Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Et voici les noms des enfants d'Israël qui viennent (aba'im) en Egypte avec Yaakov, chacun était venu (baou) avec sa maisonnée" (Chémot 1,1)

=> Pourquoi la Torah change-t-elle le temps du verbe venir dans ce verset?
On effet, on a "qui sont en train de venir" (aba'im = du présent) et "était venu" (baou = au passé).

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) explique que lorsque les juifs étudient la Torah, même lorsqu'ils sont en dehors d'Israël, c'est comme s'ils vivaient en terre d'Israël.
Lorsqu'ils s'arrêtent d'étudier la Torah, ils tombent dans la galout (exil) de la terre où ils vivent.

Ainsi au début, lorsque le peuple juif est arrivé en Egypte, ils étaient occupés à étudier la Torah, et ainsi ils ont transporté la terre/l'atmosphère sainte d'Israël en Egypte. Ils avaient une yéchiva en Egypte, et c'était comme s'ils vivaient en terre d'Israël.
C'est pourquoi, il est écrit : "ich oubéto baou" (chacun était venu avec sa maisonnée) = ils sont venus avec les maisons qu'ils avaient en Israël.

Ensuite il est écrit : "Yossef mourut, ainsi que tous ses frères, ainsi que toute cette génération ... ils remplirent la terre" (Chémot 1,6-7). Le midrach (Yalkout Chimoni Chémot 1) explique que les Bné Israël remplissaient les cirques and théâtres.
Ils ont cessé d'étudier la Torah et profitaient de la culture égyptienne. C'est pourquoi il est alors écrit : "aba'im mitsrayéma" (vinrent en Egypte) = le temps est au présent (et non au passé), car c'est comme s'ils n'arrivaient que maintenant en Egypte [la galout].

[avant bien que physiquement en Egypte, ils ne vivaient pas en Egypte et étaient comme en terre d'Israël. Ce qui ne fut plus le cas à partir du moment où ils cessèrent l'étude de la Torah
Ceci explique l'emploi du présent (aba'im) et du passé (ba'ou) dans le verset. ]

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-> "Le pays en fut empli" (Chémot 1,7)

Le midrach explique que les juifs se sont mêlés aux égyptiens dans leurs théâtres et leurs cirques.

"Pharaon donna un ordre ... Vous ne continuerez pas à donner la paille au peuple pour fabriquer les briques ... qu'ils aillent eux-mêmes et ramassent leur paille. Quant au quota des briques qu'ils fabriquaient ... vous [le] leur imposerez, ne le réduisez pas ..." (Chémot 5,6-7)

=> Si Pharaon voulait rendre plus difficile la vie des juifs, pourquoi ne leur a-t-il pas simplement demandé de produire davantage de briques? Pourquoi voulait-il le même quota?

Le rabbi de Skver explique que le plan de Pharaon était de contraindre les juifs à traverser l'Egypte pour trouver de la paille.
Il voulait qu'ils quittent les 4 coudées de leur environnement personnel pour s'habituer, pour s'imprégner de la culture égyptienne.
Il voulait leur abîmer les yeux, car ensuite les égyptiens auraient le dessus.

-> Lorsqu'un juif regarde ce qu'il ne doit pas observer, alors la sainteté d'Israël qui est en lui le quitte.
[le Beit Aharon - sur Yéchayahou 27,6]

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication de nos Sages sur le verset (Yéchayahou 59,18) :
- "ché'i chaviv éné'ha" = lève tes yeux [de visions interdites] ;
- "our'i koulam nikbétsou baou la'h" = [et alors] tu verras les nombreux anges [que cette bonne action a créé], se rassemblant autour de toi [et te protégeant.]

-> Dans le kidouch nous disons : "acher kidéchanou bémitsvotav vératsa banou" (qui nous a fait saints avec Ses mitsvot et qui nous désire).
Normalement, nous devrions dire l'inverse : "Il nous désire, et ainsi Il nous a fait saints avec ses mitsvot".
Le rabbi Moché Mordé'haï de Lelov explique que Hachem nous désire car nous faisons le maximum pour être saints.
[D'une certaine façon, chacun de nos efforts pour être kadoch, renforce le désire d'Hachem pour nous!]

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-> "Vous ne continuerez pas (lo tossifoun - לֹא תֹאסִפוּן) à donner la paille"
Le rabbi David de Lélov explique que : לא תאספון signifie : "vous ne vous rassemblerez pas" (lééssof - rassembler - לאסוף).
Le peuple juif avait l'habitude de se rassembler pour échanger ensemble des paroles de émouna.
Pharaon craignait ces rassemblements, et c'est pourquoi il a décrété qu'il n'était plus possible de se rassembler (allez chacun aux 4 coins de l'Egypte chercher de la paille, plutôt que de rester ensemble [dans la émouna] fabriquer des briques!).

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-> Le rabbi Its'hak de Vork dit que Pharaon voulait détruire la tranquillité d'esprit des juifs.
En effet, avec le temps les juifs maîtrisaient parfaitement la fabrication des briques [c'était éprouvant physiquement, mais ils s'y étaient fait mentalement].
Ainsi les contraindre à faire davantage de briques les auraient encore plus fatigués, mais cela n'aurait pas vraiment affecté leur tranquillité d'esprit.
Par contre, ils n'avaient aucune expérience dans le fait de chercher et rassembler de la paille. Ils ne savaient pas où aller, ou même par quoi commencer.
De telles problématiques détruisent la sérénité d'une personne, ce qui était l'objectif de Pharaon.

-> La guémara (Béra’hot 61a) compare le yétser ara (mauvais penchant) à une mouche.
Pourquoi cela?
Le rav Elimélé'h Biderman explique que la mouche ne fait rien d'autre que de déranger la tranquillité d'esprit des gens, puisqu'elles bourdonnent à proximité de l'oreille et qu'elles volent autour du visage sans pouvoir mordre ou nuire.
C'est le but essentiel du yétser ara : détruire notre sérénité.
[par exemple, nous ne sommes plus nous même, et le yétser ara prend alors les commandes!]

Une autre similarité est que les 2 sont attirées par les saletés.
Les mouches sont attirées par les plaies ouvertes infectées.
Le yétser ara agit de même puisqu'il va en permanence attirer l'attention d'une personne sur ses défauts et ses fautes, afin de lui causer du désespoir.
Nos Sages disent : "Le yétser ara ne veut pas nous faire fauter, ce qu'il veut c'est mettre en nous de l'abattement qui suit la faute", et alors il peut nous mettre à terre en nous faisant se concentrer sur nos fautes et autres bassesses, saletés internes.
[le moins nous avons de valeur de nous, le moins nous agissons avec grandeur spirituelle, le moins nous sommes dérangés à fauter, ...]

[b'h, d'autres explications sur yétser ara & mouches, dans le divré Torah : https://todahm.com/2019/02/14/le-yetser-ara ]

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-> "Pharaon ajouta : "Vraiment, cette population est nombreuse à présent dans le pays et vous leur feriez interrompre leurs corvées?"" (Chémot 5,5)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Pour comprendre ce verset, il faut aller chercher la raison dans Iyov (5,7) : "Car l’homme est né pour peiner" (כִּי-אָדָם, לְעָמָל יוּלָּד).
Mais il y a une différence entre Israel et les nations. Alors que les nations doivent "peiner" pour construire au niveau matériel, Israel lui doit "peiner" pour construire au niveau spirituel, comme la guémara (Béra'hot 64a) explique le verset : "Tous tes enfants seront les disciples d’Hachem, et grande, sera la paix de tes enfants" (וְכָל-בָּנַיִךְ, לִמּוּדֵי יְהוָה ; וְרַב, שְׁלוֹם בָּנָיִךְ). Et la guémara de dire : "ne lis pas tes enfants (בוניך), mais tes bâtisseurs" pour nous montrer que notre travail de construction se passe au niveau de l’étude de la Torah.
Comme on le voit aussi dans le verset : "La voix, c’est la voix de Yaakov, mais les mains, ce sont les mains d’Essav" (הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב, וְהַיָּדַיִם, יְדֵי עֵשָׂו).

Et c’est ce que Pharaon dit à Moché : Israel n’a pas encore reçu la Torah, ils ne sont pas encore assignés à cette tâche de construction spirituelle, ils sont un Am Haarets, un peuple de la terre, matériel, et toi Moché tu voudrais les enlever de leur travail matériel?

La réponse de Pharaon à la première demande de Moché de libérer le peuple aura été d’annuler le repos du Shabbat, que Moché avait obtenu pour eux avant sa fuite d’Egypte. Car c’est justement le Shabbat que s’accentue cette particularité d’Israel, comme le dit la guémara (Yéroushalmi Shabbat 15:3) : "Les Shabbatot n’ont été donnés à Israel que pour y étudier la Torah".
Et c’est justement lors de ce Sabbat que s’accompli Israel quand il est débarrassé des contraintes de la vie matérielle pour 24 heures de spiritualité. Et quand Israel est appelé bâtisseur, c’est au Olam Haba qu’il est fait allusion, la construction spirituelle d’Israel ne se verra pleinement que dans le monde futur.
C’est pour cela que les Mékoubalim disent que la portée de l’étude est 1000 fois supérieure le Shabbat.

3 hommes étaient conseillers de Pharaon, roi d'Egypte : Bil'am, Iyov et Yitro.
Bil'am qui a donné lui-même le conseil (de jeter dans le Nil tout nouveau-né mâle) fut tué ; Iyov, qui s'est tu, fut frappé par des souffrances et Yitro qui prit la fuite (pour marquer sa désapprobation) fut récompensé à travers ses descendants qui siégèrent au Sanhédrin ("lichkat hagazit").
[guémara Sota 11a]

-> Selon le midrach (Chémot rabba 27,6), c'est Amalek qui l'a remplacé par la suite dans le conseil du roi d'Egypte Pharaon, afin de maintenir le nombre impair de 3 conseillers.

