les aider à s'améliorer, à revenir sur le droit chemin.
Cependant, malgré le bien-fondé de ces médisances, ces propos renfermaient également une minuscule part de diffamation.
Au regard de son très haut niveau spirituel, il fut puni mesure pour mesure : rabaissé au rang d'esclave, humilié par la femme de Potiphar et jeté 12 années en prison.

[Hachem juge les tsadikim selon l'épaisseur d'un cheveu, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit des personnes qui vont générer et impacter chacune des tribus constituant le peuple juif!]

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-> Quelqu'un a demandé à rabbi Yaakov Kanievsky quelle est la bonne façon d'enseigner aux élèves le passage sur Yossef et ses frères, et autres sujets semblables.
Le rav Kanievsky a répondu que nous devons leur enseigner et ancrer en eux l'idée qu'il s'agit d'une dispute portant sur la halakha : lui pensait que le din était de telle façon et eux pensaient que le din était autrement.
[rapporté dans le Pniné rabbénou haKéhilot Yaakov]

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-> Loin de nous la pensée que les fils de Yaakov puissent être la proie d'une jalousie puérile. Le conflit décrit dans la Torah ne peut être appréhendé que sous un angle spirituel.
Ce n'est pas la prédilection que Yaakov éprouve à l'égard de Yossef qui les préoccupe, mais la préférence que le Patriarche témoigne vis-à-vis de la contribution de ce fils, contribution qui risque de mettre celle de ses frères dans l'ombre, et ce faisant de créer un déséquilibre dans la formation du peuple naissant.
[...]
Lorsque la Torah nous dit que les frères haïssait Yossef nous devons comprendre qu'ils n'étaient pas mus par une animosité personnelle, mais que pleinement conscients des dangers inhérents au comportement de leur jeune frère, ils éprouvaient une vive inquiétude quant à la direction que semblait prendre la jeune communauté en plein développement [les frères posant les bases de ce que va être le peuple juif, et il faut être vigilant car l'enjeu est important!], qui si elle venait à perturber l'équilibre aboutirait à des désordres continuels [lorsque chaque tribu est à sa place, elle permet à la totalité du peuple juif d'être au top, d'être dans une collectivité harmonieuse! Or, les frères pensaient que Yossef par son comportement allait tout même en péril.
On peut comparer cela à une erreur infime dans les fondations d'un bâtiment, risquant de le faire s'effondrer entièrement].
[...]
Les frères ne sont pas des personnes ordinaires, mais les Patriarches des tribus (chévatim), des hommes d'une grandeur et d'une sainteté que nous avons du mal à concevoir.
[...]
Les frères avaient l'intime conviction que lorsque Yossef rapporte leurs "méfaits" à leur père, il cherche à leur nuire en les privant de leur rôle au sein du peuple naissant.
Convaincus que Yossef doit être légitimement considéré comme un délateur ou un agresseur poursuivant sa victime pour la détruire, celui-ci est passible de mort.
Les frères sont certains d'agir en légitime défense, auquel cas la loi juive tranche sans aucune équivoque : "Si un individu cherche à attenter à tes jours, prends les devants et supprime-le".
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef réalisait que ses frères le haïssaient à cause de ce bel habit [la tunique]. Il en portait donc un autre par-dessus, afin que le 1er ne se voit pas.
[Méam Loez - Vayéchev 27,23]

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-> Le Targoum Yérouchami explique que Yaakov a transmis à Yossef la tunique qu'avait donné Hachem à Adam après avoir mangé de l'arbre de la connaissance.
Le Ein Yaakov (guémara Avoda Zara 11b) rapporte que les romains se saisirent de cette tunique pour s'en vêtir.

"Comme on emmenait [Tamar], elle envoya dire à son beau-père" (Vayéchev 38,25)

-> Nos Sages apprennent de ce verset : "Il est préférable de se jeter dans une fournaise plutôt que d'humilier son prochain en public." (guémara Béra'hot 43b)

Rachi explique : "Elle aurait en effet pu déclarer ouvertement : "Ces objets [laissés en gage] appartiennent à Yéhochoua, car je suis enceinte de lui".
Au lieu de cela, elle a dit : "Je suis enceinte de l'homme à qui ces choses appartiennent" : s'il avoue, tant mieux, et s'il refuse, je préfère être brûlée vive plutôt que de l'humilier."

-> Pourquoi la guémara emploie-t-elle l'expression : "il est préférable", plutôt que : "l'homme doit"?

Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Ohr Yahel) explique que par cela nos Sages formulent un principe édifiant : il est effectivement préférable pour tout homme lucide de se jeter dans une véritable fournaise, plutôt que d'avoir un jour à endurer les souffrances du feu de l'enfer (guéhinam) suscité par l'humiliation causée à autrui.

Pour beaucoup de personnes, la satire, les vexations et autres railleries infligées à leurs semblables sont une manière comme une autre d'acquérir un prestige certain dans la société.
Or, selon nos Sages, si nous avons le choix entre soit être brûlés vifs, soit attenter au respect d'autrui, notre décision ne doit faire l'objet d'aucun doute : il est mille fois préférable d'endurer des souffrances dans ce monde, que d'avoir à payer une humiliation (petite ou grande) de notre prochain dans le monde à venir.

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-> Dans la guémara (Kétoubot 63b), il est raconté que dans le quartier du Sage Mar Oukva, vivait un pauvre que ce maître soutenait financièrement.
Pour ce faire, il glissait chaque jour, en toute discrétion, 4 pièces d'or par la charnière de sa porte, sans jamais dévoiler au pauvre homme son identité.

Un jour cependant, ce dernier décida de savoir qui était son énigmatique bienfaiteur en le guettant furtivement.
S'étant ce même jour attardé à la maison d'étude plus que de coutume, Mar Oukva se rendit chez son protégé accompagné de sa femme.
Dès que l'indigent vit le couple apparaître, il sortit de sa cachette et se précipita sur lui.

Le maître et son épouse, réalisant qu'ils étaient sur le point d'être découverts, tournèrent aussitôt les talons et prirent la fuite.
Sur leur route, ils aperçurent un grand four dans lequel ils s'engouffrèrent. Malheureusement, celui-ci venait seulement d'être éteint, et sa température était encore très élevée : à sa grande consternation
Mar Oukva sentit que ses pieds commençaient à brûler par la chaleur du sol. Sereine, sa femme lui proposa de grimper sur ses propres pieds, car la chaleur ne l'affectait pas.
Constatant combien le mérite de sa femme dépassait le sien, puisqu'elle seule ne subissait pas l'effet du feu, Mar Oukva ne pu cacher son désarroi et sa déception quant à son propre niveau.

Mais son épouse vertueuse le rassura aussitôt : "Comme je reste généralement à la maison, et je peux ainsi leur offrir du pain, de la viande et toutes sortes de denrées alimentaires. Toi en revanche, tu ne leur distribues que de l'argent, ce qui contraint ces pauvres gens à préparer eux-mêmes les repas."

=> Pourquoi mirent-ils leur vie en danger pour éviter que le pauvre ne les reconnaisse?

Mar Oukva savait qu'il fallait opter pour ce choix par nécessité, qu'il valait mieux se jeter dans les flammes d'un incendie plutôt que d'être à l'origine d'une humiliation.

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-> Dans la ville de Brisk, on avait l'habitude de se rendre au cours de rabbi Yéhochoua Leib Diskin, à l'issue du Shabbath.
Il arriva une fois que le bedeau confondit le sel et le sucre et, comme la santé du rav réclamait quotidiennement une importante dose de sucre, il versa plusieurs bonnes cuillères de sel dans sa tasse de thé brûlante.

