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"Ils (les juifs) ne purent boire des eaux de Mara parce qu’elles étaient amères. " (Chémot - Béchala'h - 15,23)

Le Baal Chem Tov disait que le pronom : "elles" ne se rapporte pas en fait aux eaux, mais aux juifs eux-mêmes.

Lorsque je ressens de la colère et du ressentiment envers le monde extérieur, je considère souvent qu’il est injuste.
Les injustices que je perçois dans le monde extérieur n’existent parfois que dans mon esprit et non dans la réalité, parce que je l’appréhende qu’à travers mes perceptions sensorielles, qui sont souvent complètement subjectives et relatives.

Ainsi, pour les bné Israël aigris, même l’eau douce avait un goût d’amertume.

=> Avant de juger sévèrement les autres, nous ferions bien de prendre du recul, de soumettre nos impressions à quelqu’un de plus objectif, …

Combien de fois avons-nous pensé du mal des autres pour découvrir par la suite que nous avions fait erreur ?

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-> "Lorsque les gens se sont plaints qu'il n'y avait pas d'eau douce à Mara, "Hachem montra à Moché un bois, Moché le jeta dans l'eau et l'eau s'adoucit" (Béchala'h 15,25).
Bien que l'écorce du bois était très amère, cela a entraîné un adoucissement de l'eau amère.
Le midrach explique que Hachem utilise ce qui est amer pour adoucir l’amertume. En effet, il en est ainsi de la nature humaine : lorsqu'une personne est déprimée et d'humeur amère, le fait de voir quelqu'un d'autre dans une situation pire que la sienne, va lui permettre de réaliser que sa vie n'est pas aussi mauvaise qu'elle ne le pense.
[Ktav Sofer]

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[quoique nous puissions avoir, la nature humaine est de se focaliser sur ce qu'autrui a et que nous n'avons pas, cela venant réduire à néant l'appréciation de ce que l'on a déjà.
Par exemple, Haman avait une richesse phénoménale, la position sociale la plus haute (après le roi), tout le royaume qui se prosternait à son passage, ... mais cela n'avait aucune valeur à ses yeux car un vieux juif du nom de Mordé'haï refusait de le faire.
En terme de matérialité la Torah veut que l'on tape avec un bâton (vers le bas) pour se réveiller de ce délire, et pour comprendre que nous devons regarder vers les bas, vers ceux qui ont moins que nous, afin de pleinement apprécier ce que l'on a déjà.
Par exemple, va faire un tour dans un hôpital (je suis en bonne santé!), dans un cimetière (je suis en vie!), ...
Par contre en terme de spiritualité, nous devons regarder l'échelon du dessus, pour ne pas s'endormir sur nos lauriers, et toujours tendre vers le meilleur service Divin possible.]

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-> "Elle était amère (mar), c’est pourquoi on nomma ce lieu Mara" (15,23)

Rien n’aurait été plus beau que de nommer cet endroit "Doux" au nom du miracle qui a transformé les eaux amères en eaux douces.
Le Rabbi Shlomo de Tchorkatov explique "qu’on nomma ce lieu Mara" afin d’immortaliser la grandeur de ce miracle : l’eau amère n’a pas été remplacée par une autres eau qui aurait été douce, mais c’est la même eau qui s’est adoucie.
Le but était donc de transmettre aux générations de ne désespérer dans aucune situation, puisque même une chose amère peut devenir douce.

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-> Pourquoi cet endroit fut-il appelé : "Mara" du nom de l'amertume? Pourtant après le grand miracle qui se produisit à leur sujet, il aurait été plus convenable de le dénommer : "douceur" (métouka).

L'Admour de Kozmir explique que lorsque les juifs burent de ces eaux, ils sentirent leur amertume et se rendirent compte qu'elles étaient imbuvables, ils se mirent à crier vers le Ciel en suppliant : "Notre Père qui est dans les Cieux, envoie-nous de l'eau douce pour abreuver un peuple aussi nombreux!"
Dans le même temps, ils imaginèrent les grands miracles que Hachem s'apprêtait certainement à accomplir afin de leur procurer l'eau potable qu'ils demandaient.
Cependant, une seule chose ne leur vinrent pas à l'esprit : que Hachem transforme les eaux amères elles-mêmes en eaux douces et que de ces propres eaux, ils allaient se désaltérer.
[il est écrit : "Car la bonté réside auprès d’Hachem, et auprès de Lui abonde le salut" (Téhilim 130,7), le rav Lefkowitz explique : Hachem possède de nombreux moyens pour sauver Son peuple des épreuves. (on peut facilement en venir à désespérer en ne voyant plus aucun de moyen d'être libéré de nos soucis, mais la réalité est qu'Hachem peut tout, et on a plutôt intérêt à mettre toute notre confiance en Lui. )]

Il en est de même pour chaque épreuve ou souffrance qu'un juif traverse : Hachem est en mesure de la transformer en un instant et de lui montrer ainsi comment elle était elle-même bienfaisante.