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-> Les 3 notables qui composaient le conseil royal d'Egypte représentaient les 3 modes de répression envisagés par Pharaon. Il voulut exterminer le peuple d'Israël, qu'il craignait, par un de ces 3 moyens :
- par la magie et la sorcellerie dans lesquelles Bil'am excellait ;
- par la connaissance des lois de la nature qui fait la force de Iyov ;
- par l'astrologie dans laquelle le grand "prêtre" Yitro excellait.
Mais tous ces projets échouèrent, car le Maître de l'Univers modifia les lois naturelles en faveur d'Israël et fit naître Moché qui par le pouvoir qu'Il lui a conféré, défia les magiciens de Pharaon, amena les plaies (makot) qui s'opposaient aux lois de la nature, et démentit les présages lus par les astrologues de Pharaon.
[Yafé Toar - dans midrach Chémot rabba 1,9]

-> "On imposa au peuple des chefs de corvée pour l'accabler de labeurs" (Chémot 1,11)
Les initiales des 4 derniers mots : "pour l'accabler de labeurs" ( מִסִּים, לְמַעַן עַנֹּתוֹ בְּסִבְלֹתָם) forment le nom de Bil'am : בלעם.
C'est une allusion au fait que c'est Bil'am qui donna ces conseils funestes à Pharaon.
[Gaon de Vilna]

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=> A quel âge est mort Bil'am?

-> "Ils tuèrent les rois de Midian ... et Bil'am fils de Béor par l'épée" (Bamidbar 31,8)
Puisque Bil'am a conseillé Pharaon de faire faire périr les nouveau-nés mâles en les jetant dans le Nil, c'est que Moché, qui sera sauvé des eaux du Nil, n'était pas encore né.
Or, le verset ci-dessus rapporte que Bil'am a été tué par Pin'has à la 40e année de la sortie d'Egypte, au cours de la guerre menée contre Midian.
Du fait que Moché avait presque 120 ans lorsque Bil'am fut tué, et que ce dernier avait certainement plus de 20 ans lorsqu'il participa en temps que conseiller de Pharaon (avec Yitro et Iyov), c'est que Bil'am est donc mort à un âge supérieur à 140 ans.

Or, dans la guémara (Sanhédrin 106b), on questionna Rabbi 'Hanina : "Quel âge avait Bil'am lorsqu'il mourut?" ; il répondit que la durée de vie de Bil'am n'est pas mentionnée dans la Torah, mais peut être déduite à partir du verset :"Les hommes sanguinaires et perfides n'atteindront pas la moitié de leurs jours" (Téhilim 55,24).
Ainsi, Bil'am qui était sanguinaire pour vouloir tuer tous les premiers-nés et également perfide lorsqu'il conseilla aux filles de Midian de débaucher les Bné Israël entraînant 24 000 morts, est donc mort à l'âge de 33 ou 34 ans, soit moins que la moitié de la vie "normale" d'un homme qui est au minimum de 70 ans.

=> Comment lever une telle contradiction?

-> Selon le Séfer haYachar, Bil'am qui a conseillé Pharaon d'éliminer par l'eau les garçons juifs dès leur naissance n'était pas le prophète Bil'am qui cherchait à maudire Israël en compagnie de Balak et qui a entraîné les filles de Midian à séduire Israël.
Le prophète Bil'am, tué à l'âge de 33 ans par l'épée de Pin'has était le petit-fils du Bil'am qui siégeait avec Iyov et Yitro.

-> Selon le Séfer haDorot, Bil'am tué par l'épée de Pin'has à l'âge de 13 ans, et qui boitait, était l'a réincarnation du Bil'am qui faisait partie du conseil de Pharaon.

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=> Pourquoi Iyov a-t-il été frappé par tant de souffrances pour son silence devant la proposition de Bil'am?

-> Selon Rabbi 'Hama, fils de Rabbi 'Hanina, dans la guémara (Sota 11a), lorsque Pharaon avait proposé : "Ingénions-nous contre Lui", son intention était de dire à ses 3 conseillers : "Soyons prudents à l'égard du Protecteur d'Israël dans la façon d'éliminer les Bné Israël" ; si nous les condamnons à périr par le feu, Hachem se vengera par le feu, d'après le verset : "Oui, Hachem fera justice de toute chair par le feu et par l'épée" (Yéchayahou 66,16).
Et si nous les condamnons à périr par l'épée, Il se vengera par l'épée, d'après le même verset.
Condamnons-les donc à périr par l'eau, car leur Protecteur a juré de ne plus amener de déluge dans le monde.

=> Du fait que Iyov, par son silence, ne s'est pas opposé à la destruction du peuple d'Israël par le feu, ses biens ont été détruits par le feu, mesure pour mesure, selon le verset : "Un feu de D. est tombé du Ciel, embrassant le bétail et les esclaves (de Iyov)" (Iov 1,16).
De plus, Iyov fut frappé d'ulcères sur tout son corps, selon ce verset : "Le Satan frappa Iyov de boutons ulcéreux purulents" (Iyov 2,7), mesure pour mesure, car les ulcères sont un dérivé du feu.
[Maharcha]

-> Lorsque Iyov a fauté par son silence approbateur, qui ne dit mot consent, Hachem l'a accablé de souffrances qu'il devait accepter en silence, sans se rebeller, afin de réparer son silence dans la réunion des conseillers de Pharaon, à l'image du silence réparateur d'Aharon après la mort de ses fils Nadav et Avihou.
[Lichmoa béLimoudim]

-> Le rabbi ‘Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 7) enseigne :
Les terribles souffrances de Iyov semblent être une sanction plus sévère que la mort quasi-instantanée de Bil'am par l'épée.
Pourquoi Hachem répond-t-il par des souffrances "disproportionnées" au silence de Iyov devant le cruel projet de Pharaon et Bil'am, silence justifiable par le fait que toute opposition n'aurait pas été entendue par Pharaon et Bil'am, alors que la sanction de Bil'am semble moins sévère pour une faute pourtant plus grave?

Nous pouvons répondre que les souffrances infligées à Iyov ne sont pas une sanction, mais avaient pour but de l'éclairer sur son erreur.
En effet, le message de Hachem à Iyov est le suivant : "Si tu avais sincèrement ressenti et partagé la souffrance qui attendait le peuple d'Israël par ces décrets ignobles, tu n'aurais pas pu demeurer silencieux, de même que pour les souffrances intenses qui t'atteignent personnellement, tout en sachant que cette réaction ne peut pas te sauver! Tu aurais donc dû réagir à la souffrance de l'Assemblée d'Israël et protester devant Pharaon, même si tu étais persuadé que ta réaction n'empêcherait pas le projet d'être adopté."

-> Le rabbi ‘Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 29) écrit également :
Nous pouvons faire confiance à la Justice Divine : dans son essence, la sanction de mort prononcée contre Bil'am est plus grave que les grandes souffrances infligées à Iyov, car Bil'am a perdu le capital-vie qui est le plus grand capital de toute personne dans ce monde, en accord avec ces paroles du roi David : "Hachem m'avait durement éprouvé, mais il ne m'a pas livré à la mort" (Téhilim 118,18).
Ainsi, malgré ses difficiles épreuves, Iyov est demeuré en vie et a continué à recevoir le plus beau cadeau de la Création : la vie, et sa prise de conscience du bonheur de demeurer vivant devrait prendre le dessus sur ses malheurs, selon le verset : "De quoi un homme en vie se plaindrait-il?" (Eikha 3,39).
En réalité, la sanction de Bil'am est la plus sévère et la plus amère, malgré les apparences, car la vie lui a été retirée.

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-> Le commentateur Anaf Yossef est d'avis que Iyov était d'accord avec le projet cruel de Pharaon et Bil'am contre Israël, mais il a préféré dans un premier temps garder le silence avant que Yitro ne se prononce, avec cette intention malveillante :
- si au cours du conseil Yitro agréait le projet de faire périr par l'eau les premiers-nés, alors Iyov s'abstiendrait de cautionner ce décret.
En effet, s'il le soutenait aussi, ce projet funeste serait annulé, car toute condamnation à mort prise par tous les membres du jury, à l'unanimité, acquitte le prévenu (voir guémara Sanhédrin 17a).
- Et si Yitro désapprouvait le projet de Bil'am (c'était le cas ici, puisqu'il a quitté le conseil), alors Iyov appuierait alors ce projet, afin que la majorité l'emporte.
=> Par ce silence mal intentionné, Iyov méritait ces souffrances.

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=> Comment Yitro a-t-il été récompensé, mesure pour mesure, pour avoir quitté courageusement la salle de conseil?

-> En prenant courageusement la fuite, par désapprobation du décret envisagé, Yitro a renoncé à sa position prestigieuse.
Pour avoir abandonné la cour royale de Pharaon et son titre de conseiller du roi, ses descendants siégeront dans la Cour d'Hachem, c'est-à-dire dans le Grand Sanhédrin, où ils conseilleront les Bné Israël.
[Torat haKineot]

-> "Tous Tes sages sont dans Ta main, et eux s'étaient couchés à Tes pieds" (Dévarim 33,3)
Selon Rav Yossef (guémara Baba Batra 8a), ce verset fait allusion aux disciples des sages (talmidé 'hakhamim) qui "meurtrissent" leurs pieds en se déplaçant de ville en ville et de pays en pays pour étudier la Torah.
De même, Yitro qui a "meurtri" ses pieds pour fuir à Midian, un lieu très éloigné du palais de Pharaon, afin de s'opposer au décret projeté par Pharaon, ses descendants auront le mérite, mesure pour mesure, de "meurtrir" leurs pieds pour aller étudier la Torah jusqu'à devenir des sages éminents du Grand Sanhédrin.
[Iyoun Yaakov]

"Mais plus ils (les égyptiens) l'accablèrent (de labeurs), plus sa population [juive] se multipliera et plus elle augmentera" (Chémot 1,12)

La Torah aurait dû écrire : "Plus sa population se multipliait et plus elle augmentait".
Rech Lakich explique ainsi (l'utilisation du futur) : L'esprit Saint (roua'h hakodech) annonce ici que la population des Bné Israël se multipliera et s'accroîtra (dans le futur) ...