Le Maharal Diskin avala quelques gorgées de l'infect breuvage, sans manifester le moindre haut-le-cœur, tant et si bien que son auditoire ne remarqua aucun changement dans son attitude.
Pendant que le maître buvait, sa femme s'aperçut tout à coup de la méprise et s'exclama soudain : "Il y a du sel dans ta tasse de thé!"
Les personnes présentent, qui goûtèrent plus tard à ce liquide, furent proprement stupéfaites par la maîtrise de soi dont avait fait preuve le rav en absorbant cette boisson : il était même parvenu à réprimer la nausée suscitée par ce goût insoutenable.

Plus tard, sa femme l'interrogea sur son comportement, et lui demanda comment il avait pu boire de ce breuvage qui aurait pu porter atteinte à sa santé, alors que la Torah (Dévarim 4,15) déclare clairement : "Prenez bien garde à votre vie!"

Il lui répondit : "Les Sages n'ont-ils pas énoncé explicitement : "Il est préférable pour l'homme de se jeter dans une fournaise plutôt que d'humilier son prochain en public!" "

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La guémara (Shabbath 104a) apporte l'interprétation suivante des lettres de l'alphabet :
-> alef puis bét : signifie : "Va apprendre [alef signifiant : alfa, l'instruction] la sagesse [de la racine : bina]" ;

-> guimel et dalet : suggère l'idée de : "prodiguer [gomel] le bien aux indigents [dalim]".

La guémara s'interroge alors sur la forme de ces 2 lettres : - "Pour quelle raison le pied du guimel (ג) s'allonge-t-il vers le dalet (ד)? Parce que l'usage des bienfaiteurs est de poursuivre les indigents.

- Et pourquoi le pied du dalet penche-t-il légèrement en direction du guimel? Parce qu'il leur incombe également de se faire connaître des bienfaiteurs.

- Alors pourquoi le dalet tourne-t-il le dos au guimel? Pour qu'on apprenne à leur donner la charité discrètement, afin de leur épargner toute honte."

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"Ce fut à cette époque, Yéhouda descendit de parmi ses frères" (Vayéchev 38,1)

=> Pourquoi la Torah introduit-elle l'histoire de Yéhouda et Tamar juste avant l'histoire de Yossef quand il descendit en Egypte?

C'est que la conclusion de l'histoire de Yéhouda avec Tamar fut la naissance de leur fils Pérets qui sera l'ancêtre du Machia'h. La Torah voulait poser les bases de la délivrance finale avant de développer la racine de l'exil d'Egypte qui fut le premier exil d'Israël.
Avant même qu'apparaisse le premier exil, Hachem fit déjà apparaître les bases de la dernière délivrance. Car Hachem prépare la guérison avant que n'apparaisse même le tout début de la plaie.
[le Nétsiv - Haémek Davar - se basant sur le midrach]

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-> Le comportement de Yéhouda avec Tamar ne doit pas être remis en cause.
En effet, avant le don de la Torah, les rapports sexuels entre hommes et femmes non-mariés étaient parfaitement libres.
Si un homme rencontrait une femme dans la rue et que tous deux étaient d'accord, il la payait ce qu'elle demandait, et ils pouvaient avoir une relation. Après quoi, chacun pouvait continuer son chemin.
[...]
Il est vrai que les Patriarches respectaient la Torah avant même qu'elle ne fut donnée. Si Yéhouda se comporta comme tout homme de son époque, alors qu'on aurait pu s'attendre à une plus grande rigueur de sa part, on ne peut néanmoins juger sa conduite comme étant immorale.
Son cas n'est pas différent de celui de Yaakov, qui épousa 2 sœurs, bien que la Torah l'interdise et prescrive le retranchement pour sanctionner un tel acte.
[...]
Yéhouda tenta d'ignorer Tamar et de continuer son chemin, mais cependant, Hachem envoya l'ange responsable du désir, et celui-ci força Yéhouda à aborder cette femme.
[...]

Appelée pour être exécutée, Tamar commença à chercher les 3 objets que Yéhouda lui avait laissés en caution (son sceau, sa cape et le bâton qu'il portait à la main), mais ne les trouva pas .
Elle leva les yeux et dit : "Hachem! éclaire mes yeux afin que je puisse retrouver ce gage. Si tu m'exauces, j'aurai 3 descendants ('Hanania, Mi'haël et Azaria) qui consentiront à être consumés dans une fournaise ardente comme martyrs pour la gloire de ton Nom."

Tamar ne parvenait pas à trouver les objets, car Samaël, l'ange gardien d'Essav, les avait cachés.
Il désirait que Tamar fut brûlée, de sorte qu'elle ne puisse avoir le roi David pour descendant, lequel allait exterminer Edom (Chmouël II 8,14).
Hachem entendit sa prière et dépêcha l'ange Gavriel (certains disent Mi'haël) lui révéler l'emplacement des objets. Elle les envoya ensuite à la cour.
[elle adressa à Yéhouda un message affirmant que même si elle devait être brûlée, elle ne révélerait rien du propriétaire de ces objets, et qu'elle s'en remet entièrement à D. pour être sauvée de la mort.
- "Il vaut mieux pour l’homme qu’on le fasse tomber dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à son prochain en public." (Rabbi Chimon bar Yo’haï – guémara Baba Métsia 59a) ;
- "Quiconque fait honte à son prochain en présence de tiers n’a pas de part au monde à venir." (guémara Baba Métsia 59a)]
[...]

Tout d'abord, Yéhouda fut tenté de nier que ces objets lui appartenaient, afin d'éviter une situation plus qu'embarrassante.
Puis, il pensa : "Il est préférable que je subisse la honte en ce monde plutôt que d'être humilié dans le monde futur en présence de mes ancêtres. Le feu terrestre peut être éteint, pas le feu céleste. Là-bas, il s'agit d'un autre type de brûlure."
[Méam Loez - Vayéchev 38,16 & 25 & 26]

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+ Le secret du nom "Yéhoudi" (juif) :

-> Avant d'aller avec elle, lorsque Yéhouda donna son sceau (bague) à Tamar, sa belle-fille, il la sanctifia. Comme il est rapporté dans le langage de Tossefot : "Tamar dit à Yéhouda : si tu me donnes un gage" = certains expliquent qu'il est allé avec elle après l'avoir épousée.
Comme il est dit : "Que me donneras-tu si tu viens vers moi"? = ce qui signifie : "comment vas-tu me sanctifier pour te marier avec moi légalement?"
Yéhouda lui répondit : "Je t'enverrai un chevreau ... Quel est le gage que je te donnerai"?
"Elle lui répondit : ton sceau, ta corde et ton bâton" = c'est-à-dire "la bague avec laquelle tu signes".
Yéhouda lui donna sa bague et la sanctifia avec son sceau ... Rachi ajoute que la "corde" signifie "le vêtement avec lequel tu te couvres"

=> D'après les paroles de nos Sages, ces 3 éléments donnés par Yéhouda à Tamar, à savoir la bague, la corde, et le bâton, représentent les composantes nécessaires pour réaliser un mariage sous la 'houpa : "le sceau" : c'est la bague; "la corde" : c'est la 'houpa, c'est-à-dire le vêtement placé au-dessus de la tête du 'hatan et de la kala; "le bâton" représente les piliers de la 'houpa."
Nous apprenons de là que la coutume d'Israël de sanctifier une femme avec une bague est en souvenir de Yéhouda, qui a lui-même sanctifié et épousé Tamar par son sceau.

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-> Le Zohar (Lé'h Lé'ha 89) enseigne que le nom יְהוּדָה (Yéhouda) se compose des lettres du Nom d'Hachem יהוה avec en supplément la lette dalét - ד , cette dernière faisant allusion au roi David (דוד), descendant de Yéhouda.
=> Pourquoi le Nom Divin entoure celui du roi David?