-> Nous Sages enseignent que plus nous faisons preuve de bita'hon, que rien ne vient par hasard sans décret d'Hachem, plus nous avons le pouvoir de transformer la Rigueur en Miséricorde, l'amertume en douceur.
[ par exemple : https://todahm.com/2021/01/21/30362 & autres dans la catégorie : confiance en D. de ce site]

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-> Les Bné Israël dans le Cantique de la mer Rouge chantèrent [de joie et de reconnaissance] : "L'ennemi [les égyptiens] s'est dit : je les poursuivrai et je les atteindrai, je me repaitrai de leur butin, je dégainerai mon glaive et je les anéantirai" (Béchala'h 15,9).

=> On peut se demander que vient faire ce verset rappelant l'épreuve qui précéda le miracle au beau milieu de ce cantique entièrement consacré à rendre hommage au prodige qui eut lieu.

Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que certains de nos Sages expliquent qu'à cet instant les Bné Israël s'élevèrent à un degré spirituel tel qu'ils prirent conscience que même l'exil et l'amertume étaient un bienfait d'Hachem et ils inclurent dans la louange de la délivrance les menaces de leurs ennemis.
Car en réalité, nul mal ne peut émaner d'Hachem.

[il en sera de même avec nous dans le futur, où nous exploserons de joie en comprenant à quel point ce qu'on a cru être un malheur, une punition, était en réalité une bénédiction, une bonté d'Hachem, qui nous a tant apporté!]

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-> Il est également dit dans le Cantique de la mer Rouge : "Hachem régnera à tout jamais" (Hachem yimlo'h léolam va"d - Béchala'h 15,18)

Ce verset est écrit au futur, et aborde l'époque future de machia'h où Hachem sera pleinement révélé comme Roi sur le monde.
Cependant, Onkelos traduit ce verset au présent : "La royauté d'Hachem est pour toujours" (ה מלכותיה קאם לעלם).

Le rabbi de Kozhnitz explique que les gens pensent souvent que Hachem va être Roi dans le futur.
Actuellement, il apparaît devant nos yeux tellement d'injustices, de malheurs et difficultés, et ce même chez des tsadikim, chez les juifs, ... donc c'est forcément que Hachem n'est pas vraiment Roi.
Cependant, Hachem est pleinement Roi, même maintenant.
La réalité est que rien ne peut se passer sans un décret de Sa part, et tout ce qui arrive est pour le bien.
C'est nous qui n'arrivons pas pour le moment à comprendre les raisons et les objectifs de nos difficultés, humiliation, de la pauvreté, ...
Un jour nous verrons que tout a été pour le bien (nous n'aurons pas pu faire mieux!), et à quel point Hachem était déjà pleinement Roi à tout moment.

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-> Nous récitons, à la fin de la prière Aleinou, le verset suivant : "Hachem sera Roi sur toute la terre. En ce jour-là, Hachem sera Un, et son nom Un" (Zé'harya 14,9).
La guémara (Pessa’him 50a) se demande : "Mais n’est-il pas déjà Un aujourd’hui?

Rabbi A’ha bar ‘Hanina répond : « Le Monde à venir n’est pas comme celui-ci.
Ici-bas, nous disons pour une bonne nouvelle : « Béni est le Bon, qui fait le bien! » (Barou’h atov véamétiv), et pour une mauvaise : « Béni est le Juge de vérité! » (Barou’h dayan aémet).

Tandis que dans le Monde à venir, nous ne dirons plus que : "Béni est le bon, qui fait le bien!""

Nous reconnaîtrons rétrospectivement à ce moment-là que tout ce qui nous semblait mauvais venait effectivement de Lui et était bon en réalité.

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-> "Et le peuple vit Hachem" (Béchala'h 14,31).
Nos Sages enseignent (Mékhilta, Béchala'h 15,2) : "Même une servante a vu à la Mer Rouge ce que le prophète Ye’hezkel ben Bouzi n’a pas réussi à voir".
Le peuple eut une vision prophétique tellement nette d'Hachem qu’ils pointèrent tous du doigt et s’écrièrent: "c'est mon D. (zé Eli), je veux Le glorifier".

Le Nétsiv explique pourquoi nos Sages affirment que même les servantes ont pu dire ce verset, et non uniquement les tsadikim.
Le terme : "zé" (ce - זה) implique qu'ils louaient Hachem pour "ce" miracle à la mer Rouge. Ils ne réalisaient pas qu'on doit louer Hachem pour tout ce qui nous arrive.
Un juif [tsadik] doit louer Hachem pour tout (que ça lui semble bon ou mal), car il est persuadé que tout est pour le bien.
Pas uniquement ce "zé", ces moments qui nous semblent clairement bons, miraculeux, agréables, ... à nos yeux.

C'est ainsi que nos Sages ont conclu que même les servantes ont dit ce verset car même une personne sans beaucoup de émouna remercierait Hachem pour les miracles incroyables de la traversée de la mer Rouge.

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-> Rien ne peut nous arriver sans que Hachem ne le décrète, et ce n'est qu'au final que nous nous rendrons pleinement compte de toute l'énormité de biens dont Hachem souhaitait nous gratifier.
Actuellement cette réalité nous est dissimulée (libre arbitre oblige!), mais si nous faisons l'effort de se convaincre que tout ce que nous vivons est pour notre bien ultime, alors dès à présent les "eaux amères" de notre vie perdent de leur terrible amertume et s'adoucissent immédiatement.