"Les égyptiens firent travailler les Bné Israël avec dureté (béparékh)" (Chémot 1,13).
Selon rabbi El'azar, ils les asservirent avec des paroles douces (bépé rakh), mais selon rabbi Chmouël bar Na'hmani, ils les asservirent avec cruauté (béparékh).

"Ils leur rendirent la vie amère par de rudes travaux sur l'argile et la brique et par tous les ouvrages des champs" (Chémot 1,14) : selon Rava, ils les firent commencer par des travaux sur l'argile et la brique, puis ils leur donnèrent à effectuer tous les travaux des champs.
Le verset (1,14) poursuit : "Toutes ces corvées, ils les imposèrent avec cruauté (béparékh) : selon rabbi Chmouël bar Na'hmani, au nom de rabbi Yo'hanan, ils donnaient le travail réservé a des hommes à des femmes et inversement.
[guémara Sota 11a-b]

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-> Hachem avait promis à Avraham cette bénédiction permanente : "Je ferai de toi une grande nation, Je te bénirai et Je grandirai ton nom" (Béréchit 12,2).
En effet, en descendant en Egypte, tous les 70 membres de la famille de Yaakov étaient importants ('hachouvim) et respectés par les égyptiens et leur roi. Mais lorsqu'ils furent asservis durement, ils perdirent leur importance et la considération aux yeux des égyptiens.
Hachem décida alors de les grandir en nombre, afin de respecter la promesse faite à Avraham.
['Hidouché haRim]

-> Pourquoi au début du verset Chémot (1,12) cité, est-il écrit : "plus ils l'accableront" au futur, alors que le passé : "plus ils l'accablèrent" conviendrait mieux?
C'est pour nous enseigner que chaque fois que nos ennemis nous opprimeront, qu'Hachem nous en préserve, la conséquence sera toujours positive : nous en sortirons renforcés et plus riches au sens propre et au sens figuré.
[Ora'h 'Haïm]

-> Les égyptiens nous ont asservis par des corvées pénibles, afin de nous affaiblir physiquement. Mais ils ignoraient que la Providence Divine bénissait Son peuple proportionnellement à son affaiblissement physique.
En effet, toute diminution de nos forces physiques entraîne un surplus de sainteté qui s'attache à notre âme, et cela devient une source de bénédiction : c'est pourquoi l'esprit Saint (roua'h hakodech) a publié : "ainsi il s'accroîtra".
Cette destinée surnaturelle a toujours caractérisé les misères et la grandeur d'Israël par rapport aux autres nations.
[Maharal - Guévourot Hachem - 12]

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=> Comment concilier les 2 avis sur la servitude : bépé rakh (paroles douces) et béparékh (avec cruauté)?

-> Selon le midrach Yalkout Chimoni, après que Pharaon ait dit : "Allons, ingénions-nous contre lui", il réunit l'Assemblée d'Israël et leur demanda : "Faites-moi une faveur : aidez-moi à confectionner des briques de construction".
Lorsqu'ils virent Pharaon se mettre lui-même à l'œuvre, les Bné Israël s'empressèrent de l'aider et ils fabriquèrent le maximum de briques, car ils étaient robustes.
Le soir, Pharaon préposa des chefs de corvée pour compter le nombre de briques confectionnées par chacun des Bné Israël. Pharaon imposa alors à chacun, à partir de ce jour, de confectionner le même nombre de briques quotidiennement.
Ainsi, Pharaon a commencé par des paroles douces (bépé rakh) pour un travail consenti et a terminé par une servitude dure (béparékh).
[Maharcha]

[Rabbi Chimon bar Yo'haï a expliqué à son fils rabbi El'azar que la dureté des travaux imposés aux Bné Israël, dans une terre étrangère, par un peuple cruel qui les méprisaient, a eu pour conséquence un repli du peuple d'Israël sur lui-même, qui a formé un bloc resté fidèle à son alliance avec Hachem.
C'est par cette cohésion que ce peuple a survécu, grâce à ces épreuves difficiles en Egypte qui le soudaient.]

-> Selon le midrach Aggada, les égyptiens ont proposé avec bépé rakh (paroles douces) aux Bné Israël de confectionner des briques et de les rétribuer à raison d'une pièce d'or pour chaque brique;
Avec beaucoup de zèle, ils ont donc fabriqué les uns 100 briques, les autres 200 briques en une journée.
Aussitôt, les égyptiens ont décrété une obligation de fournir dorénavant chacun le même quota de briques, gratuitement, passant ainsi à une servitude cruelle (béparékh).

-> L'utilisation de béparékh (v.13), est pour nous enseigner que même les paroles douces, dans un but d'atteindre une servitude cruelle, sont considérées comme des paroles dure (béparé'h).
[Maharal]

-> Le principe de at bach, consiste à associer à la première lettre de l'alphabet : aléph la dernière tav, et à la seconde lettre bét l'avant dernière chin, ...
Ainsi, par ce principe, aux lettres : פרך (parékh), on associe les lettres respectives qui forment le mot : וגל de guématria 39, qui représente les 39 travaux imposés avec dureté.
C'est pourquoi, lorsque les Bné Israël furent libérés de cette servitude, dès la sortie d'Egypte, ils reçurent l'ordre de ne pas effectuer ces 39 travaux durant chaque Shabbath.
[Tossefot - guémara Pessa'him 117b]

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-> "Les égyptiens firent travailler les Bné Israël avec dureté" (Chémot 1,13)

Le rav Elimélé'h Biderman rapporte nos commentateurs qui enseignent :
En d'autres termes, plus les juifs se démenèrent afin de faire des briques, plus ils furent ensuite forcés d'en produire pendant leur asservissement sans recevoir le moindre supplément de salaire.

On apprend d'ici l'ampleur de la récompense réservée à ceux qui placent leur confiance en D. et le châtiment de ceux qui se conduisent à l'inverse.
Car celui qui eut confiance que de toute façon sa subsistance était fixée dans le Ciel et qui par conséquent ne se fatigua pas outre-mesure, fut récompensé pendant toutes les années de l'exil.
Car alors on ne lui imposa pas de s'efforcer plus que le strict nécessaire dans la fabrication des briques et il ne dut fournir que la même quantité qu'il avait fournie le premier jour.

Le rav Biderman cite l'exemple d'Amram, le père de Moché.
Lorsque Pharaon a offert un pièce d'argent pour chaque brique, il n'en a pas été surexcité à l'idée d'en devenir ultrariche.
Il s'est rappelé que la parnassa vient d'Hachem, et ainsi il n'a fait qu'une seule pierre.
Ayant un pièce d'argent, cela était suffisant pour sa hichtadlout du jour, et il a passé le restant de la journée à servir Hachem.
Lorsqu'ensuite Pharaon les a obligés à répéter leur production du 1er jour, tout ce qu'Amram avait besoin de produire était une seule brique.
Ainsi, tout au long de l'esclavage, il a pu bénéficier de cette vision : ne faire que la hichtadlout minimale nécessaire.

[nous avons également ces 2 chemins aujourd'hui : est-ce que nous allons nous investir outre mesure dans notre travail, se disant au mieux c'est bon j'étudierai plus tard, ou bien préférons-nous ne pas s'y consacrer plus que nécessaire afin de pouvoir davantage être disponible pour faire la Volonté d'Hachem?
D'une certaine façon cela revient à se demander : est-ce que je préfère davantage investir dans mon monde actuel (acquérir un maximum de biens, avoir un maximum de "briques" sur son compte bancaire!) qui est éphémère, ou bien je souhaite investir autant que possible dans mon monde à venir qui est éternel? Est-ce que mon boss qui dirige ma vie : c'est Pharaon (représentant de la matérialité) ou bien c'est Hachem?]

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+ Au final, le boss c'est toujours Hachem :

-> A l'origine, l'Egypte (Mitsrayim) était le fils de 'Ham qui était lui-même le fils de Noa'h, comme il est écrit : "Et les fils de 'Ham : Kouch, Mitsrayim, Poute et Canaan" (Noa'h 10,7).
Ainsi, nous voyons que la terre d'Egypte fut appelée au nom de Noa'h, comme il est écrit : "Il avait accompli de grandes choses en Egypte, et des prodiges dans le pays de 'Ham (niflaot béérets 'Ham)" (Téhilim 106, 21-22).

Quant au peuple d'Israël, il descend d'Avraham, d'Its'hak et de Yaakov.
Eux-mêmes font partie de la descendance de Chem, fils de Noa'h.
Or, les enfants de 'Ham furent maudits par Noa'h après le déluge, comme il est écrit : "Noa'h se réveilla ... il dit : maudit soit Canaan ; l'esclave des esclaves il sera pour ses frères. Béni soit Hachem le D. de Chem et que Canaan soit leur esclave" (Noa'h 9,25-26).

Le Békhor Chor explique qu'en réalité la malédiction de Noa'h eut une emprise sur toute la descendance de 'Ham (Kouch, Mitsrayim, Poute, Canaan, ...).
Canaan fut maudit plus que les autres. Car il a été dit à son sujet : "Maudit soit Canaan ; l'esclave des esclaves il sera pour ses frères".

Nous comprenons à présent pourquoi Pharaon eut si peur d'Israël ("Agissons avec sagesse contre lui" (ava nit'hakéma lo - Chémot 1,10). En effet, ce peuple descendait directement des enfants de Chem, alors que l'Egypte (Mitsrayim) était un peuple qui descendait de 'Ham, dont les membres étaient maudits et voués à être les esclaves de Chem.
Pharaon pensa que le moment était arrivé pour le peuple juif, descendant de Chem, de dominer les égyptiens et de les asservir comme l'avait mentionné Noa'h dans sa malédiction : "l'esclave des esclaves il sera pour ses frères".