-> Les Sages nous ont enseigné que les événements se déroulant entre Yéhouda et Tamar étaient orchestrés par le Ciel, afin de rapprocher la délivrance, comme il est expliqué dans la guémara (Makot 23b) : "Yéhouda reconnut et dit : elle a raison, c'est de moi" (Vayéchev 38,26). Une voix céleste sortit du Ciel et proclama : "De Moi sont sorties les conquêtes".

Rachi explique que cela signifie : "c'est de Moi que sortiront 2 enfants qui vont conquérir le monde. Et en effet, dans le futur règneront le roi David, et le roi Machia'h".
Il est également expliqué dans le midrach (Béréchit rabba 85,1) : "Ce fut à cette époque, Yéhouda descendit d'auprès de ses frères" (Vayéchev 38,1). Rabbi Chmouel Bar Na'hman enseigne que les tribus étaient affairées dans la vente de Yossef, Yossef s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Réouven s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Yaakov s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Yéhouda s'était affairé à prendre une femme, et Hachem était occupé à créer les lumières du roi Machia'h".

-> Nos Sages enseignent : une grande néchama (âme) ne peut descendre dans le monde qu'en empruntant des voies tortueuses, en forme de labyrinthes, et ce, afin de tromper les forces du mal. Celles-ci ne peuvent ainsi formuler d'accusation et empêcher la venue au monde de cette âme spéciale.
Comme l'exprime clairement le Arizal (Likouté Torah Iyov) avec la sainteté de son langage :
"Lorsqu'une âme est très précieuse et de grande valeur, elle doit venir dans le monde parmi les forces de l'impureté ... Celles-ci se nourrissent de cette âme, et ne lui laissent aucun répit ... Leur intention est de rendre cette âme impure afin qu'elle reste constamment entre leurs mains et en leur pouvoir. Ainsi, la néchama est déposée en un endroit défectueux précisément (par les forces d'impureté) afin qu'elle puisse s'y détériorer davantage".

=> Pourquoi la Providence agit-elle ainsi? Pourquoi donc ces saintes âmes (néchamot kedochot) descendent-elles dans notre monde, dans des endroits qui sont, à nos yeux, discutables?
Le Sifté Cohen répond que Hachem a agencé le monde de cette manière afin que puisse venir le roi Machia'h, car au vu de la situation, le Satan n'est pas sur ses gardes et n'accuse point. En effet, le Satan pense que le roi machia'h ne peut provenir d'une union interdite, mais seulement d'une voie sainte et limpide ; aussi, il détourne son attention de cette sainte âme et la laisse descendre sur Terre dans notre monde.

Rabbi Méir de Prémichlan nous rapporte une allégorie à ce sujet : lorsqu'un commerçant, qui détient des marchandises de grande valeur, souhaite passer la frontière d'un pays sans payer d'impôts, il jette alors de la boue et de la terre sur toute sa marchandise, si bien qu'elle devient sale et nauséabonde. Ceci afin que les douaniers pensent que la marchandise est défectueuse et abîmée, donc sans valeur. Ainsi ils accepteront de le laisser entrer dans le pays sans payer d'impôts, car la marchandise obsolète est non imposable.
Une fois qu'il est entré dans le pays avec sa marchandise, il lui suffit de la laver et elle redevient propre comme elle l'était au départ ...

-> Le Bné Yissa'har (Tichri maamar 10) enseigne : "Sache que, par l'intermédiaire de la lumière encerclante, s'enfuient toutes les forces du mal, comme il est écrit : "Tous les peuples de la Terre verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et te craindront" (Ki Tavo 28,10) - "Le Nom d'Hachem est invoqué sur toi" = cela évoque précisément de la lumière qui nous encercle."
La source des propos de cet enseignement se trouve dans le Arizal (Chaar haKavanot daf 2), qui écrit : "Il n'y a rien qui puisse repousser les klipot (les forces de l'impureté) comme la lumière encerclante, car les forces du mal n'ont aucune emprise et ne peuvent se nourrir de la lumière encerclante"
Nous apprenons ici que le Nom d'Hachem (יהוה) symbolise la lumière encerclante, celle qui fait fuir les forces de l'impureté.

Le rav Pin'has Friedman commente :
À présent, nous comprenons pourquoi le Nom d'Hachem (יהוה), symbolisant la lumière encerclante, entoure la lettre dalet (ד) du nom Yéhouda (יהודה). Cela fait allusion au fait que le Nom d'Hachem encercla la néchama de David (דוד) de toutes parts, afin de la protéger des forces négatives. Et de la sorte, ces forces néfastes ne pourront jamais prendre le contrôle sur elle.

"Le Nom d'Hachem encercla la néchama de David (דוד) de tous les côtés". En hébreu, la lettre hé (ה) est constituée de 2 lettres assemblées : la lettre dalet (ד) en haut à droite et la lettre youd (י) inversée en bas à gauche.
Ainsi le Nom d'Hachem (יהוה) comporte en réalité 3 lettres youd dont 2 dissimulées à première vue : la première lettre qui est un youd classique, et les deux autres youd qui, avec le dalet, constituent les deux lettres hé. Si l'on retire ces 3 youd du Nom d'Hachem, on retrouve le nom David (דוד).
C'est par Yéhouda que naîtra le roi David et par lui descendra le Machia'h. Cette démonstration corrobore cette idée puisque ces 3 youd retirés du Nom d'Hachem ont pour valeur numérique 3 x 10 = 30 qui est la valeur numérique de Yéhouda (יהודה).

Dorénavant, nous comprenons pourquoi la Providence dirigea les événements de sorte que Yéhouda épousa Tamar en lui confiant son sceau portant le nom Yéhouda. Car de cette union naîtra le Machia'h ben David. Comme il est expliqué dans le Zohar Hakadoch (Lé'h Lé'ha 81) : "Le Roi David vit pour l'éternité et il sera le Roi Machia'h".
En effet, l'âme si précieuse du Machia'h ben David nécessitait une protection particulière. D'où la nécessité de la bague donnée par Yéhouda à Tamar, sur laquelle était inscrit le nom de Yéhouda (יהודה), formé des 4 lettres du Nom d'Hachem (יהוה), dont la lumière entoure la lettre dalet (ד) qui fait, elle, allusion au Roi David (דוד).

Désormais s'éclaircit également la profondeur des paroles de Rabbi Chimon Bar Yohaï, lorsqu'il commente la bénédiction de Yaakov notre patriarche à Yéhouda : "Yéhouda, toi, tes frères te reconnaîtront" (Vayé'hi 49,8) = tout le peuple juif sera appelé par ton nom : Yéhouda (Yéhoudim), et non par le nom d'une autre tribu.
Ceci vient nous enseigner que, de la même façon que le nom de Yéhouda contient le Nom d'Hachem, celui-ci enveloppant et protégeant l'âme de David, il en est de même pour tous les juifs. Lorsque nous observons la Torah et les mitsvot, nous sommes nous aussi entourés de lumières encerclantes qui soumettent nos ennemis, comme il est écrit : "Tous les peuples de la Terre verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et ils te craindront" (Ki Tavo 28,10).

Les golems

+++ Les golems (paracha Vayéchev) :

"Avraham courut vers le troupeau" (Vayéra 18,7)

-> Le Malbim commente que le veau s'est échappé, et que Avraham ne pouvant pas le rattraper, il a été obligé d'en créer un nouveau.
C'est le sens de la suite du verset (v.18,7) : "il s'est dépêché de le faire (laassot oto)".