-> "Demain, vous vous lamenterez des choses qui vous font rire aujourd’hui.
Et demain, vous vous réjouirez de ce qui vous a fait pleurer aujourd’hui!"
[le Gaon de Vilna – dans une de ses lettres]

=> Cela illustre l'idée que ce qui nous paraît actuellement amer sera ce qui aura le meilleur goût dans le monde à venir. Et si nous vivons déjà dans ce monde éphémère avec la réalité éternelle du monde à venir, alors l'amer devient douceur!

[nos Sages enseignent également l'idée que : qui sème dans les larmes [de prières à Hachem], alors il récoltera [des bénédictions] dans des larmes de joie.
De même : toutes l'amertume de nos transpirations d'efforts pour étudier, faire des mitsvot, travailler ses midot, ... va engendrer de bénéficier des meilleures douceurs dans notre monde à venir.]

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-> "Celui qui a confiance en D. sera entouré de bonté (abotéa’h b’Hachem ‘hessed yéssovévénou - Téhilim 32,10)

Le 'Hafets 'Haïm dit que celui qui met sa confiance en Hachem, tous les problèmes semblent alors tellement petits.
[ne dit pas à quel point tes soucis sont grands, mais plutôt à quel point ton papa Hachem est infiniment grand et miséricordieux!]

Le 'Hafets 'Haïm compare cela à un médicament qui est très amer, mais qui a autour une capsule au goût agréable.
De même pour notre bien, nous devons passer par des situations désagréables, mais lorsque l'on a confiance en Hachem alors nous sommes entourés de douceur, et c'est beaucoup plus agréable à les "avaler" (au point même où l'on peut trouver un médicament qui a un bon goût, comme un bonbon!).

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-> "Les eaux s’adoucirent" (15,25)

"Maïm marim" (l’eau amère) a la valeur numérique de 380.
Hachem lui a dit d’ajouter "ets" (un morceau de bois), qui a la valeur de 160, ensemble cela fait 540, et c’est devenu "matok" (doux), qui a la valeur numérique de 540.
[Pniné Kédem - au nom de rabbi Yaakov Méïr Schechter]

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-> Le Rékanati rapporte au nom du Zohar que Hachem amena les enfants d'Israël à Mara, où les eaux étaient amères et où ils ne purent se désaltérer. C'est fort étrange. Pourquoi les conduire à un endroit où il est impossible de boire, juste à leur sortie d'Egypte?

Le Zohar explique que lorsque les enfants d'Israël sortirent d'Egypte, les égyptiens leur disaient que leurs enfants n'étaient pas les leurs. Que fit Hachem?
Il les conduisit à Mara, où les eaux s'apparentaient à l'eau de la Sota pour vérifier leur lignée. Pour boire, ils devaient inscrire sur du bois le même nom écrit pour la Sota. Moché jeta le bois avec le nom inscrit dessus dans l'eau, pour vérifier l'ascendance de chaque enfant d'Israël.

[nos Sages disent que par le mérite de 4 attitudes, les Bné Israël furent délivrés d'Egypte : durant 210 ans d'esclavages, ils ne changèrent pas leur nom, leur façon de parler, leur façon de se vêtir et ils étaient tous irréprochables dans leurs moeurs. ]

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-> Lorsqu'ils trouvèrent à Mara de l'eau qu'ils ne purent boire, ils furent pris de désespoir.
Sans alternative, ils comprirent qu'ils devaient prier d'être aidés et leur prière fut immédiatement agréée.
Ceci renforça leur foi, les amenant au niveau nécessaire pour mériter de recevoir la Torah.
[...]

Les eaux de Mara avaient toujours été douces et potables. Elles devinrent amères lors de l'arrivée des juifs afin que ceux-ci discernassent que Hachem pouvait utiliser l'amer pour adoucir l'amer. [l'écorce du bois était très amère]
[...]

Pour calomnier les juifs, les égyptiens prétendirent avoir eu des relations adultères avec leurs épouses.
Les juifs craignirent que cette redoutable accusation ne contînt une certaine mesure de vérité.
Hachem soumit donc les juifs à l'épreuve des eaux amères renfermant Son nom explicite (chèm améforach), comme dans le cas d'une femme soupçonnée d'adultère (une sotah).
Si un mari suspecte sa femme d'adultère, la Torah prescrit une épreuve particulière d'eaux amères pour tester son innocence (cf. Bamidbar 5,12-23). Si la femme a fauté, l'eau la fait enfler et mourir.
Si par contre, elle est innocente, l'eau lui est bénéfique (cf. Bamidbar 5,27-28).

L'épreuve prouva qu'aucun juif n'avait commis d'adultère.
Une des raisons de la libération des juifs d'Egypte était d'ailleurs leur pureté.
Dès lors les hommes furent certains que leurs femmes étaient restées parfaitement pures.