Suite à cela, les égyptiens réagirent, comme il est écrit : "Les égyptiens asservirent les Bné Israël avec dureté. Ils leur rendirent la vie amère" (Chémot 1,13-14).
Pharaon pensait réussir à prendre le dessus sur la malédiction de Noa'h par ses forces d'impureté. Il voulait inverser la tendance pour que les descendants de Chem deviennent dès lors les esclaves des descendants de 'Ham.
En réalité, les égyptiens, qui étaient réellement esclaves, nettoyèrent et purifièrent les Bné Israël qui avaient pour mission de servir Hachem.
Et si Pharaon avait pris connaissance de cela, il n'aurait jamais asservi le peuple d'Israël au travail de la paille et de la brique, mais il leur aurait accordé tout ce qu'il y avait de mieux en Egypte. Et en faisant cela, il les aurait alors enfoncés dans l'impureté de l'Egypte jusqu'à ce qu'ils ne veuillent plus ou ne puissent plus en sortir.

=> Ainsi sont les voies du Créateur (Hachem) qui organise le monde et accomplit le verset : "Celui qui réside dans les cieux en rit, Hachem se raille d'eux" (Téhilim 2,4).
Alors que Pharaon pensait être le maître et les Bné Israël ses esclaves, il était le réel esclave de la Providence Divine qui l'a utilisé pour asservir les enfants d'Israël. Tout cela dans le but de les nettoyer de leurs défauts, puis de faire venir les âmes épurées à Sa rencontre et à la rencontre de la Torah.

[d'après le rav Pin'has Friedman (Shvilei Pin'has)]

"Un homme de la famille de Lévi (Amram) alla et épousa une fille de Lévi" (Chémot 2,1).

Où alla-t-il?
Il alla selon le conseil de sa fille (Myriam), d'après rav Yéhouda ben Zévina.
En effet, Amram était l'homme le plus important (gadol hador) de sa génération ; dès que Pharaon le racha décréta que tout garçon qui naîtrait serait jeté dans le fleuve, Amram se dit : "Nos efforts (pour engendrer) sont vains (inutiles)".
Il divorça alors de sa femme ; tout le peuple suivi son exemple et divorça.
Sa fille (Myriam) lui dit alors : "Père, ta décision est plus cruelle que celle de Pharaon : ce dernier n'a décrété que la mort des garçons, tandis que toi, tu as décrété celle des garçons et des filles! De plus Pharaon n'a décrété (la mort des garçons) que dans ce monde-ci tandis que toi, tu as décrété dans ce monde-ci et dans le monde à venir. Enfin, il y a un doute si le décret du racha Pharaon se réalise ou non, tandis que pour toi, qui es "tsadik", il est certain que tes décrets se réaliseront selon le verset : "Ce que tu décrètes se réalisera pour toi" (Iyov 22,28).

Amram repris alors sa femme et tout le peuple en fit de même.
Le texte dit : "Il épousa" ; il fallait écrire : "Il reprit son épouse".
Rabbi Yéhouda bar Zévina répond : C'est pour t'apprendre qu'il organisa une cérémonie nuptiale (avec le même faste qu'un 1er mariage) ; il la conduisit sous un dais nuptial (luxueux), Aharon et Myriam dansèrent devant eux et des Anges récitaient : "Une mère heureuse au milieu de ses enfants" (Téhilim 113,9).
Le texte dit : "une fille de Lévi (Chémot 2,1) : Yo'hévét pouvait-elle être appelée "une fille", alors qu'elle avait 130 ans?
Selon rav Yéhouda bar Zévina, c'est pour t'enseigner qu'elle retrouva les signes d'une première jeunesse.
[guémara Sota 12a]

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-> Le Zohar rapporte que l'ange Gavriel a dansé à leur mariage.

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-> D'après Tossefot (guémara Baba Batra 60b), il semble que parmi tous ceux qui avaient imité l'attitude d'Amram, en se séparant de leurs épouses, n'étaient autorisés à le faire que ceux qui comme Amram avaient déjà accompli la mitsva de pirya vériv'ya, en ayant engendré au moins un garçon et une fille (il avait déjà : Aharaon et Myriam).

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-> Le 'Hatam Sofer (rapporté par son élève : Téchouvot Maharam Shick - Ora'h 'Haïm 70) enseigne :
Hachem a conclu avec nos ancêtres une alliance par laquelle Il préserverait leur postérité et lui donnerait la terre d'Israël en héritage.
Dès lors que les juifs décrétaient sur eux-mêmes de ne plus procréer, une génération finirait, sans qu'une nouvelle ne lui succède. Le danger surgirait alors que la postérité de notre père Avraham s'éteigne.
Dès lors, Hachem aurait été contraint de délivrer Israël immédiatement et de ramener les enfants à leurs frontières. Cependant, la chose n'est vraie que si la communauté entière se conforme au décret.

La guémara (Baba Batra 60b) dit : "Du jour où le Temple a été détruit ... et du jour où a suffi le royaume qui promulgue de sévères décrets à notre encontre ... nous aurions dû légitimement décréter que personne ne se marie ou n'engendre. Ainsi la semence de notre père Avraham se serait-elle éteinte d'elle-même.
Cependant, on laissa les juifs [se marier et procréer du fait qu'ils n'auraient de toute façon pas pu s'en abstenir], il était préférable qu'ils commettent cette transgression de façon involontaire que de façon intentionnelle [si l'interdiction leur avait été signifiée]".
Si la semence d'Avraham se serait éteinte, alors Hachem aurait été obligé de nous délivrer immédiatement [avant qu'elle ne disparaisse]. Cependant, parce que les réchaïm et les simples d'esprit ne nous auraient pas entendus alors la semence d'Israël aurait été préservée par eux, tandis que les tsadikim auraient disparu.

Telle est l'intention d'Amram. Il divorça de sa femme pour que chacun en fasse autant avec la sienne. Ainsi, la semence de notre père Avraham aurait été appelée à disparaître et la libération se serait immédiatement ensuivie.
Cependant, seuls les tsadikim divorcèrent de leurs femmes tandis que les masses gardèrent les leurs.
Ainsi, Myriam s'est-elle lamentée : "Ton décret est plus sévère que celui de Pharaon".
Dans la mesure où seuls les tsadikim (justes) agissent comme tu le demandes, leur semence seule périra, tandis que les réchaïm (mauvais) se multiplieront.
Ainsi, le mal est double.

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-> A propos du verset de Bamidbar (Béaaloté'ha 11,26) qui relate la prophétie de Eldad et Médad dans le camp d'Israël, le Targoum Yonathan dit que Eldad et Médad étaient les enfants de Yo'hévét, donc les demi-frères de Moché, car après qu'Amram ait divorcé de Yo'hévét, cette dernière épousa Elitsafane fils d'Ouziel, et petit-fils de Kéhat, donc neveu de d'Amram.
Yo'hévét et Elitsafane ont donné naissance à Eldad et Médad.

=> Comment alors Amran a-t-il pu réépouser Yo'hévét, alors qu'il est interdit à tout homme de réépouser sa divorcée si elle se remarie avec un autre homme?

-> "En récompense de ce qu'Avraham a écouté Ma voix et gardé Mon observance" (Béréchit 26,5)
Selon le Ramban, nos Patriarches n'ont observé les Commandements de la Torah qu'en terre d'Israël, et non pas à l'extérieur, car la Torah n'avait pas encore été promulguée ...
Ainsi Amram s'est permis de réépouser Yo'hévét, bien qu'elle se soit remariée avec Elitsafane après son divorce, car ils vivaient en Egypte ; mais s'ils avaient vécu en terre d'Israël, il ne l'aurait pas réépousée.
De même, Yaakov a épousé 2 sœurs (interdit de la Torah) car il était chez Lavan, en dehors d'Israël et avant le don de la Torah.
[Chout méBéer]

-> Le Maharal (Gour Arié - Vayichla'h) enseigne :
Il y a lieu de distinguer, avant le don de la Torah, entre les commandements positifs (mitsvot assé) que nos Patriarches respectaient et les commandements négatifs (mitsvot lo taassé) que nos Patriarches n'observaient pas encore.
C'est pourquoi, Yaakov n'a pas tenu compte de l'interdit d'épouser 2 sœurs et Amram n'a tenu compte de l'interdit d'épouser sa tante ni de l'interdit de réépouser sa femme divorcée et déjà remariée.

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=> Quelle était l'intention de Myriam avec son argument à son père : Pharaon n'a décrété (la mort des garçons) que dans ce monde-ci tandis que toi, tu as décrété dans ce monde-ci et dans le monde à venir ?

-> Amram pensait que si les garçons étaient jetés dans le fleuve, les filles demeurées en vie ne trouveraient plus à se marier.
Myriam dit alors à son père qu'il se trompait, car un homme juif peut épouser plusieurs femmes, et même si les filles d'Israël devaient épouser des égyptiens, les enfants seraient juifs.
Ainsi, le peuple d'Israël pourra se maintenir dans le monde.
[Ets Yossef]

-> La durée de servitude, prévue pour 400 années, aurait pu être écourtée si la population des Bné Israël s'était fortement accrue en Egypte, car les corvées prévues auraient été effectuées par plus de personnes.
Lorsque Pharaon décréta l'élimination des garçons nouveau-nés, la durée de servitude serait revenue à 400 années.
Myriam vient dire alors à son père : en répudiant vos épouses pour ne plus avoir d'enfants, il n'y aura plus de servitude et la durée se prolongera donc au-delà des 400 années.
[Divré Chaoul]

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=> Quelle était l'intention de Myriam avec son argument relatif au monde à venir?

-> Certes avec le décret de Pharaon, les garçons mourront dans ce monde après leur naissance, mais ils vivront dans le monde futur.
Par contre, avec la décision d'Amram les enfants ne naissent pas dans ce monde, et ils ne pourront donc pas entrer dans le monde à venir.
[Rachi]

-> Pour le Iyoun Yaakov, le message adressé par Myriam à son père ne concernait pas les enfants, contrairement à l'opinion de Rachi, mais concernait les parents.
En effet, les parents qui n'auront pas de fils dans ce monde-ci, à cause du décret de Pharaon, ne perdront pas leur monde à venir du fait qu'ils n'ont pas négligé la mitsva de procréation
Cependant, la décision d'Amram, qui a encouragé les autres parents à divorcer, donc à ne plus procréer, va faire perdre à tous ces parents leur monde à venir, à l'exemple de 'Hizkiyahou à qui le prophète Yéchayahou avait dit : Tu vas mourir dans ce monde-ci et tu ne vivras pas dans ce monde à venir pour t'être empêché d'accomplir le commandement de pirya vériv'ya.