-> Le grand-père du 'Hida, le 'Hessed léAvraham, écrit que Avraham créait du bétail en utilisant le Séfer Yétsira, comme il est écrit dans le verset : "le veau qu'il a fait (achèr assa)" (Vayéra 18,8).

D'ailleurs, le Malbim explique que c'est la raison pour laquelle Avraham a donné à ses invités (les anges) du lait et de la viande (mélange interdit selon la Torah).
Ceci n'a été possible, que parce que la viande qu'il leur a donné n'était pas de la vraie viande naturelle, mais une qu'il avait créé lui-même.

-> Le Raavad écrit que Avraham créait également des golems humains.
Cela peut se voir directement dans la lecture littérale des mots : "les gens qu'ils avaient faits (achèr assou) à 'Haran" (Lé'h Lé'ha 12,5).
[dans son Pirouch haRaavad léSéfer Yétsira 6,4]

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+ Les Golems dans la guémara :

---> Golem humain :

Rava créa un homme (un golem en utilisant les forces de la sainteté), et l'envoya voir Rabbi Zeira.
Rabbi Zeira commença à parler avec lui, mais celui-ci n'a pas répondu. [En effet, un golem ne possédant pas d'âme, n'a pas la capacité de parler]

Rabbi Zeira (réalisant que ce n'était pas réellement un homme) va s'exclamer : "Mon ami (Rava) a dû te créer. Retourne à ta poussière."
[guémara Sanhédrin 65b]

---> Golem animal :
Rav 'Hanina et Rav Ochia s'asseyaient ensemble tous les vendredis pour étudier le Séfer Yétsira (le livre de la création). Au travers de leur étude, un veau se créait, qu'ils mangeaient par la suite [en l'honneur du Shabbath].
[guémara Sanhédrin 67b]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Sanhédrin 65b) dit que manger de la viande qui a été créée par le Séfer Yétsira ne rassasie pas, ni ne nourrit le corps ... et sûrement on ne ressent pas le goût de la nourriture.
Si tel est le cas, pourquoi Rabbi 'Hanina and Rav Ochia ont-ils créé un veau la veille de Shabbath avec le Séfer Yétsira (en utilisant différents arrangements des lettres du Nom d'Hachem à partir desquels Il a créé le monde), et l'ont mangé pendant Shabbath?
Ils ont agi ainsi afin de montrer la puissance de la sainteté des Noms saints d'Hachem, qui [par exemple] ont permis de créer ces veaux.

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On peut citer certains emplois du Nom d'Hachem :
1°/ Rachi (Chémot 2,14) nous dit que Moché a utilisé le chem haméforach (le Nom Divin Havaya tel qu'il est écrit) pour tuer l'égyptien qui a frappé un juif ;
2°/ Rabbi 'Hanina and Rav Ochia se plongeaient dans les lois de la création (Séfer Yétsira) la veille de Shabbath, ils créaient un veau et le mangeaient. Cela était réalisé uniquement en combinant les lettres du Nom d'Hachem avec lesquelles le monde a été créé. [Rachi - guémara Sanhédrin 67b]
3°/ Rava créait un personne avec le séfer yétsira, puisqu'il avait appris comment arranger les lettres du Nom d'Hachem, avec lesquelles Il a créé le monde. [Rachi - guémara Sanhédrin 65b]

4°/ Rabbi Avraham Weinsberger (1805-1885) a une fois rendu visite au 'Hatam Sofer, et ils ont discuté de l'antisémitisme rampant de l'époque, en plus des difficultés à obtenir sa subsistance.
En raison cette situation, la émouna de nombreux juifs commençait à diminuer.
Rabbi Weinsberger a alors proposé au 'Hatam Sofer qu'il serait peut-être approprié d'utiliser les Noms saints d'Hachem pour créer un golem ou autre créature similaire, afin d'augmenter la émouna des juifs.
Le 'Hatam Sofer lui a dit : "Crois-moi. J'ai la capacité avec les Noms saints et la combinaison des Noms d'Hachem de créer un golem sans beaucoup d'effort, comme avaler un verre d'eau.
Mais la raison pour laquelle je ne le fais pas est à cause de la guémara (Yérouchalmi Yoma 3,7) qui dit que celui qui est familier avec le Nom Divin ne peut tirer aucun avantage d'autrui, et je tire avantage d'autrui puisque je reçois différentes choses des gens car je suis un rav".
[Shu"t 'Hatam Sofer - Ora'h 'Haïm 198]

5°/ Rabbi Shimshon d'Ostropoli enseigne que les noms : אדני et יהוה ont été utilisés pour ouvrir la mer Rouge.
Il est écrit : "Et toi, lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (véata arèm ét maté'ha ounété ét yadékha al ayam ouvkaéou - Béchala'h 14,16).
Si tu lève (arèm) les lettres de : "maté'ha" (ton bâton - מַטְּךָ), alors nous avons : ניל qui a une valeur de 90.
Ensuite, on va sous (nété) les lettres de : "yadé'ha' (ta main - יָדְךָ), nous avons : טגי qui a une guématria de 22.
Puis, au-dessus (al) des lettres de yam (mer - יָּם), on a : כנ, soit une valeur de 70.
Nous avons un total de 182 (soit : 90+22+70).
La dernière étape est "fends-la" (ouvkaéou), divise en deux 182 = 91, qui correspond à la guématria de la sommes de אדני et יהוה.

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-> Selon le Kouzari (maamar 4,25), l'auteur du Séfer Yétsira (livre de la création) est notre Patriarche Avraham.

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin écrit sur son maître le Gaon de Vilna :
"Le Séfer Yétsira était totalement clair pour lui depuis qu'il était enfant ...
En discutant d'une certaine partie du Séfer Yétsira avec lui, je lui ai dis que selon ce qu'il était en train de signifier, le fait de créer un golem est une grande tâche à accomplir.

Il m'a répondu qu'une fois, il a commencé à créer un golem, mais cependant en plein milieu du processus, une certaine image est passée dans sa tête, de laquelle il a compris qu'il ne devait pas continuer, car il était alors trop jeûne.
Je lui ai demandé quel âge il avait à ce moment là, et il m'a répondu qu'il n'avait pas encore 13 ans.

[Hakdamat Rabbi 'Haïm Volozhin au Biour haGra léSafra déTsniouta]

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-> Le Tséma'h David, un des principaux élèves du Maharal de Prague, a écrit un livre d'histoire, dans lequel il y a la biographie de son illustre maître.
Cependant, il ne mentionne à aucun moment qu'il a créé un golem.

De même, le 'Hida a écrit le livre : Shèm haGuédolim, qui consiste en des biographies des personnages importants de l'histoire juive.
Il y rapporte que Rabbi Eliyahou Baal Chem (1550-1583) a créé un golem, mais en abordant le Maharal de Prague, il ne faut aucune mention de cela.

=> Il semblerait que le Maharal de Prage n'a jamais créé de golem.

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-> Rabbi Yaakov Emden (le Yaavets), fils du Chacham Tzvi, qui était lui-même le petit-fils de Rabbi Eliezer Baal Chem de Chelm, raconte que son ancêtre a créé un golem qui a beaucoup trop grandi, au point qu'il a décidé de le tuer.
Au moment où son ancêtre essayait de faire cela, le golem l'a griffé à son visage.
[Le 'Hida rapporte qu'ayant beaucoup grandi, il a craint qu’il ne détruise le monde, c’est pourquoi il a enlevé le Nom de D. de son front et il est retourné à la poussière.]