La Torah dit donc que "D. les mit à l'épreuve" = Il les mit à l'épreuve par les eaux amères comme l'est une femme soupçonnée d'adultère. Les hommes, comme les femmes, furent mis à l'épreuve pour savoir s'ils s'étaient rendus coupables d'adultère avec les égyptiens.
[Méam Loez - Béchala'h 15,26]

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"Ils arrivèrent à Elim et là-bas, étaient 12 sources d'eau et 70 palmiers" (Béchala'h 15,27)

-> Selon la Mékhilta, ces sources et ces arbres avaient été préparés depuis la Création en prévision de cette escale des 12 tribus avec ses 70 chefs, et c'est un hommage individuel rendu à chacun d'eux.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Les 12 sources n'offraient que juste assez d'eau pour les palmiers.
Malgré cela, lorsque les juifs y arrivèrent, ils eurent, malgré leur nombre, assez d'eau à boire pendant 3 jours.
[Méam Loez - Béchala'h 15,27]

-> Les juifs étaient à Mara pendant un jour, et tout de suite après à Elim durant 20 jours.
A Mara, ils ne pouvaient pas boire l'eau car elle était amère, et ils s'en sont terriblement plaints.
S'ils avaient su qu'ils n'y resteraient seulement un jour, et que 12 sources d'eau les attendaient ensuite, alors ils ne se seraient pas plaints.
Ceci est une des faiblesses de la nature humaine : les gens ont trop tendance à se focaliser sur le présent et à se plaindre, plutôt que d'envisager que ce n'est que passager, et que de belles choses vont arriver très rapidement dans leur vie.
['Hafets 'Haïm ; Ibn Ezra]

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-> Le verset dit que Hachem a montré un conseil (éts -> étsa), pour ceux qui trouvent les eaux de la Torah amères (l'eau renvoie à la Torah - en mayim élla Torah).
Le conseil est de se jeter dans les eaux de la Torah = se forcer à étudier, sans penser à quel point c'est amer ou cela sera amer.
Il faut se forcer à étudier la Torah, peut-être pendant 1 heure ou plus, et ensuite la Torah devient douce et agréable.
[ il faut se mettre à étudier même sans en ressentir aucun goût, car celui-ci finira par venir, comme cela est évoqué par la Torah elle-même : "et les eaux devinrent douces" pour signifier que les portes de la saveur dans l’étude finiront par s’ouvrir. ]
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le Séfer ha’hinoukh (mitsva 17) écrit :
"L’homme est influencé par ses actions. Son coeur et ses pensées suivent toujours ses actes en bien comme en mal.
Même un racha dont les pensées fomentent le mal toute la journée, qui dès son réveil, ferait des efforts assidus pour étudier la Torah et accomplir les mitsvot, bien qu’étant motivé par un intérêt personnel, tendra vers le bien, et d’une telle étude il en viendra à une étude désintéressée.
Grâce à ses actions, il tuera son mauvais penchant, car le coeur est entraîné par les actes".

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=> A quoi font allusion les 70 âmes de la maison de Yaakov réparties en 12 tribus?

-> On a vu que selon rabbénou Bé'hayé, les 12 sources d'eau alimentaient les 70 palmiers (Béchala'h 15,27). C'est l'image des 12 tribus d'Israël appelées à alimenter les 70 nations du monde qui se reflètent dans les 70 membres de la famille du Patriarche Yaakov, comme le souligne Rachi (Haazinou 32,8) : "C'est d'après le nombre de 70 des enfants d'Israël qui sont descendus en Egypte que Hachem fixa les limites des peuples de la Terre en 70 nations et langues".

-> Its'hak Arama enseigne :
Le campement d'Israël dans le désert était organisé en 4 directions (est, ouest, nord, sud) et dans chaque direction campaient 3 tribus, comme la rose des vents où chacun des 4 points cardinaux se subdivise en 3 secteurs.
C'est depuis ce camp qu'émanait l'énergie spirituelle vers les 70 nation du monde, afin de les inspirer.
Si la Torah a précisé le nombre total de 70 âmes réparties en 12 tribus au moment du début de l'exil d'Israël, c'est pour rappeler la vocation historique éternelle des Bné Israël parmi les 70 nations.

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+ La datte symbolise la Torah dans son intégralité :

-> Les enfants d'Israël passèrent dans le désert par un endroit qui s'appelait "Eilim".
La Torah en parle : "Ils arrivèrent à Eilim, là étaient 12 sources d'eau et 70 palmiers" (Béchala'h 15,27).

Le rav Zalman Sototskin, dans son commentaire Oznaim LaTorah, nous enseigne que le peuple d'Israël s'y attarda longtemps, car il y avait de l'eau en abondance. Durant cette période, ils se nourrirent principalement de dattes. C'est la raison pour laquelle la Torah a mentionné les soixante-dix palmiers. Il est rapporté dans la Mékhilta que selon les lois de la nature, ces dattes ne suffisaient pas à sustenter de si nombreuses personnes. Pourtant, ils en mangèrent durant trois jours. Hachem leur fit ce miracle, car ils avaient besoin de prodiges pour renforcer leur confiance en Lui.

Il reste à comprendre : pourquoi fallait-il 70 palmiers? Qu'est-ce que ce chiffre revêt de particulier ?

Le Targoum de Jérusalem nous révèle que ces 70 palmiers correspondent aux soixante-dix anciens.

La Torah établit un parallèle entre les juges et les dattes, nous allons analyser quel rapport existe entre eux.
Lorsque la Torah ordonne de prendre les Arbaat Haminim (les 4 espèces à Souccot), il est
écrit dans le verset : "Vous prendrez le premier jour, du fruit de l'arbre Hadar, des branches de palmier" (Emor 23,40). Le Baal Hatourim explique que les branches de palmier sont le Loulav.