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Selon la guémara (Moéd Katan 8b), lorsqu'un homme se remarie avec son ancienne femme dont il avait divorcé, la cérémonie nuptiale devrait être sobre, sans excès de joie.
=> Pourquoi Amram a-t-il réépousé Yo'hévét avec tant de faste et une grande joie?

-> Le faste de ce mariage avait un double but : publier cette nouvelle union et aussi encourager tous les juifs qui s'étaient séparés de leur femme à reprendre eux aussi leurs épouses.
[Tossefot Yécharim - guémara Baba Batra 120a]

-> Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois lors de ce remariage ; cependant Amram et Yo'hévét l'ont célébré avec une joie excessive afin que Moché, le sauveur d'Israël selon la prophétie de Myriam à laquelle croyaient ses parents, ne naisse pas d'une maman divorcée.
Cette grande joie anticipait sur la futur sortie des Bné Israël par Moché.
[Maharcha]

-> Ce mariage fastueux, alors que Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois de son fils Moché, semble en contradiction avec le fait qu'Elitsafane s'était marié avec Yo'hévét après le divorce d'Amram, et avait eu 2 enfants Eldad et Médad.
En fait, selon le commentateur Adéret Eliyahou, après que Yo'hévét quitta Elitsafane, elle se remaria avec Amram avec une cérémonie très discrète, afin que les égyptiens ne le sachent pas et ne les surveillent pas sur une éventuelle naissance.
Mais Amram a constaté que tous les autres n'avaient pas repris leur repris leurs épouses, car ils ignoraient le remariage discret d'Amram avec Yo'hévét.
C'est pourquoi, après avoir conçu Moché, après leur remariage, Amram et Yo'hévét firent une nouvelle cérémonie, 3 mois après leur remariage, mais cette fois avec faste et publicité, afin que chacun des Bné Israël reprenne sa divorcée.

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=> "Elle (Yo'hévét) retrouva les signes d'une première jeunesse".
Quels signes et pourquoi?

-> Avant son remariage avec Amram, Yo'hévét retrouva les signes d'une nouvelle jeunesse, c'est-à-dire le tribut périodique des femmes, ainsi qu'un beau visage et la disparition de ses rides.
[Rachi]

-> Pourquoi a-t-elle bénéficié de ces miracles, alors qu'elle était déjà enceinte depuis 3 mois?
Le Iyoun Yaakov explique :
- C'est parce que sans ces signes de jeunesse, les gens auraient pu penser que Amram réépouse Yo'hévét à un moment où en raison de son âge avancé, il ne peut plus enfanter et il n'a donc plus à craindre que ses enfants soient jetés dans le fleuve dès leur naissance ; les gens qui pouvaient encore engendrer n'auraient donc pas repris leur épouses.
C'est pourquoi Yo'hévét a rajeuni miraculeusement afin que tous les gens imitent l'attitude d'Amram et réépousent leurs femmes.

- De plus, ce rajeunissement a eu lieu afin que les égyptiens le voient et commencent leur compte de 9 mois depuis ce remariage avec une femme "rajeunie" apte à enfanter, afin que Amram et Yo'hévét puissent cacher Moché, conçu déjà depuis 3 mois, dans leur maison durant 3 mois, avant que les égyptiens viennent le prendre pour le jeter dans le Nil.

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+ Apprendre à accepter un reproche :

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Je me suis toujours demandé, par quel mérite Amram et Yo'hévet ont eu le mérite de mettre au monde un fils comme notre maître Moché?

Pour comprendre, il faut aller au fond de la pensée d'Amram. Il était le grand sage de la génération, le chef du tribunal rabbinique. Il ne s'agissait pas d'un homme jeune, mais d'un individu de 130 ans.
Il avait étudié toute sa vie la Torah, et tous l'appréciaient énormément. Il avait une fille de 3 ans, elle était intelligente, mais très jeune.

Amram vit que chaque garçon qui naissait était jeté dans le Nil, devenant ainsi de la nourriture pour les poissons.
D'autres en comblaient les trous des pierres manquantes dans les constructions de Ramsès.
Il s'est demandé : "Dans ce cas, pourquoi mettre des enfants au monde?"
Amram s'est levé et a divorcé de son épouse, il a servi d'exemple à tout le peuple juif.
Chacun devait faire comme lui afin d'éviter les assassinats d'enfants ...

Amram le tsadik [de la génération] n'a pas fait ce que de nombreux autres auraient fait, il ne l'a pas grondée : "Retourne à la maternelle jouer!"
Il ne lui a pas dit de ne pas se mêler des affaires des grands. Il ne lui a pas non plus demandé si elle avait déjà étudié la Torah ... Amram ne s'est pas du tout mis en colère.
Il lui a seulement demandé : "Pourquoi dis-tu cela?"
Myriam lui a répondu avec bon sens : "Du fait du décret de Pharaon, il n'y aura pas de garçons, mais il y aura des filles. Mais à cause de ton décret, il n'y aura ni filles ni garçons".

Amram a été convaincu sur le champ, sans penser à son honneur personnel, il demanda à sa fille de se dépêcher de rentrer à la maison, pour demander à sa mère de se remarier. Eh oui, elle les réconcilia!
Myriam voulait et a fait la paix entre eux, elle remit ensemble son père et sa mère, et elle dansait devant eux. Après une année, un fils leur est né, notre maître Moché.

=> Par quel mérite ont-ils mérité une telle lumière?
Par le mérite du courage de Amram, par la grandeur d'avoir accepté la vérité d'une petite fille, est né [Moché] le réceptacle de la vérité, de la Torah de vérité.
On constate la force d'accepter un reproche.

Souvent, nous sommes récalcitrants aux reproches, on ne veut pas les accepter. La nature de l'homme fait qu'il n'aime pas qu'on lui dise quoi faire, même si on a raison. Un homme n'est pas prêt à entendre une remarque de sa fille ou de son fils.
Celui qui est prévoyant comprend que cela ne fait pas de différence de qui provient la remarque. Il faut prendre en compte l'essence de ce qui a été dit.

"La fille Pharaon descendit vers le fleuve pour se baigner" (Chémot 2,5)

Rabbi Yo'hanan dit au nom de rabbi Chimon bar Yo'haï qu'elle est venue se purifier (se laver) des idoles de son père (Pharaon) ...
- Le verset (2,5) poursuit : "Et ses compagnes allaient sur la rive du fleuve" : rabbi Yo'hanan dit ... qu'elles allaient à la mort ...

- Le verset (2,5) poursuit : "Elle aperçut le berceau parmi les roseaux" ; lorsque les servantes virent que la fille de Pharaon voulait sauver Moché, elles lui dirent : "Maîtresse, quand un roi publie un décret, même si le monde ne s'y soumet pas, il est d'usage que ses enfants et les gens du palais respectent le décret et toi (sa fille), tu désobéirais au décret de ton père!"
L'ange Gavriel vint alors les terrasser (et elles moururent).

- Le verset (2,5) se termine ainsi : "Elle envoya sa servante (amata) pour le prendre" : Rabbi Yéhouda et Rabbi Né'hémia s'opposent sur le sens du mot : "amata".
L'un dit qu'il s'agit de son bras et l'autre dit qu'il s'agit de sa servante : Un maître dit que "amata" désigne son bras (car le mot "ama" désigne l'avant-bras ou la coudée) ; l'autre maître dit que "amata" désigne sa servante, car il n'est pas écrit "yada" : son bras ...
[L'ange] Gavriel aurait épargné de la mort l'une des servantes, car il n'est pas convenable que la fille d'un roi demeure seule. Quant à celui qui traduit "amata" par bras, c'est pour nous enseigner que son bras s'est considérablement allongé.
[guémara Sota 12b]

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=> Pourquoi le verset (Chémot 2,5) dit-il que Batya descendit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour se baigner et non pas "él hayéor" (vers le fleuve) ou "bayéor" (dans le fleuve)?

-> La fille de Pharaon, Batya n'est pas sortie vers le fleuve pour s'y baigner, ce qui serait inconvenant pour une princesse, mais elle s'est baignée dans le palais royal, dans sa salle de bain qui était située au-dessus du fleuve.
Elle avait une vue plongeante sur le fleuve, ce qui lui a permis de voir le berceau de Moché sur le fleuve parmi les roseaux. De là, elle envoya (sa servante ou sa main) pour le prendre.
C'est pourquoi, le texte a employé le mot : "al" (au-dessus) plutôt que "él" (vers).
[Sforno]

-> La fille de Pharaon était écœurée de l'idolâtrie de la maison royale et du peuple égyptien symbolisée par le fleuve (le Nil), considéré comme un "dieu" à cause de son rôle économique prépondérant en Egypte.
Elle décida ce jour-là de se "laver" (se purifier) de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
C'est pourquoi, le texte écrit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour indiquer qu'elle vient se purifier et se convertir (comme le dit Rachi) et s'élever au-dessus du fleuve, c'est-à-dire au-dessus de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
Devenue juive, Batya épousa plus tard Kalev, surnommé Méred, selon le verset : "Ceux-là furent les enfants de Batya, fille de Pharaon, qu'avait épousée Méred" (Divré haYamim I 4,18).
Ce mariage de Batya avec le tsadik Kalev confirme sa conversion.
[d'après la guémara Méguila 13a]

-> Selon le Maharcha, l'emploi de "al" (au-dessus) [et non : "dans"] indique qu'il s'agit d'un bain de purification.