Rabbi Yaakov Emden aborde également le fait qu'un golem ne peut pas compter dans un minyan, car il n'a pas la capacité de parler ou d'entendre.
[Chéélat Yaavets - vol.2, 82]

-> Le 'Hida (Birké Yossef - Ora'h 'Haïm 55,4) écrit :
"Il n’y a pas de doute qu’un tel homme a le même statut que quelqu’un qui est sourd-muet. En effet, quand on crée un tel homme, il n’a la force que de respirer, donc il ne peut certainement pas participer à un minyan, car il est comme un homme qui n’entend pas et ne parle pas, il ne participe pas à un minyan."

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"Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

-> Rachi rapporte : Tout ce qu’il voyait de mal chez ses frères, les fils de Léa, il le rapportait à son père.
Il s'agit du fait : qu’ils mangeaient de la viande arrachée à des animaux vivants, qu’ils humiliaient les fils des servantes en les traitant de serviteurs, qu’ils étaient soupçonnés d’actes de débauche.

=> Comment comprendre que ces enfants de Yaakov, si justes (à l'origine de tribus!) puissent commettre de telles fautes?
Et s'ils ne les ont pas commises comment Yossef a-t-il pu dire de tels mensonges à leur sujet?

D'ailleurs, le Chla haKadoch fait remarquer que l'utilisation du terme : "vayavé" (rapportait - וַיָּבֵא), et non pas : "véotsi" (mot impliquant le fait d'inventer une histoire), implique que les frères avait réellement fait ce que Yaakov a rapporté.

-> Le Chla haKadoch répond en rapportant que Avraham a écrit le Séfer Yétsira, et qu'il l'utilisait pour créer des golems.
Il a ensuite transmis ce livre à Its'hak, qui l'a passé à Yaakov, qui l'a alors transmis aux enfants de Léa, puisqu'ils avaient une généalogie plus pure que celle des servantes : Bila et Zilpa.

Utilisant le Séfer Yétsira, les enfants de Léa, ont créé des animaux (cf. à l'image de rav 'Hanina et rav Ochia ci-dessus).
Un animal qui est créé de cette façon ne nécessite pas d'abattage rituel (ché'hita), et l'interdiction de manger de sa chair alors qu'il est toujours vivant (Sanhédrin 65b), ne s'applique pas.
Yossef a été témoin de ses frères agissant ainsi, mais il n'a pas réalisé que l'animal en question n'était pas un vrai.

De plus, ses frères créaient des golems sous une forme féminine, et lorsque Yossef a vu ses frères marchant avec une femme, il a supposé à tord que c'était une vraie femme.

Par ailleurs, lorsque les enfants de Léa étaient en train d'étudier le Séfer Yétsira, et que leurs autres frères souhaitaient les rejoindre, ils l'interdisaient au motif qu'ils étaient les enfants de servantes (et non d'une lignée généalogique directe menant à Avraham).
Yossef ne voyant pas toute l'histoire, a rapporté à Yaakov qu'ils humiliaient les enfants de Bila et Zilpa, en les traitant de serviteurs.

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-> Yossef raconta à son père que ses frères consommaient de la chair d'un animal vivant, ce qui constitue un interdit des 7 lois noa'hides (guémara Yérouchalmi Péa 1,1).
En réalité, les frères de Yossef ne souhaitaient pas prendre des animaux du troupeau de leur père. Ils avaient appris de leur père les profondeurs des secrets de la Torah. Or lorsqu'ils voulaient manger de la viande, ils utilisaient la kabbala pour créer un animal à partir de rien. Ce type d'animal ne nécessite pas de ché'hita réglementaire.
Yossef n'ayant pas encore atteint l'âge de 20 ans, il n'avait pu recevoir de Yaakov l'enseignement de cette sagesse et donc ne connaissait pas ces choses.
Il pensa, par conséquent, que ces animaux nécessitaient un abattage rituel d'après la halakha.
[...]

De plus, la guémara (Sanhédrin 59b) demande s'il est possible que la viande tombe du Ciel?
La guémara répond par l'affirmative et rapporte l'histoire de Rabbi Chimon ben Halafta qui rencontra en chemin des lions affamés qui voulaient le dévorer. Il mentionna donc le verset : "Le lionceaux rugissent après la proie, demandant à D. leur pâture" (Téhilim 104).
Deux morceaux de viande tombèrent alors du Ciel pour épargner Rabbi Chimon. Le premier morceau fut dévoré par les lions, Rabbi Chimon emporta au beit hamidrach le second morceau et demanda si cette viande était impure et inapte à la consommation ou si elle était pure et consommable.
Il fut répondu qu'il n'y a rien qui ne tombe du ciel qui soit impur.
[Tsor ha'Haïm]

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-> Les liens entre Yossef et ses frères commencèrent à se détériorer quand il fit des rapports négatifs à leur père, Ya'acov. L’une d’elles concernait le "Ever min ha'haï" : les frères consommaient d’un animal abattu tandis que le corps de l’animal continuait de bouger (ce qu’on appelle "méfarkesset"). Yossef pensait qu’ils transgressaient l’interdit de Ever min ha’haï, consommer d’un animal qui vit encore.

Le Parachat Dérakhim (darouch 1) précise que d’après les lois de la Torah pour les Bné Israël, une fois l’animal abattu, il est autorisé d’en consommer les membres, même s’il remue encore. Mais selon la loi pour les Bné Noa’h, même si l’animal a été tué, tant qu’il bouge, il est considéré comme vivant et il est alors interdit de le consommer.

Le Parachat Dérakhim ajoute que les frères se considéraient comme des Bné Israël en tous points et qu’il leur était donc parfaitement permis de manger la bête même si son corps remuait encore.
Yossef était d’accord sur ce statut des Bné Israël, mais du fait de sa sublime vertu, il estimait qu’il ne devait prendre compte de ce rang que quand la Halakha était plus exigeante. Par contre, quand le statut de Ben Israël permettait plus de souplesse, il agissait avec rigueur, comme s’il était un Ben Noa’h.
Le fait qu’il ait été très strict envers lui-même n’aurait certainement pas dérangé les frères, mais ce qui posa problème, c’est que Yossef pensait qu’ils devaient être aussi rigoureux que lui.
Il alla jusqu’à informer Yaakov qu’ils transgressaient l’interdit de Ever min ha'haï en consommant d’un animal qui remuait encore (ce qui n’est interdit que pour les Bné Noa’h).

-> Le rav Yéhonathan Gefen commente :
Comme c’est toujours le cas, nos Sages mettent en avant les défauts des grands personnages de la Torah et grossissent leurs erreurs pour qu’elles nous touchent, à notre niveau. Ainsi, il semblerait que l’erreur de Yossef ait été de vouloir imposer ses exigences personnelles aux autres, ce qui engendra en un profond ressentiment de leur part.

Ce développement nous permet donc de tirer la leçon suivante : il ne fait pas imposer ses comportements louables ou exigences à autrui.
Ceci s’applique également à la façon dont nous considérons les personnes qui ne sont pas à ce niveau ; lorsqu’une personne fait preuve d’une certaine rigueur en matière de Halakha, elle a tendance à regarder de haut les individus qui n’agissent pas de la sorte. Les dégâts causés par cette attitude supplantent les bénéfices de la bonne action en question.
Un grand Rav dit à quelqu’un qui voulait s’imposer une nouvelle ’Houmra que si, à cause de celle-ci, il allait regarder les autres de haut, il valait mieux s’en abstenir, car le fait de se sentir supérieur aux autres entraîne un préjudice qui outrepasse le bénéfice apporté par la nouvelle exigence.

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+ Bonus (b'h) : Yossef et le lachon ara :

-> "... avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, épouses de son père ; Yossef rapportait des paroles médisante sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

Comment est-ce que Yossef a-t-il pu dire du lachon ara sur ses frères?