Nos Sages nous enseignent dans le midrach (Vayikra rabba 30,10) que le Loulav incarne la Torah. Les branches de palmier représentent les enfants d'Israël. La datte a du goût, mais n'a pas d'odeur, ainsi les enfants d'Israël ont la Torah, mais n'ont pas de commandements positifs à leur actif.

-> Le Rokéa'h explique (Parachat Emor) que le Loulav symbolise la Torah, car la Torah commence par la lettre « Bet », comme il est écrit :
« Béréchit Bara » et se termine par la lettre « Lamed » : « Lééné Kol
Israël ». Les prophètes commencent par la lettre « Vav » 0o. 1 ; 1) :
« Vayéhi A'haré Mot Moché » et les hagiographes se terminent par la lettre « Lamed » (II Divré Hayamim 36,23) : « Hachem Elokav Imo Véyaal. » Le Loulav équivaut à toute la Torah.

Au moment de prendre le Loulav, nous avons pris l'habitude de faire trois liens. Le Maté Moché explique que le Loulav a pour valeur numérique soixante-huit et en ajoutant les trois liens, on obtient soixante et onze, qui correspondent aux soixante et onze Sages du Sanhédrin.

À Mara, ces Sages furent nommés, c'est ce que commente Rachi sur le verset : "C'est alors qu'Il lui imposa un principe et une loi, c'est alors qu'll le mit à l'épreuve" (Béchala'h 15,25) : c'est dans cet endroit que les juges furent nommés.

C'est pourquoi, lorsque les enfants d'Israël continuèrent leur périple à partir d'Eilim, la Torah écrit qu'ils trouvèrent "soixante-dix palmiers", car le Loulav symbolise le Sanhédrin.
Le Sanhédrin représente la connaissance en Torah Orale et Ecrite. Aucun autre fruit y fait allusion.

-> Nos Sages nous dévoilent (Pessa'him 87b) que la raison pour laquelle Hachem exila les enfants d'Israël précisément à Babel est parce qu'il y avait là-bas énormément de palmiers. Les dattes incitent le cœur à étudier la Torah. Le Talmud de Babel fut entièrement rédigé à Babel !
De plus, la Torah ésotérique est aussi liée à Babel !
Elle vit le jour dans la grotte où Rabbi Chimon bar Yo'hai et son fils
Rabbi Elazar se cachèrent des Romains. Le Talmud nous raconte (Chabbat 33b) que Hachem fit pousser pour eux un caroubier et une source d'eau.

-> Le midrach Talpiot (siman 8, Hessed) nous révèle un secret délivré par Rabbi Chimon bar Yo'haï lui-même, de bouche à oreille. Chaque veille de Chabbat, le caroubier se transformait en palmier et à la sortie de Chabbat, il redevenait un caroubier. Durant toute la semaine, ils se nourrissaient de caroubes, car pour étudier le Zohar, il faut priver son corps des plaisirs terrestres. Mais pendant Chabbat, ils recevaient ce "bonus": de délicieuses dattes.

Une question se pose : quel est le secret de la datte, qui apporte tant de Torah au monde?

Le midrach Talpiot (Dékél) rapporte qu'un Sage étudia dans le midrach que le palmier ne pousse pas et ne puise pas ses forces de la terre, comme les autres arbres. Il puise ses forces d'en haut.
L'abondance descend vers les racines pour qu'il se maintienne au sol.

-> Nos Sages nous expliquent encore (Bamidbar Rabba, Paracha 3, signe 1) de même que le cœur de la datte est dirigé vers le haut, ainsi le cœur des enfants d'Israël est orienté vers leur Père, qui est au Ciel, comme il est écrit (Ps. 25; 15) : « Constamment mes yeux se dirigent vers Hachem, car c'est Lui qui dégage mes pieds du filet. » Une autre explication: la datte excite l'envie et les justes aussi en ont une : celle de se coller à Hachem.

-> Dans le livre Nétiv Bina sur le Pérek Chira sont cités les propos du midrach :
Chaque être humain a des envies, des aspirations et des désirs. Il ne vit pas dans l'unique but d'accomplir la Volonté du Créateur. Mais les justes ont un seul et unique objectif : réaliser la volonté de Hachem.
De même que le palmier a un seul cœur et une unique aspiration et de même qu'il se tient bien droit, ainsi les justes servent Hachem par désir et non par obligation. Ils possèdent une volonté farouche et exclusive d'obéir à Hachem. Ils se tiennent debout droits et ne se soumettent à rien d'autre. Ils réalisent les désirs de Hachem dans n'importe quelle situation. Ils ressemblent donc au palmier.

"Israël vit la grande main que Hachem avait déployée contre l'Egypte et le peuple révéra Hachem, ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béchala'h 14,31)

=> Que signifie le fait que le peuple a eu foi en Moché à la suite de ce qui s'est passé?
Ce que signifie ce verset, c'est qu'au bord de la mer Rouge, le peuple juif lui-même avait atteint une compréhension profonde de la Divinité. Comme l'affirment les Sages, "une servante à l'ouverture de la mer [Rouge] a vu ce que le prophète Yé'hezkel n'a pas vu" (Mékhilta Béchala'h 2).
Les juifs croyaient maintenant qu'il était possible pour un homme mortel d'atteindre la stature exaltée que Moché avait atteinte.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 14,31]

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=> L'ouverture de la mer Rouge nous a appris que nous pouvons tous (chaque juif) atteindre le niveau de conscience de la divinité de Moché.