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-> Comment Batya a-t-elle effectué une immersion dans le Nil (mikvé) afin de se convertir, sans la présence d'un Bet Din?
De plus, les égyptiens ne peuvent entrer dans l'Assemblée d'Israël qu'après 3 générations après une conversion ; donc comment a-t-elle pu épouser Kalev?
En réalité, ces restrictions n'existeront qu'après le don de la Torah ; or Batya s'est convertie avant le don de la Torah.

-> La guémara (Méguila 13a) explique ainsi le surnom Méred de Kalev, un des 2 explorateurs qui avait fait un bon rapport sur le pays d'Israël exploré.
Hachem s'est dit : Que vienne Méred (Kalev) qui s'est opposé (marad) aux 10 explorateurs qui dénigraient le pays, et qu'il épouse Batya, qui elle aussi s'est opposée à l'idolâtrie de son père et à ses ordres, en recueillant Moché qu'elle savait être juif.

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=> Comment Batya peut-elle se tremper dans le Nil pour se "laver" des idoles, alors que ce fleuve est lui-même objet d'idolâtrie?

-> C'est parce que la fille de Pharaon fut frappée d'une plaie de lèpre (négaïm) intense sur son corps, et qu'elle ne pouvait pas se baigner dans l'eau chaude de son palais, qu'elle dut descendre se baigner dans les eaux froides du Nil.
Lorsqu'elle vit le berceau de Moché qui pleurait, elle le saisit et guérit aussitôt de sa lèpre.
Elle s'est dit : Cet enfant doit être un tsadik et elle décida de le maintenir en vie.
Or, quiconque sauve la vie d'une personne est considérée comme ayant sauvé tous ses descendants potentiels ; c'est pourquoi Batya a bénéficié de la vie dans ce monde-ci et de celle dans le monde futur.
[Pirké déRabbi Eliézer - 48]

-> Pour réparer une faute, il est nécessaire de se placer à l'endroit même du défaut.
Or l'idolâtrie des égyptiens se concentrait sur le Nil qu'ils déifiaient en raison de la prospérité que ce fleuve amenait et la fille de Pharaon décida de s'immerger pour se purifier de cette idolâtrie et y renoncer, car c'était justement le lieu de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
[Iyoun Yaakov]

[lorsque Pharaon fut atteint de plaies lépreuses, ses devins lui conseillèrent de se baigner chaque jour dans le sang de 150 enfants juifs. Selon le Péninim Yékarim, Pharaon ne s'est pas baigné dans les eaux froides du Nil, car il considérait cela comme une offense au Nil (sa divinité), de s'y baigner nu pour guérir.
Par contre sa fille, atteinte de lèpre, ne considérait plus le Nil comme une divinité et s'y est donc baignée pour guérir de sa lèpre.]

-> Bien que Batya ait compris, en ouvrant le berceau, que cet enfant se distinguait des autres et qu'il s'agissait du sauveur d'Israël prédit par les devins de son père, elle eut pitié de Moché et le sauva, car à ce moment elle rejeta les idoles de son père et s'attacha à la foi juive.
Elle amena cet enfant dans le palais royal, justement parce qu'il était juif.
Cette attitude de Batya confirme sa conversion.
[Ets Yossef]

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=> Pourquoi Batya a-t-elle envoyé sa main pour saisir le berceau qui était très éloigné d'elle et donc hors de sa portée?

-> Batya a réuni toutes ses forces, déterminée à sauver cet enfant, en y mettant tout son cœur.
Elle a alors eu le mérite de dépasser ses limites naturelles et atteindre le berceau de Moché, éloigné de plusieurs coudées, en tendant sa main.
Rien ne résiste à la volonté de l'homme lorsqu'il agit d'un cœur entier : il peut même retrouver le niveau illimité d'Adam avant la faute et atteindre beaucoup plus qu'il n'aurait obtenu par ses forces naturelles : cette capacité prouve la grandeur de l'homme.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 32)]

-> Batya ignorait initialement que son bras s'allongerait miraculeusement pour pouvoir saisir le berceau parmi les joncs , elle a quand même tendu son bras et fait des efforts pour atteindre ce berceau inaccessible.
On en tire une leçon : lorsqu'une personne accomplit une bonne action, même si les chances de réussite sont faibles ou nulles, elle doit quand même agir de toutes ses possibilités et avoir confiance qu'Hachem complétera son action.
[rabbi Mendel de Kotzk]

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-> La main de la princesse s'est allongée miraculeusement de 60 amot (plus de 30 mètres) pour pouvoir accéder au berceau de Moché.
Il y aune allusion à ce grand allongement dans le verset (Chémot 2,5) : il existe 60 lettres entre le début de ce verset et la lettre shin (ש) du milieu du mot "vatichla'h" (elle envoya sa main - ותשלך).
[Maharcha - guémara Méguila 15b]

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne :
Le bras de la fille Pharaon s'est allongé de 60 coudées ; on trouve une allusion à ce 60 amot dans le verset : "Batya le nomma Moché, disant : "Car je l'ai tiré des eaux"" (Chémot 2,10).
L'expression : "min hamaïm méchitihou" (des eaux je l'ai tiré - מִן הַמַּיִם מְשִׁיתִהוּ) aurait dû être écrite de façon plus contractée : "mimaïm méchitiou" (ממים משיתיו).
Ainsi, le texte a ajouté 3 lettres : la lettre noun (נ) dans le mot min (מן), la lettre hé (ה) dans le mot "alaïm" (המים) et la lettre hé (ה) dans le mot : "méchitihou" (משיתהו).
La guématria totale de ces 3 lettre supplémentaires : 50+5+5=60 fait allusion à l'allongement du bras de Batya de 60 amot.

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+ "Rabbi 'Hanina fils de rav Pappa a a dit : Ce jour-là (où Moché fut sauvé des eaux de Batya), c'était le 21 du mois de Nissan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à chanter (pour Te glorifier et Te louer) le Cantique de la Mer à cette même date (21 Nissan), peut-il être frappé en ce jour?"
[selon la guémara, c'était une année embolismique de 13 mois : 7 Adar naissance de Moché, puis la majorité (24 jour) du mois d'Adar I, puis un mois entier de Adar II, et la majorité (21 jours) du mois de Nissan]
Mais rabbi A'ha fils de rabbi 'Hanina a dit : ce jour-là, c'était le 6 du mois de Sivan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à recevoir la Torah sur le mont Sinaï à cette même date (6 Sivan) peut-il être frappé en ce jour?"
[Moché est né un 7 Adar, et si on compte 3 mois, on parvient au 6 Sivan]
[guémara Sota 12b]

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-> Il existe une sainteté dans le temps et dans l'espace pour des événements qui doivent se produire dans le futur, car ces grands événements futurs laissent déjà, à effet rétroactif, des traces à la date et à l'emplacement de ces événements fondamentaux.
C'est ainsi que cette date du 21 Nissan, où Moché et les Bné Israël glorifièrent Hachem, porte une trace de sainteté, capable d'influencer le sauvetage de Moché en ce 21 Nissan qui précède de 80 ans la récitation du Cantique de la Mer.
[rabbi Tsadok haCohen]

-> Selon le 1er avis, Yo'hévét n'a pas attendu 3 mois entiers, car elle a volontairement placé le berceau de Moché sur le Nil, à l'avance (le 21 Nissan) [soit au bout de 74 jours après sa naissance, et non 90 (3 mois)], afin qu'il bénéficie du mérite de ce jour futur du 21 Nissan, où il entonnera le Cantique de la Mer, afin de le sauver de la noyade dans le fleuve.
[Iyoun Yaakov]

[d'une certaine façon, on peut dire que grâce à Moché : l'eau de la mer Rouge s'est ouverte nous sauvant d'une mort physique, et l'eau de la Torah nous sauve d'une mort spirituelle.]

Les causes de l’exil en Egypte

+ Les causes de l'exil en Egypte (par le Méam Loez (Chémot 6,1)) :

-> 1ere raison = les juifs n'auraient jamais pu recevoir la Torah sans avoir connu de souffrances ...
En effet, ils auraient été occupés à manger, à boire et à satisfaire toutes leurs mauvais habitudes et auraient considéré tout changement de mode de vie comme pratiquement impossible.
Or si les juifs n'avaient pas accepté la Torah, le monde n'aurait pu se maintenir en existence, l'univers entier n'existant que par le mérite de la Torah.

Lorsque Hachem les fit échapper à ces tourments, ils en furent si reconnaissants qu'ils acceptèrent joyeusement la Torah, de tout leur cœur et de toute leur âme.
Bien que la Torah fût difficile à observer et que la compréhension et l'accomplissement des mitsvot demandaient un grand effort, cela leur serait très facile comparé à la vie pénible qu'ils menaient en Egypte.

Grâce à leur labeur en Egypte, les juifs furent également prêts aux sacrifices que nécessite la véritable étude de la Torah. Ils avaient subsisté avec de l'eau et du pain dur, dormi là où ils le pouvaient et n'avaient jamais eu le temps ni la force pour des plaisirs physiques.
Une vie de dévouement total à la Torah leur serait donc, comparativement plus facile.
[...]

Avant de pousser, une graine doit être enterrée. De même, les juifs durent-ils être enterrés en Egypte avant de pouvoir grandir dans leur foi.

De plus, sans l'exil en Egypte, les juifs n'auraient pas été spirituellement préparés à comprendre la grandeur de D. ou la réelle signification de la Torah.
Leur asservissement en Egypte avait purifié leur corps, éveillé leur personne physique et les avait rendus extrêmement humbles.
Pendant la sortie d'Egypte, c'est comme s'ils étaient nés à nouveau.
Ils se rendirent compte qu'ils n'auraient jamais reçu la Torah sans cette purification du corps et l'abandon total du péché.

Telle était la signification de la promesse de D. à Avraham : "Après cela [les 400 ans d'exil], ils partiront avec de grandes richesses" (Béréchit 15,14).
Or, il ne peut s'agir ici de richesses matérielles.
[...]

Hachem dit à Avraham que ses descendants partiraient avec "de grandes richesses" (ré'houch gadol), plutôt que "beaucoup de richesses" (ré'houch rav). L'expression hébraïque indique que la richesse est évaluée en qualité, mais non en quantité ...