Il a bien respecté les 3 conditions cumulatives permettant de rapporter des paroles dénigrantes :

1°/ Si on a pu dire à cette personne d'arrêter son mauvaise action, et qu'elle ne nous a pas écouté, alors nous pouvons le dire à quelqu'un d'autre que cette personne sera susceptible d'écouter.

"avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa" = Yossef a essayé de les faire changer, mais ils ont répondu que s'il se permettait de dire cela, c'est uniquement parce qu'ils sont les fils des servantes, et qu'il pensait être meilleur qu'eux.

2°/ On doit rapporter exactement ce qui s'est passé sans ajouter d'opinion subjective.

"Yossef rapportait (des paroles)" (vayavé Yossef) : le verset utilise : "rapportait" plutôt que : "disait/racontait", afin de signifier qu'il répétait exactement l'histoire sans aucunement l'enjoliver.

3°/ On ne doit pas tirer de profit du fait de donner l'information.

"à leur père" (el avihem) : Yossef ne dit pas : "à son père", car il ne souhaitait obtenir aucun honneur, aucune faveur de son père pour son comportement. Son seul désir était que leur père à eux (Yaakov) puisse les influencer afin qu'ils changent leur comportement pour le mieux.

"Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un bouc et trempèrent la tunique dans le sang" (Vayéchèv 37,31) <-> Pessa'h

Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que dans toute la Torah, on trouve 2 fois la mention de "tremper" :

-> une 1ere fois : au sujet des frères de Yossef et de la manière dont ils ont trempé sa tunique dans le sang (cf. verset ci-dessus) ;

-> une 2e fois : paracha Bo (Chémot 12,2), il est écrit : "Vous prendrez un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui se trouve dans la coupe et vous toucherez le linteau et les 2 montants avec le sang qui se trouve dans la coupe".

Le Ben Ich 'Haï dit que la pratique de tremper 2 fois pendant le Séder de Pessa'h (cf. le ma nichtana où l'on pose la question : "Pourquoi trempe-t-on 2 fois alors, que les autres nuits, on ne trempe pas même une fois ?"), vient afin de faire un parallèle avec ces 2 mentions de "tremper" dans la Torah.

Il semble évident que la 2e mention est en lien avec Pessa'h.
Mais que vient faire le trempage de la tunique de Yossef dans le sang avec la fête de Pessa'h, au point où nous devons le commérer pendant le Séder?

Le Ben Ich 'Haï de donner la réponse suivante.
Les juifs ont terminé l'esclavage en Egypte (cf. la 2e mention dans la Torah), parce qu'il y a eu à l'origine de la haine et du lachon ara, dont le 1er trempage fait partie.

Ainsi, les 2 sont liés : le 1er (la tunique) a été un catalyseur entraînant l'arrivée de Yossef en Egypte, qui a entraîné ensuite celle de tout le peuple juif, et c'est cela qui a rendu possible le 2e : la délivrance.

A la fin de la Haggada de Pessa'h, lorsque nous souhaitons sincèrement : "l'année prochaine à Jérusalem" (léchana aba bé'Yérouchalayim), nous voulons qu'ait lieu la délivrance (guéoula - 2e trempage), mais pour que cela devienne une réalité, nous devons revenir à l'origine du 1er trempage : arrêter de dire du lachon ara et d'avoir de la haine entre nous.

En effet, les 2 étant liés, si nous désirons l'un, nous devons forcément vouloir l'autre, pour que cela se réalise.

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-> Le rabbi de Radzymin (Bikouré Aviv) s'interroge : pourquoi devaient-ils convaincre leur père que Yossef avait été tué?

La réponse est que tant qu'il existerait même une chance infime qu'il puisse revenir, alors Yaakov aurait un bita'hon parfait dans le fait que Yossef soit encore en vie.
En effet, selon nos Sages : "Même si une épée tranchante est posée en travers de notre gorge, on ne doit pas se retenir de prier pour [bénéficier de] la miséricorde Divine" (guémara Béra’hot 10a).
Yaakov qui avait un bita'hon a un niveau extrêmement élevé, aurait une confiance totale en Hachem que Yossef reviendrait.
Or, lorsque nous avons confiance en Hachem de tout notre cœur, alors cela amène l'aide Divine.
Yaakov avec son niveau phénoménal de bita'hon et de prières, aurait amené l'aide Divine à libérer Yossef d'Egypte, et à le ramener à la maison.
Yossef risquerait alors de tout raconter à son père, et Yaakov serait en colère contre eux.
Ils ont donc égorgé une chèvre, trempé la tunique de Yossef dans le sang, et l'ont transmise à leur père pour qu'il pense que Yossef a été tué.
Yaakov arrêterait alors de prier, et de témoigner du bita'hon ...

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-> Le fait de devoir attacher plusieurs hysopes en une botte (cf. 2e trempage), est un symbole de l'unité du peuple juif, qui est une condition préalable à une libération de l'exil.

-> Selon le midrach, en Egypte, aucun juif n'a dit de lachon ara sur une autre personne, rectifiant par là la faute des frères de Yossef.

Rabbi Mattisyahou Salomon dit : "En faisant de même à notre époque, nous pouvons également espérer quitter l'exil actuel".

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+ Nissan : le mois de la parole

-> Le mois de Nissan (ניסן) a une guématria de 170, soit celle de 2 fois le mot : "bouche" (pé - פה).
Par ailleurs, le mot : Pessa'h (פסח) se décompose en : "pé sha'h" (la bouche parle - פה סח).
Or, le mot : sha’h (סח) a pour valeur numérique 68, tout comme le mot : haïm (la vie – חיים). Ainsi, Pessa'h = pé sa’h = la bouche de la vie!

A l'opposé, notre ennemi en Egypte était : Pharaon (פרעה), dont les lettres peuvent former : "pé ra" (la bouche mauvaise - פה רע).

=> En Nissan (dont Pessa'h), nous devons tout particulièrement travailler sur le pouvoir énorme qu'a notre bouche : émettre des paroles de vie, des paroles de mort. En ce début d'année juive (naissance du peuple juif), nous devons choisir la vie!

-> Selon le Zohar, l'essentiel de la guéoula d'Egypte a été la guéoula de la parole (guéoulat hadibour), c'est-à-dire la capacité d'apprendre à utiliser convenablement sa parole.
[rav Karelenstein - Kountres léPessa'h - p.56]

"[Yaakov] la reconnut et dit : La tunique de mon fils! Une bête sauvage l'a dévoré! Yossef a sûrement été déchiqueté (tarof toraf Yossef) " (Vayéchev 37,33)

En exprimant sa peur que Yossef ait été tué, Yaakov emploie : "tarof toraf", qui littéralement signifie : "déchiré déchiré".
Pourquoi emploie-t-il cette expression redondante?

-> Le Nétsiv répond que c'est comme si Yaakov disait : Cela aurait été déjà suffisamment tragique qu'il ait été tué par un homme ... mais comment se peut-il qu'il ait été tué par un animal, une créature qui n'a pas de libre arbitre?

Puisque cela serait un drame encore plus grand, Yaakov exprime son chagrin sur cette double circonstance (il est tué, et en plus par un animal), par l'emploi d'une expression redondante.

-> La guémara (Sanhédrin 38b) et le Zohar, enseignent qu'une bête sauvage ne peut pas prendre le dessus sur un homme, sauf si cette personne lui apparaît comme un animal.

Yaakov pensait que Yossef était un tsadik.
Comment se peut-il alors qu'il ait été comme un animal aux yeux de la bête sauvage?

Etant profondément troublé, il a employé le mot : "déchiré" par 2 fois.

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+ "Une bête sauvage féroce ('haya raa) l'a dévoré"

=> Y a-t-il une bête sauvage qui est féroce et une bête sauvage qui n'est pas sauvage?