"Vous ne les reverrez plus jamais (lo tossifou lir'otam od ad olam). Hachem combattra pour vous, et vous resterez silencieux" (Béchala'h 14,14-15)

-> La Mékhilta déduit de la juxtaposition de ces deux versets qu'Hachem assure les juifs qu'Il défendra leur cause contre leurs ennemis non seulement maintenant, mais aussi "ad olam", à tout jamais.

Le Imré Emet (Likouté Yéhouda) ajoute que l'on peut développer ce point avec les mots de conclusion "véatem ta'harichoun" (et vous resterez silencieux).
Même s'il y a des moments où il n'y a personne pour prier en faveur de la nation, Hachem la défendra.

Se connecter à la Chékhina par l’humilité

+ Se connecter à la Chékhina par l'humilité :

"Parce qu'ils avaient mis Hachem à l'épreuve, en disant : "Hachem est-il parmi nous ou non?" (ayech Hachem békirbénou im ayin) " (Béchala'h 17,7)

-> Le rav Mordchele de Nadvorna (dans son séfer Maamar Mordé'haï) explique ce verset comme disant : "ayéch Elokim békirbénou" = comment une personne peut-elle savoir si Hachem est au milieu d'elle?
"im ayin" = s'il n'est rien.
Si une personne est humble et se considère comme rien, Hachem sera avec elle, comme nous assure Hachem : "J'habite... avec celui qui a l'esprit bas et humble" (Yéchayahou 57,15).

Moshé et les Bné Israël chantèrent ce cantique à Hachem, et ils dirent (Béchala'h 15,1)

-> Ce Shabbat est connu sous le nom de "Shabbat Shira" parce que la shira (chant, cantique) que les Bné Israël ont chantée au bord de la mer est lue cette semaine. Cependant, le lien entre la Shira et ce Shabbath doit encore être expliqué plus en profondeur.

Le verset déclare : "Ils crurent à ses paroles, ils chantèrent ses louanges" (vaaminou bidvarav, yachirou téhilato - Téhilim 106,12).
Le midrach (Chémot rabba 22,3) déclare : "Bien qu'il ait été dit précédemment que la nation juive avait cru (vayamen aam - Chémot 4,31), elle est revenue à la non-croyance, comme il est dit : 'Nos pères, en Egypte, n’ont pas compris tes miracles, ni gardé le souvenir de tes nombreux bienfaits! Ils se révoltèrent aux bords de la mer, de la mer Rouge' (Téhilim 106,7). Mais une fois qu'ils sont arrivés à la mer et qu'ils ont vu la puissance d'Hachem et la façon dont Il a jugé les réchaïm (les égyptiens), ils ont cru en Lui. Par le mérite de cette émouna, le roua'h hakodech reposa sur eux et ils dirent la chira".

Le Yisma'h Israël déclare que nous voyons dans ce midrach que celui qui a la émouna est capable de dire une chira. Il poursuit en disant que Shabbath représente la création du monde. La sainteté du Shabbath renforce notre émouna qu'Hachem a créé le monde, comme nous le récitons dans la Kabalat Shabbath : "To'h émouné am ségoula", grâce à la émouna, nous pouvons mériter de saluer Shabbath et de bénéficier de sa sainteté.
C'est pourquoi on l'appelle "Shabbath Shira", cela doit nous permettre de davantage prendre conscience que Shabbath est un jour où se renforce la émouna, ce qui nous permet de dire un shira.
[dans l'obscurité de l'exil, dans la routine de la semaine, on doit profiter du supplément de émouna, d'âme de Shabbath, pour rallumer notre relation avec Hachem, en Lui chantant, en laissant parler notre âme. C'est le message de Shabbath Shira. ]

Se préparer avant une mitsva

"Vous avez refusé de respecter Mes lois" (Béchala'h 16,28)

-> Hachem reprocha aux Hébreux de ne pas avoir respecté l'ordre. Celui de rester dans les champs pour ne pas aller chercher la Manne le Shabbat. Mais, Hachem inclut Moché dans cette remontrance. Il ne lui a pas dit : "Ils ont refusé de respecter Mes lois", mais "vous avez refusé", afin d'associer Moché à cette faute.
Nos Sages expliquent qu'Hachem voulut lui reprocher une certaine négligence qu'il avait commise, lui aussi. En effet, lorsque Hachem lui demanda d'avertir le peuple qu'il ne devrait pas sortir dans les champs pour aller ramasser la Manne pendant Shabbat, Moché attendit le dernier moment, c'est-à-dire vendredi pour leur rapporter cet ordre. Hachem voulait lui en faire le reproche et c'est ainsi l'inclut dans la critique faite au peuple.
=> Mais pourquoi Hachem lui fit cette remarque en l'incluant dans le reproche au peuple d'avoir transgressé le Shabbat? Car ces deux fautes ne sont pas comparables.