La grande richesse que D. promit à Avraham ne consistait pas en or, en argent ou en diamants, qui en vérité n'ont aucune valeur.
En réalité, Hachem voulait expliquer à Avraham la raison de l'exil de ses descendants en Egypte : l'asservissement qu'ils endureraient en Egypte allait les préparer à accepter la Torah et reconnaître la grandeur de D.
C'est cela que représentait la "grande richesse".

[Le Méam Loez (Bo 11,1-2) enseigne de nouveau que la promesse de grandes richesses désigne une richesse spirituelle plutôt que matérielle ...
Toutefois, du fait que pris littéralement les termes de "grandes richesses" désignent la richesse matérielle, Hachem dit aux juifs de réclamer de l'or et de l'argent afin qu'Avraham n'ait plus la moindre doléance ...
Les juifs allaient effectivement s'approprier toute la richesse de l'Egypte à la Mer Rouge, mais puisqu'au moment de la sortie d'Egypte, Avraham ne le savait pas encore, il aurait pu en être contrarié.
Hachem ne voulait pas que même pour quelques jours Avraham ait l'impression que la promesse Divine n'était pas tenue, et Il ordonna donc au peuple de demander aux égyptiens leur or et leur argent.]

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-> 2e raison = purifier les juifs de la souillure de l'idolâtrie

Depuis l'époque d'Enoch, on commença à adorer des idoles ...
La majorité des hommes pensait que tout était soumis aux lois de la nature, que D. ne s'intéressait pas aux simples mortels ... L'idée même des miracles leur semblait saugrenue.
[...]

Avraham fut le 1er à se couper de ces cultes et à rendre public le fait que le monde est dirigé par un D. invisible et omnipotent ...

Après la mort des fils de Yaakov, les juifs commencèrent à s'assimiler aux égyptiens et à d'autres peuples environnants. Ils se mirent à adopter les pratiques idolâtres acceptées partout à cette époque.
Bientôt, les juifs furent totalement plongés dans l'idolâtrie.

Cependant, comme il étaient les descendants d'Avraham, Its'hak et de Yaakov, Hachem par bonté et plutôt que de les anéantir, les fit être asservis.
Les rudes travaux les purifièrent des dernières traces d’idolâtrie.
[...]

Ceci explique la réaction d'Avraham lorsque Hachem lui dit clairement : "Ta descendance sera étrangère dans un pays qui ne sera pas le sien, ils les asserviront et les opprimeront pendant 400 ans" (Béréchit 15,13).

Or, Avraham accepta calmement ce décret, et nous n'avons pas de preuves qu'il fît la moindre prière pour que D. l'annule.
Ceci est d'autant plus difficile à comprendre, que lorsque D. avait annoncé à Avraham la destruction imminente de Sodome, Avraham avait passé une journée entière en prière, suppliant D. d'épargner cette ville perverse.

Or ici, alors que ses propres descendants doivent être sujets à d'affreuses souffrances, il ne dit pas un mot.
Nous nous attendrions à ce qu'il verse des larmes de sang, qu'il jeûne et prie pendant des semaines pour faire annuler le décret.
Pour des étrangers [pervers], il pria du matin au soir, alors que pour ses propres descendants, il ne fit rien.

En réalité, Avraham avait une bonne raison de rester silencieux.
Il savait que, sans la servitude, les juifs n'auraient jamais été dignes de la Torah.
Ils devraient être raffinés comme l'argent par leur longue période d'esclavage.
Avraham comprit que l'asservissement n'était pas envisagée comme une revanche, mais comme un processus de purification dû à la bonté de D., par le mérite des Patriarches.

Bien que nombreux seraient les blessés et les morts, la nation entière en serait purifiée, et elle serait alors prête à croire totalement en Hachem.

C'est pour cette raison que [dans Chir haChirim (4,11-15)], l'Egypte est appelée le Liban (lévanon), littéralement ce qui blanchit (lavan) et purifie.
C'est leur expérience en Egypte qui lava les juifs de leurs péchés et les purifia spirituellement.
Il est d'ailleurs écrit : "Si tes péchés sont comme l'écarlate [rouge vif], ils deviendront blancs comme la neige" (Yéchayahou 1,18).

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-> 3e raison = en Egypte, les juifs avaient abandonné le rite de la circoncision ordonné à Avraham, et par cela ils montraient clairement qu'ils ne désiraient plus être soumis à Hachem ...
D. les punit mesure pour mesure : s'ils ne voulaient pas être les esclaves de D. (abandonnant le signe de l'alliance), ils deviendraient donc les esclaves de Pharaon.

De plus, de nombreux juifs refusaient la circoncision parce qu'elle réduit le plaisir sexuel.
C'est d'ailleurs là une des raisons du commandement (affaiblir ce désir pour rester kadoch). Leur punition fut donc d'être si éreintés par leur travail que leur désir sexuel en serait totalement affaibli.
C'est pour cette raison que la tribu de Lévi ne fut jamais asservies, car ce fut la seule tribu où chacun de ses membres avait gardé la brit mila.
[...]

Bien entendu, ce n'était pas tous les juifs qui négligeaient la brit mila. Il y avait beaucoup de pieuses personnes qui l'accomplissaient en courant de grands risques pour leur personne ...
D'ailleurs ces juifs répondaient aux égyptiens : "Commençons par circoncire nos enfants [même si vous allez les jeter à l'eau ou au feu]. Pour ce qui est de la suite, leur destin sera entre les mains de D."

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-> 4e raison = l'ange du mal Samaël dénonça Yaakov pour avoir recouru à la ruse lorsqu'il voulut obtenir la bénédiction que Its'hak destinait à Essav.
Par leurs rudes travaux en Egypte, les juifs allaient mériter la bénédiction. [d'après le Yalkout Réouvéni]

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-> 5e raison = l'ange gardien de l'Egypte : Amon de No, avait saisi un chevreau en main et dénoncé les fils de Yaakov d'avoir vendu Yossef et trempé son manteau dans du sang de chèvre pour leurrer leur père (Béréchit 37,31).
En conséquence, il fut décrété que 10 des plus grands sages seraient brutalement assassinés par les romains.

Une 2e conséquence de cet incident fut le décret d'asservissement brutal des juifs en Egypte ... Toutefois l'esclavage ne commença pas pendant la vie des fils de Yaakov car leur mérite suffisait à les protéger, eux et leurs enfants ...

Nos Sages enseignent que le réel asservissement des juifs débuta à la naissance de Myriam et dura 83 ans et 4 mois.
Car les 12 tribus sont mises en parallèle avec les 12 heures de la journée.
Or, un jour de D. représente 1000 ans (Téhilim 90,4), et une heure de Hachem, 83 ans et 4 mois.
Puisque les fils de Yaakov voulaient détruire l'une des 12 tribus qui représente l'une des 12 heures du jour, il fut décrété, selon le principe de mesure pour mesure, que leurs descendants seraient asservis pendant une heure de D., soit 83 ans et 4 mois.

D'autres autorités affirment que les juifs durent asservis pendant 86 ans.
En mille ans, le mois d'Adar est doublé 368 fois. Il y a donc 1030 années de 12 mois lunaires, plus 8 mois.
Si l'on divise ce chiffre par 12, on obtient 86 ans moins 40 jours.

Benjamin n'avait pas participé à la vente de Yossef, mais puisque les égyptiens avaient reçu d'en-Haut la permission d'asservir les juifs, ils ne firent pas de différence entre les coupables et les innocents.
Nos Sages (Baba Kama 60a) enseignent la règle suivante : "Lorsque le destructeur reçoit autorité, il ne distingue pas entre le coupable et l'innocent".

La tribu de Yossef fut asservie elle aussi, car Yossef avait sa part de responsabilité dans ces événements, car par sa calomnie, il avait provoqué la haine de ses frères (cf. Béréchit 37,2).
[Pourtant, si l'une des tribus avait observé la brit mila, ce mérite aurait suffi à la protéger de l'asservissement, et c'est pour cela que la tribu de Lévi fut épargnée.]

Le châtiment correspondait bien à la faute puisque ses frères avaient vendu Yossef comme esclave, alors leurs enfants devinrent des esclaves.
Du fait qu'ils l'avaient jeté dans un puits, les égyptiens, en retour, jetèrent leurs enfants dans le Nil.

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-> 6e raison = les fils de Yaakov avaient fait souffrir leur père.
Yaakov porta le deuil de son fils pendant 22 ans : depuis la vente de Yossef jusqu'à ce qu'il ait appris qu'il était vivant.

10 frères (en excluant Yossef et Binyamin) étaient responsables de ce crime.
Les juifs méritaient un exil de 22 ans pour chacun des frères, soit 220 ans au total. Mais puisque les 10 frères moururent hors de la terre Sainte, cette punition réduisait leur sentence d'un an pour chacun.
Les juifs demeurèrent donc en Egypte pendant 210 ans.
[...]

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Par ailleurs, dans le Zohar, rabbi Its'hak enseigne que si les juifs n'avaient jamais mangé la nourriture des égyptiens ni tiré profit d'eux, ils n'auraient jamais été asservis et les égyptiens n'auraient eu aucun pouvoir sur eux.
Mais dès que les juifs eurent mangé le pain des égyptiens, ils tombèrent sous leur domination.
[...]

Le fait que la souffrance des juifs s'aggravât après la visite de Moché à Pharaon était pour le bien d'Israël ...
En effet, constatant qu'ils étaient persécutés au lieu d'être libérés, ils n'avaient pas d'autre espoir que de se tourner de tout leur cœur vers Hachem, et d'implorer Son pardon pour toutes leurs fautes.

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-> "Maintenant tu verras ce que Je ferai à Pharaon" (Chémot 6,1)

=> Comment comprendre le terme "maintenant"?