-> Le Séfer Birkat Eliyahou explique que Its'hak avait été ligoté sur l'autel (lors de la Akédat) et avait donné sa vie pour la sanctification du Nom de D., mais un bélier avait été offert à sa place et cela avait été considéré comme si lui-même avait été brûlé.
Or le feu du Ciel qui était descendu sur l'autel avait la forme d'un lion, c'était donc une "bête sauvage non féroce".

=> C'est de cela que Yaakov se désolait en disant : "Une bête sauvage féroce l'a dévoré", comme quelqu'un qui se plaint : Si seulement c'était une bête bénéfique qui l'avait dévoré, c'est-à-dire un feu dévorant venu du Ciel sous la forme d'un lion, et non une bête féroce corporelle, qui est comparée à une "bête sauvage féroce".

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+ "Yaakov déchira ses vêtements [de douleur], et il mit un cilice sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils" (Vayéchev 37,34)

-> Yaakov porta le deuil de Yossef durant 22 ans.
Yossef avait 17 ans quand il fut vendu (v.37,12), et 30 lorsqu'il parut devant Pharaon (v.41,46) => soit 13 ans.
Puis vinrent les 7 années d'abondance, ce qui donne 20 ans.
Enfin, Yaakov émigra en Egypte après 2 ans de famine (v.45,6), et on obtient donc un total de 22 années écoulées.

Yaakov a subi ces 22 années de chagrin pour avoir négligé d'honorer ses propres parents pendant 22 ans.
Il avait séjourné 20 ans chez Lavan, 18 mois à Souccot, et 6 mois à Béthel, soit 22 ans en tout.
[les 14 années durant lesquelles il demeura à la yéchiva ne sont pas prises en compte car l'étude de la Torah prime sur les obligations filiales].

=> C'est pourquoi Yaakov dit à Lavan : "J'ai passé, moi, 22 années dans ta maison" (Vayétsé 31,41). Ces 22 ans furent pour moi comptées contre moi [à l'inverse de celles à la yéchiva]. Ces années vont me coûter très chères, elles m'ont empêché d'accomplir le commandement d'honorer mes parents."

De plus, Yaakov subit également ce châtiment pour la peine causée à Its'hak lorsqu'il s'attribua la bénédiction d'Essav, puisque la Torah souligne que "Its'hak fut saisi d'un frayeur extrême" (Toldot 27,33).
Or, Hachem exige des tsadikim la perfection.
Its'hak fut victime de la ruse de Yaakov grâce aux peaux de chèvres dont celui-ci s'était recouvert les bras. De la même façon, Yaakov devait lui aussi être abusé au moyen d'un chevreau ; ses fils tuèrent un chevreau, tempèrent le vêtement de Yossef dans le sang de celui-ci, et dirent qu'une bête sauvage avait dévoré leur frère (v.37,31).
Le châtiment est toujours en rapport avec le crime commis.
[Méam Loez - Vayéchev 37,34]

[selon le Maharam Shif (sur guémara Guittin 57b), c'est uniquement lorsque le sang d'un chevreau et du sang humain sont regardés ensemble qu'on peut voir la différence entre eux. Lorsqu'ils sont vus séparément, ils se ressemblent beaucoup.]

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+ "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler ; mais il refusa toute consolation et dit : "Non! Je rejoindrai, en pleurant, mon fils dans la tombe!" Et son père continua de le pleurer." (Vayéchev 37,35)

-> L'expression "son père" se réfère au père de Yaakov : Its'hak.
Lorsque Its'hak était en présence de son fils, il prenait le deuil avec lui, par respect pour ses sentiments.
Mais une fois seul, il abandonnait ce faux-semblant. En effet, Its'hak savait que Yossef était bel et bien vivant, mais il refusait de le révéler à Yaakov.
Il se disait : "Si D. lui-même ne souhaite pas le lui dévoiler par la voie prophétique, pourquoi le devrai-je?"

En principe, on ne doit pas prendre de position extrême. Quelle que soit la tragédie qui advienne, il faut faire preuve de patience. Dans cette optique, le comportement de Yaakov échappe à notre compréhension.
[...]

Yaakov demeura plongé dans un profond deuil jusqu'à ce que Yossef fut sorti de prison et occupa un rang très important en Egypte. Dès ce moment, son deuil s'allégea, car une intuition prophétique lui apporta une lueur d'espoir au sujet de son fils disparu. Il ignorait de quelle manière cela se concrétiserait, mais il savait seulement que tout se terminerait bien.
[Méam Loez - Vayéchev 37,35]

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-> Le Sifté Cohen explique que certes Its'hak savait par inspiration Divine que Yossef était vivant, mais Hachem a décidé de tenir Yaakov dans l'ignorance pour permettre à la trame des événements qui aboutiront à sa descente en Egypte de se mettre en place.

[d'une certaine façon, c'est une miséricorde Divine à l'égard de Yaakov, car normalement pour que le décret d'exil et de servitude se réalise, c'est chargé de chaînes et avec un collier d'esclave que Yaakov aurait dû être conduit en Egypte. Finalement, seul Yossef subira ce sort, tandis que Yaakov descendra en exil couvert d'honneurs, pour retrouver son fils devenu vice-roi d'Egypte.]

-> Its'hak, sachant qu'il était vivant, faisait mine de pleurer Yossef en présence de Yaakov, mais les larmes qu'il verse sont sincères car il sait qu'il ne reverra plus jamais son petit-fils.
Le midrach (Téhilim 15) rapporte que Binyamin savait également par prophétie que son frère est en vie, mais il respect le serment ('hérem) des frères de ne rien révéler ce qui a été fait à Yossef.

-> Pour Yaakov, la perte de Yossef, c'était une tragédie d'autant plus grande que la disparition d'une des tribus empêcherait la création du peuple d'Israël.

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-> "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler"

=> Que vient nous apprendre l'utilisation de : "tous ... toutes"? On on aurait pu avoir simplement : "ses fils et ses filles se mirent en devoir de le consoler".

Rabbi Shalom Its'hak Lévitan explique qu'il est dit dans la guémara (Moéd Katan 27b) : "Celui qui souffre trop pour son mort, risque de pleurer pour un autre mort".
C'est pourquoi les tribus, quand ils ont vu que leur père Yaakov pleurait trop son fils et n'acceptait aucune consolation, se sont toutes rassemblées : les fils, les filles et les petits-enfants, y compris les bébés, sans aucune exception, et ils lui ont dit :
"Notre père, selon ce qu'on dit les Sages, que "celui qui souffre trop pour son mort risque de pleurer pour un autre mort", il semblerait qu'un membre de la famille risque de manquer. Tu as donc de là un preuve absolue que Yossef est encore vivant, sinon comme tu l'as trop pleuré, ainsi qu'il est écrit : "il pleura sur son fils de nombreux jours", quelqu'un d'autre de nos frères aurait dû mourir, or nous avons vu que personne d'entre nous en maque, et ce doit être pour toi la consolation de savoir qu'il est vivant."

=> C'est pourquoi le verset dit 2 fois : "tous ... toutes" = pour nous enseigner que tous les fils et toutes les filles sont venus, il ne manquait pas une seule personne, pour le consoler par le fait que s'ils se trouvaient devant lui, cela prouvait que Yossef était vivant.

"Il [Yossef] ne l'écoutait pas pour reposer près d'elle, pour être avec elle" (Vayéchev 39,10)

-> "Elle a tenté de le séduire par tous les moyens possibles : par des paroles, en changeant continuellement de toilette, en le menaçant de le faire jeter en prison, de l'humilier et de le rendre aveugle, et en faisant miroiter à ses yeux la perspective de recevoir d'énormes sommes d'argent"
[guémara Yoma 35b]

-> Rachi rapporte la guémara (Sotah 3b), où elle souhaitait qu'il s'allonge près d'elle, même sans avoir de rapports.