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique que pour qu'une mitsva soit accomplie comme il se doit, elle nécessite une préparation. Un certain temps doit être pris au préalable pour s'y préparer, pour étudier les lois de cette Mitsva, sa signification, son importance, afin de pouvoir s'en imprégner.
Mais aussi pour se préparer intérieurement. Cela consiste à réfléchir à ce qu'on s'apprête à faire : servir Hachem, le Créateur et le Roi du monde et réaliser Sa Volonté, ce qui nous permettrait de nous lier à Lui et d'étancher la soif de notre âme qui aspire plus que tout à ressentir une proximité avec Lui.

Une mitsva réalisée dans cet état d'esprit serait bien plus profonde, imprégnée de crainte et d'amour d'Hachem. Nos Sages nous apprennent qu'il convient d'éviter à tout prix "d'entrer" dans une mitsva de façon soudaine et précipitée, sans s'y être préparé. Elle risquerait d'être vide de sens et superficielle, de manquer de ferveur et de profondeur. Prenons l'exemple des prières quotidiennes.
Il faut éviter d'attendre la dernière minute pour se dépêcher de s'en acquitter, dans la hâte, car elles perdront toute leur ferveur. Il est bien plus recommandé de prendre un petit moment pour se préparer intérieurement. Penser devant Qui on s'apprête à parler et prendre conscience qu'Il peut nous accorder TOUT ce qu'on lui demande. Même une ou deux minutes seulement pour penser à cela avant de prier, pourront changer radicalement notre ressenti et toute la valeur de notre prière.
De même, souvent quand une Mitsva est quelque peu difficile, le fait de s'y préparer permet de se familiariser et se faire à l'idée de devoir l'accomplir. Ce qui la rendrait plus accessible. Alors que si on s'y confronte d'emblée, sans préparation, on ne serait pas prêt à devoir la faire.
Parfois on risquerait de ne pas réussir à la respecter, car on se rendrait compte des difficultés que l'on n'aurait pas prévues.

C'est ainsi que si Moché avait averti le peuple du respect du Shabbat à l'avance, les Hébreux auraient eu le temps de s'y préparer intérieurement. Mais comme il a attendu la veille de Shabbat pour les informer, ils n'ont pas pu s'y préparer. Cette mitsva s'imposa à eux de façon soudaine, ce qui les confronta trop brusquement à sa difficulté. C'est pour cela que certains sont venus à transgresser.
Aussi, Hachem inclut Moché dans le reproche qu'il fit au peuple, car il en portait une certaine responsabilité.

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-> le rav Nissim Yaguen (v.16,23) voit différemment cette attitude de Moché : https://todahm.com/2021/09/10/33053

"Et Moché dit : "Mangez-la (la manne) aujourd'hui car c'est aujourd'hui Shabbath pour D." (Béchala'h 16,25)

Le Rabbi de Rimanov fit le commentaire suivant :
"Mangez-là!" , se réfère au Shabbath lui-même.
Ingérez le Shabbath car il peut être votre nourriture."

La semaine arrivant à son terme, nous devons oublier le passé et ne pas reporter le lourd fardeau de la semaine écoulée sur la semaine qui débute.

Utilisons/mangeons pleinement le cadeau du Shabbath, afin de repartir les batteries pleines pour une nouvelle semaine au top b"h!!

"La révélation Divine au moment de la traversée de la mer rouge fut si grande que la personne la plus modeste atteignit un degré de vision prophétique plus élevé que celui du grand prophète Yé’hézkiel. " [Mé’hilta]

Nos Sages font remarquer que les paroles du prophète Yé’hézkiel furent gardées pour la postérité alors que ceux qui perçurent l’intense révélation divine à la mer rouge ne furent d’aucune contribution et demeurent inconnus.

Pourquoi cela ?

Yé’hézkiel se démena et fit beaucoup d’efforts pour atteindre un niveau de spiritualité qui lui permettrait de prétendre à une vision prophétique.

La personne qui a eu accès à la révélation de D., mais qui n’a rien fait pour la mériter, n’en retire pas d’élévation particulière.

La prophétie n’élève pas une personne, c’est plutôt celle-ci qui élève et étend la vision prophétique.

=> Sans mes efforts personnels, même les plus grandes idées ne demeureront que des visions dépourvues d’intérêt.

"Voici mon D. et je L’embellirai "  (Chémot - Béchala'h  15;2)

Guémara (Shabbath 133b) = "Comment peut-on embellir D. ?
En embellissant Ses mitsvot. "

De tout  temps, les juifs ont prouvé leur amour et leur respect des mitsvot en les embellissant à l’aide de matériaux précieux (ex : verres de Kiddouch, boîtiers de mézouzot, …).

Le Tsadik de Sanz agissait autrement.
Il estimait que subvenir aux besoins des pauvres était bien plus important que posséder de coûteux objets de culte.

Lorsque ses disciples lui offrirent une ménora de ‘Hanoucca en argent, le tsadik de Sanz la mit tout de suite en gage et distribua l’argent aux pauvres.

Et de dire :
"Comme puis-je allumer une ménora en argent en sachant qu’il y a des gens qui ont faim ?
En termes d’embellissement des mitsvot, il n’existe pas de plus bel ornement que la tsédaka (charité) ".