En fait, certes le peuple d'Israël souffrait terriblement en Egypte. Mais il pouvait toujours exister des accusateurs au Ciel qui empêcheraient la délivrance.
Cependant, quand Moché s'est rendu chez Pharaon pour lui commander, au Nom d'Hachem, de libérer le peuple, Pharaon répondit : "Qui est Hachem pour que j'écoute Sa Voix?" = Ainsi, désormais, l'exil constituait une profanation du Nom d'Hachem. Et en tant que tel, plus aucun ange ne pourrait émettre des accusations pour empêcher la délivrance, en sachant qu'il en va de l'Honneur d'Hachem.

C'est ce que dit le verset : "Maintenant" que l'exil devient aussi une atteinte à l'Honneur d'Hachem, suite aux propos de Pharaon, "tu verras ce que je ferai à Pharaon". Et il ne pourra plus y avoir d'empêchements.
[Chem miChmouel]

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=> Quelles sont les causes de l’Exil d’Egypte?

On peut rapporter :

1°/ Le Alchikh haKadoch nous explique que la raison du décret divin de les exiler en Egypte était de les faire souffrir en vue «d’écumer l’humidité de la morsure du Serpent originel», de même que l’on polit de ses scories et déchets l’argent dans un four, afin de leur donner le mérite du Don de la Torah.
Ainsi, les hébreux furent comme de l’argent pur lors de la Sortie d’Egypte, les scories quant à elles moururent durant la Plaie de l’Obscurité (les 4/5e du peuple qui refusèrent la Délivrance).
Le Alchikh apporte comme preuve, le verset de : "Mais vous, Hachem vous a adoptés, Il vous a arrachés de ce creuset de fer, l’Egypte, pour que vous fussiez un Peuple Lui appartenant, comme vous l’êtes aujourd’hui" (Dévarim 4,20). L’exégète poursuit son développement et explique que c’est le sens de la promesse faite à Avraham :
- "Sache que ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant 410 ans" = afin qu’ils fassent disparaître la "morsure du Serpent" marquant chaque être ;
- "Mais Je jugerai aussi la Nation à laquelle tes descendants seront asservis ; et ensuite ils sortiront avec de grandes richesses" = l’intention là est la richesse de la Loi Ecrite et la Loi Orale qu’ils mériteront de recevoir grâce à la purification de l’Exil égyptien.

2°/ Avraham quitta à tort la terre d’Israël pour descendre en Egypte à cause de la famine (mettant ainsi sa femme Sarah en danger). En effet, le Ramban explique qu’il aurait dû mettre sa confiance en D., certain qu’Hachem pourvoirait à ses besoins.
Ainsi, la conséquence de ce "faux pas" d’Avraham fut-il qu’Hachem décréta que sa descendance finirait par être exilée en Egypte
[Ramban - Lé'h Lé'ha 12,10].

3°/ La guémara (Nédarim 32a) enseigne : "Rabbi Abahou a dit au nom de Rabbi Éleazar : De quoi notre ancêtre Avraham fut-il puni, pour que sa descendance ait été ainsi réduite en esclavage pendant 210 ans?
[La guémara rapporte 3 réponses: ] a) D’avoir enrôlé de force les disciples des Sages [dans l’armée] : ‘Il arma des enseignants, enfants de sa maison, 318, et suivit la trace des ennemis jusqu’à Dan’ (Lé'h Lé'ha 14,14).
b) Selon Rabbi Samuel Ben Na’hmani, il fut puni parce qu’il mit à l’épreuve sans mesure la Bonté du Saint, béni soit- Il: ‘Seigneur Éternel, à quoi connaîtrai-je que je le posséderai?’ (Lé'h Lé'ha 15,8) demanda-t-il.
c) Selon Rabbi Yo’hanan, c’est parce qu’il empêcha des êtres humains de venir sous l’aile de la Chékhina (se convertir): ‘Donne-moi les personnes, et prends pour toi les richesses’ (Lé'h Lé'ha 14,21)."

4°/ L’Exil et l’esclavage en Egypte sont la conséquence fâcheuse de la vente de Yossef par ses frères [guémara Méguila 16b].
D. punit les frères (et leurs descendants) en Egypte selon la mesure de leur hostilité envers Yossef [Abravanel sur Lé'h Lé'ha 15,13]

5°/ L’Exil d’Egypte est un décret du Ciel, dont seule la Sagesse divine connait la raison, comme le sous-entend le midrach (Chémot Rabba 5,22). [Séfer haSi’hot]

Au commencement de l'exil des juifs [en Egypte], les âmes de tous les fils de Yaakov se rassemblèrent dans la grotte de Ma'hpéla et crièrent aux Patriarches : "Une nation cruelle asservit vos enfants!"
Elles s'y étaient réunies afin de demander aux Patriarches de prier pour leurs enfants.

La Torah dit donc : "Voici les noms des fils d'Israël qui vinrent avec Yaakov" (Chémot 1,1) = après leur mort, ils vinrent avec Yaakov prier pour leurs enfants.
[l'exil égyptien ne commença qu'après la mort du dernier des enfants de Yaakov (Lévi)].
[rabbi El'azar ben Arakh - Zohar]

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-> "Voici les noms des fils d'Israël qui viennent en Egypte ; ils y accompagnèrent Yaakov, chacun avec sa famille" (Chémot 1,1)

-> Rabbi Ména'hem de Lonzalo explique que le terme "chémot" (שמות) signifie en réalité "néchamot" (נשמות).
Les âmes des pères des 12 tribus d'Israël accompagnèrent les Bné Israël jusqu'à leur délivrance afin de pouvoir expier le fait d'avoir vendu leur frère Yossef qui a été exilé en Egypte.

Le midrach nous rapporte que lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, bien que la Torah ne mentionne uniquement le rapatriement des ossements de Yossef, chacune des tribus prit le cercueil qui lui correspondait : la tribu de Réouven, les descendants de Chimon prirent avec eux le cercueil de Chimon, ...
Yossef les avait fait jurer qu'à leur sortie d'Egypte, ils emporteraient son cercueil, comme il est écrit : "Moché prit les ossements de Yossef avec lui, car il avait fait jurer les Bné Israël" (Béchala'h 13,19).
Il faut savoir que les cercueils de toutes les tribus sortirent d'Egypte pour recevoir une sépulture en Israël. Ce n'est donc pas seulement leurs corps qui restèrent en Egypte jusqu'à la délivrance mais également les âmes (néchamot), comme il est écrit : "véélé chémot" : ne lis pas chémot mais plutôt néchamot.

"Assurément, la chose est connue" (Chémot 2, 14)

-> Rachi explique que Moché se demandait quelle était la faute des juifs pour ''mériter'' de telles souffrances.
Quand il constata qu'il y avait parmi eux des médisants, il comprit que c'était cela la cause de l'exil, et il dit : "Assurément, la chose est connue" = je connais à présent la raison de cette chose.

Mais lorsque plus tard, Hachem se dévoilera à Moché sur le buisson, et qu'Il l'enverra libérer les juifs d'Egypte, Moché demandera : "Pourrai-je sortir Israël du pays d'Egypte?" (Chémot 3,11)
Rachi d'expliquer cette question : "Mais quel mérite ont-ils pour être libérer?"

=> Ainsi, au départ, Moché ne voyait aucune raison à cet esclavage, mais quand il sut qu'il y avait parmi eux de la médisance, tout d'un coup, il ne voit à présent plus aucune raison pour qu'ils soient libérés.
Même si cela semble étonnant et paradoxal, c'est la réalité : lorsqu'il y a de la médisance, plus aucun mérite ne peut plus aider pour être sauvé!

[Sfat Emet]

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=> Pourquoi est-ce précisément la faute du lachon ara qui fut la cause de souffrances si atroces pour le peuple juif ; en effet les Bné Israël pratiquaient l’idolâtrie, qui ne provoqua pourtant pas tant de malheurs.

Le 'Hafets 'Haïm explique que lorsqu’une personne enfreint un interdit, un ange accusateur est créé ; il s’agit d’un être spirituel qui puise sa force de la faute qui le fit naître. Cet ange accuse le fauteur dans le Beit Din (Tribunal) Céleste, et ce dernier est alors puni.
Or, si l’ange est créé par une action qui ne requiert pas la parole, celui-ci est privé de la faculté d’exprimer clairement l’infraction commise et la personne reste impunie.

La transgression du lachon ara est néanmoins différente, parce qu’elle implique la parole. En conséquence, l’ange créé par cette faute est doté, lui aussi, de cette capacité. Il peut alors exprimer verbalement la nature du lachon ara commis ; la ‘Hafets ‘Haïm poursuit en disant que cet ange énumère également toutes les fautes non dites, que l’homme a commises jusqu’alors.
Ainsi, le fait de dire du lachon hara est la porte ouverte à une punition pour de nombreux autres péchés.

Ceci explique pourquoi le lachon ara du peuple juif engendra les terribles souffrances qu’il dut endurer en Égypte. Sans ce démérite, les Bné Israël auraient été épargnés de la sanction reçue pour leurs autres fautes, comme l’idolâtrie, mais une fois que Moché vit clairement qu’ils avaient trébuché dans ce domaine, il comprit l’amertume de cet exil.
[rapporté dans Tallelé Orot - Chemot 2,14]

"Moché consentit à demeurer avec cet homme" (Chémot 2,21)

-> Dans la Mékhilta, il est écrit que lorsque Moché demanda à Yitro la main de sa fille Tsipora, il accepta à la condition que le fils qu'il aurait en premier (té'hila) serve l'idolâtrie, tandis que les suivants pourraient servir Hachem.
Moché accepta et Yitro le fit jurer, comme le laisse entendre le terme "vayoel" (consentit) qui se réfère à un serment.

-> Selon le 'Hidouché haRim, nous ne devons pas comprendre cela au sens propre, mais plutôt ainsi :
Yitro voulait que le fils qu'aurait Moché suive sa voie, c'est-à-dire serve d'abord (té'hila) l'idolâtrie, puis constate sa vanité et son abomination et découvre ensuite la vérité : la foi en Hachem, D. du peuple juif.
Mais Moché changea d'avis et s'y opposa, car il est impossible de se soustraite à toute impression de l'idolâtrie une fois qu'on l'a servie.