Elle essayait de l'attirer en lui faisant comprendre : viens au plus proche de moi, comme cela tu acquerras plus de mérites pour le fait de m'avoir résisté.

-> La guémara (Avoda Zara 5a) explique :
- "pour reposer près d'elle" : comme faisant référence à ce monde. Yossef ne voulait pas fauter avec elle.
- "pour être avec elle" : cela fait allusion au monde à venir.

Yossef avait compris que fauter avec la femme de Potiphar dans ce monde entraînerait le fait d'être avec elle dans le monde à venir.

-> Dans cette même guémara (Avoda Zara 5a), il est également écrit :
"Lorsqu'une personne réalise une mitsva dans ce monde, la mitsva le précède et va devant lui dans le monde à venir.

Chaque faute qu'une personne commet va l'envelopper et l'accompagner au jour du jugement.
Selon Rabbi Eliézer, une faute nous devient liée comme peut l'être un chien."

Le Maharcha explique qu'une entité spirituelle est créée lorsque l'on réalise un mitsva ou une avéra.
L'accomplissement d'une mitsva va créer un défenseur pour son auteur, tandis que l'accomplissement d'une avéra (faute) va créer un accusateur pour son auteur.

Lorsque l'on raccompagne quelqu'un d'important, on est devant lui.
Lorsque l'on escorte un malfrat, on est derrière lui, pour parer à toute éventualité de fuite.

De même, l'ange créé par une mitsva va nous "précéder et aller devant" son auteur, annonçant l'arrivée d'un homme juste.
Tandis que l'ange créé par une avéra "va envelopper et accompagner" son auteur, l'amenant à son destin en enfer.

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-> A ce sujet, le Yéchouot Yaakov rapporte un passage de la prière de Arvit : "retire le Satan de devant nous et de derrière nous" (véasser Satan miléfanénou ouméa'harénou).

Une explication est que l'attaque du yétser ara peut venir de tous les côtés.

Mais, il apporte également une autre explication :
- "de devant nous" = avant la faute, le Satan essaie de nous tenter et de nous leurrer par des plaisirs matériels. Il se met devant nous et cherche à vendre sa marchandise.

Marchant devant, il se fait passer à nos yeux pour quelqu'un escortant une personne importante (nous), au point que l'on en oublie d'être fidèle à Hachem.
[je suis quelqu'un de tellement grand, que Hachem et sa volonté en deviennent inexistant!]

- "de derrière nous" = après que nous ayons fauté, ce même Satan va nous pousser et nous guider vers un destin épouvantable.

En général après une faute, le yétser ara cherche à nous faire culpabiliser (je suis vraiment un moins que rien!), à envelopper en nous de la tristesse, ce qui a le pouvoir de nous entraîner au plus bas.

Marchant derrière, il se fait passer comme accompagnant un bandit (nous), cherchant à entretenir cette phase de déprime destructrice suite à nos regrets.
[de toute façon je suis quelqu'un de tellement mauvais, que c'est normal si je fais de actes mauvais! Pourquoi faire de bons actes, vu comment je suis un racha!]

-> Le rav David Abehssera donne une autre explication de ce passage :
- "de devant nous" = il s'agit des mitsvot positives, ce que nous devons faire. Notre yétser ara se tient devant nous et fait tout pour nous empêcher de l'accomplir, en anesthésiant nos envies d'avancer spirituellement.
- "de derrière nous" = il s'agit des mitsvot négatives, ce devant quoi nous devons fuir/reculer. Notre yétser ara se tient derrière nous, nous barrant la route et nous poussant à avancer vers la faute.

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
- "de devant nous" = le yétser ara essaye de bloquer notre route lorsque nous voulons faire une mitsva ... Il essaye de mettre des embûches sur notre chemin, de nous montrer combien est dure à réaliser cette bonne action que nous désirons faire, et nous dissuader de mettre en application nos bonnes intentions.
Ce Satan là : nous demandons à Hachem de le retirer.
- "de derrière nous" = ici le rôle du yétser ara est de nous pousser à fauter, d'aider, d'assister, ainsi il réussit à nous leurrer facilement et à nous conduire dans la proximité des péchés ...
Pour être également sauvé du yétser ara, une aide divine particulière est nécessaire, c'est pour cela que nous prions qu'Hachem retire le Satan de derrière nous.

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-> "Écarte-toi du mal et fais le bien" (Tehilim 34,15).
Au-delà de la compréhension littérale, le Beth Avraham nous éclaire de la façon suivante :
Quand on souhaite faire de bonnes choses, le mauvais penchant se présente avec les montagnes de fautes que l'on a commises, non pas pour qu’on s’en repente, mais plutôt pour nous décourager de réaliser la bonne action.
Ainsi, "écarte-toi du mal" : ne considère pas le mal que tu as commis (si cela n'est pas constructif) ; "et fais le bien" : comme si tu n’avais jamais fauté.

["de derrière nous" : le yétser ara peut également tenir des propos opposés : "Quel tsadik tu es! Combien de belles actions/mitsvot tu as pu faire! Tu mérites bien de te laisser un peu aller, juste un peu, comme cela après tu auras encore plus de forces pour les mitsvot."
Il ne peut pas nous faire fauter directement, alors il cherche à ce que l'on fasse moins, petit à petit, jusqu'à tomber (à l'image d'une minuscule mite qui va à force de persévérance faire s'écrouler un imposant bâtiment!).]

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Ainsi, Yaakov avait conscience que s'il fautait, ce ne serait pas l'histoire d'un moment, car il serait alors lié avec elle par la faute, dans le monde à venir.

=> Avant tout acte demandons-nous : "Qu'est-ce que je gagne? Qu'est-ce que je perds?", car c'est vraiment dommage de devoir se retrouver à payer un prix très très élevé pour une consommation aussi éphémère.

Dans le monde à venir, est-ce que nous voulons être entouré d'anges qui crient nos bonnes actions dans ce monde, ou bien, voulons-nous être enveloppé par des anges qui hurlent toutes nos fautes?

Ce monde est éphémère, mais ses conséquences sont éternelles ...

NB: La téchouva sincère par amour a le pouvoir de transformer un accusateur (derrière nous) en défendeur (devant nous), dans le cas où nous n'avons pas fauté en sachant que nous pourrions ensuite y faire téchouva.

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"Ce fut, quand elle (la femme de Potiphar) lui parlait (à Yossef) jour après jour, et qu’il ne l’écoutait pas" (Vayéchev 39,10)

Nos Sages disent que la femme de Potiphar pensait que c’était une volonté Divine qu’elle ait un enfant de Yossef, d’après ce qu’elle voyait dans les astres. Mais en fait, même Yossef avait un doute et pensait qu’elle avait peut-être raison, ce qui lui rendait l’épreuve bien plus dure.
Seulement, quand Yossef vit son insistance ("jour après jour"), il comprit que ce n’était pas une bonne chose et qu’au contraire, cet acte émane du mauvais penchant.
En effet, l’habitude du bon penchant est de dire une fois ou deux à l’homme de faire une mitsva, puis il le laisse le suivre ou non. Mais, quand on voit que dans un sujet, on ressent au fond de soi une insistance incessante, alors on peut en conclure que cela provient du mauvais penchant, qui ne cesse de pousser l’homme à la faute, jusqu’à ce qu’il cède, D. Préserve.
=> Ainsi, quand on sent une grande insistance, souvent il ne faut pas suivre ce chemin.
[le 'Hidouché haRim]