Réflexions sur la différence entre Amalek et le peuple juif …

+ Réflexions sur la différence entre Amalek et le peuple juif ...

Quelle force spirituelle représentons-nous, nous peuple juif?
=On est le peuple qui doit révéler la présence de D. dans le monde.

Il est écrit à notre propos vis-à-vis de D. : "Atem édaï" (=vous êtes Mes témoins).
Les témoins attestent de ce qui ne peut être vu : si une chose est présente et évidente, les témoins n'ont aucune utilité.
Ce n'est que lorsque l'objet ou l'événement ne peuvent être perçus directement que les témoins sont convoqués.

La présence de D. n'est pas directement identifiable dans le monde ; c'est avec nos vies et avec toute notre histoire comme peuple que nous apportons ce témoignage.

Amalek est éternellement voué à effacer ce témoignage à tout prix (même à se sacrifier lui-même), pour supprimer toute preuve de D., pour maintenir un écart entre ce monde et D.
En effet, Amalek est cet écart, cette distance entre le physique et le spirituel, et si cette brèche venait à être comblée, il cesserait d'exister.

=> C'est la bataille entre Amalek et le peuple juif!
La fin d'Amalek, c'est la suppression de la faille qui sépare D. du monde, la restauration de cette proximité révèle que tout est Un.

La Torah décrit la rencontre entre Amalek et le peuple juif en ces termes : "achèr kar'ha badéré'h" (= qui t'est arrivé en chemin).
Le mot kar'ha (arrivé), désignant cette rencontre, est construit sur la racine 'kar', qui veut dire "froid", et se décline aussi dans les mots "mikré" (hasard/coïncidence) et "kéri" (impureté dans la zone intime).

Le mot clé (kar'ha) de cette rencontre, va nous permettre de définir la frontière, la différence entre Amalek et le peuple juif, au travers ces 3 racines :

--> froid (kar) = ils ont refroidi le peuple juif et l'émerveillement du monde devant le don de la Torah.
Le monde vit alors qu'il était possible d'attaquer les juifs, qu'en fin de compte il ne s'agissait que d'hommes, qu'ils étaient au moins potentiellement vulnérables, et les nations firent marche arrière, s'éloignèrent de l'expérience du Sinaï.

Rachi propose l'analogie avec un homme qui saute dans un chaudron d'eau bouillante : il est gravement brûlé, mais il a refroidi l'eau.

Le peuple juif était tout feu tout flamme dans sa dévotion à D. (suite au don de la Torah), et ce feu aurait pu enflammer le monde entier.
Amalek a refroidi les flammes.

=> C'est cela Amalek : il va tout faire pour refroidir, réduire notre ardeur à la faire la volonté de D.

--> Coïncidence (mikré) = l'idéologie d'Amalek est que tout est coïncidence.
Les choses arrivent parce qu'elles arrivent, rien n'a réellement d'importance.
Ce qui peut paraître une évidence (l'implication directe de D. dans les affaires humaines), n'est qu'une coïncidence (car il n'y a aucune preuve du contraire!).

Toute preuve est douteuse (le mot amalek a la même valeur numérique que le mot hébreu 'safék' : le doute), toute évidence est tirée par les cheveux.

=> C'est cela Amalek : doute et distance.

--> Impureté (kéri) = nous sommes les représentants de la loyauté des relations homme-femme, et nous devons en faire la démonstration dans notre mariage avec le Créateur.

Amalek cherche à briser un tel lien, il clame que cette loyauté n'a pas d'objet, que rien ne doit suivre un processus de maturation, que rien n'a de but.
Au contraire, selon lui, les choses n'ont pas de sens, rien n'est significatif, et il n'existe pas d'intimité.

Nous représentons le brit (l'alliance => l'intimité d'une relation exclusive, sans chercher à voir ailleurs).
Amalek représente toutes les ruptures d'alliance.

=> C'est cela Amalek : créer des occasions, des sujets d'occupation pour rompre/réduire nos moments d'intimité avec D., et nous empêcher de développer à chaque instant les liens nous unissant.

===> Amalek vient masquer la réalité, nous luttons pour la dévoiler.

Source (b"h) : compilation personnelle issue d'un divré Torah du rav Akiva Tatz

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+ "Va livrer bataille à Amalek demain" (Béchala'h 17,9)

-> Selon le rav Gamliel Rabinowitz, dans ce verset, Moché dit au peuple d'aller en guerre contre Amalek avec la force de son arme : le "demain" (ma'har - מחר).
De la même façon, que le yétser ara/Amalek déclare : "Bien sûr que tu dois étudier la Torah et faire des mitsvot, mais pas immédiatement, rien ne presse, demain!", de même nous devons lui dire : "Juste aujourd'hui je fais une belle prière, juste aujourd'hui j'étudie la Torah, ... demain on verra!"

La différence entre : מחר (demain - ma'har) et מהר (vite - maér), réside dans une minuscule partie manquante, qui symbolise le fait que notre yétser ara va nous attaquer sur de petites choses, jusqu'à terme nous faire chuter au plus bas.
Il faut savoir faire preuve de rapidité (maér) pour faire la volonté de D., sans toujours remettre à demain (ma'har).